Aristote considère que l’âme, l’esprit, la psyché… a différentes facultés. Il les définit comme suit : nutritive, désirante, sensitive, locomotrice, pensante.
La faculté nutritive concerne la reproduction et l’intégration des aliments. Aristote la définit comme l’élément commun à tous les êtres vivants et s’attarde sur cet aspect, car il permet selon lui de comprendre au mieux le rôle de l’âme.
C’est qu’Aristote applique partout son principe d’entéléchie, reposant sur une opposition entre la matière brute et la forme de celle-ci. Par la faculté nutritive de l’âme, la forme permet à la matière brute façonnée d’avoir une activité lui permettant de persister.
Un être vivant a donc comme cause la faculté nutritive sans laquelle son existence n’aurait pas de sens, mais en même temps c’est son principe, car c’est par cette faculté qu’elle vit. Et comme les êtres vivants vivent pour eux-mêmes, on en revient à leur psyché comme centre d’orientation de leur propre existence : la vie vient de l’âme, passe par l’âme et va à l’âme.
Aristote pose donc une base à tous les êtres vivants dans leur existence – par une dynamique. Il ne peut pas concevoir, comme le matérialisme dialectique, que la sensation est propre à la matière en général (par le jeu dialectique en son sein, avec le principe du reflet, l’interaction des contraires, etc.), que cette sensation-reflet est une base universelle de la matière infinie et éternelle
Par conséquent, il est amené à réduire les plantes à la faculté nutritive, tout comme il considère que seule l’humanité dispose de la faculté pensante et de l’intellect. Mais, surtout, il emboîte les facultés les unes dans les autres, en série : la faculté pensante contient les facultés précédentes, tout comme celle d’avant les précédentes, etc.
Il y a une progression et au bout de la chaîne il y a l’être humain, déterminé par la nature humaine.
Aristote donne ici une explication matérialiste particulièrement tortueuse, mais subtile dans ses fondements : l’humanité serait plus avancée car son sens du toucher serait plus avancé. Parlant des sens, analysant même la lumière, le son, etc., il explique en parlant de l’odeur et de l’odorat que :
« Quant à l’odeur et au corps odorant, il est moins aisé d’en traiter que des sujets précédents. En effet, la nature de l’odeur n’apparaît pas aussi clairement que celle du son, de la lumière ou de la couleur.
La raison en est que chez nous, ce sens n’est pas aigu, mais inférieur même à ce qu’il est chez beaucoup d’animaux : l’homme sent mal les odeurs et ne perçoit aucun objet odorant sans les sensations de douleur ou de plaisir – ce qui prouve que son organe sensoriel manque d’acuité (…).
Il semble qu’il y ait ici une analogie entre l’odorat et le goût, et entre les espèces de saveurs et celles des odeur, toutefois notre sens du goût est plus aigu parce qu’il est une sorte de toucher et que ce dernier sens atteint chez l’homme un très haut degré d’acuité.
Quant aux autres sens, en effet, l’homme est inférieur à beaucoup d’animaux.
La preuve en est qu’à s’en tenir à l’espèce humaine, c’est l’organe de ce sens, et aucun autre, qui partage les individus en bien et mal doués : ceux qui ont la chair dure sont mal doués intellectuellement, mais ceux qui ont la chair tendre sont bien doués. »
Les dernières lignes sont étranges, mais tout prend son sens si l’on sait que le toucher, c’est la main, agent transformateur par excellent pour l’humanité. Aristote dit ici que c’est une capacité sensible plus qualitative qui a permis à l’humanité d’avoir une position différente, ce qui repose sur un fond authentiquement matérialiste puisqu’on a et la sensation, et la transformation.
On voit également que, pour Aristote, le toucher est une disposition sensible extrêmement vaste. C’est pour cette raison qu’il a pu réduire les sens à cinq – la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher – le premier étant fondamental pour lui car saisissant le plus vastement, mais le dernier le plus profondément.
C’est lui qui est à l’origine de cette définition de la sensibilité humaine s’appuyant sur cinq sens. Une partie significative du traité De l’âme s’attarde d’ailleurs à les présenter, dans leur rapport avec la chose ressentie, avec l’air, l’eau, entre eux, etc.