Le septième congrès de l’Internationale, en 1935, fut une démonstration de force. Il fut une réussite parfaite, au sens où il posséda un rythme extrêmement calibré.
L’organisation fut la suivante :
a) du 26 juillet au 1er août, l’Allemand Wilhelm Pieck fait le rapport d’activité du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste, celui-ci est suivi d’interventions, puis Wilhelm Pieck conclut par une analyse synthétique et une résolution est votée dans la foulée à ce sujet ;
b) du 2 au 13 août, le Bulgare Georgi Dimitrov fait un exposé sur la nature du fascisme et sur comment le combattre, celui-ci est suivi d’interventions, puis Georgi Dimitrov conclut par une analyse synthétique, alors qu’une résolution est votée à ce sujet le 20 août ;
c) du 13 août au 17 août, l’italien Ercoli (c’est-à-dire Palmiro Togliatti) fait un exposé sur les tâches à mener face à l’imminence de la guerre impérialiste, puis Ercoli conclut par une analyse synthétique, alors qu’une résolution est votée à ce sujet le 20 août ;
d) le 17 août, Dmitri Manouïlski, qui était avait déjà fait un exposé sur le 5 août en l’honneur de Friedrich Engels à l’occasion des 40 années de sa mort, fait un exposé sur la construction socialiste en URSS, alors qu’une résolution est votée à ce sujet le 20 août ;
e) Georgi Dimitrov fait un exposé le 20 août intitulé Les gouvernements actuels des pays capitalistes sont des hommes provisoires, le véritable maître du monde est le prolétariat, puis les résolutions sont votées au sujet des thèmes des exposés.
Pour ce congrès, au sens strict, on peut se contenter de regarder les résolutions prises, celles-ci reflétant entièrement ce qui a été dit. Il tranche ainsi complètement avec les autres congrès, où les délégués intervenaient dans la pagaille, perdant souvent le fil conducteur, avec le conflit de majorité et de minorité au sein des partis.
C’était, concrètement, un congrès bolchevik. Le symbole de cela, c’était Staline et dès le premier jour, le 25 juillet, l’italien Ercoli (c’est-à-dire Palmiro Togliatti) proposa d’envoyer une salutation à Staline, intitulée « Au camarade Staline, le dirigeant, enseignant et ami des prolétaires et opprimés du monde entier ».
On y lit notamment :
« Tu nous as enseigné et tu nous enseignes à nous autres, communistes, la possibilité, à la bolchevik, de rendre compatibles l’intransigeance des principes et les liens profonds avec les, masses, l’esprit révolutionnaire inconciliable et la souplesse nécessaire.
Suivant tes indications, les partis communistes s’emploieront par tous les moyens à raffermir leurs liens avec les masses, à dresser et à diriger des millions [d’hommes], à organiser un vaste front unique prolétarien, un front populaire contre le fascisme et la guerre, un front anti-impérialiste dans les pays coloniaux et semi-coloniaux. »
Le premier orateur, l’Allemand Wilhelm Pieck, qui ouvrait le congrès, avait déjà insisté sur ce plan :
« Notre salut le plus chaleureux va au grand organisateur de la victoire du socialisme sur ce sixième de la planète et le chef de tous les travailleurs dans le monde luttant pour le socialisme, notre camarade Staline (ovations continues, hourras). »
Lors de sa prise de parole le 25 juillet 1935, d’ailleurs, les délégués présents obtenaient une traduction simultanée grâce à un système d’écouteurs. Tout était parfaitement rôdé, la mise en place était impeccable.
La salle du congrès était savamment décorée, avec quatre séries de slogans. Derrière la présidence, en plus des drapeaux rouges et des portraits de Marx, Engels, Lénine et Staline, il était inscrit « Vive l’invincible bannière de Marx, Engels, Lénine et Staline ».
En face, sur le mur du fond, on pouvait lire « Vive les soviet en Chine ! ». Sur les côtés, on trouvait le slogan suivant en six langues : « Dans le front unique prolétarien contre l’offensive du capital, le fascisme et l’impérialisme ».
L’Internationale Communiste avait passé l’épreuve de l’Histoire. Étaient présents au congrès 513 délégués, dont 371 avec un droit de vote délibératif. Ils représentaient au septième congrès de l’Internationale Communiste pas moins de 67 partis, mais dont seulement 22 peuvent agir dans un cadre légal ou semi-légal, dont 11 en Europe.
Et pourtant, entre le sixième et le septième congrès, soit entre 1928 et 1935, les membres des Partis Communistes à travers le monde étaient passés de 1 676 000 à 3 148 000, ceux dans les pays capitalistes passant de 445 300 membres à 758 000.
Le mouvement communiste devenait un rouleau compresseur, il avait enfin l’initiative sur la social-démocratie. Une place significative a bien entendu la Chine ; ses territoires sous régime soviétique englobent déjà 56 millions de personnes. Les partisans opèrent dans des territoires où vivent 50 autres millions de personnes.
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