Le Parti Communiste Français dispose d’une base assez remuante pour renverser la pression de son interdiction, dans un contexte où de toutes façons tout a changé, puisque désormais c’est l’occupant allemand qui décide, ou bien le régime fasciste de Pétain.
Un excellent exemple est la réaction à l’arrestation du physicien antifasciste (et futur communiste) Paul Langevin par la Gestapo : le Quartier Latin à Paris est en état de siège le 8 novembre 1940 ; la manifestation patriotique du 11 novembre est également massive et est réprimée militairement par l’armée allemande, avec 11 morts.
Le 13 novembre les nazis fermèrent en conséquence six établissements secondaires et supérieurs et, le 17, toutes les facultés de Paris, Dijon et Besançon ; ils ne rouvriront qu’en décembre.
Quel est l’état d’esprit des communistes ? Voici ce qu’on lit dans l’appel du 10 juillet 1940, tiré clandestinement à 600 000 exemplaires.
« Notre pays connaît maintenant les terribles conséquences de la politique criminelle suivie par des gouvernements indignes, responsables de la guerre, de la défaite, de l’occupation.
Des milliers et des milliers de jeunes gens et de pères de famille sont tombés, des milliers et des milliers d’évacués chassés de leurs foyers ont connu le plus lamentable des exodes sur les routes de France, de nombreuses villes, de nombreux villages ont été détruits, des malades et des blessés souffrent dans les hôpitaux, des centaines de milliers de prisonniers se morfondent loin de leurs familles, des veuves, des vieux parents, des orphelins pleurent leurs disparus.
La France meurtrie, douloureuse, trahie par ses dirigeants subit la rançon de la défaite.
Voilà où nous ont conduits les politiciens à la Daladier, à la Reynaud, qui soutenus par un parlement de valets et de corrompus, ont poussé la France à la guerre pour servir les intérêts des ploutocrates, pour supprimer les libertés publiques, pour faire régner la terreur, écraser le peuple et porter les armes contre l’URSS, pays du socialisme (envoi de matériel de guerre aux gardes blancs finlandais et constitution de l’armée Weygand en Syrie).
Les faits sont là qui montrent à quel point cette politique a fait faillite, à quel point elle a été néfaste. L’heure est venue de situer les responsabilités de tous ceux qui ont conduit la France à la catastrophe.
La clique des dirigeants banqueroutiers de la politique de guerre a bénéficié de l’appui de tous les partis unis dans une même besogne de trahison et dans une même haine de la classe ouvrière et du communisme (…).
La malédiction d’un peuple trahi monte vengeresse vers ces hommes qui ont voulu la guerre et préparé la défaite.
À cause de ces hommes, la moitié du territoire français subit l’occupation de l’armée allemande, aux frais de la France comme l’indique le traité d’armistice.
A cause de ces hommes le peuple de France connaît l’humiliation de cette occupation et ne se sent pas chez lui.
Il voit en même temps, qu’un gouvernement de traîtres et de vendus siège à Vichy en attendant de venir à Versailles pour imiter le sinistre Thiers et mise sur des concours extérieurs pour se maintenir au pouvoir contre la volonté de la Nation.
Mais rien ne pourra empêcher que les comptes soient réglés et les masses laborieuses en demandant que la France soit aux Français expriment à la fois la volonté d’indépendance de tout un peuple et sa ferme résolution de se débarrasser à tout jamais de ceux qui l’ont conduit à la catastrophe (…).
Désormais, chaque Français est à même de constater que si les propositions communistes, toutes de clairvoyance et de sagesse avaient été suivies, la guerre avec ses désastres aurait été épargnée à notre pays.
Mais les gouvernants qui n’ont pas voulu la paix ne se sont pas préparés à la guerre et ont sciemment organisé la trahison (…).
Jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves et si, malgré la terreur ce peuple a su, sous les formes les plus diverses, montrer sa réprobation de voir la France enchaînée au char de l’impérialisme britannique, il saura signifier aussi à la bande actuellement au pouvoir sa volonté d’être libre.
Les politiciens civils et militaires, à la solde du capitalisme, ont conduit le peuple de France à la guerre sous prétexte de défendre la liberté et, aujourd’hui, ils imposent leur dictature parce qu’ils ne veulent pas rendre de comptes, parce qu’ils veulent que les ploutocrates puissent s’enrichir de la défaite comme ils se sont enrichis de la guerre.
Cela ne doit pas être, cela ne sera pas ! La France ne deviendra pas une sorte de pays colonisé, la France au passé si glorieux ne s’agenouillera pas devant une équipe de valets prête à toutes les besognes.
La France doit se relever, elle se relèvera. Il le faut, dans l’intérêt même de la fraternité des peuples, que, de toutes façons, nous voulons (…).
C’est dans le peuple que résident les grands espoirs de libération nationale et sociale.
Et c’est seulement autour de la classe ouvrière ardente et généreuse, pleine de confiance et de courage, parce que l’avenir lui appartient ; c’est seulement autour de la classe ouvrière, guidée par le Parti Communiste, parti de propreté d’honneur et d’héroïsme, que peut se constituer le Front de la Liberté, de l’Indépendance et de la Renaissance de la France (…).
Sous le signe de la lutte contre le régime capitaliste générateur de misère et de guerre, d’exploitation et de corruption, qui a déjà disparu sur un sixième du globe, en URSS.
Sous le signe de l’unité et de l’indépendance de la nation, sous le signe de la fraternité des peuples, nous serons les artisans de la renaissance de la France.
A bas le capitalisme générateur de misère et de guerre !
Vive l’Union Soviétique de Lénine et Staline, espoir des travailleurs du monde !
Vive l’unité de la nation française !
Vive la France libre et indépendante !
Vive le Parti Communiste espoir du peuple de France !
Vive le gouvernement du peuple au service du peuple ! »
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Le Parti Communiste Français
de la lutte armée à l’acceptation