L’UNEF dite Unité syndicale en raison du nom de la tendance d’origine (dont le bastion était Dijon), fondée en mars 1971, est dans sa nature totalement différente de l’UNEF Renouveau / Solidarité étudiante. Elle prendra en 1980 le nom d’UNEF Indépendante et démocratique.
Ses cadres sont à l’Alliance des Jeunes pour le Socialisme, branche jeunesse des trotskystes de l’Organisation Communiste Internationaliste. Leur verrouillage de l’appareil est cependant différent de celui que fait l’Union des Étudiants Communistes pour l’autre UNEF.
En effet, l’UNEF dite Unité syndicale est largement soutenue par la seconde gauche, au point qu’à partir de 1978 il y a une alliance ouverte avec les socialistes.
Le parcours de ses dirigeants est à ce titre emblématique, puisqu’ils sont soit de l’Organisation Communiste Internationaliste, soit passé de l’Organisation Communiste Internationaliste au Parti socialiste : Michel Sérac (de 1971 à 1975), Denis Sieffert, (de 1975 à 1978), Jean-Christophe Cambadélis (de 1978 à 1984), Marc Rozenblatt (de 1984 à 1986), Philippe Darriulat (de 1986 à 1988), Christophe Borgel, (de 1988 à 1991), Philippe Campinchi (de 1991 à 1994).
Cette alliance sert à faire refluer le Parti Communiste Français, quitte à user de violence. De fait, tout au long des années 1970-1980, l’UNEF Indépendante et démocratique a largement le dessus sur l’UNEF dite Renouveau, pas tant numériquement qu’au niveau des élections auxquelles elle participe à partir de 1980.
Entre-temps, l’UNEF Indépendante et démocratique parvient d’ailleurs en 1978 à récupérer la sécurité sociale étudiante gérée par la MNEF, qui est remise aux socialistes en échange de la direction du syndicat laissé aux trotskystes de l’Organisation Communiste Internationaliste.
Sa transformation en UNEF Indépendante et démocratique reflète également l’adhésion du Mouvement d’action syndicale, un petit syndicat soutenu notamment par la Ligue Communiste Révolutionnaire (le rapport de forces est alors le suivant à la direction : 30 sièges aux trotskystes de l’OCI, 13 aux socialistes, 7 aux trotskystes de la LCR).
Et le Centre d’études, de recherches et d’éducation socialiste, tendance de gauche du Parti socialiste, la rejoint également, en 1987.
Les succès de l’UNEF Unité syndicale / Indépendante et démocratique s’expliquent de manière assez simple.
Si l’autre UNEF Renouveau / Solidarité étudiante s’est définie dans les années 1970 comme partie prenante des institutions universitaires, en étant culturellement marqué par le refus de mai 1968 de la part du Parti Communiste Français, l’UNEF Unité syndicale / Indépendante et démocratique est restée dans l’esprit de l’UNEF de 1946.
Cela est d’autant plus vrai que les socialistes poussent à fond pour renforcer leur capacité électorale, considérant que la jeunesse procure une agitation qui lui est favorable. Cela est vrai au point que l’UNEF Indépendante et démocratique se lance dans la bataille contre la réforme Savary des universités de 1983, alors que ce sont les socialistes qui la mettent en place. Elle est en première ligne du très grand mouvement contre le projet de réforme universitaire d’Alain Devaquet, lors d’un gouvernement dirigé par Jacques Chirac.
De plus son financement est assuré par d’innombrables magouilles de grande ampleur dans la gestion de la sécurité sociale étudiante, la MNEF, finalement arrachée à l’autre UNEF, à la fin des années 1970. Si en 1980, l’UNEF Indépendante et démocratique a 40 000 membres, dans les années 1990 elle n’est guère plus lourde, mais elle est bien plus puissante en tant que fer de lance du Parti socialiste.