Les très bons résultats communistes aux élections de 1928 sont une défaite pour la SFIO ; celle-ci a pratiquement 1,7 millions de voix, mais le Parti Communiste un peu plus d’un million de voix et il apparaît ainsi comme tout sauf marginalisé.
De plus, c’est la droite qui l’emporte et parvient à une alliance avec le centre, ce qui ruine la prétention « réaliste » de la SFIO à une majorité d’union avec les centristes et l’amène à accuser les communistes de faire le « jeu de la réaction ».
Il est toutefois un point positif pour elle, c’est que sa base n’a pas du tout été ébranlé. Il n’y a pas eu de mouvement de la base pour l’unité, à part à Forcalquier dans les Basses-Alpes, car le SFIO Charles Baron a accepté une base d’unité dès le départ, mais en même temps il avait rejoint le Parti Communiste en 1920 pour s’en faire exclure en 1924 pour appartenance à la franc-maçonnerie.
Une autre exception est que le Parti Communiste ne s’était pas maintenu au second tour à Avesnes dans le Pas-de-Calais où un candidat était ouvertement celui de la haute bourgeoisie.
La SFIO – qui est un parti avec une présence importante d’instituteurs et de fonctionnaires en général, ainsi que de professions libérales – se mit par conséquent à renforcer sa dénonciation systématique des communistes, ce qui se lit à son congrès à la fin du mois de mai 1928, où la motion qui triomphe parle du « bolchevisme qui démoralise et dégrade la classe ouvrière ».
En réponse, le Parti Communiste tire régulièrement à boulets rouges sur les « social-fascistes ». Il va devoir cependant faire face à un gouvernement de droite qui sait que la SFIO ne fera rien en sa faveur.
La pression monte immédiatement, comme au début août 1928, avec à la suite d’un meeting parisien de 10 000 personnes, l’interdiction le lendemain d’un meeting anti-guerre à Ivry et l’arrestation de pratiquement 1400 personnes.
Elle ne va pas cesser de grimper, jusqu’à la mi-1929. Le premier mai 1929 est ainsi marqué par plus de 300 arrestations préventives.
Cependant il y a des manifestations à Paris et en région parisienne (Argenteuil, Bezons, Gennevilliers, Puteaux, Vitry, Saint-Germain, Aulnay, Levallois, Villejuif, Villeparisis…), Lille, Valenciennes, Dunkerque, Rouen, La Rochelle, Chalons sur Saône… ainsi que dans plusieurs villes où l’interdiction de manifester fut bravé : à Douai, Saint-Quentin, Reims, Dijon, Saint-Étienne, Lyon, Bordeaux…
Ainsi qu’à Lens où les barrages des forces de l’ordre furent forcés, mais que la répression s’abattit tout de même en raison de la pression du maire socialiste Alfred Maës (dans la foulée la ville sera en état de siège pour l’interdiction d’un meeting du Secours Rouge le 3 mai).
Pratiquement 4 000 personnes auront été arrêtés par la police pendant cette courte séquence.
Aux élections municipales de mai 1929, le Parti Communiste maintient ses positions et élargit un peu son champ électoral. Les communistes disposent alors de 115 conseils municipaux contre 70 auparavant, dont 26 (contre 21 auparavant) dans les villes de plus de 5 000 habitants, ainsi que des minorités dans 139 (contre 55 auparavant).
Mais le 26 mai lorsque des dizaines de milliers de personnes viennent au cimetière parisien du Père-Lachaise célébrer la Commune, il y a de très violents accrochages avec la police qui multiplie agressions et provocations.
Le 17 juillet 1929 a lieu la perquisition de l’Humanité et du siège du PCF, avec des arrestations ; quatre jours plus tard, le 21 juillet, 96 communistes sont arrêtés à Villeneuve-Saint-Georges et accusés de complot contre la sûreté de l’État.
Le 21 juillet la police tente le coup de force à Clichy et Villeneuve-Saint-Georges, procédant à une centaine d’arrestations, alors que des perquisitions ont encore lieu chez des cadres et dans des locaux parisiens (siège de l’Humanité, du Parti au niveau national et celui pour la région, les syndicats unitaires…) de par la suite, que le gérant de l’Humanité est condamné à quinze ans de prison…
L’Humanité a été perquisitionné trois fois en huit jours.
Et, à la fin juillet 1929, ont été arrêtés pas moins que Maurice Thorez et Benoît Frachon (soit la moitié de la direction), le gérant de l’Humanité Gérard Daquin de Saint-Preux, le secrétaire de rédaction de l’Humanité Pierre Forestier, le secrétaire des travailleurs des chemins de fer de la CGT Unitaire Lucien Midol, le secrétaire de la Fédération postale de la CGT Unitaire Henri Gourdeaux, l’un des responsables de la région parisienne et membre du Comité Central Marcel Maizières, l’important cadre Édouard Dudilieux, etc.
L’Avant-Garde, le journal des Jeunesses Communistes, est également saisi, alors que dans la foulée, pour la journée internationale contre la guerre le 1er août le Parti Communiste échoue totalement dans sa mobilisation et seulement 8 000 ouvriers font grève et manifestent, l’Humanité étant saisie.
Cet échec est du à une répression sévère ; alors que la grève a commencé à 11 heures (afin que celle-ci soit vraiment « d’entreprise »), l’État mène des arrestations préventives, lance la police, les gardes mobiles, l’armée. Les affrontements sont nombreux : à l’usine parisienne de Citroën, à Alais, Bezons, Waziers-Douai, Rouen, Nîmes, Troyes, Romilly, Bordeaux, Boulogne-sur-Mer, Sète, Audincourt, Anzin…
Suivront en septembre les arrestations du secrétaire de la CGT Unitaire Gaston Monmousseau et de Paul Vaillant-Couturier ; toutes les manifestations communistes sont interdites. 1 127 communistes ont été condamnés, pour 260 années de prison au total, avec plus d’un million de francs à payer.
Cela provoqua une vague capitularde avec des gens fondant un « Parti ouvrier-paysan », avec comme noyau dur les « six » (Louis Sellier, Jean Garchery, Charles Joly, Louis Castellaz, Camille Renault, Louis Gélis) ; cet éphémère nouveau parti s’alliera au « parti socialiste-communiste » pour fonder le « parti d’unité prolétarienne », qui lui-même rejoindra la SFIO en juin 1937.
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