Le mot « épistémologie » n’est pas commun, mais il est important. Il vient du grec et signifie parler au sujet de la connaissance (« episteme »), c’est-à-dire l’étude des fondements de la science.
Par exemple, le fondement de la « science » chrétienne est la figure du Christ, et celui du matérialisme dialectique est la matière considérée comme éternelle et en mouvement.
Le grand révolutionnaire bangladeshi Siraj Sikder exprime ici un point de vue très intéressant, très profond, très intense, très dense. Voici ce qu’il dit :
« La ligne correcte de la direction ne se développe qu’après la répétition, à plusieurs reprises, du cycle de la matière à la conscience et de la conscience à la matière, c’est-à-dire de la pratique à la connaissance et de la connaissance à la pratique.
C’est l’épistémologie du marxisme, c’est-à-dire l’épistémologie matérialiste dialectique.
Le président Mao l’a examinée plus minutieusement dans « A propos des méthodes de direction».
Là, il a dit :
« Toute direction correcte de notre parti est nécessairement ‘partir des masses pour retourner aux masses’. Cela signifie : recueillir les idées des masses (idées diffuses et peu méthodiques) et les concentrer (par l’étude, les transformer en idées concentrées et systématiques) pour ensuite aller vers les masses propager et expliquer ces idées jusqu’à ce que les masses les comprennent comme étant les leurs, les retiennent et les traduisent action et tester la justesse de ces idées dans l’action.
Puis, encore une fois, rassembler les idées issues des masses et encore une fois aller vers les masses afin que ces idées soient appuyées et menées à bonne fin. Et ainsi de suite maintes et maintes fois dans une spirale sans fin, les idées devenant plus correctes, plus essentielles et plus riches chaque fois. Telle est la théorie marxiste de la connaissance ».
De cela, nous obtenons les deux processus suivants de développement de la connaissance :
A : Connaissance perceptuelle issue de la matière – Pratique
Recueillir les idées des masses, c’est-à-dire aller au contact de l’objet, traduire cela au niveau cérébral et accumuler une connaissance perceptuelle. Pour cela, la direction a besoin de rompre la glace. Cela signifie résoudre tous les problèmes quant à la direction dans une unité ou dans une zone.
B : Connaissance conceptuelle – Stade de la théorie
Cette étape est celle de transformer des idées recueillies en idées synthétisées, de créer une ligne connaissance conceptuelle – théorie – plan – général, c’est-à-dire d’élever le stade de connaissance perceptuelle – matière au stade de connaissance conceptuelle – conscience.
C : Contact avec la matière – Pratique
Amener la ligne Connaissance Conceptuelle – Conscience – Théorie – Plan – Général aux masses, activer cela, c’est-à-dire appliquer la ligne Connaissance Conceptuelle – Conscience – Théorie – Plan – Général à la pratique et éprouver la justesse de la ligne Théorie – Plan – Général par la transformation, avec persévérance, de la matière selon cela.
La transformation de la matière se produisant au cours de la pratique selon la ligne Connaissance Conceptuelle – Conscience – Théorie – Plan – Général est correcte.A ce stade, la connaissance pour ce qui concerne la matière complète.
Si la connaissance conceptuelle n’est pas complètement en conformité avec le changement et la transformation de la matière, alors, nous devons créer une connaissance perceptuelle dans la pratique et l’application, effacer les erreurs en faisant la récapitulation de l’expérience et des recherches et faire une nouvelle ligne Théorie – Plan – Général, c’est-à-dire que la connaissance conceptuelle doit être créée.
Là encore, cela doit être appliqué dans la pratique pour vérification.Nous devons mettre cela en pratique pour changer et transformer la matière.
Ainsi, la ligne correcte se développe en suivant les cycles répétés de Matière – Pratique – Connaissance Perceptuelle vers la ligne Conscience – Connaissance Conceptuelle – Théorie – Plan – Général et de la ligne Conscience – Connaissance Conceptuelle – Théorie – Plan – Général vers la Matière – Pratique – Connaissance Perceptuelle.
Nous devons aussi appliquer la méthode de la ligne de masse pour guider les cadres. »
C’est de fait une explication correcte de la loi du reflet. Quand il dit :
« Recueillir les idées des masses, c’est-à-dire aller au contact de l’objet, traduire cela au niveau cérébral et accumuler une connaissance perceptuelle »
Siraj Sikder utilise des mots très clairs pour cela :
– বস্তু signifie objet (« bastu »),
– মস্তিষ্কে signifie cerveau (« mastiṣka »),
– প্রতিফলিত করা signifie refléter (traduit ici en français par « traduire » dans « traduire cela au niveau cérébral »).
Et nous pouvons voir deux étapes : la première de ces étapes concerne les cinq sens. C’est logique, comme les humains sont de la matière vivante. Ce qui conduit les humains n’est pas un « esprit », une « âme », mais leur propre existence matérielle.
Par conséquent, la première étape ne peut être que basé sur la perception, reliée à la pratique, parce que la pratique signifie la transformation et ainsi les ressentis qui vont avec. C’est pourquoi la classe ouvrière est la classe la plus révolutionnaire de l’histoire.
La seconde étape concerne la théorie, la conceptulisation. Ici, Siraj Sikder montre qu’il a parfaitement compris les enseignements de Lénine et, avant lui, de la social-démocratie européenne à la fin du XIXe siècle.
Le matérialisme dialectique considère que sans la conceptualisation, il n’y a pas de synthèse. Bien entendu, la synthèse doit revenir aux masses, et c’est une tâche difficile. Mais rien n’est plus faux que la ligne spontanéiste qui refuse cette conceptualisation.
Lorsque nous regardons Charu Mazumdar, nous pouvons voir qu’il est souvent accusé de gauchisme, en Inde, pour sa ligne de l’anéantissement. Mais si nous regardons les enseignements de Charu Mazumdar, nous ne voyons pas qu’il ait « arrêté » le processus à la première étape. Au contraire, il a bataillé pour la constitution du Parti – précisément pour l’existence du niveau de conceptualisation. Ainsi, il n’était pas un simple partisan de la spontanéité.
Le concept de « Parti » n’est pas simplement un concept « politique », ce n’est pas simplement une « organisation » : c’est un lieu pour la synthèse, et c’est pourquoi il y a toujours une lutte de deux lignes en son sein : cela reflète le processus dialectique qui se déroule.
Le Parti est en lui-même le reflet de la réalité en mouvement, et la pensée guide est l’outil permettant le saut du niveau de la perception à celui de la conceptualisation.