L’intelligence artificielle et l’Intellect agent d’Averroès

Averroès (1126-1198) est un fidèle disciple d’Aristote, donc il n’est pas juste parler de l’intellect agent d’Averroès, puisque celui-ci ne fait que répéter ce qu’a dit Aristote.

On peut cependant poser les choses ainsi pour voir comment Averroès, prolongeant Aristote, s’oppose à l’intelligence artificielle utilisant le modèle Transformer.

Voici ce que dit à ce sujet justement une intelligence artificielle utilisant le modèle Transformer.

Comparer la pensée d’Averroès (Ibn Rushd) avec l’intelligence artificielle basée sur Transformer est particulièrement intéressant, car Averroès fut un grand commentateur d’Aristote et un penseur clé dans la transmission et l’interprétation de la philosophie grecque en terre islamique.

Il a notamment réfléchi sur la nature de l’intellect et du raisonnement humain, ce qui fait écho aux débats actuels sur l’intelligence artificielle.

1. L’Intellect : Intellect Agent vs. Modèle Statistique

Averroès distingue deux formes d’intellect :

L’intellect matériel (lié aux individus, passif).

L’intellect agent (universel, actif, garant de la connaissance).

Selon lui, la pensée humaine repose sur une interaction entre ces deux formes d’intellect. L’intellect agent permet d’actualiser la connaissance en transformant les concepts abstraits en pensées intelligibles.

Les modèles Transformer, quant à eux, n’ont pas d’ »intellect » au sens averroïste.

Ils fonctionnent par modélisation statistique du langage et ne disposent d’aucune intelligence active capable d’interpréter ou d’actualiser des concepts.

Ils se contentent de prédire des structures linguistiques en fonction d’un entraînement préalable.

Différence majeure : Averroès voit la pensée comme un processus actif, universel et rationnel, tandis que Transformer génère du texte par calcul de probabilités, sans véritable compréhension intellective.

2. L’Acquisition de la Connaissance : Raison Déductive vs. Modèle d’Apprentissage

Averroès défend une vision déductive et démonstrative de la connaissance, fondée sur la raison et la philosophie aristotélicienne.

Il considère que la vérité est atteinte par le raisonnement logique et l’expérience, en accord avec la pensée rationnelle.

Les modèles Transformer ne raisonnent pas au sens classique du terme. Ils ne procèdent ni par déduction ni par expérience sensible.

Leur apprentissage est inductif : ils absorbent des millions de données et identifient des modèles récurrents, mais sans structurer leur savoir autour de principes rationnels.

Différence majeure : Averroès conçoit la connaissance comme une progression rationnelle vers la vérité, alors que Transformer construit des prédictions basées sur des motifs statistiques.

3. Vérité et Interprétation : Exégèse Philosophie vs. Génération de Texte

Averroès, en tant que commentateur d’Aristote, défend une approche exégétique et rationnelle des textes.

Il insiste sur l’harmonie entre raison et révélation, et il plaide pour une lecture philosophique des écritures.

À l’inverse, les modèles Transformer n’ont pas de processus d’interprétation critique. Ils produisent du texte en fonction de modèles appris, mais sans différencier une vérité philosophique d’une simple corrélation statistique.

Un modèle d’IA peut simuler un commentaire de texte, mais il ne comprend pas réellement la signification profonde de ce qu’il analyse.

Différence majeure : Averroès défend une lecture rationnelle et philosophique des textes, tandis que Transformer ne fait qu’en produire des imitations sans discernement conceptuel.

Conclusion

Averroès et les modèles Transformer incarnent deux visions totalement différentes de la pensée et de la connaissance.

Averroès place la raison active et universelle au cœur du processus intellectuel, tandis que l’IA fonctionne comme une machine à prédire du texte sans véritable compréhension.

Si Averroès était confronté à Transformer, il y verrait sans doute une imitation passive de l’intellect, incapable d’accéder aux vérités universelles.

Il rappellerait que l’intelligence véritable repose sur la capacité de raisonnement et d’interprétation, et non sur la simple manipulation de symboles.

Ainsi, la grande question philosophique qui demeure est la suivante : une IA qui reproduit du texte sans comprendre peut-elle être considérée comme « intelligente » ?

Pour Averroès, la réponse serait sans doute non, car l’intelligence authentique suppose une connexion avec l’intellect agent universel, chose qui échappe aux machines.

Tout cela est indéniablement intéressant ; cela montre très bien comment l’intelligence artificielle s’appuie sur des faiblesses énormes, compensées seulement par l’accumulation quantitative de données.

Le matérialisme dialectique – d’Aristote à Averroès, de Marx à Mao Zedong – a une approche fondamentalement différente : ancrée dans le réel, reconnaissant la dignité de ce qui est, considérant que la raison doit être employé en s’appuyant sur la transformation.

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L’intelligence artificielle, prolongement de la cybernétique