BR-PCC : Déclaration au procès (1998)

Communiqué des militants des BR-PCC
présenté devant les tribunaux de Venise et de Turin
les 1er et 3 avril 1998.

Devant les tribunaux de l’Etat, nous avons toujours soutenu être des ennemis politiques et des combattants ennemis. Nous ne reconnaissons à la justice bourgeoise aucun droit à notre égard. L’histoire de toutes les révolutions a démontré que l’unique rapport possible avec l’appareil judiciaire est un rapport de guerre.

L’histoire de la guérilla en Europe et en particulier en Italie l’a confirmé dans la réalité de la lutte armée. Pour cela, même en cette occasion comme en tout autre lieu, nous répétons que nous n’avons rien à justifier, contracter ou négocier avec la magistrature et le système politique qu’elle représente et défend.

C’est une position de principe qui comporte un choix cohérent : en tant que combattants communistes, nous ne devons des comptes qu’à notre organisation, les BR-PCC.

La dimension stratégique de chaque procès révolutionnaire capable d’affronter la question fondamentale de la conquête du pouvoir politique se développe nécessairernent sur le plan du rapport de force général entre les classes. Le programme révolutionnaire ne peut donc naître des prisons ou tourner autour d’elles.

Comme prisonniers, nous ne nous considérons ni ne voulons être considérés comme des sujets politiques autonomes, dégagés de la conduite complexe de la lutte, des objectifs centraux et prioritaires d’une initiative révolutionnaire qui a toujours son centre et sa direction au-delà des murs des prisons et des tribunaux.

Croire le contraire signifie se faire des illusions en valorisant sa propre partialité, sous-évaluant les limites d’une condition qui en terme politico-militaire voit les combattants tombés dans les mains de l’Etat représenter le flanc le plus faible de la guérilla.

Etre instruits de cette situation ne diminue pas les motifs de notre activité militante, au contraire elle la renforce, confirmant une ligne qui ne dépend pas d’une vision carcérale, mais en assume avec responsabilité la logique d’organisation depuis toujours caractérisée par les communistes.

Rendre politiquement vital et force de proposition notre position de militants prisonniers signifie répéter la validité de l’implantation stratégique des Brigades Rouges, en soutenir l’activité et le rôle dirigeant dans le développement du processus révolutionnaire, en en évoquant à nouveau et en entier le patrimoine de pratique combattante acquise dans la conduite de la lutte armée dans ce pays.

C’est, et cela reste une conquête décisive d’avoir compris, pratiqué et développé, la conception guerrillera de la lutte armée pour le communisme dans un Etat impérialiste, d’avoir réunifié dans le combat le niveau politique avec celui militaire, et ensemble, l’analyse de classe avec son application concrète.

Cette conquête marque une étape irréversible dans la lutte contre le système impérialiste. Sa stricte actualité politique est démontrée justement par le recul ultérieur survenu sous les coups de la contre-révolution où elle a été abandonnée, et d’où on ne la relance pas comme l’arme la plus efficace pour répéter des rapports de forces défavorables.

C’est dans une élévation de la conception guerrillera que les BR-PCC ont mesuré et continuent de vérifier le rôle d’avant-garde des communistes, leur responsabilité envers le prolétariat, la capacité politique de mener la lutte pour la destruction de l’Etat bourgeois, pour la prise du pouvoir et la dictature du prolétariat, pour la fin de toute exploitation et de la société divisée en classes.

Et c’est en se basant sur cette connaissance que comme militants des BR-PCC, nous réafirmons la nécessité et la possibilité de relance de la stratégie de la lutte armée.

Un projet d’autant plus crédible et réalisable dans la pratique que s’ouvrent les contradictions d’une situation interne et internationale marquée dans chacun de ses aspects par la crise générale du capitalisme.

>Sommaire du dossier

BR-PCC: La zone géopolitique Europe – Méditerranée – Moyen-Orient

[La zone géopolitique Europe – Méditeranée – Moyen-Orient fait partie d’un document de procès fourni en 1992 à la Xème chambre correctionnel du tribunal de Paris par les mlitantes des Brigades Rouges pour la construction du parti communiste combattant Simonetta Giorgeri et Carla Vendetti et les militants révolutionnaires Nicola Bortone et Gino Giunti.]

En même temps que le processus de cohésion européenne, une autre ligne directrice des interventions impérialistes existe – sur les plans politique, diplomatique et militaire – à savoir celle visant à la  » normalisation  » de la région méditerannéenne/moyenne-orientale.
Pour comprendre les conséquences de ce plan, il est nécessaire de bien situer notre zone géopolitique et les dynamiques qui la concernent.

Pour des raisons historiques, économiques et politico-géographiques, dans notre zone géopolitique – définie par les brigades rouges comme  » européenne – méditerannéenne – moyenne-orientale  » – se croisent et convergent tous les plans de contradiction fondamentaux typiques de cette époque historique: la contradiction principale prolétariat/bourgeoisie par rapport à l’Europe occidentale;

la contradiction est/ouest, dominante dans les relations internationales et qui, dans cette zone, a son flanc le plus sensible car il s’agit d’une  » zone frontière  » sur laquelle font pression les interventions politico-militaires impérialistes visant à la redéfinition des équilibres d’après-guerre;

et, finalement, la contradiction nord/sud qui définit la nature des relations établies par l’impérialisme avec la périphérie du système, et qui dans cette partie du monde est caractérisée par l’existence d’un contact direct entre les pays dépendants et, notamment, l’Europe occidentale. Raison pour laquelle la bande méditeranéenne – moyenne-orientale est pour l’Europe une zone d’influence  » naturelle  » sur laquelle elle a toujours essayé de mettre la main, en nourrissant par là les conflits et les poussées centrifuges qui s’échappent de la dictée économique et politique capitaliste.

En conséquence la zone en question, catalyseur des mouvements de contradictions, se présente comme un ensemble organique où il y a interaction entre chaque intervention menée sur un plan de contradiction et les autres plans, en entraînant les dynamiques qui s’y produisent.

Par rapport à l’activité révolutionnaire dans le centre, cela implique que l’affaiblissement et la réduction du pouvoir impérialiste, qui sont nécessaires au développement des ruptures révolutionnaires, doivent être poursuivis en se référant à cette zone géopolitique toute entière, et aux politiques de l’impérialisme qui s’y caractérisent comme étant dominantes (dans une conjoncture internationale donnée) dans l’ensemble de la stratégie impérialiste.

En même temps, et en conséquence, se dessinent avec clarté les termes concrets de l’internationalisme prolétarien dans la phase historique actuelle, c’est-à-dire les caractères et les lignes directrices d’une politique d’alliance finalisée au développement des processus révolutionnaires dans chaque Etat.

En particulier, la région méditeranéenne – moyenne-orientale présente des spécificités à caractère historique et politico-géographique qui, depuis plus de 40 années, font d’elle la  » zone de crise maximale du monde « , par rapport aux autres zones de crise existant dans la périphérie – des zones où la présence-pénétration économique impérialiste est le vecteur premier des conflits et de l’instabilité qui amorce les contradictions et nourrit les luttes pour l’autodétermination nationale et les processus révolutionnaires de libération.

Comme facteur fondamental qui la caractérise spécifiquement, il faut mettre en évidence tout d’abord que cette région, située géographiquement comme frontière entre les deux blocs, n’a pas fait l’objet d’une redéfinition dans les accords de Yalta après le deuxième conflit mondial (contrairement par exemple à l’Europe), et ceci pour des raisons historiques et politiques, surtout à cause des mouvements de décolonisation et d’émancipation nationale en cours; raison pour laquelle la ligne de démarcation entre l’est et l’ouest dans cette zone s’est tout de suite caractérisée comme très instable et fluide.

D’autre part, toujours en raison de sa position géographique qui en fait le point de rencontre entre trois continents, la région méditerannéenne – moyenne-orientale revêt un caractère stratégique également par rapport aux routes et aux passages qui la sillonnent, et en assumer le contrôle a une valeur particulière pour l’impérialisme.

Finalement, la présence de sources énergétiques a également un poids dans la définition de sa spécificité, et donc de l’exigence qu’a l’impérialisme de l’engloutir et de la stabiliser sous son influence directe.

D’autre part, cette zone est elle-même une source d’instabilité profonde, de conflits et de poussées révolutionnaires qui se nourrissent le long de la ligne directrice de contradiction nord/sud.

Les rapports capitalistes ont pénétré depuis longtemps la région, en instaurant les liens de dépendance typiques, finalisés au développement inégal de l’impérialisme, en refusant à ces peuples toute possibilité de réussite économique et d’autonomie politique.

La subordination aux technologies des centres impérialistes et l’échange inégal des matières premières sont les bases de ces rapports; l’endettement et la soumission aux lois du marché capitaliste se sont substitués aux protectorats de l’époque coloniale, en étouffant l’économie de la région par le chaud et le froid des prêts et des ouvertures-fermetures des marchés, pilotés ad hoc dans des buts également politiques – à savoir pour  » ramener à la raison  » les pays de la zone qui refusent de se plier à la logique de l’impérialisme, ou qui essaient d’en sortir.

Ici aussi, comme dans tous les pays dépendants de la périphérie, si le colonialisme trouvait sa raison d’être essentiellement dans le vol des matières premières et des ressources, l’impérialisme de son côté impose sa domination par le privilége et le monopole de l’exploitation industrielle, au niveau de développement inégal nécessaire à ce stade économique.

Ce cadre de relations typiques du rapport nord/sud, développement/sous-développement, n’est toutefois pas escompté ni pacifique dans cette région, puisqu’il se heurte depuis toujours à la forte résistance du peuple arabe.

Même si l’on considére seulement les quarante dernières années de l’histoire de cette région tourmentée (qui toutefois est depuis longtemps soumise à des divisions arbitraires visant à en favoriser le contrôle, et partagée d’une manière qui varie suivant les différentes phases, équilibres et alliances internationales, entre les USA, la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, etc.), les divers protectorats et rois-fantoches, instaurés après la seconde guerre mondiale par la France, les USA et la Grande-Bretagne, se sont révélés incapables de garantir le contrôle stable de cette région pour les intérêts stratégiques des pays impérialistes, étant donné la poussée des révoltes et des révolutions à caractère national et/ou islamique:

de la Libye à l’Algérie, de l’Irak au Liban, de l’Iran à l’Egypte, de la Syrie au peuple palestinien.., le refus des masses arabes de se soumettre à la dictée de l’ordre économique, politique et militaire impérialiste saute aux yeux, ainsi que le caractère hautement dynamique de ses équilibres, alliances et rapports de force.

Le seul véritable point de force pour l’impérialisme, l’avant-poste politico-militaire de ses intérêts stratégiques dans la zone, est  » l’Etat  » sioniste,  » inventé  » exprès en 1948 en Palestine, en entérinant par la force l’expropriation impérialiste-sioniste de la terre palestinienne.

Cet acte de force est seulement le premiert d’une longue série de coups de force, de pressions, d’interventions de toute sorte et à tous les niveaux, visant à élargir et à stabiliser la présence et l’influence de l’impérialisme.

En quarante ans de tentatives de pénétration et de stabilisation, l’ordre impérialiste s’est sans cesse et inévitablement heurté aux poussées de signes contraires, aux mouvements et aux processus révolutionnaires irréductiblement anti-impérialistes animés par la légitime aspiration à l’auto-détermination nationale.

Première parmi toutes se place la lutte du peuple palestinien, une véritable guerre populaire de libération nationale qui – à côté de la révolution algérienne et du mouvement nassérien notamment – a donné de la substance à la qualité du patrimoine politique et révolutionnaire qui est dans son ensemble propre aux masses arabes.

Une reconnaissance due à son activité incessante contre l’invasion impérialiste-sioniste (activité de masse et d’avant-garde combattante).

Des années d’expérience, de lutte et de combat, de résistance, de guerre et de révolution, ont enraciné une forte conscience anti-impérialiste, du fait de la confrontation continuelle et constante avec la stratégie de l’impérialisme qui, dans cette région, prend obligatoirement une marque contre-révolutionnaire claire et explicite.

La contre-révolution impérialiste est ici déployée afin de contenir les conflits et de  » normaliser  » la région, en oeuvrant parallèlement pour empêcher la réalisation de l’unité du peuple arabe (dans les formes et les modalités qui lui sont propres) par des interventions déstabilisantes contre les pays arabes qui s’opposent aux projets impérialistes.

Ces contradictions typiques du rapport nord/sud, exacerbées dans cette région à cause de ses spécificités, s’entrecroisent avec le plan de contradiction est/ouest, dominant les relations internationales, et subissent son influence d’une manière particulière. Le poids des équilibres politiques et de force entre les deux blocs est ici directement proportionnel au caractére stratégique de la région, et la redéfinition, du côté impérialiste, de ces équilibres, passe aussi par la stabilisation de l’ordre qu’il impose dans la zone et par la  » normisation  » des conflits qui s’y produisent.

C’est-à-dire que les interventions impérialistes dans cette région visent surtout à établir des positions de force en faveur des intérêts stratégiques politico-militaires de l’impérialisme; la stabilisation et la réorganisation des rapports de dépendance des pays du Maghreb et du Moyen-orient sont dirigées dans le but de modifier à l’avantage de l’impérialisme les rapports de force internationaux, non seulement sur la ligne directrice nord/sud, mais surtout dans le cadre du bipolarisme.

Les temps et les modalités de ces interventions sont donc rythmés et influencés par des facteurs objectifs et subjectifs: par l’approfondissement de la crise économique qui est à la base de la progression de la tendance à la guerre et donc de l’exigence d’une réorganisation mondiale de la division du travail et des marchés; ainsi que par l’évolution du cadre historique, politique et militaire sorti de la seconde guerre mondiale, c’est-à-dire par les modifications dans les équilibres est/ouest.

Dans ce contexte, il est possible de lire les diverses formes de l’intervention impérialiste et de les situer dans l’ensemble de sa stratégie.

Une intervention globale qui a vu, au cours de la deuxième moitié des années 80, succéder aux coups de force militaires US une intesne activité politico-diplomatique, spécifiquement européenne et facilitée par ses plus grandes marges de manoeuvre dans la mise en oeuvre des opérations de  » rapiécage  » des déchirures engendrées par la  » politique des cannoniers « ; en poursuivant ainsi, par des étapes sucessives et dans un processus non linéaire, l’objectif qui est de modifier les positions des pays arabes dans un sens pro-occidental.

Parallèlement à ces opérations de division – cooptation des Etats de la région (et aussi en s’appuyant sur les résultats obtenus par des pressions et des coups de force sur ce terrain) se multipliaient les tentatives politico-diplomatiques pour résoudre la  » question palestinienne « , avec d’une part la tentative de rompre la cohésion du peuple palestinien, de façon à isoler et affaiblir ses positions les plus radicalement anti-impérialistes et antisionistes, et visant ainsi à aboutir à une solution adaptée et utile aux intérêts de l’impérialisme (autonomie administrative des territoires);

d’autre part la pression militaire de l’activité sioniste en Cisjordanie et à Gaza, le terrorisme sioniste pratiqué sur une grande échelle contre un peuple tout entier (et non seulement dans les territoires occupés mais aussi dans le Sud du Liban) était le contrepoids aux manoeuvres politico-diplomatiques, montrant l’évidence qu’il n’existe pas pour l’impérialisme de solution qui ne se traduise pas de fait par le renforcement du poids politico-militaire de l’impérialisme dans la zone.

Mais, à la fin des années 80, il était déjà clair que les plans américano-sionistes avaient encore une fois lamentablement coulé, se heurtant au refus, du peuple palestinien en premier lieu, de se résigner à la présence et au diktat impérialiste.

La résistance et le caractère indomptablement révolutionnaire de ce peuple ont mené à l’impasse les perspectives d’une « normalisation pacifique  » et capitularde du conflit.

En conséquence, pour le moment la tentative de faire jouer à l’entité sioniste un rôle autre qu’essentiellement militaire a également échoué, un rôle qui la placerait au centre d’un cadre de relations intégrées (en termes économiques et de sécurité); le premier but de cette tentative était de réussir à gouverner les contradictions dans un plan de médiation politique, interne et international, où les  » règles du jeu démocratique  » s’avèrent être dominantes.

En effet, la fonction qui a toujours été celle de l’entité sioniste, à savoir celle de  » gendarme  » et d’avant-poste politico-militaire de l’impérialisme dans la région, même s’il serait réducteur de la considérer uniquement ainsi, imprègne toutefois, en substance, toute son activité (étant donné le cadre de conflictualité susdit et à partir de ses caractères), cette fonction étant malgré tout l’aspect central qui donne un sens à son existence dans la phase actuelle (et vu la façon suivant laquelle les relations avec les peuples et les pays de la zone se sont développées jusqu’à aujourd’hui ).

Cela apparaît rn analysant l’exploitation intensive des territoires occupés, menée dans le plus pur style de l’apartheid, ou en remarquant le degré de spécialisation atteint par cet  » Etat  » dans le domaine de la contre-guérilla, un domaine où le savoir-faire sioniste, en plus de démontrer son  » efficacité  » parfois plus importante que celle déjà des corps de contre-guérilla européens (avec par exemple le raid sioniste d’Entebbe ), est aussi exporté pour le soutien des régimes au prise avec la guérilla;

ou encore en constatant quel contrôle attentif il exerce sur les limites imposées au développement technologique et militaire des pays de la zone (par exemple le bombardement de la centrale nucléaire irakienne).

Ce ne sont pas des nouveautés, pas plus que ne l’est leur surarmement auquel les USA contribuent de bon gré par le flux incessant d’armements, de financements et de  » prêts  » à fonds perdus pour soutenir l’économie de guerre sioniste et l’expropriation coloniale des territoires occupés;

ou le fait qu’il est le seul  » pays  » de la zone qui posséde la bombe atomique; ou le fait qu’il a participé et participe aux recherches technologiquement plus avancées concernant le camp militaire (bien qu’il soit  » officiellement  » considéré comme un  » pays du tiers-monde « ).

Cependant, malgré les efforts des différentes diplomaties et l’acharnement sioniste dans l’anéantissement de l’Intifada, non seulement il n’a pas été possible de concrétiser un plan de « médiation  » politico-diplomatique ne tenant pas compte des questions posées par la lutte du peuple palestinien, mais la capacité même de maîtrise de  » l’Etat  » sioniste commençait à se détériorer et à paraître inapte à contrôler le conflit et ses conséquences.

D’un côté la prolongation et l’approfondissement d’une situation chargée de tensions se révélait être un facteur susceptible de remettre en question également les positions de ceux, parmi les pays arabes, qui étaient déjà alignés en sens pro-occidental – et cette réévaluation des alliances était également dûe aux poussées  » d’en-bas « , caractérisées ou pas comme étant islamiques (l’approfondissement du facteur islamique n’est qu’un aspect apparent de cette situation, dans la mesure où ce facteur assume de fait la fonction de  » ciment  » politique des masses arabes, dans le sens de l’imposition de leur propre autonomie vis-à-vis des visées occidentales, et donc à caractère anti-impérialiste).

De l’autre côté et parallélement, le refus exprimé par l’Irak de subir passivement les pressions et les impositions typiques des relations développement/sous-développement, rendait encore plus urgente pour l’impérialisme une intervention dans la région, afin de réaffirmer et de renforcer son propre poids économique, politique et militaire (…).

D’autre part, l’aggravation de la crise économique, qui serre la chaîne impérialiste, accélére le mûrissement des étapes dans la tendance à la guerre et nourrit, entre autres, l’agressivité et l’interventionnisme belliciste de l’impérialisme, des USA en premier lieu, dans toutes les zones périphériques, pour un réaménagement des équilibres politiques et des zones d’influence (…).

En résumé, les effets de l’agression impérialiste au Moyen-Orient dépassent les raisons historiques, économiques, politiques et militaires spécifiques de la région, et ils s’entrecroisent indissolublement aux événements et aux processus économiques et politiques de la chaîne impérialiste, qui placent l’Europe au centre de la redéfinition des équilibres politiques jaillis des accords de Yalta. L’offensive militaire dans le Golfe est, au fond, la conséquence des déséquilibres de l’économie capitaliste: en tant que telle elle est un autre pas en avant de la tendance à la guerre (…).

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BR-PCC: Déclaration au procès de Simonetta Giorgeri (1990)

Simonetta Giorgeri

Militante des Brigate Rosse
per la costruzione del Partido Comunista Combattente

Déclaration au procès

(Gênes, 15 février 1990)

En 1984, sur le plan du rapport révolution / contre-révolution, émergeaient deux dynamiques opposées qui s’influençaient réciproquement.

D’une part étant ouverte la phase de la Retraite Stratégique, les BR per il PCC cheminaient plus avant, en particulier dans la rédéfinition de certains termes de l’implantation politique, y compris au milieu de contradictions, fruits de la confrontation avec la contre-révolution, et démontraient dans la praxis révolutionnaire et dans le spécifique, avec les initiatives combattantes contre Gino Giugni et Leamon Hunt, être l’unique force révolutionnaire en Italie à même de reconstruire ce que la contre-révolution avait mis en pièces et dispersé, se reproposant comme réfèrent révolutionnaire autorisé pour agréger et recomposer ces éléments révolutionnaires et prolétariens non disposés à renier ce qui avait été sédimenté en 14 années d’affrontement révolutionnaire, ni à se rendre.

D’autre part après la phase la plus élevée de déploiement de l’offensive, l’État opérait sur tous les plans pour réguler les rapports de force déterminés par la dynamique contre-révolutionnaire.

A l’intérieur de la donnée générale de la modification du caractère de la médiation politique entre les classes dont on régulait certains passages (dans le spécifique le « pacte social néocorporatiste »), on précisait et affinait une activité contre-guérillera essentiellement destinée à prévenir la réagrégation des forces et leur réorganisation autour de la proposition politique et stratégique des BR avec des interventions ciblées et sélectives, des actes de dissuasion, des « admonestations » et des pressions de tout type.

Deux dynamiques parallèles, du moment où le processus de réagrégation était en cours et portait ses fruits, comme les initiatives combattantes sont là pour en témoigner, et d’autre part, l’État bien conscient dans la tentative de l’endiguer et le contrecarrer.

L » »étude » sur laquelle l’on basait ce processus a été « accouchée » dans ce contexte, où il faut le situer pour ce qu’il est: un acte politique à caractère et avec des finalités contre-révolutionnaire.

Le saut de qualité, mûri successivement par les BR avec le dépassement de l’optique défensive, a démontré dans les faits combien la tentative de l’Etat était velléitaire; en particulier, la relance des termes globaux de l’activité révolutionnaire a permis aux BR de « peser » sur l’affrontement de classe, en déterminant un plus grand approfondissement de l’affrontement révolutionnaire et en fournissant la mesure de la vitalité de la proposition politique et stratégique des BR et de leur capacité de reconstruction et de reproduction, y compris dans les conditions les plus dures de l’affrontement.

L’activité révolutionnaire, déployée par les BR durant les dernières années, qui fournit sa substance au processus de réadéquation globale, a jusqu’ici mis en œuvre et ouvre des perspectives politiques concrètes, tant sur le terrain classe/Etat que sur celui de l’anti-impérialisme;

la capacité démontrée de se dialectiser (à partir de l’attaque) en termes de construction/organisation/direction avec les instances les plus natures de l’autonomie de classe,

et dans le même temps de pratiquer (à partir de l’activité concrète déployé sur le terrain de l’anti-impérialisme) une politique d’alliance avec les forces révolutionnaires qui combattent l’impérialisme dans l’aire géo-politique (Europe Occidentale, Méditerranée, Moyen-Orient), en donnant un apport actif à la construction/consolidation du Front Combattant Anti-impérialiste : tels sont les termes actuels autour desquels se définit aujourd’hui le rapport révolution / contre-révolution, et se détermine le déplacement vers l’avant du plan d’affrontement! révolutionnaire.

Comme militante des BR per la costruzione del PCC, j’entends avant tout réaffirmer la valeur politique et le caractère propulsif de la relance des termes globaux de l’activité révolutionnaire opérée par les BR a l’intérieur de la phase de Retraite Stratégique qui, étant donné les perspectives politiques qu’elle a ouvertes tant sur le terrain du rapport classe/État que sur celui de l’anti-impérialisme, s’est traduite dans l’approfondissement du plan d’affrontement révolutionnaire.

Une dynamique produite et calibrée consciemment, eu égard aux rapports de force généraux entre les classes et au rapport impérialisme/anti impérialisme, dont le poids politique et l’incisivité concrets s’évidencient dans le déploiement de l’activité révolutionnaire,

tant par la capacité d’activer, à partir de l’attaque au point le plus élevé de l’affrontement de classe, la dialectique avec les instances les plus matures du prolétariat, œuvrant pour catalyser autour des stratégies, ligne politique et programme des BR, les composantes révolutionnaires et prolétariennes vives du pays, en les organisant et les dirigeant dans l’affrontement prolongé contre l’État,

que sur le terrain de l’anti-impérialisme avec la contribution à la construction/consolidation du Front Combattant Anti-impérialiste, véritable saut de qualité, au sens propre, dans la lutte prolétarienne et révolutionnaire, dans le pratiquer une politique d’alliance avec les forces révolutionnaires qui combattent l’impérialisme dans l’aire géopolitique Europe Occidentale/ Méditerranée / Moyen-Orient, pose à un niveau plus adéquate et mature la nécessité et praticabilité de l’attaque à l’impérialisme, pour l’affaiblir et le redimensionner dans l’aire.

A ce propos, en tant que militante des BR per il PCC, force révolutionnaire opérant activement dans le cadre de la politique d’alliance du Front Combattant Anti-impérialiste, je revendique la récente initiative combattante de la RAF contre Alfred Herrhausen.

L’attaque au « patron/chef » de la Deutsche Bank vise à désarticuler un des nœuds principaux du pouvoir économique et politique assumé par la banque allemande, en mettant en évidence le rôle qu’elle a joué dans la gestion/orientation des processus de concentration économique et financière en Europe Occidentale ; une position de pouvoir qui est actuellement rampe de lancement pour la pénétration économique et politique dans les pays de l’Est européen et dans les pays en voie de développement, contraints de se soumettre au diktat et à la logique de l’exploitation capitaliste.

La qualité du processus de réadéquation globale entrepris par les BR est substantiellement le fruit de la rencontre de deux facteurs (demeurant ferme le patrimoine d’expériences enraciné dans le tissu prolétarien qui caractérise la sphère de référence et de reproduction de la guérilla) :

d’une part avoir su maintenir avec fermeté, sans concession au révisionnisme, les discriminants de fond, l’unité du politique et du militaire comme principe stratégique caractérisant la guérilla, en réaffirmant la nécessité et la praticabilité du terrain de la guerre et l’actualité de la question du pouvoir,

de l’autre avoir tiré, dans le choc de la contre-révolution des années 80 et dans la pratique des premières années de Retraite Stratégique, ces enseignements relatifs au caractère de l’affrontement révolutionnaire et à la nature de ses contradictions qui ont permis aux BR d’approfondir certains termes de la guerre de classe de longue durée, en replaçant au centre son caractère non linéaire, et ensuite en clarifiant contenus, dynamiques et objectifs de la phase révolutionnaire ouverte (en précisant, entre autres, le positionnement tactique en termes de disposition des forces), et les objectifs de programme dans la phase politique intérieure et internationale actuelle.

La capacité renouvelée de se mesurer avec le caractère et le niveau de l’affrontement révolutionnaire, que la qualité de la réadéquation exprime, s’est traduite dans la relance des termes globaux de l’activité révolutionnaire.

La continuité et la cohérence réaffirmées par les BR dans la poursuite des directions stratégiques n’a rien à voir avec le « continuisme » idéologique et dogmatique mécanique et « irréductible », nais tire ses racines essentiellement des raisons de fond qui président et définissent la lutte armée comme avancement et adéquation de la politique révolutionnaire aux formes de domination de la bourgeoisie impérialiste.

L’affirmation de la lutte armée comme stratégie pour tout le prolétariat, plan systématique d’action et de disposition des forces, qui oriente et caractérise le processus révolutionnaire du début à la fin, est donnée par les conditions historiques et politiques, économiques et sociales qui ont été déterminées avec la seconde guerre mondiale.

Le niveau de maturation atteint par l’impérialisme dans cette phase posait comme dominants, dans le cadre économique du bloc occidental, des processus d’internationalisation et d’interdépendance des économies;

une donnée qui d’une part, se reflétait sur le développement de niveaux toujours plus élevés d’intégration politique et militaire entre les pays de la chaîne impérialiste (qui, le moment venu, se traduisait entre autres dans le déploiement de la « contre-révolution impérialiste », destinée à « normaliser » les pays du bloc occidental de manière à les rendre idoines au recouvrement de leur propre rôle dans la division internationale du travail et des marchés qui allait se dessinant, et à se charger des intérêts globaux de la chaîne);

d’autre part une donnée qui voyait s’affirmer une fraction dominante de bourgeoisie impérialiste agglomérée au capital financier US, comme point le plus avancé du monde occidental et tractant les mouvements économiques du monde occidental et, dans le même temps, lie prolétariat métropolitain, expression du processus de polarisation entre les classes et, en découlant, prolétarisation de larges couches de la société.

Comme reflet structurel à la formation de fractions de bourgeoisie impérialiste et du prolétariat métropolitain (et donc en général, au niveau de développement atteint par le capitalisme) la démocratie parlementaire moderne assume le rôle de représenter et mener ‘en avant les intérêts et les nécessités de la bourgeoisie impérialiste et- en particulier, de sa fraction dominante.

Du point de vue économique (étant donne la connaissance acquise), s’affine la capacité de gestion et de gouvernement de l’économie a travers des politiques économiques de support qui, dans la phase de crise générale (de valorisation), assument un caractère de contre-tendance, intervenant pour atténuer les effets négatifs de la crise, du moment où elles ne peuvent agir sur ses causes (qui sont structurelles).

Du point de vue politique, on exalte encore plus le rôle que l’Etat assume en référence à l’antagonisnc inconciliable entre les classes.

A partir des rapports de force généraux entre les classes qui caractérisaient le cadre d’affrontement dans l’après-guerre (après les ruptures opérées par la contre-révolution Impérialiste), la « démocratie représentative » s’organisa de manière à se charger du contrôle et du gouvernement du conflit de classe, en dépassant le caractère essentiellement répressif qui l’avait orientée -par exemple, l’État fasciste d’avant-guerre-, pour se servir des institutions démocratiques couine sphère politique en qui faire converger et rendre compatibles les poussées et les tensions antagonistes qui se produisent dans le pays, lesquelles canalisées à l’intérieur des « carcans institutionnels » sont vidées de tout contenu déstabilisant.

Partis, syndicats, organisations politiques sont délégués pour « représenter » la classe et deviennent l’unique « contre-partie » légitime en ce que structurelle et loyale aux institutions démocratiques et donc sensible et. respectueuse des intérêts de la bourgeoisie impérialiste.

Le contrôle et le gouvernement du conflit de classe passe donc par son « institutionnalisation » afin de prévenir la rencontre entre l’antagonisme prolétarien et la projectualité révolutionnaire.

Le sens concret de la contre-révolution apparaît alors évident, âme de la démocratie représentative, il lui est structurellement connexe; politique continue et constante, propre aux États capitalistes matures, insérée dans les instruments et dans les organismes « démocratiques », indépendamment de la présence ou non d’an processus révolutionnaire.

Le caractère de médiation politique qui s’affirme incoporé les termes de contre-révolution préventive, mûris et mis en règle dans le rapport d’affrontement entre les classes.

Il ne s’agit pas d’une donnée statique mais dynamique qui se redétermine en relation (au-delà de la donnée structurelle, et c’est-à-dire, aux niveaux de développement de l’impérialisme et des nécessités qui en découlent) avec les modifications des termes de l’affrontement et en particulier, avec celles du rapport révolution/contre-révolution.

Ce saut de qualité clarifie la nature politique de l’affrontement de classe dans les pays capitalistes matures et son degré d’approfondissement, et il pose le facteur de l’augmentation de la subjectivité comme une question dont on ne peut faire abstraction si l’on veut intervenir dans les dynamiques de l’affrontement.

Du coté prolétarien et révolutionnaire, influer sur le cadre d’affrontement s’étant affirmé dans l’après-guerre comporte nécessairement une réadéquation substantielle de la stratégie pour la prise de pouvoir.

En effet, la donnée de la contre-révolution préventive rend dépassée, impraticable, inefficace, la « politique des deux temps » qui en octobre 1917, avait porté au pouvoir le prolétariat soviétique et que la Troisième Internationale avait placé à la base de la stratégie révolutionnaire.

C’est-à-dire, n’est plus sûr un processus d’accumulation de force sur le terrain politique, à employer en ternes militaires contre l’Etat lorsque seront mûres toutes les conditions, objectives :et subjectives, pour l’insurrection.

Le processus révolutionnaire reprend un caractère concret et redevient praticable, parcontre dans la mesure où la marche de l’affrontement advient globalement, ce qui signifie, dès le début, intervenir (y compris en situation non révolutionnaire) sur tous les ternes de l’affrontement en opérant simultanément sur les deux plans, politique et militaire.

La stratégie de la lutte armée rend donc explicite le rapport de guerre en vigueur dans l’affrontement de classe.

Une guerre qui manifeste des caractéristiques particulières et dont les lois générales font référence à son caractère de classe qui implique les deux classes antagoniques: la bourgeoisie y intervient pour maintenir son pouvoir mais ne peut détruire le prolétariat, clef de voûte du mode de production capitaliste, -en ce que facteur unique de création de plus-value; le prolétariat révolutionnaire, au contraire, y intervient pour prendre le pouvoir et ce processus vit et se développe dans l’objectif d’anéantir la bourgeoisie comme classe.

Dans ce contexte, les dynamiques du rapport de guerre ne peuvent faire abstraction des caractéristiques politiques particulières de la guerre elle-même, c’est-à-dire, du niveau défini de la médiation politique classe/État.

Placée dans ce cadre même si c’est comme aspect « exceptionnel » (en ce sens que ce n’est pas la règle) et limité dans le temps, l’intervention contre-révolutionnaire de l’État, ainsi que nous avons pu le constater dans les années 80, apparaît comme ciblée et sélective, elle n’est pas massifiée, ni prolongée au-delà d’un certain seuil.

L’orientation poursuivie est de frapper au niveau de l’avant-garde pour ensuite en répercuter et en déployer les effets politiques sur la classe toute entière, de rompre la dynamique -de croissance et d’enracinement mise en marche par la guérilla et l’isoler de son terrain de reproduction, d’éloigner la classe du point de référence politico-militaire de direction de l’affrontement révolutionnaire.

Et en fin de compte d’imposer un climat politique en termes de rapports de force qui permette à l’Etat d’organiser à son avantage un cadre différent du rapport classe/Etan, en modifiant le caractère même de la médiation politique entre les classes, de manière a restaurer le contrôle des dynamiques antagoniques et à mettre le gouvernement du conflit en conformité avec les nouveaux termes posés par le niveau de développement et d’approfondissement de la crise du mode de production capitaliste (gouvernement de l’économie).

A l’intérieur du rapport existant entre processus révolutionnaire dirigé par la guérilla et contre-révolution de l’État, la contre-révolution des années 80 doit être lue comme produit et approfondissement du processus révolutionnaire, ainsi que des -conditions générales des rapports politiques entre les classes.

Par les temps et modalités avec lesquels elle s’est déployée, par les proportions atteintes et les termes employés, elle est la manifestation de la conscience atteinte par l’État de la valeur stratégique -et du poids politique de la lutte armée, réponse conséquente à l’avancement du plan d’affrontement révolutionnaire et, dans le même temps, cause de son approfondissement ultérieur.

D’autre part, le cadre des rapports politiques entre les classes est re-déterminé et le caractère de la contre-révolution préventive qui s’affirme incorpore et cristallise la substance de la contre-révolution déployée durant ces années, à travers des passages successifs, chacun d.’entre eux est un temps-étape de réglage « institutionnel » (en des termes donc constants et intégrés au mode de gouverner le conflit de classe) des rapports de force généraux atteints et point de départ pour des forçages successifs dans les rapports politiques entre les classes.

Le « pacte social néo-corporatif, les modifications institutionnelles, tendant à une plus grande centralisation des pouvoirs dans l’Exécutif, jusqu’ici opérées et le projet plus général de refonctionnalisation des pouvoirs et des institutions de l’Etat, dans lequel elles s’insèrent, sont autant de moments de ce processus, autant de ratifications des rapports de ‘force généraux produits par la contre-révolution.

Il ne s’agit donc pas d’une involution du système démocratique, d’une régression vers la restauration de l' »Etat autoritaire », nais se contraire, de passages vers un approfondissement sensible de la démocratie représentative, de sa capacité de gouvernement du conflit de classe et de gestion de l’économie.

Une dynamique qui évolue vers le maximum de la démocratie formelle, hors et contre le contexte de classe du pays, où les choix de l’exécutif, dans le répondre aux exigences de la fraction dominante de la bourgeoisie impérialiste (détentrice du pouvoir réel, substantiel), doivent s’affirmer en temps réels, détachés au plus haut degré des poussées antagonistes qui se produisent dans le tissu prolétarien.

Ce processus, tendant à aligner la démocratie italienne sur les démocraties d’Europe les plus matures, a cependant clairement un cours discontinu, devant toujours faire les comptes avec les résistances exprimées par la classe et avec la capacité de la guérilla à prendre en charge le niveau atteint par l’affrontement (en plus d’avec la poursuite d’échéances imposées par l’évolution/crise de l’impérialisme, raison structurelle du ré-ordonnancement des États).

Du côté guérillera, la contre-révolution des années 80 a représenté la vérification matérielle du caractère non linéaire de la guerre de classe, sujette par sa nature même à des avancées et des reculs, sapant avec brutalité toute conception mécanique et simpliste du processus révolutionnaire, signant la condamnation de toutes ces forces et organisations combattantes qui n’ont pas su lire le caractère et le sens concret des dynamiques en cours et dont les réponses se sont révélées inadéquates (lorsqu’il ne s’est pas agit d’une véritable reddition inconditionnelle au sens propre).

Seules les BR per il PCC ont été en état de se mesurer avec les lois de l’affrontement contre-révolutionnaire et, en ouvrant la phase de la Retraite Stratégique, de donner l’unique réponse possible et positive à la situation qui était en train de se déterminer.

Le heurt avec la contre-révolution a ouvert la voie (et fournit certains termes) à la compréhension du caractère de l’affrontement révolutionnaire, faisant justice au schématisme avec lequel durant la phase; précédente, l’affrontement avait été mené et avaient été conduites les phases révolutionnaires.

Il s’agissait d’un positionnement, fruit de la jeunesse et expérience guérillera, qui réduisait le processus révolutionnaire à une phase d’accumulation linéaire de capital révolutionnaire, de force disponibles à la lutte armée de manière générique qui dans la phase suivante seraient déployées dans la guerre civile.

D’une part de fait, on réduisait le caractère de longue durée de la guerre de classe, avec tout ce que cela entraîne en termes de disposition des forces pour leur relance; d’autre part il en dérivait une vision schématique de l’État comme une somme d’appareils séparés entre eux et mis sur le même plan.

Due et nécessaire, la Retraite Stratégique a apporté avec elle un premier plan de reconnaissance d’erreurs et de contradictions, en recouvrant entre autres la centralité de programme de l’attaque au cœur de l’Etat, centralité qui découle du fait que la plan classe/État est l’axe principal sur lequel se construisent les termes de la guerre de classe (l’État étant le siège politique des rapports entre bourgeoisie et prolétariat), et d’autre part que l’État centralise sur le plan politique le caractère fonctionnel de ses appareils.

Mais la valeur politique déterminante de la Retraite Stratégique réside dans son sens concret de loi fondamentale de la guerre révolutionnaire, expression du caractère non linéaire de la guerre elle-même, et c’est-à-dire, de repli de positions qui de fait se démontrent inadéquates et non réellement avancées, comme réponse nécessaire face à l’impossibilité de se mesurer « à égalité » avec l’ennemi de classe.

Par conséquent, loi dynamique qui ouvre une phase générale non résolvable dans le seul repositionnement d’une corps de thèses mais qui, au-delà de l’adéquation du dispositif organisationnel, investit surtout la manière par laquelle on construit les termes politico-militaires de la guerre elle-aême.

La Retraite Stratégique, fruit du caractère et du niveau de l’affrontement révolutionnaire, en détermine, dans le même temps, l’approfondissement dans la mesure où elle place correctement le revers subi en termes de défaite tactique et ouvre une phase révolutionnaire centrée, dans ses finalités et dans la disposition tactique des forces en conséquence, autour du problème de construire les conditions politico-militaires nécessaires pour inverser l’état actuel des rapports de force.

Un processus dynamique au cours discontinu et contradictoire, qui dans la phase initiale a pu faire les comptes avec les marques laissées par l’offensive de l’État : l’incompréhension qui s’était produite du niveau réel d’affrontement alimentait un plan de contradictions qui réduisait de fait la Retraite Stratégique à un acte défensif et par conséquent, conduisait à subir l’initiative de l’Etat et à la consomption des forces, dont la disposition non adéquate limitait le caractère fonctionnel eu égard aux nécessités dictées par la phase révolutionnaire elle-même.

C’est-à-dire, la logique défensive se démontrait incapable, face aux nécessités imposées par le niveau d’affrontement, s’empêtrant dans le possible entendu, de manière limité, aux conditions matérielles du moment.

Dans cette dynamique ont trouvé de l’espace des positions qui, lorsqu’elle se sont clairement dessinées dans le débat interne, ont été expulsées de l’organisation pour ce qu’elles étaient: des positions liquidatrices qui « intériorisaient » la défaite et portant à l’extrême la logique défensive, « jetaient le bébé avec l’eau du bain », c’est-à-dire, révisaient la lutte armée à un instrument de lutte, se soustrayant de ce fait au niveau de l’affrontement.

Le dépassement de l’optique défensive, mûri par les BR dans la praxis révolutionnaire, a marqué une étape importante pour le développement de la phase de Retraite Stratégique, car il a signifié saisir et dépasser une contradiction qui conduisait à éluder certaines lois de la guerre révolutionnaire et à ne pas se placer dans l’affrontement d’une manière adaptée à son niveau.

Ce passage s’est traduit par un saut en avant dans la mesure où il s’est réfléchi dans une praxis révolutionnaire qui demandait une réponse aux attentes posées par le rapport politique actuel entre les classes, tant sur le plan classe/État que sur le terrain de l’anti-impérialisme, permettant ainsi de faire front aux échéances politiques.

La récupération du sens politique profond de la Retraite Stratégique comme loi dynamique de la guérilla et la mesure acquise des nécessités, qui se mettaient en évidence en son sein, ont permis aux BR d’impulser les termes et les objectifs de la phase révolutionnaire, actuelle, identifiée comme ‘ »phase de reconstruction des forces prolétariennes et révolutionnaires et de construction des instruments politiques et organisationnels, destines a équiper le camp prolétarien dans l’affrontement prolongé contre l’État ».

Objectifs qui sont poursuivis en dialectique avec (et à partir de) l’initiative combattante sur les autres points du programme.

Il s’agit d’une phase interne à celle plus générale de Retraite Stratégique, au caractère de laquelle elle est conditionnée, mais par ses modes, substance et temps politiques, elle ne peut être considérée comme un moment conjoncturel, mais cornue une phase révolutionnaire véritable au sens propre, finalisée à la modification et au déplacement vers l’avant du plan révolutionnaire et en conséquence, des positions de force du camp prolétarien.

Par un autre aspect, avec la reconnaissance de la condition générale en qui vit la guérilla dans les pays capitalistes avancés comme condition d’encerclement stratégique dans lequel il ne peut y avoir de « zones libérées » où se replier et d’où repartir pour lancer des offensives, avec la conscience, à un niveau plus mature, du fait que la guérilla vit et opère en territoire ennemi, côte à cote avec l’ennemi de classe, et demeurant ferme la nature essentiellement politique de l’affrontement de classe, ce sont les implications émanant de l’opérer dans l’unité du politique et du militaire, en relation à tous les termes de l’affrontement de classe qui se sont mieux précisées.

Concrètement, affirmer que la conduite de l’affrontement advient globalement et que l’unité des deux plans se reproduit en chaque aspect de l’activité révolutionnaire des BR signifie que l’Etat, à travers l’action militaire, est frappé dans ses aspects politiques centraux: le cadre d’affrontement ainsi ouvert présente un avantage momentané favorable au camp prolétarien, avantage, qui pour ne pas être réabsorbé et dispersé par les mesures mises en champ par l’État pour récupérer le terrain perdu, doit se traduire en organisation de classe sur le terrain de la lutte armée, calibrée dans ses formes et dans ses modes à la phase révolutionnaire et au niveau de l’affrontement.

Tel est le sens concret de « travail de masse » à l’intérieur de la stratégie de la lutte arme comme proposition politique pour la classe toute entière; de cette manière, il est possible de préparer le camp prolétarien pour l’affrontement prolongé contre l’État. Plus concrètement encore, cela signifie organiser les fragments les plus matures de l’autonomie de classes activés par l’intervention révolutionnaire qui influe sur l’équilibre entre les classes, en organismes armés et clandestins de la classe.

Dans ces structures politico-militaires, les camarades révolutionnaires sont organisés selon les mêmes critères fondamentaux et la méthode de travail qui orientent et régulent l’Organisation dans son complexe, en tenant évidemment compte des différentes fonctions et rôles qu’ils ont dans l’affrontement et du cadre de conscience exprimé.

A l’intérieur des instances révolutionnaires et des réseaux prolétariens eux-mêmes se reproduit l’organisation et, à partir de cet élément de fond et dans la pratique concrète du travail politique révolutionnaire nécessaire, les forces sont formées et préparées à soutenir l’affrontement.

Dans le même temps, ces structures politico-militaires sont disposées et dirigées par l’Organisation dans l’affrontement en fonction de l’activité révolutionnaire globale des BR, qui à un moment les activent en leur indiquant les limites et les termes du travail politique révolutionnaire et en centralisant chaque aspect de leur- activité.

L’axe stratégique, auquel elles adhèrent .et dont elles reproduisent les termes, est incompatible avec une conception de la formation des forces type « école de cadres » ou du même genre; au contraire, il ne peut s’agir que d’organismes politico-militaires qui dès le début se rendent fonctionnels au plan de travail général dans la mesure où leur activité est d’une part centralisée par l’Organisation, de l’autre en conformité avec l’activité globale de l’Organisation.

En synthèse, formation/organisation des forces advient à l’intérieur et à partir d’un cadre organisé, clandestin et compartimenté, calibré à la phase révolutionnaire et aux rapports de force généraux, dans les formes qu’il assume et dans les modalités par lesquels il interagit avec l’affrontement; elle advient dans le travail révolutionnaire concret et calibré au niveau de conscience exprimé et au rôle de la structure dans l’ensemble du plan général de disposition des forces mises en champ par l’organisation; travail nécessaire et fonctionnel à l’activité globale, centralisé à partir des indications et sous la direction de l’Organisation.

Cette activité de formation/organisation des forces se meut parallèlement au processus de reconstruction. dans le milieu ouvrier et prolétarien, des conditions politiques et matérielles endommagées et dispersées par la contre-révolution, pour un équilibre politique et de forces favorable au camp prolétarien va processus qui mûrit en référence à l’initiative de la guérilla destinée à rompre les équilibres politiques généraux se formant, entre classe et État, au sein duquel s’évidencie et s’affirme la contradiction dominante en antagonisme entre la classe et l’État.

L’intervention sur ce plan, avec l’attaque au point le plus élevé de l’affrontement, pesé sur les équilibres de l’affrontement lui-même et se répercute, en conséquence, sur l’ensemble du panorama des rapports entre les classes, jusqu’au plan capital/travail, mettant en mouvement des dynamiques dans le tissu prolétarien et dans les composantes les plus matures de l’autonomie de classe en particulier, d’où il est possible de « libérer » l’énergie prolétarienne qui doit être formée, organisée et disposée de manière adéquate pour être en mesure de soutenir le niveau d’affrontement et se rendre fonctionnelle à l’approfondissement de la guerre de classe.

Reconstruction et formation/organisation constituent le rail sur lequel se concrétise La nécessaire dialectique guérilla/autonomie de classe.

Poursuivre cette dialectique entraîné de se mesurer avec les conditions politiques générales du rapport classe/État, et, c’est-à-dire, pour en définir l’attaque et toute l’activité révolutionnaire, de se référer au caractère de la médiation politique qui s’affirme et se consolide au projet politique qui émerge comme dominant dans une conjoncture Intérieure (référence aux exigences de la bourgeoisie impérialiste de notre pays) et Internationale (référence au rôle de l’Italie dans le contexte de la chaîne impérialiste et en particulier en Europe Occidentale) donnée; au niveau d’approfondissement démontré face aux dynamiques Révolution/contre-révolution.

Eu égard à ce dernier aspect s’évidencie, en ‘synthèse, l’intervention constante et globale d’une appareil antiguérilla dont les finalités, essentiellement politiques, visent à contrecarrer les effets et la valeur de la proposition politique des B.R, en tenant sous pression et en intervenant  »en termes de dissuasion sur les composantes prolétariennes et révolutionnaires qui expriment de l’antagonisme contre l’Etat.

Cet aspect s’interpénètre avec le caractère de La médiation politique entre les classes, en donnant vie à un ensemble réticulaire d’actes politiques et matériels contrecarrant le milieu même de for-nation des avant-gardes dans la tentative d’empêcher à l’autonomie de classe de s’exprimer.

La dialectique guérilla/autonomie de classe qu’il est possible et nécessaire à partir de ce cadre d affrontement de développer, présuppose la formation et l’organisation des forces militantes en un module politique et organisationnel organique qui soit non seulement cohérent avec le principe de l’unité du politique et du militaire, mais à l’intérieur duquel les cadres militants se forment et se positionnent tactiquement de manière à être en mesure d’exprimer la direction et l’organisation adéquate des forces, à partir de la voie duale de reconstruction / formation, à l’intérieur de la projectualité actuelle et en syntonie avec les objectifs de la phase révolutionnaire.

Le projet politico-organisationnel qui, historiquement, s’est révélé lé plus adéquat, est celui auquel le statut des-B.R fait référence (cf. la Résolution de la direction Stratégique n°2).

Son absence ne peut que provoquer un appauvrissement et un affaiblissement de l’entité militante, privée de moyen et de l’outil pour intervenir dans l’affrontement au niveau nécessaire.

Proposer de nouveau ce dispositif dans ses principes généraux a constitué un point d’appui du processus de redéfinition, à un moment donné, de vérification du processus en cours et de l’instrument politico-militaire, afin de lui donner un nouvel élan, pour qu’il permette d’amener les forces révolutionnaires au niveau politique nécessaire, en faisant vivre et en exploitant au mmelaim la capacité des individus dans le collectif.

Un tel dispositif a, dans, ses présupposés généraux, un caractère stratégique et il ne peut se transformer au gré des phases révolutionnaires.

Il est fondé sur le critère du centralisme démocratique, selon lequel les instances horizontales et verticales sont structurées.

La totalité du travail révolutionnaire est centralisée et se situe à l’intérieur du plan de travail général élaboré par l’instance dirigeante.

Il va de soi qu’il opère à l’intérieur des principes stratégiques de la clandestinité et de la compartimentation, principes de base qui reflètent l’unité du politique et du militaire et qui orientent chaque aspect de l’activité révolutionnaire.

Ils répondent aux lois de la guerre révolutionnaire en ce qu’ils permettent de rendre explicite le caractère offensif de la guérilla, en limitant dans le même temps les pertes qui sont toujours élevées dans la guérilla.

Ces principes parcourent horizontalement et verticalement toute l’organisation et les forces qu’elle organise et déploie.

En particulier, la clandestinité est un choix offensif, à caractère stratégique, qui permet aux révolutionnaires de se situer au coeur de l’affrontement dans les meilleurs conditions -les seules qui soient adéquates- pour porter l’attaque et approfondir la guerre de classe.

La structuration en cellules, unités de base du dispositif politico-organisationnel des BR, permet de manière générale la reproduction de l’organisation dans la mesure où, en son sein se reproduisent les critères généraux du dispositif et le patrimoine politique de l’organisation.

A partir du dispositif général des forces de l’organisation, on précise tactiquement, en fonction des objectifs de la phase révolutionnaires, la disposition des structures politico-militaires elles-mêmes, et donc des cellules qui, dans cette phase, doit être fonctionnelle à la construction, à l’organisation et à la direction des forces, en faisan’ vivre la dialectique guérilla/autonomie de classe, parce qu’elles visent dans leur activité à atteindre les lignes d’attaque, c’est-à-dire les objectifs de programme.

La matrice stratégique étant immuable, la position tactique est fonction de chaque phase du processus révolutionnaire afin de répondre aux finalités de chacune de ces phases, et elle influe sur la disposition tactique des forces en présence qui, de toute façon, a toujours un caractère dynamique en regard des caractéristiques politiques de l’affrontement.

Toutes les forces ainsi organisées et conduites deviennent fonctionnelles à l’attaque de manière à influer au plus haut degré et à se disposer positivement dans l’affrontement.

Dans ce processus de construction, d’organisation et de direction, les BR s’affirment corme un parti en précisant et en pratiquant le rôle de direction de l’affrontement.

Les BR comme force révolutionnaire qui agit et « armée révolutionnaire », se situent donc dans la pratique comme noyau fondateur du parti et de là elles travaillent à concrétiser le mot d’ordre de l’unité des communistes.

En conclusion, les étapes de la réadaptation parcourues jusque-là et la relance qui en découle constituent la donnée politique centrale dans là dialectique actuelle entre la révolution et la contre-révolution.

Les mesures que l’État a promulguées face à cela, qui déterminent l’activité de la contre-guérilla directement orienté par l’Exécutif, visent surtout à « congeler » les attentes créées par l’intervention révolutionnaire dans la classe.

Par exemple, les attaques contre la guérilla qui sont un aspect évidemment! intrinsèque à tout contexte de guerre révolutionnaire, sont utilisés pour peser sur le tissu prolétarien, d’où elles sont balayées du fait de l’épuisement des conditions du processus révolutionnaire.

Mais s’il est évident que l’approfondissement des conditions dans lesquelles se déroule le processif révolutionnaire, influence le cours de la phase actuelle de reconstruction, ce qui influe de manière centrale sur les perspectives de la phase révolutionnaire, c’est son positionnement dans une phase politique générale lourde de contradictions et, dans le même temps -mais non canne conséquence mécanique-, de potentialités favorables à l’approfondissement de la guerre de classe.

Dans le camp prolétarien, en effet, la « stérilisation » du tissu de luttes, ouvrier et prolétarien, n’est en effet pas donnée, ni non plus l’annulation des dynamiques qui reproduisent l’autonomie de classe.

Mais, au contraire, une large résistance ouvrière et prolétarienne au coût de la crise et aux effets de la réforme des pouvoirs de l’Etat se manifeste comme élément constant, d’où émergent, en particulier, des luttes qui tendent à briser les carcans et les filtres des relations industrielles, qui sont le reflet, sur le plan du rapport capital/travail, des modifications des équilibres politiques . généraux, ratifiées au niveau institutionnel dans les nouvelles « règles du jeu » de la démocratie représentative, pour exprimer des instances de lutte autonomes.

Dans des formes et des manières qui sont le fruit du cadre de transformé des rapports politiques entre les classes, elles représentent cependant la continuité de la tradition d’autonomie de classe qui s’est déterminée historiquement en Italie.

D’autre part et parallèlement, le plan d’intervention global dans l’affrontement que la guérilla a fait mûrir et les perspectives politiques ouvertes sur le terrain de l’affrontement entre la classe et l’État, et sur celui de l’anti-impérialisme -en conservant le patrimoine que vingt années de pratique -révolutionnaire ont consolidé dans le tissu prolétarien et qui donne sa substance à ce fil organique qui relie, aujourd’hui encore, les BR à ce tissu-, permet aux B.R d’agir dans l’affrontement et en concordance avec les échéances politiques dictées par les conditions politiques générales du rapport entre la classe et l’État.

Dans la mesure où l’initiative de la. guérilla influe sur les barrières et les filtres de la médiation politique, à partir des niveaux d’agrégation ouvrière et prolétarienne évoqués ci-dessus, une énergie révolutionnaire émarge qui peut et doit être organisée, formée et dirigée sur le terrain de la guerre révolutionnaire, pour aller de l’avant.

Par conséquent, en tenant compte comme il se doit de l’approfondissement du plan! d’affrontement révolutionnaire actuel, c’est aux dynamiques qui se développent à partir de la dialectique entre ces deux facteurs, guérilla et autonomie de classe, que les BR font référence lorsqu’elles procèdent à la reconstruction des instruments politiques et organisationnels qui permettent de doter le camp prolétarien des moyens de soutenir l’affrontement et de poursuivre les lignes d’attaques inhérentes aux points de programme.

ATTAQUER ET DESARTICULER LE PROJET ANTI-PROLETARIEN ET CONTRE-REVOLUTIONNAIRE DE REFORME DES POUVOIRS DE L’ETAT.

CONSTRUIRE ET ORGANISER LES TERMES ACTUELS DE LA
GUERRE DE CLASSE.

ATTAQUER LES LIGNES CENTRALES DE LA COHESION POLITIQUE DE L’EUROPE OCCIDENTALE: DANS LE SPECIFIQUE ET LES PROJETS IMPERIALISTES DE NORMALISATION AU MOYEN-ORIENT OUI SE FONT SUR LE DOS DES PEUPLES PALESTINIEN ET LIBANAIS.

TRAVAILLER AUX ALLIANCES NECESSAIRES A LA CONSTRUCTION ET A LA CONSOLIDATION DU FRONT COMBATTANT ANTI-IMPERIALISTE, POUR AFFAIBLIR ET REPOUSSER L’IMPERIALISME DANS L’AIRE GEOPOLITIOUE EUROPE OCCIDENTALE / MEDITERRANEE / MOYEN-ORIENT.

HONNEUR AU CAMARADE UMBERTO CATABIANI « ANDREA », ABATTU EN MAI 1982.

HONNEUR A TOUS LES CAMARADES REVOLUTIONNAIRES ANTI-IMPERIALISTES MORTS AU COMBAT.

>Sommaire du dossier

BR-PCC: Action contre Ezio Tarantelli (1985)

Le 27 mars 1985, un noyau armé de notre Organisation a exécuté Ezio Tarantelli, un des plus grands responsables de l’attaque contre le salaire ouvrier et contre l’histoire des conquêtes politiques et matérielles du prolétariat de notre pays.

Qui était Ezio Tarantelli ?

Celui que, avec beaucoup de fantaisie, la bourgeoisie définit comme un « professeur », un « chercheur » sur les problèmes de relations industrielles, était en réalité un des plus compétents exposants technico-politiques au service du grand capital, qui « travaillent » a l’essai de la bourgeoisie pour faire front a la crise économique par un de ses aspects fondamentaux : celui de la réglementation institutionnelle du rapport antagoniste entre les classes se référant aux conditions et aux mécanismes d’achat et vente de la force de travail ; celui donc de la ratification juridico-législative des rapports plus généraux de force entre la classe ouvrière et le patronat, du point de vue des intérêts bourgeois.

Non, le « professeur » ne sort pas par hasard de cette tanière internationale de la politique anti-prolétarienne et de l’oppression impérialiste qu’est le MIT, une des centrales au niveau mondial de la politique économique et financière du grand capital multinational, noyau opérationnel responsable aux plus hauts niveaux, tant de l’exploitation prolétarienne dans les pays a capitalisme avance que du vol, de l’holocauste par la faim et de l’oppression de l’impérialisme occidental sur les 3/4 de la population mondiale.

Le « professeur brillant » est celui qui a appris l’art et la technique de l’exploitation capitaliste et c’est la qu’il réussit constamment a se renouveler au cas ou quelque chose lui échapperait

Le plus grand expert économique de la CISL, président de l’Institut des Études de l’économie du Travail, ex-consultant de la Banque d’Italie, a été le concepteur des plus importantes étapes qui ont appuyé la politique économique des derniers gouvernements, de la réforme du marché du travail (appelée nominative, mobilité, temps partiel, etc…) a celle du salaire (blocage et prélèvement prédéterminés des points de contingence, diversification salariale soumise a la productivité) a celle plus générale de la négociation centralisée Gouvernement – Confindustrie – Syndicat, selon le modèle néo-corporatif qui s’est révélé dans les faits le plus efficace pour la bourgeoisie pour poursuivre le sévère réajustement du poids d’ensemble de la classe ouvrière.

Le réactionnaire « pacte social » avec ses révoltants « changements politiques » redéfinit le rôle du syndicat qui, particulièrement dans certains secteurs, n’est pas son promoteur direct, en considérant désormais comme marginale son activité administrative et en privilégiant la participation directe a l’élaboration et a la gestion de la politique des restructurations.

La crise économique qui depuis plus d’une décennie déchire le système économique occidental, d’un côté accentue la concurrence intermonopoliste et d’un autre coté exige l’attaque immédiate de la classe en essayant de la piéger par des mesures anti-crises.

La restructuration de l’appareil producteur tendant a abaisser les coûts par unité de produit ne fait qu’accentuer les contradictions dans le camp bourgeois et accélérer les fins de la concurrence.

Toutes les contre-tendances rassemblées dans un camp ne font que clarifier encore une fois l’impossibilité pour la bourgeoisie de résoudre sa crise sinon a travers une solution unique : la guerre impérialiste, la destruction qui en découle des moyens de production, des marchés, de la force de travail, de la surproduction de capitaux et « obsoleti », dans le cadre d’une plus grande centralisation et concentration des capitaux et d’un nouvel ordre mondial dirige par des monopoles multinationaux plus forts.

Ce dessein trouve en face de lui un formidable obstacle représenté par l’antagonisme de la classe ouvrière a se faire le comparse de ce « nouveau » pacte social pour soutenir les intérêts de la bourgeoisie a résoudre la crise.

Pour cela, la défaite politique du prolétariat est, pour la bourgeoisie, un objectif vital de première importance.

Conjoncturellement, cet objectif se traduit par l’élaboration et la mise en oeuvre d’un projet de pacte néo-corporatif qui caractérise la redéfinition plus générale des rapports sociaux dans un sens réactionnaire. La restructuration des relations industrielles et du rôle même des syndicats et des partis, va dans le sens de la redéfinition des fonctions des représentants institutionnels du prolétariat dans le but déclaré de pacifier I’ affrontement social sur le dos de la classe ouvrière.

Dans ce cadre doit être comprise l’offensive anti-prolétarienne qui a objectivement réduit a la défensive le mouvement de classe. L’objectif que la bourgeoisie se propose est la fragmentation du front prolétarien en une tour de Babel de micro-intérêts conflictuels, qui si elle trouvait la voie libre de résistance, pourrait bien amener vers une défaite historique de la classe, et vers une pacification mortifiée du front interne, situation idéale pour affronter les échéances de la tendance dominante a la guerre impérialiste.

La contribution donnée a l’élaboration et a l’exécution d’une telle politique par le « professeur » est ultérieurement clarifiée par les prochaines échéances auxquelles il « travaillait » : la proposition de réduction de l’horaire de travail, cheval de bataille de la CISL durant ces derniers mois.

La démonstration la plus évidente de l’esprit anti prolétarien, démagogique, mystificateur et en parfaite syntonie avec les plans confindustriels, réside dans le fait qu’une telle réduction n’est destinée a rien d’autre qu’a l’augmentation de la productivité a travers l’introduction sauvage de la flexibilité, de la mobilité, du temps partiel et de l’utilisation du travail extraordinaire, selon la nécessite des entreprises.

Celui qui lutte au chômage ! On jette de la poudre aux yeux pour prévenir de cette manière l’exacerbation des tensions sociales favorisant en même temps une meilleure utilisation de la force de travail selon les exigences productives capitalistes.

De leur côté, les syndicats et les partis révisionnistes jouent dans ce cadre le rôle de mur anti-subversif dans l’édifice bourgeois branlant, rôle revendiqué apparemment par le PCI et par Lama, le présentant comme monnaie d’échange. Cela s’est vu clairement dans l’échange politique pendant les vicissitudes du décret sur le fisc, vraie feuille de vigne en « couverture » des récentes attaques contre le salaire ouvrier et, encore plus, dans cette loi de l’obstructionnisme qu’est le décret coupe-salaire.

A ces occasions, on peut voir le PCI dans le rôle d’incomparable contrôleur des luttes ouvrières, alternant le frein dans les actions publiques et l’accélérateur démagogique dans l’opposition parlementaire, le tout sur un terrain de compatibilité institutionnelle. Le jeu à la hausse du référendum, un référendum qui, pour les mêmes défenseurs « n’est pas a faire », est la manifestation la plus évidente de l’ambiguïté que démontre un parti bourgeois comme le PCI qui chevauche les intérêts ouvriers.

Notre initiative politico-militaire a encore une fois clarifie la nature réelle de la rixe entre les partis au sujet de ces questions et, par dessus tout, les réels intérêts qui sont a la base des diverses propositions.

Le PCI a utilise encore une fois la lutte ouvrière pour ses calculs mesquins de pouvoir, parcourant avec maladresse un terrain miné et trébuchant ponctuellement sur l’obstacle le plus redoutable pour la réalisation de ses programmes de contrôle de l’antagonisme de classe : l’activité révolutionnaire des Brigades Rouges.

Parallèlement à la clarté et à la centralité de l’objectif poursuivi par notre Organisation, tombent les derniers voiles de la mystification, tant du gouvernement que du parti de Natta, et le problème mal cache jusqu’à aujourd’hui de la recherche d’un accord politique, se révèle pour ce qu’il est : éviter l’imprévisible riposte de la classe au durcissement du conflit social a travers la solution « pacificatrice » d’un nouvel accord général, encore une fois sur le dos des intérêts matériels et politiques du prolétariat, énième échange politique entre le PCI et le gouvernement, pas ultérieur vers une défaite de la classe.

Mais c’est justement la difficulté que le développement de ce projet rencontre, la meilleure démonstration que la défaite politique du prolétariat dans notre pays est, a tous les yeux, une velléité, velléité certainement pas privée de réelles possibilités, mais reddition toujours plus faible de par 1’énorme potentiel de lutte et la combativité de la classe ouvrière contre les politiques gouvernementales internes et internationales.

Le caractère de résistance que les luttes ont inévitablement atteint représente un premier moment indispensable pour la reconstitution d’un tissu prolétarien organisé, qui s’est exprime embryonnairement d’une manière plus claire avec l’auto-convocation des assemblées des conseils d’usine.

Mais si le tout reste ancré dans le temps au caractère de pure et simple résistance par la défense de positions piégées, la classe pourrait bien se retrouver enfermée dans un cul-de-sac a la fin de quoi ce serait une défaite de dimension historique. Notre devoir, comme Organisation communiste, est évidemment celle de représenter les intérêts généraux du prolétariat, le guidant dans la lutte contre la régimentation réactionnaire de la société et contre les préparatifs de la guerre impérialiste.

Se basant sur ce devoir et travaillant a l’approfondissement de la crise politique de la bourgeoisie, nous disons a la classe la matérialisation de notre proposition stratégique : la Lutte Armée pour le Communisme, pour transformer la guerre impérialiste en guerre de classe pour la conquête du pouvoir politique et la dictature du prolétariat

Les Brigades Rouges appellent les communistes a resserrer les rangs autour des devoirs principaux que la lutte des classes met aujourd’hui en évidence : construire l’offensive prolétarienne et révolutionnaire contre les restructurations et contre la guerre impérialiste, et lutter sur le terrain politique révolutionnaire pour la modification des rapports de force en faveur du prolétariat.

Et ceci a partir d’une pratique politico-militaire contre les politiques anti-prolétariennes et réactionnaires de pacification sociale, contre les politiques de guerre de la bourgeoisie impérialiste.

La crise du mode de production capitaliste est en train de créer des conditions favorables a la lutte prolétarienne dans tous les pays occidentaux. Elle crée d’autre part les bases pour l’identification de l’ennemi commun constitue par les politiques de restructuration de la bourgeoisie impérialiste effectuées partout par l’entremise de l’attaque des conditions de vie du prolétariat, la militarisation croissante et le réarmement de tous les pays dûs aux préparatifs de guerre.

Ces conditions engendrent des contradictions sociales de plus en plus profondes amenant au centre le devoir des communistes de travailler a la construction du Parti Communiste Combattant.

Seulement ainsi, il sera possible de poursuivre l’objectif de la direction prolétarienne de l’affrontement social, aiguisé par les mesures anti-crise prises par toute la bourgeoisie occidentale et démontré par des cycles de lutte antagoniste qui – à plusieurs niveaux – secouent toute l’Europe.

L’unité objective des intérêts du prolétariat international, les motivations d’une alliance a travers cela et la lutte des peuples progressistes contre l’oppression impérialiste, sont la moelle épinière du nécessaire caractère internationaliste de la révolution prolétarienne.

La lutte contre l’impérialisme occidental est pour cela une caractérisation commune a toutes les forces révolutionnaires, indépendamment des objectifs stratégiques qui sont poursuivis, que ce soit la libération nationale ou la conquête prolétarienne du pouvoir politique.

Pour ce motif, les Brigades Rouges ont fait de la lutte militante anti-impérialiste un point particulier et incontournable, une constante de la vraie perspective politique et de la vraie pratique combattante, comme l’ont démontre la capture du général Dozier et l’exécution du diplomates Hunt.

Cette campagne contre I’OTAN a été conçue comme point du programme fondamental pour le processus révolutionnaire dans notre pays, et ceci parce que l’affaiblissement et la défaite de l’impérialisme dans l’aire géographique et politique dans laquelle est située l’Italie, est une des conditions qui contribuent au succès de notre révolution.

De cette manière, les Brigades Rouges ont l’intention de travailler au renforcement et a la consolidation du Front de lutte contre l’impérialisme occidental qui a trouve ces derniers temps une vigueur renouvelée et une force unitaire démontrant la difficulté et les défaites que les entreprises impérialistes rencontrent dans le monde entier, de Grenade a Beyrouth au Nicaragua, par une campagne unitaire contre l’OTAN de la guérilla en Europe en lien dialectique avec l’exceptionnelle mobilisation de masse contra les missiles américains dans les métropoles européennes.

ATTAQUER ET ABATTRE LA COALITION CRAXI-CARNITI-CONFINDUSTRIA, AXE POLITIQUE DOMINANT DU PROJET REACTIONNAIRE DU PACTE SOCIAL NEOCORPORATIF !

RENFORCER ET CONSOLIDER LE FRONT DE LUTTE ANTI-IMPERIALISTE !

TRANSFORMER LA GUERRE IMPÉRIALISTE EN GUERRE DE CLASSE POUR LA CONQUÊTE DU POUVOIR POLITIQUE ET LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT !

Pour le Communisme

Brigades Rouges pour la construction du P.C.C.

>Sommaire du dossier

BR-PCC: Sur l’action contre Gino Giugni (1983)

Mardi 3 mai, un noyau armé de notre organisation a frappé Gino Giugni, rond de cuir du staff des têtes pensantes du « Parti de la Guerre  » dans notre pays.

Nos intentions à l’égard de ce porc étaient et restent claires : la liquidation du personnel impérialiste est un problème que la guerre de classe saura de mieux en mieux affronter!

Qui est Giugni?

Qui est celui-ci et ce qu’est le projet qu’il représente est vite dit : il s’est construit son  » succès « , sur le terrain national et international, comme représentant conscient des intérêts de la bourgeoisie impérialiste sur le terrain des différentes stratégies d’enchaînement de l’antagonisme de classe que la bourgeoisie nomme  » négociation « , ou plutôt conciliabilité (évidemment de son point de vue !) des luttes et des conquêtes prolétariennes dans un cadre de compatibilité avec les intérêts et les exigences capitalistes.

Tout cela dans la tentative d’institutionnaliser et de corporativiser l’antagonisme prolétarien et de l’enfermer dans la logique syndicale de la négociation.

Appartenant aux plus hauts niveaux de la bande à Craxi, traducteur dans la réalité italienne des politiques impérialistes de restructurations antiprolétariennes, cerveau politico-technique au service des divers ministères économiques et, plus généralement, des politiques économiques de l’Etat dans les différents gouvernements, Giugni représente toutes les étapes parcourues par la bourgeoisie depuis plus de vingt ans dans la tentative de mener la lutte de classe selon ses exigences.

Selon les conjonctures politico-économiques, cet  » homme de toutes les saisons  » a chevauché le tigre du mouvement ouvrier, en cherchant de le plier aux limites de la négociation syndicat-bourgeoisie.

Nous l’avons vu à l’œuvre dans les années 69/70, quand un formidable mouvement de luttes ouvrières et prolétaires, au nom de l’égalitarisme et de l’autonomie de classe par rapport au révisionnisme, commençait à détacher les intérêts et les besoins des masses, des nécessités de la production et de raccumulation capitaliste, et arrachait de consistantes conquêtes politiques et matérielles à une bourgeoisie encore en mesure de mettre en œuvre une politique de recherche du consensus à l’égard de l’antagonisme de classe.

Celui que les mass-média présentent comme » le père du Statut des Travailleurs  » n’est pas autre chose que le diligent législateur qui enregistre et institutionnalise un état des rapports de force entre les classes -alors en faveur du prolétariat – en tentant de traduire en des normes écrites, et donc concordantes, ce que le mouvement prolétarien conquiérait en dehors de toute négociation possible.

Ce qu’a toujours théorisé cet individu louche est justement la force non médiable de la lutte de classe et, pour cela, il a toujours travaillé à faire du conflit entre les classes une confrontation calme et « démocratique » entre les « différents » représentants en présence, en désaccord entre eux mais de toute manière unis par une volonté unique : subordonner les intérêts prolétariens aux exigences et aux choix du capital.

Mais si, en 69/70, la bourgeoisie pouvait encore mettre en œuvre une politique réformiste du fait des possibilités économiques et politiques qui lui étaient encore permises (sauf que dans le même temps elle attaquait directement la classe par les massacres et la chasse aux avant-gardes), la crise générale du mode de production capitaliste à l’échelle mondiale a complètement mis à la lumière la nature réelle de classe des différents projets réformistes et syndicaux que Giugni a contribué à élaborer.

Selon les rudes nécessités de la restructuration pour la guerre impérialiste, le prolétariat devrait consciemment accepter la défaite totale de son autonomie de classe et se faire  » représenter  » à la table des négociations, dans le jeu de la confrontation entre ce qu’ils appellent les  » parties « ,

Les résultats sont sous les yeux de tous : les accords sur la cassa-integrazione, l’accord sur les indemnités de départ et sur le coût du travail.

En particulier, l’accord de janvier est la base du projet de « pacte social  » et représente un saut qualitatif dans l’expulsion de la classe des  » négociations  » entre force de travail et capital.

Cet accord a été réalisé grâce, justement, au niveau atteint par le projet de redéfinition de l’Etat et par la fonctionnalisation des partis et du syndicat au plan de plus grand développement du caractère exécutif (esecutivizzazione en italien, NDT) des choix généraux sur le terrain de la politique économique.

Il représente en effet un saut qualitatif par rapport à la négociation traditionnelle entre force de travail et capital, en ce qu’il établit un plan de décisions qui investit tout l’arc de coûts de la reproduction sociale et toutes les normes du salaire social global (assistance, sécurité sociale, etc.).

Cet accord permet le lancement des licenciements de masse, une gestion encore plus rigide du marché de la force de travail, la compression jusqu’à l’invraisemblable des dépenses sociales et des mécanismes de récupération salariale de l’inflation, mais surtout le déplacement de la contradiction hors des usines, des places, des postes de travail : c’est la matérialisation des choix récessifs de la politique économique de guerre qui signifie imposer au prolétariat de travailler toujours plus, de travailler à peu, de travailler pour peu.

C’est l’attaque directe à la baisse du coût de la reproduction de la force de travail, obtenue au moyen de freins des dépenses contractuelles et, plus généralement, aux dépenses sociales qui bloquent pour trois ans et demi les augmentations salariales dans le cadre rigide des  » plafonds anti-inflationnistes  » établis par le gouvernement, la Confidustria et les syndicats.

Selon les plans de ces Messieurs, la lutte ouvrière devrait se réduire à constituer la masse de manœuvre dans le jeu des partis, dans lequel les objectifs à atteindre sont déjà établies au départ par le cadre de compatibilité avec les exigences de « gestion » du cycle de l’accumulation.

C’est la restructuration du marché du travail, qui vise à rendre les conditions de vente de la force de travail telles que le coût en reste bas.

C’est la stérilisation des automatismes et de l’échelle mobile, qui rend aujourd’hui la capacité de revenu prolétarien très en-dessous des nécessités effectives.

C’est la plus grande différenciation entre catégories, contre ce que les patrons appellent  » i’applatissement « .

C’est la réduction des dépenses sociales et leur détournement vers les dépenses militaires et de soutien aux multinationales.

C’est, surtout, l’attaque politique à la classe, pour en annuler les conquêtes, la résistance, les niveaux d’organisation construits par des années de lutte.

L’attaque contre le Prolétariat Métropolitain pour transformer le rapport de force général au plus grand avantage de la bourgeoisie impérialiste mène à une détérioration des conditions de vie des masses et conclut définitivement toute velléité capitaliste de gérer le conflit de classe, en ce sens que les limites de la médiation réformiste avec l’antagonisme se réduisent de manière drastique, ouvrant une phase d’affrontement ouvert.

La seule  » gouvernabilité  » possible serait dans le fait que le prolétariat accepte de participer à un vaste front inter-classiste de soutien aux nécessités de restructuration du capital multinational.

Giugni et ses compères rêvent d’un prolétariat divisé et corporativisé, au sein duquel règne la concurrence pour pouvoir être introduit dans le cycle de production, au prix et aux conditions dictées par les limites restreintes de la crise.

A l’intérieur de la paix contractuelle et de la prévisîonnabilité des objectifs des luttes, la négociation individuelle s’ouvre sur l’accès aux postes de travail disponibles et sur les conditions de l’exploitation dans l’usine et à tous les postes de travail.

Ce que ces accords sanctionnent politiquement est la possibilité pour la bourgeoisie de déclencher une attaque frontale contre tout le prolétariat métropolitain, alors que le mouvement révolutionnaire et antagoniste connaît une relative faiblesse.

Tout accord est en effet le fruit de rapports de force précis entre les classes et constitue un nouveau pas en avant pour renforcer la position de force de la bourgeoisie.

Tout ceci a immédiatement pour effet une détérioration générale des conditions de vie et de la négociation du prix de la force de travail.

Mais il a surtout le sens politique d’une attaque pour liquider l’autonomie de classe du prolétariat et sa politique révolutionnaire.

C’est la stratégie de l’anéantissement de la possibilité historique de transformer la restructuration pour la guerre impérialiste en guerre de classe pour le communisme.

Les désirs des divers Giugni, Merloni, Benvenuto, De Mita, Lagorio ne fonctionneraient que si, dans notre pays, le Prolétariat Métropolitain avait réellement choisi de vivre pacifiquement avec ses exploiteurs et s’était dissocié de la lutte des classes au profit du « pacte social » et néocorporatiste.

Que les choses ne soient pas exactement ainsi ainsi est démontre par les luîtes décomposées des différents syndicalistes de toutes les places d’Italie et par les  » non  » secs opposés par les luttes les plus significatives de ces derniers mois aux choix de politique économique.

La tentative de faire reculer le mouvement antagoniste jusqu’au seuil de la résistance extrême est la tentative révisionniste de canaliser les tensions de classe vers la défense de conditions politiques générales, aujourd’hui indéfendables du fait du niveau atteint par la crise, et par conséquent, des choix obligatoires du capital multinational pour pouvoir continuer à fonctionner comme tel.

Dans le projet de liquidation de toute apparence, même minime, de politique prolétarienne antagoniste (pour ne même pas parler de tout projet révolutionnaire!), l’attaque vise à reconstruire un cadre de rapports entre les classes dans lequel les progrès de restructuration pour la guerre impérialiste soient assurés du maximum de paix sociale.

On ne concède plus rien au prolétariat.

Pour lui, on prévoit seulement le  » privilège  » de contribuer, par une kyrielle de pactisations continuelles, à soutenir les choix de la bourgeoisie impérialiste, dans une position définitivement subordonnée.

Cela n’a été possible que par la rupture de la résistance ouvrière et prolétaire à l’exploitation capitaliste, par le recul des positions d’autonomie politique conquises au cours d’années de luttes et d’organisation prolétarienne sur le terrain révolutionnaire.

Face à l’attaque généralisée de la bourgeoisie, le problème aujourd’hui n’est pas de se river à des positions d' » extrême défense « , mais de reconquérir les conditions politiques et les rapports de force toujours plus favorables, afin de pouvoir briser le niveau des contradictions sur le terrain de l’antagonisme de classe et de situer l’initiative révolutionnaire dans un sens contraire aux projets de pacification entre les classes.

Le Prolétariat Métropolitain n’a rien à défendre si ce n’est la possibilité d’expression de sa politique révolutionnaire, condition pour briser les tentatives de le ravaler aux limites du pacifisme lâche et le transformer en son contraire, pour se libérer définitivement de la chaîne révisionniste qui travaille à la défaite de son autonomie de classe et pour pouvoir faire reculer de manière significative les projets de restructuration pour la guerre impérialiste dans son parcours de libération de l’esclavage du travail salarié.

La fonction de l’Etat dans cette phase et le fait qu’il assume de nouvelles tâches sur le terrain de la politique économique, de la politique contrerévolutionnaire et de la politique extérieure, sa plus grande fonctionnalisation aux exigences de la restructuration profilent encore plus clairement le rôle de l’Etat comme interprète au plus haut niveau des intérêts de la bourgeoisie impérialiste.

La fin de  » l’assistantialisme  » redéfinit l’Etat, non plus comme régulateur du conflit entre les classes, mais comme expression explicite de la domination de la bourgeoisie, comme garant, en termes politiques, économiques, militaires et idéologiques de la restructuration pour la guerre impérialiste.

Tout cela porte en soi l’accélération de la prise de conscience par le prolétariat de la nature politique de l’affrontement, en dévoilant dans le même temps l’inconsistance de toute proposition qui vise à la défense des conditions politiques générales propres à la phase passée.

La capacité de reconstruire la résistance ouvrière et prolétaire aux projets de guerre de la bourgeoisie impérialiste est liée au déchirement révolutionnaire du cadre politique actuel et à la redéfinition du nouveau caractère de l’autonomie de classe.

Cela a été rendu possible aussi par la difficulté croissante qu’ont les révisionnistes à avoir ne serait-ce que le minimum de crédibilité pour pouvoir continuer à  » représenter  » les intérêts, même les plus immédiats, du Prolétariat Métropolitain.

La politique révisionniste est aujourd’hui prise entre deux forces opposées: d’une part la bourgeoisie impérialiste qui tend à la subordonner complètement à ses projets et de l’autre le Prolétariat Métropolitain qui 1’oblige  » à garantir d’une certaine manière ses intérêts.

Ce  » pot de terre  » ne pourra que se briser bruyamment, et avec lui toutes les tentatives de subordonner l’antagonisme prolétarien aux projets de la bourgeoisie impérialiste.

Si la restructuration pour la guerre impérialiste ouvre et aiguise les contradictions entre les intérêts matériels et politiques du prolétariat et sa  » représentation historique « , en la poussant dans une crise de son rôle sans représentation, les forces révolutionnaires doivent favoriser cette crise.

Ce n’est qu’à partir de la désagrégation de ces  » cages  » qu’il est possible de libérer toutes les nouvelles forces prolétariennes produites par l’antagonisme à la restructuration pour la guerre.

II s’agit de favoriser la démystification des contenus et des propositions qui empêchent l’expression de la classe, justement au moment où apparaît leur usure et où leur faiblesse face au projet dans cette phase de la bourgeoisie impérialiste se dévoile.

Il s’agit de contribuer à faire émerger chaque élément qui s’affirme dans la lutte contre le ‘projet dirigé par le  » parti de la guerre « , il s’agit d’appuyer, de soutenir les contenus les plus avancés des luttes du Prolétariat Métropolitain et de recomposer la classe sur le terrain révolutionnaire, en attaquant dans le même temps ceux qui tentent de l’enfermer dans des schémas vieux et perdus d’avance.

Les contenus politiques les plus avancés apparus dans les luttes contre la guerre, contre l’Etat de la torture, contre le projet de la reddition et de la désolidarisation, contre la politique économique du gouvernement, ont encore une fois mis en évidence la capacité du Prolétariat Métropolitain, et en particulier de la classe ouvrière, de notre pays, malgré le déchaînement de la contrerévolu-tion et les erreurs des forces révolutionnaires, à être en mesure de tenir tête aux projets guerriers de la bourgeoisie.

Ceci éclaire déjà les modifications opérées (et surtout celles à venir) dans l’activité générale des masses contre l’Etat et son projet de phase.

La spontanéité prolétarienne s’oppose à la restructuration de l’Etat pour la guerre impérialiste dans les manières par lesquelles elle réussit à s’exprimer, mais cette résistance risque de se fixer à une défense passive et sans issue.

On doit au contraire porter cette résistance à se transformer dans un sens révolutionnaire pour s’opposer victorieusement à la perspective de guerre, en développant les contenus de l’antagonisme prolétarien et l’activité générale des masses en une participation consciente à l’affrontement imposé par la bourgeoisie.

Il s’agit donc de se doter de la politique révolutionnaire apte à œuvrer sur l’ensemble des contradictions, que les plans de l’ennemi de classe déchaînent à l’intérieur du Prolétariat Métropolitain, en dirigeant les luttes et le combat prolétarien contre les articulations du projet de la bourgeoisie dans les différentes conjonctures, et de doter les programmes du plan stratégique révolutionnaire, en visant à atteindre l’objectif politique de phase : la destruction du projet de restructuration pour la guerre impérialiste par la conquête du pouvoir politique par le Prolétariat Métropolitain.

A partir d’aujourd’hui, cet objectif doit vivre et guider l’activité de direction des luttes et du combat prolétarien, en ce sens que les programmes des différentes conjonctures sont liés à la conquête de rapports de force toujours plus favorables au prolétariat, dans le parcours par étapes de la libération de l’esclavage du travail salarié.

La possibilité de vaincre est liée à la capacité de l’avant-garde communiste à identifier clairement les objectifs que l’on entend poursuivre en rapport aux niveaux réels et concrets de conscience et d’organisation des masses.

L’attaque contre Giugni est pour nous le premier moment de la relance de l’initiative révolutionnaire qui identifie le programme des B.R. contre le cœur de l’Etat dans cette conjoncture comme attaque multiforme de tout le Prolétariat Métropolitain contre le  » pacte social « , étape fondamentale pour la mise en œuvre du projet de la bourgeoisie impérialiste de liquidation de la politique révolutionnaire.

L’attaque portée s’insère au niveau le plus élevé des contradictions entre Prolétariat Métropolitain et Etat dans cette conjoncture, et en cela elle constitue un pas avant puissant dans la redéfinition du rapport entre avant-garde communiste et masses prolétariennes, qui va dans le sens de la nécessité de :

Conquérir l’antagonisme prolétarien au programme révolutionnaire!

Conquérir et organiser les avant-gardes pour la stratégie de la lutte armée pour le communisme!

La conjoncture politique internationale actuelle est caractérisée par une accélération marquée de la préparation des conditions politiques et matérielles du déploiement de la guerre impérialiste.

L’Est et l’Ouest accélèrent ce processus en restructurant leurs appareils politiques, économiques, militaires et idéologiques dans le but avoué que les problèmes créés par la crise actuelle ne puissent être résolus que par un conflit armé qui redessine globalement le visage du monde.

Ce qui déchaîne la dynamique conflictuelle entre les deux blocs impérialistes est le fait que les conditions de la reproduction du capital à l’échelle internationale commence à manquer.

La modification de la position de chaque pays à l’intérieur de la division internationale du travail, les termes toujours plus âpres de la concurrence sur un marché mondial qui n’est plus en mesure de s’étendre, les difficultés d’accès aux sources d’énergie et aux matières premières dues à la dégradation de l’ensemble des relations entre les pays, sont les causes qui amèneront la barbarie impérialiste à déchaîner le génocide des prolétaires et la destruction des biens et moyens de production, pour un nouveau partage du monde et pour une plus grande exploitation des peuples.

Cette tendance, aujourd’hui dominante, n’est établie ni par un « destin fatal » ni par un esprit occulte qui élaborerait plans et stratégies [manque une ligne] et militaires, opérées par les fractions du capitalisme les plus fortes pour découper leur propre part de marché, pour augmenter les profits et pour accroître leur propre capital au détriment de ceux plus faibles.

Le mouvement de ces capitaux modifie et redéfinit par rapport à leurs propres exigences les conditions générales de toute la formation économique et sociale, ainsi que les rapports entre les classes, en polarisant les intérêts respectifs.

Ce processus et ses finalités étant, par-delà les différences spécifiques à chaque pays, conformé par de grands facteurs communs, trouve unie toute la bourgeoisie impérialiste occidentale.

Cela est démontré d’un côté par le processus de raffermissement des alliances et des liens entre pays de la même aire et par la création de nouvelles alliances en vue du déploiement final, et de l’autre, par la mise en œuvre de procès de restructuration des Etats nationaux, en cherchant à les rendre fortement exécutifs et dirigés par une fraction politique que nous appelons  » Parti de la guerre « , en mesure de représenter les intérêts de classe bourgeois parmi les intérêts plus généraux de l’ensemble de l’aire.

L’hypothèse d’une guerre entre les deux principales super-puissances est ouvertement discutée dans les mass-média, accompagnée de symptômes sans équivoques de barbarisation politique, telle que la propagande qui vise à présenter l’ennemi potentiel comme un monstre.

Si le terrain des négociations sur la réduction des armements stratégiques est celui auquel on fait le maximum de publicité, il est aussi le moins représentatif des rapports réels en gestation, parce qu’il est le théâtre d’initiatives de propagande continuelles, d’amélioration de l’image internationale des protagonistes.

A presque toutes les époques, les ambassadeurs assis à la table des négociations ont été surpris par les déclarations de guerre!

La mesure réelle des rapports interimpérialistes est au contraire donnée par un ensemble de décisions économico-politico-militaires que les deux blocs impérialistes sont en train de mettre en œuvre, et qui démontrent sans équivoque une volonté de réarmement colossal à court terme.

Pour l’Occident, avec l’avènement de Reagan, la politique extérieure américaine vise au rétablissement de la suprématie US au niveau planétaire, en s’assignant la  » charge  » de défendre et élargir ses propres intérêts  » vitaux  » en toute partie du monde.

 » Nous vivons à une époque où un coup d’Etat, une grève de grandes dimensions, un attentat terroriste ou une guerre entre pays voisins, même loin de nos frontières, peuvent, comme jamais jusqu’à aujourd’hui, déchaîner des conséquences à l’échelle mondiale qui frapperaient notre bien-être national et notre sécurité.

Il est nécessaire que nous ayons une vaste vision stratégique qui insère les problèmes régionaux dans un cadre global.  » (D. Jones, chef d’Etat-major américain.)

L’administration Reagan entend relancer la politique internationale américaine en tentant de récupérer toutes les défaîtes des dernières années, du Vietnam à l’Angola, du Nicaragua à l’Iran.

Une politique impérialiste, donc, qui vise à rétablir le rapport de force général entre les USA et l’URSS de manière résolument favorable aux Américains et qui  » dissuade  » l’URSS d’une politique d’expansion dans des zones dangereuses pour la  » sécurité  » des USA, c’est-à-dire en toute partie du monde!

Dans le développement de cette stratégie, l’installation des euromissiles est essentielle, dans la mesure où c’est en Europe et en Méditerranée que les blocs se confrontent directement.

Mais non seulement cette stratégie veut recouvrer force et agressivité en dépassant le concept de  » discussion réciproque « , c’est-à-dire l’impossibilité (la non-convenance) concrète d’un conflit nucléaire direct, pour au contraire affirmer aujourd’hui concrètement la possibilié d’un conflit nucléaire, limité, mais direct, entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie dans des zones comme l’Europe et la Méditerrannée.

Dans le contexte actuel de la crise, cette politique détermine, aux USA et en Europe, une situation nouvelle, sur le plan intérieur et dans toute l’aire occidentale, par rapport aux décennies passées.

Si avant, les augmentations des dépenses sociales croissaient parallèlement – même avec des volumes différents – à celles des dépenses militaires, il existe aujourd’hui un rapport rigide entre ces deux domaines, et la croissance de Tune se fait au détriment de l’autre.

Cette situation fait que la politique militaire dirigée par les USA dans toute l’aire occidentale rencontre l’opposition et la résistance de vastes mouvements de masse composés de toutes les couches sociales qui sont attaquées par une politique d’atteinte aux dépenses sociales, et qui, par leur valeur  » interne « , se situent objectivement en termes anti-impérialistes, comme le sont subjectivement les mouvements contre la guerre.

Cette politique constitue un choix obligatoire pour l’impérialisme, déterminé par un contexte international caractérisé par une récession économique généralisée qui persiste pour la troisième année consécutive, et dans lequel toutes les mesures et contre-tendances mises en œuvre ne peuvent constituer autre chose qu’un frein temporaire à la tendance dominante.

La  » gestion contrôlée  » de la récession constitue actuellement le  » credo  » de la majorité des pays à capitalisme avancé, et l’aspect phénoménologique qu’elle recouvre est le processus en œuvre dans tout l’Occident que nous appelons « restructuration pour la guerre impérialiste « .

Les choix faits pour chaque pays en matière de politique économique et monétaire, tout en étant cohérents avec les orientations générales et les perspectives de fond, développent de fortes contradictions au niveau économique entre les pays du même bloc, comme par exemple en Europe, entre Europe et USA, USA et Japon, et Europe et Japon.

De ce point de vue, l’exigence du renforcement des liens politico-militaires ne se réduit pas aux exigences spécifiques de chaque pays, mais à la nécessité pour le système impérialiste dans son ensemble de dépasser la crise en s’acheminant vers la confrontation avec le bloc adverse.

Le capitalisme, au stade de l’impérialisme des multinationales, a créé un système de rapports tellement intégré qu’il ne peut se développer qu’en accroissant tant les dimensions que la force de cohésion de l’interdépendance.

En Italie, partie organique du système de relations (chaîne impérialiste) de l’Occident, les caractères généraux de la crise ne diffèrent pas de ceux de l’aire dont elle fait partie : récession productive, inflation, chômage, etc.

Le caractère spécifique se trouve, par contre, dans l’acuité et la gravité particulières de ces phénomènes, qui confirment le rôle de « maillon faible de la chaîne impérialiste  » de l’Italie.

Plus encore que dans d’autres pays, le capitalisme italien voit se restreindre l’éventail des choix possibles, dans un système d’équilibres où la reprise d’un rôle compétitif est encore plus liée à l’aggravation de la crise.

C’est ainsi que les facteurs qui ont concouru à aggraver localement les phénomènes critiques communs à tout le système impérialiste font aujourd’hui partie de la psychologie même de la société italienne et, dans le même temps, sont les principaux obstacles à la reprise  » en temps utile  » de la compétitivité commerciale.

Le plus puissant de ces obstacles est aujourd’hui constitué par la capacité de la classe ouvrière et du Prolétariat Métropolitain à établir des rapports de force généraux qui puissent peser sur la détermination des choix capitalistes.

C’est pourquoi la défaite politique de la classe devient l’un des principaux objectifs delà bourgeoisie impérialiste, en même temps que la redéfinition de la physionomie sociale du système des partis et de l’Etat.

Camarades prolétaires,

La stratégie de la Lutte Armée, comme aspect le plus avancé de la Politique Révolutionnaire, doit savoir conquérir les niveaux divers et différenciés de l’antagonisme prolétarien au programme révolutionnaire qui ne peut être synthétisé comme programme de tout le Prolétariat Métropolitain dans la conjoncture que dans une dialectique concrète avec les mouvements de masse existants sur le terrain de la lutte anti-impérialiste et avec des contenus exprimés dans les luttes de la classe ouvrière.

Conquérir l’antagonisme prolétarien au programme révolutionnaire signifie orienter et diriger les formes et les contenus exprimés dans les luttes des divers secteurs du Prolétariat Métropolitain dans le cadre de la stratégie de conquête du Pouvoir Politique.

Cela signifie réunifier et généraliser les contenus politiques les plus avancés des luttes qui mettent en commun les conditions et les exigences de tout le prolétariat contre les projets de restructuration antiprolétariens de la bourgeoisie.

Les intérêts prolétariens rencontrent le même adversaire dans toute l’Europe, au-delà des différences existantes entre les mouvements qui se mobilisent et entre les contenus qu’ils mettent en avant et qui constituent un ensemble d’antagonisme prolétarien qui investit non seulement les choix que l’impérialisme est en train de faire, mais aussi la substance même de l’organisation capitaliste du travail et de la société.

Le prolétariat a de plus en plus conscience, qu’au-delà de toute solution que la bourgeoisie puisse mijoter pour faire face à la crise, son future dans ce mode de production ne peut être fait que d’une exploitation plus grande et de la misère face, paradoxalement, à un développement de la richesse sociale à la seule disposition de secteurs de classe toujours plus restreints.

Les perspectives sont assez claires : cycles de production de plus en plus automatisés qui réduisent l’emploi, augmentation de l’exploitation de la force de travail qui reste employée, etc.

Tout cela en fonction d’une réduction des coûts de production des marchandises pour favoriser la part d’exportation vers les marchés extérieurs, dans une mesure directement proportionnelle à l’appauvrissement des conditions de vie des masses prolétariennes à l’intérieur.

L’antagonisme que cette conscience développe dans le Prolétariat Métropolitain, à travers mille formes et contenus, doit être synthétisé dans ses aspects politiques les plus avancés en un programme révolutionnaire des avant-gardes communistes, et organisé et dirigé en un affrontement politique four le pouvoir.

La réunification des avant-gardes doit être recherchée dans ce processus, autour du projet politique révolutionnaire et ses formes organisationnelles (système de pouvoir prolétaire armé), qui dirigent l’affrontement de classe en construisant une projectualité révolutionnaire en mesure de poser dans chaque phase les lignes directrices et les objectifs à poursuivre pour conquérir le pouvoir politique, instaurer la dictature ouvrière et prolétaire comme condition pour le déploiement de la Transition au Communisme.

La manière d’apparaître du projet de la Lutte Armée dans le cadre de la Politique Révolutionnaire menée par des millions de prolétaires, se redéfinit aujourd’hui en situant au centre de sa théorie-praxis les contenus politiques les plus avancés et généralisés, comme expression des intérêts généraux du Prolétariat Métropolitain qui, dans la conjoncture, se trouvent en conflit maximum avec les projets de restructuration mis en œuvre par le  » Parti de la guerre « .

Cela permettra de construire les conditions politiques et les rapports de force favorables au Prolétariat Métropolitain pour faire face aux problèmes posés par l’attaque contre-révolutionnaire, non seulement du point de vue des avant-gardes combattantes, mais aussi de toute la classe.

Nous pensons que toutes les pratiques révolutionnaires menées par les avant-gardes qui sont conformées par ces présupposés politiques constituent de réels points de référence pour la construction du Parti Communiste Combattant, dans la mesure où elle n’exprime pas simplement une  » expression « , une  » représentation  » des intérêts du Prolétariat Métropolitain, mais l’une de ses composantes d’avant-garde, qui se trouve en son sein, soumise à sa critique et vérification constantes, et sous la direction de laquelle le Prolétariat Métropolitain peut et doit se constituer en classe dominante.


Camarades,


Les difficultés, les erreurs et les déviations dans le mouvement révolutionnaire ont aussi mis en lumière toute sa faiblesse, en même temps que l’énorme possibilité de relance dej la proposition révolutionnaire dans notre pays.

L’attaque de la bourgeoisie contre les avant-gardes combattantes, la mise en œuvre des plans contre-révolutionnaires de dissociation et de reddition, la tentative d’isoler les communistes du mouvement de classe, ont contraint même les plus réticents à réfléchir sur les erreurs commises, qui ont tant favorisé lès projets de l’ennemi.

Aujourd’hui, pilotées et amplifiées par les mass-media, on assiste aux prises de position les plus diverses qui, sous couvert de  » procès autocritique « , visent à proclamer la faillite de la lutte armée, parfois même par la bouche de quelque illustre  » protagoniste « .

Au-delà des différences de positions qui sont apparues, et qui sont un terrain de débat et de bataille politique entre révolutionnaires, nous voulons mettre au clair que les autocritiques dont sont capables les communistes sont tout autre chose que des théorisations qui n’ont rien à voir avec les problèmes réels du mouvement révolutionnaire.

Ceux qui, aujourd’hui, en se cachant derrière d’élégantes élucubrations sur les nouveautés de l’affrontement, nient la fonction de l’arme de la politique révolutionnaire, la nécessité de la construction du parti, la stratégie de la lutte armée pour le communisme comme unique politique prolétarienne pour la conquête du pouvoir politique, sont le soutien théorique le plus dangereux à la liquidation du patrimoine le plus précieux de ces dernières années qui, même à travers des incertitudes et des erreurs, a puissamment favorisé le mûrissement du mouvement prolétarien le plus fort d’Europe.

Nous voulons dire que les difficiles tâches de cette phase laissent peu d’espace à une cohabitation pacifique entre les différentes positions qui ont mûri dans le mouvement révolutionnaire.

Contre la liquidation

Il faut aujourd’hui mener à fond une bataille politique qui soit en mesure de battre politiquement dans le Prolétariat Métropolitain toute l’influence néfaste de thèses qui visent consciemment à la liquidation de plus d’une décennie de projets révolutionnaires dans notre pays.

Il ne s’agit plus de cohabiter avec les théoriciens de l’antimarxisme viscéral, avec ceux qui reparcourent la stratification de classe en en exaltant les comportements transgressifs de groupe ou même individuels, avec les analyses de type sociologique dans lesquelles tout caractère de classe disparaît, mais de comprendre à fond toute l’influence désagrégatrice qu’ils ont à l’égard du Prolétariat Métropolitain, d’en dénoncer l’ultra-subjectivisme inhérent aux déclarations de guerre auxquelles la classe ne participe pas et les contemplations radicales-chics de ceux qui, selon le sens du vent, font et défont des projets révolutionnaires à leur image et ressemblance.

La dureté des conditions de l’affrontement aujourd’hui met à nu les discriminantes politiques entre ceux qui travaillent à la reconquête d’une configuration stratégique adéquate à la phase de ceux qui visent consciemment à la destruction de toute capacité prolétarienne à s’organiser comme classe contre l’Etat.

Contre toute tentative, plus ou moins camouflée, de trouver la cause de tous les maux dans le fait d’avoir lutté et combattu au cours de ces années, guidés par les armes du marxisme-léninisme, se dresse, puissante, une reprise du mouvement révolutionnaire qui, matérialiste, est hors l’idéalisme et l’ultrasubjectivisme, et qui est en train de se poser de tout autres problèmes : précisément les problèmes liés à la construction de la théorie révolutionnaire dans les métropoles impérialistes, et des instruments politiques, théoriques et militaires aptes à soutenir la guerre de classe contre la bourgeoisie impérialiste.

C’est en référence à ces forces que les B.R. ont travaillé cette année dans les propositions d’autocritique et de reconstruction des premiers éléments de programme politique.

C’est avec ces forces que nous entendons trouver les éléments d’unité sur le plan stratégique de l’attaque au projet dominant de la bourgeoisie, comme expression de la capacité de direction du mouvement antagoniste selon les critères de l’agir en parti pour construire le parti.

Dans ce travail politique, le dernier problème n’est pas celui de combattre, en même temps que les thèses qui prêchent ouvertement la reddition émanant de la petite-bourgeoisie effrayée de ne plus se trouver en [ici manque une ligne, Ndt] ultrarévolutionnaires en paroles qui, aux premiers symptômes de durcissement de l’affrontement, ont déjà démontré toute leur inconsistance et leur fausseté.

Si le mouvement de classe en Italie a dû assister, jusque dans la banque de Turin,- à la faillite des fauteurs de l’offensive à tous prix, cela a mis en lumière toute l’extériorité du subjectisme transgressif aux problèmes réels de l’affrontement entre les classes.

Nous pensons au contraire que la reprise du mouvement révolutionnaire et la possibilité de vaincre sont liées à la capacité des communistes d’entamer un parcours de confrontation et de bataille politique qui, même dans la diversité, vise à revoir de manière critique les limites d’analyse qui nous ont caractérisées dans les dernières années.

Les erreurs commises dans l’évaluation des formes et des contenus des luttes menées par les larges masses sur le terrain du nucléaire, de la guerre, de la politique économique de la guerre, la sous-évaluation de l’élément conscient et un rapport erroné avec la classe, ont mené à dépeindre ces mouvements comme sur le point de descendre sur le terrain de la lutte armée et ont réduit la politique révolutionnaire, d’une part à la proposition armée, d’autre part à d' » inécoutés » appels aux masses à s’organiser immédiatement sur le terrain politico-militaire.

Ce qui a favorisé des erreurs de ce type doit être recherché dans la carence de projet, de programme, de théorie révolutionnaires, qui synthétisent dans chaque conjoncture les passages nécessaires à opérer et les objectifs à atteindre que les contenus des luttes ouvrières et prolétaires, ou bien les rapports de force, rendent possibles.

Il faut ajouter qu’en l’absence de cela, il en découle inévitablement une dispersion de l’initiative combattante qui, en ne se polarisant pas sur l’élément central du programme dans la conjoncture, se fragmente et se replie sur soi, rendant l’affrontement endémique au niveau purement militaire avec la contre-révolution, jusqu’à la défaite.

L’autocritique doit servir à renforcer la stratégie de la lutte armée pour le communisme, en épurant le dispositif révolutionnaire des positions subjectivistes qui nous ont fait perdre de vue les conditions réelles de l’affrontement et qui nous ont empêché de situer notre initiative dans un rapport correct avec le mouvement antagoniste, qui lançait même des messages significatifs sur le terrain révolutionnaire.

Avoir réduit les indications d’avant-garde au seul terrain du combat, en donnant déjà pour établie l’existence d’un système de pouvoir armé déployé sur le terrain de la guerre de classe, nous a empêché de saisir les contenus réels de pouvoir exprimés par de bien plus vastes expressions de l’antagonisme prolétarien contre les projets de la bourgeoisie impérialiste.

Ceci a signifié l’exclusion de l’activité générale des masses de nos programmes, en réduisant nos capacités de proposition au cercle restreint des avant-gardes.

L’erreur n’est pas d’avoir voulu agir en parti, mais exactement l’opposé : elle est de n’avoir pas su matérialiser la fonction de direction qu’un parti révolutionnaire doit exercer à l’égard des luttes et du combat de millions de prolétaires sur le terrain de la transformation révolutionnaire de la société.

Cette fonction n’est pas toujours égale à elle-même, mais doit se transformer selon les différentes étapes du parcours révolutionnaire.

Ne pas avoir compris les tâches nouvelles de direction à la clôture de la phase de la propagande armée, avoir continué à se référer aux niveaux d’avant-garde, en rêvant d’un mouvement de masse révolutionnaire surgi spontanément de la crise du mode de production capitaliste qu’il suffisait de diriger contre les centres périphériques de la domination capitaliste, nous a non seulement séparés du mouvement de classe, mais, surtout, nous a relégués à son arrière-garde.

Avoir donné la forme du combat pour absolue nous a menés à désarmer politiquement notre proposition politique et à ne pas placer au centre de la possibilité de transformation révolutionnaire la globalité des niveaux et la diversité des contenus du mouvement antagoniste, à orienter sur le plan de la participation constante des masses organisées contre la bourgeoisie impérialiste et son Etat.

En ce sens, nos programmes ont recouvert soit le caractère idéaliste de tout communisme par allusion, soit le caractère économiste et empirique de la conquête immédiate de tous ces besoins qui étaient définis comme  » irréductiblement inconciliables  » avec les exigences de l’accumulation capitaliste.

C’est ainsi qu’a été théorisé le caractère irrécupérable des luttes contre la restructuration, sans jamais aborder les les contenus et les formes à travers lesquels ces luttes s’expriment, qui sont les éléments qui permettent d’avancer des points de programme et de ligne politique révolutionnaire.

Ce présumé  » caractère irrécupérable  » est la base sur laquelle s’est construit tout l’édifice baroque du  » système des programmes « , avec la fragmentation de la pratique politico-militaire qui en découlait.

Selon nous, il y a affrontement de pouvoir lorsque les intérêts généraux de la classe entrent en contradiction non médiable avec les intérêts de la bourgeoisie, et qu’autour de ces intérêts généraux se mobilise un mouvement de classe de grande ampleur, constitué de la lutte de millions de prolétaires sur des objectifs qui, dans la mesure où ils sont généraux, communs à toute la classe, sont politiques parce qu’ils rendent antagonistes aux patrons et à leur Etat une masse de prolétaires qui tend objectivement (et, à des niveaux divers, aussi subjectivement) à se comporter comme classe  » pour soi « , comme classe consciente.

Mais ce mouvement antagoniste, qui tend déjà à échapper à la capacité de contrôle syndical et révisionniste, n’est pas lui non plus  » irrécupérable  » en soi, mais constitue uniquement la base réelle sur laquelle peut se développer un processus d’organisation révolutionnaire de la classe.

Ce passage n’est pas donné à l’avance.

Il n’est pas un  » produit objectif de l’aggravation de la crise « , mais un parcours conscient de masse qui prend sa source dans la dialectique entre le mouvement antagoniste et l’avant-garde révolutionnaire.

Le concept même de  » caractère irrécupérable  » est un fruit de l’idéalisme, vu que l’expérience historique enseigne que l’unique chose irrécupérable pour la bourgeoisie est la perte du pouvoir politique et l’édification de la société communiste.

Le programme naît donc de l’affrontement entre l’activité générale des masses et le projet dominant de la bourgeoisie. Il est donc programme de tout le Prolétariat Métropolitain.

Le parti doit lire les contenus généraux qui parcourent de manière diversifiée tous les secteurs de la classe, il doit analyser les étapes possibles que l’affrontement peut parcourir et atteindre, en guidant le développement du processus révolutionnaire dans une direction : la conquête du pouvoir politique.

La généralisation des contenus les plus avancés, l’amélioration des niveaux d’organisation et des formes de lutte, l’identification de plus en plus claire de l’ennemi principal à abattre, sont la concrétisation de la Politique Révolutionnaire comme activité globale et articulée du Système de pouvoir prolétaire armé en construction, qui doit trouver dans les différentes conjonctures du parti et les organismes révolutionnaires des masses en mesure de déterminer correctement les tâches toujours nouvelles, dans la diversité des objectifs à atteindre, en relation avec le niveau réel de conscience et d’organisation des masses.

En ce sens, le programme, né des niveaux de concentration maximum de l’affrontement entre les classes, et synthétisé par le Parti, doit retourner, comme plan unitaire, dans les luttes, dans la mobilisation et dans le combat de tout le Prolétariat Métropolitain, contre les articulations du projet de l’ennemi dans les différentes conjonctures.

Ce programme, en dialectique avec les besoins immédiats, mais surtout avec les besoins généraux du Prolétariat Métropolitain, est soumis aux lois de la guerre : il n’y a pas de conquête permanente pour le Prolétariat Métropolitain, il n’y a que la possibilité de conquérir, non tel ou tel besoin, mais tout son propre destin !

Guerre au pacte social, articulation conjoncturelle du projet d’anéantissement de la Politique Révolutionnaire du Prolétariat Métropolitain!

Guerre à la guerre impérialiste! Guerre à l’OTAN!
Guerre au Parti de la guerre !

Développer l’internationalisme prolétarien contre les choix de guerre de la bourgeoisie impérialiste!

Construire le Parti Communiste Combattant!

Construire le Système de pouvoir prolétaire armé pour la conquête du pouvoir politique!

Liquider les projets de reddition et de dissociation de la lutte de classe !

Battre les lignes erronées dans le mouvement révolutionnaire!

Honneur à Umberto Catabiani  » Andréa  » et à tous les camarades tombés en combattant pour le Communisme !

Pour le Communisme

>Sommaire du dossier

BR-PCC: Replacer l’activité générale des masses au centre de l’initiative (1983)

[Rome, 17 janvier 1983, les militants des Brigades Rouges pour la contruction du Parti Communiste Combattant.

Arreni Renato, Bella Enzo, Braghetti Laura, Gallinari Prospero, Iannelli Maurizio, Novelli Luigi, Padula Sandro, Pancelli Remo, Petrella Marina, Piccioni Francesco, Ricciardi Salvatore, Seghetti Bruno.]

Ce n’est pas un hasard si ce procès a été préparé en toute hâte à la suite de la libération de Dozier, des trahisons et des arrestations de masse, alors que jusque là, il semblait ne jamais devoir se dérouler.

L’Etat, qui, avant cela, n’avait pas la force politique d’affronter le procès du moment le plus significatif de 12 années de lutte armée, saisit l’occasion pour tenter de sanctionner de façon éclatante la défaite des B.R. et avec elles, de la lutte armée pour le communisme.

Cet objectif a envahi tous les raisonnements mis dans la bouche des traîtres, toutes les interventions de la partie civile: il est le coeur-même de chaque acte du procès et des déclarations du procureur Amato.

Un refrain obsessionnel qui voulait devenir un lieu commun, une vérité indiscutable acceptée par tous.

La nature de cet objectif est cependant de plus vaste portée. Il est une partie importante d’une attaque bien plus complexe que la bourgeoisie a porté à la classe ouvrière et au prolétariat métropolitain.

En ce sens, la ratification de la défaite des B.R. devait représenter un moment important pour réussir à effacer de la mémoire historique-même du prolétariat, la conscience de la révolution comme événement possible et nécessaire, le seul qui soit capable d’apporter une solution réelle aux besoins et aux intérêts prolétariens.

La publicité la plus grande au refrain de la défaite est garantie par l’amplification démesurée du moindre balbutiement du traître de service.

La thèse commune à tous les vautours qui se sont jetés sur la « pâture » politique que représente ce procès est celle selon laquelle « les B.R. sont un groupe au service de quelqu’un de bien plus important ». Chacun tente d’apporter de l’eau à son moulin.

Et actuellement, c’est l’histoire, le patrimoine, les militants-mêmes de la lutte armée qui constituent un butin sur lequel les diverses forces de la bourgeoisie mettent la main pour en tirer tout ce qui peut être utile à leurs propres jeux de pouvoir.

C’est ainsi que nous avons entendu une anthologie des thèses complotardes selon lesquelles les B.R. seraient des marionnettes au service des projets les plus divers.

A en croire les socialistes et une partie de la D.C., nous ne serions que des russes parlant bien l’italien car, comme le disait alors déjà Craxi: « il n’est pas pensable que les B.R. s’entraînent dans les basses-cours.

Pour le F.C.I., nous étions évidemment des agents de la C.I.A., puisque Moro avait été l’instrument suprême de son insertion dans l’aire du consensus de la majorité gouvernementale.

On a fait parier différents trai très afin de soutenir, partiellement, les diverses thèses complotistes en vogue. Mai s-même eux n’ont pas été très utiles.

C’est ainsi que chaque parti bourgeois a continué à fournir sa propre vérité.

Ce pour quoi les traîtres ont été le plus utilisés a été, par contre, la construction d’une campagne diffamatoire et provocatrice contre le peuple palestinien et les forces révolutionnaires qui luttent en Europe et en Méditerranée contre l’impérialisme américain.

Ce n’est pas un hasard, et nous l’avions dénoncé dans cette salle d’audience avant que cela ait lieu, si la campagne menée en Italie et en Europe contre le peuple palestinien a précédé l’invasion génocide du Liban par l’impérialisme, grâce aux bouchers sionistes et phalangistes.

Dans les faits donc, ce procès est un procès de guerre; une attaque, non seulement contre les B.R., mais aussi contre toute hypothèse politique révolutionnaire dans ce qui, pour les projets de l’impérialisme américain, doit être un terrain d’opérations pacifié à l’intérieur et agressif vers l’extérieur.

C’est un procès de guerre, parce que toutes les « entorses » faites à la législation courante, avec le5

diverses lois spéciales, ont trouvé un champ d’application dans ce procès, et ont par là ratifié un bouleversement global de la sphère juridique dans le sens d’une législation de « guerre civile ».

C’est un procès de guerre parce que, dans cette salle d’audience, la torture et les disparitions de prisonniers ont été officialisées, reconnues et revendiquées par l’Etat comme méthode « légale » d’enquête.

En effet, alors qu’un de nos camarades inculpé dans ce procès était séquestré et torturé plusieurs jours durant dans les locaux de la DIGOS, la Cour et le Procureur, tout en sachant cela, continuaient le procès, couvrant de la loi du silence ce qui était en train de se passer.

Après cela, l’ouverture par la Cour d’une soit disante enquête sur cet épisode n’en était qu’une couverture supplémentaire: à tel point que les photographies qui témoignaient des lésions subies par le camarade ont déjà disparu du dossier.

C’est un procès de guerre, parce qu’est devenu évident dans cette salle le rapport qu’établit l’Etat avec la société civile et les prolétaires en particulier.

Ce système n’offre plus aucune perspective d’expansion de la richesse sociale ni d’évolution des valeurs morales et culturelles.

L’évolution du politique vers la barbarie sanctionne l’isolement progressif de la bourgeoisie et de son Etat, son retranchement sur la défense de son pouvoir et de ses privilèges.

Elle ne peut plus rien garantir au prolétariat.

Le seul rapport que la bourgeoisie parvient à établir est représenté par les misérables figures qui servent à jeter de la boue sur l’histoire de la révolution prolétarienne: la trahison!

L’Etat bourgeois fait « l’acquisition » de quelques traîtres afin qu’ils « parlent » à la classe, qu’ils la dissuadent de la possibilité de la révolution prolétarienne. L’Etat bourgeois encense la figure de l’espion, en fait la figure utile idéale, un « modèle de vie ».

La misère humaine que met en évidence cette politique ne peut que renforcer la conscience prolétarienne de la nécessité d’abattre cet Etat.

MAIS QUELLE EST LA VERITE SUR L’AFFAIRE MORO?

Nous pensons que la seule vérité soit la vérité historique, qui est légitimée aux yeux des masses par l’avancement du processus historique réel.

Tout le reste n’est que bavardage, versions de parti, suivisme d’agitateurs. La vérité d’Amato et de Savasta peut-elle être considérée comme une nouveauté?

Que Moro ait été séquestré par hasard?

Soyons sérieux!

Ce n’est là qu’une version pour les Imbéciles, tout juste bonne à cacher le seul fait certain: la « Campagne de Printemps » a été l’exploitation d’un projet politique révolutionnaire mis en oeuvre par des avant-gardes communistes combattantes, qui visait à désarticuler le projet politique développé par la bourgeoisie sous le nom de « solidarité ».

Ce projet bourgeois se donnait pour objectif la pacification réactionnaire de l’affrontement social, par l’utilisation de l’appareil politique révisionniste comme contrôleur, constructeur du consensus par la force et espion à l’égard de l’antagonisme de classe.
Comme cette farce de procès semble ridicule, face à ces années de lutte de classe et de lutte armée!

Une farce construite autour de via Gradoli, au cours de fébriles réunions de parlementaires -autour des tables bancales de quelque devin en quête de réussite et, d’une manière générale, autour des fantasmes créés par le « syndrome du complot ».

Aujourd’hui, la vérité historique est sous les yeux de tous! Le projet de « solidarité nationale » est définitivement mort et enterré avec son créateur; emporté, non tant simplement par l’action militaire, que par les dynamiques de classe qui ont motivé cette action et qui, à partir d’elle, ont permis la maturation d’un développement plus avancé.

La mise en cage de la classe, de ses tensions et de sa force n’a pas été possible: le projet a échoué!

Et avec cet échec s’est développé toujours d’avantage dans la conscience de la classe qu’aucun compromis n’est possible entre exploiteurs et exploités, que le seul rapport entre prolétariat et bourgeoisie est l’affrontement de classe!

Nous revendiquons cependant le fait que les B.R. ai ent parti ci pé et contri bue de façon décisive à la destruction de ce projet politique antiprolétarien.

Il est donc indéniable que la Campagne de Printemps constitue un moment important du processus révolutionnaire en Italie et en Europe.

L’objectif de ce procès est maintenant de nier cela, ce qui s’est avéré impraticable.

Nous voulons être clairs sur un autre fait, relatif au mandat assigné à l’un de nos avocats de confiance dans ce procès.

Chacune de nos pratiques a pour effet de produire préoccupation et confusion chez la bourgeoisie.

Cela s’est vérifié quand quelque chose s’est mis à ne plus touner rond, après huit mois de déroulement des audiences.

Ce quelque chose, c’est la nouveauté du fait qu’un avocat, même de manière limitée, soit en condition d’intervenir sur des aspects déterminés présentés par ce procès.

Cette préoccupation et cette confusion se sont manifestés par la présence de gros bonnets de la contre-révolution notoires et importants et par la rumeur officieuse que ce que faisait notre avocat de confiance dans la salle d’audience constituait un délit.

Voilà qui est significatif du peu de solidité des nerfs de la bourgeoisie face à ce qui va dans une direction opposée à la sienne.

A partir de là, deux questions se sont posées: si cela constituait une nouvelle « stratégie » des B.R. dans les procès, ou bien si c’était un retour en arrière vers la pratique du « procès guérilla ».

Disons tout de suite que les B.R. n’ont jamais eu de stratégie de procès, mais qu’elles appliquent dans les situations concrètes et spécifiques, et donc aussi dans les procès, leur ligne politique.

Une ligne politique qui n’a jamais été et ne peut être la somme de stratégies particulières.

En effet, dans la phase où l’avant-garde devait affirmer la lutte armée comme rupture politique, et la guérilla comme moment de cette rupture, nous développions dans les tribunaux une pratique tendant à désarticuler l’appareil juridique de l’Etat.

Une pratique que nous avons appelée « procès guérilla », qui répondait aux objectifs fixés par la ligne politique dans la phase de la « propagande armée ».

Le changement du cadre politique général, et les tâches différentes découlant de la lutte entre prolétariat et bourgeoisie, imposent une redéfinition de la ligne politique et de l’activité de l’avant-garde dans toutes les situations concrètes, et donc aussi dans les procès.

Face à cette situation, et en présence de nouvelles tâches, le « procès guérilla » ne parvient à avoir une incidence efficace, ni sur le plan de la disfonctionnalisation du procès, ni sur celui de la propagande et de l’agitation: ainsi se réduit-il, justement parce que les conditions ont changé, à un simple témoignage du passé.

Au contraire, il s’agit dans les procès, tout en étant conscients de leur rôle secondaire, non de manifester un antagonisme idéaliste et abstrait, incompréhensible à la classe, mais d’être un point de référence concret, politiquement clair et reconnaissable par le prolétariat; une force révolutionnaire sachant utiliser sa capacité antagoniste non médiatisable avec les intérêts de l’Etat, pour être une indication de lutte et de programme.

Les procès peuvent donc être, même dans les conditions nouvelles, un moment significatif de l’affrontement politique avec la bourgeoisie.

Pour cela, il est nécessaire d’assumer la pratique de la politique révolutionnaire, en profitant de toutes les occasions pour ramener l’attention de la classe sur les problèmes concrets de la lutte de classe et de son développement, l’avant-garde se sert donc aussi des procès pour intervenir efficacement et désarticuler la manière dont la bourgeoisie voudrait actuellement les mener, en cherchant à donner d’elle-même une image de puissance et d’efficacité-.

Et pour, réciproquement, donner une image de défaite de l’avant-garde révolutionnaire et de la possibilité révolutionnaire-même.

Tout cel a peut être mené dans les procès par une présence politique active et articulée sur plusieurs niveaux, capable d’entrer dans le vif des contradictions que produit la nature politique-même de ces procès.

Nous clarifierons par la suite, afin qu’il n’y ait pas d’équivoques, qu’il ne s’agit pas d’accepter les lois de la bourgeoisie ni de se perdre dans les mécanismes juridiques et de procédures; mais de déterminer, à chaque fois, l’opportunité d’une intervention en fonction des diverses contradictions qui se présentent.

Le processus révolutionnaire, dans chaque pays et à chaque époque, ne suit jamais un parcours linéaire, géométriquement croi ssant, mais il est continuellement marqué par des sauts politiques, qui se traduisent par des ruptures avec les formes précédentes de l’affrontement.

Des moments où la classe et son avant-garde, porteurs d’un patrimoine consolidé de luttes et d’initiatives, doivent affronter une phase nouvelle de de bataille politique, d’expérimentation. Telle est aussi notre expérience.

La lutte armée naquit en Italie au début 70, comme hypothèse révolutionnaire pour le communisme. Elle naquit donc comme rupture subjective de quelques avant-gardes communistes d’avec 20 ans de révisionnisme, comme construction d’un point de référence stratégique révolutionnaire enraciné dans la classe.

La légitimation de ce choix stratégique provenait de la maturité de l’affrontement de classe qui, après les deux années 68-69, avait vu croître, d’une part, le besoin stratégique de la classe d’apporter une réponse au problème du pouvoir et, de l’autre, la nécessité de répondre à la violente contre-attaque bourgeoise mise en oeuvre pour réprimer le mouvement de classe (licenciements d’avant-gardes ouvrières, les massacres d ‘ Etat et les « chasses aux subversifs » qui s’en suivirent).

Ce choix de rupture se manifestait comme initiative combattante pour propager et enraciner dans le prolétariat la conscience de la nécessité et de la possibilité de la lutte armée pour le communisme.

Il s’agissait donc d’enraciner une idée-force parmi les avant-gardes de classe; d’une bataille politique parmi les communistes pour définir les contours essentiels d’un projet politique révolutionnaire absent depuis 20 ans.

Dans ce cadre, les B.R. ont repris les catégories fondamentales du marxisme-léninisme et mis au centre de leur initiative, justement, le fait d’agir en parti, tout en n’étant évidemment pas un parti; ainsi que la centralité de la classe ouvrière, comme expression du plus haut niveau d’antagonisme contre le capital.

Cela n’avait rien à voir avec une nostalgie livresque, mais était une réalité quotidienne et visible.

C’est en effet à partir du potentiel de lutte et de la conscience politique de la classe ouvrière, accumulés au cours de ces années dans les grandes usines du Nord, de la Pirelli à la Fiat, que s’exprime et se concrétise le saut à la lutte armée, le passage nécessaire pour porter cette force à problème du pouvoir.

Centralité ouvrière donc, comme synthèse de deux éléments de fond de notre analyse: la méthode marxiste-léniniste, qui considère comme centrale la production capitaliste de plus-value, et donc comme centrale la classe ouvrière au sein du prolétariat métropolitain; et l’accumulation matérielle de force et de capacité politique de proposition, exprimée par les luttes au cours de ces années, à leur point le plus élevé.

Cette capacité de rupture et d’affirmation d’une idée-force a marqué dès lors ces 12 dernières années de lutte.

Cette capacité, que nous avons appelée « propagande armée », est un patrimoine prolétarien que personne ne peut nier ni liquider.

L’accumulation de force réalisée à l’intérieur de l’usine par la rupture avec le révisionnisme imposait un nouveau saut politique pour porter cette force accumulée à un stade supérieur.

Un saut permettant de dépasser les limites des thématiques d’usine et les diverses déviations de l’opéraisme et du syndicalisme armé qui existaient aussi dans le mouvement révolutionnaire au cours de ces années.

Un saut politique qui transforme ce potentiel en projet global de pouvoir contre l’Etat.

La mise en évidence du projet néo-gaulliste et la séquestration de Sossi matérialisèrent pour la première fois le mot d’ordre d' »attaque au coeur de l’Etat », par lequel la lutte armée dépassa l’idée-force pour devenir hypothèse politique stratégique, point de référence révolutionnaire pour l’ensemble du prolétariat, en plus que pour la classe ouvrière.

S’il faut relever l’aspect positif de cette période de propagande armée: avoir posé au centre de l’initiative, l’axe stratégique d’attaque « au cœur de l’Etat »; en revanche, on négligea alors le problème de la tactique et d’une stratégie révolutionnaire qui puisse, dans ce contexte, orienter concrètement l’affrontement de classe.

Ou encore, on se limitait à une riposte au coup par coup contre les projets de l’ennemi, sans cependant expliciter un quelconque projet prolétarien.

Pendant ces années, cette limite était peu perceptible, du fait de la nature-même des tâches que la guérilla se fixait. Elle est devenue explosive après 1978.

Dans les années précédant la Campagne de Printemps, on assista à un développement incessant de l’antagonisme prolétarien.

Dans toutes les grandes villes italiennes, ce développement s’effectua hors des formes d’organisation prolétariennes traditionnelles et institutionnelles.

Ce phénomène, que nous avons appelé « autonomie ouvrière », allait bien au-delà du mouvement politique autonome.

Au cours de ces années, la propagande armée entra en un large rapport dialectique avec les avant-gardes prolétariennes de tous les secteurs de classe, en en influençant le débat, la formation politique, les pratiques politiques de lutte.

Les luttes ouvrières qui sortaient fréquemment des limites de l’usine, et le mouvement de 77, -avec la multiplicité et la radicalité de ses formes, donnaient corps et vitalité à un mouvement antagoniste et à un mouvement révolutionnaire de vastes dimensions.

Dans le même temps la bourgeoisie, aux prises avec la crise économique et la forte présence de l’antagonisme prolétarien, mettait au point un projet politique articulé permettant d’affronter la nécessité d’une restructuration globale de la production, en cherchant à contrôler l’affrontement de classe par toutes les médiations possibles.

C’est à cela que servait l’insertion des révisionnistes, à qui était confiée la tâche de construire le consensus prolétarien autour des choix du capital, en échange d’un « parfum » de participation au gouvernement.

En d’autres termes, en plus que dans la conscience subjective des B.R., c’est la réalité-même de l’affrontement qui mit sur le tapis l’exigence prolétarienne de « faire sauter » le projet néo-corporatiste baptisé « solidarité nationale » et de construire la force politique révolutionnaire de toute la classe, capable de rassembler autour d’une stratégie, tout le potentiel révolutionnaire existant-.

Avec la Campagne de Printemps, les B.R. opèrent la synthèse politique et la rupture subjective nécessaires permettant de donner une solution à ces deux exigences.

La D.C. est l’âme noire du système d’exploitation et de pouvoir en Italie, l’ennemi reconnu et attaqué lors de 30 années de lutte prolétariennes.

Moro était le stratège le plus important du projet de « solidarité nationale ».

Comment la bourgeoisie a-t-elle réagi pendant la Campagne de Printemps?

Elle était coincée entre deux possibilités, qui toutes deux étaient des défaites.

La Campagne de Printemps avait déjà détruit « le projet de « solidarité nationale ».

Pour cette rai son, toute possibilité de « sauver ou non Moro » n’était plus fonction que des différentes batailles en cours entre les partis pour récupérer, chacun à son profit, le « cadavre » de la « solidarité nationale ».

Avec la Campagne de Printemps, la capacité de désarticulation atteinte est telle qu’elle exalte et amplifie le rôle politique de la lutte armée: au point que de nombreuses avant-gardes, au sein desquelles sont représentées diverses couches du prolétariat métropolitain, font leur la pratique combattante, comme formé de lutte permettant de donner plus de force à leur « capacité contractuelle ».

L’ample développement de la pratique combattante et des luttes autour des B.R. crée un climat de profonde attente politique.

A la lumière de la Campagne de Printemps, les thèses qui défendent la lutte armée pour des secteurs de classe antagonistes particuliers, ou comme coordination de la guérilla diffuse, apparaissent clairement inadéquates.

Mais, plus que la bataille politique interne au mouvement révolutionnaire, le fait qui compte est que la critique de masse au révisionnisme et à la ligne liquidatrice du « compromis historique », posait le problème de la construction du Parti Communiste Combattant et de la définition d’une stratégie qui, mettant au centre l’intérêt général de la classe, engendre une tactique révolutionnaire adaptée au nouveau contexte.

La Campagne de Printemps posait donc le problème de dépasser la configuration limitative d’O.C.C., pour pouvoir commencer à occuper, grâce à une stratégie et une tactique révolutionnaires adéquates, l’espace politique que la conscience de classe elle-même, à des niveaux de maturité divers, avait contribué à ouvrir.

L’espace pour une force politique révolutionnaire et combattante en mesure de diriger l’ensemble de la classe et non seulement les avant-gardes déjà militantes.

Pour paraphraser Lénine, nous disons qu’une force politique démontre son sérieux en mettant en lumière sans réticences les erreurs’qu’elle a commises, sans craindre l’instrumentalisation que l’ennemi pourrait faire de cette autocritique.

Notre devoir révolutionnaire à l’égard du mouvement de classe est de faire ce bilan, afin que se construise une dialectique donnant vie aux contenus les plus avancés de cette expérience politique.

Il est de notre devoir de défendre ce patrimoine contre tous ceux qui veulent le liquider, quand bien même en se dissimulant derrière une phraséologie pseudo-transgressive, extrémiste, anarchiste.

La conclusion de la Campagne de Printemps nous a mis devant un très vaste antagonisme de classe, différencié par ses niveaux de conscience, ses pratiques de lutte et ses formes organisées, qui se tournait vers nous comme moment de référence et comme possible direction révolutionnaire.

Un mouvement qui nous demandait: « Que faire? » Nous avons répondu à cette question en lançant le mot d’ordre: « conquérir les masses sur le terrain de la lutte armée ».

Ou plutôt, non avons proposé à toute la classe les mêmes critères et formules organisationnels qui avaient caractérisé notre bataille politique parmi les avant-gardes communistes.

Nous avons simplement proposé l’extension quantitative de la lutte armée, selon une conception essentiellement guérillériste du développement du processus révolutionnaire dans notre pays.

La lutte armée dans les métropoles revêt certainement la forme de la guérilla, mais ne doit pas en assumer la conception. Assumer cette conception dans notre pays a été une erreur.

SUR QUOI REPOSAIT CETTE ERREUR?

La désarticulation complète du projet politique de « solidarité nationale » avait remis en question les équilibres entre les bourgeois et entre les classes.

Au-delà des déclarations belliqueuses des notables de la D.C., il apparaissait clairement que personne n’était en mesure de postuler au rôle de médiateur entre les coteries internes.

Mais surtout, personne n’était capable de formuler une proposition politique de longue haleine. Au cours des années suivantes, en effet, la « solidarité nationale » a toujours plus été un « esprit », évocateur d’un projet politique mort et enterré.

C’était un fait concret et indiscutable. Tout comme l’était la fin de l’illusion berlinguérienne. Une donnée de fait que nous interprétions cependant comme l’épuisement de l’usage de la médiation politique interclassiste par la bourgeoisie.

Nous en arrivions à dire: « dans les conditions nouvelles créées par la Campagne de Printemps, la bourgeoisie est contrainte de transférer ouvertement sur le terrain militaire le contrôle qu’elle réussissait jusque là à exercer à travers les appareils politico-syndicalo-idéologiques ».

Cette façon de raisonner revenait à nier que l’Etat, même gravement défait sur un projet politique précis, n’en continuait pas moins à remplir la fonction de régulateur bourgeois de l’affrontement soci al, grâce à un savant dosage d’interventions tant politiques que militaires.

Au point que la bourgeoisie, bien que ne réussissant pas à définir un projet politique global, réussissait malgré tout à prendre des initiatives, quand bien même contradictoires et à court terme, sur les noeuds des politiques économique et institutionnelle; et à rétablir l’unité des forces politiques autour des soi-disant lois « antiterroristes » ou sur l’ensemble des mesures d’attaque tant contre la lutte armée que contre les formes consolidées de l’antagonisme prolétarien (telles que la mobilisation de rue).

C’est ainsi que nous avons perdu toute capacité de découvrir et d’attaquer le projet politique constituant le véritable « coeur de l’Etat » et nous nous sommes engagés dans la voie de l’attaque aux structures de l’Etat, au réseau de ses articulations et de ses appareils.

Cette conception a produit deux erreurs symétriques et complémentaires: sur le terrain de la pratique combattante où elle a intensifié et fragmenté l’initiative, la conduisant à reproposer l’intervention contre la D.C., les corps militaires et les chefs d’ateliers; sur le terrain de la direction du mouvement antagoniste, où elle a limité aux niveaux uniquement des mouvements qui pratiquaient déjà des formes de lutte armée, la possibilité concrète d’une dialectique politique qui s’offrait à nous.

C’est ainsi que nous ne placions pas au centre de notre activité politique tous ces niveaux de conscience et d’organisation prolétariennes qui, tout en n’assumant pas encore de pratique armée, se situaient toutefois comme mouvement hors et contre les représentations parlementaires actuelles, hors et contre la politique bourgeoise.

Le rapport entre ceux qui, comme les B.R., agissaient en parti révolutionnaire et la classe, se dégradait et se limitait au rapport organisation-mouvement révolutionnaire; un rapport ne parvenant pas à concevoir le rôle décisif des masses dans l’affrontement politique général.

Notre analyse erronée de la crise capitaliste contribuait organiquement à cela. La vision de la crise comme crise irréversible, permanente, servait de toi le de fond à la fin de la fonction de la politique dans le rapport d’affrontement entre les classes.

La dégradation imminente des conditions de vie aurait contraint la classe à empoigner spontanément les armes pour défendre ses besoins immédiats.

Cela mène en fin de compte à une vision de la lutte armée comme le tout de la politique révolutionnaire dans la métropole. A la fin de cette pente idéaliste, on aboutit à cette conception déformée de la réalité actuelle comme « guerre sociale totale », si bien illustrée par la pratique du « Parti-Guérilla ».

C’est à ce point que l’idéalisme subjectiviste trouve à s’affirmer au sein des B.R. également.

Un fois perdue la possibilité de cerner le projet politique dominant de la bourgeoisie, la ligne politique « conquérir les masses sur le terrain de la lutte armée » se concrétise comme pratique combattante pour les besoins prolétariens particuliers, comme propagande pour vaincre sur ces besoins.

Un tel dispositif théorique a produit la conception dite du « système du pouvoir rouge ».

La caractéristique constante de toute cette construction théorique était la pratique armée, ce qui nous a amené à osciller continuellement entre le fait d’assumer comme réfèrent unique les aires de mouvement déjà combattantes, et le fait de considérer les mouvements de masse qui s’opposaient et s’opposent aux processus de restructuration de la bourgeoisie, comme « sur le point de s’armer ».

En d’autre termes, en parlant à tort et à travers de masses armées, nous nous limitions à des structures combattantes plus ou moins restreintes, ou bien nous voyions ces dernières comme l’anticipation du parcours qu’auraient emprunté les masses.

TEL N’EST PAS LE PARCOURS DE LA REVOLUTION DANS LES METROPOLES.

Concevoir la lutte armée comme une « forme de lutte », comme une méthode pour vaincre sur des besoins particuliers, est la base théorique qui a mené d’abord au morcellement des initiatives politiques, puis aux scissions organisationnelles. Voyons pourquoi.

Le prolétariat n’est pas une totalité homogène, une somme de figures indistinctes et équivalentes, mais un ensemble de figures différenciées par leur position propre dans le procès de production et reproduction des rapports sociaux capitalistes.

Ce sont des différences qui pèsent dans la compréhension des rapports réels existants, la disposition de chaque couche de classe particulière.

Chaque couche du prolétariat a donc un ensemble d’exigences matérielles, culturelles et politiques (que l’on appelle généralement besoins) qui, d’une part, l’identifient et la socialisent de manière précise et, de l’autre, la différencient de toute autre couche.

Le fait de mettre au centre de l’initiative les « besoins », plutôt que l’attaque au projet politique dominant, conduit à diviser les initiatives elles-même, en les calquant sur les différentes particularités.

C’est ce qui s’est vérifié.

A partir de 1980, chacune des colonnes de l’organisation situées dans les pôles métropolitains a abordé le problème de l’enracinement dans les situations en assumant certaines contradictions qui s’exprimaient localement; contradictions différant d’une ville à une autre. Un plus grand enracinement et la désagrégation de la ligne politique allèrent de pair.

Privée d’une ligne politique qui saisisse la contradiction principale (celle entre mouvement de classe et pratique de la bourgeoisie), et l’aspect principal de cette contradiction : le projet politique dominant dans une conjoncture donnée; privée donc d’une identité de ligne, de stratégie générale, mesurée sur une situation concrète, l’Organisation Brigades Rouges a fini par revêtir autant d’identités qu’il y avait de pôles principaux d’intervention.

Les scissions de 1981 sont le couronnement organisationnel d’un processus de fragmentation politique en œuvre depuis longtemps.

Pour renverser ce processus de désagrégation, il était donc nécessaire d’établir un rôle politique de direction qui se fonde principalement sur la détermination du projet politique dominant de la bourgeoisie.

Celui-ci se saisissant dans l’aggravation de la crise de l’impérialisme, contraignant celui-ci à une attitude toujours plus agressive dans les différentes aires de la chaîne impérialiste.

On déterminait donc à partir de la fonction de l’O.T.A.N, en Europe et en Italie, la fonction de ses liens politico-militaires, en particulier dans notre pays, qui devenaient par conséquent celle d’augmenter les dépenses militaires aux dépens des dépenses sociales et, d’une manière générale, celle d’attaquer les conditions d’existence du prolétariat.

Il a certainement été correct de jouer, avec l’opération Dozier, un rôle d’avant-garde qui a permis de restituer une identité politique aux « B.R. pour la construction du P.C.C. », et aussi parce que cette opération a eu lieu en liaison dialectique étroite avec les initiatives combattantes développées par les autres forces révolutionnaires dans toute l’Europe.

Mais, en attaquant l’OTAN, en privilégiant, conformément à l’ancienne orientation, le seul aspect de la désarticulation du projet ennemi, sans nous rapporter concrètement et politiquement à l’activité générale des masses, nous avons épuisé notre initiative dans un affrontement frontal (et dans ce cas perdant) avec l’appareil impérialiste.

Et sans assumer non plus la direction des mouvements de lutte qui, dans les usines et dans la rue, commençaient à revêtir une physionomie précise, objectivement anti-impérialiste. L’opération naquit et mourut dans la mer de problèmes mal posés qui l’accompagnait.

La défaite subie avec l’opération Dozier et la vague d’arrestations qui s’ensuivit grâce aux traîtres, la disparition simultanée d’autres hypothèses de guérilla, nous ont obligé en tant qu’O.C.C., à remettre en question l’ancienne configuration politique générale, des noeuds théoriques à la ligne politique.

En bref, la définition du rôle que doit avoir la lutte armée dans l’organisation et dans la direction du processus révolutionnaire en Italie.

Au cours de la dernière année, les « B.R. pour la construction du P.C.C. » ont commencé à prendre conscience de l’épuisement de la validité et de l’inadéquation générale d’une configuration théorico-politique qui, dans la pratique sociale, a laissé du champ aux principales variantes de l’idéalisme subjectiviste.

Elles ont donc commencé à rechercher le « Que faire? » pour construire une nouvel le configuration, en critiquant dans les faits le caractère linéariste et progressif de l’ancienne et en se réappropriant le concept de processus révolutionnaire ininterrompu et par étapes.

Un processus qui connaît des victoires et des défaites, des reculs et des avancées; un processus qui ne peut se mesurer uniquement au développement de la forme-guérilla.

D’une manière générale, nous n’avons pas placé au centre de l’autocritique les « écrits de l’Organisation », mais nous avons plutôt relu notre pratique sociale, notre rapport avec les masses, notre élaboration théori que, à partir de la réappropriation révolutionnaire du marxisme-léninisme.

L’initiative combattante est, aujourd’hui plus que jamais, la condition de l’existence et du déploiement de la politique révolutionnaire, justement parce que l’initiative armée, si elle se réfère exclusivement à la forme-guérilla, à ses projet et contenus révolutionnaires, n’a pas de capacité offensive concrète.

A la longue, elle devient endémique et peut donc être facilement anéantie par l’Etat.

Ce n’est pas un hasard si toutes les formes de guérilla qui ont glissé sur la pente de l’idéalisme subjectiviste, quand ce n’est pas tout bonnement du terrorisme pur et simple, ont été complètement anéanties, et si leur activité a été durement critiquée par le mouvement révolutionnaire et considérée comme étrangère par le mouvement antagoniste de masse.

Pour pouvoir construire une configuration théorique et politique et une nouvelle ligne, les « B.R. pour la construction du P.C.C. » ont proposé la « retraite stratégique » pour replacer au centre de l’initiative l’activité générale des masses.

La proposition de « retraite stratégique » était cependant adressée aux O.C.C. et non à la classe, justement parce qu’on en avait constaté l’arriération, et donc l’absence de direction réel le de ces organisations, à l’intérieur desquelles, comme le dit Lénine, « il y a des gens qui sont prêts à présenter les insuffisances comme des vertus, et même à tenter de justifier théoriquement leur propre soumission servile à la spontanéité ».

Une retraite, donc, d’une position qui n’était pas réellement avancée (comme on a pu bêtement le penser), qui était une position concrètement inadéquate aux nouvelles tâches de la phase et donc, en dernière instance, à la traîne des masses.

Se retirer dans les masses n’a cependant jamais signifié « se dissoudre dans le mouvement pour repartir a zéro », ni abandonner la stratégie de la lutte armée pour le communisme.

Cela signifie au contraire reconquérir la confiance et la solidarité de la classe.

Cela signifie lutter contre les projets de dissociation et de reddition, reconstruire une direction politico-militaire au sein de la classe, en se rapportant aux différents niveaux de l’antagonisme, sans pour autant perdre l’autonomie relative de notre Organisation.

Cela signifie éviter des erreurs encore pi us graves que celles commi ses précédemment en abandonnant une configuration qui, ne plaçant pas au centre l’activité générale des était évidemment arriérée par rapport à la croissante de direction révolutionnaire objectivement par le mouvement antagoniste.

En ce sens, l’Organisation a entamé un processus de critique-autocritique-transformation au sein du mouvement révolutionnaire et du mouvement antagoniste du prolétariat métropolitain.

Elle a analysé la nature des erreurs pour chercher à les dépasser et pour se mesurer, à travers la définition d’une politique révolutionnaire, à la réalité concrète dans laquelle vit, et dans laquelle est possible et nécessaire, le développement de la révolution prolétarienne.

Dans la dialectique continuité-rupture par rapport à la pratique sociale, l’Organisation a donné, ces dernières années, la priorité à la rupture, pour l’abandon d’une configuration théorico-politique traversée de profonds vices d’idéalisme subjectiviste, et qui n’était pas basée sur l’analyse concrète de la réalité concrète.

La rupture avec les erreurs du passé implique aussi de rétablir la continuité avec l’histoire des B.R., avec leur pratique sociale de combat, qui a marqué ces dix années de lutte de classe en Italie, par la réapropriation en particulier de cette pratique ô combien significative et efficace politiquement que fut la Campagne de Printemps, qui a donné force et originalité aux possibilités de développement du processus révolutionnaire dans la métropole impérialiste.

Cela ne veut pas dire continuer sur la ligne de la propagande armée, pratique dont cette campagne a marqué l’épuisement objectif.

Cela signifie réévaluer et exalter la force politico-militaire que représente le fait de porter l’attaque « au coeur de l’Etat dans cette conjoncture, de désarticuler un cadre politico-institutionnel .

Ce patrimoine ne peut être anéanti par la reddition d’une poignée de traîtres, et encore moins par la ligne ‘ liquidatrice portée par un régiment de « gurus » convertis au rôle de « nouveaux philosophes ».

On ne peut pas annuler un parcours historiquement déterminé de la lutte de classe gravé dans la mémoire du prolétariat.

Telle est la signification de notre choix de « retraite stratégique », pour reproposer aujourd’hui un dispositif actif et combattant au sein des tâches nouvelles et complexes de cette phase du processus révolutionnaire.

Les éléments acquis au cours de ce débat suffisent à permettre la reprise d’une initiative politique et combattante mettant au centre l’activité générale des masses.

Avant de poser des points de référence pour un projet politico-révolutionnaire, il faut entrer au coeur de l’analyse de cette phase, en analysant les vieilles confusions et approximations.

La crise actuelle est une crise générale du mode de production capitaliste.

C’est une crise de surproduction absolue de capital qui dure depuis plus d’une décennie.

La crise générale caractérise donc la phase historique actuelle, dans laquelle l’exigence capitaliste d’une reprise de l’accumulation, et en conséquence le saut de la composition organique du capital qui permette de valoriser au maximum la révolution technologico-industriel le contemporaine (déjà en oeuvre, du reste), ne peuvent être donnés que par la destruction des forces productives en surplus et des moyens de production dépassés, tant en termes de valeur qu’en termes physiques.

Les exigences du capital, mises à nu par la crise, induisent dans le système impéri ali ste une série de réponses économiques, politiques et militaires: en un mot, de projets politiques globaux visant à dépasser la crise même.

La mise en pratique de ces réponses globales provoque des oppositions et des affrontements qui témoignent de l’aiguisement de la contradiction principale entre bourgeoisie impérialiste et prolétariat international, et de toutes les contradictions interimpérialistes et, parmi elles, celle surtout entre l’aire à domination américaine et le social-impérialisme.

Un fois encore, la tentative bourgeoise de dépassement de la crise générale du capital prend la forme de la guerre; et donc aujourd’hui, de la perspective de la guerre interimpérialiste.

Si telle est la tendance, l’issue obligée, la perspective dans laquelle se meuvent l’ensemble des dynamiques de restructuration capitalistes dans cette crise, cette affirmation demande cependant à être précisée, en indiquant à quel stade de mûrissement de la perspective de guerre on se trouve.

En effet, la guerre n’est pas une explosion de violence improvisée et imprévisible, mais la conclusion obligée d’un processus complexe au cours duquel les caractéristiques fondamentales de chaque formation économico-sociale se modifient globalement-.

En d’autres termes, chaque guerre mûrit dans cet ensemble de modifications, même si le motif- de déclenchement ou le lieu d’explosion sont fortuits, non prémédités par les parties en cause.

Il est fondamental de définir en termes conjoncturels l’état concret de mûrissement de la tendance à la guerre pour esquisser une stratégie révolutionnaire et une tactique se basant sur l’analyse concrète d’une situation concrète.

Quand nous parions de « tendance à la guerre », nous entendons la guerre entre l’impérialisme à dominante américaine et l’aire à dominante soviétique-.

Nous estimons donc que toute concepti on pariant d’une guerre entre « système impérialiste mondi al » et « prolétariat mondial » est absurde et déviante.

Non parce qu’un impérialisme serait préférable à l’autre, mais parce que l’essence de l’impérialisme est d’être « l’époque de la guerre entre les grandes puissances pour l’intensification et l’accroissement de l’exploitation des peuples et des nations » (Lénine).

En considérant les éléments qui caractérisent la conjoncture internationale actuelle, nous constatons que c’est la récession productive qui constitue le principal phénomène économique.

Qui dit récession dit annulation, voire inversion, du taux de croissance des activités productives.

Et donc, diminution relative et absolue de la masse des marchandises produites, des usines en activité, des ouvriers employés, du capital opérant comme tel.

Une récession aggravée par la restructuration technologique contemporaine et par les politiques de réduction de l’inflation.

La gestion contrôlée de la récession est actuellement le « credo » économique de l’immense majorité des pays capitalistes avancés.

Comme toutes les politiques « anticycliques », elle peut aussi, dans l’immédiat, jouer un rôle de frein; mais à long ,terme, elle amplifie et multiplie les caractères fondamentaux de la tendance dominante: la guerre impérialiste.

La majeure partie des procès de restructuration en cours dans tout l’Occident, constitue un ensemble contradictoire d’initiatives dont la réalisation fait, de toute façon, effectuer des sauts en avant concrets dans la perspective de la guerre.

Nous le définissons comme « procès de restructuration en cours pour la guerre impérialiste ».

C’est donc un procès qui naît de la nécessité, pour chaque capital particulier, de se tailler sa propre part de marché et de profits dans le cadre d’une concurrence plus impitoyable et, pour cela, d’abaisser ses coûts à un ni veau moyen permettant de continuer à exister comme capital.

Mais dans le même temps, ce procès n’est pas purement spontané: il se ressent d’une concertation internationale sur les éléments fondamentaux des flux du commerce et des marchés financiers-.

Les Etats sont donc les centres névralgiques où les diverses fractions de la bourgeoisie (autochtone et multinationale), et les représentations plus ou moins institutionnalisées du prolétariat médiatisent leurs intérêts contradictoires en définissant les conditions générales, le « milieu économique » le plus favorable à l’exploitation de la classe ouvrière et l’extension de la concurrence.

La « restructuration pour la guerre impérialiste » n’est donc pas exclusivement économique, mais globale: elle bouleverse tout l’équilibre des formations économico-sociales de l’aire impérialiste.

En Italie les nœuds sur lesquels se définit le sens général de ces procès sont représentés par une restructuration de l’Etat:

– sur le plan économique: l’adoption d’une politique déflationniste détruisant les mécanismes de défense automatique des conditions d’existence du prolétariat (comme l’échelle mobile); une politique économique qui inverse la priorité des dépenses, en réduisant de manière drastique toutes les dépenses d’assistance, de la santé aux retraites, des allocations à la « cassa inteqrazione », dans le cadre d’une réduction des dépenses publiques et d’une augmentation, dans le même temps, des dépenses militaires et des investissements pour la restructuration.

– sur le plan militaire : le rôle impérialiste actif joué en Méditerranée, au Moyen-Orient et dans la Corne de l’Afrique.

Ce qui implique, en plus de l’augmentation des dépenses militaires, la redéfinition d’une stratégie internationale de

l’Italie.

– sur le plan institutionnel: des modifications conformes à la nécessité de rendre de telles transformations générales opérationnelles.

Ce qui signifie la fin de la politique de médiation interclassiste entre accumulation et distribution sociale; ce qui se traduit immédiatement par un attaque générale contre la classe pour la battre, tant sur le terrain de ses conditions de vie que sur le terrain politique.

Cet aiguisement de l’affrontement a des conséquences sur le cadre politique institutionnel et bouleverse la structure même des institutions étatiques , la sphère juridique, le rôle des appareils préventive-répressifs, etc..

En conséquence, le scénario politique connaît lui aussi une polarisation autour des stratégies possibles.

D’un côté, nous voyons apparaître toujours plus clairement un amas de coteries qui se rassemblent autour d’une ligne politique globale en harmonie avec les exigences générales de l’impérialisme.

Le rapport entre cette ensemble et la politique reaganienne n’est pas, comme nous l’avons simplifié par le passé, un rapport de dépendance mécanique.

Il consiste plutôt à faire siens les intérêts impérialistes globaux, à tenter d’imposer dans la formation économico-sociale italienne les modifications déjà conformes à ces intérêts, à mettre sur pied un projet politique articulé.

Il ne s’agit cependant pas d’un groupe de « fonctionnaires de l’empereur », mais d’un personnel politique qui se propose comme régent et allié fidèle. C’est cet ensemble que nous appelons « parti de la guerre ».

Non qu’il soit identifiable à un parti ou banalisé en une série de structures et d’institutions.

Mais parce qu’il se polarise autour de quelques éléments généraux du projet politique grâce auquel il est possible d’harmoniser la politique italienne avec la perspective dominante, accélérée par la politique américaine actuelle.

Nous identifions dans les divers Merloni, De Mita, Craxi, Lagorio, Benvenuto, les chefs de file du « parti de la guerre »: certes pas en tant que secrétaires d’un « super-parti », mais comme les dirigeants politiques principaux qui, autour du projet impérialiste luttent (entre eux aussi) pour imposer l’hégémonie d’une ligne particulière.

La conquête du leadership du « parti de la guerre » est une bataille où tous les coups sont permis, et qui trouve un terrain fondamental dans le rapport privilégié avec l’administration Reagan, et avec la Maison Blanche, une destination de pèlerinage quotidien.

A ce jeu, De Mita et son équipe se taillent la part du lion; tout comme le P.S.I., qui en a même trop fait en attisant les polémiques sur les « pistes de l’Est ».

Sur le front intérieur, la D.C., alors qu’elle cherche un rapport organique avec le grand patronat et trouve en Merloni un répondant idéal, est à son tour contrainte de se restructurer comme parti et comme système de pouvoir; à pas comptés car elle doit rompre avec dix ans de recherche de la gouvernabilité par le consensus.

A ce tournant, elle impose au P.S.I. de se situer sur le fond, en l’attaquant et en lui rognant le terrain sur lequel Craxi et sa bande avaient fondé leurs prétentions au rôle de régents: le rapport privilégié avec la grande bourgeoisie financière et industrielle.

Les contenus essentiels du programme autour duquel se rassemble ce « parti de la guerre » sont sous les yeux de tous.

En effet, le gouvernement Fanfani lui-même, après une première fanfaronnade programmatique, n’a pas du tout fait marche arrière en opérant des médiations, mais il a réalisé au contraire, par de savants dosages, un pas en avant consistant dans le démantèlement de l’Etat providence.

Si, d’une part, ces dosages sont rendus nécessaires par la forte opposition de classe (avec qui l’affrontement de classe est toutefois anticipé et recherché); de l’autre, ils jouent le rôle de médiation avec la nécessité de sélectionner soigneusement les aires et les intérêts à frapper au sein même des blocs sociaux qui soutiennent les partis de gouvernement.

L’augmentation des dépenses militaires éclaire parfaitement la nature et la direction dans laquelle s’engagent les procès de restructuration en cours.

On cherche à construire une société « austère », où les coûts de reproduction sociale du prolétariat soient comprimés au maximum, et dont l’unique perspective soit la participation active à la guerre interimpérialiste.

L’armée italienne elle-même est conçue, dans cette perspective, comme une armée d' »expéditions » parfois sous l’étiquette de la « paix », et non plus comme les lignes arrières de l’O.T.A.N. avec pour tâche la « défense des frontières ».

Dans la logique du « parti de la guerre », la politique de la Confindustria et la politique du gouvernement tendent à coïncider dans leurs finalités et à se coordonner réciproquement dans leur gestion des compétences.

L’irrésistible affirmation du « parti de la guerre » a contraint la gauche institutionnelle à régler ses comptes avec la défaite de la ligne du « compromis historique », ligne qui a provoqué des dégâts incalculables dans le tissu prolétarien, en se faisant complice d’une furieuse attaque contre l’antagonisme prolétarien et la politique révolutionnaire qui, dans cette conjoncture, orientait la classe contre la D.C. et le projet néocorporatiste.

Cette nouvelle disposition du cadre politique déterminera et sera déterminée par l’affrontement de classe. Elle s’aiguisera sous la poussée des procès de restructuration.
La nouvelle stratégie du P.C.i, est l’alternative démocratique.

Cette hypothèse se base, dans son imprécision, sur la possibilité technique que s’affirme, dans le cadre des alliances de l’O.T.A.N, une ligne européenne, autonomiste et « de gauche », capable de pousser à ce que prévale une politique de détente entre l’Est et l’Ouest, pour rompre avec la bipolarisation.

Sur le plan inté-rieur, les éléments de programme, de politique économique, etc. contenus dans cette hypothèse, prétendent « faire face en créant, en même temps, des conditions nouvel les pour le développement des forces productives.

En substance, alors que l’on repropose les « réformes » (peut-être une nouvelle fois de « structure »), on part à la recherche d’une nouvelle disposition des forces pour les soutenir.

Pour ce faire, le P.C.I. pousse, d’un côte, à la recherche d’un rapport unitaire avec le P.S.I.; et de l’autre, il met en oeuvre des initiatives visant à récupérer les tensions du prolétariat et des mouvements antagonistes qui lui érodent la base sociale.

Le P.C.I. se trouve porté d’un côté, à reprendre un rapport avec le P.S.I., et de l’autre, à tenter d’hégémoniser, en soutien à son hypothèse,les mouvements et les contenus qu’ils expriment.

Et ceci, tant sur le terrain de l’opposition à la politique économique du gouvernement, que sur le terrain des contenus antiimpérialistes (paix, désarmement, etc.).

C’est ainsi que dans l’hypothèse même d’une alternative, un ensemble de contradictions se meut dès à présent, qui commencera bien vite à mûrir à l’intérieur du P.C.I., et entre le P.C.I. et les autres forces de la gauche institutionnelle, mais surtout entre le P.C.I. et la classe.

Du point de vue de la classe, la nouveauté qu’une telle situation politique introduira dans l’affrontement pour les prochaines années, doit être comprise et suivie. En premier lieu parce que la défaite (historique, celle-là) du compromis avec la D.C. imposera au P.C.I. et à une partie du syndicat une politique d’affrontement sur les nœuds principaux.

L’effritement simultané de la chape de plomb représentée par la solidarité nationale, créera des conditions favorables au développement de l’autonomie ouvrière, en ouvrant des espaces objectifs pour une politique révolutionnaire sachant définir son programme autour de ces noeuds et déterminer la force prolétarienne avec laquelle se dialectiser sur les terrains de l’affrontement actuel.

Dans le cadre général de l’attaque politique et matérielle portée par le « parti de la guerre » contre le prolétariat, l’affrontement de classe va donc au-delà des différents sectoriels de couches prolétariennes particulières, pour se situer au niveau où se redéfinit le rapport entre l’Etat et la classe.

C’est là une donnée objective que la classe a saisi ces jours-ci, en déplaçant l’affrontement du terrain spécifique de l’usine à celui de l’opposition générale à la bourgeoisie, pour construire un rapport de force qui pèse réellement sur l’ennemi principal en ce moment: la politique économique du gouvernement.

Face à l’attaque politique contre tout le prolétariat, la classe, et principalement la classe ouvrière, répond sur un terrain politique de pouvoir, fait apparaître dans la prati que la nécessité de s’opposer en tant que classe, et non en tant que secteurs particuliers et dispersés.

Contre les aspects immédiats de la restructuration politico-militaire, et donc contre les conséquences concrètes découlant du rôle confié à l’Italie dans le dispositif de l’O.T.A.N., un vaste mouvement de masse contre l’installation des euromissiles et le doublement des dépenses militaires s’est formé aussi en Italie.

Par sa valeur objecti vement anti impérialiste, ce terrain apparaît comme un obstacle important dressé par les masses devant la poli tique impérialiste dans la zone, et donc en opposition à l’Etat.

De ce fait, il est en même temps un terrain fondamental de développement d’une politique de classe révolutionnaire et antiimpérialiste, parce qu’il ne peut y avoir de stratégie qui ne tienne compte de l’appartenance à l’O.T.A.N., et donc qui ne mûrisse en son sein et dans la classe, la conscience que tout processus de libération du prolétariat métropolitain de l’exploitation ne peut intervenir que par une dure et longue lutte contre la guerre et la barbarie impérialistes, pour faire sortir l’Italie de la chaîne impérialiste.

Ce terrain est aussi celui où se reconstruit un authentique internationalisme prolétarien qui, par les caractéristiques de masse qu’il peut et doit recouvrir, ne peut être contenu et circonscrit dans les seules formes combattantes.

Le procès de restructuration en cours traverse aussi, évidemment, la sphère répressive-préventive, bouleversant le droit bourgeois lui-même, introduisant la torture et organisant la police et les carabiniers en bandes spéciales.

Cette redéfinition des appareils répressifs et préventifs est aujourd’hui dirigée contre le mouvement révolutionnaire. Mais elle sera orientée, dans l’affrontement de classe et en des termes différenciés, contre toute la classe.

Cette redéfinition dirige aujourd’hui ses initiatives vers la prison en particulier et oeuvre à la liquidation de l’hypothèse révolutionnaire de la lutte armée pour le communisme.

Le plan sur lequel se déroule l’affrontement est donc un plan politique général.

Par le contenu des politiques contre lesquelles lutte la classe, c’est un plan qui objectivement est un plan de pouvoir.

La conscience avec laquelle la classe descend sur ce terrain est cependant déterminée par la position politique qui y est encore hégémonique, et donc par le P.C.I. qui tente d’orienter la lutte prolétarienne vers le terrain démocratico-réformiste, voué à la faillite étant donné le cadre des relations intérieures et internationales.

Pour la classe, vaincre ou échouer dans cette conjoncture se mesure par sa capacité de généralisation de la résistance à l’attaque d’une part, par sa capacité, d’autre part à entraver et à s’opposer au projet de restructuration actuel afin qu’il ne passe pas.

Dès aujourd’hui donc, la spontanéité prolétarienne exprime son activité générale en luttant contre les mesures spécifiques de la restructurati on pour la guerre: contre la politique économique de l’Exécutif, contre le doublement des dépenses militai res, l’installation; des euromissiles et la perspective de la guerre ».

On peut prévoir l’aiguisement, dans un proche avenir, de l’affrontement de classe sur ces terrains étant donné que les mesures contre lesquelles on lutte aujourd’hui ne sont que des aspects d’une restructuration qui est encore toute à déployer comme attaque à venir contre l’emploi, le coût du travail et les dépenses sociales; des mesures qui auront pour contrepartie la multiplication des bases de l’O.T.A.N. et des bases de missiles, ainsi que la croissance de la militarisation et du contrôle social.

L’autre aspect auquel se mesurent les victoires et les défaites de la classe est la capacité de l’avant-garde communiste combattante à intervenir dans cette résistance pour faire effectuer un saut au mouvement de classe contre la politique impérialiste.

Agir dans cette résistance signifie en premier lieu cerner le projet politique dominant de la bourgeoisie impérialiste et la manière dont il se matérialise dans la conjoncture.

L’initiative combattante doit être dirigée contre ce projet, pour recomposer tout l’antagonisme prolétarien actuellement fractionné en divers mouvements aux contenus spécifiques et différenciés.

On peut et on doit réunifier et orienter le mouvement prolétarien antagoniste, afin qu’il s’oppose consciemment et unitairement à ce projet même contre lequel il lutte actuellement de manière partielle et sur des aspects spécifiques.

La politique révolutionnaire est alors précisément cette capacité à exercer une direction politique en plaçant au centre l’activité générale des masses, et en agissant sur les contradictions à partir de la pratique combattante.

Le travail parmi les masses ne doit donc plus partir de l’indication: « conquérir les masses sur le terrain de la lutte armée ».

Il se propose au contraire d’orienter toutes les pratiques de lutte possibles et déjà expérimentées ‘par la classe, en généralisant et reproposant les plus mûres d’entre elles dans leurs formes de masse, contre la contradiction principale dans la conjoncture.

La politique révolutionnaire est donc un ensemble complexe de pratiques différentes, comprenant le combat, la critique, l’élaboration théorique, l’agitation, le travail d’organisation des niasses aux niveaux et dans les formes historiquement possibles, etc.

Mais elle est un ensemble de pratiques révolutionnaires parce que se situant toutes et unitairement dans une stratégie de conquête du pouvoir politique et dans la tactique conjoncturel le qui en découle.

Le caractère global des procès de restructuration fait en sorte que, sous la poussée de la sphère économique, le « politique » tende, avec toujours plus de force, à assumer le caractère dominant: ainsi, alors que le rapport entre classe et Etat se transforme, ce dernier se profile avec netteté sur le devenir de l’affrontement, opposant avec clarté les intérêts impérialistes aux intérêts prolétariens.

Pour cela nous réaffirmons que, dans cette phase, la question de l’Etat se pose avec force et clarté, et donc aussi la question de la construction d’une stratégie révolutionnaire pour la conquête du pouvoir politique.

C’est justement cette prédominance du caractère politique de l’affrontement qui nous fait réaffirmer avec d’autant plus de force la validité et la nécessité pour la lutte prolétarienne révolutionnaire de construire le Parti Communiste Combattant.

Avec ces points synthétiques, points d’analyse de la phase et de la conjoncture, nous ne prétendons pas épuiser la compréhension des tâches révolutionnaires, et donc les assumer nous seuls, dans le cadre d’un projet défini et articulé à lancer aux masses.

Nous voulons plus simplement, avec une tangibilité révolutionnaire, établir un rapport avec les masses, avec leurs avant-gardes de lutte et avec le mouvement révolutionnaire: un rapport nouveau au sein duquel construire une proposition politique révolutionnaire adaptée à la phase, pour interpréter l’antagonisme prolétarien et l’orienter vers l’unique solution positive et historiquement possible: la conquête du pouvoir politique.

Nous voulons donc être extrêmement clairs sur ce point: notre Organisation ne constitue pas le « noyau fondateur du P.C.C., même si elle agit, et veut agir activement pour en promouvoir la constitution.

Multiples sont les forces et les aires révolutionnaires qui reconnaissent la nécessité d’un parti authentique du prolétariat métropolitain, et avec lesquelles la confrontation politique est non seulement possible, mais nécessaire.

Les formes et les structures du Parti découlent des tâches stratégiques et tactiques d’un processus révolutionnaire historiquement déterminé dans le maillon-Italie.

Il s’agit donc d’un Parti dont la pratique sociale et combattante générale est basée sur la politique révolutionnaire nécessaire pour donner vie au général dans chaque « particulier » de l’activité de la classe: c’est-à-dire pour faire vivre dans le prolétariat métropolitain un programme général qui, faisant siens les intérêts politiques généraux avancés par les masses, dirige et organise, dans chaque conjoncture, la lutte et le combat prolétariens contre les aspects principaux de la « restructuration pour la guerre impérialiste ».

Un programme qui, dans chaque conjoncture, construise et atteigne une étape du processus révolutionnaire.

En tant que militants des « B.R. pour la construction du Parti Communiste Combattant », nous proposons à une vaste aire de forces révolutionnaires et d’avant-gardes de la classe, une confrontation politique visant à redéfinir une politique révolutionnaire capable concrètement de généraliser et de réunifier les luttes prolétariennes; de développer et de renforcer les mouvements de masse; et d’orienter l’activité générale des masses contre les piliers fondamentaux de la « restructuration pour la guerre impérialiste » et contre le « parti de la guerre ».

Il s’agit, en pratique, de faire assumer par les masses un programme révolutionnaire et antiimpérialiste cohérent.

Et donc de réussir à synthétiser ce qui émerge et vit, même de manière dispersée, dans les mille expressions de lutte et dans les mots d’ordre spontanés des cortèges prolétariens.

Il s’agit de contribuer à construire une politique révolutionnaire capable d’intervenir avec un programme général dans les mille rigoles des spécificités en lesquelles s’exprime la conflictualité prolétarienne: pour que rien ne soit dispersé des potentialités de la classe dans ce moment où la bourgeoisie impérialiste cherche à en fragmenter la résistance; pour que même la plus petite miette de résistance prolétarienne contribue à exercer sa force maximum contre les pivots centraux de la politique de l’ennemi principal.


TRAVAILLER A L’UNITE DES COMMUNISTES POUR LA CONSTRUCTION DU PARTI COMMUNISTE COMBATTANT!

LUTTER ET COMBATTRE POUR REPOUSSER L’ATTAQUE CONTRE LA POLITIQUE REVOLUTIONNAIRE!

TRAVAILLER A UNIR, ORGANISER, ORIENTER LA LUTTE DE LA CLASSE ET LA PRATIQUE COMBATTANTE CONTRE LA POLITIQUE ECONOMIQUE DU GOUVERNEMENT, CONTRE LES POUSSEES AU REARMEMENT ET LES DEPENSES MILITAIRES, DANS LA PERSPECTIVE DE LA CONQUETE DU POUVOIR POLITIQUE!

>Sommaire du dossier

BR-PCC : déclaration n°1 à l’occasion du procès Moro (1982)

COMMUNIQUÉ N° 1 AU PROCÈS MORO – 10 mai 1982


À TOUT LE MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE,

À TOUTES LES ORGANISATIONS COMMUNISTES COMBATTANTES,

Ce qui se trouve dans cette salle, malgré tous les efforts que la bourgeoisie fait pour la nier, est une terrible contradiction politique.

Une contradiction qui, du point de vue de la bourgeoisie, ne peut trouver de solution : l’affirmation dans la métropole impérialiste de la stratégie de la lutte armée pour le communisme, en tant qu’antagonisme mortel au mode de production et au système de domination capitaliste.

Dans d’autres procès intentés aux Brigades Rouges, en d’autres moments historiques, on cherchait à faire le procès de l’« idée-force » de la guérilla comme stratégie révolutionnaire en condamnant des «individus» dont on voulait masquer l’identité de classe.

Le « procès » en cours représente et une continuité et une rupture avec ceux-ci, justement parce qu’avec la capture d’Aldo Moro la guérilla a cassé d’être une simple « idée force » pour devenir une force politique révolutionnaire, un projet politique global qui entre dans le vif de l’histoire comme proposition de pouvoir du prolétariat métropolitain.

L’histoire de ces dernières années de lutte prolétarienne dans notre pays le démontre de toute évidence.

Ce sont des années au cours desquelles le système bourgeois a assisté impuissant, tout en étant férocement barricadé dans la défense de ses intérêts, à l’avancée de la lutte armée qui a conquis des points d’appui fondamentaux sur lesquels construira le système de pouvoir prolétaire.

Ce sont des années au cours desquelles, avec d’inévitables hésitations, limites et aussi erreurs, le projet de la guérilla a réussi à pénétrer dans le tissu prolétarien, à tel point qu’il n’est désormais plus possible de l’en déraciner.

La guérilla a pu poser d’aussi profondes racines parce que, issue du prolétariat métropolitain, elle s’est développée, depuis sa naissance parmi les ouvriers de la Pirelli, à travers Sossi, Coco, etc., en tendant à être un projet politico-militaire global pour la CONQUÊTE DU POUVOIR.

C’est au cours de ces dernières années que la guérilla a concentré son offensive sur le terrain de l’affrontement politique avec l’État impérialiste.

Conjoncture après conjoncture, elle a déterminé le cœur vital, le projet dominant qui a guidé les pratiques contre-révolutionnaires de tout l’appareil de la bourgeoisie.

En déclenchant l’attaque contre le projet global de restructuration impérialiste, la guérilla a touché le « cœur de l’État ». Une fois déterminé l’aspect dominant de la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat, plus rien n’a été épargné par l’attaque de la guérilla.

Depuis le pivot délégué pour mener politiquement la restructuration de l’État, l’immonde Parti de la D.C. ; depuis les structures économiques qui devaient piloter cet État sur les rails obligés de la vorace et insatiable nécessité d’accumulation du capital multinational ; depuis l’ensemble des appareils militaires, avec leurs sales mercenaires déchaînés dans une pratique terroriste et meurtrière ; jusqu’à l’ensemble des moyens de la « désinformation sociale », tant indispensables à la contre-révolution préventive et à l’obscurcissement de la conscience des prolétaires, pour faire du mensonge et de la manipulation idéologique la philosophie de ce régime.

Dans les principales zones prolétariennes où ce projet de domination s’est articulé, il a trouvé sur sa route la guérilla, comme point le plus élevé du mouvement prolétaire de résistance offensive.

L’indiscutable force de la guérilla au cours de ces années n’a donc pas été, ni seulement, ni principalement, de type militaire, mais réside dans sa capacité à exister et à se présenter comme projet politico-militaire pour la conquête du pouvoir.

Ce n’est donc pas la somme des épisodes singuliers qui constitue l’essence de notre force, mais la proposition globale d’alternative de pouvoir.

La « Campagne de Printemps » de 78 constitue une étape fondamentale de ce parcours, comme authentique moment décisif dans l’histoire de la guérilla en Italie et pour l’ensemble du mouvement révolutionnaire dans notre pays.

Elle clôt une phase, en en ouvrant dans le même temps une autre.

Elle indique et trace les lignes directrices essentielles du parcours que le mouvement révolutionnaire doit entreprendre pour la construction du pouvoir prolétaire armé.

Elle fonde les critères essentiels de l’agir en Parti par le biais de l’Organisation combattante, sur lequel construira la direction politico-militaire du mouvement révolutionnaire.

Dans cette période, le projet de refondation de l’État impérialiste trouve sa substance dans l’ambitieuse tentative d’agréger autour de la D.C. un tas de forces et de partis, capable de gérer la crise en fonction des exigences du capital multinational et avec des intentions anti-prolétariennes déclarées.

C’est le regroupement d’un arc de forces qui comptera le parti de Berlinguer dans ses rangs, en plus des représentants traditionnels de la bourgeoisie.

Bien que semblant être une nouveauté absolue par rapport aux alchimies habituelles de la classe politique au pouvoir, ceci correspond en réalité au vieux rêve de dévitaliser l’antagonisme social, par la co-responsabilisation de ses présumés représentants institutionnels.

À un P.C.I. avide de ronger l’os d’un pouvoir dont il est exclu depuis toujours, on assigne le rôle de contrôleur, de gendarme de l’État infiltré dans la classe ouvrière.

Une fois déclenchée l’attaque contre la force politique principale, contre la D.C., et capturé le principal stratège de cet infâme projet, celui-ci commence irrémédiablement à agoniser le jour-même où il est inauguré.

L’action de la guérilla, en attaquant le niveau le plus élevé du plan contre-révolutionnaire, enferre la bourgeoisie dans un dilemme qui n’a qu’une seule solution : SUBIR LA DÉFAITE !

C’est une défaite qui met en crise tout le dispositif des forces contre-révolutionnaires, qui en désagrège la cohésion, qui en défait irrévocablement les équilibres, qui réouvre des conflits d’intérêts qui étaient en train de se résoudre autour de la D.C.

Aujourd’hui encore, ici, dans cette salle, nous pouvons le vérifier.

Dans le même temps, la guérilla se met en évidence dans toute sa portée stratégique, elle se projette, par ses mots d’ordre, comme solution gagnante pour l’ensemble du prolétariat métropolitain.

C’est à partir de ce moment que la guérilla conquiert la dimension générale d’un projet politique pour une alternative de pouvoir : un pouvoir prolétarien, révolutionnaire et communiste.

C’est dans l’attaque victorieuse au « cœur de l’État » que la guérilla conquiert pour la première fois des rapports de force favorables au prolétariat.

En conquérant le terrain de l’affrontement politique avec l’État, la guérilla vise à la destruction et à la liquidation du pouvoir de la bourgeoisie, se présente comme projet possible et crédible de construction du système du pouvoir prolétarien.

En ce sens, la « Campagne de Printemps » marque un point de passage et de dépassement.

La lutte armée cesse d’être une stratégie prolétarienne possible, mais encore à vérifier, pour devenir l’unique stratégie révolutionnaire gagnante.

La guérilla dépasse son caractère de propagande de la nécessité historique de la lutte armée, et commence à être un projet politique global pour la conquête du pouvoir par le prolétariat.

Face à ce résultat, la bourgeoisie reste effrayée et terrorisée.

Parce que c’est à partir de ce moment que la guérilla, comme projet de pouvoir, devient l’ennemi mortel de la bourgeoisie impérialiste.

Détruire par tous les moyens l’organisation de la guérilla devient l’obsession de la contre-révolution dans les années qui suivent.

Mais, désormais, la porte de la révolution prolétarienne dans les métropoles impérialistes a été grand ’ouverte.

En franchir le seuil devient possible. La tâche de la guérilla dans la phase qui s’ouvre est d’occuper le gigantesque espace qui s’entrouvre au-delà de cette porte.

De nombreux et très importants pas ont déjà été faits dans cette direction, mais il faut en effectuer d’autres, encore plus exigeants, pour que le système de pouvoir prolétarien se consolide et développe la guerre civile pour une société communiste.

Mais ici, en ce moment, il nous faut souligner que qui veut battre le projet guérillero, que qui veut liquider la possibilité qu’aie mouvement révolutionnaire de se constituer en système de pouvoir prolétaire armé, doit à tous prix nous faire croire que c’est depuis la « Campagne de Printemps » et l’opération Moro qu’a commencé le déclin de la guérilla et que, delà, elle s’est engagée sur le chemin de la défaite.

Ceci n’est qu’un exorcisme de sorciers spécialistes en propagande et en mystification. Nous affirmons que c’est depuis la « Campagne de Printemps » que la guérilla a finalement commencé à vaincre.

C’est pour cela que nous, militants de l’Organisation communiste combattante Brigades Rouges, revendiquons non seulement chaque plus petite action combattante qui nous est attribuée de manière si généreuse et flatteuse dans cette salle, mais aussi la justesse de l’ensemble de la ligne politique pratiquée par notre Organisation jusqu’ici.

Nous revendiquons aussi les limites et les erreurs qui font partie de notre parcours, conscients qu’une ligne politique juste s’affirme aussi à travers le dépassement des obstacles qui surgissent inévitablement dans la croissance non linéaire de la révolution.
Que tout cela soit vrai, l’ennemi de classe nous le confirme involontairement.

Malgré toute la puissance qu’il déploie, il se sent et est constamment assiégé, perpétuellement encerclé, il sait qu’il ne peut battre politiquement la guérilla.

Les tentatives de l’anéantir ont jusqu’à maintenant été vaines, même si des succès militaires tactiques leur ont été possibles, comme cela arrive dans toute guerre.

Les efforts pour la résorber, comme cela s’était jusque-là toujours passé pour toute autre hypothèse faussement révolutionnaire dans notre pays, ont été infructueux et puérils.

Pour la guérilla, la référant social ne peut qu’être la prolétariat ; et la classe ne peut voir la stratégie pour sa propre libération que dans la lutte armée.

Seul le prolétariat, porteur des raisons sociales qui l’érigent en classe mûre pour être dominante, peut voir dans la guérilla sa politique. Une politique prolétarienne apte à réaliser les transformations sociales pour lesquelles elle n’a jamais cessé de combattre.
La guérilla a finalement établi une ligne de démarcation au-delà de laquelle il ne peut y avoir que la destruction de la bourgeoisie comme classe et l’instauration de la dictature du prolétariat comme étape historiquement nécessaire pour la transition au communisme.

Pour cela, quels que soient les efforts, la bourgeoisie ne parvient pas à récupérer ni à déformer quoi que ce soit de ce patrimoine et de cette proposition.

Une proposition stratégique qui ne tolère ni ne subit aucune médiation et aucun conditionnement sur ses propres finalités et objectifs : la révolution prolétarienne pour une société communiste.

La bourgeoisie ne peut que tenter de la nier, en créant des mythes, en falsifiant la réalité, en présentant des phantasmes.

Mais, plus elle dépeint la guérilla comme une pratique sanguinaire et insensée, et plus nous enrichissons notre humanité et notre intelligence collective, capable de projet social.

Plus elle affirme l’isolement de notre proposition, et plus nous vérifions qu’elle s’est profondément liée aux motivations et aux besoins du prolétariat.

Plus elle tente de liquider l’identité de la guérilla par des exorcismes mystifiants et rassurants, comme ce procès, et plus nous sommes sûrs d’avoir fait mouche !

Chers Messieurs,

Il vous est impossible d’effacer la guérilla, en la niant vous ne manifestez que votre peur et votre faiblesse politique !

Voilà le pourquoi de votre fébrile besoin de construire une « vérité » à vous sur ces dernières années d’histoire de la lutte armée.

Vous avez continuellement besoin de construire ce qui doit être rappelé et comment le rappeler.

De là naît votre prétentieuse tentative d’effacer jusqu’à la mémoire historique du prolétariat.
Elle correspond à la nécessité qui est la vôtre de démolir les conquêtes politiques de ses luttes et la conscience que les prolétaires ont d’elles.

Détruire et démolir la mémoire historique du prolétariat est la condition pour en étouffer les poussées révolutionnaires.

Et c’est là l’objectif le plus ambitieux que la bourgeoisie poursuit dans cette salle.

Notre tâche ne peut donc être que de contribuer à reconstruire et à rendre vivante et utilisable la mémoire de classe, notre patrimoine d’expérience.

Ceci est indispensable pour faire les pas suivants.

Cependant que la bourgeoisie, à la recherche fébrile de sa « vérité », tordue et obscure parce que visant à maintenir l’oppression et l’exploitation, ne réussit pas à sortir de manière convaincante de l’enchevêtrement de mensonges qu’elle a elle-même construit.

Notre vérité, nous l’avons déjà dite, et c’est celle du point de vue du prolétariat.

Limpide et complète comme l’imposent les exigences de libération de la révolution prolétarienne, sans secrets ni mystères.

Une vérité, donc, qui ne craint jamais, même aujourd’hui dans cette salle, de se présenter pour ce qu’elle est, dans l’intégrité de son propre parcours et dans le fait de dévoiler le vrai visage de son propre ennemi.

Aucun doute, nous sommes ici pour remémorer !

Avec la modestie et l’orgueil de militants des Brigades Rouges, pour ce qui nous revient et au maximum de nos possibilités, nous contribuerons, face au mouvement révolutionnaire, à répéter et à consolider les éléments théoriques et politiques qui ont guidé la pratique militante de notre organisation au cours de ces années.

Ils constituent les fondements à partir desquels la guérilla est déjà en train de se redéfinir pour les nouvelles tâches que la phase lui impose.

De fait, la guérilla ne s’est pas arrêtée à Moro !

Delà, avec l’élan et la conscience d’avoir réalisé une victoire, elle a affronté les nouvelles tâches qui se posaient à elle. Et ce sont ces quatre dernières années.

Quatre années de lutte armée caractérisées par un enracinement toujours plus réel dans les masses, caractérisées par un parcours dur, contradictoire, mais extrêmement riche et propositif, années qui, alors qu’elles ont ratifié la validité historique et l’actualité de la lutte armée pour le communisme, ont construit dans la pratique une première synthèse, commençant à dissoudre les nœuds politiques du passage de l’adolescence à la maturité.

Avec la Résolution de la Direction stratégique de 1980 et son explication consécutive dans la «Campagne D’Urso», la guérilla met en relation les contenus politiques exprimés par l’antagonisme prolétaire avec l’attaque « au cœur de l’État ».

Elle réussit donc à traduire en programme de pouvoir les contenus présents dans les luttes développées par une strate de classe, en faisant vivre dans une synthèse, dans un dessein unitaire, le mot d’ordre : « Accepter la guerre, attaquer le cœur de l’État, organiser les masses sur le terrain de la lutte armée ».

La « Campagne D’Urso », bien que s’articulant dans le particulier d’un strate de classe, relance le projet de la guérilla en Italie, touche un aspect de la contradiction principale qui réunifia ce strate à tout le prolétariat métropolitain.

Le rapport antagoniste entre le « plan » de l’État et les motivations sociales qui soutiennent les luttes prolétariennes trouve dans la « Campagne D’Urso » une formidable première synthèse du rapport parti/mouvement de masse pour le saut dans la construction du système du pouvoir prolétaire.

C’est avec ce nouveau saut que la guérilla centre l’essence politique de l’affrontement de classe, au moment où la bourgeoisie, étranglée par sa crise, attaque toujours plus durement non seulement les aspirations, les besoins et la volonté de changer de millions de prolétaires, mais aussi pèse sur leurs conditions mêmes, les ramenant en arrière par rapport aux conquêtes de plus d’une décennie.

Se crée donc la possibilité historique, en plus de la nécessité pour le prolétariat, de transformer, de faire éclater comme lutte politique révolutionnaire, comme affrontement de pouvoir, les principales tensions vécues par la classe et sur lesquelles elle s’affronta à l’État.

Dès lors, la tâche de l’avant-garde révolutionnaire est de se rapporter à la lutte de masse, d’en faire émerger les éléments qui réunifient les divers strates du prolétariat métropolitain et qui, nécessairement, se situent sur le terrain de la conquête du pouvoir.

C’est le saut que nous devons faire accomplir à la lutte des masses, un saut possible qui rende actuelle la victoire du prolétariat sur l’unique terrain où elle puisse être conquise.

Ne pas faire cela, s’attarder dans la continuation de la vieille phase de la propagande armée, où l’« attaque au cœur de l’État », par rapport à l’organisation des masses, se limitait, en désarticulant le pouvoir, à parcourir la piste du mouvement prolétaire de résistance offensive, à travers le recrutement des avant-gardes d’un côté, et la propagande de l’idée-force de la guérilla de l’autre, signifierait aujourd’hui opérer une réduction « militariste » de l’agir en Parti.

Dans cette phase de passage vers la guerre civile, il y a les conditions objectives pour diriger les luttes de masse à l’intérieur d’une stratégie pour la conquête du pouvoir politique.

Le projet de la classe dominante a sa propre complexité qui vit dans les formes d’oppression du prolétariat, et non en une seule force de manière prédominante, comme c’était par exemple la cas en 1978 avec la D.C.

Mais les forces de ce projet n’ont pas toutes le même poids et, par conséquent, les luttes spontanées sur les besoins immédiats du prolétariat n’ont pas toutes la même valeur politique dans la tactique révolutionnaire.

En effet, alors que l’antagonisme prolétarien se développe dans la lutte sur les besoins matériels, le « plan » du capital par le biais de l’État suit des priorités politiques qui ne sont pas le reflet des luttes prolétaires, mais découlent de sa dynamique interne qui, aujourd’hui est la tendance à la guerre.

Tendance opposée et contemporaine à la tendance à la révolution prolétarienne qui vit dans la lutte des masses.

De ce fait, l’antagonisme prolétarien ne devient rupture révolutionnaire, dans la construction d’un système de pouvoir, que si, en son sein, l’avant-garde révolutionnaire a la capacité de saisir la stratégie différenciée qui conforme tous les « plans » contre-révolutionnaires et fait vivre l’élément général dans le particulier.

La tâche est donc de déterminer dans chaque lutte, dans chaque besoin qui s’exprime de manière concrète et antagoniste, l’aspect qui l’oppose de manière irréductible à la concrétisation, dans le spécifique, de la politique dominante de l’impérialisme.

Rendre ces aspects conscients, en exalter le caractère intrinsèque de critique radicale de la société, constitue le parcours qui permet de définir le programme révolutionnaire de la classe, de sédimenter la conscience prolétaire en système de pouvoir révolutionnaire.

Le fait de ne pas avoir assumé avec la clarté nécessaire les tâches qui se posaient à l’avant-garde révolutionnaire dans la nouvelle conjoncture, a mené, dans la dernière période, à subir des défaites tactiques, que la bourgeoisie et certains de ses paladins ont confondu avec la faillite historique de la lutte armée.

Ces erreurs se sont aussi manifestées dans notre organisation, en tant que partie vivante et active du mouvement révolutionnaire.

Elles tournent autour d’une conception qui conçoit l’attaque au « cœur de l’État » comme une simple désarticulation de ses appareils centraux et non, au contraire, comme une ligne politique qui, s’articulant en des formes d’organisation et de lutte adéquates, traversa des niveaux de conscience prolétaire différents ; et non, donc, comme indication stratégique essentielle pour l’organisation des masses dans le système de pouvoir révolutionnaire.

C’est une erreur qui se présente sous deux formes dans l’actualité historique : la réduction « militariste » et la substitution « économiste » aux luttes des masses.

C’est une erreur qui renonce au rôle de parti politique, à la recomposition, à travers l’attaque à la politique dominante de la bourgeoisie, du prolétariat métropolitain comme classe consciente qui lutte sur un programme politique de prise du pouvoir.

Dans ce contexte, le concept de réajustement, comme il en est pour le concept maoïste de « retraite stratégique », ne signifie pas pour nous (comme a pu le croire quelque petit-bourgeois superficiel et plein d’espoir) une attente de « temps meilleurs », un « refuge défensif parmi les masses », ou la « redécouverte sénile de la guérilla diffuse », etc.

Il signifie au contraire concentrer et redéfinir les forces pour privilégier les objectifs prioritaires de l’affrontement, ou plutôt les objectifs qui caractérisant le rôle du Parti, qui définissent l’axe autour duquel réunifier la classe.

Comme après 1905 en Russie, comme dans la situation qui, en Chine, amena les communistes à entreprendra la Longue Marche, les défaites tactiques ont, en réalité, révélé la maturité historique de la question centrale : la nécessité du saut de la guérilla au Parti pour la conquête du pouvoir politique et pour l’instauration de la dictature du prolétariat, étape indispensable pour la transition au communisme.

Du côté de la bourgeoisie, la politique dominante, qui pénètre toutes les sphères de la condition prolétarienne, est mise en avant par des forces qui s’assignent le rôle de direction de la société vers la guerre inter-impérialiste. Cet ensemble est bel et bien un parti « inter-forces », le parti de la guerre impérialiste.

« Parti » qui impose désormais sa logique dans tout programme de restructuration, en la rythmant selon des temps et des modes dont les priorités sont celles de la préparation à la guerre.

Le saut que la contre-révolution a effectué se situe dans cette dynamique pré-guerrière. Un saut auquel la combativité et la solidité interne de la guérilla l’a contrainte, mais qui a dans le même temps mis à nu les carences globales des forces révolutionnaires.

Un saut marqué d’une empreinte militaire, par le déploiement d’une stratégie qui prévoit la torture, la trahison, la dissociation et la reddition. Mais ces problèmes, avec lesquels nous devons aujourd’hui régler les comptes, sont des problèmes de croissance.

Pour cela, forts de notre patrimoine, que nous réaffirmons ici, il est possible de regarder le futur avec l’assurance de pouvoir assumer les tâches auxquelles nous sommes confrontés.

Construire le Parti Communiste Combattant !

Organiser les masses dans le système du pouvoir prolétaire armé pour la conquête du pouvoir politique !

Contre le « parti de la guerre impérialiste », porter l’attaque au cœur de l’État !

Guerre à l’impérialisme ! Guerre à l’O.T.A.N. !

Pour tous ces motifs, pour l’identité politique, que nous revendiquons, de militants des « Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant », nous estimons absolument superflue la présence d’avocats de la défense.

La révolution prolétarienne n’a à se défendre de rien, parce qu’elle est elle-même une accusation et une condamnation du système de pouvoir et de production existant.

Nous révoquons donc le mandat de nos défenseurs.

Nous défions quiconque de prendre la parole en notre nom.

Nous considérons les défenseurs commis d’office, qui assumeraient éventuellement cette charge, comme des collaborateurs actifs de ce régime.

La guérilla les considérera de la même manière que les « défenseurs d’office » qui ont fourni, par leur seule présence, une couverture «légale» aux pratiques de torture à l’égard des communistes capturés.

Couverture et complicité qu’ils paieront de l’unique manière qu’ils soient en mesure de comprendre : avec le plomb !

Rome, 10 mai 1982

Les militants de l’Organisation Communiste Combattante
Brigades Rouges
pour la construction du Parti Communiste Combattant


Arreni Renato, Bella Enzo, Braghetti Anna Laura, Cacciotti Giulio, Gallinari Prospero, Guagliardo Vincenzo, Jannelli Maurizio, Moretti Mario, Piccioni Francasco, Ponti Nadia, Ricciardi Salvatore, Seghetti Bruno.

>Sommaire du dossier

Historique des Brigades Rouges

[Article paru dans la revue Front Social n°19, 2001.]

1.L’Italie et la lutte des classes

L’Italie a eu un passage au capitalisme qui fut difficile en raison de la force des structures féodales. Il n’y eut pas de révolution bourgeoise comme en France ; des éléments du féodalisme, comme le Vatican, se conjuguèrent finalement au capitalisme. Un déséquilibre se fit sentir dans l’économie : le nord de l’Italie est ainsi industriel tandis que les régions méridionales sont historiquement marquées par la petite production et l’agriculture.

Après la première guerre mondiale impérialiste de 1914-1918, le mouvement des masses italiennes fut relativement puissant, permettant l’émergence d’un mouvement révolutionnaire fort. Les classes dominantes soutinrent alors le mouvement fasciste de l’ex-socialiste Mussolini, qui écrasa le mouvement ouvrier et pris le pouvoir en 1922.

Le tout jeune Parti Communiste, né en 1921, dut alors s’organiser dans l’illégalité, son principal théoricien Antonio Gramsci croupissant en prison. En le condamnant, le juge dira:  » Il faut empêcher ce cerveau de penser pour au moins vingt ans « .

Aidé dans sa tâche par l’Internationale Communiste, le PC réussit à se développer et à guider le mouvement de masse dans une large résistance armée face au fascisme dès que celui-ci passa sous la coupe allemande (1943-1945).

Mais l’intervention américaine, qui s’alliera à la mafia pour contrecarrer le PCI et aider la bourgeoisie italienne, empêchera grandement une prise de pouvoir par les masses populaires, et cela d’autant plus que la direction du PC était gangrenée par le révisionnisme. Tout comme Thorez en France, Togliatti avait en fait abandonné les principes essentiels du marxisme-léninisme.

Ainsi, alors que les  » brigate d’assalto  » et les travailleurs occupaient les usines et que les patrons s’enfuyaient en Suisse, les dirigeants du P.C.I. enjoignirent ceux-ci à revenir et  » à prendre leurs responsabilités « .

L’Etat bourgeois italien put donc continuer à vivre, s’appuyant sur les acquis structurels des années de fascisme, sur un prolétariat du nord industriel contrôlé par un PCI gagné au partenariat social et sur une paysannerie au sud qui transforma la démocratie-chrétienne en mouvement de masse.

Il va de soi en effet que les modernisations monopolistes effectuées par les fascistes ne furent pas remises en cause. Ni même le fascisme d’ailleurs: de nombreux plans de putsch étaient prévus, et les attentats -massacres fascistes furent nombreux (place Fontane en 1969, gare de Bologne en 1980, train Bologne-Florence en 1984…). C’est ce que les révolutionnaires ont appelé  » la stratégie de la tension  » effectuée par l’Etat.

Le prolétariat combatif ne se laissera pourtant pas abattre par les fascistes et le réformisme de type révisionniste du P.C.I.. Il continua de s’organiser et de lutter, apprenant grandement des expériences internationales.

C’est l’époque de la Chine révolutionnaire, de la lutte de libération au Vietnam…

A cela s’ajoute l’activité d’intellectuels qui, menant des  » enquêtes prolétaires « , redéfinissent la lutte de la classe ouvrière, constatant qu’elle développe des formes de luttes  » différentes « , apparemment  » nouvelles « . De plus en plus en effet se généralisent le sabotage, l’absentéisme, les grèves dures, le refus du travail salarié exploité.

2.Les révoltes des années 60 et le mai rampant

1966 est l’année d’une grande grève des métallos. Des débrayages ont lieu à Rome, Milan, Naples, Gênes et Trieste, avec à chaque fois un débordement des syndicats et des combats de rue.

Les revendications sont également intercatégorielles. La grève se fait à tour de rôle, afin de pouvoir durer, et des consiglia de fabbrica (conseil d’usine) se développent, notamment à Milan chez Siemens.

En 1967 c’est à Cutro et sur l’île de Capo Rizguto que les paysans et les chômeurs se révoltent. Les licenciements dans les usines textiles de Vibo et Catane, la domination de l’administration locale par les clans, l’absence d’électricité et de produits pharmaceutiques, la mauvaise distribution des terres… sont autant de raisons à cette révolte.

Dans la ville de Masse les travailleurs de chez Olivetti réduisent eux-mêmes leur temps de travail, et obtiennent de meilleurs accords, grâce notamment au travail local du noyau toscan de Potere Operaio (Pouvoir Ouvrier), qui va devenir l’un des premiers grands mouvements révolutionnaires de masse.

En 1968, il y a tout d’abord le conflit textile à Veneto (Mazatto / Valdagno). La région dominée par les petites entreprises voit apparaître l’accélération des cadences, la réorganisation capitaliste, le chômage… en février c’est la grève et en avril l’explosion. Voitures incendiées, maisons bourgeoises pillées… Les unités spéciales interviennent.

Dans les facultés c’est l’ébullition, surtout depuis l’arrivée à Rome, Milan et Naples d’étudiantEs d’origine populaire. La liaison étudiantEs – classe ouvrière provient plus d’une situation sociale que d’un présupposé idéologique. Pourtant, même des facs élitistes comme Pise ou la sociologie à Trento sont touchées.

Et les thèmes développés sont de classe, même si la gauche catholique-social tente d’intervenir. On parle du Vietnam, du marxisme-léninisme, de la révolution culturelle en Chine populaire.

Des groupes étudiants révolutionnaires vont ainsi lutter contre l’influence des catholiques et celle des travailleurs sociaux des  » initiatives de citoyens « .

En avril 1968, c’est la grève quasi-permanente chez FIAT. Les revendications : la semaine des 40 heures, la paie immédiate, mais également le refus des heures sup, du contrôle de la vitesse et de la quantité de travail.

Là aussi les grèves ne durent que quelques heures par jour. A Cosenza les paysans se révoltent et sont rejoints par des travailleurs journaliers.

En décembre 1998 les travailleurs journaliers feront grève à Avola/Siracusa. Les routes nationales sont bloquées, des barricades montées, la grève générale suit. Les unités spéciales sont repoussées, puis tirent pendant 25 minutes, faisant deux morts.

Lorsqu’en 1969 le président des USA Nixon vient à Rome, les manifestations anti-impérialistes sont nombreuses, il y a des combats de rue. En avril c’est la révolte à Battipaglia/Salerno (25.000 habitantEs), lorsque la dernière usine ferme. La police tire : 2 morts, plus de 100 blessés, une caserne est brûlée.

Mais c’est également l’ébullition à Caserta et Pescara, dans une moindre mesure à Palerme, Cagliari, Melfi, Naples. Le PCI (en italien prononcer  » pichi « ) s’oppose à ces luttes du Sud, y voyant l’œuvre de brigands et de  » teppisti  » opposés au développement économique. Sa nature révisionniste est claire.

En automne, c’est la grève générale au niveau national, contre les accords passés entre le patronat et les syndicats.  » Lavorare meno – lavorare tutti !  » – Travailler moins, travailler tous, tel est le mot d’ordre.

Les sabotages se font en masse, les hiérarchies sont brisées, les employés et techniciens rejoignent les ouvriers. Des occupations de maison ont lieu ( » Vogliamo tutto ! Prendiamoci la citta !  » – Nous voulons tout ! Prenons la ville !).

L’économisme des syndicats et le réformisme perdent leur hégémonie.

Des CUB ( » Comitati Unitari di Base  » – Comités Unitaires de Base) se forment, ainsi que des groupes d’employés et de techniciens ( » Gruppi di Studio  » – Groupe d’étude) et d’étudiants ( » Movimento Studentesco « ).
Les années 1968-1969 vont amener la naissance de groupes révolutionnaires puissants, dont le principal sera  » Potere Operaio  » (Pot.op.),  » Pouvoir Ouvrier « , dont sortira très vite  » Lotta Continua  » (LC).

3.Potere Operaio

Potere Operaio ne tombe pas du ciel; l’organisation est issue d’un travail profond dans le prolétariat. Les premières connections se sont faites autour des revues  » quaderni rossi  » (cahiers rouges, 1961) et  » la classe  » (sous-entendue ouvrière, 1969).

Il s’agit principalement d’intellectuels et de techniciens analysant le processus de production. Sont étudiées les évolutions techniques et les restructurations. La relation capital/travail n’est plus considérée statiquement et après coup ; il s’agit à la fois de coller à l’ouvrier de base et à l’évolution générale.

En 1961/1962 sont ainsi apparues les  » inchiesta proletaria « , les enquêtes prolétaires, qui questionnent l’ouvrier dans son quotidien, et qui constatent comment les luttes pratiques se développent malgré la pression des révisionnistes.

Les partisans du futur potere operaio prennent le nom d’opéraistes (en français le terme serait  » ouvriériste « , mais il n’est pas tout à fait exact car il n’a pas sa connotation économiste).

Pour eux/elles, la lutte part de la subjectivité ouvrière : volonté de refus du travail et des cadences, volonté qu’il s’agit de transformer en pratique révolutionnaire.

Pour les opéraistes, le niveau politique est moins à lire idéologiquement, qui est tronqué, que dans le niveau d’absentéisme, de sabotages, de grève, d’insubordination, etc.

Dans le document de 1971 intitulé « Che cos’è Potere Operaio » (Qu’est-ce que Potere Operaio), il sera ainsi dit:

 » Le slogan que nous avons propagé durant toutes les années 1960,  » plus d’argent moins de travail « , signifiait justement cela : avec une intention précise et subjective provoquer la crise capitaliste, c’est-à-dire opposer à la stabilité du capital l’irréductibilité des besoins de la classe ouvrière.

Nous avons fait l’expérience suivante : eu égard un capital ayant réduit ses contradictions intérieures à un minimum, nous avons tenté de faire jouer jusqu’au bout la contradiction principale, qui reste insoluble – la contradiction entre travailleur et capital – et d’organiser cela par rapport du rapport de production « .

L’objectif des opéraistes, qui partent de l’ouvrier-masse, c’est-à-dire de l’ouvrier des grandes usines d’alors, est d’unifier la classe avec comme axes principaux le refus du travail, le refus des différents échelons de salaires.

Contre l’inflation, le chômage, il s’agit d’exiger les mêmes augmentations pour tous, et, qui plus est,  » un revenu garanti pour tous, qui travaillent ou pas, ou s’y préparent ; en plus de la semaine des 36 heures, le paiement des heures de transport pour aller au travail et l’abolition de la mobilité « .
L’objectif de Potere Operaio est ainsi d’unifier les classes populaires, de la femme de ménage à l’étudiant, tout en défendant  » l’hégémonie des luttes des ouvriers sur les étudiants et les prolétaires « .

Mais beaucoup d’autres questions se posent, car en définitive Potere Operaio n’était que l’expression d’un besoin des éléments avancés des masses de s’organiser. De plus, l’influence de l’école de Francfort est grand, et Potere Operaio est assez proche de la conception révisionniste comme quoi le capitalisme arrive à  » surmonter  » ses crises en se réorganisant. Il est parlé du groupe des  » professeurs « , puisque les dirigeants sont plus proches du monde universitaire que de la classe ouvrière (Toni Negri, Franco Piperno, Oreste Scalzone).

Une frange est très vite sortie de Potere Operaio, quasiment dès le départ, pour former  » Lotta Continua  » (LC). LC prônait la radicalisation des luttes partielles : lutte dans les villes, les prisons ( » les damnés de la terre « ), l’armée ( » prolétaires en uniformes « ), et développement de la contre-information. Le succès de LC est notable, en raison de son aspect plus politique.

Mais la politique de LC consiste principalement en une contestation révolutionnaire, pas en une politique révolutionnaire. Et c’est ainsi ailleurs au sein de cette nouvelle gauche que les éléments les plus avancés de rassemblent, cherchant des réponses chez Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao Zedong.

4.La naissance du CPM (1969)

Le 8 septembre 1969 se forme dans cette mouvance de la « nouvelle gauche » un nouveau groupe, le CPM, c’est-à-dire le Collettivo Politico Metropolitano.

Issu de groupes ouvriers (Sit-Siemens, IBM, Pirelli…), particulièrement dans le  » triangle de fer  » (Turin, Milan, Gênes), le CPM entend amener de nouveaux fondements pour la lutte révolutionnaire.

Leur stratégie consiste en effet à  » enraciner la lutte armée à partir des luttes de l’ouvrier-masse des grandes concentrations industrielles « .

Dans un texte de décembre 69, intitulé  » lutte sociale et organisation dans la métropole « , le CPM prône l’autonomie ouvrière, c’est-à-dire  » le mouvement de libération du prolétariat de l’hégémonie globale de la bourgeoisie « , la rupture totale avec les institutions.

Le CPM ne prône pas, comme en général les mouvements pour l’autonomie, la fédération de groupes de base,  » d’associations spontanées, sporadiques et apolitiques « , mais la construction d’une organisation révolutionnaire, avec des structures illégales selon le principe léniniste, et visant le renversement de l’Etat.

La propagande du CPM diffère donc également des groupes prônant l’organisation de groupes armés pour l’éventualité d’un coup d’Etat, comme les Groupes armés partisans de l’éditeur Feltrinelli, qui se veulent issus de la résistance des années de guerre. Il s’agit ici de mener une guerre populaire, de classe.

En juillet 70, le CPM prend le nom de sa revue,  » sinistra proletaria « , la gauche prolétarienne.

Ce nom est clairement une allusion au groupe révolutionnaire français du même nom, qui développe une lutte à la base dans les usines.

Le 17 septembre 1970 les brigate rosse (brigades rouges) apparaissent en revendiquant l’incendie d’une voiture d’un manager de Siemens – c’est en fait le CPM qui en est à l’origine.

En avril 1971, la revue change de nom et devient  » nuova resistenza « , nouvelle résistance, avec comme symbole un marteau et une faucille entrecroisé d’un fusil.

On peut y lire dans le n°2 que :

 » La révolution moderne n’est plus une révolution propre (…), elle recrute ses éléments en pêchant en eau trouble. Elle avance par des voies détournées et elle se trouve des alliés en tous ceux qui n’ont aucun pouvoir sur leur propre vie et le savent (…).

Dans l’attente de la grande fête révolutionnaire où tous les expropriateurs seront expropriés, le geste criminel isolé, le vol, l’expropriation individuelle, le saccage d’un supermarché ne sont qu’un avant-goût et un signe de l’assaut futur contre la richesse sociale ».

5.La parenthèse semi-révisionniste armée des Groupes d’Action Partisane

Les GAP, ce sont les  » gruppo d’azione partigiana « , terme repris aux groupes d’action partisane opérant en 1944 contre le fascisme.

Ces groupes d’action partisane ont été fondé en 1970 par l’éditeur Giangiacomo Feltrinelli, un très grand éditeur (comme Gallimard, avec en plus une quinzaine de grandes librairies), qui avaient appelé en 1969 à la formation de structures illégales. Ces groupes clandestins naissent à Milan, Turin et Gênes.

La ligne des GAP oscille entre celle de la Fraction Armée Rouge allemande et celle de la résistance armée au fascisme. D’un côté les GAP sont là pour défendre les structures démocratiques le cas où. Il est vrai que l’Italie des années 1960-1970 est marquée par de nombreux attentats-massacres organisés par les fascistes (ainsi ceUX de la Place Fontane, de Brescia, du train Rome-Brenner).

Mais la ligne qui devient dominante considère que l’Italie devient la colonie de l’OTAN, et que cela fait partie d’un processus de fascisation. Il faut donc des  » bases rouges « , tout en considérant le bloc de l’Est comme un arrière-pays passivement  » positif  » même si révisionniste.

Les luttes sociales ne sont pas mises en avant, à l’opposé de l’anti-impérialisme.

La ligne est de fait celle de la RAF : il s’agit de libérer le pays de l’emprise de l’impérialisme, principalement américain. Pour Feltrinelli, puisque l’Italie avait une situation sociale chaude, il fallait s’attendre à ce que l’OTAN impose des transformations brutales. Ce qui se passera de fait en Turquie quelques années plus tard, à ceci près que ce pays était réellement une néo-colonie.
La radio-pirate  » RADIO-GAP  » explique que :

 » La voie de la révolution communiste, la voie de la libération définitive du prolétariat et des travailleurs italiens de la domination et de l’exploitation par le capital italien et étranger nécessite une guerre dure et longue. Mais les brigades de partisans, les camarades travailleurs italiens se sont à présents mis sur cette voie. La voie de la libération, la voie des partisans, marchant en avant-garde de la révolution communiste.

Travailleurs, journaliers et étudiants révolutionnaires ensemble et unis pour la victoire définitive sur le capitalisme et l’impérialisme « .
Il s’agit d’organiser  » une participation toujours plus large et intensive à la guerre anti-impérialiste internationale « .

Feltrinelli dira à ce sujet que :

 » Qui considère la guerre révolutionnaire cubaine comme terminée se trompe sur la réalité, même s’il la voie, et comprend vraiment très peu de la stratégie révolutionnaire. La guerre révolutionnaire, le processus révolutionnaire est continental dans le faits et ne peut que terminer par une victoire définitive sur l’impérialisme en Amérique latine « .

C’est-à-dire qu’il fait la même erreur stratégique que le Che, et qui sera vigoureusement critiqué par les maoïstes, notamment après la catastrophe bolivienne. Cette position est similaire à la RAF, qui considérait également le processus révolutionnaire comme immédiatement totalement international.

Feltrinelli a la même position à ceci près qu’il va encore plus loin puisqu’il fait une transposition de l’analyse de l’Amérique latine de Guevara :

 » La gauche européenne a comme devoir de trouver des solutions tactiques qui correspondent à la réalité de chaque pays européen (pris dans sa particularité).

Dans le déroulement des différents processus révolutionnaires qui – et même si cela est timide – apparaissent au grand jour dans les pays du vieux monde, une stratégie continentale prendra sa forme et sa substance, et aura une fonction décisive dans notre guerre de longue durée « .

Feltrinelli fut à l’origine de la publication de très nombreux documents ; il succomba à l’explosion de sa bombe en 1972 (visant à détruire un grand pylône électrique). Les GAP s’écroulèrent aussitôt. La ligne des GAP aura toujours été très critiqué par les groupes armés d’Italie, qui l’interprétaient comme réformiste armée.

6.1970/1973 : la naissances des BR

Les BR sont donc nées de l’activité théorico-pratique du CPM, et ne forment au départ qu’un petit groupe, avec lequel les membres des plus grandes organisations sympathisent. Le groupe Lotta Continua, alors l’une des plus grandes organisations, ira jusqu’à proposer aux BR de devenir leur bras armé.

Lotta Continua tente en effet d’encadrer ce qu’elle a souhaité théoriquement mais n’assume pas en pratique.

Ainsi, lors de la grande révolte de la ville de Reggio en Calabre (juillet 1970-février 1971) à l’annonce que la ville ne serait pas capitale provinciale (et qu’il n’y aurait ainsi pas d’aides pour résorber le chômage, alors que seulement 30% des emplois étaient  » normaux « ), la lutte armée avait commencé, et Lotta Continua affirmait la soutenir.

Les masses populaires (avec l’aide des ouvriers des usines Omeca et des milliers de paysans pauvres) se retranchent dans les petites rues des quartiers populaires, érigent des barricades en ciment, désarment les carabinieri (les gendarmes italiens), pillent les commissariats, détruisent la mairie, la gare, les sièges des partis politiques et des banques.

La lutte alterne manifestation et dynamite, mais est écrasée au moment de son extension en Sicile et en Calabre par l’intervention de l’armée.

Le journal de Lotta Continua du 30 octobre y consacra 6 pages ( » Reggio proletaria, Reggio rossa « ) :

 » Menons la. Ce qui est nécessaire : ne plus payer de loyers, de tickets, d’impôts, ne plus faire le service militaire, ne plus voter, s’organier en rassemblement de quartier (…). Dans une partie de l’Italie, à Reggio en Calabre, la lutte armée a commencé (…). Contre l’Etat, contre les patrons, contre l’exploitation, contre le chômage, contre l’émigration « .

Lotta Continua mène la même politique que la Gauche Prolétarienne en France, avec le même soutien théorique à la violence populaire qu’elle ne sait ni organiser ni comprendre stratégiquement. Potere Operaio mène également le débat, le congrès de 1971 (le troisième) débat également de l’illégalité. Il a même été créé un éphémère FARO (Fronte Armato Rivoluzionario Operaio) qui mènera quelques attentats à l’explosif.

A l’opposé, les BR mènent ainsi de 1970 à 1973 ce qu’elles appellent la propagande armée. Se concentrant sur les grandes usines, notamment à Milan et Turin (Fiat), les brigadistes distribuent des listes d’indics et de chefs qui doivent être  » frappés de la vengeance prolétaire  » en raison de leurs liens avec les patrons.

Ce fut en 1970 le début d’une série d’actions systématiques consistant en ce que les prolétaires faisaient eux-mêmes de temps en temps: bastonnade des capi (contremaîtres), sabotages, etc. En automne 70 les BR menèrent des actions contre les fascistes et les provocateurs dans les usines, contre les cadences et pour la remise en cause du lien entre hausse de la productivité et hausse des salaires.

Après avoir incendié la voiture du chef de la sécurité de Pirelli (27.11.70) et du chef du personnel (8.12.70), elles incendient huit poids lourds de chez Pirelli, afin de « présenter la facture  » aux patrons pour les licenciements.

Dans leur sixième communiqué les BR affirment que les patrons sont allés trop loin pour qu’un compromis soit encore possible. Des techniques de sabotage furent diffusées, montrant par là que les brigadistes avaient des gens sur place.

En septembre 71 sortit le premier texte programmatique, sous la forme d’une auto-interview (de la même manière donc que les Tupamaros uruguayens). Les BR y expliquent qu’il est nécessaire de choisir la stratégie de la lutte armée pour le communisme, critiquent les politiques  » défensives  » , et affirment ne pas être un  » bras armé  » mais un  » point de rencontre  » des révolutionnaires.

Les actions continuent alors jusqu’à l’enlèvement le 3 mars 72 d’Idalgo Macchiarini, top manager de chez Siemens et responsable de l’organisation du travail. Les br le gardent 20 mn pour un procès symbolique puis le libèrent (sous  » conditions « ).

Dans un tract les BR le traitent de  » fasciste en chemise blanche « . C’est le début des slogans qui marquent:  » Frapper et s’enfuir ! Rien ne restera impuni! En frapper un pour en éduquer cent! « . Cette action fut populaire dans l’extrême-gauche, un peu de la même manière que les actions  » violentes non armées  » de la Gauche Prolétarienne en France.

Ce genre d’action est en effet aisément compréhensible par tout travailleur, ne nécessite pas de connaissance idéologique au préalable. D’autant plus que le prolétariat est dans une situation précaire. Chez SIP (télécommunication), 20.000 travailleurs sont en CDD ou au noir!

Néanmoins la gauche  » officielle  » et les patrons attaquent les BR dès le départ, et les diffamations sont nombreuses. De faux attentats signés  » BR  » sont effectués, et la répression fut grande. Cela, et les affrontements entre manifestants et la police à Milan lors de la manifestation du 9 mars 1972, poussent les BR à passer dans la clandestinité totale.

 » Ce fut l’offensive du pouvoir mené le deux mai contre l’organisation qui enleva tout doute au fait que la clandestinité soit une condition sine qua non à la survie d’une organisation politico-militaire opérant à l’intérieur des métropoles impérialistes « . Les brigadistes attaquèrent alors des banques et organisèrent de nouvelles  » colonnes « .

Le 26.11 et le 17.12.1972, ils/elles incendient les voitures des responsables de la sécurité et de la surveillance de chez FIAT à Turin. Le 11 janvier 73 ils/elles pillent un bureau du syndicat fasciste la CISNAL à Turin également, et le 15.1.73 à Milan le bureau d’une union d’entreprises liée à la démocratie-chrétienne.

L’hiver fut rude: affrontements très violents de manifestants contre la police à l’occasion d’une réunion du parti fasciste le  » MSI « , et licenciements massifs à la FIAT de Turin où presque 200 000 travailleurs se sont mis en grève.

Le 12.2.73 les BR enlèvent alors Bruno Labate, secrétaire de la CISNAL de Turin, et l’enchaînent dans l’usine avec un panneau rempli de slogans, ce après l’avoir interrogé pendant quatre heures. Pas un seul ouvrier rentrant dans l’usine ne le libérera.

En mars 73, à la FIAT de Mirafiori, l’usine fut occupée et défendue une semaine par les travailleurs contre la police et les fascistes.

C’est ce qu’on a appelé le  » parti de Mirafiori « , le mouvement offensif et spontané des travailleurs. Mais avec les accords passés par les syndicats la tension retomba. Les BR répondirent à cette dépendance ouvrière par un papier théorique, à nouveau sous la forme d’un auto-interview.

A l’opposé, une frange spontanéiste se développe au sein du mouvement pour l’autonomie ouvrière, et refuse le principe d’une organisation d’avant-garde menant la lutte armée.

7.La multiplication des BR (1973-1974)

Pour les BR les prolétaires veulent mettre à bas la bourgeoisie, mais ne savent pas comment. Il s’agit de résoudre cette contradiction par trois lignes d’offensive:  » guerre au fascisme; résistance dans les usines; résistance contre la militarisation du régime « .

De son côté le système met en avant la  » repubblica conciliare « , la république de la conciliation. Les brigadistes tentent dans cette période de toucher la base du P.C.I. qui, si elle est sincère,  » comprendra certainement quel choix il faudra faire  » pour la prise du pouvoir. La direction du P.C.I., qui développe le compromis historique, est par contre considérée comme ennemie.

Le mouvement de masse est lui énorme : autoréductions massives dans les supermarchés à Naples, Milan, Rome, mais également du téléphone, du gaz, de l’électricité… Occupations de logements vides, sabotages des téléphones des quartiers bourgeois, aides des médecins et des infirmierEs à l’avortement…

Il faut dire qu’en 1973/1974, le loyer prend 50% des salaires ; il y a 10 à 60.000 familles sans logement par ville. Il y a 11.413 cas de typhus, 278 de choléra, 40.000 hépatites, 3.000 méningites, 73.000 mortEs par maladies infectieuses (seulement 12.489 reconnuEs comme tel). 4.000 communes sont sans eau, 2.000 sans canalisation, un million de personnes vivent dans des baraquements, la mortalité infantile est de 50 pour 1.000.

Des boycotts s’organisent, rassemblant de 50 à 100.000 personnes par million de payeurs/payeuses (le prix au Kw est 6 fois plus cher que pour les entreprises).

Le grand mouvement de contestation dura deux années, afin de se ralentir, mais a bouleversé le paysage politique révolutionnaire, d’autant plus que les femmes s’investissent énormément (un référendum autorise d’ailleurs le divorce).

Le groupe d’extrême-gauche  » lotta continua  » disparaît peu à peu, son réformisme n’ayant plus cours.

Potere Operaio, mouvement fondateur du principe d’autonomie de la classe ouvrière, se dissout également, de manière spontanéiste, contribuant à la naissance de l’autonomia operaia., l’autonomie ouvrière dite  » autonomie organisée « , qui coexiste avec l’autonomie en général (revues  » Viola « ,  » Désir « ,  » Neg/azione « ,  » A/traverso « ,  » Zut « …).

Les NAP, noyaux armés prolétaires, se forment dans les prisons, et mènent des actions conjointement avec les BR.

Le 28 juin 73 Michele Mincuzzi, ingénieur de chez Alfa Roméo, est enlevé, interrogé puis libéré. Ici ce sont encore les cadences qui sont attaquées. Le 10.12.73 c’est le chef du personnel de FIAT qui est enlevé.

Ettore Amerio, directeur du personnel de la FIAT, est également enlevé.

La convergence patronat / syndicat / PCI est ici attaquée de plein fouet. Les BR le gardent huit jours et émettent des revendications très précises (réintégrations des licenciés, dévoilement des indics, informations dans la presse quant à l’action, etc.).

Le futur maire de Turin parle alors des BR comme de  » personnes cliniquement malades et droguées « , le journal l’Avanti parle de  » néo-fascistes  » et les trotskystes, toujours à la pointe de l’anticommunisme, affirment qu’il s’agit d’un  » complot des services secrets « .

Après cette phase caractérisée par la propagande armée, considérée par les BR comme un  » début « , la lutte sur le terrain de l’usine cède la place à l’attaque contre l’Etat. L’attaque au cœur de l’Etat doit être au niveau de l’antagonisme prolétaire.

De fait, début 74, les BR se sont élargies aux villes industrielles. Les groupes les plus forts sont:

o la colonne milanaise, avec ses trois brigades (Sit siemens, Alfa Roméo, Pirelli),
o la colonne Vénétie, avec des brigades à Padoue et Porto Maghera,
o la colonne turinoise chez FIAT dans les sections Meccanica, rivalta, presse et lingotto,
o la colonne de Gênes, avec au moins une brigade.

Les BR sont en grande majorité composées d’ouvriers, ce qui ne les empêchent pas de développer des analyses extrêmement poussées des phénomènes modernes (informatisation, militarisation…). Le prestige de l’organisation est très grand.

Le 18 avril 74, le jour où Agnelli est nommé patron des patrons, les BR mettent en pratique le slogan  » Sossi, fasciste, tu es le premier sur la liste ! « . Elles enlèvent à Gênes le procureur Mario Sosssi, et rend public le document intitulé  » Contre le néo-gaullisme, mener l’attaque au coeur de l’Etat! « , où les restructurations étatiques sont considérées comme la cible n°1.

La résistance doit, selon les BR, passer à un niveau stratégique. Sossi est libéré en l’échange de la promesse de libération de prisonniers. Libération qui n’est pas faite, au lieu de cela la police écrase par les forces armées les révoltes dans les prisons (six morts).

Le 28 mai 74 les fascistes font un attentat à une réunion syndicale. Les brigadistes réagissent en attaquant le 17 juin 74 un bureau du MSI. Il y aura deux morts, sans que les BR l’aient initialement voulu.

Cet  » incidente sul lavoro « ,  » accident  » lors du travail effectué, ne pose pas vraiment de problèmes de conscience, même s’il ne s’agissait pas de dirigeants.

Le 1er octobre les Noyaux Armés Prolétaires (NAP) font sauter des mur des prisons de Poggioreali, Rebibbia et S. Vittore, et laissent des magnétophones munis de hauts-parleurs:

 » Attention ! Restez à l’écart, cet équipement et cet endroit sont minés et exploseront à la moindre tentative d’interrompre cette communication.

Camarades prisonnières et prisonniers en taule, cette communications vous est destinée par les Noyaux Armés Prolétaires, qui se sont formés clandestinement en-dehors des prisons, afin de continuer la lutte des prisonniers contre le camp de l’Etat bourgeois et de sa justice. C’est un appel à la reprise des luttes dans les prisons, qui nous ont uni avec le prolétariat de 1969 à aujourd’hui.

Contre le capitalisme violent des entrepreneurs, contre l’Etat des entrepreneurs et son gouvernement.
La réponse de l’Etat bourgeois à 5 ans de dures luttes a été la répression grandissante et une série de mesures fascistes comme le doublement des détentions préventives, et le creusement définitif de la réforme des prisons, qui est tellement prisée la propagande du gouvernement.

Le doublement de la durée est supportée par la peau de notre couche prolétarienne, avec l’active participation des révisionnistes. Maintenant et venu le moment de montrer que nous ne laisserons aucun répit à l’application de cela ; que notre volonté et notre capacité de lutter n’a malgré tout pas disparu, et qu’en-dehors des prisons les noyaux armés prolétaires sont nés pour cela : soutenir et être au côté des luttes des prisonniers, répondre aux meurtres et aux bains de sang et à la répression de l’Etat.

Camarades prisonniers prolétaires, pour nos droits, contre la violence de l’Etat dans les prisons, les usines, les quartiers, les écoles et les casernes, contre le renforcement de la répression, révolte générale dans les taules !

Nous refusons la manière de vivre à laquelle nous force la bourgeoisie au moyen de l’exploitation, de la misère et de l’oppression.

Nous refusons d’être plus longtemps l’alibi pour les structures policières anti-prolétariennes de l’Etat. Camarades, la répression contre nous apporte de l’aide et perfectionne le fascisme des lois de l’Etat, confirme que le pouvoir écrase de ses pieds les droits des prolétaires les plus faibles et se prépare à ainsi à écraser et pulvériser la liberté de tout le prolétariat.

Nous n’avons pas le choix : ou alors se rebeller, et lutter, ou mourir lentement dans les camps, les ghettos, dans les asiles, auxquelles nous force la société bourgeoise, de la manière violente. Contre l’Etat bourgeois, pour son renversement, pour notre contribution au processus révolutionnaire du prolétariat, pour le communisme.

Révolte générale dans les prisons et lutte armée des noyaux à l’extérieur !

Révolte et lutte armée comme refus de tolérer la répression, qui devient un génocide social permanent de notre couche prolétarienne. Révolte et lutte armée contre l’existence des prisons, et comme réponse à des dizaines d’années de torture, à des centaines de meurtres, qui sont faits sans peur de punition par les bourreaux du système dans les prisons, les asiles, les maisons de redressement.

Les Noyaux Armés Prolétaires ont comme centre des camarades qui ont supporté la taule, avec une expérience combattante et politique. Ils l’ont supporté comme nous, camarades, couchés de force dans les quartiers d’isolement, ils ont supporté les mauvais traitements des geôliers et les tortures des prisons psychiatriques, et ils n’ont pas oublié !

Camarades prisonniers, les crimes des larbins de l’Etat qui torturent ne seront plus impunis : aux bourreaux fascistes, aux exécuteurs de la répression des taules et des asiles, nous ferons le procès, ils seront condamnés selon la justice prolétarienne.

Contre toutes les violences qu’endurent les prolétaires emprisonnés, nous devons répondre avec le seul slogan de classe dans toutes les situations d’oppression et d’exploitation du prolétariat : la reprise de notre lutte de masse ! Hors des taules ceux qui luttent pour le communisme, pour les riches les cloaques.

Contre le fascisme de l’Etat, la violence organisée du prolétariat emprisonné !

Camarades, n’oubliez pas que les fascistes sont les mêmes porcs qui réclament avec acharnement le rétablissement de la peine de mort, la revalorisation générale des peines de leur infâme code pénal, des traitements durs dans les taules, et ils font toujours les premières propositions les plus réactionnaires et liberticides.

Camarades, n’oubliez pas cela chez ceux qui sont proches de vous, isolé, et tapez les fascistes, et souvenez-vous que nos bourreaux sont aussi les matons, la police, les vigiles et les capitalistes.

Camarades prisonniers, dans cette phase de la lutte de tout le prolétariat contre le pouvoir bourgeois, qui tente de réaliser sa plus haute tentative réactionnaire et anti-prolétaire, dans la mesure où il entreprend une attaque à la base des conditions de vie et des libertés prolétaires dans les usines et les quartiers d’habitation, dans le cadre d’une crise économique et politique de l’impérialisme mondial, dans la mesure où le chômage s’accroît, où la répression et la police se renforcent, et en conséquence le nombre de prolétaires emprisonnés s’agrandit.

Cela, notre cadre de lutte, signifie l’unité avec la lutte de tout le prolétariat, et propose de chercher une relation avec un pouvoir victorieux et une stratégie qui voit la classe ouvrière à la tête de la confrontation de toutes les couches du prolétariat.

Notre plate-forme vise la poursuite de ces buts :
Lutter contre les lois fascistes comme moment d’unité politique du prolétariat contre un instrument de pouvoir à la base comme conditionnement oppresseur ;

Lutter pour la démocratisation interne des prisons et pour l’application de réformes radicales qui considèrent le système en entier, la possibilité réelle et effective d’user de ses droits politiques et humains inaliènables que la plate-forme a cité.
Autogestion, démocratisation, comme aboutissement capable de développement de notre lutte pour les masses emprisonnées, qui ne peuvent passer que dans une pratique de lutte de masses amorphes et instrumentalisables à des masses conscientes de leur droits et devoirs de classe par rapport au processus révolutionnaire général.
Nos buts immédiats sont :

Abolition des prisons psychiatriques, qui sont de véritables camps nazis et une vengeance terroriste sur les prolétaires emprisonnés ;

Abolition des camps de redressement, lieux d’origine de la violence contre la jeunesse prolétaire, qui par leur programme assure au pouvoir bourgeois la continuité de cette délinquance dont elle a à tout prix besoin pour justifier l’appareil policier et la justice d’Etat ;

Amnistie générale et sans conditions sauf pour la mafia et les bourreaux nazis, comme petit adoucissement des dommages subis avec les lois fascistes ;

Abolition immédiate de la notion de  » récidiviste  » ;

Mise en place d’une commission non-parlementaire par des camarades meneurs de luttes d’usine et de quartier, afin d’enquêter sur les tortures, les mauvais traitements et les meurtres qui ont été commis dans les taules et qui continuent à être commis ;

La vérité sur les camarades exécutés à Florence, et sur le bain de sang que le pouvoir a ordonné à ses bourreaux à Alessandria.

Camarades, pour la poursuite de ces buts, les Noyaux Armés Prolétaires contribuent dehors par des actions, qui sont toujours plus nécessaires. Ces actions de propagande pour les luttes ont été mené par un noyau externe du mouvement des prisonniers.

Vive le communisme !
Vive la lutte des prisonniers ! « .


Le 14 octobre 74 la police procède à des arrestations dans les BR grâce à un infiltré (permis par sa  » publicité  » dans la presse qui l’a fait passé pour un militant internationaliste).

Le 25 octobre les NAP pillent le siège de l’union des employeurs chrétiens-démocrates.

Le 29, Luca Mantini et Sergio Romeo sont tués dans une attaque de banque à Florence. Deux militants sont grièvement blessés et arrêtés, un camarade s’enfuit. La police, au courant de l’opération, avait préparé un piége pour liquider les militantEs.

Le 30 octobre 4 sympathisants sont arrêtés.
Alors que jusqu’en février 75 les BR ne mènent plus que de petites actions, à cause de la répression, les NAP continuent, en pillant par exemple le 20 décembre le siège de la Démocratie-Chrétienne à Naples.

8.1975-1978 : apogée de l’autonomie ouvrière et maturation des BR

Le 6 février les NAP détruisent la voiture du magistrat De Matteo, responsable d’une proposition de loi sur la détention.

Le 18 février 75 les BR lancent un commando, mené par Mara Cagol, une membre du noyau historique, contre la prison de Casale Monferrato. Renate Curcio, autre membre historique, est notamment libéré.

Suit une  » résolution stratégique  » , qui définit l’Etat comme  » Etat impérialiste des multinationales « , et qui montre le rôle central de la DC (démocratie-chrétienne).
La gauche est comprise comme  » gauche du capital « , le système est considéré comme un nouveau fascisme, propre à la période impérialiste.

Pour les BR, le mouvement autonome, qui se développe parallèlement, est insuffisant car seulement légal ou semi-légal. Il est temps selon elles de rompre les liens entre la classe ouvrière et les organisations institutionnelles, d’attaquer la DC comme centre de la réaction, de frapper l’Etat dans ses points faibles. L’Etat réagit vivement.

Les perquisitions sont facilitées par de nouvelles lois et les policiers obtiennent le droit de tuer quasi légalement  » dans l’exercice de leurs fonctions « . Ce qui amena un nombre considérable de tués chez les jeunes  » voleurs « , ou encore des  » passants  » à proximité des manifs.

Le 23 février les NAP attaquent un poste de police. Un militant est arrêté.

Deux camarades s’évadent de la prison de Murate (Florence) mais sont repris deux semaines plus tard (prenant au passage 3 et 4 ans de prison pour évasion).

Le 11 mars, Vitaliano Principe meurt dans l’explosion de sa bombe, Gentile Schiavone est grièvement blessé mais interrogé pendant 14 heures.

En avril c’est une grande répression contre les NAP. En prison un militant est blessé par un fasciste et tous les témoins mis en isolement. Le 22 le magistrat Di Gennaro, membre de la cour de cassation et du service de recherche sur la prévention et les peines au ministère de la justice, est enlevé par les NAP.

Après avoir fait croire pendant quelques jours à une histoire amoureuse, l’Etat accorde les revendications des NAP, à savoir celles de trois militants barricadés dans une prison après une tentative d’évasion, ainsi que le passage d’un communiqué à la télévision, à la radio (cela sera fait à 7H25 du matin) et dans la presse.

Libéré, Di Gennaro ne collabore pas avec les carabinieri, qui font sauter sa voiture devant sa maison (pour  » raisons de sécurité « ).

Il donne des interviews où il explique que la lutte armée a des causes politiques et sociales. Il participera néanmoins par la suite à la répression, notamment lors de l’écrasement de la révolte de la prison de Trani.
Le mois d’avril 1975 est également celui de l’apogée de l’autonomia operaia, qui est présente de manière organisée dans la rue pendant une semaine.

Les affrontements avec les fascistes et les carabinieri font 4 mortEs à gauche.

En avril 1975 paraît également une résolution de la direction stratégique des BR. L’objectif central y est expliqué :

 » Rompre les liens corporatistes entre la classe dirigeante industrielle et les organisations de travailleurs ;

Briser la DC, centre politique d’organisation de la réaction et du terrorisme ;

Frapper l’Etat dans ses maillons les plus faibles « .

Les BR affirment que  » la DC n’est pas seulement un parti, mais aussi l’âme noire d’un régime qui depuis 30 ans opprime les masses ouvrières du pays. Déclarer la nécessité d’abattre le régime et proposer dans les faits un compromis ‘historique’ avec la DC n’a pas de sens. Bavarder sur le moyen de la ‘réformer’ en a encore moins. Il faut liquider, battre et disperser la démocratie-chrétienne « .

Et sur la guérilla urbaine :

 » A notre avis, on doit affronter la question à partir de la couche de classe qui plus que tout autre subit l’intensification de l’exploitation due aux projets de restructuration capitaliste et impérialiste.

La théorie révolutionnaire, c’est la théorie des besoins politico-militaires de  » libération  » de cette couche de classe.

Elle seule en fait exprime en puissance, sinon en conscience (qui signifie  » organisation « ) l’universalité des intérêts de classe.

C’est seulement autour de ses besoins que peuvent être organisés et assumés les besoins des couches sociales marginalisées par le processus de restructuration et que peuvent être battues les résolutions révisionnistes, réformistes ou corporatives de cette partie de la classe ouvrière qui trouve un avantage, même moindre, dans le renforcement du système de domination impérialiste.

La guérilla urbaine joue un rôle décisif dans l’action de désarticulation politique du régime et de l’Etat. Elle atteint directement l’ennemi et fraye un chemin au mouvement de résistance. C’est dans la guérilla que se constitue et s’articule le mouvement de résistance et le terrain de l’autonomie, et non le contraire.

Elargir ce terrain signifie en premier lieu développer l’organisation de la guérilla, sa capacité politique et militaire.
Toutes les positions qui considèrent la croissance de la guérilla comme une conséquence du développement terrain légal ou semi-légal de  » l’autonomie  » sont fausses. Il est nécessaire de faire la lumière sur ce point.

Dans ce qui est défini comme  » terrain de l’autonomie  » s’entassent des positions très diverses. Certains, qui situent leur place dans la lutte des classes par la voie  » subjective « , se reconnaissent comme faisant partie de ce terrain, plus pour lui imposer ses problèmes et ses besoins, c’est-à-dire pour le  » récupérer « , si bien qu’ils expriment, aujourd’hui, une interprétation très partiale et surtout sectorielle de ses besoins.

A leur source, ils ont constitué un facteur décisif dans le processus de dépassement de  » l’esprit de chapelle « , mais aujourd’hui ils risquent de finir eux-mêmes dans le cul-de-sac de ce processus.

C’est le  » fétichisme de la légalité  » qui prédispose à ce danger, c’est-à-dire l’incapacité à sortir de la fausse opposition entre  » légalité et illégalité « . En d’autres termes, les assemblées autonomes ne réussissent pas à poser le problème de l’organisation à partir des besoins politiques, et finissent ainsi par les délimiter dans le type d’organisations légales existantes.

Ce qui correspond à couper le pied pour le faire entrer dans la chaussure !

Certains, plus conscients de la contradiction où ils se débattent, arrivent à admettre un dualisme d’organisation et ainsi à de nouveau proposer l’improposable théorie du  » bras armé « , dans la vieille logique de faillite de la IIIème Internationale.

Mais, dans cette nouvelle situation, sous peine d’extinction de leur fonction révolutionnaire, ils doivent faire un saut dialectique s’ils veulent rester fidèle à l’engagement fondamental d’organiser sur le terrain de la guerre de classe l’opposition de la couche  » objectivement  » révolutionnaire.
En-dehors de cette perspective, il n’y a que conceptions minoritaires ou inféodés au révisionnisme.

La guérilla urbaine organise le  » noyau stratégique  » du mouvement de classe, pas le bras armé. Dans la guérilla urbaine, il n’y a pas contradiction entre penser et agir militairement et donner la première place à la politique. Celle-ci développe son initiative révolutionnaire selon une ligne de masse politico-militaire.

Pour la guérilla, ligne de masse ne veut pas dire, comme quelqu’un l’a mal compris,  » organiser le mouvement de masse sur le terrain de la lutte armée « , tout au moins pas pour le moment.

Dans l’immédiat, l’aspect fondamental du problème reste la construction du  » Parti Combattant  » comme interprète des besoins politiques et militaires de la couche de classe  » objectivement  » révolutionnaire, et l’articulation des organismes de combat au niveau de classe sur les divers front de la guerre révolutionnaire.

La différence n’est pas sans importance, et cela vaut la peine de l’expliquer, car elle cache une divergence sur une question primordiale : l’organisation.

Cette divergence réside dans le fait que la première thèse aplanit jusqu’à la faire disparaître l’organisation du  » mouvement  » qui, dans le même temps, gonfle jusqu’à atteindre des dimensions mythiques ; la seconde conçoit organisation et mouvement en tant que réalités nettement distinctes en perpétuelle discussion.

Le parti combattant est un parti de cadres combattants. C’est donc une unité avancée et armée de la classe ouvrière, par conséquent distincte et en même temps partie intégrante de celle-ci.

Le mouvement est une réalité complexe et hétérogène où de multiples niveaux de conscience coexistent et se combattent. Il est impensable, et impossible d' » organiser  » cette multiplicité de niveaux de conscience  » sur le terrain de la lutte armée « .

Parce que ce terrain, bien qu’étant stratégique, n’est pas encore le principal, parce que le noyau que constitue le parti combattant, c’est-à-dire les BR, n’a certainement pas mûri les capacités politiques, militaires et d’organisation, nécessaires à son objectif.

Il ne s’agit pas d' » organiser le mouvement de masse sur le terrain de la lutte armée « , mais d’enraciner l’organisation de la lutte armée et la conscience politique de sa nécessité historique, dans le mouvement de classe « .

Le 15 mai 75, à Mestre près de Venise, les BR pillent le bureau de la DC; à Turin elles mettent le feu à plusieurs voitures de syndicalistes de la CISNAL; à Milan elles attaquent un bureau de l’iniziativa democratica (organisation de l’aile droite de la DC), où un responsable de ce groupe est jambisé.

Les BR préviennent: elles liquideront la DC et vont  » alzare la tiro « , serrer la vis contre la DC,  » moteur de la contre-révolution « .
En juin 75 c’est l’enlèvement de l’industriel Vittorio Gancia; les policiers découvrent la cache et interviennent, liquidant à bout portant Mara Cagol.

De mai à septembre de nombreuses arrestations ont lieu, dont l’ensemble du noyau historique.

En juillet Anna Maria Mantini des NAP se fait exécuter lors de son  » arrestation « .

Le 17 octobre 75 les BR jambisent Luigi Salera, médecin chez FIAT participant aux licenciements, puis enlèvent des dirigeants de Singer le 21 ainsi que le chef du personnel de Ansaldo Meccanico à Gênes le 22. Les BR attaquent également des banques: le 14 juillet 75 la banca populare de Lonigo, le 8 octobre la filiale de la Cassa di Risparmio à Gênes. Le 21 octobre c’est un dirigeant de l’usine de Singer qui est enlevé.

L’année 1976 est marquée par l’explosion du mouvement de la jeunesse. Des centres de jeunesse apparaissent, ainsi que de grands festivals (comme celui de parco lambro) où les jeunes vont par dizaines de milliers, pratiquant sur place la  » spesa proletaria  » dans les supermarchés.

Des rondes prolétaires, menées par des  » circoli proletari giovanili  » sont menées contre les entreprises.

Les jeunes quittent de plus en plus la campagne au profit de la ville, et s’affrontent à la culture ambiante et aux institutions. C’est également l’explosion des radios libres, l’apparition d’un nouveau langage, opposée à la culture de l’ouvrier-masse.

L’autonomia operaia analyse cela comme  » le besoin de communisme « , et s’éloigne de plus en plus de la lutte révolutionnaire contre l’Etat.

L’affaiblissement de la lutte ouvrière des très grandes usines à cause de la mobilité pousse l’autonomia operaia (aut.op.) à expliquer la situation autrement, et l’un de ses principaux théoriciens, Toni Negri, explique que la  » révolution est déjà faite « , que la  » pluralité des sujets  » révolutionnaires est positive, car les travailleurs sociaux doivent s’exprimer différemment que dans le capitalisme.

C’est la ligne des  » freaks « , c’est-à-dire de la marginalité comme  » espace révolutionnaire « , que les flics s’empressent de casser par la diffusion massive d’héroïne et l’étranglement de l’approvisionnement en drogues douces.

Seule l’autonomia organizatta (Rome, Padoue, Milan…) tente de maintenir les liens au sein du mouvement autonome, mais c’est globalement l’échec, à part pour un temps et dans un sens armé avec les CoCoRi (Comitati Comunisti Rivoluzionari) ou le Movimento Comunista Organizzato (MCO), issu du Colletici Politici del Veneto per il Potere Operaio (CPV), lui-même issu de Potere Operaio, qui eux aussi succombent à la répression en raison de leur caractère semi-légal.

Le mouvement de l’autonomie ouvrière part dans tous les sens, perdant toute cohérence, à l’opposé des BR qui se présentent comme le seul courant réellement révolutionnaire.
Le 14 avril 76 un dirigeant de FIAT Mirafiori est jambisé, le 28 avril un bureau patronal est pillé à Gênes.

Le 8 juin 76, les BR exécutent Francesco Coco, qui dirige le premier procès contre des brigadistes ainsi que la répression dans les prisons. Les brigadistes sont regroupés dans des cages lors des procès qui se veulent une démonstration de force du système. Cette exécution est considéré comme  » un saut dans la guerre de classe « .

Les BR attaquent au cœur de l’Etat. Le 7 octobre 1976 les NAP jambisent un maton de la prison de S. Vittore (Cosimo Ventich,  » ami et protecteur des mafiosi, protégé par le directeur de l’établissement « ). Le 8 une entreprise exploitant les prisonniers est attaquée.

En décembre 76 le brigadiste Walter Alasia est tué à bout portant.

Le 12 janvier 77 les BR enlèvent l’industriel Pietro Costa, qui est libéré au bout de 81 jours. Le 18 le directeur du personnel de FIAT Turin est jambisé. Le 29 ce sont les NAP qui jambisent le juge Pietro Margariti, qui est d’après le Corriere  » l’homme le plus haï des 32.000 prisonniers italiens « , le responsable du placement dans les  » prisons de l’horreur  » et celui qui couvre les attaques contre les prisonniers communistes.

Il y a également le même mois les occupations des facultés de Palermo, Sassari, Salerno et Napoli.

Le 9 février les NAP exécutent le meurtrier d’Anna Maria Mantini. Les flics et les fascistes attaquent la fac de Rome, tirant sur de nombreux étudiantEs. Un mouvement se lance et s’élargit, quasiment toutes les facs sont occupées par des précaires, des étudiants, des chômeurs.

Le chef du syndicat CGIL, Lama, arrive avec 1.000 militantEs du PCI pour tenir un discours à la fac de Rome : ils sont accueillis par 10.000 révolutionnaires qui les chassent manu militari. La fac est vidée le jour même par la police qui occupe de nombreux quartiers. La mobilisation culturelle est énorme à Bologne, Rome et Naples.

En mars 77, des combats de rue ont lieu dans toutes les grandes villes. Le 11, l’étudiant Francesco Bruno se prend des balles dans le dos, la manif nationale tourne à l’émeute, les magasins, les supermarchés et les armureries sont pillés.

Le 12 mars à Rome 100.000 manifestantEs extrêmement bien organiséEs brisent les cordons policiers et défilent une journée (des armes sont distribuées puis reprises).

Mais le soir, la pression retombe, les tanks sont présent dans les manifs suivantes, et l’autonomia operaia s’écroule définitivement à son congrès de Bologne en octobre 1977.

Pour les autonomes, il n’y alors plus le choix et il s’agit d’opérer un saut qualitatif.

Se forme ainsi par exemple le groupe  » Action Révolutionnaire « , influencé par la RAF et le situationnisme, et actif dans diverses régions (Lombardie, Piémont, Toscane, Ligurie), qui ne durera que jusqu’en 1979 où ses restes rejoignent Prima Linea, comme le feront certainEs des Prolétaires Armés pour le Communisme (PAC, 1977-1979) (les autres formant les  » Rapinatori Comunista  » !).

Ou encore les Unités Communistes Combattantes, qui dureront jusqu’en 1979, les Squadre Proletarie di Combattimento per l’Esercito di Liberazione Comunista (Equipes Prolétariennes de Combat pour l’Armée de Libération Communiste) jusqu’en 1978, les Noyaux Communistes Territoriaux et les Reparti Comunisti d’Attaco jusqu’en 1980.

Prima Linea, fondée en 1976, est la véritable guérilla de l’autonomie organisée. Elle s’est formée pour appuyer les luttes.  » Première ligne  » est issue des courants de Lotta Continua qui prônaient l’armement de masse, ainsi que de militantEs de Potere Operaio. Prima Linea (PL) n’est en tant que tel pas réellement un nouveau groupe combattant, mais une sorte d’agglomération de différents groupes.

Le sigle apparaît en tant que tel le 29 avril 1976, lorsque est exécuté Enrico Pedenovi, conseiller provincial du parti fasciste le MSI. Le premier congrès de PL se tient en avril 1977 à San Michele a Torri, avec des représentants des villes de Milan, Bergamo, Florence, Turin et Milan.

Les BR deviennent le point de confluence des groupes les plus avancés ; les rejoignent ainsi la  » Brigate d’Assalto Dante di Nanni « , responsable de nombreuses attaques armées, mais aussi la  » Brigate Proletaria Erminio Ferretto en 1974, beaucoup de membres des Formations Communistes Armés en 1975, ou encore des Noyaux Communistes.

Le 1er mars les NAP et les BR agissent en commun contre des casernes de carabinieri à Milan, Turin, Naples, Florence, Rome, Pise.

Le 5 mars dans la prison de Poggioreale 10 militants des NAP se barricadent après une tentative ratée d’évasion. Ils réclament la diffusion d’un communiqué, et libèrent les otages 12 heures après, leur demande de déplacement ayant été accepté. Leur procès est fait le 12 mars, trois prisonniers dénoncent la torture subie. Les prisonniers prennent deux ans en plus chacun, une voiture piégée explose devant le tribunal.

Le 12 mars toujours, à la suite d’affrontements de manifestants avec la police, un bâtiment de la DC est attaqué à Rome. En avril les BR incendient les voitures de politiciens de la DC et jambisent un chef de FIAT à Turin.

Le 28 avril 77 le président de la chambre des procureurs Croce est exécuté. Le 8 mai les NAP blessent grièvement le juge Dell Annua, notamment responsable du procès de l’exécution d’Anna Maria Mantini. Le 11 mai deux membres des NAP prennent 19 et 15 ans de prison.

Le 1er juin 77 le vice-directeur du journal de Gênes  » il secolo XIX  » est jambisé, le lendemain c’est au tour du fondateur d’il Giornale à Milan, Indro Montanelli, et enfin le 3 juin à Rome d’Emilio Rossi directeur de la rédaction des informations de la RAI.

Il y aura jusqu’en juillet 7 autres jambisations. Le 20 août 11 prisonniers des NAP s’évadent du camp de Lecce.

Il y a 5 jambisations en automne. Le 16 novembre à Turin les BR exécutent Carlo Casalegno, vice-président de la Stampa (qui fait partie de la presse contrôlée par Agnelli).

Le 22 novembre les NAP attaquent le chef antiterroriste Noce et son escorte. Le militant des NAP Zichitella est exécuté après l’action.

Début 78 d’autres jambisations sont menées, contre le chef de section de la FIAT de Turin, contre un responsable de la compagnie des téléphones à Rome, contre un responsable de Siemens à Milan, contre un fonctionnaire de la DC à Gênes.

Le 29 janvier deux militantes des NAP s’enfuient de la prison de Poggioreale de Naples, dont Franca Salerno (arrêté en été 1976 alors qu’elle était enceinte, son compagnon étant exécuté).

Le 16 février 78 un membre de la cour de cassation est exécuté par les BR. Le 10 mars c’est un officier des carabinieri qui est tué par les BR.

Le 16 c’est Aldo Moro qui est enlevé ; un dirigeant de prison et un dirigeant policier sont exécutés le même jour. Le 9 mai le cadavre d’Aldo Moro est retrouvé dans une voiture à mi-chemin des bâtiments centraux de la DC et du PCI. Par cette action les BR frappent au plus haut niveau. Elles visaient le  » compromis historique « , alliant le PCI et la Démocratie-Chrétienne.

La ligne était passé entre le 13ème (début 1972) et le 14ème (début 1974) congrès du PCI, et visait à la rationalisation de l’économie en 5 ans. En attaquant Moro les BR attaquent de front sa réalisation, ébranlent le système politique, et partant de là leurs propres structures.

9.L’attaque au cœur de l’Etat (1978/1979)

Il y a en 1978 au moins 638 actions armées révolutionnaires, dont 106 menées par les BR. Les autres groupes se comptent par centaines .

Il y a également une réorganisation qui se fait ; ainsi, Prima Linea et les Formations Communistes Combattantes créent un commandement national unifié. La lutte contre la répression est quasiment centrale ; est ainsi exécuté le 11 octobre 1978 à Naples Alfredo Paolella, responsable de l’anthropologie criminelle à la prison de Pozzuoli.

On notera également des actions contre des vendeurs d’héroïne, par le Movimento Proletario di Resistenza Offensiva – Nucleo Antieroina, qui prendra par la suite le nom de Guerriglia Comunista.

Mais  » l’attaque au coeur de l’Etat  » a mené les BR à un autre niveau de lutte, ouvrant de nouveaux espaces. Si de 1972 à 1977/78 les BR n’étaient qu’un groupe au sein d’un large mouvement social, l’écroulement du mouvement autonome en 77 faute de débouchés politiques pour les larges masses et l’ampleur de la répression contre toute la sphère légale fait que les BR deviennent centrales dans la lutte pour le communisme.

Les prisonniers brigadistes pourront ainsi dire en 1980 que  » la situation politique présente se trouve entre deux phases : nous ne sommes plus dans la phase de propagande armée, et pas encore dans celle de la guerre civile « .

Pour comprendre ces deux années, il faut comprendre ce qui se révélera en décembre 1980, avec la publication de  » l’Ape e il comunista « ,  » l’abeille et le communiste « , qui rassemble des  » Eléments pour la critique marxiste de l’économie politique et pour la construction du programme de transition au Communisme « .

Ce document, véritable pavé rassemblant les thèses brigadistes, a été écrit par un collectif de prisonniers, qui ne reflète qu’une tendance existante dans les BR alors, une tendance plus mouvementiste, plus guérillera.

Ainsi, les  » XX thèses finales  » mettent en avant les concepts de  » système de pouvoir rouge  » et d' » organismes de masse révolutionnaires  » que l’on retrouvera plus tard au centre du futur projet du Parti-Guérilla du Prolétariat Métropolitain.

Mais quoi qu’il en soit, au niveau stratégique pour les BR il s’agit désormais d’effectuer la tâche de  » destruction des forces politico-militaires de l’ennemi et de la conquête du pouvoir « .

Les BR catalysent à ce moment là l’essentiel de la guérilla. Les autres groupes ont échoué par incapacité théorique et technique. Ainsi les militantEs de Prima Linea -1ère ligne, guérilla issue et membre de l’autonomie- se font exécuter en plein jour par les forces de répression à cause de leur statut de semi-légalité. Quant à la direction arrêtée, elle brade tout ( » il n’est jamais trop tard pour sortir du communisme  » ira jusqu’à dire l’un d’eux).

Rien qu’en 78 les BR mènent 25 exécutions. Il y a également l’appui d’autres groupes pour les campagnes, comme les formations communistes combattantes, qui exécutent le procureur de Frosinone le 8 novembre 1978 et oscillent idéologiquement entre PL et les BR.

L’Etat joue alors intelligemment avec les  » pentiti « , les repentis, qui voient leur peine minimisée s’ils parlent. Patrizio Peci est le plus connu d’entre eux et responsable de nombreuses arrestations ; il est issu des PAIL (Proletari Armati in Lotta, 1973-1975), un groupe ayant rejoint les BR. L’Etat n’hésite pas à payer des opérations de chirurgie esthétique et à dépenser beaucoup d’argent pour défendre sa bourgeoisie.

C’est également en 1978 que les BR développent le thème du MPRO, le Mouvement Prolétaire de Résistance Offensive :  » Nous appelons MPRO l’aire du comportement de classe antagonique suscité par l’aggravation de la crise économique et politique ; l’aire des forces, des groupes et des noyaux révolutionnaires qui donnent un contenu politico-militaire à leur initiative de lutte anticapitaliste, anti-impérialiste, anti-révisionniste et pour le communisme « .

A partir de mars 79 les BR appellent  » à isoler les Berlingueristes [Berlinguer est le secrétaire du PCI] de la classe ouvrière, à les exclure, à les traiter comme les pires ennemis du prolétariat « .

De fait, le 24 janvier 79 les BR avaient exécuté un syndicaliste membre du PCI pour avoir dénoncé à la police un de leurs  » messagers « . Le PCI assume très bien son statut de contre-révolutionnaire et appelle à la défense de la république contre le  » terrorisme « .

Plus tard, une brigatista, Raffaelle Fiore, est arrêtée le 19 mars 79.

Le 18 juillet 1979 Prima Linea exécute le patron du bar Angelo de Turin, qui avait donné à la police des militantEs de PL immédiatement exécutés par la police (Barbara Azzaroni  » Carla  » et Matteo Caggegi  » Charlie « ).
Le 29 janvier 1979 PL avait également exécuté un juge spécialisé dans les structures des organisations révolutionnaires.

Les BR lancent ensuite une campagne contre la DC à l’occasion des élections parlementaires italiennes et européennes. Le 29 mars 79 un commando de la colonne romaine exécute un fonctionnaire de la DC et un haut représentant de FIAT.

Un policier est tué par la suite. Le 3 mai 79 un commando de 15 brigatisti pille à 10 heures du matin un siège de la DC, affrontant au passage quelques carabinieri.

L’Etat italien trouve alors une réponse tactique pour casser la résonance des BR, consistant en l’arrestation du théoricien de l’autonomie, Toni Negri, le plus grand critique des BR, pour l’accuser d’en être le chef.

L’Etat entend ainsi diviser le mouvement de masse, d’autant plus que les BR, n’ayant pas trouvé (ni pratiquement ni théoriquement) les moyens d’agir en terrain ouvert, sont forcément en retrait par rapport à ce nouveau processus.

En effet, pour une fraction de l’autonomie, les brigadistes ne sont pas des  » camarades se trompant tactiquement, mais des prolétaires se trompant stratégiquement « .

Les heurts entre ces autonomes anti-guérilla (et critiquant ainsi plus que non solidairement les autonomes pro-guérilla) et les BR se feront nombreux au fur et à mesure, et encore plus lorsque la répression tombe sur les anti-guérilla (à cause soi-disant des pro-guérilla).

L’arrestation le 7 avril 79 de Toni Negri et de 21 personnes de l’autonomia provoque donc plus que des remous entre partisans de la prise du pouvoir à la Lénine et défenseurs du  » travailleur social  » et des marginaux comme nouveaux sujets révolutionnaires.

Toni Negri ne démordra pas, et sera longtemps prof de fac à Paris VIII. Il trouve régulièrement un nouveau sujet révolutionnaire à chaque mouvement social, en 95 on a ainsi eu droit au « salarié bio-politique » (?!). Reparti en Italie, où ses livres sont disponibles partout depuis longtemps, il est arrêté, puis mis en semi-liberté.

La revue autonome  » Rosso « , issu du Gruppo Gramsci passé dans l’autonomie, explique les différences entre autonomes [anti-guérilla] et les BR:  » les autonomes sont pour le parti de Mirafiori, les br pour l’attaque au cœur de l’Etat « . En 1978 la rupture est consommée.

Après les élections, Prospero Gallinari, un membre important des BR, est arrêté après une fusillade le 24 septembre 79. Les BR sont quasiment les seules à mener des actions armées fin 79; seule existe encore la guerriglia diffusa, la guérilla diffuse des autonomes pro-guérilla mais non-organisés. 5 policiers sont tués ainsi que trois surveillants de prison.

Prima Linea,  » la  » guérilla autonome, développe son action. Entre autres, un gruppi di fuoco occupe une école de gestion de Turin, rassemble toutes les personnes dans une salle, choisit cinq responsables de FIAT et Olivetti et les cinq plus vieux étudiants, les font se mettre à genoux et tirent dans les jambes.

Un ingénieur de FIAT, responsable de la planification et de la logistique, est également exécuté.

Début 80, 5 brigadistes sont exécutés par les unités spéciales. Le 12 février 80 le vice-président de la plus grande association de la justice italienne est exécuté à Rome par les BR.

Le 5 février 1980 Prima Linea exécute un responsable d’Icmesa, une usine de Seveso responsable d’une grave pollution toxique.

Le 16 mars 80 c’est au tour du procureur en chef de Salerno, Nicola Giacumbi, exécuté par un groupe indépendant sous le nom de  » Brigades Rouges colonne Fabrizio Pelli  » (le groupe rejoignant par la suite, en prison, les BR).

Le 18 c’est le cas de Minervini, membre de la cour de cassation et fonctionnaire du ministère de la justice. Le 19 c’est Prima Linea, groupe de feu Valerio Tognini qui exécute le juge Guido Galli, expert de la contre-guérilla. Le 28 mars 80 à Gênes la police exécute les brigadistes Lorenzo Betassa, Piero Panciarelli, Anna Maria Ludmann, Riccardo Dura.

Le 1er avril 80 la colonne milanaise Walter Alasia va à une réunion électorale de la DC, choisit parmi les trente personnes présentes 7 fonctionnaires de la DC et les jambise. Après deux actions similaires à Rome la colonne Vénétie exécute à Mestre le 12 mai 80 un membre de la DIGOS (la police spéciale).

Le 29 avril 80 Roberto Sandolo de Prima Linea était arrêté à cause d’un leader de PL repenti, William Vaccher, qui sera exécuté par PL. Mais Sandolo se repent aussi et le dernier commando de PL est démantelé par le police.

Le 19 mai 1980 la colonne napolitaine exécute Pino Amato, conseiller municipal de la DC.

A Milan se forme un nouveau groupe, la Brigata XXVIII Marzo, du jour de l’exécution par la police de quatre camarades. Ce groupe revendique la jambisation le 7 mai 80 du rédacteur de la Repubblica. Le 29 mai le groupe exécute Tobagi, reporter de la Corriere della Serra, et président de l’association lombarde des journalistes. Les membres du groupe seront arrêtés en septembre.

En octobre 1980 est publié une nouvelle résolution stratégique.

Le  » prolétariat métropolitain  » y est clairement présenté comme le sujet révolutionnaire.

Le 12 décembre le juge Giovanni D’Urso est enlevé, la libération de prisonniers politiques exigée.

Le 28 décembre a lieu une révolte dans la prison spéciale de Trani, en soutien à l’action des BR. Le 30 la police intervient et torture les prisonniers.

Le 31 les BR exécutent en réponse le général carabinieri Galvagli, bras droit de Dalla Chiesa, responsable de la coordination des forces de sécurité et des prisons.

Pour les BR D’Urso est condamné à mort, mais décident de laisser les prisonniers décider. Ceux-ci demandent sa libération, ce qui est fait le 15 janvier 85, après la publication dans les journaux d’une interview des BR, du protocole du jugement fait par les BR et d’articles sur ce qui s’est passé à Trani.

10.1981 : les BR sont seules

1981, c’est l’année de la solitude pour les BR après l’échec définitif de la guerriglia diffusa, la  » guérilla diffuse « . Prima Linea n’a également pas tenu le choc ; des militantEs se sont dissociéEs, et les différents congrès de l’organisation n’arrivent pas à inverser la tendance.

Une partie rejoint les BR , une autre forme un  » pôle organisé « , finalement est formé le groupe des COLP,  » Comunisti Organizzati per la Liberazione Proletaria « .

Ne restent donc plus que les BR, qui s’appuient surtout sur:
o la colonne romaine,
o la colonne napolitaine,
o la colonne Vénétie,
o la colonne Walter Alasia de Milan.

Cette dernière a exécuté en automne 80 deux managers de chez Marelli & Falk, et pratique un  » réformisme armé « . Elle profite de l’arrivée de militants des NAPO (Nuclei Armati per Il Potere Operaio).

De multiples actions sont menées. En Janvier à Milan, la colonne Walter Alasia, qui prend de plus en plus le large avec la direction des BR, exécute le directeur du grand hôpital, la  » Policlinico « . Son mot d’ordre :  » construisons le Parti Communiste Combattant « . A Rome, les BR exécutent le général de gendarmerie Enrico Galvaligi. Le 7 avril, deux policiers sont tués.

Les BR lancent alors une offensive simultanée, qui va montrer les différentes conceptions des colonnes. L’offensive est générale, mais chaque colonne considère les choses selon son point de vue.

o La colonne napolitaine
Le 27 avril la colonne de Naples exécute l’escorte du député Cirillo et enlève celui-ci.

Responsable démocrate-chrétien de la région Campania, Cirillo se voit exiger de nouveaux logements et le paiement d’indemnités pour le tremblement de terre en Italie du sud de novembre 80. La colonne a ici comme stratégie d’élever le niveau de lutte des chômeurs et des sans-logis :  » contre la restructuration du marché du travail, soutenir les luttes du prolétariat marginal et illégal, et construire les organisme de masse révolutionnaire « .

La ligne de la colonne se veut clairement mouvementiste, et un document est même signé :  » Front des Prisons, Colonne de Naples. Pour le Communisme, Brigades Rouges « .

o La colonne Vénitie
Le 20 mai la colonne Vénétie enlève Talierco, directeur de l’usine Montedison de Mestre, par le commando  » Ana Maria Ludmann « . Il est considéré comme responsable des restructurations et des licenciements chez Montedison.

o La colonne milanaise
Le 1er juin la colonne Walter Alasia enlève l’ingénieur et directeur de l’organisation du travail chez Alfa-Roméo, Sandrucci, et exige l’abandon du licenciement prévu de 500 travailleurs de chez Alfa-Roméo.

Les documents publiés par les BR montrent une connaissance parfaite des restructurations, révélant par là même que les BR ont des sympathisants chez les cadres. Y sont analysés la situation de l’entreprise, le développement technologique, et constatés que la rationalisation de la production ne va pas dans le sens d’une humanisation, mais dans celle de l’intensification du travail salarié.

Le 30 octobre est arrêté le chef présumé de la colonne. Il a 25 ans, travaillait chez Alfa-Roméo depuis 1977, était délégué depuis 1979 ainsi que membre de la commission exécutive du Conseil d’Usine, et est passé en 1980 dans la clandestinité.

o La colonne romaine
Le 11 juin c’est la colonne romaine qui donne le ton, en enlevant et exécutant le frère de Patrizio Peci, Roberto, qui est lui-même un repenti (Patrizio Peci, arrêté en février 1980, étant le repenti ayant balancé le plus de noms à la police). Le 19 juin l’avocat de Patrizio Peci est jambisé. La colonne revendique les actions au nom du  » front des prisons ».

La colonne romaine est très proche de la ligne mouvementiste, en raison de son origine : elle provient notamment de deux groupes de la  » guérilla diffuse  » : les « Formations armées communistes « , créées en 1974 et les  » Unités Combattantes Communistes « .

Ce dernier groupe avait tenté en 1976, en enlevant un négociant de viande, de faire vendre 70 tonnes de viande à bas prix dans des quartiers prolétaires de Rome.

Les  » résultats  » diffèrent selon les colonnes.

Cirillo est ainsi libéré après la reconstruction des maisons et la distribution d’allocations chômage.

Le  » porc Talierco  » est par contre exécuté par la colonne Vénétie.

Sandrucci est lui libéré après 51 jours suite à une distribution de tracts brigadistes dans l’usine, la publication de l’interrogatoire de Sandrucci et l’abandon des licenciements.

Les positions au sein des BR commencent donc à devenir sérieusement divergentes. Les multiples activités sur le plan militaire ont amené à une dérive militariste.

En juillet, la colonne Walter Alasia de Milan publie ainsi un document de 21 feuillets où elle critique ce qu’elles considèrent comme des  » déviations  » au sein des BR. En automne c’est la colonne vénitienne qui éclate. La majorité conserve le nom de  » Anna Maria Ludmann  » et prépare l’enlèvement du général américain Dozier, conservant l’orientation générale.

Une partie rejoint elle les positions mouvementistes, qui aboutiront à la constitution du  » Parti-Guérilla  » et se prépare à attaquer la prison de Rovigo, d’où elle fera s’évader Suzanna Ronconi et trois autres militantes.

Une partie prend le nom de Colonne 2 août (en référence à des affrontements sanglants entre ouvriers et policiers à Porto-Marghera le 2 août 1970).

La scission se consomme alors définitivement, avec la publication de deux textes théoriques, représentatives des deux tendances principales existantes dans les BR.

Deux différentes  » Résolutions de la direction stratégique  » paraissent en décembre.

Celle de la minorité tout d’abord. Le document  » Crise, guerre et internationalisme prolétarien « , qui fait à peu près 300 pages, a été écrit par la  » Brigade de Palmi  » des BR, constituée du noyau historique emprisonné, notamment Renato Curcio.

Une nouvelle organisation se forme le 16 décembre 1981, se référant à la ligne de ce document : les Brigate Rosse – Partito Guerriglia del proletariato metropolitano (Brigades Rouges – Parti Guérilla du Prolétariat Métropolitain).

Les BR-PGPM sont principalement issues du fronte carceri (front des prisons) romain et napolitain ; le petit groupe  » potere proletario armato  » appuiera cette ligne.

Leur activiste principal est Giovanni Senzani, qui considère que le système a intégré la classe ouvrière et qu’il faut s’appuyer sur le  » proletariato extralegale « , prolétariat des travaux illégaux et au noir, pour former la guérilla, seule force libératrice dans les métropoles.


Les BR-PGPM considèrent que  » le mode de production capitaliste n’est plus régulé par la loi de la valeur-travail « , et qu’il faut donc  » déclencher la guerre sociale totale « . Le terme de Parti-Guérilla provient d’un communiqué des Brigades rouges du 4 avril 1971, distribué à l’usine Pirelli de Milan et repris dans le journal  » Nouvelle Résistance « , où est parlé de  » l’édification du Parti-Guérilla « .

La ligne majoritaire des BR est refusée et qualifiée de  » néo-révisionniste armée « . 

Le second document est intitulé  » Deux années de lutte politique  » et fait précisément 184 pages. Il sera joint au communiqué numéro 2 de l’enlèvement du général américain Dozier et retrace la lutte pour la ligne au sein des br.

La majorité des brigadistes, qui se reconnaît dans le texte, prend le nom de Brigate Rosse per la costruzione del partito comunista combattente (brigades rouges pour la construction du parti communiste combattant).

Le 17 janvier 1983, les BR-PCC publieront un texte décrivant leur stratégie générale, intitulé  » Replacer l’activité générale des masses au centre de l’Initiative « .

Elles partent du fait que de très graves problèmes internes ont désagrégé les BR :

 » A partir de 1980, chaque colonne de l’Organisation située dans les pôles métropolitains a affronté le problème de l’enracinement dans les situations en assumant certaines contradictions qui s’exprimaient localement, contradictions différentes d’une ville à une autre. Un plus grand enracinement et la désagrégation de la ligne politique sont allés de pair.

Privée d’une ligne politique qui saisisse la contradiction principale (celle entre mouvement de classe et pratiques de la bourgeoisie) et l’aspect principal de cette contradiction, c’est-à-dire le projet politique dominant dans une conjoncture donnée, privée donc d’une identité de ligne, de stratégie générale, mesurée sur la situation concrète, l’Organisation Brigades rouges a fini par assumer autant d’identités qu’il y avait de pôles principaux d’intervention. Les scissions de 1981 sont le couronnement organisationnel d’un processus de fragmentation politique en oeuvre depuis longtemps. »

Un autre document, intitulé  » Politique et révolution  » et écrit par des membres dirigeants des BR-PCC, résume la problématique des années 1979-1980, c’est-à-dire l’incapacité à assumer le dépassement de la phase de propagande armée, dépassement devant être une conséquence de l’offensive du printemps 1978.

L’option était alors de  » Frapper au cœur le projet de la bourgeoisie qui, avec la Démocratie Chrétienne et Moro, se proposait, par le biais du compromis historique avec le PCI, de pacifier le prolétariat et de vider les luttes de celui-ci de leur contenu « .

L’organisation communiste combattante devait alors se transformer en Parti, ce qui fut empêché par l’enracinement foncièrement local de chaque colonne brigadiste et l’absence d’unité conséquente à cela.

Les BR-PCC lancent alors une offensive, pour reprendre l’initiative.

Le 17 décembre la colonne Vénétie enlève à Vérone le chef de l’OTAN pour l’Europe méditerranéenne, le général US James Lee Dozier.

Cette action est dirigée contre le  » projet de guerre réalisée par l’OTAN, le plan économico- politico- militaire de la bourgeoisie impérialiste de préparation d’une troisième guerre mondiale « . La répression est organisée par l’Etat italien, la CIA, l’armée US et des experts de R.F.A.. Les arrestations sont très nombreuses, et pour se protéger les BR-PGPM coupent tous les ponts avec les BR-PCC.

11.La défaite de 1982

Le 3 janvier 82 la colonne deux août libère quatre brigadistes de prison ; les COLP et le Noyau des Communistes libèrent quatre prisonniers de PL.

A Rome Ennio di Roco et Stefane Petrella sont arrêtés et parlent sous la torture. Le 9 janvier 82 Giovanni Senzani, le leader du PGPM, est arrêté; fin janvier tout le centre de l’Italie est contrôlé et les arrestations sont légion.
Le 27 janvier 82 un brigadiste est arrêté, le 28 Dozier est libéré par les unités spéciales, les brigadistes Emanuela Frascella, Antonio Savasta, Cesare Di Leonardo, Emilia Libera et Giovanni Ciucci  » arrêtés « , torturés, puis officiellement arrêtés au bout de quelques jours. Seul Leonardo ne parle pas sous la torture.

Environ 1000 personnes eurent alors maille à partir avec la justice pour  » participation aux activités d’un groupe terroriste « .

A Rome, le vice-directeur de la police anti-terroriste de Rome est grièvement blessé.

A Rome, la colonne napolitaine (BR-PGPM) attaque une caserne dans le sud de la ville, s’emparant de 2 mortiers de 60, 2 lance-roquettes, 4 fusils-mitrailleurs, 20 fusils d’assaut et 6 pistolets-mitrailleurs.

Mais la situation est difficile. En trois mois, il y a eu plus de 200 arrestations de brigadistes ; près de 30 bases ont été découvertes. Et en mars, les BR-PCC annoncent l’ouverture d’une phase de retraite stratégique.

 » L’avant-garde doit apprendre à pratiquer la retraite stratégique, se retirer au sein des masses et construire parmi elles le système de pouvoir prolétaire armé « .  » Dans la retraite stratégique, l’avant-garde, en étroite dialectique avec les masses, prépare l’offensive « .

La défaite de l’action contre Dozier trouve sa source dans un  » écart entre les contenus des luttes « , c’est-à-dire le niveau de conscience de la classe, et le  » subjectivisme  » qui s’est développé dans l’organisation et a éloigné celle-ci de l’affrontement réel.

Le PGPM attaque alors violemment les br-pcc, considérées comme allant vers la reddition. La distance séparant les deux organisations se montrent dans l’attitude des prisonnierEs au procès Moro, en avril.

Les partisanEs du PGPM écrivent un  » communiqué n°1 « , signé:  » des militants du PGPM « , et appellent à  » reprendre l’offensive « , à travailler à la  » recomposition du prolétariat métropolitain dans la construction du système de pouvoir rouge « , à la  » redéfinition pratique d’un authentique internationalisme prolétarien « .

A l’opposé, les  » militants de l’Organisation Communiste Combattante Brigades Rouges pour la Construction du Parti Communiste Combattant  » écrivent un  » communiqué n°1  » qui défend la position de la retraite stratégique.
Dehors, la répression continue. 34 brigadistes du PGPM se font arrêter à Rome.

Francesco Lo Bianco, membre de la direction stratégique et dirigeant de la colonne génoise des BR, est également arrêté.

Cela porte à trois (avec Mario Moretti, Giovanni Senzani) le nombre des membres de la direction stratégique incarcérés.

Le PGPM accentue la pression. Il mitraille un car de police (trois blessé graves) devant le tribunal du procès Moro. La colonne napolitaine du PGPM exécute le conseiller régional démocrate-chrétien Raffaele Del Cogliano, délégué au travail.

A Rome, deux policiers sont exécutés et délestés de leurs armes. En juillet, c’est l’exécution d’Antonio Ammaturato, chef de la brigade mobile de Naples. A la prison de Trani, un repenti est tué, Ennio Di Rocco.

Les derniers groupes autres que les BR-PCC et le PGPM disparaissent au fur et à mesure. En avril c’est la défaite pour les NAC (Nuclei Armati Comunisti), issus des NAPO et qui menaient la lutte armée depuis 1980 ; en prison les prisonnierEs des NAC se rallieront aux BR-PCC.

En mai, la situation continue de se durcir. Le PGPM subit des arrestations : 3 à Rome, 5 à Naples.

Un chef de la colonne Toscane des BR, Umberto Catabiani, est tué au cours d’une fusillade avec la police anti-terroriste. A Rome, Marcello Capuano, dirigeant de la colonne Romaine du PGPM, est arrêté.

A Milan, un noyau armé de la colonne Walter Alasia perd un brigadiste dans un affrontement armé (il y a en plus deux brigadistes blessés et un policier tué).

En août, le groupe  » prima posizione  » exécute un carabinieri. Quelques jours plus tard, le PGPM lance un commando de dix brigadistes, dont trois femmes, attaquer un dépôt d’armes de l’armée de l’air dans la banlieue de Rome ( » volant  » en même temps une dizaine de fusils automatiques).

A Salerne c’est une caserne qui est attaquée. Quinze brigadistes, dont trois femmes, ouvrent le feu sur un convoi militaire : un policier est tué, deux blessés, deux militaires grièvement blessés. Le commando s’enfuit avec plusieurs armes automatiques.
En septembre un commando du PGPM vole quarante revolvers chez un armurier de Reggio de Calabre.

En octobre, un commando du PGPM exécute un carabinier, en blesse grièvement un autre et prennent leurs armes.
Cette dérive se cristallise dans une action discréditant totalement le PGPM : l’expropriation de la banque de Naples, à Turin. Deux vigiles sont exécutés alors qu’ils avaient été désarmés.

Les BR-PCC attaquent violemment le PGPM en raison de cette action dans le texte  » Sur l’action de Turin « . Puis, en décembre, le  » noyau historique  » à l’origine du projet de PGPM se dissocie de l’entreprise. Prenant le nom de  » collectif ce n’est que le début « , il regroupe Renato Curcio et 18 autres brigadistes, à l’origine pour la plupart de  » L’abeille et le communiste  » (décembre 1980) et de la  » Résolution de la direction stratégique  » de décembre 1981, intitulée  » Crise, guerre et internationalisme prolétarien « .

Le PGPM continue à subir la répression : en octobre Vittorio Bolognesi et dix autres membres de la colonne napolitaine sont arrêtés. Cinq importantes caches du Parti-Guérilla sont découvertes dans la banlieue de Naples. Natalia Ligas (24 ans), chef  » militaire  » de la colonne napolitaine du PGPM, est capturée à Turin ; en Novembre c’est une catastrophe : 19 arrestations dont celle d’Antonio Chiocchi, l’un des chefs de la colonne napolitaine du PGPM. Puis c’est l’arrestation de brigadistes à Milan : au total 32 depuis le début de novembre, de 4 membres de la colonne turinoise.

L’année 1982 est en fait celle de la débâcle. 915 militantEs arméEs de divers organisations ont été arrêté. Sur le plan militaire la régression est patente : il y aura 580 attentats, contre 849 en 1981, 1264 en 1980, 2366 en 1979. 26 militantEs ont été tué, comme en 1981. 1523 membres des BR sont en prison, sans compter les membres d’autres groupes et organisations.

12.La tentative de réorganisation (1983)

L’année marque un tournant pour les BR. En janvier tout d’abord, la colonne milanaise Walter Alasia, en cours de reconstitution, est anéantie par la répression. Le noyau des communistes, actif depuis sa sortie de Prima Linea en 1981, est également anéantie.

Les restes des brigadistes publient un texte intitulé  » Encore un pas… « , qui attaque le PGPM pour son action à Turin ( » une provocation contre-révolutionnaire « ) et constitue une autocritique ( » Nous n’avons pas su dépasser la grille des usines »).

Quelques jours plus tard, Adrinao Carnelutti, un historique des BR clandestin à Milan, se fait arrêté, puis en février c’est le tour de Dario Facceo, fils d’un député du parti Radical.
L’activité politico-militaire se réduit au profit de nombreux débats.

Renato Curcio écrit un texte au nom du  » Vatican collectif « , groupe mouvementiste de détenus de Palmi. On peut y lire que  » le cycle de lutte révolutionnaire armée commencé en 1978 est achevé « .
Le PGPM a été une expérience qui a échoué, mais l’objectif reste  » la révolution sociale totale dans la métropole impérialiste « . Il faut s’adapter aux conditions nouvelles.  » La guérilla des années 80 devra rechercher et développer dans sa pratique les langages métropolitains de la transition vers le communisme « .

Renato Curcio effectue alors une série de recherches sur la nature du prolétariat métropolitain, et les moyens de le faire agir.

Avec Franceschini, un autre  » historique « , il publie le très difficile texte  » Gouttes de soleil dans la cité des spectres… « , où la guérilla est considérée comme le dernier espoir de l’humanité noyée dans le capitalisme.
Le document commence ainsi :

 » Les routes que nous avons suivies nous ont fait finalement  » monter de la terre jusqu’au ciel  » et nous aventurer dans le château enchanté de l’idéologie.

Nous en avons dévoilé le jeu perfide des miroirs, inspecté les passages secrets, dessiné la carte.

Maintenant que les monstres sont apprivoisés, nous pouvons revenir sur terre et affronter les labyrinthes fantasmagoriques de la vie : la métropole, désert peuplé de spectres, lieu de l’aliénation totale et de la révolte radicale, produit du capital dans la phase mourante de la domination réelle totale.
Ghost town, justement, comme le titre de l’hymne reggae de la révolte de Brixton. Vivisectionnons la bête « .

Curcio et Franceschini disent en fait que la situation a changé depuis Marx ; celui-ci pouvait dire que  » l’ouvrier travaille pour vivre. Pour lui-même, le travail n’est pas une partie de sa vie, il est plutôt un sacrifice de sa vie. C’est une marchandise qu’il a adjugé à un tiers. C’est pourquoi le produit de son activité n’est pas non plus le but de son activité… La vie commence pour lui où cesse cette activité, à table, à l’auberge, au lit « .

Mais selon Curcio et Franceschini, cela n’est plus vrai aujourd’hui : le prolétaire est désormais également au service du capitalisme même quand il ne travaille pas, par la consommation.

La thèse principale est la suivante :  » Nous appelons domination réelle totale cette phase dans laquelle le capital a occupé tous les interstices de la formation sociale en les pliant à ses besoins.

Aujourd’hui, il a non seulement construit  » un mode de production sui generis « , mais une  » formation sociale sui generis  » : la métropole informatisée (…).

Ce qui signifie une modification qualitative profonde, une révolution capitaliste des besoins, des goûts, de la mentalité, de la morale… en un mot, de la conscience. Et une production des appareils, des instruments nécessaires à cela.
C’est ainsi que naît une nouvelle branche de la production,  » l’usine de la conscience « , avec ses fonctionnaires correspondants ; usines des modèles de consommation, des systèmes idéologiques, des systèmes de signes ayant pour but la réalisation-reproduction de la plus-value relative, du rapport social dominant.

La production n’est plus seulement production indirecte de consommation (dans le sens que toute production présuppose une consommation), mais elle se constitue aussi aujourd’hui comme  » production directe de consommations  » : à côté de la production d’objets marchandises, il y a la production de besoins-consommations-conscience-idéologie ; en même temps que la production de plus-value relative, il y a la production spécifiquement capitaliste de ses conditions de réalisation.

 » Production de marchandises  » et  » production de systèmes idéologiques  » sont aujourd’hui concrètement, visiblement, les deux côtés, les deux aspects du même processus : le travail en tant qu’activité conforme à un but. Elles sont produites et vivent simultanément dans le même espace-temps ; pour se reproduire, le capital doit reproduire simultanément les deux déterminations (…).

La métropole est l’usine totale.

L' » usine à objets-marchandises  » est seulement l’un de ses secteurs, tout comme l’est l' » usine à idéologie « . Il faut alors caractériser la composition de classe, le prolétariat, non seulement en relation avec l' » usine partielle  » mais aussi avec l' » usine totale « , la métropole dans sa globalité. Il doit être vu non seulement comme force de travail, capacité de travail, mais aussi comme consommateur conscientisé, idéologisé.
Toute distinction mécaniste entre force de travail et formes de sa conscience tombe donc d’elle-même : le prolétariat dans la métropole est en même temps force de travail du capital et consommateur-conscience de celui-ci, son produit programmé et finalisé.

Tout réductionnisme à un seul des deux termes, toute séparation plus ou moins rétro-agissante de ceux-ci, mène aujourd’hui inévitablement soit vers les bachotages laborieux de l’empirisme ouvriériste-usiniste, soit vers les envolées du subjectivisme idéaliste, interdisant la compréhension de la complexité des mouvements sociaux actuels « .

La conclusion pratique est la nécessité de la violence révolutionnaire :

 » Dans les conditions de la métropole, détruire les formations fétiches dans tous nos rapports sociaux est un impératif de la vie. C’est une thérapie sociale, la seule solution à la condition schizo-métropolitaine.

Devoir exercer la violence explosive devient une nécessité absolue !

Sans la pratique de la violence révolutionnaire, la simple survivance ne peut même pas être garantie, et surtout il n’y a aucune possibilité de re-fusion unitaire, dans un processus collectif de libération, de sa propre conscience éclatée. Exercer sa violence contre les fétiches du capital est l’acte conscient qui exprime le plus haut niveau d’humanité possible dans la métropole, parce que c’est au travers de cette pratique sociale que le prolétariat, en s’appropriant ainsi le processus productif vital, construit son savoir et sa mémoire, ce qui veut dire son pouvoir social, son identité « .

A l’extérieur, quelques actions ont lieu. Une gardienne de la prison de Rebibbia à Rome est exécutée après un  » procès populaire « , puis une gardienne de la prison de Poggioreale, à Naples. Ce seront les dernières actions du PGPM.

Le 3 mai 83 un  » noyau armé  » des BR jambise Gino Giugni, professeur d’université et cadre de l’Etat (il a notamment plaidé le gel des salaire et est très proche de Craxi). Cette action forme selon les BR-PCC  » le premier moment de reformation de l’initiative révolutionnaire « .

Dans ce premier communiqué depuis la débâcle de 1982 la thèse du parti guérilla est vivement critiquée. Pour le parti guérilla l’antagonisme dans les rapports sociaux est spontané, suinte de lui-même, et amène des mouvements de masse toujours plus grands contre la réalité métropolitaine.

Or, les BR-PCC refusent de  » suivre  » le prolétariat métropolitain, ne se veut ni  » expression  » de lui ni encore son  » représentant « , seulement une  » composante « , un  » élément « .  » Avant-garde dont la direction peut et doit permettre au prolétariat de se former comme classe dominante « .
Il s’agit de  » mener à fond une bataille politique qui soit en mesure de défaire politiquement, dans le prolétariat métropolitain, toutes les influences néfastes de thèses qui visent consciemment à la liquidation de plus d’une décennie de projets révolutionnaires dans notre pays « .

Un groupe d' » irréductibles  » emprisonnés, rassemblant Andréa Coi, Prospero Gallinari, Francesco Piccioni et Bruno Seghetti, publie alors  » politique et révolution « .

Pour ce groupe, l’objectif est de  » Retrouver une mentalité scientifique, politique, gagnante, majoritaire, attentive aux grands nombres, en enterrant la mentalité de ghetto idéal-désirante, existentialiste, sectaire, minoritaire et obnubilée par de micro-conventicules de « sujets d’avant-garde »  » .

13.BR-PCC et UdCC (1984-1987)

C’est l’année de la disparition des COLP, après de nombreuses actions (dont des expropriations en France, où tombera Ciro Rizzato).

En mars, les BR-PCC publient la Résolution stratégique N° 19 ( » Analyse de la situation, la lutte de la classe ouvrière et la situation politique générale italienne « ), un texte de 61 pages.

Au sein des BR-PCC, qui rassemble l’ensemble des derniers brigadistes puisque le PGPM n’existe plus, les débats continuent.

Une grande question est l’attitude vis-à-vis de l’Union Soviétique, alors que les USA de Reagan lancent une grande offensive.

Deux positions existaient, grosso modo. La première était celle de  » l’Ape et il comunista « , qui considérait de manière maoïste l’URSS comme un social-impérialisme, aussi dangereux que les USA.

La seconde, celle du  » groupe d’élaboration – 16 mars du camp de Trani « , disait à l’opposé qu' » on ne peut exclure par principe l’opportunité d’appuyer tactiquement aussi les forces qui font référence à l’URSS ou au soi-disant camp socialiste, bien qu’il soit clair que ce choix tout à fait contingent a lieu sans perdre de vue la tendance générale et stratégique, par rapport à laquelle le social-impérialisme constitue un impérialisme montant et dans la plus absolue et complète autonomie politique et organisationnelle « .

A cette divergence importante va en succéder une autre, qui concerne l’interprétation même du rôle de la guérilla.

Tout d’abord, il y a l’exécution le 15 février 84 du général US et commandant en chef des troupes de l’O.N.U. dans le Sinaï, Ray Leamon Hunt.

Hunt est  » l’un de ces fonctionnaires consciencieux qui, placés dans le monde entier, organise des saloperies innombrables  » au service de l’impérialisme US et au dépens des peuples luttant pour le droit à l’autodétermination et l’indépendance.

Les BR-PCC propose une ligne générale double, se voulant dialectique et interdépendante: l’attaque au cœur de l’Etat, le front anti-impérialiste.

Cette ligne est contestée par une minorité des BR-PCC, qui est exclue en 84. On parlera désormais des deux positions.

La première, dont les partisans gardent le nom de BR-PCC, s’orientent selon une option guérillera.

L’utilisation des armes ne se décide pas selon le jour J de l’insurrection,  » il s’agit d’une stratégie politico-militaire conduisant le processus révolutionnaire du début à la fin « . Le parti ne se construit pas parallèlement aux mouvements de masses, mais consiste en un  » parti communiste combattant  » montrant l’alternative, unifiant la classe par ses actions contre les stratégies de l’impérialisme.

Les partisanEs de cette position défendent l’héritage des BR-PCC. Ils/Elles critiquent la déviation du PGPM, influencé par  » Prima Linea  » (la guérilla semi-légale des autonomes pro-guérilla) et par les élucubrations du professeur de Padoue [Toni Negri],  » abandonnant le prolétariat métropolitain dans sa globalité comme sujet révolutionnaire et s’obnubilant sur ses franges extra-légales et sur les prisonniers « .

L’année 1982 est vu comme une année importante, nécessitant la  » retraite stratégique « .


En mars, les BR-PCC publient la Résolution stratégique N° 19 ( » Analyse de la situation, la lutte de la classe ouvrière et la situation politique générale italienne « ), un texte de 61 pages.
Au sein des BR-PCC, qui rassemble l’ensemble des dernierEs brigadistes puisque le PGPM n’existe plus, les débats continuent.
Une grande question est l’attitude vis-à-vis de l’Union Soviétique, alors que les USA de Reagan lancent une grande offensive.

Deux positions existaient, grosso modo. La première était celle de  » l’Ape et il comunista « , qui considérait de manière maoïste l’URSS comme un social-impérialisme, aussi dangereux que les USA.

La seconde, celle du  » groupe d’élaboration – 16 mars du camp de Trani « , disait à l’opposé qu' » on ne peut exclure par principe l’opportunité d’appuyer tactiquement aussi les forces qui font référence à l’URSS ou au soi-disant camp socialiste, bien qu’il soit clair que ce choix tout à fait contingent a lieu sans perdre de vue la tendance générale et stratégique, par rapport à laquelle le social-impérialisme constitue un impérialisme montant et dans la plus absolue et complète autonomie politique et organisationnelle « .

A cette divergence importante va en succéder une autre, qui concerne l’interprétation même du rôle de la guérilla.
Tout d’abord, il y a l’exécution le 15 février 84 du général US et commandant en chef des troupes de l’O.N.U. dans le Sinaï, Ray Leamon Hunt.
Hunt est  » l’un de ces fonctionnaires consciencieux qui, placés dans le monde entier, organise des saloperies innombrables  » au service de l’impérialisme US et au dépens des peuples luttant pour le droit à l’autodétermination et l’indépendance.
Les BR-PCC propose une ligne générale double, se voulant dialectique et interdépendante: l’attaque au cœur de l’Etat, le front anti-impérialiste.

Cette ligne est contestée par une minorité des BR-PCC, qui est exclue en 84. On parlera désormais des deux positions.
La première, dont les partisans gardent le nom de BR-PCC, s’orientent selon une option guérillera.

L’utilisation des armes ne se décide pas selon le jour J de l’insurrection,  » il s’agit d’une stratégie politico-militaire conduisant le processus révolutionnaire du début à la fin « . Le parti ne se construit pas parallèlement aux mouvements de masses, mais consiste en un  » parti communiste combattant  » montrant l’alternative, unifiant la classe par ses actions contre les stratégies de l’impérialisme.

Les partisanEs de cette position défendent l’héritage des BR-PCC. Ils/Elles critiquent la déviation du PGPM, influencé par  » Prima Linea  » (la guérilla semi-légale des autonomes pro-guérilla) et par les élucubrations du professeur de Padoue [Toni Negri],  » abandonnant le prolétariat métropolitain dans sa globalité comme sujet révolutionnaire et s’obnubilant sur ses franges extra-légales et sur les prisonniers « .

L’année 1982 est vu comme une année importante, nécessitant la  » retraite stratégique « .

 » La campagne de répression les déchaînée par l’Etat contre le mouvement révolutionnaire a, pour ainsi dire, seulement révélé et mis en évidence dans toutes leurs implications les symptômes d’une profonde crise politique qui existait avant cette période de tortures, des trahisons et des arrestations en masses « . Il faut donc  » relancer l’activité révolutionnaire dans notre pays sur des bases théoriques, politiques et organisationnelles plus solides et plus pures que par le passé « .

Mais, en tout cas  » en Italie ce n’est pas la lutte armée pour le communisme qui a été défaite, mais ses conceptions idéalistes et immédiatistes ont prévalu dans le mouvement révolutionnaire et dans les Brigades rouges même « .
Par rapport à la seconde position s’étant développé dans les BR-PCC, la Résolution stratégique N° 20 dit que  » les brigades rouges n’ont rien exclu d’autre qu’une tentative révisionniste de liquider les conquêtes politiques de 15 années de lutte révolutionnaire « .

Que nous dit la seconde position ?

Elle refuse le  » subjectivisme  » et  » l’aventurisme  » de la première position, son  » éclectisme théorique « . Elle met en avant le léninisme, rejette les thèses sur la  » guerre populaire prolongée « , et forme un nouveau groupe : l’Unione dei Communisti Combattente.

Pour l’UdCC il s’agit de faire de la propagande semi-légale; la lutte armée n’est pas une stratégie mais juste une  » méthode décisive « . Il n’y a pas de  » guerre populaire prolongée « , seulement une connexion tactique avec les masses à organiser, et ce dans le but de la révolution. Tout le discours sur le prolétariat métropolitain disparaît. A la guérilla des BR-PCC l’UdCC oppose la  » ligne de masse « , reliée à l’utilisation tactique de la lutte armée.

Au niveau international cette coupure fera grand bruit. Les BR-PCC travailleront avec la RAF pour un  » front anti-impérialiste  » en gardant leur spécificité (alors que la RAF et Action Directe adoptent une position totalement commune).

L’UdCC aura elle un bon écho chez les Cellules Communistes Combattantes (CCC) de Belgique, elles-mêmes proches du PC d’Espagne [reconstitué] dans leurs analyses.

En décembre, les BR-PCC attaquent un fourgon de transport de fonds. Un brigadiste est tué, sont blesséEs une brigadiste, deux gardiens et un passant. Les membres du commando disparaissent dans les HLM de la banlieue de Rome.
Début 1985, quelques actions sont menés pour se procurer des fonds, coûtant la vie à deux jeunes brigadistes. Un responsable anti-terroriste est exécuté.

Le 27 mars 1985 les BR-PCC exécutent le fonctionnaire dirigeant du syndicat CISL, Tarantelli. Ce dernier avait été conseiller de la banque centrale italienne, expert économique de la CISL, bras droit de Craxi, et avait travaillé à l’attaque contre la scala mobile (l’échelle mobile indexant les salaires sur l’inflation).

Après l’opération est diffusé le communiqué commun RAF/Action Directe, avec le communiqué de l’action des BR-PCC, où l’on peut lire que  » les Brigades Rouges ont l’intention de travailler au renforcement et à la consolidation du Front de lutte contre l’impérialisme occidental qui a trouvé ces derniers temps une vigueur renouvelée (…) par une campagne unitaire contre l’OTAN de la guérilla européenne en liaison dialectique avec l’exceptionnelle mobilisation de masse contre les missiles américains dans les métropoles européennes « .

En été 85 c’est l’apparition officielle de l’UdCC, qui rend public en octobre le  » manifeste et thèses de fondation de l’Union des communistes combattants « .

Les BR sont critiquées comme n’ayant pas su, après 78, construire une forte direction interne, pour ne pas être assez marxistes, pour avoir de graves manquements idéologiques et pratiques. Il s’agit pour l’UdCC, suivant le marxisme-léninisme,  » de se placer à la pointe du prolétariat et de mener la lutte jusqu’à la prise du pouvoir « .

Mais il faut attendre l’année 1986 pour que l’activité des deux organisations soient d’un niveau fort. Deux documents marquent cette année : la reparution de  » politique et révolution « , et la parution du livre  » Le prolétariat ne s’est pas repenti « , rassemblant 214 documents sur le problème des repentis.

Le ministre de l’intérieur reparle lui du  » retour de l’état d’urgence « .

En effet, les BR-PCC et l’UdCC vont effectuer un retour en force, et ce alors que la RAF, Action Directe et les CCC belges agissent et remplissent l’actualité.

Le 10 février 86 à Florence les BR-PCC exécutent Lando Conti, ancien ministre de la défense, proche du chef du parti républicain et ancien maire de la ville.
Conti est accusé d’être  » membre de la direction politico-entreprenante chargée de relier les intérêts économiques du secteur militaire aux intérêts généraux de l’impérialisme occidental « .

Les BR-PCC opèrent, comme dans les années 70, sur la relation entre crise et guerre.
Le 21 février un commando de l’UdCC jambise Antonio Da Empoli, membre du cabinet du premier ministre, chargé des affaires économiques et sociales. La militante Wilma Monaco (27 ans) est tuée dans l’opération.

En octobre l’UdCC publie un texte, où l’objectif annoncé est d’être  » l’avant garde consciente de la classe ouvrière « ,  » le détachement d’assaut de l’insurrection armée « .

En 1979, il y avait eu 2513 attentats en Italie; 1502 en 1980. Il y en a 30 en 1986. En 1980, le  » terrorisme  » fait 125 morts, 236 blessés. En 1986, 1 mort, 2 blessés. Il y a eu, en 1979 et 1980, entre 1500 et 1800 attentats par an, et 30 en 1986.

De 1969 à 1986, il y aura eu plus de 14600 attentats, 415 morts, 1180 blessés.

En janvier 1987 a lieu une fusillade à Rome, et trois militantEs de l’UdCC (dont deux jeunes sont totalement inconnuEs de la police) sont arrêtéEs : Paolo Casseta, Fabrizio Melario, et Geraldina Colotti.

Début février est publié un auto-interview des prisonniers Prospero Gallinari, Francesco Lo Bianco, Francesco Piccioni et Bruno Seghetti, militants des br-pcc.

 » Le fondement de toutes nos estimations est l’expérience concrète des br. Leurs résultats pratiques,  » historiques « , avant et au-delà du  » projet « , c’est-à-dire de la ligne politique par laquelle les résultats ont été matériels. C’est une découverte parce que la lutte armée n’avait jamais auparavant été pratiqué ou théorisé avec ces concepts, ni avec les mouvements de guérilla, ni par les partis communistes de la IIIème Internationale.

C’est de plus une découverte au sens que la véritable pratique et les dynamiques objectives, qui ont été mené par elle, indique selon nous une stratégie politico-militaire victorieuse qui va au-delà de la fixation théorique sur les buts qui ont été à l’origine ou ont orienté cette pratique « .

Le document met en valeur le principe découvert par les BR : l’attaque au cœur de l’Etat, et appelle à une réflexion sur le parcours mené jusque là.  » Seul un bilan politico-historique du rôle que la lutte armée des BR a joué dans l’histoire de l’affrontement de classe de ce pays peut contribuer à ce que soit défini scientifiquement une stratégie politico-militaire contemporaine « .

 » La ‘découverte’ stratégique essentielle qui a été faite par les BR est sans aucun doute ‘l’attaque au cœur de l’Etat’. L’expérience et la réflexion à ce niveau forment le véritable axe stratégique à partir de laquelle s’est produite l’identité politique et historique des br. En un certain sens les br ‘sont’ l’attaque au cœur de l’Etat. Sans ce centre de gravité de l’activité politico-militaire, la lutte armée en Italie n’aurait été qu’une apparition passagère, avec une signification politique beaucoup plus réduite.

Nous pensons par exemple à l’absence de signification historique de l’activité de Prima Linea, malgré qu’elle ait trouvé une certaine résonance et qu’elle ait mené de très nombreuses actions « .
Le 14 février 87 les BR-PCC attaquent un convoi et récoltent un milliard de lire.

Le 17 février, des prisonnierEs des BR-PCC diffusent un document au procès Moro-ter, où il est notamment dit que  » La stratégie de la lutte armée, la pratique de la guérilla, leur rôle historique est irremplaçable pour le prolétariat révolutionnaire, dans le cadre d’une lutte de classes prolongées pour écraser l’Etat et fonder la société socialiste « .
 » Cela unit chaque jour davantage les intérêts de notre révolution à ceux de tous le peuples et forces révolutionnaires qui combattent dans l’espace méditerranéen et au Proche-Orient contre un même ennemi, l’impérialisme occidental aux ordres des Etats-Unis.

Aux côtés de la guérilla européenne (…) les BR-PCC ont l’intention de développer leur processus révolutionnaire, avec la conviction que leur victoire dépend étroitement du renversement du rapport des forces, et de la défaite de l’impérialisme dans cette région (…)
– Renforçons le front anti-impérialiste en Europe Occidentale et autour de la Méditerranée !
– Solidarité avec le combat du peuple Palestinien !
– Guerre à la guerre ! Guerre à l’OTAN !
– Contre la guerre impérialiste, guerre de classes pour affirmer le pouvoir et la dictature du prolétariat ! « .

Le 21 février 87 l’UdCC exécute le général Licio Giorgeri, responsable des armements aéronautiques et spatiaux de l’armée de l’air.

Puis publie un document de 14 pages, distribué simultanément à Rome, Milan et Gènes, et un texte de 149 pages :  » Comment sortir de la situation d’urgence « . L’UdCC y donne comme mots d’ordre :  » Non à l’adhésion italienne à la guerre des étoiles !  » ;  » L’Italie hors de l’Otan  » ;  » Non à la politique de gendarme de l’Italie en Méditerranée ! Unité à la base de toutes les forces opposées aux néo-dictatures des gouvernements bourgeois !  » ;  » Hommage à la Camarade Wilma Monaco « Roberta » « .

Mais l’UdCC doit faire face à une répression dure. Elle a perdu beaucoup de membres jusqu’en juin, où est arrêtée à Rome l’ensemble de sa direction : Claudia Gioia, Massimiliano Bravi, Francisco Maïetta (leader de la colonne romaine, déjà arrêté en France dans le cadre d’une enquête sur Action Directe), Danielle Menella (archiviste du ministère de l’Intérieur), Paolo Persichetti, qui sera étudiant à Saint-Denis en France.

Des bases sont découvertes, 14 militantEs sont arrêtéEs en tout, puis 4 autres, puis finalement à Paris Maurizio Locusta (37 ans, en possession de faux papiers et de 70.000F.), un des leaders de l’UdCC, avec 3 autres militants.
Arrestation ensuite de 6 autres militantEs à Rome dont Aldo Balducci, 30 ans, employé au ministère des Travaux Publics, et Maurizio Falcone, chauffeur d’un Préfet au Ministère de l’Intérieur !

D’autres arrestations suivent, portant fin août à 30 le nombre de militantEs arrêtéEs. 11 autres sont arrêtés en septembre, 3 en novembre.

L’UdCC est définitivement démantelée.
Seules restent les BR-PCC, d’autant plus que certains de leurs leaders historiques emprisonnés abandonnent la lutte armée, et que le noyau historique des BR originelles s’est lui-même dissocié de la lutte armée : Renato Curcio, Mario Moretti, Maurizio Janelli et Piero Bertolazzi écrivent une  » lettre ouverte  » au quotidien  » Il Manifesto  » où est expliqué que  » les conditions internationales qui avaient favorisé cette lutte sont désormais dépassées  » et qu’une amnistie était nécessaire.

En octobre est publié un document de Barbara Balzerani, Luigi Novelli, Giuseppe Scirocco, Piero Vanzi, où est dit que  » Les transformations politiques et sociales à l’intérieur du pays, tout comme l’évolution des relations internationales, rendent caduques notre projet révolutionnaire et la stratégie qui l’appuyait « .

Qui plus est,  » Là où la révolution ne triomphe pas, c’est la bourgeoisie qui résout en sa faveur les contradictions de la société et ce d’autant plus aisément quand il en découle un quelconque développement social « .

13.Le front anti-impérialiste combattant (1988)

Le 16 avril 88, le sénateur de la DC Roberto Ruffili, grand ami du nouveau chef du gouvernement De Mita nommé trois jours auparavant, est exécuté par les BR-PCC, qui attaquent le  » projet de réforme néo-autoritaire des organes étatiques « .

Mais le mois d’avril est également marqué par un texte très important, qui va permettre la fermentation de tout un nouveau courant politique qui culminera avec l’exigence de construction d’un  » (nouveau)Parti communiste italien.
Le texte, écrit par un groupe de révolutionnaires, s’intitule  » Cristoforo Colomba  » ; pour ces camarades, les BR ont été comme Christophe Colomb : croyant aller quelque part, arrivant ailleurs mais ne le sachant pas.

Le groupe critique d’abord très fortement les multiples déviations subjectivistes, pour mettre en avant la question du Parti. D’une certaine manière on peut dire qu’il s’agit d’une critique contre l’éclectisme des références (Marighella, les Tupamaros, Cuba, l’OLP, IRA, ETA, les Black Panthers etc.) qu’aurait le mouvement révolutionnaire, pour un retour à une politique tel qu’un parti peut la mener. Il s’agit d’une remise en cause des aspects criants du gauchisme ayant dominé les BR avec la ligne voulant élever les masses au niveau de la lutte armée, considérant l’Etat comme  » Etat impérialiste des multinationales « , etc.

On peut dire que la ligne des partisanEs du (nouveau)Parti Communiste italien provient historiquement de cette position, pour qui les BR n’ont été en fin de compte que le meilleur produit du mouvement des masses dans les années 1970, et pour qui la question de la construction du Parti doit être au centre des préoccupations.

En septembre, c’est l’écriture du document unitaire RAF/BR-PCC, qui est diffusé en mars 89 sous la forme de tract à Rome et Naples à l’occasion de l’attaque de la RAF contre Tietmeyer, responsable économique allemand.
Voici le document :


 » Le saut à la politique du front est possible et nécessaire pour les forces révolutionnaires, afin d’amener la confrontation à l’acuité adéquate.

Pour cela, toutes les positions idéologiques-dogmatiques existantes encore à l’intérieur des forces combattantes et du mouvement révolutionnaire doivent être combattues et dépassées, parce qu’elles divisent les combattants, et parce que ces positions ne peuvent pas atteindre le niveau dont on a besoin pour amener les luttes et les attaques à leur acuité politique nécessaire.

Les différences historiques dans le développement et la définition politique de chaque organisation, les différences (secondaires) dans l’analyse, etc., ne peuvent et ne doivent pas être un obstacle à l’unification nécessaire des multiples luttes et activités anti-impérialistes dans une attaque consciente et ciblée contre la puissance de l’impérialisme.

Il ne s’agit pas d’une fusion de chaque organisation en une seule ; le front se développe en Europe de l’Ouest dans un processus de reconnaissance direct et organisé, sur la base de l’offensive pratique, dans la mesure où les prochains moments rendent mûre l’unité entre les forces combattantes.
L’organisation du front révolutionnaire combattant signifie l’organisation de l’offensive.

Il ne s’agit ni d’une catégorie idéologique ni d’un modèle de révolution.
Il s’agit au contraire du développement de la force politique et pratique qui combat la puissance de l’impérialisme de manière adéquate, qui approfondit la rupture dans la métropole impérialiste et en arrive au saut qualitatif de la lutte prolétarienne.

Notre expérience commune montre comment, sur la base de la décision subjective de chaque organisation, malgré l’existence de différences et de contradictions, il est possible de développer le front ; nous n’avons dans la discussion commune jamais perdu des yeux l’élément unitaire de l’offensive contre l’impérialisme.

L’Europe de l’Ouest est le pivot du conflit entre le prolétariat international et la bourgeoisie impérialiste.
L’Europe de l’Ouest est, par son caractère historique, politique et géographique, la coupure où se dessinent les trois lignes de démarcation : Etat/société, Nord/Sud, Est/Ouest.

L’aggravation de la crise du système impérialiste et le déclin de la puissance économique des USA sont les fondements principaux qui amènent, ensemble avec d’autres facteurs politiques, à une perte relative du poids politique des USA, et qui mettent en avant le développement des processus d’intégration économique, politique et militaire.
Dans ce rapport la fonction de l’Europe de l’Ouest croît pour le management impérialiste de la crise.
Au niveau économique, l’Europe de l’Ouest développe un plan synchronisé de politiques économiques à l’intérieur des managements impérialistes de la crise, comme soutien et tampon des contradictions économiques.

Au niveau militaire, il y a l’obligation de l’intégration politico-militaire à l’intérieur de l’OTAN avec les projets politico-économiques de réarmement dans la nouvelle stratégie militaire impérialiste pour la confrontation avec l’Est, avec l’intervention politico-militaire intégrée contre les conflits s’envenimant dans le tiers-monde, en premier lieu les régions de crise au Proche-Orient.

Au niveau contre-révolutionnaire, il y a le réarmement et l’intégration des appareils de police et de renseignements contre le développement du front révolutionnaire, contre les luttes révolutionnaires en général et contre l’élargissement et l’aggravation des antagonismes de masse.

Il y a la réorganisation et l’intégration pour une intervention politique ciblée contre la guérilla, comme par exemple les projets de « solution politique  » dans différents pays ouest-européens.
Au niveau politico-diplomatique, il y a les projets de  » dialogue politique  » pour désamorcer les conflits et consolider les positions de force impérialistes.

Ces initiatives ont aussi comme fonction de renforcer les processus de formation de l’Europe de l’Ouest à l’intérieur du système global.
Ces différents niveaux sont mutuellement liés et poussent en avant la formation politique de l’Europe de l’Ouest, un mouvement dont aucun pays n’est exclu.

Aucune force révolutionnaire combattante ne peut, dans son activité révolutionnaire, mettre cela de côté.
Ces éléments politiques forment le cadre où le front est, en Europe de l’Ouest, possible et nécessaire.

Le niveau historiquement atteint par la contre-révolution impérialiste a fondamentalement modifié le conflit entre l’impérialisme et les forces révolutionnaires. Cela signifie devenir conscient du poids croissant de la subjectivité dans la confrontation des classes et du fait que le terrain révolutionnaire ne peut pas être un simple réflexe aux conditions objectives.

L’attaque du front ouest-européen contre les projets stratégiques actuels de formation politique, économique et militaire de l’Europe de l’Ouest vise l’affaiblissement du système impérialiste, afin d’entraîner la crise politique globale.
Notre offensive commune se dirige :

Contre :
La formation des politiques économiques et monétaires ouest-européennes, qui sont conçues dans le système impérialiste global comme soutien et tampon vis-à-vis des érosions économiques pointues, et qui en coordination avec les politiques des USA et du Japon, veulent imposer les intérêts (en terme de profits et de puissance) des banques et des multinationales, sur le dos du tiers-monde, et empêcher l’écroulement du système financier international.

Contre :
Les politiques de formation ouest-européenne qui visent au renforcement des positions impérialistes ; actuellement elles interviennent au Proche-Orient, sur le dos des peuples palestinien et libanais, afin de stabiliser cette région.
L’attaque unitaire des lignes stratégiques de la formation de l’Europe de l’Ouest ébranle le pouvoir impérialiste.

Organiser la lutte armée en Europe de l’Ouest.
Construire dans l’attaque l’unité des forces révolutionnaires combattantes : organiser le front.
Lutter ensemble « .


6 bases et 20 membres des BR-PCC sont découverts et arrêtés en septembre 88. C’est un coup très dur pour l’organisation, que beaucoup considèrent alors comme démantelée.

13.BR-PCC, NCC-PCC, NTA, NIPR (1989-2001)

L’année 1988 a été une année charnière ; la destruction par l’Etat italien des structures des BR-PCC joue un rôle psychologique très fort. La propagande étatique et révisionniste affirme que les derniers Mohicans ont été arrêté, que l’histoire de la guérilla est désormais close non seulement théoriquement mais également pratiquement.

Les faits prouvent pourtant le contraire, ce qui semble donner raison aux BR-PCC qui parlent de  » processus révolutionnaire non-linéaire « . Le 29 mars 1989 le mur extérieur de la prison spéciale de Novara est attaquée, l’action est revendiquée par téléphone par les BR.

En 1991 sont diffusés des documents écrits par les prisonnierEs; en 1992 apparaît un groupe reconnaissant l’activité centrale des BR-PCC et se nommant Nuclei Comunisti Combattenti per la costruzione del Partito Comunista Combattente. Ces noyaux communistes combattants attaquent le 17 octobre 1992 la Cofindustria (rassemblement patronal) à Rome.
Des militantEs des BR-PCC sont arrêtéEs pendant quelques années en France.

Début 1993 c’est la Cofindustria d’Udine qui est attaquée à l’occasion de la visite du ministre de l’industrie par des  » militanti rivoluzionari per la costruzione del PCC « .

Le 2 septembre de la même année les BR-PCC attaquent la base américaine d’Aviano, et le 28 octobre des tracts de soutien aux membres des BR-PCC arrêtéEs quelques jours auparavant sont distribuées durant des manifestations ouvrières à Monfalcone, Trieste, Udine et Pordenone par des  » militants révolutionnaires pour la construction du PCC « .

Le 10 janvier 1994 les NCC-PCC attaquent le NATO defense college à Rome (il s’agit d’une école de formation des cadres de l’OTAN) au moment d’une réunion de l’OTAN à Bruxelles. Dans les différents procès des militantEs des BR-PCC, une scission est visible suite à l’action contre la base d’Aviano, une partie critiquant la vision seulement anti-impérialiste du communiqué de l’action.

On notera également la publication de différents textes, notamment par la Cellule pour la constitution du PCC, défendant la construction d’une organisation de lutte armée. La cellule, qui produit de nombreux textes (production allant jusqu’à aujourd’hui) et qui n’a jamais revendiqué d’actions, oscille perpétuellement entre les BR-PCC néanmoins considérées comme subjectivistes et l’UdCC défunte, de qui elle est au final sans doute plus proche.

En 1995 apparaissent les Nuclei Territoriali Antimperialisti (NTA) qui mènent des actions contre l’OTAN ; par la suite des actions seront menées à Rome, Bologne et Milan, et un premier long texte sort en 1997.

Le 20 mai 1999, un commando des BR-PCC exécutent Massimo D’Antona, conseiller du ministre du travail. La revue française  » L’express  » dit que  » le choix de la victime constitue également une signature : spécialiste du droit du travail, D’Antona, homme de gauche, peu connu du grand public, jouait cependant – et les Brigades Rouges en étaient parfaitement conscientes – un rôle de premier plan dans la politique de réformes sociales du gouvernement, notamment en matière de flexiblité de l’emploi et de réglementation des grèves « .

Ces  » nouvelles  » brigades rouges sont en fait issues des NCC-PCC, et le communiqué des BR-PCC est très long et possède le caractère d’une résolution stratégique.

 » Le 20 mai 1999, à Rome, les Brigades Rouges pour la Construction du Parti Communiste Combattant ont frappé Massimo D’Antona, conseiller législatif du Ministre du Travail Bassolino et représentant du bureau à la table permanente du « Pacte pour l’occupation et le développement ».

Avec cette offensive les Brigades Rouges pour la Construction du Parti Communiste Combattant reprennent l’initiative combattante, en intervenant dans les nœuds centraux de l’affrontement pour le développement de la guerre de classe de longue durée, pour la conquête du pouvoir politique et l’instauration de la dictature du prolétariat, en portant l’attaque au projet politique néo-corporatif du « Pacte pour l’occupation et le développement » « .

Les BR-PCC frappent au moment où l’impérialisme intervient militairement en Yougoslavie ; cela et la réorganisation du rapport entre les classes par l’impérialisme en Italie nécessitent d’intervenir :

 » Un cadre politique général qui impose au prolétariat et à ses avant-gardes révolutionnaires d’assumer la responsabilité politique de construire l’alternative de pouvoir historiquement proportionnée à ces projets, à travers la reprise de l’attaque révolutionnaire, soit au cœur des politiques qui permettent à cet État de jouer son rôle impérialiste « 


 » La proposition politique des BR-PCC se concrétise donc en deux aspects: d’un côté en organisant les avant-gardes les plus conscientes autour de la stratégie politique de l’organisation; de l’autre en représentant l’élément de référence d’avancée et de fixation pour les instances les plus mûres de la lutte de classe en se rapportant à elles avec le programme politique.
Finalement, l’autre axe sur lequel les BR-PCC entendent développer leur propre programme politique est sur le plan de la contradiction impérialisme/anti-impérialisme, afin d’affaiblir et de réduire la domination impérialiste, en construisant l’offensive commune contre ses politiques centrales, avec les forces révolutionnaires et anti-impérialistes qui opèrent dans la zone Europe – Méditerranée – Moyen-Orient.

Les BR-PCC mettent donc au centre de leur propre projet politique la promotion et construction du Front Combattant Anti-impérialiste, dans lequel la recherche de l’unité politique-militaire entre forces anti-impérialiste de la zone permette de construire les alliances politiques nécessaires à affaiblir la domination impérialiste, à partir de les différences historique-structurelles de la lutte de classe des formations économique-sociales uniques dans lesquelles existent et mûrissent les expériences et les forces révolutionnaires et anti-impérialiste, mais aussi à partir du rôle unique et unitaire que déroulent les État dominants de la chaîne impérialiste.

Concevoir la nécessité politique de construire un Front Combattant Anti-impérialiste ne signifie pas exclure la reconstruction d’une Internationale Communiste, mais signifie ne pas négliger d’activer toutes les forces disponibles contre l’ennemi impérialiste, au-delà des différences entre les étapes révolutionnaires et les conceptions que soutiennent les forces anti-impérialistes, et construire aussi une condition favorable à la poursuite de l’objectif de l’International Communiste qui présuppose une unité supérieure dans les caractères de classe, dans les buts et dans les conceptions des forces y appartenant « .

Les  » nouvelles  » BR-PCC ont la même idéologie que les « anciennes  » BR-PCC :
· il s’agit de suivre la guerre de classe de longue durée, dans le cadre de la retraite stratégique ;
· la guérilla agit en tant que Parti pour construire le Parti, nécessairement combattant ;
· dans le processus de guerre de classe de longue durée il y a discontinuité dans le processus révolutionnaire (en raison de l’ampleur de la contre-révolution préventive ;
· il est nécessaire d’organiser un front anti-impérialiste combattant dans la zone Europe – Méditerranée – Moyen-Orient.

Comme d’habitude le flou est de rigueur au niveau des références. Il faut attendre de très nombreuses pages avant de voir une référence positive aux révolutions russe et chinoise et la revendication du marxisme-léninisme comme idéologie.

Une thèse néanmoins cette fois explicitement mise en avant est celle voulant que la fin de l’URSS soit quelque chose de négatif.

Il est parlé de  » pays socialistes  » ou  » en transition « , trahis par les révisionnistes et attaqués par l’impérialisme. La fin de l’URSS fermerait un cycle ouvert avec la révolution de 1917, ce qui est grosso modo la même position que la RAF. A l’opposé des Brigades Rouges initiales, les BR-PCC ne considèrent donc pas l’URSS comme social-impérialiste .
L’action des BR-PCC a un grand écho, mais suscite également de vigoureuses critiques.

De nombreuses  » personnalités  » historiques, et non des moindres comme Gallinari, rejettent l’utilisation du terme  » BR-PCC  » par le groupe ; à l’opposé les prisonnierEs des BR-PCC saluent l’initiative.

Le Parti Communiste d’Espagne (reconstitué), qui appuie la guérilla des GRAPO, attaque également violemment les BR-PCC, accusées de ne faire l’action qu’en raison de la construction du  » (nouveau)Parti Communiste Italien « .

Le (n)PCI se construit à partir de l’illégalité, et critiquera vigoureusement les BR-PCC comme subjectiviste, dans le texte  » Martin Lutero « . Pour les partisanEs du (n)PCI, la tâche prioritaire est la reconstruction du Parti.
Si les BR-PCC n’ont rien revendiqué depuis, de nombreuses actions armées ont tout de même eu lieu.

Il y a ainsi notamment l’attaque à l’explosif à la mi-mai 2000 contre le siège de la Commission d’étude et de surveillance des normes anti-grèves, et le 10 avril 2001 l’action contre l’institut de recherche sur l’économie mondiale et une association pour les relations italo-US à Rome, revendiquées par les NIPR (Nuclei di Iniziativa Proletaria Rivoluzionaria ; noyaux d’initiative prolétaire révolutionnaire). En septembre 2001 c’est la cellule Barbara Kistler qui avait attaqué l’Institut du Commerce Extérieure de Trieste.

Par la suite, les NTA sortiront un communiqué saluant l’action des NIPR ; les NIPR comme les NTA considèrent les BR-PCC comme l’avant-garde. Des documents des NIPR et des BR-PCC seront expédiés à de nombreux représentants syndicaux et dans des usines.

 » Voici, les graffitis, théâtre de la vie. Egratignures, griffures, lacérations, qui gravent sur les territoires de la mort, sur les surfaces claires et nettes de la métropole, des signes de révolte et de libération. Gouttes colorées d’un désir souterrain qui cherche ses volumes dans l’univers hyper-réel saturé de vide.
Qui déploie un discours de poésie dans la rude culture de la rue.

Qui émerge dans le monde hétéroclite de l’a-communication totale, avec une voix limpide, vierge, sans histoire.

Qui nomme l’innommable et par cette transgression se porte à la vie sociale, violant le contexte programmé pour sa négation. Poésie de multiples poètes, voix sans visage qui regarde ses interlocuteurs sans en avoir aucun, mais qui parle intensément à tous ceux qui lui offrent leur regard. Et à chaque nouveau regard renouvelle les inépuisables scènes du théâtre de la vie « .

 » Chacun écrit dans sa propre zone de rencontre : mur, banc, cabine téléphonique, banquette de métro ; on marque son propre territoire. De cette façon celui-ci est délimité, indiquant aux autres la présence d’un groupe, son nom, sa musique préférée ou son style de vie. Un style de vie qui a dans la transgression, dans la rupture de la normalité de communication, son propre signifiant : projet de modification suivant son goût propre, son esthétique personnelle, quasiment d’aménagement de la ville où l’on habite, sur un autre mode « .

 » Pas toujours. Parfois les graffitis sportifs, érotiques, politiques, rock, nous regardent avec l’oeil poussif d’une solitude féroce. Ils implorent une quelconque identification, quelle qu’elle soit, une appartenance quelconque.

Hard Rock, Juventus, Punk, peut importe.
Ils gueulent à l’autre – ennemi immédiat – CREVE-CREVE-CREVE, et semblent en jouir. Mais ce sont les angoisses, les peurs, les phantasmes qui prennent ici la forme de signes et lacèrent les murs. SOS désespérés de naufragés important à la dérive. Pissotières comme bouteille à qui est confiée une solitude folle, « seuls les emmerdes me tiennent compagnie / je n’ai pas d’amis / je n’ai jamais fait l’amour / je n’arrive pas à trouver un cul / je veux quelqu’un pour m’aimer ».

Paroles de latrines. Hululées dans la pénombre d’un sexe castré. Epanchements délirants qui cherchent un oeil lubrique. Excréments sémiotiques qui, dans l’odeur des ghettos, planent sur les excréments des corps. Ecriture de décharge des mille tensions frustrées. Langage vomit par le besoin. Non par désir.

Le désir parle des signes chaudes d’un peuple invisible qui se reproduit et se multiplie hors des réseaux canalisés par les flux déments des rythmes métropolitains. Signes de création qui brûlent l’indifférence de l’espace froid, saturé de mots, boueux, pollué, des lieux frigorifiques de l’acom-……… des lieux frigorifiques où l’a-communication multi-médiatique génère comme effet délirant des corps qui aboient seuls dans les rues et sombrent toujours plus dans l’affabulation désespérée de paroles sans écho. Corps sans visage ni voix, aphasiques, indifférents, étrangers, aliénés.

Débris incapables d’exprimer d’une façon ou d’une autre leur propre dévastation « .

Texte de Renato Curcio, l’un des fondateurs historiques des BR

>Sommaire du dossier

BR-PCC / RAF, document unitaire

Le saut à la politique du front est possible et nécessaire pour les forces révolutionnaires, afin d’amener la confrontation à l’acuité adéquate.

Pour cela toutes les positions idéologiques-dogmatiques existantes encore à l’intérieur des forces combattantes et du mouvement révolutionnaire doivent être combattues et dépassées, parce qu’elles divisent les combattants, et parce que ces positions ne peuvent pas atteindre le niveau dont on a besoin pour amener les luttes et les attaques à leur acuité politique nécessaire.

Les différences historiques dans le développement et te définition politique de chaque organisation, les différences (secondaires) dans l’analyse, etc., ne peuvent et ne doivent pas être un obstacle à l’unification nécessaire des multiples luttes et activités anti-impérialistes dans une attaque consciente et ciblée contre la puissance de l’impérialisme.

il ne s’agit pas d’une fusion de chaque organisation en une seule; le front se développe en Europe de l’Ouest dans un processus de reconnaissance direct et organisé, sur la base de l’offensive pratique, dans la mesure où les prochains moments rendent mûrs l’unité entre tes forces combattantes.

L’organisation du front révolutionnaire combattant signifie l’organisation de l’offensive.

Il ne s’agit ni d’une catégorie idéologique ni d’un modèle de révolution.

Il s’agit au contraire du développement de la force politique et pratique qui combat la puissance de l’impérialisme de manière adéquate, qui approfondit la rupture dans la métropole impérialiste et en arrive au saut qualitatif de la lutte prolétarienne.

Notre expérience commune montre comment, sur la base de la décision subjective de chaque organisation, malgré [existence de différences et de contradictions, il est possible de développer le front; nous n’avons jamais perdu des yeux dans la discussion commune l’élément unitaire de l’offensive contre l’impériasme.

L’Europe de l’Ouest est le pivot du conflit entre le prolétariat international et la bourgeoisie impérialiste.

L’Europe de l’Ouest est par son caractère historique, politique et géographique la coupure où se dessinent les trois lignes de démarcations: Etat/Société; Nord/Sud: Est/Ouest.

L’aggravation de ta crise du système impérialiste et le déclin de la puissance économique des USA sont les fondements principaux qui amènent, ensemble avec d’autres facteurs politiques, à une perte relative du poids politique des USA, et qui mettent en avant le développement des processus d’intégration économique, politique et militaire.

Dans ce rapport la fonction de l’Europe de l’Ouest dans le management impérialiste de la crise croît: au niveau économique:

l’Europe de l’Ouest développe un plan synchronisé des politiques économiques à l’intérieur des managements impérialistes de la crise comme soutien et tampon des contradictions économiques.

au niveau militaire: l’obligation de l’intégration politico-militaire à l’intérieur de l’OTAN avec les projets politico-économiques de réarmement dans la nouvelle stratégie militaire impérialiste pour la confrontation avec l’Est, et avec l’intervention militaro-politique intégrée contre les conflits s’envenimant au tiers-monde, en premier lieu les régions de crise au Proche-Orient.

au niveau contre-révolutionnaire: le réarmement et l’intégration des appareils de police et de renseignements contre le développement du front révolutionnaire, contre les luttes révolutionnaires en général et contre l’élargissement et l’aggravation des antagonismes de masses.

La réorganisation et l’intégration pour une intervention politique ciblée contre la guérite, comme par exemple les projets de  » solution politique  » dans différents pays ouest-européens.

au niveau politico-diplomatique: les projets de  » dialogue politique  » pour désamorcer les conflits et consolider les positions de force impérialistes.

Ces initiatives ont aussi comme fonction de renforcer les processus de formation de l’Europe de l’Ouest à l’intérieur du système global.

Ces différents niveaux sont mutuellement liés et poussent en avant te formation politique de l’Europe de l’Ouest, un mouvement dont aucun pays n’est exdu.

Aucune force révolutionnaire combattante ne peut, dans son activité révolutionnaire, mettre cela de côté.

Ces éléments politiques forment te cadre où te front est, en Europe de l’Ouest, possible et nécessaire.

Le niveau historiquement atteint par la contre-révolution impérialiste a fondamentalement modifié te conflit entre FimpériaSsme et les forces révolutionnaires.

Cela signifie devenir conscient du poids croissant de la subjectivité dans la confrontation des classes et du fait que le terrain révolutionnaire ne peut pas être un simple réflexe aux conditions objectives.

L’attaque du front ouest-européen contre les projets stratégiques actuels de formation politique, économique, et militaire de l’Europe de l’Ouest, vise l’affaiblissement du système impérialiste, afin d’entraîner la crise politique globale.

Notre offensive commune se dirige:

contre:

la formation des politiques économiques et monétaires ouest-européennes, qui sont conçues dans le système impérialiste global comme soutien et tampon vis-à-vis des érosions économiques accentuées, et qui, en coordination avec les politiques des USA et du Japon, veulent imposer les intérêts (en terme de profits et de puissance) des banques et des multinationales, sur le dos du tiers-monde et empêcher l’écroulement du système financier international.

contre:

les politiques de formation ouest-européenne, qui visent au renforcement des positions impérialistes; actuellement elles interviennent au Proche-Orient sur le dos des peuples palestinien et libanais, afin de stabiliser la région.

– L’attaque unitaire des lignes stratégiques de la formation de l’Europe de l’Ouest ébranle le pouvoir impérialiste

– Organiser la lutte armée en Europe de l’Ouest

– Construire dans l’attaque l’unité des forces révolutionnaires combattantes: organiser le front

Lutter ensemble

rote armee fraktion (RAF)

brigate rosse (per la costruzione del partito comunista combattente) (BR-PCC)

[1988.]

=>Sommaire du dossier La bataille anti-révisionniste en Italie (1960-1980)

=>Retour au dossier sur la révolte allemande

BR-PCC: Action contre Hunt (1984)

Transformer la guerre impérialiste en révolution prolétarienne

Le 15 février 1984, un noyau armé de notre organisation a justicié Ray Leamon Hunt, directeur général de la « Force Multinationale d’Observation » dans le Sinaï, constituée afin de garantir les Accords de Camp David, stipulés entre l’Egypte et Israël sous le contrôle direct des USA.

Ce porc pouvait se vanter d’une longue « expérience » dans le sale travail que les impérialistes yankees effectuent quotidiennement dans chaque partie du monde. Son « curriculum vitae » en témoigne de manière éloquente ; de Jérusalem à la Turquie, de Ceylan à l’Ethiopie, de Costa Rica au Liban, il parvient à occuper la charge de vice-assistant de Kissinger en 1974.

En 1976, il est à Beyrouth, et il s’occupe alors de manière particulière des problèmes moyenorientaux, en occupant enfin la charge de directeur général d’une force militaire occidentale, directement organisée et financée par les USA.

Ce sont précisément ces « diligents. fonctionnaires », lâchés à travers le monde, qui organisent les nombreuses saloperies que l’impérialisme US commet aux dépens des neunlec en lutte pour une autodétermination et une indépendance réelle.

Ce sont ces gens qui sont derrière les pires massacres perpétrés par l’impérialisme, de Tall el-Zaatar à Sabra et Chatila, jusqu’aux canonnades de la New Jersey. Avoir mis un terme à la misérable existence de ce sale esclave de l’impérialisme constitue un honneur pour notre organisation et, dans le même temps, un devoir à l’égard du mouvement révolutionnaire international.

Pourquoi avons-nous frappé Ray Leamon Hunt ? Qu-elle est la fonction et la signification de la Force Multinationale d’Observation (FMO) ?

La fonction de cette force militaire – à laquelle ce n’est pas un hasard que participe un contingent italien – est de garantir la sauvegarde des intérêts américains au Moyen-Orient à travers un accord entre I’Egypte et Israël, soutenu par des milliards de dollars, aux dépens du peuple palestinien.

La signification politique est d’une importance considérable dans l’évolution des relations internationales, vers le déchaînement de la guerre entre les deux « blocs », en ce que d’un côté il ratifie formellement, avec des structures de caractère international apparemment légales, les intérêts et les influences régionales occidentaux, et que de l’autre il introduit une pratique particulière, qui a déjà trouvé une suite dans la formation d’une seconde force multinationale, au Liban cette fois, en dehors de l’ONU, et qui laisse clairement entendre une poursuite en ce sens dans des régions comme l’Amérique centrale.

Camarades, prolétaires,

L’évolution récente des relations internationales démontré sans aucun équivoque que les principales puissances impérialistes sont en train d’aller vers l’affrontement militaire. Les peuples du monde entier assistent à une menaçante course au réarmement, nucléaire et conventionnel, que le cynisme effronté des gouvernements bourgeois voudrait justifier par des motifs de défense et de sécurité.

Les dépenses militaires augmentent de manière évidente dans chaque nation, en pesant ainsi sur les conditions de vie des masses. Comme si cela ne suffisait pas, c’est le condamné lui-même qui paie le prix de son supplice !

La tension internationale croissante se manifeste de plus en plus fréquemment dans les soi-disants « conflits régionaux » où, à chaque fois, se concentrent et explosent violemment les contradictions qui, propres à un contexte régional donné ; s’insèrent toutefois dans un cadre général caractérisé par l’opposition profonde des deux principaux blocs impérialistes.

Dans ce scénario, qui précède traditionnellement l’éclatement de la guerre directe entre les impérialismes, l’hypocrisie de la bourgeoisie et des ses gouvernements est sans fond : chaque administration se plaint de l’agressivité de l’autre, chaque « bloc » fait profession de pacifisme et de bonne volonté autour du problème du désarmement et, en général, par rapport à l’orientation de sa politique extérieure. Dans les faits, les choses sont bien différentes.

La profonde crise économique qui investit l’ensemble du monde capitaliste accroît démesurément la compétition entre les grands groupes monopolistes et financiers et, par contrecoup, celle entre les Etats. L’exigence se fait pressante d’un élargissement des marchés et d’un strict contrôle des matières premières qui visent à une relance générale de la production capitaliste.

L’affrontement militaire entre impérialismes s’impose comme la solution obligée, le débouché objectif, de la crise actuelle qui, durant dans sa substance depuis le début des années soixante-dix, a mis en cause les formes mêmes d’accumulation recouvertes par le capital à l’échelle internationale depuis la fin de la seconde guerre jusqu’à aujourd’hui.

En substance, la bourgeoisie ne peut éviter la guerre, puisque son système social en produit les causes de fond.

Que les choses soient ainsi, on le voit en prêtant attention à l’impuissance progressive de l’ONU face aux nombreux foyers de guerre et à la croissance de la tension internationale dans l’ensemble du monde. Cette organisation, qui devrait représenter la volonté générale des gouvernements des pays membres de s’abstenir de l’usage de la guerre comme moyen de résolution des conflits internationaux, a assisté impuissante, quand ce n’est pas en acquiesçant, à la guerre des Iles Malouines, à l’agression israélienne au Liban, à l’occupation yankee de Grenade, …

Cette organisation assiste encore – en s’amusant, au maximum avec des « résolutions de condamnation » savamment négociées par de diplomatiques effrontés – aux continuelles provocations de l’administration Reagan à l’égard du Nicaragua, au sale et révoltant travail des racistes sud africains contre l’Angola et le Mozambique, aux ingérences du « socialiste » Mitterrand au Tchad, à l’occupation soviétique prolongée de l’Afghanistan.

L’impuissance absolue et grotesque des Nations Unies est l’indice on ne peut plus éloquent de la détérioration des relations internationales, et nous renvois en mémoire au cadavre de la « Société des Nations », piétiné par Nünich, par la « conciliation » anglo-française, et finalement écrasé par le talon nazi-fasciste.

On dirait que revient d’actualité le fameux adage qui veut que l’histoire se répète toujours deux fois, la première en tragédie, la seconde en farce.

Les raisons qui sont à la base de la constitution de la Force Multinationale d’Observation pour le Sinai sont l’exemple concret de comment se manifeste la tendance générale exposée juste au dessus.

Ici, on voit de manière très significative, et qui concerne de près aussi le prolétariat italien, comment les puissances impérialistes passent superbement par dessus l’ONU lorsque leurs intérêts sont en jeu et lorsqu’il s’agit d’asséner un coup décisif aux mouvements de libération nationaux et aux peuples qui se battent contre l’oppression et contre l’exploitation.

La F.M.O. pour le Sinaï est en effet une force militaire constituée en dehors de l’ONU pour garantir l’application des Accords de Camp David de 1978 qui, comme on le sait, représentent un dur coup à la cause palestinienne et, plus généralement, à l’opposition à l’impérialisme sioniste.

L’écaillement du front arabe avec la trahison de Sadate, le renforcement du prestige de l’entité sioniste, légitimée à poursuivre la bestiale politique d’annexion des territoires occupés en Cisjordanie et à Gaza, la réduction générale de l’influence soviétique au Moyen Orient, ne sont que quelques-uns des résultats atteints par les USA et les sionistes à la suite de Camp David : ceux ci sont autant de pièces d’une plus ample mosaïque qui prévoit une redisposition générale de l’aire moyen-orientale qui soit en mesure d’assurer aux USA le contrôle complet de cette région vitale, déjà dangereusement remis en cause par la pénétration soviétique en Afghanistan, par l’Iran shiite et par les caractéristiques démocratiques-populaires de la révolution palestinienne.

En ce sens, il y a une continuité évidente et criminelle entre Camp David et l’opération « Paix en Galilée » de juin 1982, il existe un lien patent entre la F.M.O. pour le Sinaï et l’actuelle, plus fameuse, « Force Multinationale de Paix » au Liban. Elles sont toutes deux des représentants armés de l’impérialisme occidental, garants et agents d’un équilibre fonctionnel aux intérêts stratégiques des USA et de l’OTAN au Moyen-Orient.

Malgré l’impressionnante masse de propagande nauséabonde, la position des gouvernements européens sur cette question est claire : ils sont en première ligne dans la course à une solution de la question du Moyen-Orient qui, une fois sauvées les relations avec les pays arabes modérés, permette la meilleure exploitation des ressources économiques, en premier lieu énergétiques, dans le cadre politique stratégique garanti manu militari par le sionisme.

Comment expliquer l’abstention de la France, de la Grande Bretagne, de la RFA et de l’Italie à l’ONU sur le problème de la convocation de la « Conférence internationale sur la question de la Palestine », sinon comme un assentiment tacite au votre contraire éhonté des USA et d’Israël ? 

Cela n’est il pas un soutien criminel et philistin aux saloperies sionistes ? Et encore, comment interpréter le soutien français à l’Irak de Saddam Hussëin et les colossaux contrats militaires allemands avec l’Arabie Saoudite ?

Enfin, la France, l’Italie et la Grande-Bretagne sont-elles ou non engagées dans des missions militaires clairement impérialistes ? Les puissances impérialistes européennes ne sont en effet pas « neutres » au Moyen Orient.

Elles font au contraire preuve de beaucoup, d’activisme, engagées comme elles le sont aux côtés de l’impérialisme américain et sioniste dans une action générale visant à contenir l’influence soviétique et à la dénaturation globale dés caractéristiques démocratiques populaires du sentiment national palestinien.

Et n’est pas neutre le gouvernement italien, n’est pas neutre notre bourgeoisie ; qui, au cours d’une seule année, 1982, participe à bien deux actions militaires au Moven-Orient, la F.M.O, dans le Sinaï et la Force de « Paix » à Beyrouth, en se préoccupant d’héberger à Rome le quartier général de la première.

On a bonne mine à se déclarer amis des Palestiniens lorsque l’on contribue à garantir l’application des Accords de Camp David, qui permettent aux sionistes l’annexion forcée des terres des Palestiniens.

Le gouvernement italien peut remplir un avion entier d’enfants palestiniens et les ramener en visite gratuite dans notre pays, le prolétariat international et les peuples qui luttent contre l’impérialisme savent bien que les troupes italiennes piétinent le sol libanais en complices des USA et des fascistes locaux, que les dragueurs battant notre drapeau font respecter un accord fondé sur la trahison d’un « pharaon » qui a payé ses ambitions de sa vie.

Comme ils savent que sur notre territoire sont installés des missiles à têtes nucléaires dont le premier objectif n’est pas l’Est européen, mais surtout les jeunes nations qui s’opposent aux menées impérialistes occidentales.

Le gouvernement italien veut faire de notre pays’ lé gendarme de la Méditerranée, il veut accroître son sale prestige international en étouffant les aspirations légitimes et progressistes des peuples affranchis de la domination coloniale et de ceux qui se battent pour la libération nationale, mais la lutte conjointe du prolétariat italien avec le prolétariat international et avec les peuples progressiste du monde entier fera faillir ce dessein en faisant ravaler à Craxi et à ses pareils leurs intentions.

Le mûrissement accéléré de la crise capitaliste impose aux gouvernements bourgeois des choix de fond et de substance en ce qui concerne leur politique globale. La bourgeoisie italienne, en particulier, se trouve face à une alternative très nette ; une redéfinition de la société dans un sens autoritaire et belliciste en mesure de la maintenir au nombre des grandes puissances, ou bien une progressive régression dans le cercle des pays soi disants « de série B. ».

Les grands groupes monopolistes et financiers n’ont aucun doute : seule une politique intérieure de type autoritaire conviennent à la restructuration et au saut technologique dans lesquels l’économie italienne est engagée et dont le coût social est représenté par les milliers de licenciements, par le chômage et par l’accroissement de l’exploitation dans lés usines.

Et les classes dirigeantes ont déjà fait leurs choix : le « nouveau rôle de l’Italie » dans l’OTAN et dans l’échiquier méditerranéen, de l’installation des missiles à Comiso jusqu’à l’engagement militaire au Moyen-Orient, est la brutale réponse à cette interrogation.

Spadolini, chef du gouvernement au moment de l’envoi des troupes dans le Sinaï et à Beyrouth et fervent soutien de l’installation des missiles, siège triomphant au ministère de la Défense du gouvernement Craxi, comme pour symboliser la continuité belliciste qui anime les cabinets des dernières coalitions gouvernementales.

Elle est de ces derniers jours la nouvelle de l’approbation par le Sénat de crédits militaires pour presque mille milliards de lires, crédits alloués en dehors du budget de la Défense, tout comme ceux attribués pour le contingent italien au Liban. Même les fascistes du MSI ont voté pour la proposition gouvernementale.

Camarades, prolétaires,

Un vaste mouvement de masse s’est développé dans notre pays en opposition aux choix bellicistes du gouvernement Craxi. II est animé par la conscience précise de l’absolue nécessité de bloquer la course au réarmement et de retirer des mains d ’une poignée de crapules le destin de nombreux millions d’hommes et de femmes.

De ce point de vue, il s’agit d’un mouvement qui s ’oppose à l’impérialisme et qui lutte pour battre le projet gangster et belliciste de la bourgeoisie impérialiste.

Autant il est juste et important d’appuyer de toutes nos forces et de participer à ce mouvement, autant il est nécessaire de clarifier que seul le prolétariat peut gagner la lutte contre la guerre impérialiste, parce que seule cette classe sociale peut modifier radicalement les mécanismes qui provoquent la compétition entre les nations jusqu’à les entraîner dans la guerre.

La lutte contre la guerre impérialiste doit alors se souder à la lutte de là classe ouvrière contre l’exploitation, les licenciements et la politique économique du gouvernement en un front prolétarien unique et compact, conscient de la tâche historique qu’il est appelé à accomplir dans cette conjoncture critique.

Nous devons en finir avec la vague optique inter-classiste pour conquérir la direction prolétarienne de ce mouvement, l’unique direction qui soit en mesure d’assurer une perspective réelle aux aspirations de paix qui existent dans l’immense majorité du peuple italien.

Les Brigades rouges pour la construction du Parti communiste combattant son engagées à fond dans ce travail. Notre organisation est en première ligne dans la lutte contre l’impérialisme et contre le gouvernement Craxi, son représentant.

Par cette initiative combattante, les Brigades rouges s’insèrent au centre de l’affrontement social en cours dans le pays, en interprétant de manière claire et sans équivoques les intérêts généraux de la classe prolétaire.

Dans le même temps, cette initiative politique est une parole claire, notre parole et celle du prolétariat révolutionnaire, à l’égard de tous ceux qui voudraient enterrer la politique révolutionnaire dans le musée des antiquités, en mendiant ainsi plus facilement pitié aux pieds de la bourgeoisie.

Face aux mouvements de masse en lutte contre l’impérialisme, face à la mobilisation ouvrière contre le décret-escroquerie du gouvernement, enfant bâtard de l’accord du 22 janvier, que sont finalement les pleurnicheries coquines de quelques révolutionnaires d’opérette ? Tous ceux là sont déjà en train d’entrer dans les poubelles de l’Histoire.

Il est nécessaire d’intensifier la lutte contre le gouvernement pour le retrait immédiat de toutes les troupes italiennes du Moyen-Orient,-pour le refus des missiles nucléaires à Comiso, pour faire sortir notre pays de l’OTAN. Il est nécessaire d’étendre la mobilisation de masse et d’avant-garde sur ce programme politique, en unité avec la classe ouvrière et ses luttes et sous la direction du prolétariat révolutionnaire.

Le scénario que le prolétariat international a en face de lui est très précis : le capital s’apprête à lui faire payer l’addition la plus salée que ce système social est contraint à présenter périodiquement aux masses qu’il exploite et opprime : la guerre.

Mais un grand mot d’ordre unit tous les exploités : transformer la guerre impérialiste en révolution prolétarienne pour le Communisme !

Dans le mûrissement accéléré de la crise capitaliste vers la guerre, une occasion exceptionnelle s’offre au prolétariat international : celle de marquer un puissant pas en avant dans le procès global de la révolution prolétarienne mondiale, en conquérant le pouvoir politique dans un ou plusieurs pays capitalistes.

En particulier, la possibilité de vaincre la bourgeoisie dans les pays capitalistes avancés et d’asséner ainsi un coup de portée décisive à tout l’impérialisme est aujourd’hui complètement mûre.

Mais pour y parvenir, pour ne pas se trouver impréparés devant la précipitation des événements, il faut développer l’unité objective des luttes du prolétariat du monde entier dans l’unité consciente de son avant-garde communiste.

Il faut que les communistes de tous les pays se situent résolument sur la voie de la construction de la nouvelle Internationale Communiste, fondée rigoureusement sur les principes du marxisme-léninisme.

De cela, notre organisation est profondément convaincue et considère qu’il s’agit là d’un objectif historique fondamental et irrévocable à atteindre pour le mouvement communiste international.

Les Brigades rouges souhaitent et favorisent par tous les moyens à leur disposition la confrontation militante entre communistes de tous pays et se posent, avec la modestie qu’il se doit, mais aussi avec une ferme volonté, comme point de référence de ce processus politique essentiel.

Unité du prolétariat avec les peuples progressistes dans la lutte contre l’impérialisme !

Intensifions et organisons la lutte contre la politique belliciste et antiprolétaire du gouvernement Craxi !

Etendons la mobilisation de masse et d’avant-garde sur ces mots d’ordre : • Retrait immédiat des troupes italiennes du Moyen-Orient ! • Non aux missiles à Comiso et au réarmement ! • L’Italie hors de l’OTAN !

Février 1984

Pour le Communisme

Brigades rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant

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