La fin de l’éphémère épisode prolétarien et anti-impérialiste de l’UNEF, sous influence maoïste au niveau de la direction, permit à la seconde gauche de prendre sa place véritable au niveau de la direction, celle qui lui revenait de fait de droit depuis le départ de l’UNEF vu l’hégémonie de l’aile catholique de gauche depuis 1946.
Cela se fit par l’intermédiaire du Parti socialiste unifié, fondé en 1960 et cœur de la seconde gauche. Mais c’était trop tard : la vague contestataire montante emplissait les rangs d’organisations partant à l’assaut de l’UNEF.
L’Organisation Communiste Internationaliste organisa une campagne méthodique, en alliance étroite avec les anarchistes. Il en alla de même pour le Parti Communiste Français. L’Alliance des jeunes pour le socialisme et l’Union des Étudiants Communistes étaient leurs vecteurs respectifs pour cette opération planifiée au plus haut niveau.
Il faut ajouter à cela la présence significative de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire, lié au Parti communiste internationaliste.
L’UNEF est ainsi pris en étau alors qu’en plus ses dettes sont colossales, manquant ainsi l’expulsion de son siège. Une association des amis de l’UNEF est alors montée afin de chercher à ce que les « anciens » viennent l’épauler.
L’irruption de mai 1968 finit alors de l’achever.
D’un côté, elle s’en sort très bien. Elle est partie prenante du mouvement de grève avec toute la seconde gauche, aux côtés de la CFDT, du Parti socialiste unifié et du Syndicat national de l’enseignement supérieur.
Le point culminant est la grande manifestation parisienne du 27 mai 1968 avec un meeting de 30 000 personnes au stade Charléty, alors que le lendemain François Mitterrand se pose comme le principal opposant à Charles de Gaulle, appelant à la formation d’un gouvernement provisoire.
De l’autre, elle représente quelque chose de trop intéressant au lendemain de mai 1968 pour échapper aux affrontements politiques et idéologiques.
Déjà en mars 1968, l’UNEF avait été obligé de faire protéger son Assemblée Générale extraordinaire par le Parti Communiste Français en raison des menaces de coup de force des trotskystes de l’Organisation Communiste Internationaliste.
En avril 1968, l’ensemble des courants d’extrême-gauche s’unissent lors d’une Assemblée Générale extraordinaire pour prendre la direction, avec l’appui du Parti Communiste Français. Cela fit que Jacques Sauvageot, le dirigeant de l’UNEF durant mai 1968, n’était en réalité que le vice-président servant de président intérimaire dans le cadre d’un chaos complet.
L’UNEF s’effondre alors. Ses adhérents étaient montés à 100 000 avec mai 1968, ils retombent à 50 000 puis 30 000 en l’espace d’un an. Le mouvement est divisé en blocs incapables de s’entendre, alors que le gouvernement propose à la suite de mai 1968 des élections au sein des institutions universitaires.
Au congrès de 1970, le tiers des voix va à la tendance de l’Union des Étudiants Communistes, le tiers aux tenants du Parti socialiste unifié, le tiers aux tenants de l’Alliance des jeunes pour le socialisme.
Il y a alors deux congrès de l’UNEF en 1971. L’UNEF dite Renouveau a comme ossature l’Union des Étudiants Communistes ; l’UNEF dite Unité syndicale a comme ossature l’Alliance des Jeunes pour le Socialisme, branche jeunesse de l’Organisation Communiste Internationaliste.
Ces deux organisations vont alors accompagner la période de massification estudiantine. Cela va être leur rôle, avant de disparaître.
Il y a 661 000 étudiants en 1971, 750 000 en 1974, 858 000 en 1980, 945 000 en 1985, 1 159 000 en 1990, 1 461 996 en 1995, un chiffre se maintenant ensuite pendant vingt ans.
C’est-à-dire que le nombre d’étudiants double entre 1971 et 1995, avant de se stabiliser. Et on peut voir que les deux UNEF vont avoir un succès immense entre 1971 et 1995, avant très précisément de s’effondrer.