Le document du Comité Central intitulé sur « Le dépassement du culte de la personnalité et ses conséquences » se veut rigoureusement dans la continuité de l’esprit du XIXe congrès. Il présente le rejet de Staline comme une simple rectification par rapport au culte de la personnalité, une simple correction technique.
Cette approche va avoir une grande réussite là où le niveau idéologique est faible et de par l’espace ouvert par le XIXe congrès comme quoi l’URSS serait dans une époque entièrement nouvelle.
Cette approche touche même l’interprétation faite de Staline, dont la signification historique consisterait en un simple accident, un sous-produit d’une certaine situation. Cette thèse est l’explication classique des révisionnistes.
Voici comment le document du Comité Central du PCUS présente la chose :
« Pendant plus d’un quart de siècle, le pays des Soviets a été le seul pays qui frayait à l’humanité la voie du socialisme. Il était comme une forteresse assiégée, au milieu de l’encerclement capitaliste.
Après l’échec de l’intervention de 14 États en 1918-1920, les ennemis du pays des Soviets s’efforcèrent par tous les moyens de saper le premier État socialiste du monde. La menace d’une nouvelle agression impérialiste contre l’URSS s’accentua particulièrement après que le fascisme se fut emparé du pouvoir en Allemagne en 1933 (…)
Dans ce climat de la menace croissante d’une nouvelle guerre, du refus des puissances occidentales d’accepter les mesures maintes fois proposées par l’Union Soviétique pour mettre à la raison le fascisme et organiser la sécurité collective, le pays des Soviets fut contraint de tendre toutes ses forces pour consolider sa défense, pour combattre les manœuvres de l’encerclement capitaliste hostile.
Le Parti devait éduquer tout le peuple dans un esprit de constante vigilance en le mobilisant contre l’ennemi extérieur. Les manœuvres de la réaction internationale étaient d’autant plus dangereuses qu’une lutte de classe acharnée se poursuivait depuis longtemps à l’intérieur du pays et qu’il s’agissait de savoir : « qui l’emportera ? ».
Après la mort de Lénine, on vit s’intensifier, au sein du Parti, des tendances ennemies : trotskistes, opportunistes de droite, nationalistes bourgeois, qui repoussaient la théorie léniniste sur la possibilité de la victoire du socialisme dans un seul pays, ce qui aurait abouti, en fait, à la restauration du capitalisme en URSS. Le Parti engagea une lutte impitoyable contre ces ennemis du léninisme.
En réalisant les préceptes léninistes, le Parti communiste s’orienta vers l’industrialisation socialiste du pays, la collectivisation de l’agriculture et la mise en œuvre de la révolution culturelle.
Le peuple soviétique et le Parti communiste durent vaincre des obstacles et des difficultés incroyables dans l’accomplissement de ces tâches grandioses, en vue d’édifier la société socialiste dans un seul pays pris à part.
Notre pays devait liquider son retard séculaire, transformer toute son économie nationale sur des bases nouvelles, socialistes, en une période historique très courte, sans aucune aide économique de l’extérieur.
Cette situation internationale et intérieure complexe nécessitait une discipline de fer, une élévation inlassable de la vigilance, la centralisation la plus rigoureuse de la direction, ce qui ne pouvait pas ne pas influencer négativement le développement de certaines formes démocratiques. (…)
Mais déjà à l’époque, le Parti et le peuple considéraient ces restrictions comme temporaires, comme devant être éliminées à mesure que l’État soviétique se renforcerait et que les forces de démocratie et de socialisme se développeraient dans le monde. »
L’action de Staline représenterait donc un accident de parcours, une sorte de catastrophe inévitable, mais de toutes façons totalement dépassée. C’est une interprétation mécanique-historique qui ne fait même pas d’effort d’analyse, se contentant d’un argumentation servant en réalité les intérêts de la nouvelle bourgeoisie en URSS liquidant le socialisme.