1er mai 1943
Camarades combattants de l’Armée et de la
Flotte rouges, commandants et travailleurs politiques, partisans et
partisanes, ouvriers et ouvrières, paysans et paysannes,
travailleurs intellectuels ! Frères et sœurs qui vous trouvez
momentanément sous le joug des oppresseurs allemands !
Au nom du Gouvernement soviétique et de notre Parti bolchevik, je vous salue et vous félicite à l’occasion du 1er Mai !
Les peuples de notre pays célèbrent le 1er Mai aux jours sévères de la guerre pour le salut de la Patrie.
Ils ont confié leur sort à l’Armée rouge, et leur espoir n’a pas été déçu. Les guerriers soviétiques ont fait un rempart de leur corps pour défendre la Patrie et voilà bientôt deux ans qu’ils luttent pour sauvegarder l’honneur et l’indépendance des peuples de l’URSS.
Pendant la campagne d’hiver de 1942-1943, l’Armée rouge a infligé de sérieuses défaites aux troupes hitlériennes ; elle a anéanti une quantité importante d’hommes et de matériel de l’ennemi, elle a encerclé et liquidé deux armées adverses devant Stalingrad, elle a capturé plus de 300 000 soldats et officiers ennemis et délivré du joug allemand des centaines de villes et des milliers de villages soviétiques.
La campagne d’hiver a montré que la force offensive de l’Armée rouge s’était accrue.
Nos troupes n’ont pas simplement bouté les Allemands hors du territoire dont ils s’étaient emparés dans l’été de 1942 ; elles ont encore occupé des villes et des régions qui étaient aux mains de l’ennemi depuis environ dix-huit mois.
Les Allemands ont été dans l’impossibilité d’empêcher l’offensive de l’Armée rouge.
Même pour opérer sa contre-offensive dans un secteur restreint du front, région de Kharkov, le commandement hitlérien s’est vu obligé de faire venir de l’Europe occidentale plus de trente nouvelles divisions.
Les Allemands comptaient encercler les troupes soviétiques dans la région de Kharkov et leur infliger un « Stalingrad allemand ».
Cependant la tentative du commandement hitlérien pour prendre sa revanche de Stalingrad a échoué.
Dans le même temps les troupes victorieuses de nos alliés ont battu les armées italo-allemandes en Libye et en Tripolitaine ; elles ont expulsé l’ennemi de ces régions et continuent aujourd’hui de le battre en Tunisie ; la glorieuse aviation anglo-américaine porte aux centres de l’industrie de guerre d’Allemagne et d’Italie des coups foudroyants, annonciateurs de la formation d’un deuxième front en Europe contre les fascistes italo-allemands.
Ainsi, pour la première fois dans cette guerre, le coup porté du côté de l’est par l’Armée rouge et le coup porté du côté de l’ouest par les troupes de nos alliés se sont fondus en un seul élan.
Tous ces faits pris ensemble ont ébranlé jusque dans sa base la machine de guerre hitlérienne, modifié le cours de la guerre mondiale et créé les conditions nécessaires à la victoire sur l’Allemagne hitlérienne.
En conséquence, l’ennemi a été obligé de reconnaître l’aggravation sensible de sa situation et de crier aussitôt à la crise de la guerre. L’ennemi s’efforce, il est vrai, de dissimuler ce que sa situation a de critique en faisant du battage autour de la mobilisation « totale ».
Mais il n’est point de battage qui puisse démentir le fait que le camp fasciste traverse effectivement une crise grave.
La crise dans le camp fasciste se traduit tout d’abord par ceci que l’ennemi s’est vu obligé de renoncer publiquement à son projet initial de guerre-éclair.
Parler de guerre-éclair n’est plus de mode aujourd’hui dans le camp adverse ; les glapissements à propos de la guerre-éclair ont fait place à des jérémiades sur l’inévitable guerre de longue haleine.
Si auparavant le commandement fasciste allemand faisait parade de sa tactique d’offensive-éclair, aujourd’hui il l’a rejetée ; les fascistes allemands ne se vantent plus d’avoir réalisé ou d’avoir le dessein de réaliser une offensive-éclair ; ils se glorifient d’avoir pu se dérober habilement aux manœuvres enveloppantes des troupes anglaises en Afrique du Nord ou à l’encerclement par les troupes soviétiques dans la région de Démiansk.
La presse fasciste abonde en communiqués fanfarons disant que les troupes allemandes ont réussi à décamper du front et à éviter un nouveau Stalingrad dans tel ou tel secteur du front est ou du front de Tunisie.
A croire que les stratèges hitlériens n’ont plus d’autre sujet de vantardise.
La crise dans le camp fasciste se traduit ensuite par ceci, que les fascistes parlent de plus en plus souvent de la paix.
A en juger d’après les informations de la presse étrangère, on pourrait tirer la conclusion que les Allemands voudraient obtenir la paix avec l’Angleterre et les Etats-Unis à condition que ces pays s’écartent de l’Union Soviétique ou, inversement, ils voudraient obtenir la paix avec l’Union Soviétique à condition qu’elle abandonne l’Angleterre et les Etats-Unis.
Traîtres jusqu’à la moelle des os, les impérialistes allemands ont l’impudence de mesurer à leur aune les alliés, comptant qu’il s’en trouvera parmi eux pour mordre à l’hameçon.
Ce n’est certes pas de gaieté de cœur que les Allemands dissertent sur la paix. Les propos sur la paix tenus dans le camp des fascistes, n’attestent qu’une chose : c’est qu’ils traversent une crise grave.
Mais de quelle paix peut-il être question avec les brigands impérialistes du camp fasciste allemand, qui ont inondé de sang l’Europe et l’ont couverte de potences ?
N’est-il pas clair que seuls l’écrasement total des armées hitlériennes et la capitulation sans conditions de l’Allemagne hitlérienne peuvent amener l’Europe à la paix ? Et si les fascistes allemands parlent tant de la paix, n’est-ce pas parce qu’ils sentent l’imminence de leur débâcle ? Le camp fasciste germano-italien traverse une lourde crise et est placé devant la catastrophe.
Cela ne signifie pas évidemment que la débâcle de l’Allemagne hitlérienne soit déjà consommée.
Non. L’Allemagne hitlérienne et son armée ont été ébranlées et traversent une crise, mais elles ne sont pas encore battues.
Il serait puéril de croire que la catastrophe viendra toute seule, automatiquement.
Il faut encore deux ou trois coups vigoureux de l’ouest et de l’est, pareils à celui qui a été porté à l’armée hitlérienne dans les derniers cinq ou six mois, pour que la débâcle de l’Allemagne hitlérienne devienne un fait accompli.
Aussi bien les peuples de l’Union Soviétique et leur Armée rouge, de même que nos alliés et leurs armées, auront encore à mener une sévère et pénible lutte pour remporter la victoire totale sur les brutes hitlériennes.
Cette lutte exigera d’eux de grands sacrifices, une fermeté à toute épreuve, une volonté de fer.
Ils devront mobiliser toutes leurs énergies et toutes leurs ressources pour battre l’ennemi et frayer ainsi la voie à la paix.
Camarades, le peuple soviétique fait preuve d’une sollicitude sans bornes pour son Armée rouge.
Il est prêt à donner toutes ses forces pour
augmenter encore la puissance militaire du pays des Soviets.
En
moins de 4 mois les peuples de l’Union Soviétique ont versé au
fonds de l’Armée rouge plus de 7 milliards de roubles.
Cela montre une fois de plus que la guerre contre les Allemands est réellement une guerre de toute la nation, de tous les peuples habitant l’Union Soviétique.
Ouvriers, kolkhoziens, intellectuels travaillent sans relâche dans les entreprises et les institutions, dans les transports, les kolkhoz et les sovkhoz, en supportant avec courage et fermeté les privations engendrées par la guerre.
Mais la guerre contre les envahisseurs fascistes allemands veut que l’Armée rouge reçoive en quantité plus grande encore : canons, chars, avions, mitrailleuses, pistolets-mitrailleurs, mortiers, munitions, équipements, vivres.
Il faut donc que les ouvriers, les kolkhoziens, tous les intellectuels soviétiques redoublent d’énergie en travaillant pour le front.
Il importe que tous nos hommes et tous nos établissements de l’arrière travaillent avec ensemble et précision, comme un mécanisme d’horlogerie bien réglé. Rappelons-nous le précepte du grand Lénine : « Dès l’instant que la guerre est inévitable, tout pour la guerre ; le moindre relâchement et la moindre mollesse doivent être punis selon la loi du temps de guerre. »
Pour répondre à la confiance et à la sollicitude de son peuple, l’Armée rouge doit encore plus vigoureusement frapper l’ennemi, exterminer sans pitié les envahisseurs allemands, les chasser sans répit du sol soviétique. Au cours de la guerre, l’Armée rouge a enrichi son expérience militaire.
Des centaines de milliers de combattants possèdent à la perfection le maniement de leurs armes.
Nombreux sont les chefs qui ont appris à commander habilement leurs troupes sur le champ de bataille.
Cependant on aurait tort de s’en tenir là.
Les combattants doivent acquérir la maîtrise de leurs armes, les chefs doivent passer maîtres dans la conduite de la bataille.
Mais cela non plus ne suffit pas.
Dans l’art militaire, à plus forte raison dans une guerre comme celle d’aujourd’hui, on ne saurait rester sur place.
S’arrêter, en l’occurrence, c’est retarder.
Or tout le monde sait que les retardataires, on les bat.
Aussi, ce qu’il faut surtout à présent, c’est que toute l’Armée rouge perfectionne quotidiennement son instruction militaire, que tous les chefs et combattants de l’Armée rouge s’assimilent l’expérience de la guerre, apprennent à se battre comme il convient pour remporter la victoire.
Camarades combattants de l’Armée et de la Flotte rouges, commandants et travailleurs politiques, partisans et partisanes !
En vous saluant et vous félicitant à l’occasion du 1er Mai, J’ORDONNE :
1. A tous les combattants – fantassins,
servants de mortiers, artilleurs, hommes de chars, aviateurs,
sapeurs, agents de transmissions, cavaliers : de continuer sans
relâche à perfectionner leur maîtrise militaire ; d’exécuter
scrupuleusement les ordres de leurs chefs ; de se conformer aux
statuts et règlements ; d’observer scrupuleusement la discipline; de
maintenir le bon ordre et l’organisation.
2. Aux
commandants de toutes les armes et aux chefs de formations mixtes :
de passer maîtres dans l’art de conduire les troupes, d’organiser
avec intelligence l’action solidaire de toutes les armes et d’en
assurer la direction pendant la bataille.
Observer l’adversaire, améliorer les services de reconnaissance – yeux et oreilles de l’armée – en se souvenant bien qu’à défaut de tout cela on ne saurait battre l’ennemi à coup sûr.
Élever la qualité du travail des états-majors dans l’armée, faire en sorte que les états-majors des unités et groupes de l’Armée rouge deviennent des organismes modèles de direction des troupes.
Élever le travail sur les arrières de nos armées au niveau des exigences formulées par la guerre en cours, en se souvenant bien que du ravitaillement complet et à point nommé des troupes en munitions, équipements et vivres, dépend l’issue des opérations militaires.
3. A toute l’Armée rouge : d’affermir et exploiter les succès des batailles de cet hiver, de ne pas céder à l’ennemi un seul pouce de notre terre, d’être prête à livrer des combats décisifs aux envahisseurs fascistes allemands.
Faire preuve dans la défense de la fermeté et de la ténacité propres aux combattants de notre Armée.
Dans l’offensive faire preuve de décision,
conjuguer judicieusement l’action des troupes, opérer des manœuvres
hardies sur le champ de bataille aboutissant à l’encerclement et à
l’anéantissement de l’adversaire.
4. Aux partisans et
partisanes : de frapper vigoureusement les arrières de l’ennemi, ses
voies de communication, ses dépôts militaires, ses états-majors et
entreprises, de détruire ses moyens de liaison. Entraîner de vastes
contingents de la population soviétique des régions envahies à
lutter énergiquement pour leur délivrance, et sauver du même coup
les citoyens soviétiques qui, sans cela, seraient emmenés en
esclavage en Allemagne, exterminés par les brutes hitlériennes.
Venger impitoyablement sur les envahisseurs allemands le sang et les larmes de nos femmes et de nos enfants, de nos mères, pères, frères et sœurs. Aider par tous les moyens l’Armée rouge en lutte contre les infâmes asservisseurs hitlériens.
Camarades,
L’ennemi a déjà éprouvé la vigueur des coups foudroyants de nos troupes. Le moment approche où l’Armée rouge, de concert avec les armées de nos Alliés, brisera l’échiné à la brute fasciste.
Vive notre glorieuse Patrie !
Vive notre vaillante Armée rouge !
Vive notre vaillante Marine militaire !
Vivent nos intrépides partisans et partisanes !
Mort aux envahisseurs allemands !
Le Commandant en chef
Maréchal de l’Union Soviétique
J. Staline