Lettre pour l’unification (1980)

Lettre du Comité pour l’unification – Janvier 1980

PROJET DE PROGRAMME

Partie internationale

(Texte adopté par la session commune des Comités centraux du PCML et du PCRml, des 26 et 27/1/1980)

INTRODUCTION

1- Le monde contemporain se trouve à l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne mondiale. Irréversiblement ouverte avec la première guerre mondiale, la crise générale de l’impérialisme ne se résoudra qu’avec l’accomplissement de la révolution mondiale. Cette crise s’aiguise sous la poussée du développement des quatre contradictions fondamentales du monde contemporain :

2- — la contradiction qui oppose les peuples et nations opprimés à l’impérialisme et au social-impérialisme;
— la contradiction qui oppose le prolétariat à la bourgeoisie dans les pays capitalistes, y compris les anciens pays socialistes où le capitalisme a été restauré;
— la contradiction qui oppose les impérialismes entre eux ou avec le social-impérialisme, notamment la contradiction entre les deux superpuissances;
— la contradiction qui oppose les pays socialistes aux pays capitalistes.

3- Les trois composantes de la révolution prolétarienne mondiale déterminées par ces quatre contradictions fondamentales sont : le mouvement des peuples, nations et pays dominés contre l’impérialisme et l’hégémonisme, la lutte du prolétariat contre la bourgeoisie dans les pays capitalistes, la lutte pour l’édification du socialisme des pays ayant déjà accompli leur révolution.

4- A chaque période, la synthèse du développement des quatre contradictions fondamentales fournit les grandes tendances du monde contemporain, les tâches qui en découlent pour le prolétariat international, les cibles de sa lutte dans la période et les forces avec lesquelles au plan international il doit s’allier. La théorie des trois mondes constitue actuellement le bilan des contradictions et des regroupement des forces de classe à l’échelle internationale et elle éclaire la stratégie du prolétariat international.

LES TROIS MONDES

5- Le monde actuel se divise en trois; le premier monde est constitué par les deux superpuissances; le second monde est constitué par les pays capitalistes d’Europe, du Japon et le Canada… Le Tiers Monde est constitué des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine anciennement ou actuellement dominés par l’impérialisme.

Le premier monde

6- L’URSS et les USA sont les deux impérialismes les plus puissants, eux seuls ayant les moyens de prétendre à l’hégémonie mondiale par le considérable développement de leur potentiel militaire et par le contrôle qu’ils exercent sur de vastes zones d’influence.

7- Les USA : sur le plan intérieur, la situation aux USA se caractérise par l’importance du chômage, de l’inflation, la crise énergétique, le développement de contradictions au sein de la bourgeoisie monopoliste. Dans sa rivalité avec l’URSS, la bourgeoisie monopoliste américaine se prétend le champion des « droits de l’homme » alors qu’elle est responsable de millions de morts en Indochine jusqu’en 1975, qu’elle a mis en place et soutenu des régimes fascistes, qu’elle se livre au pillage de nombreux pays. Tout au long de ces dernières années l’impérialisme US a subi de nombreuses défaites sous les coups des peuples. Les USA sont une superpuissance actuellement sur la défensive, cherchant à préserver ses positions menacées par la lautte des peuples et par sa rivale soviétique. Tout en restant malgré la crise du dollar, la première puissance économique mondiale, les USA ont vu, d’un point de vue d’ensemble, leur puissance militaire rattrapée par l’URSS.

8- L’URSS : sur le plan intérieur, la politique de la bourgeoisie social-impérialiste au pouvoir en URSS se caractérise par l’exploitation de la classe ouvrière et du peuple, par l’oppression des différentes nationalités d’URSS, ainsi que par la militarisation de l’économie.

9- En Europe de l’Est, l’URSS pratique une politique colonialiste en pillant les ressources des pays du COMECON et en les occupant militairement.

10- Sur la base de la militarisation de son économie, l’URSS s’est engagée dans une politique d’expansion et d’agression qui se développe sur les différents continents, soit directement, soit par l’intermédiaire d’autres pays liés à elle par des traités militaires, notamment le Vietnam et Cuba. En Europe, l’URSS a développé de façon très importante son potentiel militaire dirigé contre l’Europe de l’Ouest.

11- Impérialisme en expansion, agissant sous l’étiquette du « socialisme » et de « l’internationalisme prolétarien »

Le second monde

12- Le second monde est constitué par les autres pays capitalistes développés de l’Europe de l’Ouest et de l’Est, du Japon, du Canada… Les bourgeoisies impérialistes de ces pays vivent de l’exploitation du prolétariat et des peuples opprimés. Cependant, ces bourgeoisies impérialistes ne peuvent plus prétendre à l’hégémonie mondiale et elles se trouvent soumises constamment aux pressions et menaces des deux superpuissances . En ce sens et sous certaine conditions, les pays du second monde peuvent être ralliés à la lutte contre l’hégémonisme.

13- Au sein du second monde, l’Europe, par son potentiel humain, économique et technologique, par ses relations privilégiées avec certaines zones du Tiers Monde, constitue l’enjeu stratégique de la rivalité des deux superpuissances. L’Europe assurerait à la superpuissance qui parviendrait à la dominer sans partage un avantage décisif dans la rivalité pour l’hégémonie. 

Le renforcement des liens entre les pays européens, notamment dans la construction de l’Europe, aujourd’hui des 9, demain des 12, favorise, à condition de combattre les tendances capitulationnistes présentes à l’intérieur des bourgeoisies européennes, la résistance aux deux superpuissances les empêchant, surtout la superpuissance soviétique, de jouer sur la division entre les pays européens pour effectuer des menaces et des actes d’ingérence. C’est un aspect positif de la construction européenne. 

Cependant, la construction européenne conduit à une certaine coordination des politiques réactionnaires des bourgeoisies contre les prolétariats, les petits paysans et les peuples d’Europe. Les prolétariats et les peuples d’Europe combattent vigoureusement cet aspect et doivent s’unir contre leurs bourgeoisies impérialistes. La base objective que constitue l’harmonisation progressive des conditions faites aux travailleurs des différents pays d’Europe est favorable à cette lutte.

Le Tiers Monde

14- Le Tiers Monde est constitué des pays actuellement opprimés ou ayant autrefois été dominés par l’impérialisme. Ce sont des pays en voie de développement et qui continuent à être confrontés aux besoins les plus vitaux. Le Tiers Monde constitue la force principale de la lutte contre le système impérialiste mondial et plus particulièrement aujourd’hui contre les deux superpuissances. 

Tout au long de ces derniéres années, les peuples et nations du Tiers Monde ont développé leur lutte de libération nationale, la plupart ont arraché leur indépendance politique. Les pays du Tiers Monde ont développé leur lutte commune pour un nouvel ordre économique mondial. La lutte des pays producteurs de matières premières pour la maîtrise de leurs ressources et de meilleurs termes de l’échange est dirigée contre la domination de l’impérialisme.

15- Des peuples et nations du Tiers Monde ont mené des luttes de libération nationale qui ont conduit des bourgeoisies nationales au pouvoir. Tout en s’opposant à l’impérialisme et aux deux superpuissances, ces bourgeoisies ont une politique hésitante à leur égard et ont recours à l’exploitation et à l’oppression contre leur propre peuple. 

Notre Parti, tout en soutenant les mesures de ces gouvernements s’opposant à l’impérialisme et aux deux superpuissances, soutient la lutte des peuples de ces pays pour consolider l’indépendance nationale, et la lutte des classes exploitées contre l’oppression des classes dominantes. Dans différents pays du Tiers Monde, des gouvernements font régner la terreur ouverte contre le peuple. Notre Parti soutient également la lutte de ces peuples pour le renversement de tels régimes, la conquête des libertés démocratiques et de l’indépendance nationale (Argentine, Chili…). 

16- La République populaire de Chine, pays socialiste, appartient au Tiers Monde en raison de son histoire et comme pays en voie de développement. Au terme d’une guerre populaire prolongée, elle mis fin à la domination impérialiste. Dans le monde actuel, la République populaire de Chine constitue un puissant obstacle contre l’hégémonisme des deux superpuissances et en particulier contre les préparatifs de guerre de l’URSS.

GUERRE ET REVOLUTION

17- Dans les années 60 et au début des années 70, la situation mondiale était caractérisée par le fait que les facteurs de révolution croissaient plus rapidement que les facteurs de guerre, principalement en raison de l’essor impétueux des luttes de libération nationale.

Si le danger d’une nouvelle guerre mondiale demeurait, la tendance principale était à la révolution. C’est alors que le peuple algérien a vaincu le colonialisme français, que les peuples vietnamien, lao, kampuchéen, ont remporté de grandes victoires sur l’impérialisme américain. En Europe, à la fin des années 60 et dans les années qui ont suivi, le nouveau cours des luttes des prolétariats a commencé à secouer la tutelle révisionniste. 

18- Sur la base de ce développement antérieur des facteurs de révolution et de la transformation de l’URSS en une superpuissance social-impérialiste, de profondes transformations sont apparues ces dernières années dans la situation mondiale.

19- — La superpuissance américaine affaiblie par ses défaites successives face aux peuples opprimés a amorcé un recul que le social-impérialisme soviétique, nouveau venu pour le partage du monde depuis la restauration du capitalisme en URSS, a mis à profit pour accroitre sa pénétration en Asie, en Afrique, en Amérique latine. Multipliant les actes d’ingérence, installant des bases militaires, le social-impérialisme a ainsi conquis à des degrès divers de fortes positions en Angola, en Ethiopie, au Yemen du sud, en Afghanistan, au Vietnam et par son intermédiaire au Laos et au Cambodge. 

Cela lui permet d’accroître ses pressions sur l’Europe et le Japon en menaçant leurs voies d’approvisionnement. Dans la course aux armements engagée avec les USA, l’URSS est parvenue à combler son retard et les deux superpuissances ont accumulé un potentiel militaire sans précédent, en constante augmentation. La lutte pour l’hégémonie entre les USA et l’URSS s’est ainsi considérablement aigisée, accroissant les facteurs de guerre.

20- — Le succès des guerres de libération nationale, l’accession à l’indépendance de nombreux pays du Tiers Monde ont modifié dans une certaine mesure la forme que revêt le développement de la contradiction entre peuples opprimés et impérialisme et social-impérialisme. Alors que des guerres de libération nationale se poursuivent dans des pays qui n’ont pas encore conquis leur indépendance (Palestine, Timor, Zimbabwe, Afrique du sud, Erythrée, Sahara occidental…), le mouvement des pays du Tiers Monde pour affirmer réellement leur indépendance s’est constitué en force politique et porte des coups à l’impérialisme et au social-impérialisme, contribuant ainsi d’une nouvelle manière au développement des facteurs de révolution. 

La Chine, pays du Tiers Monde, apporte une puissante contribution à ce mouvement. En menant aujourd’hui la lutte pour faire de la Chine un pays socialiste puissant et moderne d’ici la fin du siècle, le peuple chinois contribue de manière importante au développement des facteurs de révolution.

21- Cependant, les manoeuvres du social-impérialisme pour mettre à profit les contradictions qui opposent les peuples opprimés et les pays nouvellement indépendants aux anciens impérialismes rendent plus complexe la progression à travers des avancées et des reculs, des facteurs de révolution. Parce que les peuples et pays du Tiers Monde n’ont pas fait encore massivement l’expérience de la nature réellement impérialiste de l’URSS, le social-impérialisme a pu manoeuvrer pour tenter de diviser le mouvement des pays du Tiers Monde pour s’ingérer dans les affaires intérieures du Tiers Monde, y imposer sa tutelle, utilisant ouvertement certains d’entre eux comme des bases d’appui et des auxiliaires zélés de sa stratégie d’agression impérialiste. 

Il est ainsi parvenu à transformer en base d’agression contre d’autres peuples des pays comme le Vietnam ayant un long passé de lutte contre l’impérialisme et le colonialisme. Ces actes d’ingérence et d’agression commencent à se heurter à une vive résistance (Cambodge, Laos, Erythrée…) et le social-impérialisme a dû opérer certains reculs « Egypte, Somalie…), mais sans que cela réussisse encore aujourd’hui à enrayer la progression d’ensemble de la superpuissance soviétique.

22- Les transformations ainsi apparues ces dernière années dans la situation mondiale entraînent qu’en même temps que les facteurs de révolution continuent à se développer, les facteurs de guerre croissent plus rapidement. La contradiction entre les deux superpuissances pour le partage du monde aménera inéluctablement à la guerre car aucune des deux ne se résoudra pacifiquement à laisser l’autre exercer l’hégémonie à son détriment.

23- Il est possible et nécessaire de faire reculer la guerre. Le développement des facteurs de révolution est la forme la plus efficace pour faire reculer la guerre. Retarder le déclenchement de la guerre favorise en retour le développement des facteurs de révolution. La tâche du prolétariat international est en même temps de dévelloper de mlanière conséquente les facteurs de révolution et de faire converger toutes les forces, tous les éléments suceptibles de retarder le déclenchement de la guerre. 

Le prolétariat international et les peuples du monde, le mouvement des pays du Tiers Monde, les pays du second monde, sur la base de leurs intérêts propres, sont amenés sous des formes et à des degrés divers, à s’opposer aux deux superpuissances et aux menaces de guerre. Ces forces tendent ainsi à converger en un front uni mondial antihégémonique. Le prolétariat international est la force dirigeante de ce front et les peuples et les pays du Tiers Monde en sont la force principale.

NOS TÂCHES

24- L’action de notre Parti est guidée par l’internationalisme prolétarien et a pour objectif la révolution prolétarienne mondiale.

25- — il soutient les luttes des ouvriers et des peuples du monde contre l’exploitation capitaliste ;

26- — il soutient la lutte des peuples et des pays opprimés par l’impérialisme, les deux superpuissances ;

27- — il soutient particulièrement la lutte contre l’impérialisme français. Il oeuvre à la solidarité internationaliste envers les travaileurs immigrés en France ;

28- — il soutient la lutte pour l’édification du socialisme dans les pays socialistes. Il soutient la lutte du peuple chinois pour la consolidation de la dictature du prolétariat et pour la réalisation des quatre modernisations socialistes ;

29- — il soutient la lutte pour la révolution socialiste aux USA, les luttes des ouvriers, des minorités nationales, du peuple des USA contre la bourgeoisie monopoliste américaine. Il soutient la lutte des peuples et des pays opprimés par l’impérialisme US ;

30- — il soutient les luttes des ouvriers, des paysans, des démocrates, des nationalités contre la dictature fasciste en URSS. Il soutient la lutte des peuples de l’Europe de l’Est pour le droit à l’indépendance nationale et les luttes des peuples contre les agressions de l’URSS.

31- Notre Parti affirme sa solidarité avec les mouvements et organisations de libération nationale, avec le mouvement des non alignés dans sa résistance aux pressions des deux superpuissances ainsi qu’avec les partis et organisations marxistes léninistes et révolutionnaires.

32- Notre Parti agit pour la défense de la paix mondiale. Cette action s’inscrit dans le cadre du front uni mondial contre les deux superpuissances, piliers principaux du système impérialiste, dont la défaite permettra l’ouverture d’une nouvelle phase de la révolution prolétarienne mondiale.

33- Noitre Parti considère comme positif tout ce qui peut contribuer a isoler les deux superpuissances, en, particulier tout ce qui va dans le sens de l’établissement de raports sur un pied d’égalité entre les pays du second monde et du Tiers Monde. En se rangeant aux côtés du Tiers Monde et de ses revendications pour un nouvel ordre économique mondial, il agit dans ce sens.

34- Notre Parti considère que la lutte révolutionnaire contre la bourgeoisie contribue à la réalisation du front uni mondial contre les deux superpuissances en ce sens que plus la classe ouvrière et le peuple de notre pays seront fort, meilleurs seront les conditions de la lutte contre les deux superpuissances. Une France socialiste serait le meilleur garant d’une lutte conséquente contre les deux superpuissances.

35- Notre Parti agit pour mobiliser le peuple de France contre les deux superpuissances, particulièrement contre l’URSS, principal fauteur de guerre, contre leurs agressions et leurs préparatifs de guerre.

36- Il combat les tendances à la capitulation de la bourgeoisie française face aux menaces et agressions des deux superpuissances et notamment de l’URSS.

37- Il agit en faveur de l’unité des ouvriers et des peuples d’Europe contre les bourgeoisies impérialistes et les deux superpuissances.

38- Notre Parti soutient la lutte du peuple palestinien et de son seul représentant légitime l’OLP, contre l’impérialisme et le sionisme, pour recouvrer ses droits nationaux et sa patrie.

39- Notre Parti soutient la lutte des peuples kampuchéen et lao contre l’occupation soviéto-vitenamienne, pour le droit de ces peuples à pouvoir décider eux-même de leur avenir.

40- Notre Parti soutient la lutte des peuples d’Azanie, en Namibie, au Zimbabwe… contre le colonialisme, le racisme et l’apartheid.

41- Notre Parti soutient la lutte du peuple d’Erythrée pour l’indépendance nationale et contre l’agression soviéto-éthiopienne.

42- Notre Parti soutient la lutte du peuple du Sahara occidental.

43- Notre Parti soutient la lutte de la République populaire démocratique de Corée pour parvenir à la réunification pacifique de la Corée.

44- Notre Parti soutient la lutte des peuples des colonies françaises (Martinique, Guadeloupe, Réunion, Guyane, Mayotte, Nouvelle Calédonie, Polynésie…) pour l’indépendance nationale.

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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe