L’irruption d’une souche de coronavirus particulière, jamais encore identifiée chez l’être humain, ne doit rien au hasard. C’est un produit – entièrement nouveau, un saut qualitatif du virus – de la collision entre les villes et les campagnes provoquée par le mode de production capitaliste (MPC).
Ces villes et ces campagnes sont, qui plus est, elles-mêmes largement façonnées par le MPC, ce qui est vrai du mode de vie de l’humanité en général. Et tout cela se déroule de manière planétaire.
Il ne faut donc pas penser que la crise sanitaire vienne de l’extérieur de l’humanité, de l’extérieur du MPC, bien au contraire. Elle naît de l’intérieur même du MPC et du monde qu’il a formé à son image.
Un monde qui n’est nullement fini, ferme, stable, permanent… et qui s’effondre sous les coups de boutoir de ce qui est nouveau, exponentiel, en rupture.
Le capitalisme est un mode de production désormais planétaire
Le capitalisme n’est pas seulement une économie, c’est-à-dire une répartition particulière de la propriété et une distribution particulière des richesses. C’est, de manière plus concrète, la manière avec laquelle l’humanité trouve socialement les moyens matériels d’exister et de se développer.
C’est un mode de production.
Or, ayant atteint un immense développement des forces productives au début du 21e siècle, et étant par nature universel, le MPC assujettit toutes les activités planétaires. Ses conséquences concernent tous les aspects de la vie sur Terre, tout le temps.
C’est cette situation historique qui a amené l’irruption d’une souche nouvelle de coronavirus et lui a conféré une dimension mondiale.
C’est cette même situation historique qui a amené le réchauffement climatique et il en va de même pour la déforestation, l’anéantissement massif d’animaux sauvages, l’utilisation massive d’animaux dans l’industrie, le développement anarchique d’aires urbaines en expansion permanente, etc.
L’origine concrète de la maladie à coronavirus 2019
La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est directement issue du développement du MPC en Chine, développement monopoliste et bureaucratique, avec des métropoles établies en peu de temps et engloutissant tout leur entourage.
La ville de Wuhan, d’où est partie la mutation du virus, illustre cela. Elle avait un peu moins de 1,5 million d’habitants en 1953, 2,2 millions au début des années 1970. Puis la restauration du capitalisme en Chine a provoqué un changement complet, la transformant en la mégalopole du centre de la Chine.
L’agglomération a plus de 4 millions d’habitants en 1982, plus de 8 millions en 2000, pratiquement 11 millions en 2015. Wuhan intègre huit villes d’importance significative dans cette agglomération (Huangshi, Erzhou, Huanggang, Xiaogan, Xianning, Xiantao, Tianmen, Qianjiang).
Cet ancien comptoir français se veut désormais même le modèle chinois en matière de développement urbain et connaît une opération massive de construction d’infrastructures routières (une ligne de métro par an, train de banlieue à grande vitesse sur 400 km, etc.).
Cette dimension urbaine n’est cependant qu’un aspect de la question. Le tiers de la population vit encore dans les campagnes, dans une agglomération où l’on trouve Carrefour, Auchan, Starbucks, Pizza Hut, KFC, etc.
On a ici un entremêlement des villes, des campagnes, dans le cadre d’une expansion capitaliste débridée.
L’origine du virus au sens strict, c’est ainsi l’urbanisation massive de l’aire de Wuhan, avec une utilisation, pour l’alimentation, d’animaux tant sauvages qu’issus de l’élevage, dans une sorte de confusion générale où l’on ne sait plus ce qui est villes, ce qui est campagnes.
Tel a été le terrain, contre-nature, favorable à la mutation du virus, qui est passé d’une espèce à une autre, puis finalement à l’espèce humaine.
Ce n’est pas une rencontre avec une maladie non découverte jusqu’à présent – c’est l’affrontement de l’humanité avec une maladie issue d’une mutation, provoquée par l’action de l’humanité elle-même.
La métropole comme base du MPC
Il y a à Wuhan une « ville durable » franco-chinoise de 39 km², un projet mis en place à l’époque de la présidence de François Hollande. L’année 2018 a même été « l’année franco-chinoise de l’environnement » et se rendant en Chine à cette occasion, Emmanuel Macron a déclaré la chose suivante :
« L’urbanisation est d’ores et déjà un défi de la Chine et le sera encore plus demain. La France souhaite renforcer ses partenariats en la matière en développant l’offre intégrée que nous avons construite pour la ville durable. »
Cela montre la convergence, à l’échelle mondiale, de toutes les forces capitalistes vers le renforcement de la métropole. Aujourd’hui, la majorité de l’humanité habite en effet dans des villes.
Il faudrait cependant davantage parler de milieux urbains, car depuis le passage de la bourgeoisie dans la réaction à la suite de sa victoire sur la féodalité, elle n’est plus en mesure de réaliser de villes au sens historique du terme, d’où le grand intérêt culturel pour les véritables villes au sens strict (Paris, Londres, New York, Venise, Bruges, Amsterdam, Prague…), elles-mêmes d’ailleurs profondément défigurées par le MPC.
La métropole aux innombrables ramifications, despotique dans son anonymat et entièrement dénaturée, devient la norme. C’est la forme la plus adaptée à la satisfaction de la production et de la consommation capitalistes, au 24 heures sur 24 du capitalisme.
Pour notre pays, la France, on peut dire que son symbole est le rond-point qui parsème les routes. On est là dans la dynamique du flux-tendu, du zéro stock impliquant massivement des zones industrielles dans les campagnes, afin d’avoir une circulation accélérée et une meilleure rotation du capital.
Cela entraîne la destruction de la nature et l’écrasement moral, culturel et psychologique des travailleurs. Karl Marx parle à juste titre d’une :
« corrélation fatale entre l’accumulation du capital et l’accumulation de la misère, de telle sorte qu’accumulation de richesse à un pôle, c’est égale accumulation de pauvreté, de souffrance, d’ignorance, d’abrutissement, de dégradation morale, d’esclavage, au pôle opposé, du côté de la classe qui produit le capital même. »
La ville historique, celle de la bourgeoisie, impliquait la culture, les échanges, les rencontres. Cela est incompatible avec le MPC, qui est tyrannique et exige que tout soit un rapport marchand toujours plus profond, plus ample, plus perfectionné, plus rapide.
La ville moderne, c’est désormais un endroit où habiter, de manière isolée, en cherchant à valoriser le plus possible son logement, si possible par l’accession à la propriété. Tout est loin, de plus en plus loin, qu’il s’agisse des loisirs, des possibilités de faire du sport, de ses achats, des gens qu’on peut rencontrer.
Tout est subordonné à un rapport marchand, tout doit passer par le MPC.
Le caractère borné du MPC face à la maladie à coronavirus 2019
Le MPC n’a qu’une seule logique : son propre développement. Il ne procède pas par choix, mais par nécessité, puisque son existence même dépend d’un développement ininterrompu et élargi du capital. Son seul horizon, c’est lui-même.
Le MPC est ainsi le premier à « regretter » la crise de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), mais en même temps si la même chose était à refaire, il le referait. Le MPC ne se permet en effet aucun recul, aucune analyse de fond ; il vit dans l’immédiateté de son auto-réalisation. Il n’a aucune considération sur lui-même, étant un système qui est sa propre fin en soi.
On voit clairement son caractère borné tout au long de la crise sanitaire due à la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), qui est nouvelle par son ampleur, et surtout qui choque de par sa dimension qualitative. Les chercheurs sont débordés, car les rapports naturels entre les êtres vivants sont bouleversés et cela provoque des crises sanitaires exprimant un saut qualitatif qui les dépasse.
Il y a déjà eu l’émergence du virus SRAS-CoV par l’intermédiaire de la civette palmiste masquée et du MERS-CoV par l’intermédiaire du dromadaire. Ces sauts entre espèces de virus, qu’on ne trouve pas en situation naturelle, deviennent récurrents en raison de la situation imposée par le MPC.
Tout le monde a pour cette raison entendu parler du VIH, d’Ebola, des grippes aviaires, des grippes porcines. La grippe dite espagnole, qui a tué entre 20 et 100 millions de personnes en 1918, est de ce type également ; provenant d’un élevage d’animaux aux États-Unis, elle reflète le début de la généralisation du rapport dénaturé à la vie.
Le MPC produit, par son action (et son inaction), des phénomènes destructeurs, naissant de la contradiction entre lui et la vie sur Terre.
Rien de tout cela n’est cependant saisissable par le MPC, qui ne cerne la réalité qu’au moyen de statistiques, du « big data », de l’évaluation quantitative de données. Le principe du développement qualitatif est étranger au MPC.
Le capitalisme étant non pas simplement une « économie », mais un mode de production unilatéral, il répond à sa propre logique d’accumulation et à rien d’autre. Il ne peut que constater, passivement, en restant lui-même.
Le MPC a ainsi intérêt à disposer de ce qu’il voit comme des ressources naturelles potentielles, donc à les préserver – mais de l’autre côté, il est obligé de les intégrer, de les valoriser rapidement, pour répondre aux besoins de la production et de la consommation fondés sur le capital.
Le MPC a de même tout intérêt à faire en sorte que le réchauffement climatique ne provoque pas de troubles massifs. Toutefois, en même temps, le MPC a ses priorités à lui et considère que son propre développement prime sur toute autre considération.
C’est la raison pour laquelle des partisans du MPC peuvent indifféremment dire soit que le réchauffement climatique ne compte pas, soit que le capitalisme doit développer de nouveaux marchés pour s’adapter. Ce sont les deux pièces d’une même médaille consistant en le caractère borné du MPC.
Le MPC se heurte à la réalité
Le MPC a bouleversé tout le rapport naturel entre la vie et son cadre. Le travail humain avait déjà lui-même provoqué des bouleversements, dès l’agriculture et l’élevage. Avec le développement des forces productives toutefois, la planète a entièrement changé de visage avec le MPC.
La vie concernée par le MPC était initialement restreinte, puisqu’il y avait seulement une poignée de pays capitalistes à l’origine, avec les Pays-Bas et l’Angleterre, avec des forces productives peu développées.
Suivirent ensuite toute une série de pays, comme la Belgique, la France, l’Allemagne… et principalement les États-Unis, avec une accumulation matérielle commençant à être significative, alors que la colonisation bouleversait les économies primitives partout dans le monde.
Il existe des économies qui ne sont pas encore parfaitement capitalistes au sens strict, mais le MPC les a foncièrement modifiées, afin de se les subordonner. Les situations de féodalité moderne qui existent dans la plupart des pays du monde rentrent elles-mêmes dans le cadre du MPC.
C’est cette féodalité moderne qui réalise la déforestation en Amazonie, l’utilisation massive d’énergies fossiles au Moyen-Orient, la monoculture de Cacao en Afrique de l’Ouest, celle de l’huile de palme en Indonésie et en Malaisie, etc.
Le mode de vie humain au sein du MPC n’a pourtant pas changé qualitativement à travers les décennies. C’est quantitativement qu’il s’est approfondi et généralisé.
Et le quantitatif se transforme, à un moment, en qualitatif.
La crise de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) reflète que le MPC commence à atteindre sa limite : il commence à porter atteinte à l’ensemble de la réalité, à tous les niveaux. Il n’est plus une force réalisatrice, mais une force de déstabilisation, de troubles, de destructions.
Le MPC touche à sa limite
Plus le MPC se développe, plus il se confronte à sa limite, son incapacité à amener la reproduction élargie de la vie sans rentrer en contradiction antagonique avec la vie elle-même.
Tant que le capital sera aux mains de personnes particulières, il cherchera de manière irrationnelle sa reproduction élargie et produira une systématisation forcée de la valorisation du capital – c’est-à-dire l’utilisation de ce qui existe, le plus possible, pour amener une production capitaliste, une consommation capitaliste.
La destruction de tout ce qui est naturel est inévitable pour un mode de production dont la fonction est l’accumulation dispersée, désordonnée, systématique et par cycles toujours plus puissants, par un capital toujours plus unifié et violent.
La crise de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) montre que la transformation de la réalité par le MPC a atteint une dimension planétaire et que le seuil de la rupture a été atteint.
Il y avait déjà de nombreux signes indicateurs. Le MPC cherche à forcer le cours des choses, à faire en sorte que tout s’insère parfaitement en lui, quitte à être violemment déformé, broyé, refaçonné.
Le MPC dynamite déjà littéralement le fonctionnement naturel des choses. Il déforme tout ce qui existe pour l’insérer dans le marché capitaliste. Cela est vrai pour les animaux employés dans l’industrie, qui sont modifiés génétiquement que ce soit pour l’alimentation ou pour le secteur des animaux de compagnie.
Cela est vrai pour la végétation et la vie sauvage en général, dont la richesse, la multiplicité, le foisonnement… sont considérés comme hostiles par le MPC, car porteurs de qualité, irréductibles à une simple lecture quantitative.
Cela est vrai pour le mode de vie humain ; il suffit de penser à la consommation de viande, l’utilisation massive du sucre et des produits stimulants (caféine, théine), la généralisation de produits transformés, la multiplication des marchés spécifiques (halal, cacher, sans gluten, produits simili-carnés, etc.).
Et même si les conditions de travail se sont améliorées, elles impliquent une tension humaine bien plus immense, ainsi qu’une déformation profonde de la personnalité. Rien que le travail de nuit s’est considérablement élargi, concernant plus de 15 % des travailleurs en France, avec des conséquences terribles sur la santé.
Le MPC tente concrètement de modifier sa propre base matérielle, afin d’éviter d’atteindre sa propre limite historique, et ce faisant il l’atteint.
Car le MPC rentre ainsi en contradiction avec sa propre base matérielle pour forcer son propre développement – la réalité devient antagonique au MPC.
Crise sanitaire mondiale et affirmation communiste
La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est une crise mondiale qui ne vient pas de l’extérieur du MPC, mais de lui, et en même temps elle s’exprime en lui. L’accumulation capitaliste se déroule de manière concrète et c’est ce processus d’accumulation qui, lui-même, porte la crise, produit la crise, est la crise elle-même.
Le MPC voit ici la réalité se dérober sous ses pieds. Il est forcé de reculer.
Et le MPC qui recule, c’est l’humanité qui recule – se plaçant au cœur de la contradiction historique, comme source et résolution.
C’est en effet l’humanité qui porte le MPC. Ce que vit le MPC, l’humanité le vit aussi, tout comme ce que vit l’humanité, le MPC le vit.
L’humanité, prisonnière du MPC, de ses mécanismes, de l’idéologie qui en découle, se confronte alors à une prise de conscience brutale : la réalité se rebelle contre elle.
Le surgissement de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) est une crise ébranlant les fondements mêmes de la participation de l’humanité aux activités du MPC.
L’humanité, qui relève de la nature, est obligé de décrocher du MPC qui devient un obstacle à la vie elle-même.
C’est la fin de tout un mouvement. L’humanité est sortie de la nature pour s’affirmer comme espèce, mais elle doit y retourner en apportant les acquis de son propre parcours. Cela correspond au principe du développement inégal.
Ce qu’on appelle Histoire, c’est l’histoire humaine dans son parcours séparé de la Biosphère, c’est-à-dire de l’ensemble de la vie sur Terre en tant que système unifié.
La fin de l’Histoire, le passage au Communisme, c’est son retour dans l’Histoire de la Biosphère, en lui apportant ce qui a été acquis lors de son développement inégal.
La transformation communiste touche l’être humain dans ce qu’il a de plus profond. Elle le ramène à la nature, en tant qu’être social complexe.
C’est à la fois un déchirement, mais également une réinsertion dans le processus général de la Biosphère.
Les objectifs communistes
Produite par le MPC, la crise sanitaire va se répercuter en lui en provoquant des désorganisations, des ralentissements, d’inéluctables faillites. Cela dévoile toute cette fragilité de l’édifice du MPC, qui a fait son temps.
Le MPC cherchera évidemment désespérément à se sortir de là, aux dépens des masses, qui se feront encore davantage exploiter et aliéner. Cela passera également par l’accentuation de la marche à la guerre pour le repartage du monde, avec en son cœur l’affrontement entre la superpuissance impérialiste américaine hégémonique et la Chine désireuse d’un repartage du monde en sa faveur.
Cela ne suffira pourtant pas, la limite étant atteinte, le seuil de basculement étant atteint.
Ce qui joue substantiellement, c’est que la limite du MPC est le capital lui-même, toujours plus incapable de se valoriser dans la réalité, d’autant plus si elle se rebelle ouvertement.
Le MPC se retrouve dans la situation impossible de perpétuellement chercher à contourner la baisse tendancielle du taux de profit. Il tente d’échapper à une surproduction de marchandises de par l’absence de continuité dans le cycle de consommation, d’éviter la surproduction de capital, en cas d’absence de terrain où se développer.
La crise sanitaire le précipite d’autant plus dans l’échec de son auto-élargissement.
Le MPC s’efface concrètement devant le saut qualitatif historique : le passage à l’unification mondiale de l’humanité sous l’égide de la classe ouvrière, l’adoption de la position communiste par rapport à la nature.
Il découle clairement de cette lecture révolutionnaire de la crise de la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) que les tâches suivantes sont à l’ordre du jour, relevant du programme communiste général pour toute notre époque :
1. Remplacement des appareils d’État par le pouvoir démocratique du peuple ;
2. Démantèlement des métropoles ;
3. Cessation autant que possible de tout rapport destructeur avec la vie sur Terre ;
4. Socialisation sans contrepartie de l’ensemble des monopoles ;
5. Établissement d’une République socialiste mondiale ;
6. Conquête de l’espace afin d’y répandre la vie depuis la Biosphère.
Nous entrons dans l’époque décisive, celle de la seconde vague de la révolution mondiale. Nous serons en première ligne pour faire de notre pays l’exemple à suivre pour répondre aux défis de notre époque !
Cette tâche est inévitable historiquement, la victoire communiste est assurée par définition même.
Vive Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong !
Vive le Marxisme-Léninisme-Maoïsme !
Guerre populaire pour le Communisme !
Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)
Mars 2020