Il est évident que ce catastrophisme, adossé à un appel à participer massivement aux institutions, combinait les intérêts de l’aristocratie ouvrière et du social-impérialisme soviétique.
Il saute aux yeux que le programme « frontiste » proposé par le PCF – tout le monde sauf une petite poignée taxée d’oligarchie financière – était ni plus ni moins qu’une proposition stratégique à une partie de la bourgeoisie française – celle ne convergeant pas avec les intérêts américains – de s’allier au social-impérialisme soviétique.
Ce plan était pourtant incohérent puisque le gaullisme, représentant la bourgeoisie la plus agressive, monopoliste, était justement en opposition aux États-Unis, à l’opposé de la bourgeoisie commerciale ou industrielle, qui appréciait tout à fait le plan d’unité économique européenne sous protection américaine.
Quoiqu’il en soit, le PCF se posait, avec la CGT, comme vecteur et garant d’une stabilité sociale en cas de retournement pro-soviétique, qui pourrait d’ailleurs passer par une certaine neutralité bienveillante au départ.
L’article de 1987, Un krach dans la crise, est clair pour qui a saisi cet arrière-plan :
« Dans l’immédiat et en France, on peut proposer de lutter directement contre la croissance financière et en faveur de la croissance de l’emploi efficace, d’un nouveau type de croissance de la production réelle.
Dans chaque entreprise, les travailleurs peuvent immédiatement exiger de réduire l’accumulation financière, en faisant des propositions d’augmentation de la production réelle et de l’emploi efficace avec de nouvelles coopérations.
Les taux d’intérêt doivent être relevées pour les opérations financières, mais abaissés pour la croissance de l’emploi efficace. On doit aussi taxer les opérations financières et les exportations de capitaux, rétablir le contrôle des changes (…).
La France, pays capitaliste développé et moyen particulièrement menacé en Europe, peut sur cette base prendre l’initiative de rapprochement nouveaux avec les pays du Tiers-Monde et les pays socialistes en liaison avec d’autres relations de rééquilibrage pour la croissance réelle de tous dans la Communauté Européenne. »
L’idée est que la France a tout à perdre de la puissance américaine et de l’importance de l’économie allemande ; elle a inversement des intérêts dans le tiers-monde qu’elle doit préserver, sans en avoir véritablement les moyens.
Un soutien du social-impérialisme soviétique apparaîtrait alors comme idéal, surtout si les États-Unis venaient à connaître une crise économique importante.
Pour encadrer parfaitement cette proposition stratégique, le PCF publia un traité d’économie politique résumant toute cette conception.