Le faux maoïsme, un exemple de diversionnisme

La contre-révolution, afin de bloquer la révolution autant qu’elle le peut, produit de multiples regroupements aux apparences révolutionnaires, ceci dans le but de provoquer des diversions et d’empêcher les luttes de classe de produire une synthèse historique de la situation et de former un processus révolutionnaire.

Par ces manœuvres de diversion, la contre-révolution forme des bases qui cherchent à attirer des secteurs des masses, pour les mener à la défaite, à l’inactivité, à l’aventurisme, à la capitulation.

Les exemples fameux de diversionnisme

Cette notion de diversion est l’un des grands apports effectués par Staline à la théorie de la révolution.

La diversion historique la plus célèbre est d’ailleurs celle du trotskysme, qui derrière une apparence ultra-révolutionnaire, prônait en réalité la capitulation de la jeune URSS. D’autres courants du même type se sont développés par la suite et c’est cet obstacle qui a été anéanti lors de la grande campagne révolutionnaire en 1937-1938 en URSS.

Un autre diversionnisme très connu est celui, en Chine populaire, de Lin Piao, qui cherchait à promouvoir de manière furieuse la pensée Mao Zedong durant la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, pour chercher en réalité à mener un coup d’État.

Il y a également le diversionnisme qui, durant la guerre d’Espagne, formait la cinquième colonne, c’est-à-dire une base arrière du fascisme au sein du camp démocratique. C’est au nom de revendications ultra-révolutionnaires que les agents objectifs du fascisme combattaient ardemment le Front populaire.

La nature historique du diversionnisme

Le diversionnisme est une opération de subversion de la révolution, et ce de l’intérieur.

Le diversionnisme est le fer de lance de la contre-révolution, par des éléments détachés dans le camp de la révolution elle-même, pour la saboter.

Le diversionnisme est un produit inhérent au mouvement dialectique de l’histoire ; il représente la dernière frontière, celle de la contre-révolution cherchant à détruire la révolution de l’intérieur. Le diversionnisme est porté par les saboteurs de l’intérieur de la cause révolutionnaire, qui prennent le masque de la révolution pour semer le trouble, la confusion, le désarroi.

Après la révolution, le diversionnisme est le sabotage du dernier recours tenté par la contre-révolution, son opération ultime. Avant la révolution, le diversionnisme est l’anticipation du diversionnisme d’après la révolution.

La méthode et la base du diversionnisme

Le diversionnisme n’est pas porté par des hommes d’idées, mais par des intellectuels cherchant à mimer les contenus révolutionnaires, que ceux-ci soient politiques, culturels ou idéologiques.

Pour ce faire, les diversionnistes agissent de manière pragmatique-machiavélique, ils ne reculent devant aucune manœuvre en sous-main, aucune bassesse sur le plan moral.

Ils copient, recopient, manient la paraphrase, cherchent à infiltrer les milieux révolutionnaires, à copier l’apparence du style révolutionnaire. Ils cherchent également à soudoyer les révolutionnaires en leur promettant un succès plus grand et rapide, en flattant leur vanité, en leur promettant des facilités concrètes, etc.

Il faut bien saisir que le diversionnisme n’est pas le fruit d’un révisionnisme idéologique, il n’est pas une ligne opportuniste de droite (ou de gauche) apparaissant dans le camp révolutionnaire, mais bien un produit entièrement extérieur, totalement nouveau à chaque fois, charrié par la contre-révolution.

Il s’appuie sur des petits-bourgeois ayant une prétention révolutionnaire, mais qui sont coupés des traditions et des normes communistes, hostiles à l’idée de soumettre à l’idéologie communiste et à sa formulation politique adéquate dans des conditions concrètes. Forts de leurs connaissances culturelles, ils débarquent littéralement sur la scène historique en se prétendant les seuls vrais porteurs de l’exigence révolutionnaire, en maquillant leurs faiblesses et leur confusion intellectuelle par un pseudo-activisme visant le bruit, le tapage, le scandale, l’outrance, etc.

Les composantes décomposées du diversionnisme

Le diversionnisme a une double nature : il est une composition d’éléments en décomposition. Cet aspect explique son caractère à la fois mutant et instable, toujours en quête d’adaptation et en même temps régulièrement formellement en crise.

Le diversionnisme repose ainsi toujours sur des éléments en décomposition politique, principalement :

– sur des éléments opportunistes cherchant à profiter intellectuellement de la révolution, pour se voir reconnaître un certain prestige ;

– sur des éléments inaboutis incapables de continuer à avancer et, par vanité, refusant de se soumettre aux exigences de l’avant-garde ;

– sur des éléments petits-bourgeois cherchant à se maintenir socialement en visant à former des petits royaumes indépendants parasitant la révolution ;

– sur des éléments fascinés par la révolution, mais viscéralement liés à la bourgeoisie et cherchant à « vaincre le mal par le mal » sans même souvent en avoir conscience ;

– sur des éléments corrompus par le 24 heures sur 24 du capitalisme et cherchant à former un espace révolutionnaire « acceptable » pour le système ;

– sur des intellectuels bourgeois comprenant le caractère inéluctable de la révolution et visant à se procurer des postes à l’avenir en se plaçant comme des représentants de la révolution.

Les différents degrés du diversionnisme

Les diversionnistes sont des produits pourris du capitalisme décadent ; leurs limites sont particulièrement marquées, leurs approches toujours bornées : un tel copie la révolution à 10 %, un autre à 50 %, d’autres copient la révolution à 40 %, etc. Les diversionnistes ne parviennent jamais à modifier leur propre définition interne, étant de simples sous-produits de la crise générale du capitalisme.

Cela est d’autant plus vrai dans une société capitaliste avancée, où il y a un niveau d’éducation relativement élevé et une petite-bourgeoisie importante ; cela est d’autant plus vrai avec un mode de production capitaliste en crise, amenant les très nombreuses et très différentes strates de la petite-bourgeoisie à s’agiter.

Le petit-bourgeois pris de rage, appui au diversionnisme

Le diversionnisme ne jouerait pas un rôle quelconque dans ses interventions s’il ne parvenait à se procurer une base active reposant sur des petits-bourgeois pris de rage, toujours oscillant et opportunistes, ne restant souvent qu’un temps dans les milieux révolutionnaires, mais suffisamment pour, de par leur alternance, fournir une sorte de contingent aux diversionnistes.

Le diversionnisme peut par là disposer de gens pour « jouer » aux révolutionnaires tout en niant toutes les normes communistes. Lénine constatait à ce sujet en 1920 dans La maladie infantile du communisme (le « gauchisme ») :

« On ne sait pas encore suffisamment à l’étranger que le bolchevisme a grandi, s’est constitué et s’est aguerri au cours d’une lutte de longues années contre l’esprit révolutionnaire petit-bourgeois qui frise l’anarchisme ou lui fait quelque emprunt et qui, pour tout ce qui est essentiel, déroge aux conditions et aux nécessités d’une lutte de classe prolétarienne conséquente.

Il est un fait théoriquement bien établi pour les marxistes, et entièrement confirmé par l’expérience de toutes les révolutions et de tous les mouvements révolutionnaires d’Europe, – c’est que le petit propriétaire, le petit patron (type social très largement représenté, formant une masse importante dans bien des pays d’Europe) qui, en régime capitaliste, subit une oppression continuelle et, très souvent, une aggravation terriblement forte et rapide de ses conditions d’existence et la ruine, passe facilement à un révolutionnarisme extrême, mais est incapable de faire preuve de fermeté, d’esprit d’organisation, de discipline et de constance.

Le petit bourgeois, « pris de rage » devant les horreurs du capitalisme, est un phénomène social propre, comme l’anarchisme, à tous les pays capitalistes.

L’instabilité de ce révolutionnarisme, sa stérilité, la propriété qu’il a de se changer rapidement en soumission, en apathie, en vaine fantaisie, et même en engouement « enragé » pour telle ou telle tendance bourgeoise « à la mode », tout cela est de notoriété publique.

Mais la reconnaissance théorique, abstraite de ces vérités ne préserve aucunement les partis révolutionnaires des vieilles erreurs qui reparaissent toujours à l’improviste sous une forme un peu nouvelle, sous un aspect ou dans un décor qu’on ne leur connaissait pas encore, dans une ambiance singulière, plus ou moins originale.

L’anarchisme a été souvent une sorte de châtiment pour les déviations opportunistes du mouvement ouvrier. Ces deux aberrations se complétaient mutuellement.

Et si en Russie, bien que la population petite-bourgeoise y soit plus nombreuse que dans les pays d’Occident, l’anarchisme n’a exercé qu’une influence relativement insignifiante au cours des deux révolutions (1905 et 1917) et pendant leur préparation, le mérite doit en être sans nul doute attribué en partie au bolchevisme, qui avait toujours soutenu la lutte la plus implacable et la plus intransigeante contre l’opportunisme.

Je dis: « en partie », car ce qui a contribué encore davantage à affaiblir l’anarchisme en Russie, c’est qu’il avait eu dans le passé (1870-1880) la possibilité de s’épanouir pleinement et de révéler jusqu’au bout combien cette théorie était fausse et inapte à guider la classe révolutionnaire.

Le bolchevisme, dès son origine, en 1903, reprit cette tradition de lutte implacable contre l’esprit révolutionnaire petit-bourgeois, mi-anarchiste (ou capable de flirter avec l’anarchisme), tradition qui fut toujours celle de la social-démocratie révolutionnaire, et qui s’était particulièrement ancrée chez nous aux années 1900-1903, au moment où étaient jetées les fondations d’un parti de masse du prolétariat révolutionnaire en Russie.

Le bolchevisme reprit et poursuivit la lutte contre le parti qui, plus que tout autre, traduisait les tendances de l’esprit révolutionnaire petit-bourgeois, à savoir : le parti « socialiste-révolutionnaire », sur trois points principaux.

D’abord ce parti, niant le marxisme, s’obstinait à ne pas vouloir (peut-être serait-il plus exact de dire: qu’il ne pouvait pas) comprendre la nécessité de tenir compte, avec une objectivité rigoureuse, des forces de classes et du rapport de ces forces, avant d’engager une action politique quelconque.

En second lieu, ce parti voyait une manifestation particulière de son « esprit révolutionnaire » ou de son « gauchisme » dans la reconnaissance par lui du terrorisme individuel, des attentats, ce que nous, marxistes, répudions catégoriquement.

Naturellement, nous ne répudions le terrorisme individuel que pour des motifs d’opportunité. Tandis que les gens capables de condamner « en principe » la terreur de la grande révolution française ou, d’une façon générale, la terreur exercée par un parti révolutionnaire victorieux, assiégé par la bourgeoisie du monde entier, – ces gens-là, Plékhanov dès 1900-1903, alors qu’il était marxiste et révolutionnaire, les a tournés en dérision, les a bafoués.

En troisième lieu, pour les « socialistes-révolutionnaires », être « de gauche » revenait à ricaner sur les péchés opportunistes relativement bénins de la social-démocratie allemande, tout en imitant les opportunistes extrêmes de ce même parti, par exemple dans la question agraire ou dans la question de la dictature du prolétariat. »

Le faux maoïsme, diversionnisme le plus pervers

Il va de soi que de tous les types de diversionnisme, celui qui joue le plus grand rôle pour la contre-révolution a comme substance de chercher à imiter au mieux l’apparence de la révolution. A notre époque, il s’agit par conséquent du diversionnisme se prétendant maoïste.

Ce diversionnisme est très audacieux, car il prétend représenter de la meilleure manière la révolution, avoir davantage de contenu, de pratique, d’engagement, d’enthousiasme. Il prétend assumer réellement le maoïsme, l’assumer pleinement, entièrement, concrètement, etc.

Ce type de diversionnisme est bien sûr le plus pervers, car il consiste à lever le drapeau rouge contre le drapeau rouge.

Ce diversionnisme le plus perfectionné de tous vise à occuper le terrain qui devrait être celui du Parti de la révolution ; il cherche à siphonner les sympathisants de la cause révolutionnaire, il développe des formes d’actions étrangères à la révolution mais donnant l’illusion d’occuper un espace, de développer des activités concrètes, etc.

Ce diversionnisme profite de l’immense complexité du 24 heures sur 24 de la société capitaliste pour au moyen de la démagogie de la « facilité » et du spontanéisme, prôner des voies erronées censées être concrètes et non pas abstraites.

Pour qui a une solide formation idéologique et connaît la loyauté, la discipline prolétarienne, cela n’est que fausseté, un diversionnisme niant les difficultés, combattant les exigences idéologiques, culturelles, politiques et pratiques du marxisme-léninisme-maoïsme.

Cependant, le diversionnisme vise justement les éléments encore peu développés, ou bien ayant mal saisi tel ou tel aspect de la cause révolutionnaire. Il cherche à trouver des voies spectaculaires pour se donner une bonne image et cherche autant qu’il le peut des appuis chez les opportunistes, afin de profiter les uns des autres aux dépens de la révolution.

Et le diversionnisme voue une haine farouche à ceux qui le démasquent, il cherche à tout prix à dévaloriser les cadres communistes, à passer sous silence les avancées ou bien à les ridiculiser.

Cela a une valeur historique. Le diversionnisme est une réalité inévitable du capitalisme dans sa crise générale. Savoir l’évaluer adéquatement pour l’isoler, le méprise, le maîtriser, l’écraser, relève du processus d’avancée de la lutte des classes.

Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)
Octobre 2019

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