Le 5e Congrès de l’IC approuve sans réserve le fonctionnement du CEIC depuis le 4e Congrès et constate que sous sa direction juste et ferme, l’IC est presque partout sortie plus forte de cette étape d’attaques acharnées du capital combattant pour sa dictature.
Dans ces dix-huit mois, l’offensive du capital, déjà commencée auparavant, s’est développée, dans la plupart des pays capitalistes, en agressions violentes contre le prolétariat révolutionnaire ; ainsi, en Bulgarie, en Italie, en Allemagne, en Pologne, en Finlande, en Roumanie, en Yougoslavie, en Espagne, au Japon et aux Indes. Même en France, les représailles contre les grévistes et les arrestations en masse de communistes sont à l’ordre du jour ; en Tchécoslovaquie, ce sont les lois d’exception ; en Autriche, les crimes fascistes ; en Norvège, depuis de longs mois, les incursions presque journalières de la police, la justice de classe et la formation d’une garde-blanche Le mouvement communiste n’a pas subi ces attaques sans de lourdes pertes. Il n’a pas toujours évité les erreurs et les déviations.
Cependant, dans aucun pays, la puissance capitaliste n’a été en état de briser l’organisation de l’avant-garde communiste, ni de l’isoler du gros du prolétariat.
En Italie même, l’extermination systématique du communisme ne put causer le moindre dommage à son influence sur les masses, pas même aux élections parlementaires.
En Bulgarie, après leur défaite sanglante, les ouvriers et les paysans qui avaient combattu sous la direction des communistes se rallièrent immédiatement et unanimement, lors des élections, autour du drapeau communiste
En Allemagne, après la grande défaite du mouvement, après une dangereuse crise intérieure et les persécutions les plus brutales, le PC a rapidement reformé ses rangs, s’est donné une ferme direction et a démontré, par une brillante victoire électorale où il a recueilli 3 millions de voix, que sa force révolutionnaire est plus grande et plus ferme que jamais. En France et en Tchécoslovaquie, les victoires électorales des communistes ont manifesté un progrès évident de l’influence du communisme sur les masses.
En face de ces grandes luttes de classes, le CEIC a pris diverses mesures d’un caractère décisif pour la juste orientation des Sections.
Le Congrès tient notamment à constater les cas suivants :
§1. Aux Conférences internationales d’Essen et de Francfort au printemps de 1923, le CEIC indique justement l’objectif concret de préparation révolutionnaire intense imposé par l’occupation de la Ruhr au prolétariat occidental, surtout aux PC d’Allemagne et de France.
§2. Lorsqu’en août, la montée du mouvement révolutionnaire annonça en Allemagne l’approche d’une situation favorable à la lutte décisive pour le pouvoir, le CEIC a justement demandé l’orientation immédiate du Parti vers cet objectif immédiat ; il lui a accordé à cet effet tout le concours possible et a mobilisé plusieurs Sections pour soutenir le plus vigoureusement possible la révolution allemande.
§3. Après la capitulation d’octobre, effectuée presque sans combat et rendue possible par la trahison des chefs social-démocrates et l’insuffisance de la direction communiste, il était absolument juste et nécessaire que le C.E., averti par la gauche du PC allemand, et avec le soutien de cette gauche, soumit à une sévère critique l’attitude opportuniste du CC, condamnât sa déformation de la tactique du front unique lors de l’expérience saxonne et, par une lutte encore plus impitoyable contre l’opportunisme, en tirant les conséquences politiques.
§4. Le CEIC avait déjà critiqué, d’après la conception de la gauche, les déraillements opportunistes du Congrès de Leipzig ; il avait, par deux fois avant octobre, complété la Centrale désignée à Leipzig en y faisant entrer des représentants de l’opposition de gauche.
Maintenant, avec son concours, l’union de la gauche et du centre en un bloc de combat contre la droite fut réalisée et la direction confiée à ce bloc, dans la certitude que le Parti approuverait et confirmerait cet éloignement de la droite banqueroutière. C’est ce qui arriva.
Cette solution énergique vint en aide au Parti allemand, écarta le danger de scission provoqué par les antagonismes intérieurs insurmontables et empêcha la crise du Parti allemand de dégénérer en une crise de toute l’Internationale à la suite de la panique déjà sensible çà et là chez les éléments incertains. Le mérite en revient à la classe ouvrière allemande comme au Parti allemand, qui ont exigé avec la dernière énergie l’extirpation des déviations de droite et qui, avec le soutien de l’IC ont trouvé en eux la force de sortir sans découragement et sans affaiblissement d’une crise aussi grave.
§5. En face des dangers de déviation de droite que l’application de la tactique du front unique avait fait apparaître plus menaçants qu’on ne s’y attendait, le CEIC a repoussé énergiquement, comme une interprétation opportuniste, toute tentative de faire de cette tactique plus qu’une méthode révolutionnaire d’agitation et de mobilisation des masses, toute tentative de faire servir le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan non pas à une agitation pour la dictature prolétarienne, mais à une coalition pour la démocratie bourgeoise. Aux représentations opportunistes de la social-démocratie le CEIC a opposé son véritable caractère d’aile gauche de la bourgeoisie
§6. Mettant à profit la leçon des événements d’Allemagne pour perfectionner l’organisation communiste, le CEIC a pris d’énergiques mesures, en Allemagne et ailleurs, pour la construction des Cellules d’entreprises, comme base des Partis. Ces mesures ont conduit, dans plusieurs pays, à des résultats sensibles.
§7. En face de la passivité à courte vue et opportuniste qui s’était révélée dans l’attitude du CC bulgare lors du coup d’État de juin 1923, Le CEIC s’est immédiatement efforcé par une critique franche et très instante, de pousser le Parti bulgare dans la voie d’une sérieuse préparation de la lutte armée en vue d’une attaque à prévoir de la contre-révolution.
Mais il n’a pas réussi alors à faire admettre suffisamment son point de vue par la direction du Parti. Ce n’est qu’après sa défaite que ce point de vue fut adopté, et, sur cette plate- forme, que le PCB resserra ses rangs et se débarrassa de son aile droite pourrie.
§8. De même en France avec la collaboration du CEIC et avec le soutien de la majorité du CD, le PC fut épuré de la plus grande part du ballast opportuniste et consolidé. La même opération s’est accomplie en Norvège avec les plus grandes difficultés : les communistes, minorité mal organisée, ont mené dans le Parti ouvrier opportuniste une rude lutte de fraction, sans cesse exposés au danger d’être jetés à la porte par une direction hostile au communisme.
L’ambition sans borne des chefs opportunistes se changeant de plus en plus en sabotage déclaré et systématique des décisions de l’Internationale et même en désertion effrontée après la défaite d’octobre, il est impossible de tolérer la continuation de ces menées au nom du communisme.
Quoi qu’il fut à prévoir qu’en cas de rupture de la direction avec l’IC, de bons prolétaires suivraient leurs chefs anti-communistes, le CEIC a dû demander au Congrès National du Parti norvégien une décision nette pour ou contre la loyale collaboration avec l’Internationale. D’où la scission et la fondation du PC de Norvège. Pendant ces 6 mois, le PCN acquit l’autorité d’un grand Parti révolutionnaire, par son activité et surtout par sa participation active aux grands conflits du travail.
La lutte des adversaires norvégiens de l’Internationale a eu en Suède, avec les attaques des éléments de droite, un écho qui causa quelques panique, mais fut éteint par le C.E.
§9. Le Parti Polonais a pris à son 2e Congrès, avec la participation active du CEIC, des résolutions qui fournissent un terrain bolchevik solide de sa croissance et sa consolidation. Mais son CC n’a pas déployé dans sa conduite pratique, en particulier lors des grands combats d’octobre, l’activité révolutionnaire voulue. Dans les questions russe et allemande, il a soutenu la droite et cherché à étouffer dans ses rangs, toute critique de gauche.
§10. Le P. C. Tchécoslovaque n’a pas été exempt de fautes et de déviations opportunistes, ce qui est apparu entre autres dans son interprétation des décisions du 4e Congrès sur le front unique et le gouvernement ouvrier. Des hésitations et des confusions opportunistes se sont aussi fait jour chez lui dans les questions russe et allemande.
Le Parti y a déployé dans certains domaines une activité plus grande, mais il n’a pas su rattacher les Interventions parlementaires aux actions des masses prolétariennes ni préparer convenablement ces dernières aux futurs combats révolutionnaires.
§11. Des mouvements de masse de la classe ouvrière en Hongrie montrent que la situation est mûre pour l’organisation et la construction d’un PC Aux communistes hongrois incombe to tâche de l’organisation du Parti et, pour avancer ce travail, de hâter la liquidation déjà commencée des conflits de fractions.
§12. Des déviations de droite se révélèrent aussi dans les Partis britannique et américain sur la question du front unique et des rapports du PC avec les chefs du Labour Party «tiers parti» de la bourgeoisie, le CEIC a réussi à convaincre les camarades anglais et américains de la nécessité de réviser leurs opinions. Les problèmes originaux et nouveaux posés par le mouvement révolutionnaire anglo-saxon ont été traités en détail à plusieurs reprises par le CEIC et réclameront encore d’avantage à l’avenir l’attention de la direction internationale.
§13. Le CEIC a également, le cas échéant combattu les déviations d’extrême-gauche. Dans une fraction du PC italien subsiste toujours un dogmatisme non marxiste qui refuse par principe de régler la tactique sur des situations concrètes et par là entrave la capacité de manœuvre du Parti.
Le PCI, s’il veut devenir un Parti de masses, doit se placer aujourd’hui sans réserve sur le terrain tactique de l’IC. La fusion des [illisible] avec le PC résoudra une question qui a causé des désaccords entre le PCI et l’IC Mais même après cette fusion, le PCI devra se préoccuper de conquérir les masses qui appartiennent aujourd’hui au P.S.
§14. Dans les Syndicats, des progrès sont à constater dans bien de pays vers l’unité et l’intensité du travail (surtout en France). Des succès considérables (entre autres en Angleterre) ont été obtenus. En Allemagne, un état d’esprit d’extrême-gauche provoqué l’hiver dernier par la bureaucratie réformiste a amené une masse de communistes et de sympathisants à sortir des Syndicats.
Le PC ne s’étant pas pendant un certain temps opposé catégoriquement à cette dangereuse déviation, le CEIC est intervenu de la façon la plus instante jusqu’à ce que la décision du Congrès de Francfort ait mis un terme à ce phénomène catastrophique et a mené un renversement total d’opinion en faveur du travail révolutionnaire au sein des Syndicats.
§15. La propagande parmi les classes moyennes semi-prolétariennes et petites-bourgeoises a été souvent recommandée aux Sections pour enlever sa base au fascisme. On a en effet obtenu d’importants succès par cette tactique en Allemagne, en Italie presque aucun.
§16. Le CEIC n’a cessé de recommander à toutes les Sections une agitation permanente et active en vue de gagner les paysans pauvres à la cause de la révolution prolétarienne. À cet effet le mot d’ordre de «gouvernement ouvrier» a été élargi en la formule «gouvernement ouvrier et paysan». La fondation de l’Internationale Paysanne, initiative de la plus haute importance, s’est opérée avec le concours énergique du CEIC.
L’élaboration d’une politique agraire communiste indépendante s’imposera prochainement à presque toutes nos Sections.
§17. En ce qui concerne la question des nationalités, le CEIC a maintes fois rappelé à l’ordre, pour exécution défectueuse des résolutions du 2 e Congrès, les Sections pour lesquelles ce problème est d’une importance vitale. Le principe essentiel du léninisme, exigeant une action énergique et incessante des communistes pour le droit des peuples à disposer de leur sort (jusqu’à se séparer et former un État indépendant) n’a pas encore été appliqué par toutes les Sections comme il convient.
§18. À côté de la nécessité de gagner les sympathies des masses paysannes et des minorités nationales opprimées, le C.E a maintes fois souligné dans ses directives l’importance qu’il y a à obtenir de l’alliance des mouvements d’émancipation nationale des peuples coloniaux et de tous les peuples orientaux au prolétariat révolutionnaire des pays capitalistes. Cela suppose non seulement une extension de la liaison immédiate du CEIC avec les mouvements d’émancipation nationale d’Orient, mais encore un contact étroit entre les Sections des pays impérialistes et les colonies de ces pays et avant tout, dans chaque pays, une lutte permanente et acharnée contre la politique coloniale de la bourgeoisie. À ce point de vue l’action communiste est partout très faible.
Pour le travail dans l’armée, le CEIC, de concert avec l’ICJ, a obtenu de remarquables résultats préparatoires (dans la Ruhr). Des Sections qui avaient à combattre les plus fortes puissances impérialistes ont trop souvent négligé les leçons de Lénine sur la guerre à la guerre et ont dû être rappelées à l’ordre par le CEIC.
Cette ligne de conduite du CEIC qui est celle de la stratégie de la tactique et de l’organisation léniniste, elle et pas une autre, doit continuer à servir de fil conducteur à toutes les Sections de l’Internationale
La bolchévisation des PC doit être réalisée conformément au testament de Lénine, en prenant en considération l’état de chaque pays.
Ce travail commence à se développer dans ce sens. Cependant dans beaucoup de Sections, les Comités centraux, les groupements et les membres commencent, quoique lentement, à manifester plus d’activité. Parfois se font remarquer dans les meilleurs partis, l’initiative authentique, l’énergie du choc, la capacité intelligente de manœuvre de la discipline consciente d’organisation de combat, véritablement révolutionnaires.
Il faut mener à bonne fin cette bolchévisation inlassablement, systématiquement et sans relâche. La conscience du rôle de chef révolutionnaire du PC et de l’IC doit entrer dans le sang de chaque organe et de chaque membre du Parti, de façon à susciter de leur part cette fidélité inébranlable qui fait du Parti une organisation bolchévique et de l’Internationale un Parti mondial triomphant.
Présentement, il manque encore beaucoup à l’IC pour être un vrai Parti mondial. Le Congrès rappelle aux Sections leur devoir, plus effectif que jamais, de prendre part à la solution des problèmes internationaux, par l’envoi régulier d’informations et de correspondances, et à la direction collective de l’IC, par la délégation de leurs meilleurs membres au CEIC.
L’expérience a montré qu’il est souvent impossible de convoquer les congrès nationaux après le congrès mondial. Le congrès supprime cette obligation. Les congrès nationaux (ordinaires et extraordinaires) ne peuvent cependant être convoqués que d’accord avec le CEIC.
Le Congrès charge le CEIC de veiller plus strictement encore que jusqu’ici à la discipline de fer de toutes les Sections et de tous les dirigeants. Il constate que dans certains cas le CEIC, pour ne pas nuire au prestige de camarades de grand mérite, n’est pas intervenu avec l’énergie suffisante contre les infractions à la discipline.
Il charge le CEIC, le cas échéant, d’agir avec plus de décision et de ne pas reculer devant les mesures exceptionnelles. Dans chaque pays et dans les organisations communistes, il faut travailler à fondre les Sections de l’IC en un seul et même Parti mondial.
Avec cette ferme décision, l’Internationale affrontera les prochains combats, plus riche d’expériences, plus forte que jamais, plus pleine encore de volonté de lutte et de confiance en la victoire.
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de l’Internationale Communiste