Le douzième point des 16 fondements de l’urbanisme en République Démocratique Allemande

« 12. Transformer la ville en un jardin est impossible. Il va de soi que doit être pris en charge un verdissement suffisant. Mais le principe n’a pas à être renversé : en ville on vit de manière plus urbaine, en périphérie ou hors de la ville on vit de manière plus rurale. »

On a ici une question de la plus haute importance, et la solution proposée par les urbanistes de la RDA est de se fier aux tendances. La ville a une tendance à ce qui relève de la ville, la campagne à ce qui relève de la campagne, et cela suffirait en soi. C’est là un idéalisme, car cela rapproche non pas les contraires mais les similaires.

Il y a bien entendu une part de vérité à dire que le mode de vie reste différent à la ville et à la campagne, tant que ce n’est pas le communisme. C’est d’autant plus vrai dans un pays devant, à l’instar de la République Démocratique Allemande, réaffirmer une nation démocratique dans le cadre d’une reconstruction.

On a un symbole de cela avec l’opéra de Leipzig, construit en 1868 et détruit en décembre 1943 ; un premier concours pour sa reconstruction intervint en 1950, suivi en 1951 d’un concours pour l’ensemble de la place. C’est l’architecte polonais Piotr Biegański qui gagna le concours, son œuvre fut toutefois modifiée et le bâtiment fini en 1960 seulement.

Cette affirmation culturelle était essentielle, et on retrouve cela lorsque Staline disait qu’il fallait davantage de villes en URSS, car la ville correspond au développement de la culture.

Il se pose la question toutefois du rapport incontournable à la Nature et ici le révisionnisme a profité de la faille historique existant alors, en passant par la petite propriété présentée comme « encadrée » ou « utilisée ».

Lorsque Stalinstadt a été construite, il n’y avait pas seulement pas d’églises : il n’y avait pas non plus de jardins privés. On y trouvait par contre des terrains de production collective de fruits et de légumes.

Durant toute la période démocratique et populaire, la RDA chercha de manière cohérente à abolir le principe de jardin privé, pour ensuite le tolérer dans les années 1960, et même le promouvoir à partir du 9e congrès, en 1976, du Parti Socialiste de l’Unité devenu révisionniste.

En 1988, on comptait 13 millions d’adultes en RDA et il y avait alors 855 000 petits jardins privés, 2,6 millions petits jardins privés pour les week-ends, alors qu’il y avait 1,5 million d’adhérents à l’Union des jardiniers des petits jardins, des colons et des éleveurs de petits animaux.

Le régime révisionniste avait lui-même fourni les terrains pour ces petits jardins, afin de mettre en place une démarche petite-bourgeoise développant un capitalisme de basse intensité, parallèlement au capitalisme bureaucratique propre à une RDA devenue une colonie du social-impérialisme soviétique.

Le douzième point des 16 fondements de l’urbanisme apparaît donc plus comme un constat que comme une ligne programmatique, le révisionnisme liquidant de toutes façons tous les acquis pour promouvoir le capitalisme.

=>Retour au dossier sur
les 16 fondements de l’urbanisme en République Démocratique Allemande