Le Parti Communiste de Tchécoslovaquie commit alors une série d’impairs bouleversant le principal équilibre obtenu. En effet, dans la foulée de la conférence de Bratislava du 3 août 1968, le PCT invita Josip Broz Tito du 9 au 11 août, qui fut accueilli en grande pompe et avec des manifestations de masse. Une réunion de douze heures se conclut notamment par un communiqué commun témoignant de la perspective commune, alors que le 10 août Josip Broz Tito tint une conférence de presse :
« Nous sommes venus en Tchécoslovaquie pour présenter notre soutien pour vous et en même temps pour la solution correcte trouvée à Bratislava ! »
Il refusa cependant d’assumer un bloc militaire yougoslavo – tchécoslovaque. Ce rapprochement ne pouvait que cependant être considéré comme une provocation au lendemain des négociations soviéto-yougoslaves.
Le 12 août, c’est un délégation du SED est-allemand qui vint à Karlovy Vary pour des discussions au haut niveau. Le dirigeant est-allemand Walter Ulbricht, déjà hué à Bratislava, ne fut pas applaudi et ne quitta la ville qu’une fois la foule partie. Malgré l’entente cordiale officielle, cela ne pouvait que refroidir sévèrement les relations.
Enfin, du 15 au 17 août, c’est Nicolae Ceaușescu qui vint à la tête d’une délégation. Pour la première fois, lors de la rencontre des délégations, les Tchécoslovaques intégrèrent les membres du cabinet ministériel membre de structures du Front National (le Parti socialiste et le Parti populaire).
Il en ressortit un « Traité sur l’amitié, le travail en commun et l’assistance mutuelle de la République Socialiste de Roumanie et la République Socialiste de Tchécoslovaquie ». Il remet en cause les accords de Munich (ce qui satisfait par définition la RDA), mais parle d’une assistance militaire en cas « d’attaque armée d’un État ou d’un groupe d’États ».
Lors de la conférence de presse du 16 août 1968 à Prague, Nicolae Ceaușescu affirma même que les rapports bilatéraux présentaient la meilleure forme d’interaction entre les pays socialistes. Il se prononça contre les réunions multipartites.
Il affirma également que le Pacte de Varsovie était purement défensif et aucunement prétexte à se mêler des affaires des autres pays. Au sujet de la conférence de Bratislava, il dit :
« Nous ne signons aucune déclaration de réunions auxquelles nous n’avons pas participé. »
A la question de savoir si un petit ou un grand Etat socialiste pouvait emprunter de l’argent à un Etat capitaliste sans que cela ait des conséquences politiques, il répondit que l’argent n’a pas d’odeur et que la taille de l’État socialiste ne changeait rien à l’affaire. Les crédits seraient de toute façon un rapport normal entre pays au niveau international.
C’était là carrément appeler au démantèlement du bloc de l’Est, au profit d’États assumant un non-alignement dans l’esprit de la Yougoslavie. C’était inacceptable pour l’URSS désormais social-impérialiste et considérant les pays de l’Est comme ses satellites semi-coloniaux.