Le chef d’état major français annonce la guerre sino-américaine pour 2027 et la guerre franco-russe pour 2030 : l’aspect principal est la guerre de repartage du monde

Les enseignements du matérialisme dialectique sont formels : le mode de production capitaliste est soumis à la loi tendancielle du taux de profit, il lui est toujours plus difficile de procéder à une accumulation exponentielle de capital.

Dans ce contexte, les monopoles se développent, en tant que résultat naturel du jeu de la concurrence et avec comme objectif de développer des situations de rente.

Au niveau international, cela produit l’impérialisme, stade suprême du capitalisme, avec chaque pays cherchant à élargir son champ de domination. C’est alors la guerre de repartage du monde.

Nous, communistes, armés de l’idéologie invincible de Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong, savons toutefois que l’Histoire est l’Histoire de la lutte des classes.

Les masses exploitées et opprimées n’ont aucun intérêt à la guerre ; lorsqu’elles ont un niveau suffisant de conscience d’elles-mêmes, elles la refusent et se tournent vers la guerre du peuple pour justement briser les fauteurs de guerre.

Cette conscience des masses ne peut, toutefois, être qu’amenée de l’extérieur : il y a la nécessité historique d’une avant-garde, qui se développe en tant qu’organisation indépendante, analysant scientifiquement le cours des événements et lançant les mots d’ordre politiques contribuant à l’élévation des consciences, soutenant l’organisation politique des masses sur une base révolutionnaire, visant la prise du pouvoir par la violence révolutionnaire afin de constituer un nouvel État.

Cette contradiction entre l’avant-garde active politiquement et capable de discerner les tendances à venir et les masses passives politiquement et ayant un temps de retard (et ce d’autant plus que l’avant-garde est faible, isolée ou arriérée) se pose dans toute sa clarté en novembre 2025.

Si la bourgeoisie n’agit pas consciemment et donc si elle ne « sait » pas qu’elle pousse le pays à la guerre, dans les faits elle met tout en œuvre en ce sens et les choses deviennent, si ce n’est apparentes, du moins relativement claires pour qui les regarde avec du recul et des connaissances historiques.

Voilà pourquoi il faut accorder toute son importance au discours de Fabien Mandon, chef d’état-major des armées depuis le premier septembre 2025, à la fin de la journée d’ouverture du 107e Congrès de l’Association des Maires de France, le 18 novembre 2025.

Le chef d’état-major des armées a affirmé que le conflit sino-américain commencerait en 2027 et il a expliqué que la Russie comptait attaquer l’Europe en 2030.

Il a jugé nécessaire que les maires deviennent un maillon essentiel du soutien moral à l’armée française et qu’ils aillent dans la direction de présenter la Russie comme une menace fondamentale au mode de vie français.

Il a souligné que l’économie passerait possiblement sous le contrôle des intérêts militaires et il a estimé essentiel que le pays ne « flanche » pas en raison d’une éventuelle peur de « perdre ses enfants ».

C’est là, bien sûr, un saut qualitatif dans la mobilisation en direction de la guerre et cela suit de très près, le 17 novembre 2025, la venue à Paris de Volodymyr Zelensky pour la signature d’un contrat de dix ans pour des achats ukrainiens de matériel militaire français.

Les médias français n’ont accordé pratiquement aucune attention à ce contrat, portant notamment sur 100 avions de combat Rafale, alors que l’Ukraine n’a aucunement les moyens de payer quoi que ce soit, sans compter qu’il y a un flou complet sur la liste réelle des achats.

Cela souligne à quel point les médias sont soumis à la ligne générale de guerre contre la Russie, même si certains restent sceptiques.

Cela indique également l’absence complète de la moindre exigence démocratique, car personne n’a demandé à ce que le contenu du contrat soit révélé.

Enfin, et surtout, cet achat à crédit implique la liaison du destin du capitalisme français au régime ukrainien, et inversement.

La France s’est tellement lancée dans l’aventure contre la Russie qu’aucun recul n’est plus possible et c’est d’ailleurs bien pour cela que la tendance à la guerre l’emporte, en brisant un par un tout ce qui peut apparaître comme un frein.

La guerre n’est jamais, dans le capitalisme, une possibilité ou un risque majeur. Jean Jaurès, cette grande figure française du socialisme dans sa version droitière et républicaine, envisageait les choses ainsi, et ce fut son erreur fatale, comme celle des réformistes en général.

Cela amène avec soi, en effet, l’illusion qu’on pourrait intervenir « au cas où » s’il le fallait, qu’il y aurait de toute manière le temps de voir bien avant, que rien n’est jamais écrit, etc.

Avec une telle conception, on est toujours dépassé par les événements et on se retrouve débordé, ne laissant plus d’autre choix que la capitulation ou le basculement dans le désespoir le plus complet.

Il est bien au contraire nécessaire de suivre de manière scientifique le cours des choses et de poser les jalons stratégiques, en se fondant sur les contradictions en développement et leurs nécessaires expressions historiques.

Tel est le rôle du Parti matérialiste dialectique, dont la tâche historique est d’appliquer le principe « les masses font l’Histoire, le Parti les dirige » et de mener les masses travailleuses françaises au Socialisme et au Communisme.

Et, de par les acquis historiques de la science du prolétariat, le processus révolutionnaire consiste en la guerre populaire, qui a une validité universelle.

Nous avons été les premiers dans un pays occidental à formuler cette affirmation, et avec raison.

Seule la mobilisation du peuple comme océan armé est en mesure de se confronter à l’immense machinerie du vieil État bourgeois qui mène la France à une participation à la guerre mondiale de repartage du monde.

Le discours du chef d’état-major des armées Fabien Mandon vient rappeler cette réalité : le vieil État est capable de mobiliser toute son administration, depuis les élus locaux jusqu’aux enseignants, des conseils départementaux et régionaux (apportant notamment différentes aides matérielles au régime ukrainien) aux médias publics (intensément propagandistes dans la dénonciation de la « menace existentielle » russe).

Les drapeaux ukrainiens sont d’ailleurs largement visibles sur les frontons de très nombreux sites représentatifs de l’administration française.

Il est nécessaire ici de préciser que le soutien à l’Ukraine dont il est ici parlé est artificiel : ce n’est qu’un masque de l’expansionnisme français.

Les masses ukrainiennes sont employées comme chair à canon par les principales puissances occidentales, et les nationalistes ukrainiens sont, malgré leur prétention, uniquement les agents sur place des puissances étrangères.

On remarquera, à ce titre, que jamais depuis le début de la guerre, dans aucun pays occidental, il n’y a eu d’ouverture culturelle sur l’Ukraine, sa production de films ou de musique, de littérature ou de peinture.

L’Ukraine est un lieu de projection idéologique et les masses ukrainiennes restent des abstractions.

Ce qui compte, ce n’est pas l’Ukraine réelle, mais la narration qui la concerne.

Et cela doit en rester ainsi, afin qu’il soit accordé une légitimité à l’affrontement militaire avec la Russie, bien qu’en réalité le seul objectif français, ce soit l’appropriation des richesses russes en pétrole et en gaz et la pénétration massive du capital français dans une Russie découpée en plusieurs petites entités.

Une réussite française permettrait ici au pays de sortir du bourbier de la crise générale du capitalisme commencée en 2020, du moins c’est la vision des choses des « décideurs » qui ont fait le choix de l’option « russe » en février 2024, le président Emmanuel Macron le premier.

L’espoir d’une victoire galvanise désormais la bourgeoisie française, au point que même les figures politiques gaullistes nationalistes se sont pratiquement toutes accordées à en accepter les fondements.

Les possibilités d’une grande reprise économique en cas de succès dans l’entreprise militaire produisent également une très vaste corruption dans les syndicats, qui sont absolument tous en phase avec le discours officiel concernant la menace russe et le soutien à l’Otan.

Pour résumer : afin d’échapper aux contradictions internes, le capitalisme français se précipite vers une contradiction extérieure.

Et plus les contradictions internes seront fortes, plus il y a aura en réponse des mobilisations dans le sens du nationalisme et du militarisme.

C’est le sens du discours du chef d’état-major des armées Fabien Mandon et voilà pourquoi ceux qui s’imaginent réformer la France ou même la « révolutionner » se font des illusions s’ils ne prennent pas en compte la tendance à la guerre.

La question n’est même pas ici de distinguer entre réforme et révolution, car la tendance à la guerre bloque la voie à toute transformation.

La mise en place de la guerre, de ses préparatifs, exige des modifications, des adaptations, qui sont indiscutables aux yeux de la bourgeoisie et qui l’emporteront dans tous les cas.

Ceux qui ont l’illusion qu’il est possible d’effectuer des revendications sociales triomphales dans un tel contexte se trompent lourdement, et c’est d’autant plus vrai que l’État français est très lourdement endetté.

Pour cette raison, la vraie délimitation historique actuelle est entre ceux qui se focalisent de manière obsessionnelle sur les questions intérieures, sans voir qu’ils sont prisonniers du capitalisme au quotidien et de son agencement, et ceux qui font de la question de la guerre impérialiste l’aspect principal de leur démarche.

L’expression « aspect principal » doit être bien comprise pour ce qu’elle est, car cela ne veut pas dire, bien sûr, qu’il faille nier l’existence des questions intérieures : c’est simplement reconnaître leur caractère secondaire.

Par contre, cela veut dire qu’on ne peut qu’être en désaccord fondamental avec ceux qui font de la question interne l’aspect principal, tout en admettant qu’il y a secondairement une tendance à la guerre.

Une telle démarche n’est que tromperie et opportunisme, elle ne vise qu’à désorienter et à ramener les esprits vers le réformisme à prétention révolutionnaire, propre aux étudiants et aux syndicalistes, qui peut exister dans le confortable capitalisme français.

Il va de soi que nous aurions préféré dire le contraire et poser que l’aspect principal consiste en la contradiction interne.

Ce n’est malheureusement pas le cas, car les masses sont corrompues par des décennies de capitalisme pacifié, où les syndicats (CGT et CFDT en tête) accompagnent les entreprises et le service public dans leur modernisation et intégration des contradictions.

Les travailleurs français font confiance à l’idéologie de la République, au « rôle » de la France, à la gestion étatique par la bourgeoisie, à la croissance ininterrompue du capitalisme et en tout cas aux possibilités de carrière.

Quant à ceux qui n’y croient plus, c’est parce qu’ils ne croient plus en rien et tendanciellement ils basculent dans les mafias ou le désespoir individuel.

Voilà pourquoi l’aspect principal n’est plus simplement la contradiction interne au capitalisme français, mais la contradiction interne propre à l’affrontement des deux superpuissances impérialistes américaine et chinoise pour l’hégémonie mondiale.

Le capitalisme français s’insère dans cet affrontement, c’est ce qui définit sa transformation et c’est ce qui doit définir l’activité révolutionnaire qui lui répond.

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