La première réalisation de la GOULag, qui marqua la définition même de son activité, fut la mise en œuvre du canal entre la mer blanche et la mer baltique, par une décision du 5 mai 1930. Cela exigeait toutefois une capacité d’organisation énorme, puisque, entre les prisonniers et le personnel les encadrant, 276 000 personnes étaient concernées.
Ce choix d’un appel aux prisonniers avait été fait en raison de l’absence de main d’œuvre dans la zone du canal. Initialement, la GOULag ne faisait ainsi que superviser l’envoi d’une main d’œuvre au service d’un grand projet – dénommé Belomorstroy – du Commissariat au peuple aux chemins de fer (NKPS).
Mais le projet Belomorstroy passa en 1931 au main de la GOULag elle-même, qui s’occupa donc tant du camp – la Belbaltlag – que des travaux eux-mêmes. En avril 1932, 26 % des 287 500 prisonniers soviétiques y étaient rassemblés et à l’été 1933 les travaux furent terminés. 72 000 prisonniers furent libérés dans la foulée.
Cette initiative fut considérée relativement rapidement comme un succès et dès septembre 1932, le Bureau Politique du PCUS(b) décida de la réalisation du canal Dmitrovsky reliant la vaste rivière de la Moskowa à la Volga, reliant par là la ville de Moscou à la mer Blanche, la mer Baltique, la mer Caspienne, la mer d’Azov et la mer Noire.
En octobre, le Bureau Politique décida qu’il serait procédé pareillement pour la mise en place de la voie ferrée Baikal–Amur déjà commencée. Furent ajoutées à cela plusieurs mines – à Kolyma, Pechora, et Ukhta -, ainsi que la production de bois de chauffage pour les villes de Moscou et Leningrad.
Puis fut décidée la construction sous la supervision de la GOULag d’une station hydro-électrique à Murmansk, celle d’un complexe agro-industriel au niveau du canal mer blanche – mer baltique, celle d’une autoroute reliant Khabarovsk à Komsomolsk, celle d’une seconde ligne de chemins de fer reliant Karymskaya à Bochkarevo.
En 1933, ces camps concernaient 334 300 prisonniers, un chiffre qui grandit en raison de l’intensification de la lutte des classes en URSS.
La GOULag gérait en janvier 1935 les activités de 741 599 prisonniers – un chiffre cependant relativement restreint pour un pays peuplé alors de pratiquement 170 millions d’habitants – avec la répartition suivante :
– construction d’une seconde ligne de chemin de fer pour les lignes trans-baikal et Ussuriisk, ainsi que construction de la ligne Baikal – Amour, avec 153 547 personnes ;
– construction du canal Moscou – Volga, avec 192 649 personnes ;
– mise en place du complexe agro-industriel mer blanche – mer baltique, avec 66 444 personnes ;
– mines d’Ukhta-Pechora (charbon, pétrole, radium, etc.), avec 20 656 personnes ;
– Svirlag produisant du bois de chauffe pour Leningrad, avec 40 032 personnes ;
– Temlag produisant du bois de chauffe pour Moscou, avec 33 048 personnes ;
– camp du ministère de la sécurité intérieure en extrême-orient, avec la construction de la ligne de chemins de fer Volochaevka – Komsomolsk, la mise en place de la mine de charbon d’Artem, des mines de Raichika, des conduites d’eau potable de Sedansk, des dépôts de pétrole de Benzostroi, de constructions de la zone de Dalpromstroi, du côté des réserves, de la base de construction d’avions 126, ainsi que dans l’industrie de la pêche, avec 60 417 personnes ;
– camp du ministère de la sécurité intérieure en Sibérie, avec la mise en place de la ligne de chemins de fer du mont Shorskaya, de mines de charbon dans le bassin de Kuznetsk, de routes à Usinovski et Chuiski, de soutien au complexe sidérurgique de Kuznetsk et à l’industrie forestière de Novosibirsk, avec 61 251 personnes ;
– camp du ministère de la sécurité intérieure en Asie centrale, avec le soutien à l’industrie textile, aux zones de Chirschikstroi et Shakhtrdskoi, à la construction du canal de Khazarbak, à la ferme d’État de Pakhta – Aral, à des fermes de coton, au Chuisk Novlubtrest, avec 26 829 personnes ;
– camp du ministère de la sécurité intérieure de la ville de Karaganda au Kazakhstan dans le secteur de l’élevage, avec 25 109 personnes ;
– camp du ministère de la sécurité intérieure de Prorvinsk, pour l’industie de la pêche, avec 10 583 personnes ;
– camp du ministère de la sécurité intérieure de Sarovski, pour l’industrie du bois, avec 3 337 personnes ;
– camp de l’île de Vaigach (plomb, fluor, zinc), avec 1209 personnes ;
– Sevvostlag dans la région de la Kolyma, pour principalement des gisements miniers, avec 722 personnes.
Il manque dans la liste 90 000 prisonniers non comptabilisés, en fait inemployés car malades, mais socialement trop dangereux pour être libérés.