L’organisation du quatrième congrès de l’Internationale Communiste

Le quatrième congrès de l’Internationale Communiste s’est tenu du 5 novembre au 5 décembre 1922. 104 personnes prirent la parole, pour 187 discours.

Affiche soviétique pour le 5e anniversaire de la révolution d’Octobre et le 4e congrès de l’Internationale Communiste

Étaient présents 343 délégués représentant 58 pays ; le nombre de délégués a été réparti selon l’importance de chaque Parti, ainsi que de la situation du pays de ceux-ci, de l’importance dans la crise en cours, etc.

C’est ce qui explique le peu de délégués pour certaines délégations, malgré un nombre important de membres. Ainsi, on le Parti norvégien, avec 60 000 membres, qui a 5 délégués seulement, et le Parti bulgare, avec 40 000 membres, qui a 6 délégués.

Si le premier, qui a un nombre très important de membres par rapport à la taille de son pays a beaucoup de problèmes internes, le second est pourtant considéré comme celui le plus exemplaire dans l’Internationale Communiste, après bien entendu le Parti russe.

Inversement, le Parti japonais, qui n’a que 250 membres pourtant, a 4 délégués, tout comme le Parti américain, qui a 8 000 membres seulement, a 8 délégués. C’est là bien sûr l’importance de leurs pays respectifs qui jouent.

Ces différenciations se lisent également très bien quand on voit la nature du bloc de Partis ayant un nombre important de délégués bien plus important que les autres.

Des délégués américains au quatrième congrès

Le Parti russe, au pouvoir et s’appuyant sur 324 522 membres, a 75 délégués ; le Parti ukrainien, qui a 80 000 membres, a 10 délégués.

Le Parti allemand, qui dispose de 226 000 membres, a 23 délégués, tout comme le Parti français, qui a pourtant 78 828 membres. Le Parti italien, qui a 24 638 membres, a 21 délégués, alors que le Parti tchécoslovaque, qui a 170 000 membres, n’ en a que 17.

On doit noter ici de plus que le Parti italien comptait alors seulement 1,5 % de femmes dans ses rangs, contre 20 % pour le Parti tchécoslovaque.

C’est un aspect considéré comme secondaire, ou plutôt comme un processus en cours : il existe en effet un secrétariat dirigé par Clara Zetkine, épaulant le Secrétariat de l’Internationale Communiste (la part de femmes dans le Parti allemand est de 11-12 %, dans le Parti norvégien de 15 %, dans le Parti français de 2 %, en Belgique de 6 %, en Angleterre le chiffre est également très faible).

Pareillement afin de les valoriser, les sections jeunesse et syndicale de l’Internationale Communiste profitent de 20 délégués chacun également.

On comprend donc qu’une importance essentielle va être accordée à la France, à l’Italie, aux États-Unis, à la Tchécoslovaquie, à la jeunesse, aux syndicats. C’est un aspect important, car cela signifie qu’à son quatrième congrès, l’Internationale Communiste assume d’être encore en construction, en évolution.

Des délégués au quatrième congrès

On comprend inversement, dans une telle situation, quelle est la difficulté d’évaluer correctement les Partis relevant d’un pays où la révolution a échoué. Le Parti finlandais, qui a 25 000 membres et réussit à avoir un rôle significatif encore malgré la sanglante répression, a 7 délégués ; le Parti hongrois, qui est démantelé dans le pays et n’existe de manière organisée qu’en exil, a 7 délégués également, mais nommés directement par le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste.

Le restant des pays présents, pour citer les principaux, a un nombre de délégués plus restreints: Espagne (3 délégués), Roumanie (3), Suède (6), Lettonie (6), Suisse (3), Autriche (4), Pays-Bas (1), Belgique (1), Chine (3 invités, 1 seul présent), Inde (4 invités, 1 seul présent), Irlande (3), Azerbaïdjan (2), Géorgie (2), Lituanie (2), Estonie (2), Danemark (1), Perse (2), Turquie (2), Australie (2), Argentine (2), Afrique du Sud (1), Java (1), Canada (1), Portugal (1), Chili (1), Uruguay (1), Brésil (1), Mexique (1), Arménie (1).

A cela s’ajoute une soixantaine de délégués n’ayant qu’un droit de vote consultatif.

On aurait tort toutefois de considérer que tout cela a été bien organisé : en effet, des querelles très importantes étaient nées dans de nombreux partis. On a ainsi l’exemple tout à fait parlant du Parti Communiste d’Autriche.

Le Comité Exécutif reçoit un message comme quoi trois délégués ont été élus mais ne pourront pas venir pour des raisons matérielles et que, de toutes façons, leur mandat leur a finalement été enlevé au profit d’un autre. Ils arrivent tout de même, et le quatrième dans la foulée. Ce genre de situation est typique de conflit allant jusqu’à être d’une très grande virulence entre différentes tendances, différentes fractions.

Une large partie du quatrième congrès est polluée par des discussions d’opposition entre les tendances, avec en toile de fond ce qui a été mis en avant par le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste :

– le front unique, afin de relancer la mobilisation ouvrière ;

– l’appel à un gouvernement ouvrier, comme expression politique parallèle au front unique.

=>Retour au dossier sur le quatrième congrès
de l’Internationale Communiste