Le matérialisme dialectique et la définition par la négative pour saisir les deux opposés

Le rêve du peuple est devenu réalité !

La dialectique implique que toute avancée a comme opposé le recul. L’avancée s’oppose au recul : lorsqu’on avance, on ne recule pas, et inversement.

En même temps, toute avancée est un recul et tout recul est une avancée.

On a également le recul qui se transforme en avancée, l’avancée en recul.

Les opposés ne sont pas figés l’un par rapport à l’autre : ils s’opposent mais en même temps ils coexistent, ils se succèdent, ils se remplacent l’un l’autre, ils deviennent l’un l’autre.

Il a été appelé nexus le moment de tension maximale de la contradiction, le point où chaque opposé devient l’autre au maximum, tout en restant lui-même, provoquant le saut qualitatif.

C’est une manière de voir les choses qui clarifie beaucoup le processus du saut, du bond en avant.

Il faut néanmoins définir de manière plus approfondie ce qui signifie que toute avancée est un recul et tout recul est une avancée.

Il y a, en effet, deux aspects. Il y a déjà que toute avancée signifie un recul : en général il y a avancée, mais de par le développement inégal, il y a recul en particulier à un certain niveau. C’est valable pour le recul également, bien entendu.

Il y a ensuite que toute avancée signifie un recul en même temps, tout comme un recul signifie une avancée. C’est le paradoxe dialectique : un recul est en fait une avancée, une avancée est en fait un recul.

Lorsque la guerre commence en 1914, le mouvement ouvrier connaît un recul terrible, mais c’est en même temps quelque part une avancée, puisque la première vague de la révolution mondiale se lance en 1917.

Il y a un renversement, mais en même temps pour que cela ait eu lieu, cela veut dire que le recul a en même temps été une avancée, sans quoi l’avancée n’aurait pas pu exister par la suite.

Toute la question est ici, si l’on préfère, de savoir si le recul de 1914 a en même temps été une avancée, ou s’il implique une avancée par la suite, de par son existence même. Les deux sont vrais, mais dans quelle mesure ?

Prenons une voiture qui avance.

Elle ne recule pas et, même, le fait d’avancer ne semble impliquer aucunement qu’en même temps qu’elle avance, elle serait en train de reculer.

Quand on tombe, on ne part pas vers le haut ; quand on va vers la gauche, on ne va pas en même temps vers la droite.

Quand on prend quelque chose de la main droite, on n’agit pas en même temps pareillement de la main gauche ; lorsqu’on lance quelque chose dans une direction, on ne projette rien en sens inverse.

Ou encore, quand on dort, on n’est pas éveillé et il n’y a rien qui semble montrer qu’en même temps qu’on dort, on est en partie éveillé.

Ce dernier exemple est intéressant, car on sait combien le fait de dormir reste très mystérieux encore sur le plan de l’activité cérébrale. Et inversement le fait d’être éveillé voudrait dire ici qu’en même temps, on dort.

Essayons de voir ce que cela signifierait pour les autres exemples.

Déjà, on peut s’apercevoir que les notions de haut et de bas, de gauche et de droite sont relatives. On peut dire que le haut est le bas et le bas le haut, tout dépend du référentiel.

On peut plutôt se tourner vers l’exemple de la lancée d’un objet. On jette une balle dans une direction, elle ne va pas en même temps dans l’autre direction.

Et, pourtant, c’est bien le cas, sauf qu’elle ne le fait pas.

Pourquoi ? Parce que lorsqu’on jette une balle, on fournit une énergie pour compenser la gravité pendant un certain temps. La lancée n’est pas quelque chose de positif, mais de négatif : on s’oppose à la gravité, de manière relative et temporaire.

Autrement dit, si on définit les choses par la négative et non plus la positive, alors on peut voir que faire une chose, c’est faire son inverse.

Cela renverse tout : le contraire d’aller à gauche, ce n’est pas d’aller à droite, mais de ne pas aller à gauche. Le fait d’aller en haut n’a pas comme contraire d’aller en bas, mais de ne pas aller en haut.

La voiture avance et son contraire n’est pas de reculer, mais de ne pas avancer. Avancer et reculer sont la même chose, mais dans deux directions opposées seulement du point de vue du référentiel. Que la voiture recule ou fasse demi-tour revient au même.

Maintenant, il faut faire attention. Est-on ici vraiment dans les opposés, ou simplement dans la question de l’identité ?

Une chose est et n’est pas, en même temps, car elle se transforme.

Le fait d’avancer et de ne pas avancer sont-ils des contraires, ou bien correspondent-ils à l’identité de la chose, qui avance et n’avance pas en même temps, car elle est et elle n’est pas, en même temps ?

On est, en fait, bien dans les opposés, car on ne parle pas de la chose qui avance, mais de l’avancée elle-même.

C’est ce qui fait que lorsque la voiture démarre, on a l’impression d’être tiré en arrière sur son siège, alors qu’en fait on est poussé en avant par le siège. L’inverse se produit lorsque la voiture ralentit, car le corps conserve la vitesse initiale de la voiture, par inertie.

Toute cette question est, finalement, extrêmement complexe, car ce dont il s’agit, c’est de voir comment quelque chose allant dans un sens implique que, forcément, il y ait un mouvement dans l’autre sens en même temps.

Et on sait comment l’humanité a pu faire un fétiche parfois de la souffrance, la liant à la joie, en raison de l’intensité et du fait que, forcément, la joie implique ou « contient » de la souffrance comme opposé.

Ce n’est pas seulement ici que toute détermination est négation.

C’est que la négation est la détermination, et que l’affirmation est une négation de l’inverse de l’affirmation en même temps qu’il y a cette affirmation.

Notre univers est en miroir, systématiquement, partout et tout le temps.

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