Subjectivité, collectivité, auto-détermination

Avril 2018

Parti Communiste de France (Marxiste-Léniniste-Maoïste)

Prolétaires de tous les pays, unissez vous !

Nous voulons ici souligner des points essentiels sur l’importance de l’esprit révolutionnaire, sur ce que cela implique dans l’engagement révolutionnaire, dans le regroupement des personnes ayant acquis un certain niveau de conscience les amenant à assumer le conflit avec le mode de production capitaliste.

Ce que nous voulons dire par là, c’est qu’il n’existe pas de vie possible dans une société capitaliste sans un esprit de rupture et de confrontation avec les valeurs qui sont imposées dans la vie quotidienne. Il ne s’agit pas simplement d’un partage inégalitaire des richesses, d’une hiérarchie sociale injuste qui posent problème, mais bien de toutes les facettes de la vie qui sont déformées, appauvries, niées, empêchant chaque personne de déployer ses facultés réelles.

La laideur des grandes villes, l’impossibilité de développer des activités artistiques, l’arriération des mentalités prisonnières d’un travail répétitif, l’isolement des campagnes, la destruction de la nature… tout cela se confronte à la compréhension que tout pourrait être autrement.

Et cela est d’autant plus flagrant que, grâce à la culture historique dont on peut disposer, on s’aperçoit que la société a progressé, évolué, que les forces productives et les richesses matérielles ont grandi sans commune mesure. Il y a un formidable héritage culturel populaire qui est nié, gâché, abîmé, converti en prétexte pour une consommation passive qui renforce inversement le mode de production capitaliste.

Cette question de l’héritage ne doit pas être sous-estimée : elle va de paire avec deux choses fondamentales. La première, c’est le fait que l’héritage relève d’un concept s’appuyant sur l’existence de la classe ouvrière comme classe devant prendre les commandes de la société, tout comme la bourgeoisie et l’aristocratie l’ont fait dans le passé pour façonner la société selon leurs propres valeurs.

Il ne s’agit pas d’aller vers le passé, de pratiquer un romantisme anticapitaliste idéalisant le petit capitalisme ou le moyen-âge, voire l’antiquité.

La seconde chose fondamentale, c’est que l’humanité actuelle est le fruit d’une accumulation de valeurs, d’expériences, de principes, qui se sont synthétisés et permettent justement ce qu’on appelle le progrès.

Il ne s’agit pas de nier les apports du passé, qui ont contribué à la civilisation. Il s’agit de faire le tri entre ce qui relève du progrès et ce qui relève des formes du passé, de l’exploitation, de l’oppression.

A cela s’ajoutent les éléments à la fois nouveaux et façonnés par les mentalités arriérées : il est évident par exemple que la chasse à courre appartient au passé et doit être supprimée. Il faut également saisir en quoi la fuite dans l’alcool ou les drogues appartient à un mode de vie isolé, aliéné, propre à la vie quotidienne épuisante et épuisée que propose le capitalisme.

Par conséquent, la subjectivité révolutionnaire se doit d’aller avec le refus systématique du subjectivisme. Depuis 1848 et l’établissement de son pouvoir, depuis l’impressionnisme en peinture, depuis des philosophes comme Auguste Comte avec le positivisme ou encore Henri Bergson avec son vitalisme, la bourgeoisie ne cesse de valoriser le choix individuel comme porteur de sens et de valeurs.

La défense intransigeante du réalisme – du réalisme socialiste dans le sens de l’Union Soviétique de Joseph Staline – est une réponse incontournable aux lubies subjectivistes liées, d’une manière ou d’une autre et cela de manière obligée, à la bourgeoisie.

Il ne s’agit jamais de faire un fétiche de sa propre situation, malgré les souffrances et ce qu’on peut endurer dans cette société. Au-delà de sa situation personnelle, particulière, il y a la question de l’ensemble, de l’avenir.

Chercher à détruire ce qui nous détruit ne peut être que le point de départ, aboutissant à l’organisation collective dans le but de donner une réalité au renversement d’un système d’exploitation et d’oppression.

Cette subjectivité révolutionnaire reste la base pour trouver une voie pour exister de manière authentique malgré le capitalisme ; c’est une exigence qui part du plus profond de la conscience et de la sensibilité de toute personne voyant les choses en face.

Mais c’est une base qui, de manière dialectique, forme également une étape seulement, pour se rassembler, s’organiser, donner la vitalité à ce qui doit être appelé l’avant-garde, le Parti.

Précisons ici une chose capitale. Ce qu’on appelle révolution n’est pas, ici, un vain espoir ou l’attente d’un changement supprimant tous les problèmes d’un coup, mais c’est également un moment, une étape essentielle, cruciale, pour pouvoir avoir les moyens de briser les obstacles.

Il faut savoir raisonner en termes d’étapes et de moyens. L’Histoire procède par sauts, la lutte de classes reflète désormais la contradiction du mode de production capitaliste. Saisir cela, comprendre ce que signifie la subjectivité révolutionnaire comme antagonisme théorique et pratique, c’est se lancer dans le processus historique révolutionnaire, et cela veut dire aussi : être à la hauteur de l’idéologie, du matérialisme dialectique.

Pour cette raison, la nature même de l’organisation révolutionnaire, en conflit avec l’État – et non pas la société -, avec comme objectif de dépasser le mode de production capitaliste – et non de le faire reculer, de le repousser, de le refouler – repose sur les trois principes suivants : subjectivité, collectivité, auto-détermination.

Par subjectivité, il faut comprendre la capacité de décision personnelle, l’engagement existentiel qui amène l’identité à se façonner de manière dialectique pour une expression normale, naturelle de la vie, et contre ce qui exploite et opprime.

Sans cette rupture subjective, qui est d’une importance capitale dans une métropole impérialiste, rien n’est possible à part l’esprit de capitulation, la soumission à une vie quotidienne anéantissant les facultés, la sensibilité, façonnant toute la personnalité au service du capitalisme.

L’unité des personnes ayant fait le choix de cette rupture est la collectivité.

Il ne s’agit pas ici de nier l’idéologie ou de sous-estimer son rôle, sa nature ; toute notre activité cette dernière décennie en témoigne d’ailleurs, puisque nous avons de manière ininterrompue rétabli les fondamentaux du matérialisme dialectique, des principes du communisme.

Vive notre Parti, qui a rétabli l’idéologie révolutionnaire, se plaçant sous le drapeau de Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong, qui a le premier affirmé dans un pays impérialiste l’universalité de la guerre populaire comme théorie militaire du prolétariat !

On aurait tort de s’imaginer, pour autant, que cela aboutit au dogmatisme comme ossification théorique, bien au contraire. Le mépris que nous pouvons avoir – que nous avons – contre des vantards pseudo-révolutionnaires ne repose pas tant sur le fait qu’ils sont d’une faiblesse idéologique criante, que sur leur nature méprisante à l’égard de tout ce qui est rupture sur le plan de la vie quotidienne.

Qu’en 2018, l’existence du véganisme ne soit toujours pas pris en compte par des gens prétendant changer le monde nous suffit largement pour n’avoir rien envie de faire avec de telles personnes. Que des gens qui prétendent vouloir la révolution, le grand soir, le soulèvement ou bien la « guerre populaire » – peu importe les différences fictives de terminologie – nient les expériences des années 1970 et 1980 nous suffit amplement à les cataloguer, à les disqualifier.

Il ne faut pas se leurrer : le principe même de Parti, de collectivité, ne repose jamais sur l’idéologie seule, mais toujours sur les gens qui la portent, sur leur capacité à la porter. Lorsqu’il n’y a plus ces gens, le parti révolutionnaire devient révisionniste, l’idéologie étant modifiée, inlassablement et imperceptiblement, jusqu’à sa négation complète.

Pour cette raison, il ne faut pas avoir de fétichisme du Parti, mais bien de ceux et celles qui portent la subjectivité révolutionnaire capable de porter l’idéologie du Parti. C’est en ce sens que le P«C»F ne vaut plus rien depuis 1953 et qu’il n’y a pas à chercher à quel moment le révisionnisme aurait fini de tout liquider.

Ce qui fait justement la force de la collectivité révolutionnaire, du Parti, c’est cette capacité humaine à échanger, à apprendre, à enseigner, à diriger, à organiser. Il n’existe aucune différence entre camarades au sein d’une telle collectivité, car chacun sait l’importance de la rupture qui a dû être portée pour en arriver là.

Assumer la conflictualité révolutionnaire n’est jamais aisée et même une fois qu’on y arrive, cela n’est pas gagné pour toujours. Il faut savoir se lier aux tendances nouvelles de l’époque, qui renforcent la subjectivité, permettent le développement du Parti. Une collectivité révolutionnaire ne vit pas séparé du mouvement de la réalité.

Cela signifie ici connaître également la patience, car le principe : « Les masses font l’histoire, le Parti les dirige », ne doit pas être remplacé par un volontarisme subjectiviste s’imaginant que « Le Parti fait l’histoire, les masses le dirige ».

L’inévitable inégalité de développement selon les situations souligne, par là même, le principe de l’auto-détermination.

Le Parti ne peut exister que par le centralisme démocratique, car sans Direction, il n’y a pas de ligne. Cependant, chaque révolutionnaire doit savoir s’insérer et porter le projet révolutionnaire conformément aux principes de la subjectivité révolutionnaire, de la collectivité organisée pour la porter.

Seul le Parti peut diriger, porter le matérialisme dialectique, mais chaque révolutionnaire est capable d’auto-détermination à partir du moment où il a été façonné par la collectivité, par le Parti. C’est le principe du Parti d’avant-garde : il ouvre la voie à une capacité individuelle de rupture, d’acquisition des grands principes du communisme, d’une vie tournée vers le nouveau, portant par conséquent l’initiative révolutionnaire dans une réalité donnée.

Que la situation de cette réalité soit différente selon les endroits, selon les moments, ne change rien et ne modifie nullement l’esprit de collectivité. C’est cet esprit, pétri dans le matérialisme dialectique, façonné par la lutte des classes, qui permet au Parti d’exister comme force historique, comme catalyseur de l’Histoire.

Pour le Communisme ! ■

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