Le contexte du XXe congrès du PCUS

On a comme aspects essentiels du contexte du XXe congrès :

– la sécurité d’État a été décapitée ;

– le gouvernement a été mis au pas ;

– le PCUS est centralisé autour du Présidium ;

– une nouvelle génération arrive sur la scène des postes à responsabilité ;

– le XIXe congrès a ouvert un immense espace à la thèse des forces productives ;

– le PCUS a été contaminé par les thèses d’Eugen Varga lancées après 1945 et visant à une gestion bourgeoise – « neutre » de la réalité soviétique.

La liquidation de Lavrenti Beria et la décapitation de l’appareil de sécurité d’État ont permis à la clique ayant pris le contrôle du Parti et du gouvernement d’avoir les coudées franches.

La mise de côté de Georgi Malenkov marqua le triomphe de la clique contrôlant le Parti. De ce fait, le thème de la « direction collective » devint le grand mot d’ordre servant à structurer une nouvelle bourgeoisie.

Une publication tirée à 160 000 exemplaires – Les statuts du Parti Communiste d’Union Soviétique – la loi fondamentale de la vie du Parti – fut diffusée par la Société pansoviétique de diffusion de la connaissance politique et scientifique. Elle saluait les décisions prises par la direction à la suite de « l’affaire Beria », affirmant que :

« Les décrets de la session de juillet [1953] du Comité Central du Parti ont une grande signification pour le développement de la démocratie interne du Parti, la critique et l’auto-critique, et dans l’élévation du niveau de collectivité à la direction du Parti.

La session a résolument condamné la « théorie » idéaliste du culte de la personnalité qui est étranger au marxisme-léninisme et qui a connu une certaine dissémination dans notre presse et notre propagande orale.

Au moyen de cette « théorie » anti-marxiste, certains travailleurs du Parti ont cherché à justifier une pratique vicieuse dans leur activité, faisant que les principes léninistes de démocratie interne ont été remplacés par le commandement bureaucratique d’une seule personne. »

Il s’agit d’une critique très nette de l’appareil de sécurité d’État et de Staline, c’est-à-dire du fait de prendre des décisions en raison de l’idéologie – ce qui apparaît comme « unilatéral » pour la nouvelle bourgeoisie dont la clique de Nikita Khrouchtchev est à ce moment-là le seul représentant, celle représentée par Georgi Malenkov, la bureaucratie incrustée dans le gouvernement, ayant perdu la bataille factionnelle.

Il n’y eut d’ailleurs aucune réunion du Comité Central entre juillet 1955 et le XXe congrès : c’est le Présidium qui avait les clefs du Parti.

La seule tâche à l’horizon fut la parution par la Pravda, le 13 février 1956, la veille du congrès, d’un article de Bolesław Bierut, le dirigeant communiste polonais, expliquant qu’était appliqué en Pologne le principe de Lénine et de Staline de priorité à l’industrie lourde. Bolesław Bierut décédera peu après la tenue du XXe congrès, encore à Moscou ; il est à peu près clair qu’il a été empoisonné.

Les organes des Comités Centraux des partis des différentes républiques se positionnèrent également de manière très différente pour l’ouverture du XXe congrès. Staline fut mentionné positivement avec également une image dans les publications d’Ukraine, de Biélorussie, d’Ouzbékistan, de Lettonie et de Géorgie, mais il n’y eut rien sur lui dans celles d’Arménie, de Moldavie, ni de la république karélo-finlandaise. Celles du Kazakhstan, du Turkménistan, d’Estonie et de Kirghizie mentionnèrent son nom, celle du Tadjikistan publia une photographie.

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