Rédaction du Renmin Ribao et Rédaction du Hongqi, 13 Septembre 1963
A propos de la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. (II)
La question de Staline est une grande question, une question d’importance mondiale qui a eu des répercussions au sein de toutes les classes du monde et qui, jusqu’à présent encore, est largement controversée. Les classes et les partis politiques ou factions politiques qui représentent les différentes classes ont des opinions divergentes sur cette question. Et il est à prévoir qu’une conclusion définitive ne puisse lui être donnée en ce siècle.
Cependant, au sein de la classe ouvrière internationale et des peuples révolutionnaires, la majorité des gens ont, au fond, des opinions semblables ; ils n’approuvent pas la répudiation totale de Staline et ne font que témoigner d’un attachement accru à la mémoire de ce dernier. Il en est de même en Union soviétique. Nos controverses avec les dirigeants soviétiques ne sont que des controverses avec une fraction d’hommes. Notre espoir est de pouvoir convaincre cette fraction d’hommes, afin de faire progresser la cause de la révolution. C’est là le but que nous nous proposons d’atteindre en écrivant le présent article.
Le Parti communiste chinois a toujours soutenu que la répudiation totale de Staline par le camarade Khrouchtchev au titre de la « lutte contre le culte de la personnalité » est entièrement erronée, qu’elle a été faite dans des intentions inavouées.
La lettre du 14 juin dernier du Comité central du P.C.C. souligne que la « lutte contre le culte de la personnalité » va à rencontre de la doctrine intégrale de Lénine concernant les rapports entre les chefs, le Parti, les classes et les masses et porte atteinte au principe du centralisme démocratique du Parti.
La lettre ouverte du Comité central du Parti communiste de l’Union soviétique évite de répondre aux arguments de principes avancés par nous, mais se contente d’accoler aux communistes chinois les étiquettes de « défenseurs du culte de la personnalité », de « propagateurs des idées erronées de Staline ».
Lorsqu’il luttait contre les menchéviks, Lénine a dit : « Ne pas répondre à l’argument de principe de l’adversaire et se contenter de lui imposer une imputation d’’excitation’ – cela signifie ne pas débattre mais injurier » [1]. L’attitude qu’à adoptée dans sa lettre ouverte le Comité central du P.C.U.S. est exactement celle des menchéviks.
Bien que la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. ait substitué les injures au débat, nous, de notre côté, préférons ne répondre à cette lettre qu’en utilisant des arguments de principe et en apportant nombre de faits.
La grande Union soviétique est, dans le monde, le premier Etat de la dictature du prolétariat. Ce fut tout d’abord Lénine qui a été le principal dirigeant du Parti et du gouvernement de cet Etat de la dictature du prolétariat. Après la mort de Lénine, ce fut Staline.
Après la mort de Lénine, Staline non seulement fut le dirigeant du Parti et du gouvernement de l’Union soviétique, mais aussi le guide universellement reconnu du mouvement communiste international.
Le premier Etat socialiste inauguré par la Révolution d’Octobre ne compte jusqu’ici qu’une histoire de quarante-six ans. Et Staline a été le principal dirigeant de cet Etat pendant une période qui a duré près de trente ans. Par toute son activité, Staline a occupé une place extrêmement importante aussi bien dans l’histoire de la dictature du prolétariat que dans celle du mouvement communiste international.
Le P.C.C. a toujours soutenu, à propos de l’appréciation à porter sur Staline et de l’attitude à adopter à son égard, qu’il ne s’agit pas seulement de porter un jugement sur sa personne, mais, ce qui est plus important, de faire le bilan de l’expérience historique de la dictature du prolétariat et du mouvement communiste international depuis la mort de Lénine.
Au XXe Congrès du P.C.U.S., le camarade Khrouchtchev a répudié totalement Staline. Sur une telle question de principe, qui concerne le mouvement communiste international, les partis frères n’ont pas été consultés d’avance, on a voulu les obliger à accepter le fait accompli. Quiconque porte sur Staline une appréciation autre que celle de la direction du P.C.U.S. est considéré non seulement comme le « défenseur du culte de la personnalité » mais comme l’auteur d’une « intervention » dans les affaires intérieures du P.C.U.S. Cependant, nul ne peut nier la portée internationale de l’expérience historique du premier État de dictature du prolétariat, ni le fait historique que Staline a été le dirigeant du mouvement communiste international ; par conséquent, nul ne peut non plus contester que la question du jugement à porter sur Staline est une question de principe d’importance majeure, une question qui concerne en commun le mouvement communiste international. Alors quelles raisons les dirigeants du P.C.U.S. ont-ils d’interdire aux autres partis frères de faire une analyse sur Staline et de donner une appréciation sur lui qui répondent aux faits ?
Le P.C.C. a toujours estimé qu’il faut faire une analyse complète, objective et scientifique des mérites et des erreurs de Staline, en recourant à la méthode du matérialisme historique et en représentant l’histoire telle qu’elle est, et non pas répudier Staline de façon totale, subjective et grossière, en recourant à la méthode de l’idéalisme historique, en déformant et en altérant à plaisir l’histoire.
Le P.C.C. a toujours considéré que Staline a commis un certain nombre d’erreurs qui ont une source ou idéologique ou sociale et historique. La critique des erreurs de Staline, celles qui effectivement furent commises par lui et non pas celles qu’on lui attribue sans aucun fondement, est chose nécessaire lorsqu’elle est faite à partir d’une position et par des méthodes correctes. Mais nous avons toujours été contre la critique de Staline lorsqu’elle est faite d’une façon incorrecte, c’est-à-dire à partir d’une position et par des méthodes erronées.
Du vivant de Lénine, Staline lutta contre le tsarisme et pour la diffusion du marxisme ; après sa participation à la direction du Comité central du Parti bolchevik ayant à sa tête Lénine, il lutta pour préparer la Révolution de 1917 ; après la Révolution d’Octobre, il lutta pour défendre les conquêtes de la révolution prolétarienne.
Après la mort de Lénine, c’est sous la direction de Staline que le Parti communiste et le peuple de l’Union soviétique ont mené contre tous les ennemis, ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur, une lutte résolue qui permit de défendre et de consolider le premier État socialiste dans le monde.
C’est sous la direction de Staline que le Parti communiste et le peuple de l’Union soviétique ont appliqué avec persévérance la ligne de l’industrialisation socialiste et de la collectivisation agricole, et remporté de grands succès dans la transformation et l’édification socialistes.
C’est sous la direction de Staline que le Parti communiste, le peuple et l’armée de l’Union soviétique ont mené un combat des plus acharnés et fait aboutir la guerre antifasciste à une victoire grandiose.
C’est Staline qui, dans la lutte contre les opportunistes de toutes nuances, contre les ennemis du léninisme, trotskistes, zinoviévistes, boukhariniens et autres agents de la bourgeoisie, a défendu et développé le marxisme-léninisme.
C’est Staline qui, par une série d’œuvres théoriques, littérature immortelle du marxisme-léninisme, a apporté une contribution ineffaçable au mouvement communiste international.
C’est sous la direction de Staline que le Parti et le gouvernement de l’Union soviétique ont appliqué une politique extérieure qui, dans son ensemble, fut conforme à l’internationalisme prolétarien, et apporté une aide immense à la lutte révolutionnaire des peuples du monde, dont celle du peuple chinois.
Staline se tint en tête du courant historique pour diriger la lutte, il fut l’ennemi irréconciliable de l’impérialisme et de toute la réaction.
L’activité de Staline fut étroitement liée à la lutte du grand Parti communiste et du grand peuple de l’Union soviétique ; elle est inséparable de la lutte révolutionnaire des peuples du monde entier.
La vie de Staline fut celle d’un grand marxiste-léniniste, d’un grand révolutionnaire prolétarien.
Il est vrai que tout en accomplissant des exploits méritoires en faveur du peuple soviétique et du mouvement communiste international, le grand marxiste-léniniste et révolutionnaire prolétarien que fut Staline commit aussi des erreurs. Des erreurs de Staline, certaines sont des erreurs de principe, d’autres furent commises dans le travail pratique ; certaines auraient pu être évitées tandis que d’autres étaient difficilement évitables en l’absence de tout précédent dans la dictature du prolétariat auquel on pût se référer.
Dans certains problèmes, la méthode de pensée de Staline s’écarta du matérialisme dialectique pour tomber dans la métaphysique et le subjectivisme, et, de ce fait, il lui arriva parfois de s’écarter de la réalité et de se détacher des masses.
Dans les luttes menées au sein du Parti comme en dehors, il confondit, à certains moments et dans certains problèmes, les deux catégories de contradictions de nature différente contradictions entre l’ennemi et nous, et contradictions au sein du peuple de même que les méthodes différentes pour la solution de ces deux catégories de contradictions. Le travail de liquidation de la contre-révolution, entrepris sous sa direction, permit de châtier à juste titre nombre d’éléments contre-révolutionnaires qui devaient l’être ; cependant, des gens honnêtes furent aussi injustement condamnés, et ainsi il commit l’erreur d’élargir le cadre de la répression en 1937 et 1938.
Dans les organisations du Parti et les organismes de l’Etat, Staline ne fit pas une application pleine et entière du centralisme démocratique du prolétariat ou y contrevint partiellement. Dans les rapports entre partis frères et entre pays frères, il commit aussi des erreurs. Par ailleurs, il formula, au sein du mouvement communiste international, certains conseils erronés. Toutes ces erreurs ont causé des dommages à l’Union soviétique et au mouvement communiste international.
Les mérites que Staline s’était acquis durant sa vie aussi bien que les erreurs dont il fut l’auteur sont un fait objectif de l’histoire. Si l’on met en parallèle ses mérites et ses erreurs, ce sont ses mérites qui prédominent. Car, dans l’activité de Staline, ce qui est juste constitue l’aspect essentiel, ses erreurs n’occupant qu’une place secondaire.
Lorsqu’il s’agit de dresser le bilan de toute l’activité idéologique et de tout le travail de Staline, chaque communiste honnête ; qui respecte l’histoire, saura tout d’abord avoir en vue ce qui fut essentiel chez Staline. Aussi, lorsqu’il s’agit de connaître et de critiquer correctement les erreurs de Staline et de les surmonter, doit-on sauvegarder ce qui était l’essentiel de sa vie, sauvegarder le marxisme-léninisme qu’il a défendu et développé.
Pour ce qui est des erreurs de Staline, lesquelles occupent seulement une place secondaire, elles doivent être considérées comme une leçon de l’histoire, une mise en garde pour les communistes de l’Union soviétique et ceux des autres pays, afin qu’ils ne commettent pas, à leur tour, pareilles erreurs ou en commettent moins ; et cela n’est pas inutile. L’expérience historique, sous son aspect positif ou négatif, est utile à tous les communistes lorsqu’on en fait un bilan correct, correspondant à la réalité historique, et qu’on s’abstient de lui faire subir toute déformation.
Lénine indiqua à plus d’une reprise que les marxistes se distinguent totalement des révisionnistes de la IIe Internationale quant à leur attitude envers des gens comme Bebel et Rosa Luxembourg, qui, en dépit de leurs erreurs, n’en restèrent pas moins de grands révolutionnaires prolétariens. Les marxistes ne cachent pas les erreurs de Bebel, de Rosa Luxembourg et d’autres ; par l’exemple de ces erreurs, ils « apprennent à les éviter, et se mettent à la hauteur des plus strictes exigences du marxisme révolutionnaire » [2].
Au contraire, les révisionnistes « prennent un mauvais plaisir » aux erreurs de Bebel et de Rosa Luxembourg et « caquettent » là-dessus. A cet effet, Lénine a cité une fable russe pour se moquer des révisionnistes :
« II arrive parfois que les aigles volent plus bas que les poules, mais les poules ne parviendront jamais à s’élever à la hauteur des aigles ! » Bebel et Rosa Luxembourg furent de « grands communistes » et bien qu’il leur fût arrivé de commettre des erreurs, ils demeurèrent des « aigles » tandis que les révisionnistes n’étaient que la « volaille » sur « le tas de fumier » de « l’arrière-cour du mouvement ouvrier » [3].
Le rôle joué dans l’histoire par Bebel, Rosa Luxembourg et autres est loin de pouvoir être comparé à celui de Staline. L’appréciation de la personne de Staline doit se faire avec d’autant plus de circonspection que celui-ci fut, durant toute une époque historique, un grand dirigeant de la dictature du prolétariat et du mouvement communiste international.
Les dirigeants du P.C.U.S. accusent le P.C.C. de « défendre » Staline. Oui, nous le défendons et nous voulons le défendre. Du moment que Khrouchtchev déforme l’histoire et répudie totalement Staline, nous avons naturellement le devoir irrécusable, dans l’intérêt du mouvement communiste international, de nous dresser pour le défendre.
En prenant la défense de Staline, le P.C.C. défend ce qu’il eut de juste, il défend la glorieuse histoire de la lutte du premier Etat de la dictature du prolétariat instauré dans le monde par la Révolution d’Octobre, il défend la glorieuse histoire de la lutte du P.C.U.S., il défend le renom du mouvement communiste international auprès des peuples laborieux du monde entier.
En un mot, il défend tant la théorie du marxisme-léninisme que sa pratique. Les communistes chinois ne sont pas seuls à agir ainsi, tous les communistes fidèles au marxisme-léninisme, tous les hommes qui sont décidés à faire la révolution, tous les honnêtes gens ont agi de la sorte ou sont en train de le faire.
Lorsque nous prenons la défense de Staline, ce ne sont pas ses erreurs que nous défendons. Les communistes chinois ont, il y a longtemps, fait par eux-mêmes l’expérience personnelle de certaines erreurs de Staline.
Des erreurs de ligne furent commises au sein du P.C.C., ce fut tantôt l’opportunisme « de gauche », tantôt celui de droite. Pour ce qui est de leurs causes internationales, quelques-unes d’entre elles se firent jour sous l’influence de certaines erreurs de Staline. Dès la fin des années 20, puis durant les années 30, enfin au début et au milieu des années 40, les marxistes-léninistes chinois, ayant les camarades Mao Tsé-toung et Liou Chao-chi pour représentants, s’attachaient à enrayer l’influence de certaines erreurs de Staline, puis, après être progressivement venus à bout des lignes erronées, celles des opportunismes « de gauche » et de droite, ils ont fini par mener la révolution chinoise à la victoire.
Cependant, certains points de vue erronés préconisés par Staline ayant été acceptés et mis en application par des camarades chinois, nous, les Chinois, devions nous-mêmes en porter la responsabilité. Aussi la lutte menée par notre Parti contre l’opportunisme « de gauche » et de droite se limitait-elle toujours à la critique de ceux de nos camarades qui avaient commis clés erreurs, au lieu de faire retomber la responsabilité sur Staline.
Notre but, en faisant ces critiques, c’était de distinguer le vrai du faux, tirer des leçons et faire progresser la cause de la révolution. Tout ce qu’on demandait aux camarades qui avaient commis des erreurs, c’était de se corriger. S’ils ne se corrigeaient pas, on pouvait encore attendre qu’ils prennent progressivement conscience par l’expérience pratique, à condition qu’ils n’organisent pas de groupes secrets et s’abstiennent de toute activité de sape.
La méthode que nous avons adoptée était la méthode normale de la critique et de l’autocritique au sein du Parti, elle consistait à partir du désir d’unité pour arriver à la critique ou la lutte à une unité nouvelle, sur une base nouvelle ; c’est pourquoi nous avons obtenu de bons résultats. Nous estimions qu’il s’agissait de contradictions au sein du peuple et non de contradictions entre l’ennemi et nous, et c’est pourquoi il nous fallait adopter une telle méthode pour les résoudre.
Et quelle a été à l’égard de Staline l’attitude du camarade Khrouchtchev et de certains autres dirigeants du P.C.U.S. depuis le XXe Congrès ?
Au lieu de faire une analyse complète, historique et scientifique de l’œuvre accomplie par Staline tout au long de sa vie, ils l’ont répudiée en bloc sans distinguer le vrai du faux ; au lieu de traiter Staline en camarade, ils le traitent comme l’on traite l’ennemi ;
au lieu d’adopter la méthode de la critique et de l’autocritique de faire le bilan des expériences et d’en tirer des leçons, ils rejettent toutes les erreurs sur Staline ou bien lui imputent des « erreurs » inventées à loisir ;
au lieu de raisonner, les faits à l’appui, ils s’en prennent à la personne de Staline, en usant d’un langage insidieux et démagogique.
Khrouchtchev a couvert d’injures Staline, disant qu’il fut « un assassin », « un criminel », « un bandit » [4], « un joueur », « un despote du type d’Ivan le Terrible », « le plus grand dictateur de l’histoire russe », « un imbécile » [5], « un idiot » [6]… Nous craignons vraiment de souiller notre papier et notre plume lorsque nous nous voyons dans l’obligation d’énumérer des épithètes aussi grossières, aussi vulgaires et infamantes.
Khrouchtchev a injurié Staline, disant qu’il fut « le plus grand dictateur de l’histoire russe ». Cela ne revient-il pas à dire que le peuple soviétique a vécu trente ans durant, non pas en système socialiste, mais sous la « tyrannie » du « plus grand dictateur de l’histoire russe » ? Jamais le grand peuple soviétique et tous les peuples révolutionnaires du monde n’approuveront pareille calomnie !
Khrouchtchev a injurié Staline, le taxant de « despote du type d’Ivan le Terrible ». Cela ne revient-il pas à dire que l’expérience offerte en trente années par le grand P.C.U.S. et le grand peuple soviétique aux peuples du monde entier n’est pas celle de la dictature du prolétariat, mais est celle de la vie sous la domination d’un « despote » féodal ?
Jamais le grand peuple soviétique, les communistes soviétiques et tous les marxistes-léninistes du monde n’approuveront pareille calomnie !
Khrouchtchev a injurié Staline, le qualifiant de « bandit ». Cela ne revient-il pas à dire que pendant une longue période le premier pays socialiste du monde a eu à sa tête un « bandit » ? Jamais le grand peuple soviétique et tous les peuples révolutionnaires du monde n’approuveront pareille calomnie !
Khrouchtchev a injurié Staline, le traitant d’ »imbécile ». Cela ne revient-il pas à dire que le P.C.U.S., qui a mené une lutte révolutionnaire héroïque pendant plusieurs dizaines d’années, a eu un « imbécile » pour chef ? Jamais les communistes soviétiques et tous les marxistes-léninistes du monde n’approuveront pareille calomnie !
Khrouchtchev a injurié Staline, disant qu’il était un ’’idiot ». Cela ne revient-il pas à dire que la grande Armée soviétique sortie victorieuse de la guerre antifasciste a eu un « idiot » pour commandant suprême ? Jamais les glorieux officiers et soldats de l’Armée soviétique et tous les combattants antifascistes du monde n’approuveront pareille calomnie !
Khrouchtchev a injurié Staline, le considérant comme un « assassin ». Cela ne revient-il pas à dire que durant plusieurs décennies le mouvement communiste international a eu un « assassin » pour éducateur ? Jamais les communistes du monde entier, y compris ceux de l’Union soviétique, n’approuveront pareille calomnie !
Khrouchtchev a injurié Staline, affirmant qu’il était un « joueur ». Cela ne revient-il pas à dire que les peuples révolutionnaires en lutte contre l’impérialisme et.la réaction ont pris un « joueur » comme porte-drapeau ? Jamais les peuples révolutionnaires du monde, y compris le peuple soviétique, n’approuveront pareille calomnie !
De telles injures lancées par Khrouchtchev contre Staline sont la plus grande insulte que l’on puisse faire au grand peuple soviétique, au P.C.U.S. et à l’Armée soviétique, la plus grande insulte que l’on puisse faire à la dictature du prolétariat et au système socialiste, la plus grande insulte que l’on puisse faire au mouvement communiste international, aux peuples révolutionnaires du monde, au marxisme-léninisme.
Lorsqu’il bombe le torse, martèle la table et crie de toute sa force en injuriant Staline, sur quelle position Khrouchtchev se place-t-il, lui qui, du temps de Staline, participa à la direction du Parti et de l’Etat ? Se place-t-il sur la position d’un complice d’ »assassin » et de « bandit » ? ou bien sur celle d’un « imbécile » et d’un « idiot » ?
Quelle différence y a-t-il entre ces injures adressées par Khrouchtchev à Staline et les injures vomies sur ce dernier par les impérialistes, les réactionnaires et les renégats du communisme ? Pourquoi cette haine mortelle pour Staline ? Pourquoi s’en prendre à lui avec plus de férocité même qu’à l’ennemi ?
Lorsqu’il combat Staline, c’est en vérité contre le régime soviétique et l’Etat soviétique que se déchaîne Khrouchtchev. Et en la matière, le langage qu’il utilise, loin de le céder à celui de Kautsky, de Trotski, de Tito, de Djilas et d’autres renégats, le dépasse encore en violence.
On devrait précisément interpeller Khrouchtchev en lui citant ce passage de la lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. : « Comment ont-ils le courage de dire des choses pareilles à l’adresse du Parti du grand Lénine, de la patrie du socialisme, du peuple qui, le premier au monde, a fait la révolution socialiste, a sauvegardé ses grandes conquêtes dans des combats acharnés contre l’impérialisme international et la contrerévolution intérieure, qui manifeste des miracles d’héroïsme et d’abnégation dans la lutte pour l’édification du communisme, en s’acquittant honnêtement de son devoir international envers les travailleurs du monde. »
Dans l’article « De la signification politique des injures », Lénine a dit : « … en politique, les injures cachent fréquemment l’absence d’idées et l’impuissance totale, l’impuissance hargneuse des insulteurs. » N’est-ce pas précisément le cas des dirigeants du P.C.U.S. qui, constamment hantés par le spectre de Staline, essaient, par des injures contre ce dernier, de couvrir leur absence d’idées, leur impuissance totale, leur impuissance hargneuse ?
Les Soviétiques, dans leur écrasante majorité, n’approuvent pas qu’on injurie ainsi Staline. Ils se montrent toujours plus attachés à sa mémoire. Les dirigeants du P.C.U.S. se sont dangereusement détachés des masses. Si, à tout moment, ils se sentent hantés et menacés par le spectre de Staline, c’est en réalité qu’ils se heurtent au profond mécontentement des larges masses populaires à l’égard de la répudiation totale de Staline.
Khrouchtchev n’ose toujours pas faire connaître au peuple soviétique et aux peuples de tout le camp socialiste le rapport secret répudiant totalement Staline qu’il prononça au XXe Congrès, car c’est bien d’un rapport indigne qu’il s’agit, d’un rapport qui l’éloignerait dangereusement des masses.
Ce qui mérite une attention toute particulière, c’est que les dirigeants du P.C.U.S., tout en s’appliquant à injurier Staline, expriment « respect et confiance » [7] à Eisenhower, à Kennedy et à leurs congénères ! On impose à Staline des qualificatifs comme « despote du type d’Ivan le Terrible », « le plus grand dictateur de l’histoire russe », par contre, ce sont des compliments qu’on adresse à Eisenhower et à Kennedy, affirmant qu’ils ’’jouissent du soutien de l’écrasante majorité du peuple américain » ! [8].
On injurie Staline en le traitant d’ »idiot » et par contre, on fait l’éloge de la « lucidité » d’Eisenhower et de Kennedy ! D’une part, on flétrit impitoyablement celui qui fut un grand marxiste-léniniste, un grand révolutionnaire prolétarien, un grand chef du mouvement communiste international, d’autre part on fait le panégyrique du chef de file de l’impérialisme. Se pourrait-il que la connexion entre ces phénomènes soit le fait du hasard ? N’est-elle pas l’aboutissement logique de la répudiation du marxisme-léninisme ?
Si Khrouchtchev n’a pas la mémoire courte, il doit se rappeler que c’est lui précisément qui, à l’occasion d’un meeting tenu à Moscou en janvier 1937, condamna avec raison ceux qui attaquaient Staline, disant « qu’en attaquant le camarade Staline, ils nous attaquent nous tous, ils attaquent la classe ouvrière et le peuple travailleur ! Qu’en attaquant le camarade Staline, ils attaquent les doctrines de Marx, d’Engels et de Lénine ! »
Il doit se rappeler qu’il a lui-même, à maintes reprises, loué Staline, en disant que celui-ci était un « proche ami et compagnon d’armes du grand Lénine » [9], « le plus grand génie, éducateur et chef de l’humanité » [10], « le grand maréchal toujours victorieux » [11], « l’ami sincère du peuple » [12], qu’il a été son « propre père » [13] .
Si l’on compare les remarques faites par Khrouchtchev du vivant de Staline à celles qu’il a faites après sa mort, on verra qu’il a fait volte-face dans le jugement porté sur Staline.
Khrouchtchev, s’il n’a pas la mémoire courte, devrait évidemment se souvenir qu’il a lui-même soutenu et appliqué avec un zèle particulier, au temps de la direction de Staline, la politique de liquidation de la contre-révolution.
Le 6 juin 1937, à la Cinquième Conférence du Parti de la Région de Moscou, Khrouchtchev a dit : « Notre Parti écrasera sans pitié la bande de traîtres et de renégats, éliminera de la surface de la terre toute la canaille trotskiste de droite. … Le gage en est la direction inébranlable de notre Comité central, la direction inébranlable de notre chef, le camarade Staline . . . Nous détruirons tous les ennemis, jusqu’au dernier homme et disperserons leurs cendres au vent. »
Le 8 juin 1938, Khrouchtchev a déclaré à la Quatrième Conférence du Parti de la Région de Kiev :
« Les Yakyirs, les Balyitskys, les Lyubcjenkys, les Zatonskys et autre racaille veulent introduire en Ukraine les propriétaires fonciers polonais, veulent amener ici les fascistes, propriétaires fonciers et capitalistes allemands… Nous avons liquidé pas mal d’ennemis, mais pas encore tous. C’est pourquoi il faut nous tenir sur nos gardes. Nous devons bien retenir ce qu’a dit le camarade Staline : Tant qu’existé l’encerclement capitaliste, les espions et les saboteurs s’introduiront dans notre pays ».
Pourquoi Khrouchtchev, qui participa à la direction du Parti et de l’Etat du temps de Staline et qui soutint activement et appliqua résolument, à l’époque, la politique de liquidation de la contre-révolution, répudie il en bloc tout ce qui a été fait pendant cette période et rejette-il toutes les erreurs sur Staline, tout en ayant soin de s’en laver lui-même les mains ?
Lorsqu’il s’était trompé, Staline était encore capable de se critiquer. Par exemple, Staline avait donné des conseils erronés à propos de la révolution chinoise, mais après la victoire de celle-ci, il reconnut son erreur. Même les erreurs commises dans l’épuration du Parti, il les avait reconnues dans son rapport au XVIIIe Congrès du P.C. (b) de l’U.R.S.S. en 1939.
Et qu’en est-il pour Khrouchtchev ? Il ne sait pas ce que c’est que l’autocritique. Il ne sait qu’une seule chose : rejeter toutes les erreurs sur les autres et s’attribuer tous les mérites.
Que ces actes indignes aient été commis par Khrouchtchev, à une époque où déferle le révisionnisme moderne, n’est pas fait pour surprendre.
Comme l’a dit Lénine en 1915 lorsqu’il critiquait les actes par lesquels les révisionnistes de la IIe Internationale avaient trahi le marxisme : « A notre époque de mots oubliés, de principes perdus, de conceptions du monde renversées, de résolutions et de promesses solennelles mises au rebut, il n’y a là rien dont on puisse s’étonner. » [14]
La série d’événements survenus depuis le XXe Congrès du P.C.U.S. prouve à suffisance la gravité des conséquences qu’a entraînées la répudiation totale de Staline par la direction du P.C.U.S.
La répudiation totale de Staline fournit à l’impérialisme et à toute la réaction des munitions antisoviétiques et anticommunistes qu’ils ne sont que trop heureux d’obtenir.
Aussitôt après que le XXe Congrès du P.C.U.S. eut clôturé ses travaux, l’impérialisme utilisa le rapport secret de Khrouchtchev contre Staline pour déclencher dans le monde une vaste campagne antisoviétique et anticommuniste. L’impérialisme, la réaction, la clique Tito et les opportunistes de toutes nuances ont tous sauté sur l’occasion pour prendre à partie l’Union soviétique, le camp socialiste, les partis communistes, tant et si bien que nombre de partis frères et de pays frères se trouvèrent dans une situation très difficile.
La folle campagne de la direction du P.C.U.S. contre Staline fit que les trotskistes, qui depuis longtemps n’étaient plus que des cadavres politiques, se ranimèrent et clamèrent qu’il fallait « réhabiliter » Trotski.
Lorsque le XXIIe Congrès du P.C.U.S. allait se clôturer, en novembre 1961, dans une « Lettre au XXIIe Congrès du P.C.U.S. et au Comité central du P.C.U.S. », le Secrétariat international de la soi-disant IVe Internationale écrivit que Trotski avait déclaré en 1937 qu’à l’avenir « un monument serait érigé en l’honneur des victimes de Staline », « aujourd’hui, affirme la lettre, cette prédiction se vérifie. Devant votre Congrès, le premier secrétaire de votre Parti a promis l’érection de ce monument ».
La lettre demande en particulier que le nom de Trotski soit « gravé en lettres d’or sur le monument érigé en l’honneur des victimes de Staline ». Les trotskistes ne dissimulaient pas leur joie, ils estimaient que le mouvement lancé par la direction du P.C.U.S. contre Staline avait « ouvert la porte au trotskisme » et que ce mouvement était « très favorable à la progression du trotskisme et de son organisation – la IVe Internationale ».
En répudiant totalement Staline, la direction du
P.C.U.S. a des fins inavouées.
Staline est mort en 1953 ;
trois ans après, au XXe Congrès, la direction du P.C.U.S. déclencha
de violentes attaques contre lui ; huit ans après sa mort, au
XXIIe Congrès, elle s’en prit encore une fois à Staline dont elle
fit enlever et incinérer la dépouille mortelle.
En s’acharnant encore et encore sur Staline, la direction du P.C.U.S. a voulu effacer l’influence impérissable de ce grand révolutionnaire prolétarien sur le peuple soviétique et les autres peuples du monde, et aussi frayer la voie à sa répudiation du marxisme-léninisme, que Staline avait défendu et développé, et à l’application généralisée de sa ligne révisionniste.
La ligne révisionniste de la direction du P.C.U.S. débuta précisément avec le XXe Congrès pour devenir un système achevé au XXIIe Congrès. Les événements ont, par la suite, prouvé avec toujours plus de clarté que l’altération par la direction du P.C.U.S. de la doctrine marxiste-léniniste sur l’impérialisme, la guerre et la paix, la révolution prolétarienne et la dictature du prolétariat, la révolution dans les colonies et semi-colonies, le parti du prolétariat, etc. est liée à sa répudiation totale de Staline.
La répudiation totale de Staline par la direction du P.C.U.S. a été faite sous l’enseigne de la « lutte contre le culte de la personnalité ».
La « lutte contre le culte de la personnalité » formulée par la direction du P.C.U.S. ne tend nullement, comme elle le proclame, à rétablir ce qu’elle appelle les « principes léninistes de la vie intérieure et de la direction du Parti ». Tout au contraire, elle contrevient à la doctrine de Lénine concernant les rapports entre les chefs, le Parti, les classes et les masses, et au principe du centralisme démocratique du Parti.
Les marxistes-léninistes soutiennent que pour devenir un véritable état-major de combat du prolétariat, le parti révolutionnaire du prolétariat doit résoudre correctement les rapports entre les chefs, le Parti, les classes et les masses et s’organiser selon le principe du centralisme démocratique.
Un tel parti doit avoir un noyau dirigeant relativement stable. Celui-ci doit être constitué par des chefs éprouvés, des chefs qui sachent unir la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution.
C’est dans la lutte de classes et le mouvement révolutionnaire des masses que surgissent les chefs du parti prolétarien, ces chefs, qu’ils soient membres du Comité central ou d’un comité local du Parti, sont d’une fidélité absolue envers les masses, ils sont la chair de la chair des masses, ils savent rassembler de façon correcte les idées des masses et en faire une application conséquente. De tels chefs sont les vrais représentants du prolétariat.
Ils sont reconnus des masses. La présence de tels chefs à la tête d’un parti du prolétariat est la manifestation de sa maturité politique, et c’est en cette présence que réside l’espoir de la victoire de la cause du prolétariat.
Lénine dit avec justesse : « Aucune classe dans l’histoire n’est parvenue à la domination sans avoir trouvé dans son sein des chefs politiques, des représentants d’avant-garde capables d’organiser le mouvement et de le diriger » [15] . « Les chefs expérimentés et influents du Parti, dit-il aussi, se forment lentement et difficilement. Or, sans cela, la dictature du prolétariat, ’l’unité de sa volonté’ est une phrase creuse. » [16]
Le P.C.C. s’en est toujours tenu fermement à la doctrine du marxisme-léninisme sur le rôle des masses populaires et de l’individu dans l’histoire, à la doctrine du marxisme-léninisme sur les rapports entre les chefs, le Parti, les classes et les masses, au centralisme démocratique du Parti. Il a toujours persisté dans la direction collective mais il s’oppose à ce que l’on rabaisse le rôle des dirigeants.
Il accorde de l’importance au rôle de ces derniers, mais s’oppose à ce qu’on fasse un éloge outré de l’individu, un éloge qui ne correspond pas à la réalité, à ce qu’on exagère le rôle de l’individu. Dès 1949, suivant une proposition du camarade Mao Tsé-toung, le Comité central du P.C.C. décida d’interdire toute manifestation en l’honneur des dirigeants du Parti à l’occasion de leur anniversaire, et l’emploi du nom d’un dirigeant du Parti comme nom de lieu, de rue, d’entreprise.
Ces vues que nous avons toujours maintenues, et qui sont correctes, se différencient foncièrement de la ’lutte contre le culte de la personnalité » préconisée par la direction du P.C.U.S.
Il devient toujours plus clair qu’en fait, en proclamant ce qu’elle appelle la ’lutte contre le culte de la personnalité », la direction du P.C.U.S. ne vise point, comme elle le prétend, à développer la démocratie, à appliquer une direction collective, à s’opposer à l’exagération du rôle de l’individu, mais a en vue un tout autre objectif.
En quoi consiste donc au fond la prétendue « lutte contre le culte de la personnalité » menée par la direction du P.C.U.S.?
Le fond de la question, pour aller droit au but, n’est autre que ceci :
1) Sous le prétexte de la ’lutte contre le culte de la personnalité », opposer le dirigeant du Parti, Staline, à l’organisation du Parti, au prolétariat, aux masses populaires ;
2) Sous le prétexte de la « lutte contre le culte de la personnalité », défigurer le parti du prolétariat, défigurer la dictature du prolétariat, défigurer le système socialiste ;
3) Sous le prétexte de la « lutte contre le culte de la personnalité », faire valoir sa propre personnalité, attaquer les révolutionnaires fidèles au marxisme-léninisme et frayer le chemin aux intrigants révisionnistes pour qu’ils puissent usurper la direction du Parti et de l’Etat ;
4) Sous le prétexte de la « lutte contre le culte de la personnalité », s’ingérer dans les affaires intérieures des partis frères et des pays frères et s’appliquer à entreprendre, à sa convenance, la subversion de la direction de partis frères et de pays frères ;
5) Sous le prétexte de la « lutte contre le culte de la personnalité », frapper les partis frères qui s’en tiennent avec fermeté au marxisme-léninisme et créer la scission dans le mouvement communiste international.
Khrouchtchev, en formulant la « lutte contre le culte de la personnalité’’, ne poursuit qu’une ignoble machination politique. Comme celui que décrit Marx, « s’il est une nullité en tant que théoricien, en tant qu’intrigant, il est dans son élément » [17].
Dans sa lettre ouverte, le Comité central du P.C.U.S. a dit qu’ »en dénonçant le culte de la personnalité et en luttant contre ses conséquences », il ’’apprécie hautement » « les personnalités » qui « jouissent d’un prestige bien mérité ». Que veut-on entendre par là ? Simplement ceci : La direction du P.C.U.S. foule aux pieds Staline tout en portant Khrouchtchev aux nues.
Elle exalte Khrouchtchev qui n’était pas encore communiste au moment de la Révolution d’Octobre, qui était un cadre subalterne du travail politique durant la guerre civile en le présentant comme le « créateur actif de l’Armée rouge » [18].
Elle attribue entièrement à Khrouchtchev le grand mérite de la bataille décisive de la Grande guerre patriotique de l’Union soviétique, prétendant que dans la bataille de Stalingrad on « entendait très fréquemment la voix de Khrouchtchev » [19], que « Khrouchtchev était l’âme de ceux de Stalingrad » [20].
Elle inscrit entièrement à actif de Khrouchtchev les grandes réalisations obtenues dans le domaine de l’arme nucléaire et de la technique des fusées, et l’appelle le « père du cosmos » [21].
Or, nul n’ignore que la fabrication par l’Union soviétique des bombes atomiques et à hydrogène fut de grandes réalisations accomplies, du temps de la direction de Staline, par le personnel scientifique et technique et le peuple travailleur de l’U.R.S.S. C’est durant cette période également que furent jetés les fondements de la technique des fusées. Comment peut-on biffer d’un trait de plume ces faits historiques d’importance ? Comment peut-on attribuer tous les mérites à Khrouchtchev ?
La direction du P.C.U.S. exalte Khrouchtchev qui a révisé les principes fondamentaux du marxisme-léninisme et qui considère le léninisme comme périmé, prétendant qu’il a donné un « brillant exemple de développement et d’enrichissement créateurs de la théorie du marxisme-léninisme » [22].
Tout ceci qui a été fait par la direction du P.C.U.S., sous le couvert du mot d’ordre de la « lutte contre le culte de la personnalité », revient en réalité, comme l’a dit Lénine, à substituer « des chefs nouveaux qui débitent des choses prodigieusement stupides et embrouillées » « aux anciens chefs qui s’en tenaient à des idées humaines sur les choses simples » [23].
La lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. qualifie calomnieusement notre position qui est de s’en tenir fermement au marxisme-léninisme de « tentative d’imposer aux autres partis l’ordre des choses, l’idéologie, la morale, les formes et les méthodes de direction qui dominaient durant la période du culte de la personnalité ». Pareille assertion ne fait que révéler davantage l’absurde et le ridicule de la « lutte contre le culte de la personnalité ».
À entendre les dirigeants du P.C.U.S., après que la Révolution d’Octobre eut mis fin à la période du capitalisme en Russie, il serait apparu en Union soviétique une « période du culte de la personnalité ».
À ce qu’il semble, le « régime social », les « idéologie et morale » de cette période ne seraient pas socialistes. Durant cette période, le peuple travailleur soviétique aurait supporté un « terrible fardeau », il aurait régné un « climat de crainte, de suspicion, d’incertitude qui empoisonnait la vie du peuple » [24], et le développement de la société soviétique aurait été entravé.
Dans son discours au Meeting de l’Amitié soviéto-hongroise, le 19 juillet 1963, Khrouchtchev s’étendit sur la domination « terroriste » de Staline, prétendant que celui-ci « maintenait son pouvoir par la hache ». Décrivant l’ordre social d’alors, il affirma qu’ »à l’époque, il arrivait souvent qu’on partît au travail sans savoir si on reviendrait chez soi, si on reverrait sa femme et ses enfants ».
La « période du culte de la personnalité » dont parle la direction du P.C.U.S. aurait donc été celle d’une société qui, littéralement, fut plus « haïssable » et plus « barbare » que celles du féodalisme et du capitalisme ?
Suivant les affirmations de la direction du P.C.U.S., la dictature du prolétariat, le régime social socialiste instaurés par la Révolution d’Octobre n’auraient pas, durant toutes ces décennies, délivré le peuple travailleur du fardeau qu’il supportait, n’aurait pas accéléré le développement de la société soviétique ; et c’est après le XXe Congrès du P.C.U.S., lequel entreprit la « lutte contre le culte de la personnalité », que le peuple travailleur a été délivré de son « terrible fardeau » et le « développement de la société soviétique » subitement « accéléré » [25].
Khrouchtchev a dit : « Ah ! si seulement Staline était mort dix ans plus tôt [26] ! » On sait que Staline est mort en 1953 ; s’il était mort dix ans plus tôt, cela aurait été en 1943 exactement, année où l’Union soviétique passa à la contre-offensive dans la Grande guerre patriotique. Qui souhaitait alors la mort de Staline ? Hitler !
Dans l’histoire du mouvement communiste international, l’utilisation par les ennemis du marxisme-léninisme de mots d’ordre du genre de celui de la « lutte contre le culte de la personnalité » pour diffamer les dirigeants du prolétariat et saper la cause du prolétariat n’est pas une nouveauté, mais une manœuvre ignoble depuis longtemps mise en lumière.
Bakounine, conspirateur de l’époque de la Ière Internationale, utilisa des propos de ce genre dans ses invectives contre Marx. Au début, pour gagner la confiance de Marx, il écrivit : « Je suis ton disciple et je suis fier de l’être [27]. » Par la suite, lorsque sa tentative d’usurper la direction de la Ière Internationale eut échoué, il en vint à injurier Marx en ces termes : « En tant qu’Allemand et Juif, il est un autoritaire de la tête aux pieds » [28], « un dictateur » [29].
Kautsky, renégat de l’époque de la IIe Internationale, utilisa également des propos du même genre pour injurier Lénine. Il calomnia Lénine, le présentant comme « le Dieu des monothéistes » qui avait « réduit le marxisme non seulement au statut d’une religion d’Etat, mais encore à une foi médiévale ou orientale » [30].
Trotski, renégat de l’époque de la IIIe Internationale, fit de même, en injuriant Staline en termes analogues. Il dit que Staline était « un despote » [31] et que « le bureaucrate Staline a entretenu un vil culte du chef, en attribuant à celui-ci on caractère sacré » [32].
La clique Tito, une clique de révisionnistes modernes, a aussi utilisé des termes analogues pour injurier Staline, prétendant que celui-ci était un « dictateur » d’un « pouvoir absolu » [33].
Il ressort de tout ceci que le mot d’ordre de la « lutte contre le culte de la personnalité » lancé par la direction du P.C.U.S. vient en droite ligne de chez Bakounine, Kautsky, Trotski et Tito, qu’il sert à combattre les chefs du prolétariat et à saper le mouvement révolutionnaire du prolétariat.
Les opportunistes dans l’histoire du mouvement communiste international n’ont pu oblitérer l’œuvre de Marx, Engels et Lénine par la diffamation. Khrouchtchev, non plus, ne parviendra à effacer l’œuvre de Staline en usant du même moyen.
Lénine a indiqué qu’une position privilégiée
n’assure pas le succès de la diffamation.
Khrouchtchev a pu
profiter de sa position privilégiée pour faire retirer du Mausolée
de Lénine la dépouille mortelle de Staline, mais s’il veut
profiter de cette même position privilégiée pour effacer la grande
figure de Staline dans le cœur du peuple soviétique et des peuples
du monde entier, il n’y parviendra jamais.
Khrouchtchev peut profiter de sa position privilégiée pour apporter telle ou telle altération au marxisme-léninisme, mais, jamais il ne parviendra à son but s’il veut profiter de cette position privilégiée pour abattre le marxisme-léninisme que Staline et les marxistes-léninistes du monde entier ont défendu.
Nous voudrions donner sincèrement ce conseil au camarade Khrouchtchev : nous espérons que vous reviendrez de vos égarements, et que, quittant une voie totalement erronée, vous reprendrez le chemin du marxisme-léninisme.
Vive la grande doctrine révolutionnaire de Marx, Engels, Lénine et Staline !
[1] V.I. Lénine : « Quelques remarques sur la ‘réponse’ de P. Maslov », Œuvres, tome 15.
[2] V.I. Lénine : « Préface à la brochure de Voinov (A. Lunacharsky) sur l’attitude du Parti envers les syndicats », Œuvres, tome 13.
[3] V.I. Lénine : « Note d’un publiciste », Œuvre, tome 33.
[4] Déclaration de N.S . Khrouchtchev au cours de son entretien avec la délégation du Parti communiste chinois le 22 octobre 1961.
[5] Allocution de N.S . Khrouchtchev à la réception donnée par le gouvernement soviétique à l’occasion du 1er Mai 1962.
[6] Déclaration de N.S . Khrouchtchev au cours de son entretien avec la délégation du Parti communiste chinois le 22 octobre 1961.
[7] Réponse de N.S . Khrouchtchev à J.F. Kennedy du 28 octobre 1962.
[8] Interview accordée par N.S . Khrouchtchev aux rédacteurs en chef de la Pravda et des Izvestia, Pravda, 15 juin 1963.
[9] N.S . Khrouchtchev : « Staline et la grande amitié des nationalités soviétiques », Pravda du 21 décembre 1939.
[10] Intervention de N.S . Khrouchtchev au XVIIIe Congrès du P.C.(b) de l’U.R.S.S., Pravda, 15 mars 1939.
[11] Lettre adressée par N.S . Khrouchtchev et d’autres aux officiers et soldats de l’Armée rouge soviétique, Pravda, 13 mai 1945.
[12] N.S . Khrouchtchev : « Staline et la grande amitié des nationalités soviétiques », Pravda du 21 décembre 1939.
[13] N.S . Khrouchtchev : « L’amitié stalinienne des peuples, gage de l’invincibilité de notre Patrie », Pravda du 21 décembre 1949.
[14] V.I. Lénine : « Préface à la brochure de N. Boukharine ‘L’Economie mondiale et l’impérialisme’ », Œuvres, tome 22.
[15] V.I. Lénine : « Les objectifs immédiats de notre mouvement », Œuvres, tome 4.
[16] V.I. Lénine : « Lettre aux communistes allemands », Œuvres, tomes 32.
[17] K. Marx : « K. Marx à F. Bolte », Œuvres choisie de Marx et d’Engels (en deux volumes), tome II.
[18] « Vie pour le peuple », Zarya Voltoka, 17 décembre 1961.
[19] « Créé et éduqué par le Parti », Agitator, N°2, 1963
[20] Allocution de V.I. Chuikov à la commémoration de XXe anniversaire de la Grande guerre patriotique de l’Union soviétique, Pravda, 22 juin 1961
[21] Allocution de G.S. Titov prononcée le 26 octobre 1961 au XXIIe Congrès du P.C.U.S.
[22] Allocution de A.N. Kossyguine prononcée le 21 octobre 1961 au XXIIe Congrès du P.C.U.S.
[23] V.I. Lénine : « La maladie infantile du communisme (le ‘gauchisme’) », Œuvres, tome 31.
[24] Lettre ouverte du Comité central du P.C.U.S. aux organisations du Parti et à tous les communistes de l’Union soviétique, 14 juillet 1963.
[25] Ibidem.
[26] Allocution de N.S. Khrouchtchev prononcée le 19 juillet 1963 à Moscou au Meeting de l’amitié soviéto-hongroise.
[27] Lettre de M.A. Bakounine à K. Marx du 22 décembre 1868, Neue Zeit, N°1, 1900
[28] Voir F. Mehring : « Karl Marx, histoire de sa vie ».
[29] Voir « Lettre de F. Engels à A. Bebel », 20 juin 1873, Œuvres choisies de Marx et d’Engels (en deux volumes), tome II.
[30] K. Kautsky : « La social-démocratie contre le communisme »
[31] L. Trotski : « Staline, l’homme et son influence »
[32] L. Trotski : « La bureaucratie stalinienne et l’assassinat de Kirov »
[33] E. Kardelj : « Cinq ans après », Borda, 28 juin 1953.
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