Le principal partenaire potentiel du Parti Communiste français fut bien entendu le Parti socialiste. A cela s’ajoutent les républicains de gauche, c’est-à-dire le centre-gauche, les radicaux de gauche, etc.
Dans les années 1970, le PS venait de se réunifier, sous l’égide de François Mitterrand ; il restait toutefois divisé en de multiples courants. Il n’y avait donc pas la force de frappe militante et organisationnelle du PCF, d’ailleurs encore plus fort électoralement.
Le PS va réussir à renverser la tendance, même si sur le plan militant, il y aura une forme de parité. Lorsque le PCF et le PS proposèrent un programme commun de gouvernement le 27 juin 1972, chacun espérait utiliser l’autre ; c’est en fin de compte le PS qui l’emportera.
Au sujet de ce programme commun, Paul Boccara dit la chose suivante lors d’une intervention au XXe congrès du PCF, qui se tint à Saint-Ouen du 13 au 17 décembre 1972 ; intitulée La nouvelle logique économique du programme commun nouvelles conditions de production et développement des hommes, il y est dit :
« Quel est le caractère fondamental du Programme commun ?
C’est qu’il apporte, comme l’a montré dans le rapport du Comité central Georges Marchais, la solution à la crise du capitalisme monopoliste d’État.
Il s’agit de la solution, à la fois véritable et immédiatement possible, dans les conditions de la France (…).
On ne peut sortir de la crise par un replâtrage du système actuel, mais par les transformations démocratiques profondes, antimonopolistes, organisées par le Programme commun.
Cependant, cette solution à la crise du système rompant avec le capitalisme monopoliste d’État et immédiatement disponible, ne constitue pas encore le socialisme.
L’application du Programme commun ouvrira, disons-nous, la voie au socialisme, en instaurant une phase de transition vers un socialisme développé dans les conditions spécifiques de la France (…).
Issue des travaux du Parti sur la « régulation économique » démocratique, développée dès 1971 par notre Parti dans la bataille pour Changer de cap, l’idée de cette nouvelle logique économique est désormais revendiquée par le Programme commun.
Elle peut et doit devenir une arme puissante dans la bataille politique pour faire triompher le Programme commun et, demain, pour l’appliquer.
Si nous ouvrons le Programme commun, nous lisons à la page 139 : « Le gouvernement maintiendra les équilibres financiers en s’appuyant sur une nouvelle logique de croissance ». (…)
Les monopoles dominants des secteurs-clés de l’industrie étant nationalisés, l’économie nationale pourra connaître, dans ces secteurs décisifs, une restructuration et une gestion démocratiques dans le cadre du plan.
Cela permettra la suppression des gaspillages capitalistes les plus importants, de grandes économies de dimension, le progrès systématique de l’automation, de nouvelles conditions de travail et d’emploi.
Cela permettra une croissance importante de la production, avec une augmentation sensible de la part de valeur du produit qui, au lieu d’être accumulée, reviendra aux travailleurs, aux équipements et aux consommations collectives.
Le secteur privé important subsistant sera encadré par le secteur public nouveau industriel, bancaire et de consommation par les fournitures, les débouchés, les crédits.
Malgré le maintien d’une certaine accumulation et d’un certain profit privés, il devra respecter les orientations de la planification nationale et admettre notamment un accroissement de la part de valeur du produit revenant aux travailleurs et aux consommations collectives. »
Le programme commun connut une actualisation en 1977, puis de nouveaux accords de gouvernement fut fait après 1981, alors qu’il y avait des ministres du PCF.
Cependant, il ne faudrait pas penser que les nationalisations consistaient une fin en soi pour le PCF ; celui-ci exigeait un processus d’implication des masses, justement parce que sa démarche était qu’il y ait un basculement pro-soviétique. C’est le sens du thème récurrent de l’autogestion.