Georgi Dimitrov – Pour l’unité d’action du prolétariat dans la lutte contre le fascisme et la guerre (1935)

Pour l’unité d’action du prolétariat dans la lutte contre le fascisme et la guerre – Sténogramme abrégé du discours prononcé à la Salle des colonnes, devant les délégations ouvrières venues en U.R.S.S. à l’occasion du Premier Mai 1935)

Vous êtes venus des pays du Capital au pays, de la dictature du prolétariat, dans l’Union soviétique, qui est le premier, mais non pas le dernier Etat du prolétariat mondial.

Vous avez et vous aurez encore la possibilité de constater de vos propres yeux la prodigieuse différence entre la situation de la classe ouvrière dans les pays où dominent le Capital et le fascisme, et la situation ici, dans un pays où la classe ouvrière, après avoir vaincu la bourgeoisie, édifie victorieusement le socialisme sous la direction du glorieux le rempart de la paix entre les peuples. L’Etat soviétique est la citadelle de la révolution prolétarienne mondiale.

Et lorsque les chefs social-démocrates réactionnaires disent et écrivent : « Nous ne voulons pas de front unique avec les communistes, parce que nous ne voulons pas recevoir d’ordres de Moscou », ces chefs ne prouvent qu’une chose : c’est qu’ils sont contre l’Etat prolétarien.

Ils démontrent par là qu’ils sont liés à la bourgeoisie, qu’ils soutiennent la politique de collaboration de classe avec la bourgeoisie et sont prêts à aider l’ennemi de classe du prolétariat.

Pour tout ouvrier sincère, en France comme en Angleterre, en Amérique comme en Australie, en Allemagne comme en Espagne, en Chine comme au Japon, dans les pays balkaniques aussi bien qu’aux îles Canaries, pour tout ouvrier sincère, Moscou est son Moscou à lui, l’Union soviétique est son Etat à lui.

Nos adversaires crient souvent aux prétendus « ordres » de Moscou : il va de soi que Moscou ne donne aucun ordre ; suivre l’exemple du grand Lénine et du grand Staline c’est là qu’est le salut pour le prolétariat mondial.

Si vous vous trouvez ici, dans notre grande patrie, si vous examinez l’ensemble du mouvement ouvrier mondial, vous y discernerez deux courants ou tendances principaux : d’un côté, la partie révolutionnaire du prolétariat déjà constituée en Etat, l’Union soviétique, les communistes et les ouvriers révolutionnaires de tous les pays qui se sentent liés au prolétariat soviétique, à l’Etat soviétique, par les attaches du front unique de combat, dans le monde entier.

De l’autre côté, il y a dans le mouvement ouvrier une autre tendance, un autre courant, le courant dit réformiste, tendance qui continue encore à dominer au sein de la IIe Internationale. Là, point d’Etat prolétarien, point de pouvoir soviétique, point d’Armée rouge, le prolétariat mondial n’a point de puissance de combat.

Là, à côté des partis bourgeois, siègent au gouvernement, par exemple, des Vandervelde et autres chefs qui collaborent avec les capitalistes.

Ils sont liés à leur propre bourgeoisie nationale et soutiennent la politique de « leur » bourgeoisie.

Dans ce camp-là pas d’unité, pas de solidarité internationale.

L’unité internationale d’action et de discipline règne dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial. L’oeuvre qu’accomplit le Parti bolchevik de l’Union soviétique correspond aux intérêts des travailleurs de France, d’Allemagne, d’Amérique et des autres pays, et les efforts des communistes français, anglais, américains, japonais ou chinois ne s’écartent en aucune façon des intérêts de l’Union soviétique.

Ici, dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial, la direction est aux mains de l’Internationale communiste qui groupe dans le monde entier des millions de prolétaires, liés entre eux par une puissante idée unique, une volonté unique, une direction unique, une discipline unique.

Là, c’est la confusion des langues, une véritable tour de Babel.

Mais nous assistons dans les partis social-démocrates à un processus de différenciation, les masses ouvrières deviennent de plus en plus révolutionnaires.

Les partisans du front uni avec les communistes sont de plus en plus nombreux.

Actuellement, devant le danger du fascisme et de la guerre, la tâche fondamentale de tous les travailleurs consiste à établir le front unique prolétarien, l’unité d’action de la classe ouvrière contre l’ennemi de classe.

Rappelez-vous comment, au procès de Leipzig, véritable provocation, la lutte s’est déroulée pendant trois mois entre le communisme et le fascisme.

A l’occasion de ce procès, bien qu’il n’y ait pas eu de pacte officiellement conclu, un front unique mondial s’était établi pour la défense des communistes non coupables.

Communistes, social-démocrates, anarchistes et sans-parti se sont tous dressés contre le fascisme allemand.

Des millions et des millions d’ouvriers et d’ouvrières suivaient au jour le jour la lutte de Leipzig, des millions et des millions de petits bourgeois, de paysans, d’intellectuels, étaient pour le front unique antifasciste.

Les journaux bourgeois, eux-mêmes, les journaux conservateurs qui nous sont hostiles, n’osaient pas écrire contre nous et contre nos déclarations dans ce procès. Le fascisme allemand était isolé à ce moment-là. Hitler, Goering et Goebbels ne trouvaient d’appui moral ni en Allemagne, ni ailleurs.

Depuis le procès de Leipzig, le front unique a encore progressé.

Nous sommes devant le fait d’un accord officiel entre le Parti communiste français et le parti socialiste français, pour l’unité d’action ; nous avons déjà un accord formel entre communistes italiens et socialistes italiens ; différents Partis communistes ont conclu des accords avec des organisations socialistes et une série d’organisations antifascistes.

Le front unique prolétarien progresse, se consolide de plus en plus, mais se heurte en chemin à de formidables obstacles, à la résistance de ses ennemis. Les ennemis du front unique, ce sont tous ceux qui sont liés avec la bourgeoisie et ne veulent pas renoncer à ces liens.

Lorsque la résistance des chefs social-démocrates réactionnaires aura été brisée, lorsque le front unique de la classe ouvrière aura été établi, l’offensive capitaliste, l’offensive de la réaction et du fascisme se trouveront devant une barrière infranchissable.

La classe ouvrière ne peut mettre en oeuvre toutes ses forces qu’à condition de réaliser l’unité d’action.

Les intérêts économiques, sociaux, culturels et politiques des ouvriers des différentes tendances politiques : communistes, social-démocrates, anarchistes sont identiques.

C’est sur cette base, qu’on peut et qu’on doit établir le front unique.

Qui donc s’y oppose ?

Ce sont les chefs réactionnaires de la social-démocratie, l’idéologie et la politique social-démocrates de collaboration de classe avec la bourgeoisie qui entravent la constitution du front unique prolétarien. Il faut éliminer cet obstacle.

Nous communistes, nous savons que c’est une chose difficile, qu’il n’est pas aisé de supprimer ces obstacles, mais nous sommes convaincus que, par une lutte quotidienne et une action persévérante, le front unique prolétarien, les syndicats uniques de classe et le parti révolutionnaire unique du prolétariat seront enfin créés.

Vous, délégations ouvrières des pays capitalistes, après avoir constaté de vos propres yeux la justesse de la voie de Lénine et de Staline, de la voie de l’Internationale communiste, vous aurez le devoir de dire à vos frères et à vos soeurs des pays capitalistes toute la vérité sur l’U.R.S.S. et de lutter opiniâtrement, sans relâche, pour la défense de la patrie prolétarienne, pour l’établissement définitif du front unique prolétarien.

Transmettez aux travailleurs de vos pays notre ardent salut bolchevik révolutionnaire et dites à tous les ouvriers socialistes que celui qui, à l’heure actuelle, ne soutient pas le front unique, ne lutte pas pour l’unité d’action de la classe ouvrière, que celui qui tolère les campagnes contre l’Union soviétique, contre la patrie du prolétariat mondial, que celui qui soutient la politique de collaboration avec la bourgeoisie, est l’ennemi des intérêts de la classe ouvrière, le complice de la réaction et du fascisme, l’auxiliaire des fauteurs de guerre impérialistes.

Tous solidairement, communistes et socialistes, et tous les autres travailleurs, luttons ensemble, la main dans la main, contre le fascisme, pour la libération des milliers et des milliers de prisonniers du Capital et du fascisme, pour la libération de Thaelmann, de Rakosi, de Tom Mooney, et de tous les révolutionnaires et antifascistes qui souffrent dans les prisons et dans les camps de concentration des pays capitalistes.

Luttons tous ensemble contre les ennemis de l’unité d’action de la classe ouvrière.

Luttons tous ensemble pour la victoire définitive du socialisme dans le monde entier.

Vive l’unité d’action de la classe ouvrière dans chaque pays et sur le plan international !

Vive le triomphe de la révolution prolétarienne mondiale !Parti bolchevik, avec à sa tête le grand chef du prolétariat mondial, Staline.

Le drapeau Rouge de la révolution prolétarienne flotte victorieusement sur un sixième du globe.

Sur un sixième du globe, le pouvoir est exercé par les ouvriers et les paysans, et non par les capitalistes et les propriétaires fonciers.

Dans cette immense patrie soviétique, des millions d’ouvriers et d’ouvrières, de kolkhoziens et de kolkhoziennes transforment l’ancienne Russie ignorante et arriérée, la Russie des tsars et de la noblesse terrienne, en un pays doté d’une technique perfectionnée, en un pays de mécanisation et d’industrialisation, en un pays de socialisme.

Vous voyez de vos propres yeux ce qu’a pu réaliser la classe ouvrière arrivée au pouvoir.

Vous avez vu sur la place Rouge, le Premier Mai, la grande puissance militaire de l’Union soviétique, notre glorieuse Armée rouge, force de la classe ouvrière, force du pays des Soviets.

Lorsque, sur la place Rouge, nous regardions ensemble les tanks qui passaient, les avions qui nous survolaient, nous ne voyions pas seulement la puissance militaire de la classe ouvrière de l’Union soviétique, mais en même temps, la force, la puissance du prolétariat révolutionnaire mondial.

L’Etat soviétique est l’Etat du prolétariat, il défend les intérêts des ouvriers, des masses travailleuses, des opprimés du monde entier.

Les intérêts de l’Etat soviétique sont ceux du prolétariat mondial.

Lorsque nos frères et nos soeurs russes édifient le socialisme à l’aide de l’émulation socialiste et du travail de choc en poursuivant un opiniâtre effort de création, ils travaillent, ils créent non seulement pour leur pays, mais aussi pour le prolétariat mondial.

Lorsqu’ils renforcent la puissance militaire de l’Armée rouge, ils ne renforcent pas seulement la puissance de l’Union soviétique, mais aussi la puissance du prolétariat mondial.

L’Etat soviétique et son Armée rouge sont le rempart de la paix entre les peuples.

L’Etat soviétique est la citadelle de la révolution prolétarienne mondiale.

Et lorsque les chefs social-démocrates réactionnaires disent et écrivent : « Nous ne voulons pas de front unique avec les communistes, parce que nous ne voulons pas recevoir d’ordres de Moscou », ces chefs ne prouvent qu’une chose : c’est qu’ils sont contre l’Etat prolétarien.

Ils démontrent par là qu’ils sont liés à la bourgeoisie, qu’ils soutiennent la politique de collaboration de classe avec la bourgeoisie et sont prêts à aider l’ennemi de classe du prolétariat.

Pour tout ouvrier sincère, en France comme en Angleterre, en Amérique comme en Australie, en Allemagne comme en Espagne, en Chine comme au Japon, dans les pays balkaniques aussi bien qu’aux îles Canaries, pour tout ouvrier sincère, Moscou est son Moscou à lui, l’Union soviétique est son Etat à lui.

Nos adversaires crient souvent aux prétendus « ordres » de Moscou : il va de soi que Moscou ne donne aucun ordre ; suivre l’exemple du grand Lénine et du grand Staline c’est là qu’est le salut pour le prolétariat mondial.

Si vous vous trouvez ici, dans notre grande patrie, si vous examinez l’ensemble du mouvement ouvrier mondial, vous y discernerez deux courants ou tendances principaux : d’un côté, la partie révolutionnaire du prolétariat déjà constituée en Etat, l’Union soviétique, les communistes et les ouvriers révolutionnaires de tous les pays qui se sentent liés au prolétariat soviétique, à l’Etat soviétique, par les attaches du front unique de combat, dans le monde entier.

De l’autre côté, il y a dans le mouvement ouvrier une autre tendance, un autre courant, le courant dit réformiste, tendance qui continue encore à dominer au sein de la IIe Internationale.

Là, point d’Etat prolétarien, point de pouvoir soviétique, point d’Armée rouge, le prolétariat mondial n’a point de puissance de combat.

Là, à côté des partis bourgeois, siègent au gouvernement, par exemple, des Vandervelde et autres chefs qui collaborent avec les capitalistes.

Ils sont liés à leur propre bourgeoisie nationale et soutiennent la politique de « leur » bourgeoisie.

Dans ce camp-là pas d’unité, pas de solidarité internationale.

L’unité internationale d’action et de discipline règne dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial.

L’oeuvre qu’accomplit le Parti bolchevik de l’Union soviétique correspond aux intérêts des travailleurs de France, d’Allemagne, d’Amérique et des autres pays, et les efforts des communistes français, anglais, américains, japonais ou chinois ne s’écartent en aucune façon des intérêts de l’Union soviétique.

Ici, dans la partie révolutionnaire du prolétariat mondial, la direction est aux mains de l’Internationale communiste qui groupe dans le monde entier des millions de prolétaires, liés entre eux par une puissante idée unique, une volonté unique, une direction unique, une discipline unique.

Là, c’est la confusion des langues, une véritable tour de Babel.

Mais nous assistons dans les partis social-démocrates à un processus de différenciation, les masses ouvrières deviennent de plus en plus révolutionnaires.

Les partisans du front uni avec les communistes sont de plus en plus nombreux.

Actuellement, devant le danger du fascisme et de la guerre, la tâche fondamentale de tous les travailleurs consiste à établir le front unique prolétarien, l’unité d’action de la classe ouvrière contre l’ennemi de classe.

Rappelez-vous comment, au procès de Leipzig, véritable provocation, la lutte s’est déroulée pendant trois mois entre le communisme et le fascisme.

A l’occasion de ce procès, bien qu’il n’y ait pas eu de pacte officiellement conclu, un front unique mondial s’était établi pour la défense des communistes non coupables.

Communistes, social-démocrates, anarchistes et sans-parti se sont tous dressés contre le fascisme allemand.

Des millions et des millions d’ouvriers et d’ouvrières suivaient au jour le jour la lutte de Leipzig, des millions et des millions de petits bourgeois, de paysans, d’intellectuels, étaient pour le front unique antifasciste. Les journaux bourgeois, eux-mêmes, les journaux conservateurs qui nous sont hostiles, n’osaient pas écrire contre nous et contre nos déclarations dans ce procès. Le fascisme allemand était isolé à ce moment-là. Hitler, Goering et Goebbels ne trouvaient d’appui moral ni en Allemagne, ni ailleurs.

Depuis le procès de Leipzig, le front unique a encore progressé.

Nous sommes devant le fait d’un accord officiel entre le Parti communiste français et le parti socialiste français, pour l’unité d’action ; nous avons déjà un accord formel entre communistes italiens et socialistes italiens ; différents Partis communistes ont conclu des accords avec des organisations socialistes et une série d’organisations antifascistes.

Le front unique prolétarien progresse, se consolide de plus en plus, mais se heurte en chemin à de formidables obstacles, à la résistance de ses ennemis. Les ennemis du front unique, ce sont tous ceux qui sont liés avec la bourgeoisie et ne veulent pas renoncer à ces liens.

Lorsque la résistance des chefs social-démocrates réactionnaires aura été brisée, lorsque le front unique de la classe ouvrière aura été établi, l’offensive capitaliste, l’offensive de la réaction et du fascisme se trouveront devant une barrière infranchissable.

La classe ouvrière ne peut mettre en oeuvre toutes ses forces qu’à condition de réaliser l’unité d’action.

Les intérêts économiques, sociaux, culturels et politiques des ouvriers des différentes tendances politiques : communistes, social-démocrates, anarchistes sont identiques. C’est sur cette base, qu’on peut et qu’on doit établir le front unique.

Qui donc s’y oppose ?

Ce sont les chefs réactionnaires de la social-démocratie, l’idéologie et la politique social-démocrates de collaboration de classe avec la bourgeoisie qui entravent la constitution du front unique prolétarien.

Il faut éliminer cet obstacle.

Nous communistes, nous savons que c’est une chose difficile, qu’il n’est pas aisé de supprimer ces obstacles, mais nous sommes convaincus que, par une lutte quotidienne et une action persévérante, le front unique prolétarien, les syndicats uniques de classe et le parti révolutionnaire unique du prolétariat seront enfin créés.

Vous, délégations ouvrières des pays capitalistes, après avoir constaté de vos propres yeux la justesse de la voie de Lénine et de Staline, de la voie de l’Internationale communiste, vous aurez le devoir de dire à vos frères et à vos soeurs des pays capitalistes toute la vérité sur l’U.R.S.S. et de lutter opiniâtrement, sans relâche, pour la défense de la patrie prolétarienne, pour l’établissement définitif du front unique prolétarien.

Transmettez aux travailleurs de vos pays notre ardent salut bolchevik révolutionnaire et dites à tous les ouvriers socialistes que celui qui, à l’heure actuelle, ne soutient pas le front unique, ne lutte pas pour l’unité d’action de la classe ouvrière, que celui qui tolère les campagnes contre l’Union soviétique, contre la patrie du prolétariat mondial, que celui qui soutient la politique de collaboration avec la bourgeoisie, est l’ennemi des intérêts de la classe ouvrière, le complice de la réaction et du fascisme, l’auxiliaire des fauteurs de guerre impérialistes.

Tous solidairement, communistes et socialistes, et tous les autres travailleurs, luttons ensemble, la main dans la main, contre le fascisme, pour la libération des milliers et des milliers de prisonniers du Capital et du fascisme, pour la libération de Thaelmann, de Rakosi, de Tom Mooney, et de tous les révolutionnaires et antifascistes qui souffrent dans les prisons et dans les camps de concentration des pays capitalistes.

Luttons tous ensemble contre les ennemis de l’unité d’action de la classe ouvrière.

Luttons tous ensemble pour la victoire définitive du socialisme dans le monde entier.

Vive l’unité d’action de la classe ouvrière dans chaque pays et sur le plan international !

Vive le triomphe de la révolution prolétarienne mondiale !

>Revenir au sommaire du dossier sur Georgi Dimitrov

Georgi Dimitrov et le syndicalisme

Georgi Dimitrov est né le 18 juin 1882, dans le village de Kovatchevtsi près de Pernik, une région minière non loin de Sofia. Il est né dans les champs, sa mère servant d’aide aux champs, avant de devenir servante, tandis que son père parvint par la suite à s’installer comme artisan de chapeaux à Sofia.

Ses parents provenaient tous deux de la région de Krésna-Razlog, marquée à la fin du XIXe siècle par un soulèvement bulgare anti-ottoman, dans le cadre du refus de la Macédoine bulgare de rester dans le giron ottoman.

La Bulgarie
La Bulgarie, toute proche de la Turquie actuelle

Elle s’était convertie à l’évangélisme, dans un pays dominé par le christianisme orthodoxe, mais à dix ans Georgi Dimitrov fut exclu des cours du dimanche et publia très jeune une revue anti-cléricale, Kukurigoo (Cocorico), qui n’eut cependant que deux numéros.

Georgi Dimitrov était le plus vieux de ses huit frères et sœurs, mais il ne reprit pas le métier de son père comme c’était souvent le cas ; il devint ouvrier-typographe, activité consistant à placer les lettres sur l’imprimerie conformément aux manuscrits.

Cela présupposait de savoir lire et les ouvriers-typographes appartiennent historiquement à la fraction la plus consciente du prolétariat. À ce titre, le Parti Ouvrier Social-Démocrate bulgare, qui avait été créé le deux août 1891, a généré son premier syndicat en novembre 1894 justement dans cette fraction, comme Centrale ouvrière des imprimeurs.

Georgi Dimitrov participa à la première grève de celle-ci,en février 1895, comme représentant des apprentis dans le comité de grève. Si la grève impliquant 200 ouvriers dans 13 imprimeries échoua, une nouvelle vague de grèves eut lieu durant les années 1899 et 1900, après réorganisation du syndicat comme Société ouvrière des imprimeurs.

Une anecdote consiste en ce que Georgi Dimitrov était le seul à parvenir à déchiffrer l’écriture d’un ministre, Radoslavov. Or, celui-ci insultait les ouvriers manifestant le 1er mai dans un article en 1898, ce qui fit que Georgi Dimitrov refusa d’établir le texte pour l’imprimerie, le responsable de celui-ci se voyant obliger de céder, car ne trouvant personne d’autres. Radoslavov lui rappellera l’épisode plus tard au parlement, lorsque Georgi Dimitrov deviendra député lui aussi.

La Bulgarie en Europe

Georgi Dimitrov en devint le responsable en 1901, devenant une figure de l’agitation, alors qu’à l’arrière-plan se développait le Parti Ouvrier Social-Démocrate, sous l’égide de Dimitar Blagoev, dont deux écrits fameux alors étaient notamment « Nos apôtres » et « Pour Christo Botev ».

Figure historique du socialisme à ses débuts, il avait même fondé le premier groupe social-démocrate en Russie, lors d’un séjour universitaire à Saint-Pétersbourg en 1883-1884, avant de se faire expulser, ayant étudié le premier tome du Capital (qu’il traduisit en bulgare), des œuvres de Ferdinand Lassalle, la brochure de Georgi Plekhanov « Le socialisme et la lutte politique ».

Dimitar Blagoev publia la première brochure social-démocrate : « Qu’est-ce que le socialisme et trouve-t-il un terrain propice chez nous ? » et participa à toutes les revues et journaux sociaux-démocrates, devenant pendant 22 ans le rédacteur de l’organe théorique du Parti, Nové Vrémé.

Georgi Dimitrov rejoignit alors ce parti en 1902, qui connut justement en 1903 une scission, Dimitar Blagoev maintenant le cap marxiste, dans la lignée de Karl Kautsky, face à une interprétation ouverte, dans un esprit de compromis, etc., d’où l’opposition entre les « étroits », partisans d’une ligne stricte dite « étroite » (tesniatzi),  et les « larges », partisans d’une politique d’ouverture dite « large » (chiroki).

Dimitar Blagoev

Georgi Dimitrov se situait dans le camp des « étroits », dans la section de Sofia qui a alors 53 membres, lui-même devenant par la suite son délégué, participant à ce titre en 1904 aux travaux du XIe congrès du Parti, tout comme au suivant, jusqu’en 1909 où le XVIe congrès le nomme au Comité Central.

Il participa également aux congrès de l’Union Générale Syndicale Ouvrière, dans une situation marquée par une classe ouvrière encore très faible ; il n’y avait en Bulgarie en 1901 que 200 usines, dont plus de la moitié avait moins de vingt ouvriers.

Il y avait par conséquent une lente montée en puissance et Georgi Dimitrov s’inséra dans ce processus, devenant progressivement une figure de la classe ouvrière s’affirmant historiquement.

Son premier article dans le journal du Parti, le Rabotnicheski Vestnik (Le journal des ouvriers), traitait d’ailleurs en juin 1903 de « l’opportunisme dans les syndicats ».

Il devint par la suite un permanent du Parti Ouvriers Social-Démocrate (étroit) de Dimitar Blagoev, qui regroupait ainsi 1200 activistes, avec un tiers d’ouvriers, ainsi que le responsable de l’Union Générale des Syndicats (ORSS) lié au Parti.

Il y eut alors des grèves marquantes, comme celle des mineurs de Pernik, en 1906, qui dura 35 jours et fut dirigé par Georgi Dimitrov, qui fut alors ramené à Sofia escorté par la police. La grève se répéta à de nombreuses reprises, Georgi Dimitrov étant à chaque fois en première ligne), celle des ouvriers du textile de Slivène en 1908, celle en 1909 des ouvriers de la fabrique d’allumettes de Kostenetz, qui dura trois mois, celle en 1910 des mineurs de Plakalnitza et des ouvriers du tabac à Plovdiv, celle en 1913 des typographes à Sofia.

Le jeune Georgi Dimitrov

En 1912, l’ORSS avait 8500 adhérents ; le Parti avait de son côté 2900 adhérents et les « larges » pareillement et Georgi Dimitrov devint dans ce cadre une figure majeure du mouvement ouvrier.

Du 10 juillet au 10 août 1912, il purgea même une peine d’un mois de prison pour « offense » au socialiste de droite Moutafov, qualifié de falsificateur et d’indicateur de la police.

Et il devint alors député, en novembre 1913, à l’âge de 31 ans, dans les départements de Vratza et Tirnovo, et secrétaire du groupe parlementaire social-démocrate.

>Revenir au sommaire du dossier sur Georgi Dimitrov

Georgi Dimitrov, une grande figure historique

Georgi Dimitrov
Georgi Dimitrov

Georgi Dimitrov a été l’une des personnalités les plus connues mondialement durant les années 1930, marquant de son sceau l’histoire des années 1940 et 1950. Il est impossible de s’intéresser à l’Histoire du monde sans lui accorder une place extrêmement importante.

Les raisons pour cela sont multiples : tout d’abord, il fut la victime d’un procès retentissant en Allemagne nazie en 1933, attirant une attention très approfondie de la presse mondiale et de l’opinion démocratique mondiale.

Georgi Dimitrov renversa en effet le procès, passant d’accusé à accusateur et dénonçant le nouveau régime hitlérien et le fascisme en général.

Sa victoire obtenue à cette occasion en fit une figure de proue de la lutte contre le fascisme et, effectivement, il devint même le grand théoricien de l’antifascisme comme Front populaire, ce qui le propulsa à la tête de l’Internationale Communiste.

C’est cette conception qui fut au cœur des Fronts populaires en France et en Espagne, et qui fut systématiquement assumée par la suite par les communistes durant la Seconde Guerre mondiale impérialiste.

C’est très précisément ce qu’on appelle l’antifascisme, conception donc définie par Georgi Dimitrov et accusée par l’ultra-gauche, anarchiste et trotskyste, de soumission contre-révolutionnaire à la bourgeoisie, de par la mise en avant de la démocratie.

L’antifascisme souligne, en effet, que le fascisme est une tendance à laquelle s’oppose la démocratie comme contre-tendance, et non pas la « révolution ».

Cette approche, Georgi Dimitrov la doit à sa propre expérience dans son pays, la Bulgarie connaissant dans les années 1920 un régime réactionnaire ayant été renversé par un coup d’État militaire, ce qui a alors totalement débordé les communistes qui sont restés initialement passifs.

Le prix de cette passivité fut celui du sang et cette leçon retenue ; Georgi Dimitrov théorisa alors la démarche selon laquelle le fascisme doit être considéré comme ennemi principal.

Le Front unique est alors le vecteur de cette bataille pour la démocratie qui ne peut – dans le cadre de la crise générale du capitalisme, de la tendance à la guerre impérialiste, de l’effondrement du capitalisme monopoliste – que nécessairement aboutir à un nouveau type de régime, la démocratie populaire.

C’est cette ligne qui fut adoptée, après 1945, dans les pays de l’Est européen, aboutissant à la formation des démocraties populaires.

L’importance historique de Georgi Dimitrov est donc plus que significative : elle reflète la synthèse effectuée par le mouvement communiste après la première vague, celle des années 1920, consistant en la ligne du Front populaire des années 1930 et 1940, ligne se prolongeant jusqu’à la mise en place d’une nouvelle forme de régime, la démocratie populaire.

Cependant, en raison de cette substance politique et idéologique, la figure de Georgi Dimitrov ne peut être comprise que par les communistes.

En effet, il y a du côté de la bourgeoisie la négation de la richesse historique du communisme, accolé au souci d’accabler celui-ci de manière unilatérale sous le vocable de « stalinisme ».

Le parcours historique de Georgi Dimitrov – tout comme notamment celui du Parti Communiste de Grèce et de l’Armée Démocratique de Grèce après 1945 – montre l’ineptie de la conception bourgeoisie, de par sa réalité historique et sa profonde signification.

Il y a également eu, du côté des faux communistes, les révisionnistes qui ont suivi Nikita Khrouchtchev à la mort de Staline, un travail patient d’effacement des enseignements de Georgi Dimitrov sur le Front populaire et de la démocratie populaire.

Les démocraties populaires de l’Est européen devinrent, miraculeusement et sans raison concrète, des pays « socialistes » ; le Front populaire devint un concept altéré, servant uniquement le principe de « programme commun ».

Enfin, il est nécessaire de souligner la tentative générale de l’ultra-gauche anarchiste de récupérer le terme d’antifascisme pour une démarche « révolutionnaire » à prétention « anticapitaliste » qui est précisément à l’opposé de la conception réelle et historique de l’antifascisme.

Le rétablissement de la figure historique de Georgi Dimitrov est par conséquent d’une haute signification.

>Revenir au sommaire du dossier sur Georgi Dimitrov