L’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire (1975)

[Mai 1975.]

VIVE LE CONGRES CONSTITUTIF DE L’UNION COMMUNISTE DE LA JEUNESSE REVOLUTIONNAIRE !

Venus d’une cinquantaine de villes et de régions différentes, des 4 coins de la France, plusieurs centaines de jeunes garçons et filles viennent de tenir le congrès de création de l’Union Communiste de la Jeunesse Révolutionnaire.

La présence à la tribune du Congrès, pendant toute la durée des travaux, d’André Roustan, président du Parti Communiste Révolutionnaire montrait l’importance que notre Parti accorde à la naissance aujourd’hui d’une telle organisation. En guidant la création et le développement des nombreux cercles jeunesse qui étaient représentés à ce Congrès, le PCR a tenu les engagements qu’il avait pris un an plus tôt, au moment de sa création. : œuvrer pour qu’à nouveau la jeunesse communiste s’exprime, pour qu’elle retrouve l’organisation que la politique de scission et de trahison du parti révisionniste a depuis longtemps détruite.

 » Que l’on songe, camarades, qu’il y a six mois il aurait été impossible de réunir ne serait-ce que le 6ème des forces représentées ici, que celles-ci, largement éparpillées ne pouvaient prétendre affirmer la voie marxiste-léniniste que dans quelques villes « … notait le rapport politique présenté à l’ouverture du Congrès.

Elèves de CET, apprentis, ouvriers, lycéens, les participants au Congrès étaient représentatifs des diverses catégories de la jeunesse qui aujourd’hui, dans sa grande majorité ne veut plus de la société actuelle et désire lutter aux côtés des masses populaires pour mettre fin au règne du capitalisme. La plupart des jeunes qui durant 2 jours ont discuté et mis au point avec beaucoup de soin le programme et les statuts de la nouvelle organisation, sont âgés de 17 ou 18 ans ; certains ont à peine 16 ans, comme ce jeune apprenti dans un centre de formation de Caen, qui gagne 275 F. par mois pour 50 heures de travail par semaine, et qui a rejoint le cercle local à l’occasion du 1er mai.

Pour venir, certains avaient rencontré l’opposition de leur famille, ils n’avaient pas toujours réussi à les convaincre de leur rôle, en tant que jeunes, pour la Révolution. Pourtant la plupart des parents des jeunes qui militent dans les cercles jeunesse appartiennent à la classe ouvrière, aux masses populaires. Mais, comme il sera dit au cours du Congrès, la jeunesse révolutionnaire a encore à faire ses preuves pour convaincre la classe ouvrière de ses capacités, de sa maturité et la création de l’UCJR doit justement l’y aider, aider à unir la jeunesse aux masses travailleuses dans la lutte anti-capitaliste.

Du début à la fin, le Congrès de la jeunesse communiste a été marqué par un grand enthousiasme, un enthousiasme fondé sur le contact de la réalité : le vieux monde pourri de l’impérialisme craque de toutes parts, les peuples n’en veulent plus. En témoignait l’accueil très chaleureux, une véritable haie de congressistes, debout, applaudissant longuement à l’entrée dans la salle des représentants de la Résistance Palestinienne, de l’Union des Etudiants Iraniens en France, de l’Union des Etudiants de la côte Afars-Somalie, des ligues communistes de la jeunesse de Belgique, d’Italie. Lors des interruptions de séances des discussions s’engageaient avec des camarades étrangers pour s’informer directement sur la lutte des peuples et le rôle qu’y joue la jeunesse.

La proposition d’un lycéen de Voltaire (Paris) qui a séjourné plusieurs années en Indochine, d’établir des liens étroits entre l’UCJR et les organisations de jeunesse des peuples du Tiers-Monde, fut chaleureusement applaudie. La présence et les interventions des camarades étrangers illustraient concrètement cette affirmation du rapport politique :  » les luttes des peuples et leurs victoires portent des coups à nos ennemis, elles facilitent en fin de compte nos propres efforts pour la Révolution… « .

Le rapport ajoutait que pour faire face au danger de guerre que fait courir au monde la rivalité des deux supers puissances, dans le cadre d’un système impérialiste en crise, pour faire face à leurs menaces d’agression éventuelle contre notre peuple, la lutte pour la révolution en France est bien le meilleur moyen pour préserver l’indépendance nationale. Et la jeunesse a un rôle très important dans le développement de cette lutte.

Aujourd’hui la jeunesse doit lutter contre l’armée bourgeoise française, armée de préparation à la guerre civile contre notre classe ouvrière et à de nouvelles agressions contre les peuples du Tiers Monde, comme le rappelait un appelé en uniforme, à la tribune, et qui expliquait l’action que menaient aujourd’hui les marxistes-léninistes dans les casernes. Mais, la jeunesse ne peut jouer un rôle important dans la lutte révolutionnaire en France que si elle s’unit avec la classe ouvrière, en mettant en pratique l’idéologie de  » Servir le peuple « , sous la direction du Parti du prolétariat.

Ceci était au centre des préoccupations des congressistes :

-de nombreuses interventions pour souligner la nécessité d’ouvrir les cercles de lycées sur l’extérieur, de briser le ghetto dans lequel la bourgeoisie enferme les lycéens, et associer la classe ouvrière à la lutte contre l’école capitaliste, contre les révisionnistes et les trotskystes qui s’opposent à la jonction du mouvement révolutionnaire de la jeunesse avec celui de la classe ouvrière. Un camarade de Béthune relate ainsi le début de luttes communes des lycéens en grève contre la réforme Haby, contre la sélection et le chômage, avec les ouvrières grévistes de CIP-Bailleul.

-la discussion sur le programme de la jeunesse communiste accorda une large place au travail et à la vie des jeunes ouvriers.  » J’ai beaucoup appris  » nous disait un lycéen qui avait participé à la commission du Congrès sur le travail des jeunes, avec des ouvriers de diverses entreprises dont Unimel Besançon actuellement en lutte, des postiers de centres de tri…

Une jeune fille d’Alençon préparant un CAP de couture apporta un amendement dénonçant :  » dans les CET les Jeunes filles sont le plus souvent préparées à un CAP bidon qui n’a qu’un but : développer leur rapidité et la précision… à l’usine, elles se retrouvent aux postes qui demandent précision, rapidité et une très grande résistance nerveuse. « 

Les problèmes particuliers notamment ceux des jeunes travailleuses, ont été évoqués par le camarade du Comité Central qui devait expliquer :  » Le but du travail du Parti en direction des femmes, c’est bien sûr d’en organiser le maximum dans le Parti ; c’est aussi de créer une large union révolutionnaire des femmes pour pouvoir comme vous les jeunes, organiser des milliers et des milliers de femmes qui aspirent à la révolution. « 

– la forte proportion, plus de la moitié d’ouvriers, d’apprentis, de jeunes chômeurs, d’élèves de CET. dans le comité national élu par le Congrès pour diriger l’Union de la Jeunesse, témoignait aussi de cette préoccupation.

Pour les participants au Congrès, créer une organisation nationale pour rassembler la jeunesse dans la perspective de la Révolution Socialiste, représentait un atout important. Beaucoup ont insisté sur les limites de l’organisation locale, les cercles non encore réunis en une organisation de jeunesse unique, centralisée, ne pouvant être qu’une période transitoire.          

Créer l’organisation nationale, dont la jeunesse a besoin pour lutter contre le capitalisme, c’était aussi, beaucoup l’on dit, dépasser une agitation trop souvent sans lendemain dans les établissements scolaires.  » II y a eu des mouvements : Fontanet, Debré. etc… il y a eu des manifestations puis ça s’est arrêté. Ça n’a pas continué.

L’UCJR doit permettre de prolonger le travail, de préparer la Révolution, et pas simplement de faire un mouvement comme ça chaque année  » nous disait un jeune de Chalon sur Marne. La création de l’Union communiste correspond aux besoins de la jeunesse, c’est pour cela que les congressistes ont passé de longues heures, avec énormément de sérieux et d’attention, a discuter du programme et des statuts de la nouvelle organisation.

La révolution dans le monde, les conditions de vie de la jeunesse qui se dégradent, la lutte contre l’école capitaliste, les aspirations révolutionnaires de la jeunesse, la bourgeoisie française qui ne peut plus gouverner comme avant, l’armée impérialiste française et les luttes contre elle, la place de la jeunesse dans la société capitaliste, la crise de la conception bourgeoise de la famille, le socialisme que nous voulons, les loisirs, l’organisation que nous voulons, furent autant de sujets discutés et amendés par les jeunes travailleurs et lycéens dans les nombreuses commissions qui se sont réunies. Des amendements avaient déjà été préparés dans des réunions de cercles précédant le Congrès.

    Sur toute ces questions, de très nombreux jeunes prirent la parole et, même tard dans la nuit, la participation à la discussion était toujours très importante. Une mêe volonté d’analyser la réalité et d’échanger les expériences et les points de vue pour mener une lutte révolutionnaire plus efficace était à la base de cette participation. Les jeunes sont-ils plus encore que les travailleurs d’âge mur, soumis au travail en poste ? C’est ce qui ressortait de l’expérience des camarades ouvriers présents. Fallait-il l’indiquer dans le programme. « 

C’est juste, moi je suis en 3/8. je ne vois personne, j’ai même du mal à assister aux réunions de cercle  » dit un jeune ouvrier du bâtiment. Mais est-ce général. Finalement on met ce point dans le programme d’enquête de l’Union pour les mois à venir.

    Faut-il réclamer le SMIC pour les jeunes apprentis. C’est juste.  » On le mérite bien  » dit un jeune plombier. Mais, la revendication peut paraître utopique vu l’écart séparant actuellement le salaire de l’apprenti et le SMIC. On discute et on décide que la revendication sera déterminée au cours des mouvements de lutte déclenchés par les apprentis.

    En favorisant la participation active des délégués aux débats, en tenant de nombreuses commissions, le Congrès donnait l’image de ce que veut être l’UCJR : une organisation prise en charge par l’ensemble de ses membres, une organisation radicalement différente des organisations révisionnistes de la JC, dénoncée par les jeunes de l’UCJR et dont les méthodes de racollage correspondent aux buts que lui fixe le parti révisionniste, notamment se servir des jeunes comme une masse de manœuvre à des fins purement électorales objectif d’autant plus immédiat avec l’abaissement de l’âge du droit de vote à 18 ans.

Le rapport politique, le programme soumis à la discussion, en replaçant le combat des jeunes dans le cadre de la crise de l’impérialisme en France et dans le monde, correspondait aussi à la volonté des jeunes de débattre de tout ce qui les concerne, des tenants et des aboutissants de leur situation. « 

Pour forger une organisation de jeunesse véritablement révolutionnaire, pour lutter efficacement contre le révisionnisme, il nous faudra étudier avec soin le marxisme-léninisme qui est ce que le mouvement ouvrier international a retenu de sa lutte, de ses succès, de ses échecs. Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire.

Mais il ne nous suffira pas d’apprendre dans les livres, il nous faudra avant tout apprendre dans la vie, dans l’expérience même de notre lutte  » devait rappeler, dans son intervention, chaleureusement applaudie à la fin du Congrès, le secrétaire politique du Parti, Max Cluzot.

La volonté d’oeuvrer ainsi consciemment à l’organisation de la jeunesse révolutionnaire pour préparer la révolution dans notre pays, explique sûrement pour beaucoup les rapports très fraternels qui ont existes tout au long de ce Congrès et qui manifestait concrètement le refus de l’égoïsme, de l’individualisme, de toute l’idéologie décadente diffusée par la classe dominante avec le racisme, anti-communisme, le mépris des femmes, des ouvriers, la violence sadique, le culte du héros, ou plus simplement l’arrivisme avec lequel la bourgeoisie essaie de corrompre même les jeunes révolutionnaires sincères.

La présence des vétérans communistes soulignait la continuité du combat. L’intervention du président du Parti Communiste Révolutionnaire (ml) rappellent sa jeunesse consacrée à la cause du communisme, son engagement à l’âge de 17 ans dans les Brigades Internationales, fut écoutée avec beaucoup d’attention par les jeunes congressistes qui saluèrent aussi la mémoire de Guy Mocquet, Gilles Tautin, Pierre Overney, morts pour la cause de la Révolution, et que la bourgeoisie veut faire oublier pour mettre en valeur ses héros décadents.

Le Congrès, constitutif de l’UCJR est une étape, dans l’organisation révolutionnaire de la Jeunesse de notre pays, mais il faut encore faire de grands efforts pour qu l’UCJR devienne la grande organisation de masse qu’elle doit être. A la sortie du Congrès, les jeunes présents faisaient leur cette remarque du secrétaire du PCR, à Ia fin de son intervention.

 » Camarades,… Vous venez de crée votre organisation. Cette tâche exaltante n’est pourtant pas la plus difficile. Il vous faut dès demain lui donner vie, tracer son chemin dans les masses, les conduire à la victoire. Pour cela, tous les schémas ne sont d’aucun secours. Il vous faut aller résolument aux masses, qui sont notre force, armés de la détermination et des perspectives que vous avez élaboré au cours de ce Congrès. « 

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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe