Est continu ce qui ne connaît pas d’interruption, est discontinu ce qui ne l’est pas, ce qui connaît des interruptions.
Selon le matérialisme dialectique, le continu et le discontinu forment une unité des contraires, l’un n’existant pas sans l’autre, l’un se transformant en l’autre.
Cette considération s’appuie sur la nature même de la continuité et de la discontinuité.
Ce qui est discontinu peut connaître la cessation de la continuité, en tant qu’intervalles, que pauses, ce qui est un changement de qualité. Mais cette cessation de la continuité peut être relative seulement, sous la forme de quantité donc, dans la mesure où le mouvement baisse ou augmente d’intensité au lieu de simplement cesser.
Ce qui est continu connaît également une contradiction entre quantité et qualité, dans la mesure où le matérialisme dialectique considère que tout phénomène obéit au principe du saut qualitatif : la quantité devient qualité, ou inversement, et de ce fait le principe de continuité absolue n’existe pas.
Cependant, le principe de discontinuité absolue n’existe pas non plus, pour le matérialisme dialectique.
En effet, le principe de la discontinuité absolue empêcherait l’expression du saut qualitatif, puisqu’il hacherait l’évolution tendancielle inévitable d’un processus au cœur d’un phénomène.
Historiquement, le fétichisme de la continuité consiste en l’opportunisme de droite (croyant par exemple en la continuité du capitalisme au socialisme), le fétichisme en la discontinuité l’opportunisme de gauche (croyant par exemple en la révolution permanente).
De la même manière, il n’existe pas de quantité absolue et de qualité absolue. Dans le cas d’une quantité absolue, cela reviendrait à une continuité absolue ; dans le cas d’une qualité absolue, cela reviendrait à une discontinuité absolue.
Le principe de l’évolution en spirale obéit précisément, en tant que description d’ordre générale, à l’unité des contraires que forment la continuité et la discontinuité, le continu et le discontinu.
Pris isolément, le continu existe comme étape avant un saut qualitatif, et contient en ce sens le discontinu en lui.
Pris isolément, le discontinu existe comme étape qualitative d’un processus quantitatif, et contient en ce sens le continu.
Le continu porte l’universel de manière particulière, car le continu correspond à une réalité à un stade de développement précis.
De même, le discontinu porte le particulier de manière universelle, car il appartient à l’expression dialectique inévitable du mouvement de la matière.
Cependant, de par leur rapport dialectique, le continu porte également le particulier de manière universelle, dans la mesure où il s’exprime sous la forme de phénomènes concrets infinis.
Le discontinu exprime, lui, l’universel de manière particulière, en tant que loi essentielle propre à tout phénomène fini.
Le fini exprime le discontinu dans le continu de l’infini, et pareillement l’infini correspond à la nature discontinue du devenir universel fini, car non absolu de par sa transformation, en tant qu’espace, dans le temps.
Ici, l’infini répond au fini et l’espace au temps, et inversement. C’est là la clef du rapport dialectique entre le continu et le discontinu.
Seul l’espace est absolu, bien que justement de par sa nature contradictoire il produise le temps – fini mais portant en lui l’absolu car correspondant à l’espace connaissant un saut qualitatif.
Ce saut qualitatif exprime une discontinuité dans le continu, mais en même temps, il forme la continuité dialectique du mouvement infini.
Cette continuité dialectique est elle-même discontinue, de par son propre mouvement dialectique, à l’infini, en tant que contradiction, en tant que contradictions.
C’est ce qui fait dire à Lénine que :
« Le mouvement est l’essence du temps et de l’espace.
Deux concepts fondamentaux expriment cette essence : la continuité (infinie) et la « composition en points » ( = la négation de la continuité, la discontinuité).
Le mouvement est l’unité de la continuité (du temps et de l’espace) et de la discontinuité (du temps et de l’espace). Le mouvement est une contradiction, une unité de contradictions… »
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