Rédactions du Quotidien du peuple et du Drapeau Rouge : Le pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons historiques qu’il donne au monde

Rédaction du Renmin Ribao et Rédaction du Hongqi, 14 juillet 1964

La théorie de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat constitue l’essence même du marxisme-léninisme. La lutte entre le marxisme-léninisme et tous les révisionnistes a toujours eu pour centre le maintien de la révolution ou l’opposition à celle-ci, le maintien de la dictature du prolétariat ou l’opposition à celle-ci, et c’est sur cela qu’est centrée maintenant la lutte entre les marxistes-léninistes du monde entier et la clique révisionniste de Khrouchtchev.

Au XXIIe Congrès du P.C.U.S., la clique révisionniste de Khrouchtchev a érigé son révisionnisme en un système complet en parachevant ses théories antirévolutionnaires de « coexistence pacifique », en proclamant que la dictature du prolétariat n’est plus nécessaire en Union soviétique et en formulant l’absurde théorie de l’« Etat du peuple tout entier » et du « parti du peuple tout entier ».

Le Programme avancé par la clique révisionniste de Khrouchtchev au XXIIe Congrès du P.C.U.S. est un programme pseudo-communiste, un programme révisionniste dirigé contre la révolution prolétarienne et pour la suppression de la dictature du prolétariat et du parti prolétarien.

La clique révisionniste de Khrouchtchev a supprimé la dictature du prolétariat sous le camouflage de l’« Etat du peuple tout entier », altéré le caractère prolétarien du P.C.U.S. sous le camouflage du « parti du peuple tout entier » et pavé la voie à la restauration du capitalisme sous le camouflage de l’« édification en grand du communisme ».

Dans ses propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international, faite le 14 juin 1963, le Comité central du P.C.C. a indiqué qu’il est plus qu’absurde en théorie et extrêmement préjudiciable en pratique de substituer l’« Etat du peuple tout entier » à l’Etat de dictature du prolétariat et le « parti du peuple tout entier » au parti d’avant-garde du prolétariat. Il s’agit là d’un considérable recul historique, qui rend tout passage au communisme impossible et ne fait qu’aider à la restauration du capitalisme.

La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. et la presse soviétique usent d’arguments spécieux pour se justifier et traitent notre critique de l’« Etat du peuple tout entier » et du « parti du peuple tout entier » de « considérations n’ayant rien à voir avec le marxisme », de « raisonnements n’ayant aucun rapport avec la vie du peuple soviétique » et de vouloir « faire rétrograder ».

Voyons qui n’a rien à voir avec le marxisme-léninisme, ce qu’est vraiment la vie en U.R.S.S. et qui veut faire rétrograder l’Union soviétique.

SOCIÉTÉ SOCIALISTE ET DICTATURE DU PROLÉTARIAT

Qu’entend-on exactement par société socialiste ? Les classes et la lutte de classe existent-elles ou non pendant toute la période socialiste ? Faut-il maintenir la dictature du prolétariat pour mener la révolution socialiste jusqu’au bout ou faut-il la supprimer pour frayer la voie à la restauration du capitalisme ? Une juste réponse doit être donnée à ces questions, sur la base de principes fondamentaux du marxisme-léninisme et de l’expérience historique de la dictature du prolétariat.

Le remplacement de la société capitaliste par la société socialiste est un grand bon dans le développement de la société humaine. La société socialiste représente une importante période historique du passage de la société de classes à la société sans classes. Elle fera accéder l’humanité à la société communiste.

Le système socialiste a une supériorité incomparable sur le système capitaliste. Dans la société socialiste, la dictature du prolétariat remplace la dictature de la bourgeoisie, et la propriété publique des moyens de production remplace la propriété privée des moyens de production. De classe opprimée et exploitée, le prolétariat devient une classe dominante et un changement radical se produit dans la situation sociale du peuple travailleur.

L’État de dictature du prolétariat applique au sein des grandes masses du peuple travailleur la démocratie le plus large, qui ne peut être réalisée dans la société capitaliste, et n’exerce la dictature que sur une minorité d’exploiteurs. La nationalisation de l’industrie et la collectivisation de l’agriculture ouvrent de vastes perspectives à un développement considérable des forces productives sociales, leur assurant un rythme de croissance incomparablement plus rapide que dans n’importe quelle vieille société.

On ne peut toutefois perdre de vue que la société socialiste est issue de la société capitaliste, qu’elle est la première phase de la société communiste. Elle n’est pas encore la société communiste, cette société parvenue à pleine maturité au point de vue économique et autre. Elle porte inévitablement les stigmates de la société capitaliste. Parlant de la société socialiste, Marx dit :

« Ce à quoi nous avons affaire ici, c’est à une société communiste, non pas telle qu’elle s’est développée sur les bases qui lui sont propres, mais, au contraire, telle qu’elle vient de sortir de la société capitaliste ; une société, par conséquent, qui sous tous les rapports, économique, moral, intellectuel porte encore les stigmates de l’ancienne société des flancs de laquelle elle est issue » [1].

De son côté, Lénine a fait remarquer que dans la société socialiste, premier stade du communisme,

« le communisme ne peut pas encore, au point de vue économique, être complètement mûr, complètement affranchi des traditions ou des vestiges du capitalisme » [2].

Les différences entre ouvriers et paysans, entre ville et campagne, entre travail manuel et travail intellectuel, continuent à exister en société socialiste, le droit bourgeois n’est pas encore aboli, et on est « incapable de détruire d’emblée l’autre injustice : la répartition des objets de consommation ‘selon le travail’ (et non selon les besoins) » [3] ; et par conséquent, existent encore les différences en fait de richesse. On ne peut faire disparaître que progressivement tous ces phénomènes et différences et le droit bourgeois, et cela exige inévitablement une très longue période.

Comme l’a dit Marx, ce n’est qu’après la disparition de ces différences et l’abolition complète du droit bourgeois que pourra être réalisé le communisme intégral caractérisé par « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Le marxisme-léninisme et la pratique de l’Union soviétique, de la Chine et des autres pays socialistes nous apprennent que la société socialiste couvre une longue, très longue période historique. Durant toute la durée de celle-ci, la lutte de classe entre bourgeoisie et prolétariat se poursuit, et subsiste la question de savoir qui l’emportera, de la voie capitaliste ou de la voie socialiste, c’est-à-dire que le danger de la restauration capitaliste demeure.

Dans ses propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international, faites le 14 juin 1963, le Comité central du P.C.C déclare :

« Dans une très longue période historique qui suit la conquête du pouvoir par le prolétariat, l’existence d’une lutte de classe demeure une loi objective indépendante de la volonté de l’homme ; seule la forme de la lutte de classe diffère de celle qu’elle revêtait avant la conquête du pouvoir par le prolétariat.

Après la Révolution d’Octobre, Lénine a indiqué à maintes reprises que :

a) Les exploiteurs renversés essayent toujours et par tous les moyens de reconquérir leur ‘paradis’ perdu.

b) L’ambiance petite-bourgeoise engendre chaque jour, à chaque heure, de nouveaux éléments bourgeois.

c) Dans les rangs de la classe ouvrière et parmi les fonctionnaires d’Etat, il peut également apparaître des éléments dégénérés et de nouveaux éléments bourgeois en raison de l’influence bourgeoise, de l’entourage petit-bourgeois et de la corruption exercée par celui-ci.

d) Les conditions externes qui déterminent la continuation de la lutte des classes dans les pays socialistes sont l’encerclement par le capitalisme international, la menace de l’intervention armée et les manœuvres de désagrégation pacifique auxquelles ont recours les impérialistes [4].

Cette thèse de Lénine s’est trouvée confirmée dans la réalité de la vie. »

La bourgeoisie et les autres classes réactionnaires, quoique renversées, conservent encore pendant assez longtemps leurs forces en société socialiste et elles sont même assez puissantes dans certains domaines. Mille liens les rattachent à la bourgeoisie internationale. Et ne se résignant pas à leur défaite, elles recherchent opiniâtrement les épreuves de force avec le prolétariat. Elles livrent, dans tous les domaines, des combats sournois ou ouverts contre le prolétariat.

Se posant souvent en partisans du socialisme, des Soviets, du parti communiste et du marxisme-léninisme, elles sabotent le socialisme et préparent la restauration du capitalisme. Elles persistent longtemps sur le plan politique, en tant que force opposée au prolétariat, et sont prêtes à tout instant à renverser la dictature du prolétariat.

Elles cherchent à se faufiler dans les organismes d’État, les organisations de masse, les secteurs économiques, les institutions culturelles et les établissements d’enseignement pour contrecarrer et usurper la direction détenue par le prolétariat.

Sur le plan économique, elles usent de tous les moyens pour saboter la propriété socialiste du peuple tout entier et la propriété collective socialiste et développer les forces capitalistes. Dans les domaines idéologique, culturel et de l’éducation, elles opposent la conception bourgeoise du monde à la conception prolétarienne du monde et s’emploient à corrompre le prolétariat et les autres travailleurs par le truchement de l’idéologie bourgeoise.

La collectivisation de l’agriculture transforme les paysans individuels en paysans collectifs et crée des conditions favorables à la complète rééducation des paysans. Toutefois, avant que la propriété collective ne deviennent la propriété du peuple tout entier et que les vestiges de l’économie privée ne disparaissent entièrement, les paysans conservent inévitablement certains des traits inhérents aux petits producteurs.

La tendance spontanée au capitalisme existe inéluctablement dans ces circonstances, un terrain propice à l’apparition de nouveaux paysans riches subsiste, et la différenciation au sein de la paysannerie se manifestera.

Les activités de la bourgeoisie qui viennent d’être mentionnées, leur effet corrupteur dans les domaines politique, économique, idéologique, culturel et éducatif, l’existence de la tendance spontanée au capitalisme chez les petits producteurs urbains et ruraux, le fait que le droit bourgeois n’a pas été complètement aboli et l’influence des habitudes de la vieille société, tout cela engendre constamment des éléments dégénérés dans les rangs de la classe ouvrière, les organismes du Parti et l’administration de l’État, engendre constamment de nouveaux éléments bourgeois et des déprédateurs dans les entreprises d’État appartenant au peuple tout entier, et de nouveaux intellectuels bourgeois dans les institutions culturelles et les établissements d’enseignement, ainsi que dans les milieux intellectuels.

Pour attaquer le socialisme, ces nouveaux éléments bourgeois et ces éléments dégénérés s’entendent avec les éléments de la vieille bourgeoisie et d’autres classes exploiteuses qui, bien que renversées, n’ont pas encore été complètement liquidées.

Particulièrement nuisibles sont les éléments dégénérés retranchés dans les organismes dirigeants, car ils soutiennent et protègent les éléments bourgeois des organismes des échelons inférieurs.

Tant qu’existe l’impérialisme, le prolétariat des pays socialistes se doit de poursuivre la lutte à la fois contre la bourgeoisie de l’intérieur et l’impérialisme international.

L’impérialisme recherche toutes les occasions pour intervenir par les armes contre les pays socialistes ou y provoquer pacifiquement la désagrégation. Il fait tout pour détruire les pays socialistes ou les faire dégénérer en pays capitalistes. Aussi, la lutte de classe menée sur le plan international a-t-elle inévitablement son reflet au sein des pays socialistes.

Lénine dit :

« La transition du capitalisme au communisme, c’est toute une époque historique. Tant qu’elle n’est pas terminée, les exploiteurs gardent inéluctablement l’espoir d’une restauration, espoir qui se transforme en tentatives de restauration » [4].

Il dit encore : « La suppression des classes est le résultat d’une lutte de classe longue, difficile, opiniâtre, qui, après le renversement du pouvoir du Capital, après la destruction de l’Etat bourgeois, après l’instauration de la dictature du prolétariat, ne disparaît pas (comme se l’imaginent les vulgaires représentants du vieux socialisme et de la vieille social-démocratie), mais ne fait que changer de forme pour devenir plus acharnée à bien des égards » [5].

La lutte de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie dans les domaines politique, économique, idéologique, culturel et éducatif ne saurait prendre fin durant la période socialiste. C’est une lutte de longue haleine, toujours reprise, tortueuse et complexe.

Comme la mer connaît le flux et le reflux, elle a tantôt des hauts et tantôt des bas, tantôt elle se relâche et tantôt elle gagne en violence. D’elle dépend le sort de la société socialiste, la marche au communisme ou le retour au capitalisme.

La lutte de classe dans la société socialiste trouve inévitablement son reflet dans les partis communistes. La bourgeoisie et l’impérialisme international savent que pour faire dégénérer un pays socialiste en pays capitaliste, il faut en premier lieu amener son parti communiste à dégénérer en parti révisionniste.

Les anciens et les nouveaux éléments bourgeois, les anciens et les nouveaux paysans riches, ainsi que les éléments dégénérés de toues nuances, constituent la base sociale du révisionnisme et c’est par mille moyens qu’ils recrutent des agents au sein des partis communistes.

L’influence bourgeoise est la cause intérieure du révisionnisme. La capitulation devant la pression de l’impérialisme en est la cause extérieure. La lutte entre le marxisme-léninisme et l’opportunisme de toutes les nuances, principalement le révisionnisme, est chose inévitable au sein des partis communistes des pays socialistes durant la période socialiste.

La caractéristique du révisionnisme, c’est qu’il adopte les positions de la bourgeoisie pour attaquer le prolétariat en niant les classes et la lutte de classe, et transforme la dictature du prolétariat en une dictature de la bourgeoisie.

A la lumière de l’expérience du mouvement ouvrier international et tenant compte de la loi objective de la lutte de classe, les fondateurs du marxisme ont fait ressortir que le passage du capitalisme au communisme, de la société de classes à la société sans classes, dépend de la dictature du prolétariat et qu’il n’est pas d’autre voie.

Marx dit :

« La lutte de classe conduit nécessairement à la dictature du prolétariat » [6]. Il dit ailleurs, « Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l’Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat » [7].

La société socialiste se développe selon un processus de révolution ininterrompue. Parlant du socialisme révolutionnaire, Marx dit :

« Ce socialisme est la déclaration permanente de la révolution, la dictature de classe du prolétariat, comme point de transition nécessaire pour arriver à la suppression des différentes classes en général, à la suppression de tous les rapports de production sur lesquels elles reposent, à la suppression de toutes les relations sociales qui correspondent à ces rapports de production, au bouleversement de toutes les idées qui émanent de ces relations sociales » [8].

Dans sa lutte contre l’opportunisme de la IIe Internationale, Lénine a mis en lumière et développé de manière créatrice la théorie de Marx sur la dictature du prolétariat. Il a fait ressortir :

« La dictature du prolétariat n’est pas la fin de la lutte des classes ; c’est sa continuation sous des formes nouvelles. La dictature du prolétariat, c’est la lutte de classes du prolétariat victorieux qui a pris en main le pouvoir politique, contre la bourgeoisie vaincue, mais non anéantie, non disparue qui, loin d’avoir cessé de résister, a intensifié sa résistance » [9].

Il dit encore :

« La dictature du prolétariat et une lutte opiniâtre, sanglante et non sanglante, violente et pacifique, militaire et économique, pédagogique et administrative, contre les forces et les traditions de la vieille société » [10].

Dans son célèbre De la juste solution des contradictions au sein du peuple et d’autres ouvrages, le camarade Mao Tsé-toung a, sur la base des principes fondamentaux du marxisme-léninisme et de l’expérience historique de la dictature du prolétariat, fait une analyse complète et systématique des classes et de la lutte de classe dans la société socialiste et a développé de manière créatrice la théorie marxiste-léniniste de la dictature du prolétariat.

C’est à partir du point de vue de la dialectique matérialiste qu’il a étudié les lois objectives de la société socialiste. Il a souligné que la loi universelle de la nature et de la société humaine, que sont l’unité et la lutte des contraires, s’applique également à la société socialiste.

Dans la société socialiste, les contradictions de classe continuent à exister et la lutte de classe ne s’éteint pas, même après la transformation socialiste de la propriété des moyens de production.

Il y a toujours lutte entre les deux voies, le socialisme et le capitalisme, durant toute la période socialiste. Pour assurer l’édification du socialisme et empêcher la restauration du capitalisme, il est nécessaire de mener jusqu’au bout la révolution socialiste dans les domaines politique, économique, idéologique et culturel. La victoire complète du socialisme n’est pas l’affaire d’une ou de deux générations ; pour être définitive, elle exige cinq à six générations, voire davantage.

Le camarade Mao Tsé-toung a souligné en particulier que la société socialiste connaît deux genres de contradictions sociales : les contradictions au sein du peuple et les contradictions entre nous et nos ennemis, et que les premières sont nombreuses.

Ce n’est qu’en opérant une distinction entre ces deux genres de contradictions de nature différente et en adoptant différentes méthodes pour parvenir à une juste solution qu’il est possible d’unir plus de 90 pour cent de la population du pays, de défaire les ennemis qui n’en constituent qu’un infime pourcentage et de consolider la dictature du prolétariat.

La dictature du prolétariat est la garantie essentielle de la consolidation et du développement du socialisme, la garantie permettant au prolétariat de vaincre la bourgeoisie et d’assurer le triomphe du socialisme, au cours de la lutte entre les deux voies.

Le prolétariat ne peut s’émanciper définitivement qu’en émancipant l’humanité. La tâche historique de la dictature du prolétariat a deux aspects : un aspect intérieur et un aspect international.

Sur le plan intérieur, la tâche consiste essentiellement à abolir complètement toutes les classes exploiteuses, à développer hautement l’économie socialiste, à élever la conscience communiste des masses populaires, à liquider les différences entre propriété du peuple tout entier et propriété collective, entre ouvriers et paysans, entre ville et campagne, entre travail intellectuel et travail manuel, et à faire disparaître toute possibilité de formation de classes et de restauration du capitalisme, afin de créer les conditions pour la réalisation de la société communiste caractérisée par « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Sur le plan international, la tâche consiste essentiellement à prévenir toute attaque de l’impérialisme international (y compris l’intervention armée et la désagrégation pacifique) et à soutenir la révolution mondiale, jusqu’à l’abolition définitive, par les peuples de l’impérialisme, du capitalisme et du système d’exploitation. Avant l’accomplissement des deux aspects de cette tâche et l’accès à la société communiste intégrale, la dictature du prolétariat est absolument indispensable.

A en juger par la situation actuelle, la tâche de la dictature du prolétariat est encore loin d’être accomplie dans les pays socialistes. Dans tous, il y a, sans exception, classes et lutte de classe, lutte entre voie socialiste et voie capitaliste, et il s’agit toujours de mener la révolution socialiste jusqu’au bout et de prévenir la restauration du capitalisme.

Tous les pays socialistes sont encore loin, bien loin, d’avoir éliminé les différences entre propriété du peuple tout entier et propriété collective, entre ouvriers et paysans, entre ville et campagne, entre travail intellectuel et travail manuel, et de réaliser la société communiste où prévaudra le principe de « chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

C’est pourquoi le maintien de la dictature du prolétariat est nécessaire pour tous les pays socialistes.

Dans ces conditions, son abolition par la clique révisionniste de Khrouchtchev est une trahison envers le socialisme et le communisme.

CLASSES ANTAGONISTES ET LUTTE DE CLASSE EN UNION SOVIÉTIQUE

La raison principale pour laquelle la clique révisionniste de Khrouchtchev a proclamé l’abolition de la dictature du prolétariat en Union soviétique, c’est selon elle, que les classes antagonistes y ont été éliminées et que la lutte de classe n’y existe plus.

Mais quelle est la situation réelle en Union soviétique ? N’y a-t-il vraiment plus de classes antagonistes ni de lutte de classe ?

Après la grande Révolution socialiste d’Octobre victorieuse, la dictature du prolétariat fut instaurée ; elle abolit la propriété privée capitaliste et établit la propriété socialiste du peuple tout entier et la propriété collective socialiste par la nationalisation de l’industrie et la collectivisation de l’agriculture, et en quelques décennies, elle parvint à de grandes réalisations dans l’édification socialiste. Ce furent des victoires ineffaçables, des victoires de grande portée historique, remportées par le P.C.U.S. et le peuple soviétique sous la direction de Lénine et de Staline.

Cependant, la vieille bourgeoisie et les autres classes exploiteuses qui, quoique renversées, n’avaient pas été entièrement liquidées, continuèrent à exister après la nationalisation de l’industrie et la collectivisation de l’agriculture.

L’influence politique et idéologique de la bourgeoisie subsistait. Les forces spontanées capitalistes existaient toujours dans la ville comme à la campagne. De nouveaux éléments bourgeois et koulaks apparaissaient continuellement.

Et durant tout le temps écoulé depuis lors, la lutte de classe entre prolétariat et bourgeoisie et la lutte entre les voies socialiste et capitaliste se sont poursuivies dans les domaines politique, économique et idéologique.

Du fait que l’Union soviétique était le premier pays, et à l’époque le seul, à édifier le socialisme et qu’elle ne disposait d’aucune expérience étrangère à laquelle se référer, du fait également que Staline s’était éloigné de la dialectique du marxisme-léninisme par son interprétation des lois de la lutte de classe dans la société socialiste, il proclama prématurément, après la réalisation essentielle de la collectivisation de l’agriculture, qu’en Union soviétique, « il n’existe plus de classes antagonistes » et qu’« elle [la société soviétique] est affranchie des collisions de classes » [11].

Mettant l’accent uniquement sur l’unité de la société socialiste, il négligeait les contradictions au sein de celle-ci, il ne s’appuyait pas sur la classe ouvrière et les larges masses dans la lutte contre les forces capitalistes et considérait que la possibilité de restauration du capitalisme provenait uniquement de l’attaque armée de l’impérialisme international.

Cela est faux, tant en théorie qu’en pratique. Cependant, Staline n’en demeure pas moins un grand marxiste-léniniste. Lorsqu’il dirigeait le Parti et l’État soviétiques, il maintint fermement la dictature du prolétariat et l’orientation socialiste, appliqua une ligne marxiste-léniniste et assura la marche triomphale de l’Union soviétique dans la voie du socialisme.

Khrouchtchev, depuis qu’il détient la direction du Parti et de l’État soviétiques, a appliqué une suite de mesures politiques révisionnistes, qui ont considérablement hâté le développement des forces capitalistes et exacerbé de nouveau, en Union soviétique, la lutte de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie, la lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste.

Il suffit de feuilleter les journaux soviétiques de ces dernières années pour trouver de nombreux exemples montrant que, dans la société soviétique, il existe non seulement beaucoup d’éléments des vieilles classes exploiteuses, mais que de nouveaux éléments bourgeois y sont engendrés en grand nombre et que la différenciation au sein des classes s’accentue.

Voyons tout d’abord les activités des éléments bourgeois de tout acabit dans les entreprises soviétiques à propriété du peuple tout entier.

Les responsables de certaines usines d’État et leurs associés mettent leurs fonctions à profit et amassent des fortunes fabuleuses en utilisant l’équipement et le matériel des usines dont ils ont la charge pour créer des « ateliers clandestins » et produire à titre privé, procédant à la vente illicite des produits et se partageant le butin. Voici quelques exemples :

A Léningrad, dans une usine travaillant pour l’armée, les responsables installant des hommes de confiance « à tous les postes-clés », avaient « transformé cette entreprise d’Etat en une entreprise privée ». Ils s’engagèrent illégalement dans la production d’articles non militaires et s’approprièrent 1 million 200 mille anciens roubles en trois ans rien que par la vente de stylos. Parmi eux se trouvait « un voleur de naissance », un homme qui « était un nepman » « dans les années 20 » [12].

Le directeur d’une usine de tissage de soie d’Uzbékistan avait agi de connivence avec l’ingénieur en chef, le chef-comptable, le responsable de la section des fournitures et de vente, les chefs d’atelier et d’autres, et ils étaient devenus des « chefs d’entreprises de fraîche date ».

Ils avaient acheté par des moyens illicites plus de dix tonnes de soie artificielle et naturelle pour produire des articles qui « ne sont pas entrés dans la comptabilité ». Ils avaient embauché » des ouvriers sans passer par la filière habituelle et appliquaient « la journée de travail de douze heures » [13].

Le directeur d’une fabrique de meubles de Kharkov avait établi dans son entreprise un « atelier clandestin de bonneterie » pour la fabrication d’articles destinés à la spéculation. Cet homme « avait plusieurs femmes, plusieurs automobiles, plusieurs maisons, 176 cravates, près de cent chemises et des dizaines de complets ». C’était, en outre, un grand joueur, habitué des champs de courses » [14].

Ces éléments ne mènent pas leurs activités isolément. Ils travaillent invariablement de connivence avec des fonctionnaires des services d’État chargé des fournitures, du commerce, et d’autres services. Ils ont leurs hommes dans la milice et les services judiciaires, qui les protègent et leur servent d’agents. Même de hauts fonctionnaires des organismes d’État les soutiennent et les couvrent. Voici quelques exemples :

Le directeur d’une usine annexe de l’Institut de prophylaxie des maladies mentales de Moscou et ses associés avaient fondé une « entreprise clandestine » et, par des pots-de-vin, ils « s’étaient procuré 58 métiers à tricoter » et de grandes quantités de matières premières. Ils étaient entrés en relations d’affaires avec « 52 usines, coopératives artisanales et kolkhozes » et avaient réalisé en quelques années un bénéfice de 3 millions de roubles. Ils avaient soudoyé des fonctionnaires du Département contre le vol des biens socialistes et la spéculation, des contrôleurs, des inspecteurs, des vérificateurs, etc [15].

Le directeur d’une usine de construction mécanique de la Fédération de Russie avait volé, avec la complicité du directeur adjoint d’une autre usine de construction mécanique et d’autres fonctionnaires, soit au total 43 personnes, plus de 900 métiers à tisser pour les vendre à des usines d’Asie centrale, du Kazakhstan, du Caucase et d’autres régions, machines qui furent utilisées par les responsables de ces usines pour de la production illicite [16].

En Kirghizie, un gang de déprédateurs, comptant plus de quarante membres, se livrant à la production clandestine dans deux usines sous leur contrôle, avait volé plus de 30 millions de roubles à l’Etat. Parmi ses membres figuraient le président de la Commission de la planification de la République, un vice-ministre du Commerce, sept chefs de bureaux et de divisions du Conseil des Ministres de la République, de la Commission économique nationale et de la Commission du Contrôle d’Etat, ainsi qu’un « gros koulak échappé de l’exil » [17].

Ces exemples montrent que les usines tombées dans les pattes de ces éléments dégénérés demeurent nominalement des entreprises socialistes, mais qu’elles sont en réalité devenues des entreprises capitalistes, instrument de leur fortune. Leurs rapports avec les ouvriers se sont mués en rapports d’exploiteurs à exploités, d’oppresseurs à opprimés.

Ne sont-ce pas des éléments bourgeois à cent pour cent, ces dégénérés qui, détenant des moyens de production et en disposant, exploitent le travail d’autrui ? Et leurs complices au sein d’organismes d’Etat, qui s’abouchent avec eux, prennent part à toutes sortes d’exploitations, détournent des fonds, donnent et acceptent de pots-de-vin, participent au partage du butin, ne sont-ils pas eux aussi, des éléments bourgeois dans toute l’acception du terme ?

De toute évidence, ces gens-là appartiennent à une classe hostile au prolétariat, ils appartiennent à la bourgeoisie. Leurs activités antisocialistes constituent précisément cette lutte de classe par laquelle la bourgeoisie s’attaque au prolétariat.

Voyons maintenant en quoi consistent les activités des koulaks de toutes nuances dans les kolkhozes.

Certains responsables de kolkhozes et leurs associés détournent des fonds, se livrent à la spéculation, à la dilapidation et à l’exploitation des kolkhoziens, sans la moindre retenue. Voici quelques exemples :

En Uzbékistan, un président de kolkhoze faisait « régner la terreur dans tout le village ». Dans le kolkhoze, toutes les fonctions importantes étaient occupées par ses parents, alliés et amis. Il « a dilapidé plus de 132 mille roubles du kolkhoze pour la satisfaction de ses ‘besoins personnels’ ». Il avait une voiture, deux motocyclettes et trois femmes, « chacune d’elles disposant d’une villa » [18].

Dans la région de Koursk, le président d’un kolkhoze considérait celui-ci comme son « patrimoine ». Il s’était entendu avec le comptable, le caissier, le chef de l’entrepôt, l’agronome, le directeur du magasin et d’autres personnes pour se couvrir mutuellement et « exploiter les kolkhoziens » ; et en quelques années, ils étaient parvenus à détourner plus cent mille roubles [19].

Le président d’un kolkhoze ukrainien avait détourné plus de 50 mille roubles en falsifiant des certificats et des registres, de mèche avec sa comptable qui, citée comme « comptable modèle », avait même été envoyée à Moscou pour participer à l’Exposition des réalisations de l’économie nationale [20].

Le président d’un kolkhoze de la région d’Alma Ata s’était spécialisé dans la spéculation commerciale. Il avait acheté « en Ukraine ou en Uzbékistan des jus de fruits, du sucre et de l’alcool à Dzambul » qui, transformés en boissons alcoolisées, furent vendus un peu partout à des prix élevés. Ce kolkhoze comprenait une entreprise vinicole produisant plus d’un million de litres par an, dont le réseau de vente couvrait toute la R.S.S du Kazakhstan, et la spéculation commerciale était une de ses principales sources de revenus [21].

Le président d’un kolkhoze de Biélorussie « se comportait comme un seigneur dans son fief » et en tout agissait « arbitrairement ». Il logeait non au kolkhoze mais en ville, ou bien dans sa « luxueuse villa », et était constamment occupé à « diverses machinations commerciales » et « affaires illégales ».

Il achetait du bétail ailleurs, le faisait passer pour celui de son kolkhoze et, dans ses rapports, falsifiait les résultats de la production. Et cependant, « pas mal de reportages élogieux » lui furent consacrés et il était appelé « dirigeant modèle ».

Ces exemples montrent que les kolkhozes placés sous le contrôle de ces responsables deviennent leur propriété privée. Ils transforment l’économie collective socialiste en une nouvelle économie koulak. Ils ont en général, dans les organismes supérieurs, des gens qui les protègent. Leurs rapports avec les kolkhoziens sont devenus des rapports d’oppresseurs à opprimés, d’exploiteurs à exploités. Ne sont-ce pas de nouveaux koulaks à cent pour cent, ces nouveaux exploiteurs qui pèsent de tout leur poids sur les paysans ?

De toute évidence, ces gens-là appartiennent à une classe hostile au prolétariat et aux paysans travailleurs, ils appartiennent à la classe des koulaks, c’est-à-dire à la bourgeoisie rurale. Leurs activités antisociales constituent précisément cette lutte de classe par laquelle la bourgeoisie s’attaque au prolétariat et aux paysans travailleurs.

En dehors des éléments bourgeois dans les entreprises d’État et les kolkhozes, il en existe beaucoup d’autres dans les villes comme dans la campagne soviétiques.

Certains d’entre eux ont mis sur pied des entreprises privées pour la production et la vente à titre privé ; d’autres ont organisé des équipes de construction privées qui entreprennent publiquement des travaux pour le compte de l’État ou des entreprises coopératives ; d’autres encore exploitent des hôtels privés.

Il y avait, à Léningrad, une « capitaliste soviétique » qui engageait des ouvriers pour produire et vendre des blouses en nylon, et « gagnait 700 nouveaux roubles par jour » [22].

Le propriétaire d’un atelier de la région de Koursk fabriquait des bottes de feutre, pour la vente à des prix élevés. Il possédait 540 paires de bottes de feutre, 8 kilos de pièces d’or, 3.000 mètres de tissus, 20 tapis, 1.200 kilos de laine et bien d’autres choses [23].

Le propriétaire d’une entreprise privée de la région de Gomel « employait ouvriers et artisans » et, en l’espace de deux ans, avait entrepris à hauts prix la construction ou la réfection de fours à calciner dans 12 usines [24]. Dans la région d’Orenbourg, il y avait des « centaines d’hôtels privés et d’entrepôts privés », et « l’argent des kolkhozes et de l’État coulait à flots continus dans la poche des tenanciers » [25].

D’autres se livrent à la spéculation, réalisant de gros bénéfices par l’achat à bas prix, la vente au prix fort et le transport illicite de marchandises sur de grandes distances. Moscou compte un grand nombre de spéculateurs qui s’occupent de la revente de produit agricoles.

Ils « font venir des tonnes d’oranges, de pommes et de légumes de Moscou pour les revendre au marché noir ». « On a offert toutes facilités à ces profiteurs : des auberges près des marchés, des entrepôts et d’autres installations sont mises à leur disposition » [26].

Une spéculatrice du territoire de Krasnodar avait instauré son propre « réseau d’agents » et « employait 12 vendeurs et 2 portiers » ; elle expédiait « des milliers de porcs, des centaines de quintaux de céréales et des centaines de tonnes de fruits », des régions rurales vers le bassin du Don, et faisait acheminer « de grandes quantités de briques de lait volées, du verre par wagons entiers » et d’autres matériaux de construction des villes vers les campagnes. Elle s’était considérablement enrichie par cette revente illicite » [27].

D’autres encore agissent comme courtiers ou agents ayant de multiples relations sociales, et peuvent tout vous procurer si vous leur graissez la patte. Il y avait, à Léningrad, un courtier de ce genre qui « sans être ministre du Commerce, contrôlait toutes les marchandises », et « sans avoir de titre officiel dans les chemins de fer, a des wagons à sa disposition ». Il pouvait « se procurer en dehors de stocks des choses dont les stocks sont strictement contrôlés ».

« Tous les entrepôts de Léningrad étaient à sa disposition ». Les marchandises qui passaient entre ses mains lui laissaient d’appréciables « commissions », puisque durant la seule année 1960, il toucha 700 mille roubles d’une compagnie sylvicole. A Léningrad, il y a « tout un groupe » de courtiers de ce genre » [28].

Tous ces propriétaires d’entreprises et ces spéculateurs pratiquent une exploitation capitaliste éhontée. N’est-ce pas l’évidence même qu’ils appartiennent à la bourgeoisie, classe hostile au prolétariat ?

En fait, la presse soviétique, elle-même, qualifie ces gens-là de « capitalistes soviétiques », « chefs d’entreprises de fraîche date », « propriétaires d’entreprises privées », « koulaks de fraîche date », « spéculateurs », « exploiteurs », etc. La clique révisionniste de Khrouchtchev ne s’applique-t-elle pas elle-même un soufflet lorsqu’elle s’obstine à prétendre qu’il n’existe pas de classes antagonistes en Union soviétique ?

Les faits cités plus haut ne constituent qu’une partie de ceux révélés par la presse soviétique. Ils suffisent pour alarmer, mais les faits qu’elle n’a pas divulgués, les faits les plus frappants et plus graves qu’elle a cherché à cacher et à enterrer, sont bien plus nombreux. Ce que nous citons ici est une réponse à la question : les classes antagonistes et la lutte de classe existent-elles en Union soviétique ? Ces faits, beaucoup de gens peuvent les constater. Même la clique révisionniste de Khrouchtchev ne peut les nier.

Ces faits suffisent à montrer clairement que les activités effrénées de la bourgeoisie hostile au prolétariat se multiplient en Union soviétique, dans les villes et les campagnes, dans l’industrie et l’agriculture, dans le secteur de la production et celui de la distribution, dans les branches économiques et les organismes du Parti et de l’Etat, des échelons de base jusqu’aux organismes supérieurs de direction.

Ces activités antisocialistes ne sont pas autre chose que l’âpre lutte de classe que la bourgeoisie mène contre le prolétariat.

Rien d’étonnant à ce qu’apparaissent dans un pays socialiste des éléments de la nouvelle et de l’ancienne bourgeoisie qui s’attaquent au socialisme. Il n’y a pas lieu de s’en effrayer tant que la direction du Parti et de l’Etat est marxiste-léniniste. Cependant, dans l’Union soviétique d’aujourd’hui, la question est grave parce que la clique révisionniste de Khrouchtchev a usurpé la direction du Parti et de l’Etat et qu’une couche privilégiée de la bourgeoisie est apparue dans la société.

C’est de cette question que nous traitons ci-après.

LA COUCHE PRIVILÉGIÉE DE L’UNION SOVIÉTIQUE
ET LA CLIQUE RÉVISIONNISTE DE KHROUCHTCHEV

Dans la société soviétique actuelle, la couche privilégiée est constituée par les éléments dégénérés des cadres dirigeants des organismes du Parti et du gouvernement, des entreprises et des kolkhozes, et les intellectuels bourgeois. Cette couche est opposée aux ouvriers, aux paysans et à la grande masse des intellectuels et des cadres.

Au lendemain de la Révolution d’Octobre, Lénine fit remarquer que l’idéologie et les habitudes bourgeoises et petites-bourgeoises encerclaient et sapaient de partout le prolétariat et en contaminaient certaines couches.

Cet état de choses a engendré, parmi les fonctionnaires, non seulement des bureaucrates coupés des masses, mais aussi de nouveaux éléments bourgeois. Lénine montra en outre que les salaires élevés, quoique nécessaires pour les techniciens spécialisés bourgeois demeurés à leurs postes sous le pouvoir soviétique, exerçaient une influence corruptrice sur le régime soviétique.

C’est pour cela qu’il mit particulièrement l’accent sur la lutte à mener sans relâche contre l’influence des idéologies bourgeoise et petite-bourgeoise, la mobilisation des grandes masses pour qu’elles participent à la gestion de l’Etat, la dénonciation constante des bureaucrates et des nouveaux éléments bourgeois et leur élimination des rangs des organismes soviétiques, et la création de conditions qui empêcheraient l’existence et la réapparition de la bourgeoisie.

Il indiqua de manière saisissante que « sans une lutte systématique et opiniâtre pour améliorer l’appareil, nous serons perdus avant d’avoir créé la base du socialisme » [29].

En même temps, il insista tout particulièrement sur la nécessité de maintenir le principe de la Commune de Paris en matière de politique des salaires, à savoir que tous les fonctionnaires devaient toucher des salaires correspondant à ceux des ouvriers, les spécialistes bourgeois étant les seuls à percevoir des appointements élevés.

Ces directives de Lénine furent appliquées pour l’essentiel, depuis la Révolution d’Octobre jusqu’à la période du relèvement de l’économie nationale. Les responsables des organismes du Parti et du gouvernement, les responsables des entreprises et les spécialistes communistes qui y travaillaient, touchaient un salaire équivalent grosso modo à celui des ouvriers.

A l’époque, le Parti communiste et le gouvernement de l’Union soviétique adoptèrent une série de mesures, tant sur le plan politique et idéologique que dans le système de répartition, afin de prévenir tout abus de pouvoir de la part des cadres dirigeants des différents secteurs et de les empêcher de dégénérer moralement et politiquement.

Avec Staline, le P.C.U.S. s’en tint à la dictature du prolétariat et à la voie du socialisme, combattit résolument les forces capitalistes. Les luttes menées par Staline contre les trotskistes, les zinoviévistes et les boukhariniens étaient, de par leur nature, le reflet au sein du Parti de la lutte de classe entre le prolétariat et la bourgeoisie, de la lutte entre les voies socialiste et capitaliste. L’issue victorieuse de ces luttes permit d’écraser le vain complot de restauration capitaliste en Union soviétique tramé par la bourgeoisie.

Il est indéniable qu’avant la mort de Staline, un certain nombre de gens bénéficiaient d’un régime de hauts salaires et des cadres avaient dégénéré en éléments bourgeois.

Au XIXe Congrès du P.C.U.S., qui se tint en octobre 1952, le Comité central du P.C.U.S. indiqua dans son rapport d’activité que des phénomènes de dégénérescence et de corruption étaient apparus dans des organisations du Parti. Les dirigeants de certaines organisations du Parti en avait fait de petites communautés composées exclusivement de leurs hommes, « plaçant leurs intérêts de groupe au-dessus de ceux du Parti et de l’Etat ».

Les dirigeants de certaines entreprises industrielles « oublient que les entreprises dont on leur a confié la gestion, appartiennent à l’Etat, et s’efforcent de les transformer en leur fief ». Certains fonctionnaires des organisations du Parti, des Soviets et des organismes agricoles, « au lieu de veiller aux intérêts de l’économie publique des kolkhozes, se sont employés à voler des biens au kolkhoze ». Dans les domaines culturel, artistique et scientifique, des œuvres attaquant et salissant le système socialiste avaient fait leur apparition, et parmi des groupes d’hommes de science s’était manifesté un phénomène de monopole académique à la Araktchéev.

Depuis l’usurpation de la direction du Parti et de l’État par Khrouchtchev, des changements radicaux sont intervenus dans la lutte de classe en Union soviétique.

Khrouchtchev a introduit une série de mesures politiques révisionnistes dans l’intérêt de la bourgeoisie, et de ce fait les forces capitalistes ont grandi de façon foudroyante en Union soviétique.

Sous le prétexte de « la lutte contre le culte de la personnalité », il a diffamé la dictature du prolétariat et le système socialiste, pavant en fait la voie à la restauration capitaliste en Union soviétique. En reniant complètement Staline, il a, au fond, nié le marxisme-léninisme que Staline avait maintenu, et il a ouvert ainsi les écluses au flot révisionniste.

En substituant le « stimulant matériel » au principe socialiste « de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail », Khrouchtchev, loin de réduire, a au contraire accentué l’écart existant entre les revenus d’une minorité et ceux des ouvriers, des paysans et des intellectuels en général.

Il a épaulé les éléments dégénérés implantés aux postes de direction, les encourageant à faire preuve de moins de scrupules encore dans leurs abus de pouvoir pour s’approprier les fruits du labeur du peuple soviétique. Par là, il a accéléré la polarisation des classes dans la société soviétique.

Khrouchtchev a sapé l’économie socialiste planifiée, appliqué le principe du profit capitaliste, développé la libre concurrence capitaliste et détruit la propriété socialiste du peuple tout entier.

Khrouchtchev a attaqué le système de planification socialiste de l’agriculture, le qualifiant de « bureaucratique », de « superflu ». C’est avec ferveur qu’il a pris des leçons auprès des fermiers américains, préconisé le mode d’exploitation capitaliste, encouragé l’économie des paysans riches et miné l’économie collective socialiste.

Il a prêché l’idéologie bourgeoise, les concepts bourgeois de liberté, d’égalité, de fraternité et d’humanité. Il inculque au peuple soviétique la métaphysique et l’idéalisme bourgeois, ainsi que les idées réactionnaires que représentent l’individualisme, l’humanisme et le pacifisme de la bourgeoisie ; il ruine la morale socialiste ; la culture décadente bourgeoise de l’Occident connaît la vogue, tandis que la culture socialiste est mise à l’écart et attaquée.

Sous le couvert de la « coexistence pacifique », Khrouchtchev s’est entendu avec l’impérialisme américain, a miné le camp socialiste et le mouvement communiste international, s’est opposé à la lutte révolutionnaire des nations et des peuples opprimés, a pratiqué le chauvinisme de grande puissance et l’égoïsme national, trahi l’internationalisme prolétarien. Et tout cela afin de maintenir les intérêts acquis fondamentaux des peuples de l’Union soviétique, du camp socialiste et du monde entier.

La ligne adoptée par Khrouchtchev est révisionniste à cent pour cent. Elle a non seulement poussé d’anciens éléments bourgeois à se déchaîner, mais a encore engendré un grand nombre de nouveaux éléments bourgeois parmi les cadres dirigeants du Parti et du gouvernement soviétiques, parmi les responsables des entreprises d’État et des kolkhozes, ainsi que parmi les intellectuels occupant de hautes positions dans les domaines de la culture, de l’art, de la science et de la technologie.

Dans l’Union soviétique d’aujourd’hui, les nouveaux éléments bourgeois ont grandi en nombre d’une manière sans précédent et leur situation sociale a radicalement changé. Avant l’arrivée de Khrouchtchev au pouvoir, ils ne dominaient pas dans la société soviétique. Leurs activités étaient limitées et sanctionnées.

Mais, depuis que Khrouchtchev a pris le pouvoir et usurpé graduellement la direction du Parti et de l’État, ces nouveaux éléments bourgeois sont parvenus à des positions dominantes au sein du Parti et du gouvernement et dans les domaines économique, culturel et autres, et sont devenus une couche privilégiée de la société soviétique.

Cette couche privilégiée est l’élément principal de la bourgeoisie dans l’Union soviétique de nos jours et la principale base sociale de la clique révisionniste de Khrouchtchev. Et celle-ci est le représentant politique de la bourgeoisie soviétique, en particulier de la couche privilégiée de cette classe.

De l’autorité centrale aux autorités locales, des organismes dirigeants du Parti et du gouvernement aux secteurs économiques, aux institutions culturelles et aux établissements d’enseignement, la clique révisionniste de Khrouchtchev a procédé à des épurations successives dans tout le pays, révoqué et remplacé un grand nombre de cadres, écarté ceux qui n’ont pas sa confiance et installés ses créatures aux postes de direction.

Voyons, par exemple, le Comité central du P.C.U.S. Les chiffres montrent qu’à l’issue des XXe et XXIIe Congrès du P.C.U.S. réunis respectivement en 1956 et 1961, près de 70 pour cent de ses membres élus par le XIXe Congrès du P.C.U.S. en 1952 ont été éliminés. Et près de 50 pour cent de ses membres élus par le XXe Congrès ont été épurés au XXIIe Congrès.

Autre exemple : les organisations locales des divers échelons. Selon les chiffres incomplets, à la veille du XXIIe Congrès du P.C.U.S., la clique révisionniste de Khrouchtchev tira prétexte du « renouvellement des cadres » pour révoquer et remplacer 45 pour cent des membres des comités centraux des républiques fédérées, des comités du Parti des territoires et régions, et 40 pour cent des membres des comités municipaux et des comités d’arrondissements.

En 1963, sous prétexte de constituer des « comités du parti pour l’industrie » et des « comités du parti pour l’agriculture », la clique de Khrouchtchev a révoqué et remplacé plus de la moitié des membres des comités centraux des républiques fédérées et des comités du Parti des régions.

Toutes ces mutations ont permis à la couche privilégiée de contrôler le Parti, le gouvernement et les autres secteurs importants.

Cette couche privilégiée a transformé en prérogatives la fonction qui était de servir le peuple afin de soumettre les masses populaires à sa domination, et elle abuse de son pouvoir de gestion des moyens de production et d’existence, afin de poursuivre ses propres intérêts.

Elle s’est approprié les fruits du labeur du peuple soviétique, et elle a des revenus qui sont de dizaines de fois, voire plus de cent fois, supérieur à ceux des ouvriers et des paysans ordinaires.

Non seulement elle s’assure de grosses rentrées, sous forme de hauts traitements, de primes élevées, d’importants droits d’auteur, et d’une grande variété de subsides, mais elle use également de ses prérogatives pour frauder, accepter des pots-de-vin et s’approprier les biens publics. Complètement coupée du peuple travailleur soviétique, elle vit en parasite une existence bourgeoise et corrompue.

Cette couche privilégiée a complètement dégénéré sur le plan idéologique, elle a rompu totalement avec les traditions révolutionnaires du parti bolchévik et a rejeté les idéaux sublimes de la classe ouvrière soviétique. Elle est contre le marxisme-léninisme et le socialisme.

Elle a trahi la révolution et n’admet pas que les autres fassent la révolution. Elle ne songe qu’à consolider ses positions économiques et sa domination politique. Elle n’a d’activités qu’en fonction de ses intérêts privés.

Après avoir usurpé la direction du Parti et de l’Etat soviétique, la clique Khrouchtchev a entrepris de transformer le P.C.U.S., parti marxiste-léniniste au glorieux passé révolutionnaire, en un parti révisionniste, de transformer l’Etat soviétique de dictature du prolétariat en un Etat sous la dictature de la clique révisionniste de Khrouchtchev, de transformer progressivement la propriété socialiste du peuple tout entier et la propriété collective socialiste en une propriété de la couche privilégiée.

On sait qu’après que la clique de Tito se fut engagée sur la voie du révisionnisme en dépit de l’enseigne « socialiste » qu’elle continue d’arborer, la Yougoslavie a vu se former graduellement une bourgeoisie bureaucratique opposée au peuple yougoslave ; d’un Etat de dictature du prolétariat, elle est devenue un Etat de dictature de la bourgeoise bureaucratique ; et son économie socialiste à propriété publique s’est transformée en capitalisme d’Etat.

Et on voit maintenant que la clique de Khrouchtchev a emprunté la voie parcourue par la clique Tito. Khrouchtchev tient Belgrade pour un lieu saint, il a exprimé à plusieurs reprises le désir d’étudier l’expérience de la clique Tito et déclaré que lui-même et la clique Tito « ont une seule et même idéologie et sont guidés par la même théorie ». Rien d’étonnant à cela.

Le premier Etat socialiste du monde créé par le grand peuple soviétique au prix de son sang est placé aujourd’hui par le révisionnisme de Khrouchtchev devant un danger d’une gravité sans précédent, celui de la restauration du capitalisme.

La clique Khrouchtchev propage qu’« il n’y a plus de classes antagonistes ni de lutte de classe en Union soviétique », simplement pour masquer la réalité de la cruelle lutte de classe qu’elle mène contre le peuple soviétique.

La couche privilégiée soviétique que représente la clique révisionniste de Khrouchtchev ne constitue qu’un faible pourcentage de la population soviétique. Elle n’est qu’une infime minorité des rangs des cadres soviétiques. Elle est diamétralement à l’opposé du peuple qui constitue plus de 90 pour cent de la population, elle est à l’opposé des larges masses des cadres et des communistes soviétiques. Les contradictions entre elle et le peuple sont actuellement les principales contradictions existant en U.R.S.S., contradictions de classe inconciliables et de caractère antagoniste.

Le glorieux P.C.U.S., fondé par Lénine, et le grand peuple soviétique ont fait montre, au cours de la Révolution socialiste d’Octobre, d’un esprit créateur révolutionnaire inconnu dans l’histoire, et ont été héroïques dans l’âpre combat mené contre les gardes blancs et l’intervention armée menée par plus de dix puissances impérialistes.

Ils ont obtenu de brillants succès qui sont sans précédent dans la lutte pour l’industrialisation, pour la collectivisation de l’agriculture. Dans la guerre patriotique contre le fascisme allemand, ils ont remporté une grande victoire qui sauva l’humanité tout entière.

Même sous la domination de la clique Khrouchtchev, la masse des membres du P.C.U.S. et le peuple poursuivent les glorieuses traditions révolutionnaires cultivées par Lénine et Staline, s’en tiennent au socialisme et aspirent au communisme.

La grande masse des ouvriers, des kolkhoziens et des intellectuels soviétiques exhale son mécontentement face à l’oppression et à l’exploitation exercées par la couche privilégiée. Elle discerne de plus en plus clairement le visage révisionniste de la clique Khrouchtchev qui a trahi le socialisme et prépare la restauration du capitalisme.

Parmi les cadres soviétiques nombreux sont ceux qui s’en tiennent toujours aux positions révolutionnaires du prolétariat et à la voie socialiste, qui sont fermement contre le révisionnisme de Khrouchtchev.

La grande masse du peuple, des communistes et des cadres soviétiques use de tous les moyens possibles pour contrecarrer et combattre la ligne révisionniste de la clique Khrouchtchev, afin d’empêcher celle-ci de restaurer le capitalisme à sa guise. Le grand peuple soviétique lutte pour défendre les glorieuses traditions de la grande Révolution d’Octobre, pour sauvegarder les grandes conquêtes socialistes et briser le complot de restauration du capitalisme.

DE L’« ÉTAT DU PEUPLE TOUT ENTIER »

Au XXIIe Congrès du P.C.U.S., Khrouchtchev a ouvertement arboré l’étendard de l’opposition à la dictature du prolétariat, proclamant le remplacement de l’Etat de la dictature du prolétariat par un « État du peuple tout entier ». Il est dit dans le Programme du P.C.U.S. que « la dictature du prolétariat… a cessé d’être une nécessité en U.R.S.S. L’État a surgi comme État de la dictature du prolétariat, s’est converti à l’étape actuelle en État du peuple tout entier ».

Tous ceux qui ont quelques notions de marxisme-léninisme savent que l’État est un concept de classe. Lénine a dit :

« Ainsi, le trait distinctif de l’État, c’est l’existence d’une classe particulière d’individus détenant le pouvoir » [30].

L’État est une arme de la lutte de classe, une machine au moyen de laquelle une classe en opprime une autre. Chaque État est un État de dictature d’une classe donnée. Aussi longtemps qu’il existe, il est impossible à l’État d’être au-dessus des classes ou d’être au peuple tout entier.

Le prolétariat et son parti n’ont jamais dissimulé leurs points de vue. Ils proclament de façon nette et précise que la révolution socialiste prolétarienne a pour objectif de renverser la domination bourgeoise et d’instaurer la dictature du prolétariat, et qu’après la révolution socialiste victorieuse, le prolétariat et son parti doivent œuvrer sans défaillance à l’accomplissement des tâches historiques de la dictature du prolétariat, éliminer toutes les classes et les différences de classe, pour permettre à l’État de dépérir.

Seuls la bourgeoisie et ses partis cherchent par tous les moyens à cacher la nature de classe du pouvoir et s’évertuent à présenter l’appareil d’État qu’ils contrôlent comme appartenant au « peuple tout entier » et étant « au-dessus des classes », pour essayer de mystifier les masses.

Le fait que Khrouchtchev a annoncé l’abolition de la dictature du prolétariat en Union soviétique et proclamé l’« État du peuple tout entier » montre qu’il a remplacé la doctrine marxiste-léniniste de l’État par des mensonges bourgeois.

Des marxistes-léninistes ayant critiqué ses inepties, la clique révisionniste de Khrouchtchev s’empressa de se justifier et s’évertua à fabriquer des fondements « théoriques » pour l’« État du peuple tout entier ». Elle prétend maintenant que la période historique de la dictature du prolétariat dont parlaient Marx et Lénine n’a trait qu’à la période du passage du capitalisme au premier stade du communisme et non à son stade supérieur.

Elle prétend en outre que « la dictature du prolétariat perd sa raison d’être avant que ne disparaisse l’État » [31] et qu’après la dictature du prolétariat, il y a encore un stade, celui de l’« État du peuple tout entier ».

C’est de la sophistication pure et simple.

Dans sa « Critique du programme de Gotha », Marx a formulé la célèbre thèse de la dictature du prolétariat, État de la période du passage du capitalisme au communisme. Et Lénine a clairement expliqué cette thèse marxiste.

Il a dit :

« Marx a écrit dans sa Critique du programme de Gotha : ‘Entre la société capitaliste et la société communiste se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. A quoi correspond une période de transition politique où l’État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat’. Jusqu’à présent, cette vérité était hors de discussion pour les socialistes ; or, elle implique la reconnaissance de l’État jusqu’au moment où le socialisme victorieux sera passé au communisme intégral » [32].

Lénine disait en outre :

« Ceux-là seuls ont assimilé l’essence de la doctrine de Marx sur l’État, qui ont compris que la dictature d’une classe est nécessaire non seulement pour toute société de classes en général, non seulement pour le prolétariat qui aura renversé la bourgeoisie, mais encore pour toute la période historique qui sépare le capitalisme de la ‘société sans classes’, du communisme » [33].

Il est parfaitement clair que la période historique où existe l’Etat de dictature du prolétariat, dont parlaient Marx et Lénine, ne couvre pas seulement, comme le prétend la clique révisionniste de Khrouchtchev, la période du passage du capitalisme au premier stade du communisme, mais se rapporte à la période du passage du capitalisme « communisme intégral », où toutes les différences de classe auront été éliminées et où la « société sans classes », aura été instaurée, c’est-à-dire la période du passage du capitalisme au stade supérieur du communisme.

Il est tout aussi évident que l’État de la période de transition dont ont parlé Marx et Lénine ne peut être que la dictature du prolétariat et non quelque chose d’autre. La dictature du prolétariat est la forme d’État de la période du passage du capitalisme au stade supérieur du communisme, et également la dernière forme d’État de l’histoire de l’humanité.

Le dépérissement de la dictature du prolétariat signifie la disparition de l’État. Lénine a dit : « De toute l’histoire du socialisme et de la lutte politique, Marx a déduit que l’État devrait disparaître et que la forme transitoire de sa disparition (passage de l’État au non-Etat) sera ‘le prolétariat organisé en classe dominante’ » [34].

Au cours de l’histoire, la dictature du prolétariat peut prendre différentes formes dans tel ou tel pays, à telle ou telle période, mais elle restera inchangée dans sa nature. Lénine a dit :

« Le passage du capitalisme au communisme ne peut évidemment manquer de fournir une grande abondance et une large diversité de formes politiques, mais leur essence sera nécessairement une : la dictature du prolétariat » [35].

On voit également que soutenir que la dictature du prolétariat perd sa raison d’être avant que ne disparaisse l’État et qu’après la disparition de la dictature du prolétariat, il y aura encore un stade, celui de l’« État du peuple tout entier », n’a absolument rien à voir avec les vues de Marx et Lénine, que ce n’est là qu’une invention du révisionnisme Khrouchtchev.

En défendant leurs vues anti-marxistes-léninistes, des membres de la clique révisionniste de Khrouchtchev se sont donné beaucoup de mal pour trouver une phrase de Marx et l’ont déformée en l’isolant de son contexte.

Ils prétendent que « la nature de l’Etat [Staatwesen – en allemand] futur dans la société communiste » mentionné par Marx dans sa « Critique du programme de Gotha » est « l’‘État dans la société communiste’ qui n’est plus la dictature du prolétariat » [36]. Ils ont affirmé présomptueusement que les Chinois n’oseraient pas citer cette phrase de Marx. La clique révisionniste de Khrouchtchev considère, semble-t-il, cette phrase de Marx comme pouvant effectivement leur être de quelque utilité.

Il semble que Lénine a prévu que les révisionnistes recourraient à cette phrase pour altérer le marxisme. Il en a donné une remarquable explication dans le cahier « Le Marxisme au sujet de l’État ».

« La dictature du prolétariat, dit-il, est une ‘période de transition politique’ », « mais Marx continue de parler de « la nature de l’État [Staatwesen, en allemand] futur dans la société communiste’ !! N’y a-t-il pas là une contradiction ? » « Non », répond Lénine. Il a ensuite fait le schéma des trois étapes du processus de développement, depuis l’État bourgeois jusqu’au dépérissement de l’État :

La première : dans la société capitaliste, la bourgeoisie a besoin d’un État, et c’est l’État bourgeois.

La deuxième : dans la période du passage du capitalisme au communisme, le prolétariat a besoin d’un État, et c’est l’État de dictature du prolétariat.

La troisième : dans la société communiste, l’État est superflu, il dépérit.

Lénine concluait en ces termes : « Conséquence logique et clarté absolues !! ».

Dans ce schéma ne figurent que l’État bourgeois, l’État de dictature du prolétariat et le dépérissement de l’État. C’est par là que Lénine a démontré qu’avec le communisme, l’État dépérira et que l’État deviendra non existant.

L’ironie, c’est qu’en justifiant ses erreurs, la clique révisionniste de Khrouchtchev en soit arrivée à citer, elle aussi, le même passage du cahier de Lénine, « Le Marxisme au sujet de l’État ». Et après l’avoir cité, voilà qu’elle déclare stupidement :

« Dans notre pays les deux premières étapes, telles que Lénine les a soulignées dans son jugement, sont déjà une chose du passé. En Union soviétique est apparu l’État du peuple tout entier – l’État communiste, c’est-à-dire, l’État du premier stade du communisme, qui ne cesse de se développer » [37].

Si les deux premières étapes dont parle Lénine sont devenues chose du passé en Union soviétique, l’État aurait déjà dû dépérir. Et d’où aurait surgi cet « État du peuple tout entier » ? Si l’État n’a pas dépéri, il ne peut être que la dictature du prolétariat et en aucun cas un « État du peuple tout entier ».

En défendant son « État du peuple tout entier », la clique révisionniste de Khrouchtchev ne cesse de calomnier la dictature du prolétariat, de prétendre qu’elle n’est pas démocratique. Elle affirme que la démocratie ne peut être développée et transformée en une « véritable démocratie du peuple tout entier » que si l’on substitue l’« État du peuple tout entier » à l’État de dictature du prolétariat.

Khrouchtchev va même jusqu’à se vanter de ce que l’abolition de la dictature du prolétariat montre la « ligne du développement maximum de la démocratie », que « la démocratie prolétarienne s’est de plus en plus transformée en démocratie socialiste du peuple » [38].

Ces propos montrent uniquement que leur auteur ignore totalement la théorie marxiste-léniniste sur l’État ou qu’il l’a déforme dans un but malhonnête.

Tous ceux qui ont quelques notions du marxisme-léninisme savent que, en tant que forme d’État, la démocratie est un concept de classe tout comme la dictature. Il ne peut y avoir que démocratie de classe et non « démocratie du peuple tout entier ».

Lénine dit :

« Démocratie pour l’immense majorité du peuple et répression par la force, c’est-à-dire exclusion de la démocratie pour les exploiteurs, les oppresseurs du peuple ; telle est la modification que subit la démocratie lors de la transition du capitalisme au communisme » [39].

Dictature à l’égard des classes exploiteuses et démocratie pour le peuple travailleur, voilà les deux aspects de la dictature du prolétariat. Seule la dictature du prolétariat permet à la démocratie des masses travailleuses de se développer et de s’étendre à un degré sans précédent. Sans dictature du prolétariat, il ne peut y avoir de vraie démocratie pour le peuple travailleur.

Là où il y a démocratie bourgeoise, il n’y a pas de démocratie prolétarienne ; et là où il y a démocratie prolétarienne, il n’y a pas de démocratie bourgeoise. L’une exclut l’autre. La chose est inévitable et il n’est pas de compromis.

Plus radicalement la démocratie bourgeoise est liquidée, plus la démocratie prolétarienne se développe. Or, aux yeux de la bourgeoisie, tout pays où cela se pratique est dépourvu de démocratie. Mais cela signifie, en fait, promouvoir la démocratie prolétarienne et éliminer la démocratie bourgeoise. Le développement de la démocratie prolétarienne élimine la démocratie bourgeoise.

La clique révisionniste de Khrouchtchev s’oppose à cette vue marxiste-léniniste fondamentale. Au fond, elle estime qu’il n’y a pas de démocratie tant que des ennemis sont soumis à la dictature, et que pour développer la démocratie, le seul moyen est d’abolir la dictature et la répression à l’égard de l’ennemi et d’instaurer la « démocratie du peuple tout entier ».

Cette vue sort du même moule que le concept de « démocratie pure », du renégat Kautsky.

Critiquant Kautsky, Lénine disait :

« La ‘démocratie pure’ est non seulement une formule d’ignorant qui ne comprend rien à la lutte des classes ni à la nature de l’Etat, mais encore une formule triplement creuse, car dans la société communiste, la démocratie, transformée et devenue une habitude, dépérira, mais ne sera jamais une démocratie ‘pure’ » [40].

Il fit remarquer aussi :

« Du despotisme à la démocratie bourgeoise, de la démocratie bourgeoise à la démocratie prolétarienne, de la démocratie prolétarienne à la non-démocratie – tel est le développement dialectique (processus) » [41].

Cela signifie qu’au stade supérieur du communisme, la démocratie prolétarienne disparaîtra avec l’élimination des classes et le dépérissement de la dictature prolétarienne.

Pour parler franchement, la « démocratie du peuple tout entier » autour de laquelle Khrouchtchev mène un grand tapage n’est, comme l’« État du peuple tout entier », que pure duperie. Si Khrouchtchev a ramassé les oripeaux de la bourgeoisie et des vieux révisionnistes pour les rapiécer et les frapper de son sigle, il l’a fait uniquement dans l’intention de tromper le peuple soviétique et les révolutionnaires du monde entier, et de masquer sa trahison de la dictature du prolétariat, son opposition au socialisme.

Qu’elle est l’essence même de son « État du peuple tout entier ? »

Khrouchtchev a supprimé la dictature du prolétariat et a instauré en Union soviétique la dictature de la clique révisionniste, dont il est la tête, c’est-à-dire la dictature d’une couche privilégiée de la bourgeoisie soviétique.

Son « État du peuple tout entier » n’est en rien un État de dictature du prolétariat, mais bien un État où sa petite clique révisionniste applique sa dictature à la grande masse des ouvriers, des paysans et des intellectuels révolutionnaires.

Sous la domination de la clique Khrouchtchev il n’y a pas la moindre démocratie pour le peuple travailleur ; il n’y a démocratie que pour la poignée de gens de la clique révisionniste de Khrouchtchev, pour la couche privilégiée, pour les nouveaux et les anciens éléments bourgeois.

Aussi, la « démocratie du peuple tout entier » est-elle une démocratie bourgeoise à cent pour cent, autrement dit, la dictature de la clique Khrouchtchev sur le peule soviétique.

Aujourd’hui, en Union soviétique, tous ceux qui restent fidèles à la position prolétarienne, s’en tiennent au marxisme-léninisme et ont le courage de parler, de résister et de lutter, sont surveillés, filés, ou assignés à comparaître, voire même arrêtés ou incarcérés. Ils sont aussi traités de « malades mentaux » et envoyés dans des « asiles d’aliénés ».

Tout dernièrement, la presse soviétique déclarait que des « luttes seront engagées » contre tous ceux qui manifeste le moindre mécontentement. Même ceux qui ne font que « des mots » à propos de la politique agricole de Khrouchtchev sont traités de « pourriture » et des « coups impitoyables » leur seront portés [42].

Ce qui est particulièrement étonnant, c’est que la clique révisionniste de Khrouchtchev en est venue à plusieurs reprises à recourir à la répression sanglante contre les ouvriers en grève et les masses qui résistaient.

La formule « supprimer la dictature du prolétariat et sauvegarder l’État de tout le peuple » montre le secret de la clique révisionniste de Khrouchtchev : s’opposer résolument à la dictature du prolétariat, tout en se cramponnant désespérément au pouvoir.

La clique révisionniste de Khrouchtchev se rend bien compte de l’extrême importance qu’il y a de détenir le pouvoir. Elle a besoin de l’appareil d’État pour réprimer le peuple travailleur et les marxistes-léninistes soviétiques.

Elle a besoin de l’appareil d’État pour paver la voie à la restauration du capitalisme en Union soviétique.

Voilà les buts qu’avait réellement Khrouchtchev lorsqu’il leva l’étendard de l’« État du peuple tout entier » et de la « démocratie du peuple tout entier ».

DU « PARTI DU PEUPLE TOUT ENTIER »

Au XXIIe Congrès du P.C.U.S., Khrouchtchev a aussi arboré ouvertement un autre étendard, celui de l’altération du caractère prolétarien du P.C.U.S. Il proclama la substitution du « parti du peuple tout entier », au parti du prolétariat. Le Programme du P.C.U.S. dit à ce sujet :

« Par suite de la victoire du socialisme en U.R.S.S., du renforcement de l’unité de la société soviétique, le parti communiste de la classe ouvrière est devenu l’avant-garde du peuple soviétique, le parti de tout le peuple ». La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. affirme que le Parti « est devenu une organisation politique du peuple tout entier ».

Affirmation absurde et ridicule !

L’abc du marxisme-léninisme nous apprend que, tout comme l’État, le parti politique est un instrument de la lutte de classes. Tous les partis politiques ont un caractère de classe. L’esprit de parti est l’expression concentrée du caractère de classes.

Il n’y a pas et il n’y a jamais eu de parti en marge des classes ou au-dessus d’elles, et il n’existe pas de « parti du peuple tout entier », qui ne représenterait pas les intérêts d’une certaine classe.

Un parti prolétarien est bâti conformément à la théorie révolutionnaire et au style révolutionnaire du marxisme-léninisme ; il est formé par les éléments d’avant-garde qui sont d’une fidélité à toute épreuve envers la mission historique du prolétariat ; il est le détachement avancé et organisé du prolétariat et la forme suprême de son organisation. Le parti du prolétariat représente les intérêts du prolétariat et est l’expression concentrée de sa volonté.

Le parti du prolétariat est également le seul parti qui puisse représenter les intérêts de plus de 90 pour cent de la population.

Ceci parce que les intérêts du prolétariat sont identiques à ceux des larges masses travailleuses ; parce qu’il est capable d’envisager les problèmes en fonction de la place que le prolétariat occupe dans l’histoire, en fonction des intérêts présents et futurs du prolétariat et des masses laborieuses ; et parce qu’il est capable d’envisager les problèmes en fonction des intérêts majeurs de l’écrasante majorité du peuple, qu’il est capable d’assumer une direction correcte conformément au marxisme-léninisme.

Le parti prolétarien comprend, outres les militants d’origine ouvrière, des militants issus d’autres classes. Mais ce n’est pas en tant que représentants d’autres classes que ceux d’origine non prolétarienne adhèrent au parti. Dès le jour de leur adhésion, il leur faut renoncer aux positions de leur classe originelle et se placer sur les positions du prolétariat. Marx et Engels ont dit :

« Si des gens issus d’autres classes adhèrent au mouvement prolétarien, la première condition est qu’ils ne doivent apporter avec eux aucun vestige des préjugés bourgeois, petits-bourgeois, etc., mais adopter de tout cœur la conception prolétarienne du monde » [43].

Il y a longtemps que tous ces principes fondamentaux touchant au caractère du parti prolétarien ont été mis en lumière par le marxisme-léninisme. Mais aux yeux de la clique révisionniste de Khrouchtchev, ce ne sont que des « formules stéréotypées », tandis que leur « parti du peuple tout entier » participerait du « développement dialectique et réaliste du parti » [44].

La clique révisionniste de Khrouchtchev s’est donné beaucoup de mal pour procurer quelques justifications au « parti du peuple tout entier ». Lors des entretiens entre les Partis chinois et soviétique en juillet 1963 et dans la presse soviétique, elle a affirmé qu’elle avait transformé le P.C.U.S. en un « parti du peuple tout entier » parce que :

1. Le P.C.U.S. « exprime les intérêts du peuple tout entier ».

2. Le peuple tout entier a accepté la conception marxiste-léniniste du monde, celle de la classe ouvrière, et l’objectif de la classe ouvrière, à savoir la construction du communisme, est devenu l’objectif du peuple tout entier.

3. Les rangs du P.C.U.S. sont formés par les meilleurs représentants des ouvriers, des kolkhoziens et des intellectuels. Le P.C.U.S. unit des communistes de plus de cent nationalités et races.

4. Les méthodes démocratiques utilisées dans les activités du Parti sont aussi en accord avec le caractère du parti du peuple tout entier.

On voit du premier coup d’œil que de toutes ces raisons imaginées par la clique révisionniste de Khrouchtchev, il n’en est aucune qui permette de dire qu’elle a traité avec sérieux une question qui est sérieuse.

Dans sa lutte contre les opportunistes qui parlaient à tort et à travers, Lénine déclara :

« Peut-on discuter sur un ton sérieux avec des gens manifestement incapables de traiter sérieusement des questions sérieuses ? C’est difficile, camarades, très difficile ! Cependant, une question dont certains sont incapables de parler sérieusement est par elle-même assez sérieuse pour qu’il ne soit pas inutile d’analyser même les réponses manifestement peu sérieuses qui lui sont faites » [45].

Maintenant, rien ne nous empêche d’analyser la réponse manifestement peu sérieuse donnée par la clique révisionniste de Khrouchtchev à une question aussi sérieuse que celle du parti du prolétariat.

Au dire de la clique révisionniste de Khrouchtchev, le parti communiste devrait devenir un « parti du peuple tout entier » parce qu’il exprime les intérêts de tout le peuple. En découlera-t-il que ce parti aurait dû être, dès le départ, un « parti du peuple tout entier », et non un parti du prolétariat ?

Au dire de la clique révisionniste de Khrouchtchev, le parti communiste devrait devenir un « parti du peuple tout entier » parce que le peuple tout entier a accepté la conception marxiste-léniniste du monde, celle de la classe ouvrière.

Mais comment peut-on affirmer que la conception marxiste-léniniste du monde est acceptée par tous dans cette société soviétique qui connaît une forte différenciation au sein des classes et une lutte de classes acharnée ? Les anciens et les nouveaux éléments bourgeois qui se comptent par dizaines de milliers chez vous, seraient-ils tous des marxistes-léninistes ?

Si, à vous en croire, le marxisme-léninisme est réellement devenu la conception du monde de tout le peuple, ne s’ensuit-il pas qu’il n’y a plus de différence entre parti et non-parti dans la société et que le parti n’a donc plus aucune raison d’être. Et dans ce cas, pourquoi un « parti du peuple tout entier » ?

Au dire de la clique révisionniste de Khrouchtchev, le parti communiste devrait devenir un « ‘parti du peuple tout entier » parce que ses membres sont des ouvriers, des paysans, des intellectuels de différentes nationalités et races. Se pourrait-il qu’avant son XXIIe Congrès, où le « parti du peuple tout entier » fut formulé, le P.C.U.S. n’avait pas de membres issus de classes autres que la classe ouvrière ? Se pourrait-il que les membres du Parti étaient d’une seule et même nationalité, à l’exclusion des autres nationalités et races ?

Si le caractère d’un parti était déterminé uniquement par la composition sociale de ses membres, n’en découlerait-il pas que les multiples partis politiques existant au monde, et dont les membres sont aussi issus de classes, nationalités et races différentes, sont tous des « partis du peuple tout entier » ?

Au dire de la clique révisionniste de Khrouchtchev, le parti est un « parti du peuple tout entier » parce que les méthodes qu’il utilise dans ses activités sont démocratiques de par leur nature. Le parti communiste a pour fondement, dès ses débuts, le principe du centralisme démocratique et il doit appliquer la méthode de la ligne de masse et la méthode démocratique de persuasion et d’éducation lorsqu’il entreprend son travail au sein du peuple. Partant, ne serait-il pas un « parti du peuple tout entier » depuis le jour même de sa fondation ?

Bref, de toutes les « raisons » invoquées par la clique révisionniste de Khrouchtchev, il n’en est pas une qui tienne debout.

Khrouchtchev ne s’est pas contenté de faire grand bruit au sujet du « parti du peuple tout entier » ; il a divisé le Parti en un « parti industriel » et un « parti agricole » sous prétexte d’« établir les organisations du Parti sur la base de la production » [46].

La clique révisionniste de Khrouchtchev affirme qu’elle a agi de la sorte parce que « dans les conditions du socialisme, l’économie est plus importante que la politique » [47] et qu’elle veut « placer les problèmes économiques et de production, dont la prédominance a été confirmée par tout le processus de l’édification du communisme, au centre des activités des organisations du Parti, et leur donner la priorité dans tout le travail de ces organisations » [48].

Khrouchtchev a déclaré : « Pour parler net, la principale chose dans le travail des organismes du Parti, c’est la production » [49]. Qui plus est, la clique révisionniste a prêté pareil point de vue à Lénine en prétendant qu’elle agit en accord avec les principes de Lénine.

Cependant, il suffit de connaître tant soit peu l’histoire du P.C.U.S. pour savoir qu’il ne s’agit pas du tout d’un point de vue de Lénine, mais, au contraire, d’un point de vue antiléniniste, du point de vue de Trotsky. Là également, Khrouchtchev est bel et bien un digne disciple de Trotsky.

Critiquant Trotsky et Boukharine, Lénine disait :

« la politique est l’expression concentrée de l’économie … la politique ne peut manquer d’avoir la primauté sur l’économie. Raisonner autrement c’est oublier l’abc du marxisme ». Il ajoutait : « … sans une position politique juste, une classe donnée ne peut pas maintenir sa domination et, par conséquent, elle ne peut pas non plus s’acquitter de sa tâche dans la production » [50].

Les faits sont on ne peut plus clairs, le véritable objectif poursuivi par la clique révisionniste de Khrouchtchev lorsqu’elle avance la formule du « parti du peuple tout entier » est de transformer radicalement le caractère prolétarien du P.C.U.S. et de faire du parti marxiste-léniniste un parti révisionniste.

Le grand P.C.U.S. se trouve devant un grave danger, celui de la dégénérescence d’un parti prolétarien en un parti bourgeois, d’un parti marxiste-léniniste en un parti révisionniste.

Lénine disait :

« Un parti qui veut exister ne peut tolérer la moindre tergiversation sur la question de son existence ni aucun compromis avec ceux qui pourraient l’enterrer » [51].

C’est précisément ce grave problème que la clique révisionniste de Khrouchtchev vient de poser de nouveau devant la masse des membres du grand P.C.U.S.

LE PSEUDO-COMMUNISME DE KHROUCHTCHEV

Au XXIIe Congrès du P.C.U.S., Khrouchtchev a proclamé l’entrée de l’Union soviétique dans la phase de l’édification en grand de la société communiste. Et d’ajouter : « … nous construirons la société communiste pour l’essentiel en vingt ans » [52]. C’est pure tromperie.

Comment peut-on parler de l’édification du communisme lorsque la clique révisionniste de Khrouchtchev mène l’Union soviétique dans la voie du retour au capitalisme et que le peuple soviétique court le grave danger de perdre les conquêtes socialistes ?

Le vrai but poursuivi par Khrouchtchev lorsqu’il hisse l’enseigne de l’« édification du communisme » est de masquer les traits réels de son révisionnisme. Cependant, dévoiler pareille tromperie n’est guère difficile. De même qu’un œil de poisson ne peut être confondu avec une perle, le révisionnisme ne peut se faire passer pour du communisme.

Le communisme scientifique a été défini de manière précise. Selon le marxisme-léninisme, la société communiste est une société d’où sont complètement abolies les classes et les différences de classes, où le peuple tout entier est parvenu à un haut degré de conscience politique et de moralité communistes, fait preuve d’une initiative et d’un enthousiasme débordants au travail, où les produits sociaux se trouvent en grande abondance, où prévaut le principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins », où l’État a dépéri.

Marx a affirmé :

« Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l’asservissante subordination des individus à la division du travail, et avec elle, l’opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ; quand le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital ; quand, avec le développement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec abondance, alors seulement l’horizon borné du droit bourgeois pourra être définitivement dépassé et la société pourra écrire sur ses drapeaux : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! » [53].

Selon la théorie marxiste-léniniste, le maintien de la dictature du prolétariat durant la période de la société socialistes a précisément pour but la progression vers le communisme, Lénine a dit :

« La marche en avant, c’est-à-dire vers le communisme, se fait en passant par la dictature du prolétariat ; et elle ne peut faire autrement » [54].

Puisque la clique révisionniste de Khrouchtchev a abandonné la dictature du prolétariat en Union soviétique, cela signifie qu’il n’y a pas progression mais régression, pas de progression vers le communisme mais régression vers le capitalisme.

La progression vers le communisme signifie développement dans le sens de l’abolition de toutes les classes et des différences de classes. On n’imagine pas une société communiste qui aurait maintenu des classes, moins encore des classes exploiteuses.

Or, Khrouchtchev a fait s’accentuer la différenciation au sein des classes en épaulant une nouvelle bourgeoisie, en restaurant et développant le système d‘exploitation en Union soviétique. Une couche privilégiée de la bourgeoisie opposée au peuple soviétique occupe maintenant la place dominante au sein du Parti et du gouvernement et dans les domaines économique, culturel et autres. Y a-t-il là quoi que ce soit de communiste ?

La progression vers le communisme signifie développement dans le sens d’un système unitaire de propriété du peuple tout entier des moyens de production. On n’imagine pas une société communiste où coexisteraient plusieurs systèmes de propriété. Or, Khrouchtchev est en train de faire dégénérer graduellement les entreprises à propriété du peuple tout entier en entreprises à caractère capitaliste et la propriété collective des kolkhozes en économie de koulak. Y a-t-il là aussi quoi que ce soit de communiste ?

La progression vers le communisme signifie développement dans le sens de l’abondance extrême des produits sociaux et du principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». On n’imagine pas une société communiste fondée sur l’enrichissement d‘une poignée de gens et l’appauvrissement de la grande masse du peuple.

Sous le système socialiste, le grand peuple soviétique a développé les forces productives sociales à un rythme sans précédent. Cependant, le fléau révisionniste khrouchtchevien a causé de grands ravages à l’économie socialiste soviétique.

Se débattant dans d’innombrables contradictions, Khrouchtchev fait fréquemment volte-face, change de politique en matière d’économie du jour au lendemain, plongeant l’économie nationale soviétique dans le chaos.

Khrouchtchev est un incorrigible dissipateur. Il a dilapidé toutes les réserves alimentaires accumulées au temps de Staline et introduit de grandes difficultés dans la vie du peuple soviétique. Il a dénaturé et saboté le principe de répartition socialiste : « de chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail », permettant ainsi à une poignée de gens de s’approprier les fruits du labeur de la grande masse du peuple soviétique. Rien que sous cet angle-là, on constate que la voie prise par Khrouchtchev est éloignée du communisme.

La progression vers le communisme signifie développement dans le sens de l’élévation constante de la conscience politique communiste des masses populaires. On n’imagine pas une société communiste où les idées bourgeoises se répandent sans frein.

Or, Khrouchtchev fait du zèle pour ressusciter l’idéologie bourgeoise en Union soviétique et agit comme un missionnaire en faveur de la culture décadente américaine.

Prônant le stimulant matériel, il a réduit les rapports entre les hommes à des rapports d’argent et développé l’individualisme et l’égoïsme. C’est lui qui a déconsidéré à nouveau le travail manuel et rendu gloire aux jouissances tirées de l’appropriation des fruits du labeur d’autrui. Le climat moral et les mœurs encouragés par Khrouchtchev sont à dix mille lieues du communisme.

La progression vers le communisme signifie développement dans le sens du dépérissement de l’État. On n’imagine pas une société communiste dotée d’un appareil d’État servant à opprimer le peuple.

L’État de dictature du prolétariat n’est plus l’État au sens originel, car ce n’est plus un appareil utilisé par une minorité d’exploiteurs pour opprimer l’écrasante majorité du peuple, mais un appareil assurant la démocratie à cette dernière en exerçant la dictature uniquement sur une infime minorité d’exploiteurs.

En modifiant le caractère du pouvoir soviétique, Khrouchtchev fait dégénérer la dictature du prolétariat en un instrument par lequel une poignée d’éléments bourgeois, la couche privilégiée, exerce une dictature sur les larges masses ouvrières, paysannes et intellectuelles soviétiques. Khrouchtchev continue à renforcer son appareil d’État dictatorial et à intensifier sa répression du peuple soviétique. Parler de communisme dans de telles conditions tient vraiment de la raillerie.

La comparaison entre tout cela et les principes du communisme scientifique fait ressortir aussitôt que la clique révisionniste de Khrouchtchev détourne en tout l’Union soviétique de la voie du socialisme et l’amène sur la voie du capitalisme, et par conséquent, l’éloigne de plus en plus, au lieu de la rapprocher, de l’objectif communiste : « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

Khrouchtchev nourrit des buts inavoués en arborant son panneau communiste. Il l’utilise non seulement pour mystifier le peuple soviétique et maquiller la restauration du capitalisme, mais aussi pour mystifier le prolétariat international, les révolutionnaires du monde entier et pour trahir l’internationalisme prolétarien.

C’est sous ce couvert que la clique Khrouchtchev s’est soustraire à son devoir internationaliste prolétarien, cherche à s’entendre avec l’impérialisme américain pour opérer le partage du monde, et qu’elle s’évertue à amener les pays frères socialistes à s’incliner devant ses propres intérêts, qu’elle leur interdit de combattre l’impérialisme, de soutenir la révolution des nations et des peuples opprimés, et qu’elle les soumet à son contrôle politique, économique et militaire pour les transformer en dépendances et colonies effectives.

Elle veut aussi amener toutes les nations et tous les peuples opprimés à s’incliner devant ses intérêts propres, renoncer à leurs luttes révolutionnaires, à ne pas troubler son beau rêve d’entente avec l’impérialisme pour le partage du monde, et à se soumettre à l’asservissement et à la pression de impérialistes sur leurs laquais.

Bref, « construire le communisme pour l’essentiel en vingt ans » en Union soviétique, ce mot d’ordre de Khrouchtchev est aussi hypocrite que réactionnaire.

Les Chinois « en sont arrivés même à mettre en doute le droit de notre Parti, de notre peuple de construire le communisme » [55], affirme la clique révisionniste de Khrouchtchev. C’est là une tentative d’une maladresse extrême qui vise à tromper le peuple soviétique et à saper l’amitié des peuples chinois et soviétique. Jamais nous n’avons douté que le grand peuple soviétique accédera un jour à la société communiste.

Cependant, la clique révisionniste de Khrouchtchev est en voie de détruire les conquêtes socialistes du peuple soviétique, et le frustre du droit de marcher au communisme. Dans ces conditions, au peuple soviétique ne se pose nullement la question de savoir comment édifier le communisme, mais de savoir comment combattre et contrecarrer les tentatives de restauration du capitalisme par Khrouchtchev.

La clique révisionniste de Khrouchtchev dit aussi que

« nous incriminant le fait que notre Parti se donne pour tâche de lutter pour une vie meilleure du peuple, les dirigeants du P.C.C. font allusion à un ‘embourgeoisement’ et à une ‘dégénérescence’ de la société soviétique » [56].

C’est une tentative stupide et déplorable pour détourner le mécontentement exhalé par le peuple soviétique. Au peuple soviétique, nous souhaitons sincèrement une vie chaque jour meilleure. Mais le « souci du bien-être du peuple » et « laisser chacun vivre une belle vie » dont se vante Khrouchtchev est fausseté et démagogie à l’état pur.

Pour la masse du peuple soviétique, la vie entre les mains de Khrouchtchev est déjà suffisamment misérable. La clique révisionniste de Khrouchtchev recherche uniquement une « vie meilleure » pour les éléments de la couche privilégiée, pour les nouveaux et les anciens bourgeois d’Union soviétique.

Ces gens-là s’approprient les fruits du labeur du peuple soviétique et mènent une existence seigneuriale. C’est à cent pour cent qu’ils sont embourgeoisés.

Le « communisme » de Khrouchtchev est dans son essence une variante du socialisme bourgeois. Pour lui, le communisme n’est pas l’abolition totale des classes et des différences de classes, et il le décrit comme « un plat plein de produits du travail manuel et du travail spirituel, que chacun peut obtenir » [57].

Pour lui, la lutte de la classe ouvrière pour le communisme n’est pas une lutte pour l’émancipation totale de la classe ouvrière et de l’humanité toute entière, et il la décrit comme une lutte pour « un plat de goulasch ». Il n’y a plus la moindre trace de communisme scientifique dans son cœur, mais une société de bourgeois ignares et affreux.

Le « communisme » de Khrouchtchev a les États-Unis pour modèle. Il porte son imitation de leur mode d’exploitation capitaliste et de leur mode de vie bourgeois au rang d’une politique d’Etat. Il affirme qu’il « apprécie hautement » leurs réalisations. Il « se réjouit de ces réalisations et parfois les envie » [58].

Il porte aux nues une lettre de Garst, gros fermier américain, qui prône le système capitaliste [59], et prend en fait cette lettre pour programme dans le domaine tant agricole qu’industriel, et, plus particulièrement, il veut s’inspirer du principe du projet des entreprises capitalistes américaines.

Il témoigne d’une profonde admiration pour le mode de vie américain, prétendant que le peuple américain « ne vit pas mal » sous la domination et l’esclavage du capital monopoleur [60].

En outre, Khrouchtchev espère édifier le communisme avec des prêts accordés par l’impérialisme américain. Lors de son voyage aux États-Unis et en Hongrie, il a exprimé à maintes reprises son désir d’« obtenir des crédits du diable lui-même ».

On voit par là que le « communisme » de Khrouchtchev est un « communisme pour le goulasch » un « communisme au mode de vie américain », un « communisme bâti avec des crédits du diable ». Rien d’étonnant à ce que Khrouchtchev ait souvent déclaré aux représentants du capital monopoleur de l’Occident qu’un tel « communisme » une fois réalisé, « vous irez au communisme sans que je vous y invite » [61].

Rien de neuf dans ce communisme-là. C’est tout simplement un nom de rechange du capitalisme. Ce n’est qu’une étiquette, une enseigne, un placard publicitaire de la bourgeoisie. En se moquant des vieux partis révisionnistes qui se cachaient derrière l’enseigne du marxisme, Lénine disait :

« Là où le marxisme est populaire parmi les ouvriers, ce courant politique, ce parti ouvrier bourgeois’, invoquera avec véhémence le nom de Marx. On ne peut le leur interdire, comme on ne peut interdire à une firme commerciale de faire usage de n’importe quelle étiquette, de n’importe quelle enseigne publicitaire » [62].

Il est donc facile de comprendre pourquoi le « communisme » de Khrouchtchev est apprécié par l’impérialisme et le capital monopoleur. Le secrétaire d’État américain Dean Rusk a déclaré :

« … dans la mesure ou le goulasch, la deuxième paire de pantalon, et d’autres questions du genre, prennent davantage d’importance en Union soviétique, une certaine influence modératrice, je crois est apparue sur la scène actuelle » [63].

Le premier ministre britannique Home a affirmé de son côté :

« M. Khrouchtchev a dit que le communisme à la russe met l’éducation et le goulasch au premier plan. Voilà qui est bien ; le communisme pour le goulasch est préférable au communisme belliqueux, et je suis heureux de voir confirmer par là notre vue selon laquelle des communistes gros et aisés sont préférables à des communistes maigres et affamés » [64].

Le révisionnisme de Khrouchtchev répond entièrement aux besoins de la politique d’« évolution pacifique » que l’impérialisme américain pratique à l’égard de l’Union soviétique et des autres pays socialistes. Dulles disait :

« on constate en Union soviétique l’apparition de forces qui tendent vers un plus grand libéralisme ; si elles persistaient, elles pourraient opérer un changement fondamental en Union soviétique même » [65].

Les forces libérales dont parlait Dulles sont des forces capitalistes. Le changement fondamental que souhaitait Dulles est la dégénérescence du socialisme en capitalisme. Khrouchtchev opère maintenant le « changement fondamental » dont rêvait Dulles.

Combien grands sont les espoirs que les impérialistes placent dans la restauration capitaliste en Union soviétique ! Et comme ils jubilent !

Que ces seigneurs impérialistes ne se réjouissent pas trop tôt !

Car aucun service rendu par la clique révisionniste de Khrouchtchev ne saurait préserver l’impérialisme de sa fin inéluctable. La clique dominante révisionniste souffre de la même maladie que la clique dominante impérialiste ; antagonistes envers les masses populaires qui représentent plus de 90 pour cent de la population, elles sont donc faibles et impuissantes et sont toutes deux des tigres en papier.

Pas plus que le bouddha en argile qui traverse à gué la rivière, la clique révisionniste de Khrouchtchev ne peut se sauver ; comment pourrait-elle prodiguer à l’impérialisme des bénédictions lui assurant longue vie ?

LES ENSEIGNEMENTS HISTORIQUES
DE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT

Le révisionnisme de Khrouchtchev a causé de graves préjudices au mouvement communiste international, mais en même temps il a éduqué par la négative les marxistes-léninistes et les révolutionnaires de partout dans le monde.

Si la grande Révolution d’Octobre a fourni aux marxistes-léninistes de tous les pays la plus importante expérience positive et frayé le chemin à la prise du pouvoir politique par le prolétariat, le révisionnisme de Khrouchtchev a, pour sa part, procuré aux marxistes-léninistes de tous les pays la plus importante expérience négative, leur permettant ainsi de tirer les leçons qui s’imposaient pour empêcher la dégénérescence du parti prolétarien et des pays socialistes.

Tout au long de l’histoire, les révolutions de tous les pays ont subi des revers et connu des tours et des détours. Lénine disait :

« si l’on considère le fond de la question, a-t-on jamais vu dans l’histoire qu’un nouveau mode de production ait réussi du premier coup, sans une longue suite d’insuccès, d’erreurs, de récidives ? » [66].

La révolution prolétarienne internationale a moins de cent ans d’histoire, si l’on compte à partir de 1871 où le prolétariat de la Commune de Paris tenta héroïquement, pour la première fois, de saisir le pouvoir, ou à peine un demi-siècle, si l’on compte à partir de la Révolution d’Octobre.

Elle est la plus grande révolution de l’histoire de l’humanité, celle qui remplace le capitalisme par le socialisme, la propriété privée par la propriété publique et extirpe les systèmes d’exploitation et les classes exploiteuses. Il est donc tout naturel qu’une révolution aussi bouleversante ait à passer par des luttes de classes sérieuses et acharnées, et il est inévitable que le cours qu’elle a à emprunter soit long, qu’il ait des zigzags et passe par des vicissitudes.

L’histoire a connu des cas de défaite subie par le régime prolétarien face à la répression armée de la bourgeoisie, par exemple la Commune de Paris et la République des Soviets de Hongrie en 1919. L’époque contemporaine aussi a vu éclater la rébellion contre-révolutionnaire en Hongrie, en 1956, lorsque le pouvoir du prolétariat fut presque renversé.

Cette forme-là de restauration capitaliste est aisément décelable, on est sur ses gardes, on maintient une vigilance plus grande.

Toutefois, lorsqu’il s’agit d’une autre forme de restauration capitaliste, on ne peut la déceler aisément, et souvent on ne se garde pas et on manque de vigilance ; celle-là présente donc un danger bien plus grand.

C’est de ceci qu’il s’agit : l’État de dictature du prolétariat prend la voie du révisionnisme, la voie de l’« évolution pacifique », par suite de la dégénérescence de la direction du Parti et de l’État. Une leçon de ce genre nous a été fournie il y a longtemps par la clique révisionniste de Tito qui a fait dégénérer la Yougoslavie socialiste en pays capitaliste. Cependant, la leçon yougoslave n’a pas suffi à éveiller la pleine attention des gens. Certains ont pu penser que c’était peut-être accidentel.

Mais la clique révisionniste de Khrouchtchev a usurpé la direction du Parti et de l’État et le grave danger de la restauration capitaliste est là, en Union soviétique, le pays de la grande Révolution d’Octobre et de plusieurs décennies d’édification socialiste.

C’est un cri d’alarme lancé à tous les pays socialistes, y compris la Chine, et à tous le partis communistes et ouvriers, dont le P.C.C. La plus grande attention a inévitablement été éveillée et les marxistes-léninistes et les révolutionnaires du monde entier ont à réfléchir sérieusement et à maintenir une haute vigilance.

L’apparition du révisionnisme de Khrouchtchev est un fait à la fois négatif et positif. Tant que les pays où le socialisme a triomphé et ceux qui s’engageront dans la voie socialiste étudient sérieusement les leçons de l’« évolution pacifique » pratiquée en Union soviétique par la clique révisionniste de Khrouchtchev et adoptent des mesures appropriées, ils seront à même non seulement de repousser toute attaque armée de l’ennemi, mais aussi de prévenir l’« évolution pacifique ». Et la victoire de la révolution prolétarienne mondiale n’en sera que plus certaine.

Le P.C.C. a quarante-trois ans d’histoire. Durant la longue période de la lutte révolutionnaire, notre Parti a combattu à la fois les erreurs opportunistes de droite et les erreurs opportunistes « de gauche », et il a donné à son Comité central une direction marxiste-léniniste ayant le camarade Mao Tsé-toung à sa tête.

Le camarade Mao Tsé-toung a étroitement uni la vérité universelle du marxisme-léninisme et la pratique concrète de la révolution et de l’édification chinoises, et il a mené le peuple chinois de victoire en victoire. Le Comité central du P.C.C. et le camarade Mao Tsé-toung nous ont enseigné comment lutter inlassablement sur le plan tant théorique et politique que de l’organisation et du travail pratique pour combattre le révisionnisme et prévenir la restauration capitaliste.

Le peuple chinois a livré une longue lutte armée révolutionnaire et a de glorieuses traditions révolutionnaires. L’Armée populaire chinoise de Libération est armée par la pensée de Mao Tsé-toung et elle est la chair de la chair du peuple. La grande masse des cadres du P.C.C. a été éduquée et forgée dans les mouvements de rectification du style de travail et dans l’âpre lutte de classe. Tous ces facteurs rendent la restauration capitaliste très difficile dans notre pays.

Notre société est-elle donc impeccablement propre ? Non, elle ne l’est pas. Classes et luttes de classes y existent encore, les classes réactionnaires renversées y complotent encore leur retour, les anciens et les nouveaux éléments bourgeois y spéculent encore et les déprédateurs, dilapidateurs et éléments dégénérés s’y livrent encore à des attaques désespérées.

Il y a aussi des cas de dégénérescence dans un petit nombre d’organisations de base ; qui plus est, les éléments dégénérés font tout pour se trouver des protecteurs et agents au sein des organismes des échelons supérieurs. Nous ne devons relâcher en rien notre vigilance envers ces manifestations et devons toujours être pleinement sur nos gardes.

La lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, entre les forces capitalistes qui veulent un retour en arrière et les forces qui les combattent, est inévitable dans les pays socialistes. Mais la restauration du capitalisme dans les pays socialistes et la dégénérescence des pays socialistes en pays capitalistes ne sont certainement pas inéluctables. Tant que nous disposons d’une juste direction et avons une juste compréhension du problème, que nous nous en tenons à la ligne révolutionnaire marxiste-léniniste, adoptons des mesures correctes et luttons longuement et inlassablement, nous pouvons empêcher la restauration capitaliste.

La lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste peut devenir ainsi une force motrice du développement social.

Comment la restauration du capitalisme peut-elle être prévenue ?

Le camarade Mao Tsé-toung a formulé une série de théories et de mesures politiques à propos de cette question, après avoir fait le bilan de l’expérience de la dictature du prolétariat en Chine et étudié l’expérience positive et négative d’autres pays, notamment celle de l’Union soviétique, conformément aux principes fondamentaux du marxisme-léninisme, et il a enrichi et développé ainsi la théorie marxiste-léniniste sur la dictature du prolétariat.

Voici l’essentiel des théories et des mesures politiques formulées à ce sujet par le camarade Mao Tsé-toung :

1. Nous devons appliquer la loi marxiste-léniniste de l’unité des contraires à l’étude de la société socialiste. La loi de contradiction inhérente aux choses, à savoir la loi de l’unité des contraires, est une loi fondamentale de la dialectique matérialiste. Elle régit aussi bien la nature, que la société humaine ou la pensée de l’homme.

Les contraires en contradiction s’unissent et se combattent, poussant les choses à se mouvoir et à se transformer. La société socialiste ne fait pas exception. Il y existe deux genres de contradictions sociales : les contradictions au sein du peuple et les contradictions entre nous et nos ennemis.

Ces deux genres de contradictions sont de nature entièrement différente, et les méthodes pour les résoudre doivent aussi être différentes. Leur juste solution permet de consolider chaque jour davantage la dictature du prolétariat, de consolider et développer continuellement la société socialiste.

Nombreux sont ceux qui admettent la loi de l’unité des contraires, mais sont incapables de l’appliquer à l’étude et à la solution des problèmes en société socialiste.

Ils refusent d’admettre qu’il y a des contradictions en société socialiste, qu’il y existe non seulement des contradictions entre nous et nos ennemis, mais aussi des contradictions au sein du peuple, et ils ne savent pas opérer de juste distinction entre ces deux genres de contradictions sociales, leur trouver une juste solution, et par conséquent, ils ne savent pas non plus traiter correctement la question de la dictature du prolétariat.

2. La société socialiste embrasse une très longue période historique. Classes, lutte de classes et lutte entre voie socialiste et voie capitaliste y existent toujours.

La révolution socialiste dans le seul domaine économique (en ce qui concerne la propriété des moyens de production) ne suffit pas, et n’assure pas d’ailleurs la stabilité. Il doit y avoir aussi révolution socialiste complète dans les domaines politique et idéologique.

La lutte pour savoir qui l’emportera, du socialisme ou du capitalisme, dans les domaines politique et idéologique exige une très longue période de temps avant qu’il ne soit décidé de son issue. Quelques dizaines d’années, sont nécessaires à la victoire. Question temps, mieux vaut donc se préparer à une période plutôt longue que courte.

Question travail, mieux vaut l’envisager comme une tâche plutôt difficile que facile. Il y a plus d’avantages que d’inconvénients à penser et agir de cette façon. Celui qui ne saisit pas clairement cette situation, ou ne la saisit pas du tout, commettra des erreurs énormes.

Dans cette période historique sociale, nous devons maintenir la dictature du prolétariat, mener la révolution socialiste jusqu’au bout si nous voulons empêcher la restauration capitaliste et entreprendre l’édification socialiste, afin de créer les conditions pour le passage au communisme.

3. La dictature du prolétariat est placée sous la direction de la classe ouvrière et basée sur l’alliance des ouvriers et des paysans.

Elle signifie que la classe ouvrière et, sous sa direction, le peuple, exercent leur dictature sur les classes réactionnaires, les réactionnaires et les éléments qui s’opposent à la transformation socialiste et à l’édification du socialisme. Le centralisme démocratique est appliqué dans le rang du peuple. Cette démocratie qui est nôtre est la démocratie la plus large qui soit, et qui est impossible dans n’importe quel État bourgeois.

4. Dans la révolution socialiste de l’édification socialiste, il est indispensable de s’en tenir à la ligne de masse, de mobiliser les masses sans réserve et de développer à grande échelle les mouvements de masse. La ligne de masse dite « Venir des masses et retourner aux masses » est la ligne fondamentale de tout le travail de notre Parti.

La ferme confiance dans la majorité du peuple est nécessaire et avant tout dans la majorité de la masse fondamentale des ouvriers et des paysans. Savoir consulter les masses dans notre travail est nécessaire et se garder de ne jamais se couper d’elles.

Le caporalisme et la condescendance doivent être combattus. La pleine et franche expression des avis au cours de grands débats est une importante forme de la lutte révolutionnaire, une forme de lutte pour résoudre les contradictions au sein du peuple et les contradictions entre nous et nos ennemis en comptant sur les masses.

5. Tant dans la révolution socialiste que dans l’édification du socialisme, il importe de donner une solution à la question de savoir sur qui s’appuyer, qui rallier et à qui s’opposer.

Le prolétariat et son avant-garde doivent faire une analyse de classe de la société socialiste, s’appuyer sur les forces réellement dignes de confiance fermement engagées dans la voie socialiste, gagner à leur cause le maximum d’alliées et s’unir avec le peuple, qui constitue plus de 95 pour cent de la population, dans la lutte commune entre les ennemis du socialisme.

Dans les régions rurales, même après la collectivisation de l’agriculture, s’appuyer sur les paysans pauvres et la couche inférieure des paysans moyens reste l’unique voie permettant de consolider la dictature du prolétariat et l’alliance ouvrière et paysanne, de défaire les forces capitalistes spontanément apparues, de renforcer et d’étendre continuellement les positions du socialisme.

6. Il est nécessaire de mener à grande envergure le mouvement d’éducation socialiste et de façon constante, à la ville comme à la campagne.

Dans ce mouvement d’éducation du peuple, nous devons savoir organiser les forces de classe révolutionnaires, élever leur conscience de classe, apporter une juste solution aux contradictions au sein du peuple et unir toutes les forces susceptibles d’être unies.

Dans ce mouvement, nous devons mener une lutte acharnée, qui rend coup pour coup, contre les forces capitalistes et féodales qui se montrent hostiles au socialisme, contre les propriétaires terriens, les paysans riches, les contre-révolutionnaires et les droitiers bourgeois, contre les déprédateurs, les dilapidateurs et les éléments dégénérés, refouler leurs attaques contre le socialisme et convertir la majorité d’entre eux en hommes nouveaux pour la rééducation.

7. L’une des tâches fondamentales de la dictature du prolétariat consiste à œuvrer au développement de l’économie socialiste.

Il est nécessaire de réaliser pas à pas la modernisation de l’industrie, de l’agriculture, de la science, de la technique et de la défense nationale, à la lumière du principe général du développement de l’économie nationale, qui a l’agriculture pour base et l’industrie pour facteur dirigeant. Il est nécessaire d’élever graduellement et de manière générale le niveau de vie du peuple sur la base du développement de la production.

8. La propriété du peuple tout entier et la propriété collective sont les deux formes de l’économie socialiste. Le passage de la propriété collective à celle du peuple tout entier, de deux genres de propriété à la propriété unique du peuple tout entier, suppose un assez long processus de développement.

Et la propriété collective elle-même grandit, passant d’un stade inférieur à un stade supérieur, d’une envergure réduite à une vaste envergure. La commune populaire créée par le peuple chinois est une forme d’organisation propre à résoudre cette question du passage.

9. La politique « Que cent fleurs s’épanouissent et que cent écoles rivalisent » stimule le développement de l’art et le progrès de la science, elle stimule l’épanouissement de la culture socialiste. L’éducation doit être au service de la politique du prolétariat et doit être combinée avec le travail productif.

Les travailleurs doivent approfondir leur acquis intellectuel et les intellectuels doivent faire corps avec les travailleurs. La promotion de l’idéologie prolétarienne et la destruction de l’idéologie bourgeoise dans les domaines scientifiques, culturel, artistique et de l’éducation impliquent une lutte de classe prolongée et acharnée.

Par la révolution culturelle et la pratique révolutionnaire de la lutte de classe, du combat pour la production et de l’expérimentation scientifique, nous devons créer une grande armée d’intellectuels de la classe ouvrière, au service du socialisme et à la fois rouges et experts (conscients politiquement et professionnellement compétents).

10. Nous devons nous en tenir au système participatif des cadres au travail productif collectif. Les cadres de notre Parti et de notre Etat sont des travailleurs ordinaires ; ce ne sont pas des seigneurs pesant de tout leur poids sur le peuple. En prenant part au travail productif collectif, les cadres maintiennent de la façon la plus large des liens constants et étroits avec le peuple travailleur. C’est là une mesure majeure, d’importance fondamentale, en régime socialiste, qui contribue à vaincre le bureaucratisme et à empêcher le révisionnisme et le dogmatisme.

11. Le système des hauts salaires ne doit jamais être appliqué à un petit nombre de gens. L’écart entre le revenu personnel des cadres du Parti, du gouvernement, des entreprises et des communes populaires, d’une part, et celui des masses populaires, de l’autre, ne doit pas être élargi mais réduit rationnellement et graduellement, et chaque cadre doit être mis dans l’impossibilité d’abuser de ses pouvoirs, de jouir de privilèges spéciaux.

12. Les forces armées populaires d’un pays socialiste doivent être maintenues sous la direction du parti prolétarien et la surveillance des masses populaires, et doivent perpétuer les glorieuses traditions qui sont celles d’une armée du peuple, préserver l’unité entre l’armée et le peuple, entre les officiers et les soldats.

Nous devons nous en tenir au système où les officiers vont servir comme simples soldats. Nous devons pratiquer la démocratie en matière militaire, politique et économique. En outre, l’organisation et l’entraînement de la milice doivent être généralisés afin de faire de la nation tout entière une nation en armes. Les fusils doivent être à jamais entre les mains du Parti et du peuple et on ne peut en aucun cas les laisser devenir l’instrument des arrivistes.

13. Les organismes de la sécurité publique du peuple doivent être maintenus sous la direction du parti prolétarien et la surveillance des masses populaires. Il faut appliquer la politique consistant à compter sur les efforts conjugués des organismes de sécurité et des larges masses dans la lutte pour la défense des conquêtes du socialisme et des intérêts du peuple, afin qu’aucun élément malfaisant ne puisse échapper et qu’aucun honnête homme ne soit lésé.

Tous les contre-révolutionnaires, une fois découverts, doivent être réprimés, et toutes les erreurs commises redressées.

14. En politique étrangère, il est nécessaire de maintenir l’internationalisme prolétarien, de combattre le chauvinisme de grande puissance et l’égoïsme national. Le camp socialiste est le produit de la lutte du prolétariat mondial et des peuples travailleurs.

Il n’appartient pas seulement aux peuples des pays socialistes, mais aussi au prolétariat mondial et aux peuples travailleurs. Nous devons vraiment faire passer dans la réalité les mots d’ordre militants : « Prolétaires de tous pays, unissez-vous ! » et « Prolétaires et nations opprimées du monde, unissez-vous ! », combattre résolument la politique anticommuniste, antipopulaire et antirévolutionnaire de l’impérialisme et de la réaction mondiale, soutenir la lutte révolutionnaire de toutes les classes opprimées et de toutes les nations opprimées.

Les rapports entre pays socialistes doivent être fondés sur l’indépendance et l’égalité complète, sur le principe internationaliste prolétarien du soutien mutuel et de l’entraide. Chaque pays socialiste doit compter principalement sur ses propres efforts dans son œuvre d’édification.

Si un quelconque pays socialiste verse dans l’égoïsme national en politique étrangère, ou même travaille avec zèle au partage du monde de connivence avec l’impérialisme, il y a dégénérescence et trahison envers l’internationalisme prolétarien.

15. En tant qu’avant-garde du prolétariat, le parti communiste doit exister tant qu’existe la dictature du prolétariat. Le parti communiste est la forme d’organisation suprême du prolétariat. C’est par l’intermédiaire de sa direction que le prolétariat assume son rôle dirigeant. La direction du comité du Parti doit prévaloir en tant que système dans tous les secteurs.

Durant la période de la dictature du prolétariat, le parti prolétarien doit maintenir et resserrer les liens étroits qu’il a avec le prolétariat et les grandes masses travailleuses, maintenir et développer son vigoureux style révolutionnaire, s’en tenir au principe de l’union de la vérité universelle du marxisme-léninisme et de la pratique concrète de son propre pays, et persévérer dans la lutte contre le révisionnisme, le dogmatisme et les opportunismes de tout acabit.

A la lumière des enseignements historiques de la dictature du prolétariat, le camarade Mao Tsé-toung a fait ressortir :

« la lutte des classes, la lutte pour la production et l’expérience scientifique sont les trois grands mouvements révolutionnaires de l’édification d’un pays socialiste puissant.

Ces mouvements constituent une sûre garantie permettant aux communistes de se débarrasser du bureaucratisme, de se prémunir contre le révisionnisme et le dogmatisme et de demeurer toujours invincibles, une sûre garantie permettant au prolétariat de s’unir avec les larges masses travailleuses et de pratiquer une dictature démocratique.

Si, en l’absence de ces mouvements, on laissait se déchaîner les propriétaires fonciers, les paysans riches, les contre-révolutionnaires, les éléments malfaisants et les monstres en tous genres, tandis que nos cadres fermeraient les yeux et n’opéreraient même pas de distinction entre l’ennemi et nous dans nombre de cas, mais collaboreraient avec l’ennemi et se laisseraient gagner par la corruption et la démoralisation, si nos cadres étaient ainsi entraînés dans le camp ennemi ou si l’ennemi parvenait à s’infiltrer dans nos rangs, et si beaucoup de nos ouvriers, paysans et intellectuels étaient laissés sans défense face aux tactiques tant enveloppantes que brutales de l’ennemi, alors peu de temps se passerait, peut-être quelques années ou une décennie, et tout au plus quelques décennies, avant qu’une restauration contre-révolutionnaire n’ait inévitablement lieu à l’échelle nationale, que le parti marxiste-léniniste ne devienne un parti révisionniste ou un parti fasciste et que toute la Chine ne change » [67].

Le camarade Mao Tsé-toung montre que pour garantir notre Parti et notre pays contre ce changement, nous devons non seulement avoir une juste ligne et une juste politique, mais former et entraîner des millions de successeurs qui poursuivront la révolution prolétarienne.

En dernière analyse, former des successeurs pour la cause révolutionnaire du prolétariat consiste à savoir s’il existe une jeune génération capable de poursuivre la cause révolutionnaire marxiste-léniniste entamée par la vieille génération des révolutionnaires prolétariens, si la direction de notre Parti et de notre pays sera toujours entre les mains des révolutionnaires prolétariens, si nos descendants continueront à avancer dans la bonne voie tracée par le marxisme-léninisme, si nous pouvons parvenir à empêcher un révisionnisme à la Khrouchtchev de se manifester en Chine. Bref, la question est d’une importance fondamentale pour la cause révolutionnaire du prolétariat pour une période de cent, mille ou dix mille ans. Les changements intervenus en Union soviétique ont amené les prophètes impérialistes à placer leurs espoirs d’une « évolution pacifique » dans la troisième ou la quatrième génération du Parti chinois.

Nous devons faire mentir cette prophétie impérialiste. Nos organisations de partout, des échelons supérieurs aux échelons inférieurs, doivent attacher une attention soutenue à la formation et à l’entraînement des successeurs de la cause révolutionnaire.

Quelles sont les conditions requises des dignes successeurs de la cause révolutionnaire du prolétariat ?

Ils doivent être d’authentiques marxistes-léninistes et non, comme Khrouchtchev, des révisionnistes se parant du marxisme-léninisme.

Ils doivent être des révolutionnaires corps et âme au service de l’écrasante majorité de la population de la Chine et du monde, et non agir comme Khrouchtchev qui sert les intérêts d’une poignée de gens, de la couche privilégiée de la bourgeoisie de son pays, ainsi que les intérêts des impérialistes et des réactionnaires du monde entier.

Ils doivent être des hommes d’État prolétariens capables de s’unir avec l’écrasante majorité et de travailler de concert avec elle. Ils doivent non seulement s’unir avec ceux qui partagent leurs vues, mais encore savoir s’unir avec ceux qui ne les partagent pas, avec ceux qui leur étaient opposés et dont la pratique a prouvé l’erreur.

Cependant, ils doivent être particulièrement vigilants vis-à-vis des arrivistes et des conspirateurs du genre Khrouchtchev et les empêcher d’usurper la direction du Parti et de l’État à tous les échelons.

Ils doivent être des exemples dans l’application du centralisme démocratique du Parti, maîtriser la méthode de direction basée sur le principe de « venir des masses et retourner aux masses » et nourrir un style de travail démocratique qui les rend capables d’entendre les masses. Ils ne doivent pas, à l’instar de Khrouchtchev, saper le centralisme démocratique du Parti, se prévaloir d’un pouvoir autocratique, attaquer les camarades par surprise, refuser de comprendre et agir en dictateur.

Ils doivent être modestes et prudents, se prémunir contre l’arrogance et la présomption, être capables de se soumettre à l’autocritique et avoir le courage de corriger toutes les insuffisances et erreurs dans leur travail. Ils ne doivent en aucun cas celer leurs erreurs, s’attribuer tous les mérites et rejeter toutes les fautes sur autrui, à l’exemple de Khrouchtchev.

Les successeurs de la cause révolutionnaire du prolétariat, ce sont les luttes de masse qui les voient naître, et ce sont les grandes tempêtes révolutionnaires qui les forgent. Il faut savoir évaluer la valeur des cadres, choisir et former les successeurs au cours des luttes de masse prolongées.

Ces principes énoncés par le camarade Mao Tsé-toung constituent un développement créateur du marxisme-léninisme et ajoutent à l’arsenal théorique du marxisme-léninisme des armes nouvelles qui sont pour nous d’une importance décisive dans notre lutte pour prévenir toute restauration capitaliste. Tant que nous nous en tiendrons à ces principes, nous serons à même de consolider la dictature du prolétariat, d’assurer que notre Parti et notre État ne changeront jamais de nature, de mener à bien la révolution socialiste et l’édification du socialisme, de soutenir le mouvement révolutionnaire de tous les peuples pour renverser l’impérialisme et ses laquais, d’assurer le futur passage du socialisme au communisme.

[1] K. Marx : « Critique du programme de Gotha », Œuvres complètes de Marx et d’Engels, tome 19.

[2] V. I. Lénine : « L’Etat et la révolution », Œuvres, tome 25.

[3] Ibidem.

[4] V. I. Lénine : « La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », Œuvres, tome 28.

[5] V. I. Lénine : « Salut aux ouvriers hongrois », Œuvres, tome 29.

[6] « Marx à J. Weydemayer, 5 mars 1852 », Œuvres choisies de Marx et d’Engels (en deux volumes), tome II.

[7] K. Marx : « Critique du programme de Gotha », Œuvres complètes de Marx et d’Engels, tome 19.

[8] K. Marx : Les luttes de classes en France 1848-1850.

[9] V. I. Lénine : « Préface à l’édition du discours ‘Comment on trompe le peuple avec les mots d’ordre de liberté et d’égalité’ », Œuvres, tome 29.

[10] V. I. Lénine : « La Maladie infantile du communisme (le ‘gauchisme’) », Œuvres, tome 31.

[11] J. Staline : « Rapport au XVIIIe Congrès du P.C.(b) de l’U.R.S.S. », Les Questions du léninisme.

[12] Krasnaya Zvezda, 19 mai 1962.

[13] Pravda Vostoka, 8 octobre 1963.

[14] Pravda Ukrainy, 18 mai 1962.

[15] Izvestia, 20 octobre 1963 et Negelva (Izvestia, Supplément du dimanche), n° 12, 1964.

[16] Komsomolskaya Pravda, 9 août 1963.

[17] Kirghiz Soviet, 9 janvier 1962.

[18] Selskaya Zhizn, 26 juin 1962.

[19] Ekonomitcheskaya Gazeta, n° 35, 1963.

[20] Selskaya Zhizn, 14 août 1963.

[21] Pravda, 14 janvier 1962.

[22] Izvestia, 9 avril 1963.

[23] Sovietskaya Rossia, 9 octobre 1960.

[24] Izvestia, 18 octobre 1960.

[25] Selskaya Zhizn, 17 juillet 1963.

[26] Ekonomitcheskaya Gazeta, n° 27, 1963.

[27] Literaturnaya Gazeta, 27 juillet, 217 août 1963.

[28] Sovietskaya Rossia, 27 janvier 1961.

[29] V. I. Lénine : « Plan de la brochure ‘L’Impôt en nature’ », Œuvres, tome 32.

[30] V. I. Lénine : « Le Contenu économique du populisme et la critique qu’en fait dans son livre M. Strouvé », Œuvres, tome 1.

[31] « Le Programme d’édification du communisme », par la Rédaction de la Pravda, 18 août 1961.

[32] V. I. Lénine : « Bilan d’une discussion sur le droit des nations à disposer d’elles-mêmes », Œuvres, tome 22.

[33] V. I. Lénine : « L’Etat de la révolution », Œuvres, tome 25.

[34] Ibidem

[35] Ibidem

[36] Rapport de M. Souslov présenté en février 1964 à la session plénière du Comité central du P.C.U.S.

[37] « Du parti de la classe ouvrière au parti de tout le peuple soviétique », par la Rédaction de Partii Zhizn, n° 8, 1964.

[38] Rapport sur le Programme du P.C.U.S. et rapport d’activité présentés par Khrouchtchev en octobre 1961 au XXIIe Congrès du P.C.U.S.

[39] V. I. Lénine : « L’État et la révolution », Œuvres, tome 25.

[40] V. I. Lénine : « La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », Œuvres, tome 28.

[41] V. I. Lénine : Le Marxisme au sujet de l’État.

[42] Izvestia, 10 mars 1964

[43] K. Marx et F. Engels : « ‘Circulaire’ de Marx et d’Engels à A. Bebel, W. Liebknecht, W. Bracke et autres (17-18 septembre 1879) », Œuvres complètes de Marx et d’Engels, tome 19.

[44] « Du parti de la classe ouvrière au parti de tout le peuple soviétique », par la Rédaction de Partii Zhizn, n° 8, 1964.

[45] V. I. Lénine : « De la clarté avant tout », Œuvres, tome 20.

[46] Discours de N.S. Khrouchtchev prononcé en novembre 1962 à la session plénière du Comité central du P.C.U.S.

[47] « Etudier, comprendre et agir », éditorial de l’Ekonomitcheskaya Gazeta, n° 50, 1962.

[48] « Les Communistes et la production », éditorial du Kommunist, n° 2, 1963.

[49] Discours de N.S. Khrouchtchev à la réunion électorale organisée le 27 février 1963 dans la circonscription Kalinine de la ville de Moscou, Pravda, 27 février 1963.

[50] V. I. Lénine : « A nouveau les syndicats, la situation actuelle et les erreurs de Trotsky et Boukharine », Œuvres, tome 32.

[51] V. I. Lénine : « Comment V. Zassoulitch démolit le liquidationnisme », Œuvres, tome 19.

[52] Rapport sur le Programme du P.C.U.S. présenté par N.S. Khrouchtchev en octobre 1961 au XXIIe Congrès du P.C.U.S.

[53] K. Marx : « Critique du programme de Gotha », Œuvres complètes de Marx et d’Engels, tome 19.

[54] V. I. Lénine : « L’Etat et la révolution », Œuvres, tome 25.

[55] Rapport de M. Souslov présenté en février 1964 à la session plénière du Comité central du P.C.U.S.

[56] Lettre ouverte du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique aux organisations du Parti et à tous les communistes de l’Union soviétique, 14 juillet 1963.

[57] Discours télévisé de N.S. Khrouchtchev en Autriche le 7 juillet 1960.

[58] Entretien de N.S. Khrouchtchev avec des dirigeants du Congrès américain et des membres du Comité sénatorial des Relations étrangères, 16 septembre 1959.

[59] Discours de N.S. Khrouchtchev prononcé en février 1964 à la session plénière du Comité central du P.C.U.S.

[60] Entretien de N.S. Khrouchtchev avec des personnalités et des hommes d’affaires américains, 24 septembre 1959.

[61] Entretien de N.S. Khrouchtchev avec des parlementaires français, 25 mars 1960.

[62] V. I. Lénine : « L’impérialisme et la scission du socialisme », Œuvres, tome 23.

[63] Interview télévisée de D. Rusk à la B.B.C., « Encounter », 10 mai 1964.

[64] Discours de Douglas-Home fait le 6 avril 1964 à Norwich.

[65] Conférence de presse donnée par J.F. Dulles, 15 mai 1956.

[66] V. I. Lénine, « La Grande initiative », Œuvres, tome 29.

[67] Note de Mao Tsé-toung sur les « Sept bons documents de la province du Tchékiang sur la participation des cadres au travail manuel », 9 mai 1963.

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