Aristote, une fois ayant présentée la substance comme ce dont on parle, développe son point de vue quant au moyen d’en parler. Il présente ainsi la quantité, qui peut être discrète ou continue. Pareillement, une quantité peut constituer un ordre seulement et non pas une position, par exemple quand un moment passe : il a des parties qui passent et donc pas de position puisqu’il est passé.
Il y a également des quantités par coïncidences : c’est la table qui a une surface, le fait qu’elle soit blanche est secondaire.
En plus de la quantité, il y a les « relatifs », « les choses telles que l’état, la disposition, la sensation, la science, la position ».
Pourquoi ce terme ? Parce ces notions sont relatives à quelque chose. C’est la science de quelque chose, position de quelque chose, etc.
Or, il fallait bien qu’Aristote relie les choses. Il est matérialiste, donc il doit procéder à la connexion de choses. Il ne le fait pas par la loi de la contradiction, mais il est matérialiste. Comment procède-t-il ?
Aristote dit la chose suivante : les relatifs sont réciproques. Ce n’est pas de la dialectique, car il n’y voit pas des contraires, mais des complémentarités. Il constate ainsi :
« L’esclave est dit esclave d’un maître et le maître est dit maître d’un esclave ; le double, double d’un demi et le demi, demi d’un double, ainsi que le majeur, majeur par rapport à un mineur et le mineur, mineur par rapport à un majeur.
Et il en va encore de même dans les autres cas. »
Aristote est obligé de faire cette connexion par complémentarité, car il n’a pas la contradiction pour lier les phénomènes. Ne voulant pas atomiser la réalité en entités séparés comme le fait Platon et sa vision logico-mathématique, il doit parvenir à relier les choses, d’une manière ou d’une autre.
De là vient sa théorie de la complémentarité, qui est au sens strict sa vision des choses. L’arrière-plan est sa conception de la mise en mouvement, et inversement. Puisqu’il y a entéléchie, c’est-à-dire réalisation d’un potentiel par une mise en mouvement, qui aboutit à un phénomène concret, alors par définition ce qui est mis en mouvement pouvait l’être et ce qui a mis en mouvement pouvait le faire.
La science constitue alors en l’étude des réciprocités – ce qui passe par la compréhension des attributs des substances. On peut alors classifier, catégoriser.
Si l’on prend un gouvernail, on voit que tous les bateaux n’en ont pas, et que donc il n’y a pas réciprocité au sens strict. Le gouvernail a comme réciproque le fait d’utiliser un gouvernail, et inversement.
Aristote résume cette universalité de la réciproque en disant :
« Tous les relatifs, donc, s’ils sont expliqués adéquatement, se disent relativement à des réciproques.
Le fait est que, s’ils sont en tout cas mis en rapport dans l’explication avec une chose prise au hasard et non avec le corrélatif lui-même, il n’y a pas réciprocité (…). L’esclave, si on explique qu’il est esclave, non d’un maître, mais d’un homme, d’un bipède ou de quoi que ce soit de ce genre, il n’y a pas de réciprocité, parce que l’explication n’est pas adéquate. »