Lors de sa crise finale, à la toute fin des années 1980, l’URSS social-impérialiste dut en catastrophe généraliser le système des bons alimentaires jusqu’ici employés seulement dans certaines villes et régions du pays.
Le succès était très relatif : les pénuries se sont généralisées dans le pays, à l’exception de Moscou et de Leningrad, et encore car on y vient parfois de loin pour essayer de s’approvisionner.
Tout manquait : le papier toilette, les fruits importés, des fruits non importés tels les raisins et les poires, le lait concentré, le beurre, la viande et notamment les saucisses, le café instantané, le cacao et le chocolat, le papier peint, le carrelage, la plomberie, les meubles, les tapis, les vases en cristal (un « classique » soviétique), le papier toilette, les journaux et les magazines, les préservatifs et les pilules contraceptives, les chaussures, les montures de lunettes, les télévisions et les magnétoscopes, les cassettes audios et vidéos, les aspirateurs, les machines à laver, les réfrigérateurs, les pièces de rechange pour voiture et les principales voitures, le savon et le dentifrice, les médicaments…
À la fin des années 1980, on en est à vendre individuellement ou dans des pots d’un litre des mégots de cigarettes récupérés par terre.
Mikhaïl Gorbatchev avait tenté de redresser la barre, en accentuant la décentralisation pour essayer de régénérer le capitalisme existant depuis 1953 mais étouffé par le cadre général monopoliste d’État.
Une loi Sur l’activité de travail individuelle fut ainsi adoptée le 19 novembre 1986, qui admettait pour la première fois l’activité d’auto-entrepreneur. Celle-ci était jusque-là violemment réprimée lorsqu’elle se faisait remarquer.
On peut désormais travailler comme auto-entrepreneur pour les produits artisanaux, tout ce qui est service aux consommateurs, les formations, les arts et métiers populaires.
Il y eut ensuite un décret du Présidium du Soviet suprême de l’URSS Sur les questions liées à la création sur le territoire de l’URSS et aux activités de coentreprises, d’associations et d’organisations internationales avec la participation des Soviétiques et organisations, entreprises et organes directeurs étrangers, le 13 janvier 1987.
Cela permettait la mise en place, à condition que la participation soviétique soit d’au moins 50 %, d’entreprises « mixtes » avec des fonds d’autres pays : d’occident, du tiers-monde ou du bloc de l’Est.
La loi Sur les entreprises d’État du 30 juin 1987 fit en sorte que les entreprises n’aient plus à suivre les exigences de la planification, et qu’en accord avec l’État elles puissent mener des activités économiques en toute indépendance.
Finalement, la loi Sur la propriété fut mise en place en mars 1990, légalisant la propriété privée à tous les niveaux, et le 13 juin 1990 le Conseil suprême de l’URSS adopta une résolution Sur le concept de transition vers une économie de marché réglementée.
S’ensuivit le 8 août 1990 une résolution du Conseil des ministres de l’URSS Sur les mesures visant à créer et à développer les petites entreprises, légalisant toutes les petites entreprises avec toutes les formes de propriété dans tous les secteurs économiques.
Il y eut alors la tentation de forcer le passage au capitalisme. Une figure importante ici est Boris Eltsine. Il a le même profil que Mikhaïl Gorbatchev, il est d’ailleurs né la même année.
Boris Eltsine est rentré au Comité Central du Parti Communiste d’Union Soviétique en 1981, et lorsque Mikhaïl Gorbatchev a été nommé à la tête du PCUS en 1985, lui-même est devenu responsable du Comité municipal du Parti à Moscou.
En octobre 1987, il a tenu un discours de cinq minutes dénonçant la lenteur de la « perestroïka » et demandant à ce qu’on le démette de son poste à Moscou, ainsi que d’une candidature pour le Bureau Politique.
Boris Eltsine se présenta ainsi comme le chef de file de l’aile la plus réformatrice ; il fut effectivement mis de côté. S’il resta un cadre éminent, il eut des « mésaventures » comme un accident d’avion ou le fait d’être jeté dans un fleuve depuis un pont ; à cela s’ajoute des épisodes d’alcoolisme.
Le résultat fut qu’en mai 1990, il fut élu président du Conseil suprême de la République soviétique de Russie. En juin 1990, cette dernière se déclare indépendante des décisions de l’URSS, et en juillet Boris Eltsine démissionne du PCUS.
Mikhaïl Gorbatchev n’était pas fondamentalement opposé à Boris Eltsine, qu’il aurait aimé avoir à ses côtés comme représentant de l’aile la plus radicale dans les réformes. Néanmoins, Boris Eltsine ne cessait de dénoncer Mikhaïl Gorbatchev, y voyant une opportunité et considérant que les carottes étaient cuites.
Une tentative d’accord fut effectué en 1990 entre les deux, avec la nomination de Grigori Yavlinski , président de la Commission d’État pour la réforme économique, pour mettre en place un programme de 500 jours.
Cela prévoyait un passage brutal au capitalisme, tout en maintenant une URSS se résumant à une monnaie unique, un droit commun, une défense commune.
Mikhaïl Gorbatchev, qui tentait de concilier l’aile conservatrice, refusa le projet et Boris Eltsine précipita les choses. Une élection présidentielle eut lieu en Russie le 12 juin 1991, emporté par 58,56 % des voix contre le candidat du PCUS Nikolaï Ryjkov, qui n’obtint que 17,22 % des voix.
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