Thèses sur la Situation Internationale et les Tâches au sixième congrès de l’Internationale Communiste

Introduction

§1. Après la première guerre mondiale, le mouvement ouvrier international a traversé diverses phases historiques de développement, expression des différentes phases de la crise générale du système capitaliste.

La première période, période de crise aiguë du système capitaliste, période d’interventions révolutionnaires directes du prolétariat, dont le point culminant fut l’année 1921, s’acheva, d’une part, par la victoire de l’URSS sur les forces de l’intervention de la contre-révolution intérieure, par la consolidation de la dictature prolétarienne et par l’organisation de l’IC ; d’autre part, par de pénible défaites du prolétariat de l’Europe occidentale et par le début d’une offensive générale de la bourgeoisie.

Le dernier chaînon de cette période fut la défaite du prolétariat allemand en 1923.

Cette défaite fut le point de départ de la seconde période constituée graduellement par la stabilisation partielle du système capitaliste, par le processus de «relèvement» de l’économie capitaliste, le développement et l’extension de l’offensive du capital, de nouveaux combats défensifs de l’armée prolétarienne affaiblie par ses graves défaites ; d’autre part, cette période fut celle d’un rapide processus de relèvement de l’URSS, de succès sérieux dans l’édification du socialisme et d’une influence politique croissante des PC sur les grandes masses du prolétariat.

Enfin, la troisième période est, au fond, celle du relevèrent de l’économie capitaliste et parallèlement, de celle de l’URSS, au-delà de leurs niveaux d’avant-guerre (début de la période dite de «reconstruction», nouvelle croissance des formes socialistes de l’économie sur la base d’une technique nouvelle).

Pour le monde capitaliste, cette période est celle d’un rapide développement de la technique, d’une croissance intense des cartels, des trusts, des tendances au capitalisme d’État, et conjointement, celle d’un puissant développement des contradictions de l’économie mondiale, se mouvant dans des formes déterminées tout le cours antérieur de la crise du capitalisme (marchés réduits, URSS, mouvements coloniaux, accroissement des contradictions intérieures de l’impérialisme).

Cette troisième période, qui a particulièrement aggravé la contradiction existante entre la croissance des forces productives et la réduction des marchés, rend inévitable une nouvelle phase de guerres impérialistes entre les États impérialistes, de guerres de ces derniers contre l’URSS, de guerres de libération nationale contre les impérialistes et leurs interventions, de batailles de classes gigantesques.

En aiguisant les contradictions internationales (contradictions entre les pays capitalistes et l’URSS, occupation militaire du Nord de la Chine comme commencement de son démembrement et de la lutte entre les impérialistes, etc.) et les contradictions intérieures dans les pays capitalistes (radicalisation de masses de la classe ouvrière, intensification de la lutte de classes), en déchaînant les mouvements coloniaux (Chine, Inde, Égypte, Syrie), cette période aboutit fatalement, par un nouveau développent de la stabilisation capitaliste, à nouvel ébranlement de la stabilisation capitaliste et à une aggravation aiguë de la crise générale du capitalisme.

1. — L’économie mondiale et sa technique

§2. Il est incontestable que l’essor considérable de la technique des pays capitalistes prend dans certains d’entre eux (États-Unis, Allemagne) le caractère d’une révolution technique.

D’une part, l’accroissement gigantesque du nombre des moteurs à combustion interne, l’électrification, le développement des procédés chimiques dans l’industrie, les nouvelles méthodes pour obtenir du combustible et des matières premières synthétiques (benzine, soie artificielle), l’emploi des métaux légers, l’extension considérable des transports automobiles ; d’autre part, les nouvelles formes de l’organisation du travail combinées avec le développement excessivement rapide du travail à la chaîne, ont relevé de nouveaux les forces productives du capitalisme.

Sur cette base se développe le chiffre d’affaires du commerce extérieur et s’élève considérablement l’exportation des capitaux ; il faut noter que l’importance de cette forme de liaison économique entre les pays s’est sensiblement accrue par rapport à la période d’avant-guerre.

§3. Dans le domaine de l’économie, on observe un accroissement excessivement rapide des monopoles capitalistes (cartels, trusts, consortiums de banques qui ont aussi une influence croissante sur l’agriculture). Parallèlement à l’organisation du capital en cartels et en trusts dans les frontières «nationales» se développe aussi le processus d’accroissement des groupements financiers-capitalistes internationaux.

On observe aussi un accroissement des tendances au capitalisme d’État, tant sous la forme du capitalisme d’État au sens propre du mot (centrales électriques d’État, entreprises industrielles et de transports municipales) que sous la forme d’une fusion croissante des organisations patronales avec les organes du pouvoir d’État.

§4. La crise générale du capitalisme prend de nouvelles formes et développe des contradictions spécifiques sur la base de ces modifications radicales de la structure de tout le système économique mondial.

Le déplacement du centre économique du capitalisme, d’Europe en Amérique, et la tendance croissante de l’Europe, organisée en trusts et renforcée, de s’affranchir de la domination économique des États-Unis, le développement du capitalisme dans les pays coloniaux et semi-coloniaux ; la disproportion énorme entre le rythme de croissance de la puissance économique et militaire des différents pays et l’envergure de leurs possessions coloniales ; le danger qui menace les positions des impérialistes dans les colonies et avant tout en Chine : le développement de l’URSS comme facteur de radicalisation de la classe ouvrière de tous les pays et des masses travailleuses des colonies, opposé au système capitaliste mondial ; toutes ces contradictions ne peuvent pas ne pas aboutir en fin de compte à une nouvelle explosion.

§5. Les forces productives accrues du capitalisme entrent toujours plus en conflit avec les limites des marchés intérieurs réduits par la ruine d’après-guerre dans différents pays impérialistes et par la paupérisation croissante des masses paysannes dans les colonies et avec la structure de l’économie mondiale d’après-guerre dont les contradictions se sont accrues et compliquées à l’extrême par le nouvel antagonisme de principe entre l’URSS et les pays capitalistes.

La rupture de l’équilibre entre l’Amérique et l’Europe trouve son expression la plus vive dans le «problème allemand» et dans le déclin de l’impérialisme britannique.

L’Allemagne qui s’est rapidement développée, dans une grande mesure grâce aux crédits américains, et qui est contrainte de payer les réparations et les intérêts de ses dettes, ne trouve pas de marchés suffisants pour l’exportation de ses marchandises, et tout le système de ses rapports se maintient par les crédits américains toujours renouvelés qui, à leur tour, augmentent la capacité de concurrence de l’Allemagne sur le marché mondial.

Le déclin de l’impérialisme britannique se manifeste directement par la continuité du déclin et du marasme de l’industrie britannique dont les principales branches d’exportation, malgré toutes les tentatives de rationalisation, malgré l’offensive croissante contre le niveau de vie de la classe ouvrière, sont de moins en moins capables de soutenir la concurrence sur le marché mondial.

Il se manifeste par la réduction constante de l’exportation des capitaux britanniques et par la perte de la position dominante de la bourgeoisie anglaise comme créancière et banquière mondiale. Il se manifeste surtout par un chômage chronique considérable.

Ce déclin économique, en rapport avec le développement des Dominions et l’éveil révolutionnaire des colonies, se traduit par des tendances de désagrégation de l’Empire britannique.

§6. Les succès dans le domaine de la technique et de l’organisation ont contribué à un chômage en masse chronique dans les principaux pays industriels. L’armée des chômeurs est plusieurs fois supérieure à l’armée industrielle de réserve d’avant-guerre et n’est pas absorbée totalement dans les périodes de conjoncture favorable.

Aux États-Unis, par exemple, où la technique a fait les progrès les plus considérables, parallèlement à une forte croissance de la production se produit une réduction de la main-d’œuvre employée par le capital industriel.

Même dans les pays où existe ce développement de la technique, la rationalisation, cause d’une grande extension de la production, entraîne une intensification énorme et une accélération terrible du travail, une dépense extrêmement épuisante de la main- d’œuvre.

La mécanisation du travail permet aux capitalistes d’employer de plus en plus la main d’œuvre non qualifiée (femmes et adolescents) et, en général, de remplacer la main-d’œuvre qualifiée par de la main-d’œuvre non qualifiée.

Les tentatives d’atténuer ces difficultés par la constitution de cartels européens et internationaux reproduisent sur une plus large base et sous de nouvelles formes la concurrence (détermination de la quote de production, lutte contre les entreprises non-adhérentes aux cartels, etc.) entre l’Angleterre et les États du continent européen et sur le continent européen lui- même, avec sa division politique et économique et ses nombreuses barrières douanières.

Dans ces conditions, le problème des marchés et des sphères d’investissement de capitaux devient excessivement aigu.

De là, résulte l’approche d’une nouvelle phase de grandes collisions militaires, d’une guerre d’intervention contre l’URSS, de là découle l’imminence très proche d’une intervention en Chine. En définitive, le développement des contradictions de la stabilisation capitaliste aboutit donc fatalement à la transformation de la période de «stabilisation» actuelle en période de grandes catastrophes.

2. — Les relations internationales et les problèmes de «politique étrangère»

§7. Les rapports entre les États capitalistes et l’URSS, l’attitude de l’impérialisme envers la Chine, les rapports entre l’Europe, surtout entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, constituent la base des rapports internationaux en général dans la période actuelle.

Le développement de l’Allemagne, cause du regroupement des puissances, est un des principaux facteurs des changements dans les rapports entre les États d’Europe.

§8. Il faut reconnaître que le facteur essentiel du développement actuel du capitalisme en général est le transfert du centre économique aux États-Unis d’Amérique et, sur cette base, la croissance de leur agressivité impérialiste.

En qualité de créditeur permanent de l’Europe, les États-Unis sont le levier de l’essor de l’Europe centrale, ils consolident en même temps leurs positions dans presque toutes les parties du monde : l’Amérique latine devient progressivement, par l’évincement du capital britannique, une «sphère d’influence» énorme des États-Unis qui répriment sur le continent américain toute résistance par le fer et par le feu (Nicaragua, etc.), le Canada, voire même l’Australie, gravitent toujours plus vers eux dans la ligne de la «collaboration économique»: l’hégémonie des États-Unis y est assurée d’avance.

Dans le monde entier, les États-Unis poursuivent un vaste plan de conquête des principales sources de matières premières et d’affaiblissement des positions de l’Angleterre, en détruisant son monopole du naphte et du caoutchouc, en sapant sa base dans la production du coton en Égypte et au Soudan, etc.; en Afrique, les États-Unis développent de larges plans destinés à saper la puissance de l’Angleterre dans le domaine de la production du coton ; en Chine, ils se heurtent au Japon et à l’Angleterre et occupent une position plus solide en se retranchant pour le moment derrière le principe de la «porte ouverte», mais, en fait, ils participent au partage de la Chine.

Ainsi, l’impérialisme de l’Amérique du Nord passe toujours plus de la politique de «pénétration pacifique» à la politique d’occupation militaire directe des colonies.

§9. Cette rapide expansion des États-Unis se heurte fatalement aux intérêts du capitalisme britannique en décadence, mais encore puissant. Les contradictions entre la république du dollar avec son intense rythme de développement, mais ne possédant que relativement peu de colonies, et l’empire colonial britannique en déclin, avec son énorme monopole colonial, constitue l’axe des contradictions internationales de la période actuelle ; c’est ici que se trouve le nœud de la prochaine lutte pour le nouveau partage du monde colonial (et pas seulement du monde colonial).

La «collaboration» anglo-américain est devenue une rivalité anglo- américaine féroce, qui développe les perspectives d’une énorme collision de forces.

§10. L’influence du capital américain en Europe s’est manifestée surtout sur l’essor économique de l’Allemagne. De puissance qui gisait dans le bas-fond de la ruine économique, l’Allemagne s’est élevée de nouveau à une grande hauteur, à l’aide des crédits systématiques des États-Unis. Le rôle politique de l’Allemagne s’est élevé en conséquence.

La croissance du capitalisme monopoliste en Allemagne provoque, d’une part, la désagrégation croissante du Traité de Versailles, d’autre part une orientation qui se précise toujours plus, dans le sens «occidental», c’est-à-dire impérialiste et antisoviétique.

Si, dans les temps de son humiliation économique, politique et nationale, l’Allemagne cherchait un accord avec l’État prolétarien, unique État dressé contre l’asservissement impérialiste de l’Allemagne, les tendances croissantes du néo-impérialisme allemand poussent toujours plus la bourgeoisie allemande à une position antisoviétique.

§11. Ce fait doit lui-même fatalement modifier les groupes de puissances européennes. L’existence de nombreuses contradictions internes à l’Europe (avant tout l’antagonisme franco-italien dans les Balkans et dans l’Afrique du Nord), sur la base d’une instabilité générale des rapports, provoque un regroupement permanent des puissances. Cependant, à travers la bigarrure de ces groupements changeants, une tendance fondamentale se précise, celle de la lutte contre l’US.

Les accords et les traités innombrables entre petits et grands États (Pologne, Roumanie, Italie, Hongrie, Tchécoslovaquie, États limitrophes, etc.) dirigés contre l’URSS et conclus d’après les directives venant de Londres et de Paris, expriment cette tendance avec une netteté toujours plus grande. Le changement de position de l’Allemagne achève dans une certaine mesure, une phase de ce processus de préparation de la guerre du bloc contre-révolutionnaire des impérialistes contre l’URSS.

§12. La lutte pour les marchés et les sphères d’investissements de capitaux est non seulement pleine de menaces de guerre contre l’URSS et entre les États impérialistes, elle a déjà abouti à une grande guerre d’intervention pour le partage de l’immense marché chinois.

Là où les impérialistes sont en présence d’un objet d’exploitation et d’un mouvement révolutionnaire qui sape la domination des principes capitalistes, la formation de blocs impérialistes généraux est des plus probables.

C’est pourquoi, parallèlement au bloc des puissances impérialistes contre l’URSS, existe une intervention militaire contre-révolutionnaire générale contre les forces de la révolution chinoise.

Mais cette lutte commune contre la révolution chinoise développe de profondes contradictions d’intérêts au sein du bloc des impérialistes, en premier lieu entre l’impérialisme rapace et franchement annexionniste du Japon et l’énorme puissance de l’impérialisme américain qui, dans l’étape actuelle, se drape dans la toge du pacifisme. Ainsi, la guerre des impérialistes contre le peuple chinois peut déchaîner un formidable conflit entre eux.

3. — Le pouvoir d’État de la bourgeoisie et le regroupement des forces de classes

§13. Dans l’énorme majorité des pays capitalistes, la politique de la bourgeoisie est déterminée actuellement par deux tâches essentielles : premièrement, l’augmentation de la «capacité de concurrence», c’est-à-dire le développement de la rationalisation capitaliste ; deuxièmement, la préparation de la guerre.

Du point de vue social, de classe, cette politique de la bourgeoisie aboutit, d’une part, à renforcer la pression sur la classe ouvrière et à élever le taux de son exploitation, et d’autre part, pour parer aux conséquences de cette exploitation accrue, l’emploi de méthodes de corruption économique et politique dont la social-démocratie est de plus en plus l’agent.

§14. La centralisation du capital et la participation de la grosse propriété foncière à l’organisation générale du capital financier, par l’intermédiaire du système bancaire, consolident toujours plus les forces des grands exploiteurs, dont les organisations fusionnent directement avec les organes du pouvoir d’État.

Si le système dit «du capitalisme d’État de guerre» fut dans une grande mesure un «système économique d’État de siège» «aboli» à la fin de la guerre, la croissance des tendances au capitalisme d’État, qui reposent actuellement sur le développement des forces productives et la concentration rapide de l’économie, est à son tour, une prémisse objective la mobilisation économique militaire pour les collisions à venir.

Dans la préparation des forces productives, le déplacement qui s’opère vers l’industrie chimique joue un rôle prédominant dans la guerre moderne et souligne encore davantage toute l’importance de ce fait.

§15. Cette évolution des rapports entre l’État et les organisations patronales, la concentration de toutes les forces de la bourgeoisie dans l’État bourgeois provoquent dans tous les pays capitalistes une évolution réactionnaire de tout «le régime étatique bourgeois».

Cette évolution, expression typique de la période critique actuelle du capitalisme, s’exprime sur le terrain politique par la crise générale de la démocratie et du parlementarisme bourgeois et son empreinte sur toutes les collisions économiques entre le capital et le travail en leur donnant une acuité inouïe. Toute grande grève économique met aux prises les ouvriers avec des trusts capitalistes géants étroitement liés au pouvoir d’État des impérialistes.

Chacune de ces grèves acquiert pour cette raison un caractère politique, c’est-à-dire un caractère général de classe. Le développement de chacune de ces grèves lui imprime le caractère d’une grève «dirigée» contre l’État. Cet état de choses oblige la bourgeoisie et son pouvoir d’État à recourir à des formes compliquées de corruption économique et politique de certaines couches de la classe ouvrière et de ses organisations politiques et syndicales.

La liaison des cadres supérieurs des syndicats réformistes et des Partis «réformistes» avec les organisations patronales et l’État bourgeois — les ouvriers devenant fonctionnaires de l’État et fonctionnaires des organisations patronales, la théorie et la pratique de la démocratie économique, de la «paix industrielle», etc. — ce sont là des moyens préventifs contre le développement de la lutte de classes.

§16. En même temps, les États impérialistes perfectionnent toujours davantage leurs instruments et leurs méthodes de répression contre les détachements révolutionnaires du prolétariat, en particulier contre les PC, les seuls Partis qui organisent et mènent la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière contre les guerres impérialistes et l’exploitation croissante.

Ces mesures sont liées aussi directement avec la préparation des États impérialistes à la guerre, mais reflètent en même temps la grande acuité des contradictions de classe et en particulier l’acuité de toutes les formes et de toutes les méthodes de lutte de classes, qui se traduit par l’application toujours plus fréquente des méthodes fascistes de la part de la bourgeoisie.

On compte ici : le bill sur les syndicats en Angleterre, la loi militaire de Paul-Boncour et la répression contre les communistes en France, les lois sur la protection de l’État (par exemple dans les Balkans), la destruction des syndicats et la terreur contre les communistes en Italie, la terreur au Japon, en Pologne, les massacres de communistes, d’ouvriers et de paysans révolutionnaires en Chine et la répression contre les révolutionnaires dans les colonies en général, les tentatives de dissolution de l’Union des Combattants du Front Rouge en Allemagne, etc., etc.

Dans les pays où les communistes sont encore légaux, la bourgeoisie, avec l’aide de la social-démocratie s’efforce de les rendre illégaux.

C’est pourquoi la préparation des masses à la lutte et le combat énergique contre les tentatives d’attaque répétées de la part de la bourgeoisie sont à l’ordre du jour.

§17. Parallèlement, s’accroit sous des formes très variées la résistance de la classe ouvrière déjà remise des lourdes défaites de la période précédente. Le développement des contradictions de la stabilisation capitaliste, la rationalisation, le chômage croissant, la pression toujours plus forte sur la classe ouvrière, la ruine de la petite bourgeoisie, etc., accentuent inévitablement la lutte de classes et élargissent sa base.

À cela s’ajoute le processus de «radicalisation général de la classe ouvrière» dans les pays de l’Europe, l’affaiblissement de l’influence des Partis purement bourgeois sur la masse des ouvriers qui se rallient en partie à la social-démocratie, en partie au communisme, le passage des éléments les plus combatifs de la classe ouvrière de la social-démocratie au communisme, la social-démocratie s’appuyant toujours plus sur les couches petites-bourgeoises et déplaçant ainsi sa base sociale, de la classe ouvrière vers la petite-bourgeoisie.

L’influence des PC croit au sein de la classe ouvrière. Si le début de la période de stabilisation et d’offensive générale du capital a suscité de grandes luttes défensives, la nouvelle phase détermine de même l’apparition de vastes luttes de masses : avant tout la vague de grèves dans différents pays (Allemagne, France, Tchécoslovaquie, etc.), l’insurrection du prolétariat de Vienne, les manifestations à l’occasion de l’exécution de Sacco et Vanzetti, le mouvement en faveur l’URSS, etc.

Ainsi, la reproduction des contradictions de la stabilisation capitaliste, l’acuité croissante de la lutte de classes aboutissent, malgré les contre-mesures prises par la bourgeoisie et la social-démocratie, à une différenciation idéologique et à la croissance des forces révolutionnaires au sein de la classe ouvrière, et à la consolidation des positions du communisme an sein du mouvement ouvrier international.

4. — La lutte de classes, la social-démocratie et le fascisme

§18. Malgré l’aggravation de la lutte de classes, le réformisme donne des indices de sa vitalité et de sa ténacité politiques dans le mouvement ouvrier d’Europe et d’Amérique.

La cause générale, sociale et économique de ce fait fondamental est dans le développement lent de la crise du capitalisme, dans la croissance de certaines de ses parties intégrantes principales et dans le déclin relativement lent des autres.

Les faits suivants s’y rapportent : consolidation croissante des positions des États-Unis comme exploiteur, créditeur et usurier mondial («prospérité» des États- Unis); grande puissance coloniale de l’Angleterre qui perd, progressivement seulement, ses positions sur le marché mondial ; essor de l’économie allemande, etc.

En liaison avec ce premier processus, il existe un processus secondaire d’intégration des appareils de l’État et des organisations patronales avec les cadres supérieurs des organisations ouvrières dirigées par la social- démocratie, formation de nouveaux fonctionnaires avec des bureaucrates ouvriers (fonctionnaires d’État, des municipalités, des organisations patronales, fonctionnaires au service des organisations «communes» des ouvriers et des capitalistes, «représentants du prolétariat» dans l’administration des postes, les conseils de chemins de fer, où ils prennent la parole au nom des syndicats, de la coopération, etc.).

§19. Ce processus d’embourgeoisement des cadres supérieurs de la bureaucratie ouvrière est consciemment appuyé et favorisé par la social-démocratie qui a passé de la défense timide à l’appui ouvert et à l’édification active du capitalisme, des phrases sur la lutte de classes à la prédication de la «paix industrielle», de la «défense de la patrie» à la préparation de la guerre contre l’URSS (Kautsky), de la défense en paroles des colonies à un appui direct de la politique d’oppression coloniale, du pacifisme petit-bourgeois à la déification de la SdN impérialiste, du révisionnisme faussement marxiste au libéralisme du Labour Party britannique.

§20. Cette position idéologique correspond entièrement et pratiquement à l’activité de la social-démocratie et des leaders syndicaux réformistes, en premier lieu leur campagne pour l’application générale des méthodes américaines de corruption et de décomposition de la classe ouvrière (activité du Bureau International du Travail, conférences de délégués du Conseil général et du Labour Party avec les associations patronales en Angleterre, le Conseil Économique National en France, le «Schlichtungswesen» en Allemagne, les lois d’arbitrage obligatoire dans différents pays scandinaves, création d’un organe commun «Chambre de Commerce» et «Chambre ouvrière» en Autriche, etc.).

Le rôle perfide de la social-démocratie et des leaders des syndicats réformistes pendant les grèves et les crises politiques, pendant les confits et les insurrections dans les colonies, leur justification de la terreur contre les ouvriers (grève anglaise, insurrection de Vienne, grève des ouvriers des métaux en Allemagne, fusillade contre les ouvriers en Tchécoslovaquie et en Pologne, insurrection en Indonésie, révolution en Chine, insurrections Syrie et au Maroc, etc., etc., se complètent actuellement par leurs attaques acharnées contre les communistes et les ouvriers révolutionnaires (politique d’exclusion et de scission des syndicats, des coopératives et autres organisations de masses dans divers pays).

§21. Cette politique de division de la classe ouvrière est largement pratiquée par les leaders réformistes qui, sur l’ordre de la bourgeoisie excluent les meilleurs éléments révolutionnaires des organisations de masses du prolétariat.

Elle est une partie intégrante de leur politique de collaboration avec la bourgeoisie, son but est de saper dès le début l’unité intérieure des rangs prolétariens et d’affaiblir ainsi leur résistance aux attaques du capital. Cette politique est un des chaînons indispensables de toute leur politique social- impérialiste (politique des armements, antisoviétique et de brigandage dans les colonies).

Pour contrebalancer ces tentatives réformistes de désagrégation du front prolétarien de l’intérieur, les communistes doivent entreprendre et développer, actuellement surtout, une contre-offensive énergique pour résister à la politique réformiste de scission des organisations de masses du prolétariat (Syndicats, Coopératives, associations culturelles et sportives, etc.) par la lutte de masses pour l’unité de classe.

Les prétendus leaders «de gauche» de la social-démocratie jouent un rôle particulièrement odieux dans les menées scissionnistes du réformisme. En paroles, ils préconisent l’unité, mais en fait, ils appuient toujours et sans réserves les méthodes criminelles de scission de la 2e Internationale et des partisans d’Amsterdam.

§22. Dans le domaine de la politique extérieure, l’état-major de la social-démocratie et des syndicats réformistes des pays impérialistes exprime d’une façon conséquente les intérêts de l’État bourgeois.

Appuyer cet État, ses forces armées, sa police, ses aspirations d’expansion, son hostilité de principe contre l’URSS, appuyer les traités et accords spoliateurs, la politique coloniale, les occupations, les annexions, les protectorats et les mandats : appuyer la SdN et la campagne haineuse des puissances impérialistes contre l’URSS ; participer à la tromperie «pacifiste» des masses, à la préparation de guerre contre les républiques prolétariennes, à la tromperie des ouvriers coloniaux (Purcell aux Indes, résolution de la 2e Internationale sur la question coloniale), — tels sont les traits essentiels de la ligne de conduite effective de la social-démocratie dans le domaine de la politique extérieure.

§23. La social-démocratie a joué durant toute la période écoulée le rôle de dernière réserve de la bourgeoisie, du parti «ouvrier» bourgeois. Par ses soins, la bourgeoisie a frayé la voie à la stabilisation du capitalisme (série de cabinets de coalition en Europe).

La consolidation du capitalisme a rendu superflue, dans une certaine mesure, la fonction de la social-démocratie comme parti dirigeant. Son évincement des coalitions et la formation de gouvernements «purement bourgeois» ont succédé à l’«ère» dite du «pacifisme démocratique». Jouant, d’une part, le rôle d’opposition ; d’autre part, celui d’agitateur et de propagandiste de la politique du «pacifisme réaliste» et de la «paix industrielle», la social-démocratie a maintenu son influence sur des couches importantes de la classe ouvrière, a conquis une partie des ouvriers qui ont quitté les partis bourgeois, acquis de l’influence parmi les couches de la petite- bourgeoisie en voie de radicalisation (élections en France et en Allemagne) et en Europe centrale est entrée de nouveau au gouvernement.

Il faut se rendre compte cependant que ces nouveaux gouvernements de coalition avec la participation directe de la social-démocratie, ne peuvent être et ne seront une simple répétition des combinaisons précédentes, spécialement en ce qui concerne les questions de la politique extérieure, en général, et les questions de politique militaire en particulier. La direction sociale-démocrate jouera ici un rôle infiniment plus perfide que dans toutes les étapes antérieures.

Il faut également tenir compte qu’en liaison surtout avec la pratique des coalitions de la social-démocratie et avec l’évolution de ses leaders officiels, un renforcement de l’«aile» gauche de la social-démocratie (austro-marxisme, tranmelisme, idéologie de l’Independant Labour Party en Angleterre, du maximalisme en Italie) est possible, celle-ci trompant les masses ouvrières par des méthodes plus subtiles et par conséquent plus dangereuses pour la cause de la révolution prolétarienne.

L’expérience des périodes critiques (révolution de 1923 en Allemagne, grève anglaise, insurrection de Vienne), ainsi que l’attitude des social-démocrates de «gauche» dans la question de la préparation de guerre des impérialistes contre l’URSS, ont démontré que les leaders social-démocrates «de gauche» sont en fait les ennemis les plus dangereux du communisme et la dictature du prolétariat.

Ceci est particulièrement confirmé par l’ignoble conduite de la social-démocratie autrichienne, ce «parti modèle» de l’aile «gauche» de la 2e Internationale, lors des sanglants combats du prolétariat de Vienne en juillet 1927.

Cette faillite complète des Bauer, Adler et C ie démontre avec évidence que l’«austro-marxisme», accentuant toujours plus nettement ses tendances réactionnaires, après la répression de l’insurrection de Vienne, trahit constamment, dans la pratique, d’une façon ignoble, la cause ouvrière et est, aux mains des réformistes, l’instrument le plus dangereux pour duper les masses révolutionnaires.

C’est pourquoi, tout en tenant compte du processus de radicalisation des ouvriers au sein même de la social-démocratie et en s’efforçant d’étendre toujours plus leur influence sur eux, les communistes doivent démasquer impitoyablement les leaders social-démocrates «de gauche» comme les agents les plus dangereux de la politique bourgeoise au sein de la classe ouvrière et conquérir la masse ouvrière qui abandonne fatalement la social-démocratie.

§24. Tout en s’assurant le concours de la social-démocratie, la bourgeoisie, dans des moments critiques et des conditions déterminées, organise une forme fasciste du régime.

Le trait caractéristique du fascisme est qu’au moment de l’ébranlement du régime économique capitaliste et en raison de circonstances objectives et subjectives, la bourgeoisie profite du mécontentement de la petite et moyenne bourgeoisie urbaine et rurale et même de certaines couches du prolétariat déclassé, pour créer un mouvement de masses réactionnaire, afin de barrer la route au développement de la révolution.

Le fascisme a recours à des méthodes de violence directe pour briser la force des organisations de la classe ouvrière et des paysans pauvres et prendre le pouvoir.

Une fois au pouvoir, le fascisme s’efforce d’établir l’unité politique et organique de toutes les classes dominantes de la société capitaliste (banques, grande industrie, grande agriculture) et réalise leur dictature intégrale, ouverte et conséquente.

Il met à la disposition des classes dominantes ses forces armées, spécialement dressées en vue de la guerre civile. Il réalise un nouveau type d’État s’appuyant ouvertement sur la violence, la contrainte et la corruption, non seulement des couches petites-bourgeoises, mais aussi de certains éléments de la classe ouvrière (employés, anciens leaders réformistes transformés en fonctionnaires d’État, fonctionnaires syndicaux ou du Parti fasciste, paysans pauvres et prolétaires déclassés recrutés dans la «milice fasciste»).

Le fascisme italien, par différents procédés (appui du capital américain, oppression sociale et économique extrême des masses, certaines formes de capitalisme d’État), est parvenu ces dernières années à atténuer les suites de la crise politique et économique intérieure, et il a créé un type classique de régime fasciste.

Des tendances fascistes et des embryons de fascisme existent maintenant presque partout sous une forme plus ou moins développée, l’idéologie de la collaboration de classes — idéologie officielle de la social-démocratie — a beaucoup de points communs avec celle du fascisme. Les méthodes fascistes appliquées dans la lutte contre le mouvement révolutionnaire, existent sous une forme embryonnaire dans la pratique de nombreux Partis social- démocrates et de la bureaucratie syndicale réformiste.

Dans les rapports internationaux, le fascisme poursuit une politique de violence et de provocation. La dictature fasciste en Pologne et en Italie manifeste de plus en plus des tendances agressives, elle est pour le prolétariat de tous les pays une menace constante pour la paix, un danger d’aventures militaires et de guerres.

5. — Les pays coloniaux et la révolution chinoise

§25. La crise générale du système capitaliste mondial trouve actuellement une brillante expression dans les insurrections et les révolutions coloniales et semi-coloniales.

La résistance à la politique impérialiste des États-Unis (Mexique, Nicaragua), le mouvement de l’Amérique latine contre les États-Unis, l’insurrection coloniale de Syrie et du Maroc, l’effervescence constante en Égypte, en Corée, l’insurrection en Indonésie, le processus de développement de la crise révolutionnaire aux Indes, enfin la grande révolution en Chine, tous ces événements indiquent le rôle gigantesque des colonies et des semi-colonies dans la lutte révolutionnaire contre l’impérialisme.

§26. Le principal de ces faits, événement d’importance historique mondiale, c’est la grande révolution chinoise.

Elle entraîne dans son orbite directement des dizaines de millions et indirectement des centaines de millions d’hommes, énorme masse humaine qui, pour la première fois, participe avec une telle force à la lutte contre l’impérialisme.

Le voisinage immédiat de la Chine avec l’Indochine et les Indes élève l’importance de la révolution chinoise à un degré considérable. Enfin, le cours même de cette révolution, son caractère démocratique, sa croissance inévitable en une révolution prolétarienne manifestent le rôle international de la révolution chinoise dans toute son ampleur aux yeux du prolétariat mondial.

§27. La révolution chinoise étant une révolution anti-impérialiste et d’affranchissement national, est en même temps, par son contenu objectif, et dans sa phase actuelle, une révolution démocratique bourgeoise qui, fatalement, se transformera en révolution prolétarienne.

Au cours de son développement, de la mobilisation des larges masses ouvrières et paysannes, du développement effectif de la révolution agraire qui, d’une façon plébéienne, règle les comptes avec les propriétaires fonciers : la «gentry», les «toukaos», la bourgeoisie nationale (du Kuomintang) à la suite de divers coups d’État a définitivement passé dans le camp de la contre-révolution, à une alliance avec les féodaux et à un accord avec les spoliateurs impérialistes.

C’est pourquoi la lutte contre l’impérialisme est inséparable de la lutte pour la terre et de la lutte contre le pouvoir de la bourgeoisie contre-révolutionnaire.

Elle est inséparable de la lutte contre les agrariens (gentry, toukaos), contre les militaristes, contre leurs guerres intestines qui causent le pillage des masses populaires et renforcent la position des impérialistes.

L’affranchissement de la Chine n’est possible que par la lutte contre la bourgeoisie chinoise, par la lutte pour la révolution agraire, la confiscation des terres des agrariens et l’exonération des paysans des impôts inouïs qui pèsent sur eux.

L’émancipation de la Chine est impossible sans la victoire de la dictature du prolétariat et des paysans, sans la confiscation des terres, sans la nationalisation des entreprises étrangères, des banques, des transports, etc., etc.

Ces tâches ne peuvent être résolues qu’à la condition d’une insurrection victorieuse des larges masses paysannes qui marchent sous la direction et l’hégémonie du prolétariat révolutionnaire chinoise.

La période actuelle de la révolution chinoise est caractérisée par les traits suivants : le bloc des impérialistes, des féodaux et de la bourgeoisie, malgré l’existence de contradictions intérieures dans ce bloc, a infligé une grave défaite au prolétariat et à la paysannerie et a détruit physiquement une partie importante des cadres du PC Le mouvement ouvrier ne s’est pas encore entièrement remis de ses défaites.

Le développement du mouvement paysan continue dans de nombreuses régions ; là où l’insurrection paysanne a été victorieuse furent constitués des organes du pouvoir paysan et parfois des soviets paysans. Le PC se renforce intérieurement et devient plus cohésif, son autorité et son influence croissent parmi les larges masses ouvrières et paysannes.

En général, tenant compte du développement différent dans les diverses parties de l’immense territoire de la Chine, il faut caractériser la période actuelle comme une phase de préparation des forces des masses pour une nouvelle poussée révolutionnaire.

§28. Aux Indes a commencé une recrudescence du mouvement national révolutionnaire. Cette nouvelle vague est caractérisée par l’intervention indépendante du prolétariat (grèves du textile à Bombay et des cheminots à Calcutta, manifestations du Premier Mai, etc.).

Cette nouvelle poussée a ses racines profondes dans toute la situation du pays. L’industrialisation qui s’est considérablement accélérée pendant la guerre et dans la période d’après-guerre s’est maintenant ralentie.

La politique de l’impérialisme britannique entrave le développement industriel de l’Inde et aboutit à l’expropriation et à la paupérisation des paysans. Les tentatives de créer une petite couche de riches paysans, servant d’appui au gouvernement britannique et au féodalisme indigène, au moyen de réformes agraires insignifiantes, sont accompagnées d’une paupérisation et d’une exploitation croissante des grandes masses paysannes.

L’exploitation rapace des ouvriers qui, par endroits, a conservé une forme semi-esclavagiste, se lie à une intensification extrême du travail. Dans la lutte contre cette exploitation barbare, le prolétariat s’affranchit de l’influence de la bourgeoisie et du réformisme, bien que l’appareil syndical soit encore aux mains des réformistes.

Le mouvement paysan, désorganisé en 1922 par la trahison de Gandhi et objet de répressions violentes de la part de la réaction féodale, marche lentement mais inévitablement vers un nouvel essor. La bourgeoisie libérale nationale (aile directrice du Parti swarajiste), contrainte de nouveau à renouveler son opposition plus ou moins loyale à l’égard de l’impérialisme britannique par suite de l’intransigeance de ce dernier, cherche, malgré ses interventions antibritanniques, à établir un accord avec lui aux dépens des masses laborieuses.

D’autre part, tout le développement de l’Inde pousse les larges masses de la ville et de la campagne, en premier lieu la paysannerie ruinée et paupérisée, dans la voie de la révolution.

Seul, le bloc des ouvriers, des paysans et de la partie révolutionnaire des intellectuels sera en état, sous la conduite du prolétariat, de briser le bloc des impérialistes, des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie opportuniste, de déclencher la révolution agraire et de percer le front impérialiste aux Indes.

L’union des éléments et des groupes communistes en un puissant PC, l’union des masses prolétariennes dans les Syndicats, la lutte systématique pour y démasquer complètement et en chasser les leaders social-traîtres, telles sont les tâches indispensables de la classe ouvrière de l’Inde et les conditions nécessaires d’une lutte révolutionnaire des masses pour l’indépendance de l’Inde.

§29. La nouvelle poussée de la révolution chinoise et l’aggravation inévitable de la situation révolutionnaire aux Indes peut créer une situation mondiale nouvelle et renverser la stabilisation relative du régime capitaliste. Le développement des conflits entre les puissances impérialistes, leur bloc contre l’URSS et l’acuité profonde de la lutte entre l’impérialisme et le monde colonial confirment une fois de plus le caractère général de l’époque comme «époque de guerres et de révolutions».

6. — La tactique et les tâches fondamentales de l’IC

§30. La lutte contre la guerre impérialiste imminente, la défense de l’URSS, la lutte contre l’intervention en Chine et contre le partage de la Chine, la défense de la révolution chinoise et des insurrections coloniales, telles sont les principales tâches internationales du mouvement communiste dans la période actuelle : la solution de ces tâches doit être liée à la lutte quotidienne de la classe ouvrière contre l’offensive du capital et doit être subordonnée à la lutte pour la dictature du prolétariat.

§31. La lutte contre la menace des guerres impérialistes entre pays capitalistes et d’une guerre impérialiste contre l’URSS doit se faire systématiquement, de jour en jour. Cette lutte est impossible sans démasquer impitoyablement le pacifisme qui, dans les conditions actuelles, est un des principaux instruments aux mains des impérialistes pour préparer les guerres et cacher cette préparation.

Cette lutte est impossible sans démasquer la SdN, un des principaux instruments du «pacifisme» impérialiste. Cette lutte est impossible enfin sans démasquer la social-démocratie qui aide l’impérialisme à couvrir du drapeau du pacifisme la préparation des nouvelles guerres.

Dans ce domaine, les tâches essentielles des PC sont : démasquer constamment par des faits l’action de la SdN : soutenir continuellement les propositions de désarmement de l’URSS ; démasquer, dans ce domaine, leurs gouvernements respectifs (interpellations aux parlements, manifestations de masses dans les rues, etc.): éclairer toujours la question de l’armement effectif des États impérialistes, de l’industrie chimique, des budgets de guerres, des traitée et des complots publics et secrets de l’impérialisme, du rôle des impérialistes en Chine ; dénoncer les mensonges des «pacifistes réalistes» social-démocrates concernant le super impérialisme et le rôle de la SdN ; éclairer et expliquer toujours les «résultats» de la première guerre mondiale, sa préparation secrète militaire et diplomatique, lutte contre le pacifisme de toute espèce et propagande des mots d’ordre communistes, en premier lieu du mot d’ordre de la défaite de sa propre patrie impérialiste et de la transformation de la guerre impérialiste en une guerre civile ; travail parmi les soldats et les marins, création de cellules clandestines, action parmi les paysans.

§32. La victoire des impérialistes dans leur lutte contre l’URSS ne signifierait pas seulement la défaite du prolétariat de l’URSS, mais aussi la plus grave défaite du prolétariat international depuis qu’il existe. Le mouvement ouvrier serait refoulé pour des dizaines d’années. La réaction la plus violente régnerait dans toute l’Europe.

Si la classe ouvrière a fait des conquêtes importantes grâce à l’influence de la révolution d’Octobre et comme résultat des révolutions d’Allemagne, d’Autriche et d’autres pays, la défaite du prolétariat de l’URSS ouvrirait une nouvelle page de l’histoire par une terreur contre-révolutionnaire d’une violence et d’une férocité inouïes. Ainsi la défense de l’URSS ne peut pas ne pas être au centre de l’attention.

C’est pourquoi l’alarme pour le sort de l’URSS, contre laquelle se dressent les forces militaires des impérialistes, doit susciter un travail systématique pour préparer la transformation de la guerre contre l’URSS en guerre civile contre les gouvernements impérialistes, en guerre pour la défense de l’URSS.

§33. La lutte contre la guerre impérialiste, la lutte pour la défense de la révolution chinoise et de l’URSS, exigent que la classe ouvrière accentue son internationalisme de combat. L’expérience a démontré que les PC ne sont pas à la hauteur de ces tâches internationales.

Déjà le 7 e Plénum élargi a constaté que tous les Partis de l’IC ont manifesté insuffisamment d’énergie dans la lutte pour soutenir la grève anglaise et la révolution chinoise. L’expérience ultérieure a confirmé que ces tâches internationales du mouvement étaient insuffisamment comprises. En divers cas, en particulier dans la lutte contre l’intervention en Chine, la capacité de mobilisation des Sections de l’IC se manifesta d’une manière insuffisante.

Le Congrès attire l’attention de tous les PC sur la nécessité de remédier résolument à ces lacunes, de mener une action systématique dans ces questions (vaste exposé dans la presse, littérature de propagande et etc.), de procéder d’une façon plus énergique à leur auto-éducation et à l’éducation des larges masses prolétariennes dans un esprit international et de lutte.

§34. Le soutien du mouvement colonial, surtout de la part des PC des pays impérialistes oppresseurs est une des tâches les plus importantes du moment actuel.

La lutte contre l’intervention en Chine, contre la répression des mouvements de libération dans toutes les colonies, le travail dans l’armée et dans la marine, le soutien énergique des peuples coloniaux soulevés telles doivent être les mesures à prendre dans l’avenir le plus proche. Le Congrès charge le CEIC de porter plus d’attention aux mouvements coloniaux, de réorganiser et de renforcer les Sections chargées de ce travail.

Le Congrès souligne aussi particulièrement la nécessité d’organiser par tous les moyens le mouvement des nègres aux États- Unis d’Amérique, comme dans les autres pays (en particulier en Afrique du Sud). En conséquence, le Congrès exige qu’une lutte décisive et impitoyable soit entreprise contre toutes les manifestations du «chauvinisme blanc».

§35. Dans les pays capitalistes «avancés» où se dérouleront les combats les plus décisifs pour la dictature prolétarienne et pour le socialisme la tactique générale des PC doit être orientée contre toute «intégration» des organisations ouvrières dans les organisations capitalistes privées ou étatiques, contre l’union des syndicats avec les trusts, contre la «paix industrielle», contre l’arbitrage obligatoire, contre le pouvoir gouvernemental de la bourgeoisie et contre les trusts.

Les PC doivent expliquer inlassablement aux masses ouvrières les liens intimes qui existent entre la prédication de la «paix industrielle» et de l’arbitrage, la répression contre l’avant-garde révolutionnaire du mouvement prolétarien et la préparation de la guerre impérialiste.

§36. Étant donné la trustification intense de l’industrie, les tendances au capitalisme d’État, l’interprétation des organisations de l’État et des trusts et l’appareil des syndicats réformiste, étant donné la nouvelle idéologie complètement bourgeoise et activement impérialiste de la social-démocratie, il faut également intensifier la lutte contre ces «partis ouvriers de la bourgeoisie».

Le renforcement cette lutte résulte de la modification du rapport des forces et de la position de la social-démocratie qui est entrée dans une période plus «mûre» — du point de vue de l’impérialisme — de son développement.

Le Congrès approuve donc entièrement la tactique tracée par le 10e Plénum du CEIC. L’épreuve de cette tactique par l’expérience des élections françaises et du mouvement anglais, a entièrement confirmé son absolue justesse.

§37. Cette tactique modifie la forme, mais ne change nullement le contenu principal de la tactique du front unique.

Le renforcement de la lutte contre la social-démocratie déplace le centre de gravité vers le front unique, vers la base, mais ne diminue nullement, augmente même encore, le devoir des communistes de faire la distinction entre les ouvriers social-démocrates qui se trompent en toute sincérité, d’une part et les leaders social-démocrates, vils serviteurs des impérialistes, d’autre part.

De même, le mot d’ordre «Aller aux masses» (y compris celles qui suivent les partis bourgeois et celles qui suivent la social-démocratie) n’est nullement retiré de l’ordre du jour, mais, bien au contraire, il se place encore plus au centre de tout le travail de l’IC.

Sollicitude pour les besoins quotidiens de la classe ouvrière, défense énergique des plus petites revendications de la masse ouvrière, pénétration profonde au sein de toutes les organisations de masse du prolétariat, quelles qu’elles soient (syndicales, culturelles, sportives, etc.), consolidation des positions du Parti dans les fabriques et les usines, dans les grandes entreprises, en particulier, travail parmi les couches arriérées du prolétariat (ouvriers agricoles) et les chômeurs, en reliant absolument les petites revendications quotidiennes avec les mots d’ordre fondamentaux du Parti ; telle est la tâche essentielle du Parti.

La conquête et la mobilisation effective des masses ne sont possibles que par l’accomplissement de ces tâches.

§38. Dans le domaine du mouvement syndical, le Congrès fait le plus énergique appel à tous les Partis pour intensifier au maximum le travail, précisément sur ce secteur du front.

La lutte pour l’influence des communistes dans les syndicats doit actuellement se faire d’autant plus énergique que, dans plusieurs pays, les réformistes poussent à l’exclusion des communistes (et des éléments de gauche en général) des syndicats. Sans la consolidation des positions nécessaires, les communistes risqueraient d’être isolés de toute la masse des prolétaires organisés dans les syndicats.

C’est pourquoi les communistes doivent, par une action quotidienne, patiente et dévouée dans les syndicats, conquérir aux yeux des larges masses syndiquées une autorité d’organisateurs expérimentés et habiles, lutteurs non seulement pour la dictature prolétarienne, mais aussi pour les revendications courantes de la masse ouvrière, autorité de dirigeants dans la conduite des grèves.

Dans ces luttes, les PC, l’opposition syndicale révolutionnaire et les syndicats révolutionnaires ne pourront conquérir le rôle dirigeant que par une lutte acharnée contre la social-démocratie et la bureaucratie syndicale politiquement corrompue.

Pour remporter des succès décisifs dans la conquête des masses, il faut surtout porter l’attention sur la préparation minutieuse des grèves (travail de masses, consolidation des fractions syndicales, etc.), leur réalisation habile (création des Comités de grève et utilisation des Comités d’entreprise) et donner aux masses l’explication des causes et des conditions du succès ou l’insuccès de chaque grève ou conflit économique.

Devant le front unique de l’État bourgeois, des organisations patronales et de la bureaucratie syndicale réformiste qui, ensemble, s’efforcent d’étouffer les mouvements de grève par l’arbitrage obligatoire, la tâche essentielle consiste à donner libre cours à l’énergie et à l’initiative des masses et, si la situation s’y prête, à déclencher un mouvement de grève, même contre la volonté de la bureaucratie syndicale réformiste.

Sans se laisser prendre à la provocation des réformistes, qui tendent à l’exclusion des communistes et à la scission du mouvement syndical, et prenant les mesures nécessaires pour paralyser les coups inattendus des réformistes, il est nécessaire de lutter par tous moyens contre la tactique de capitulation. (Unité «à tout prix», renonciation à défendre les camarades exclus et à mener une lutte énergique contre l’arbitrage obligatoire, la subordination absolue à l’appareil syndical bureaucratique, atténuation de la critique à l’égard de la direction réformiste, etc.).

Organiser les inorganisés, conquérir les syndicats réformistes, organiser les exclus, rattacher à la Fédération syndicale révolutionnaire, si les conditions sont propices (dans les pays où le mouvement syndical est scindé), les organisations locales qui auront été gagnées au mouvement syndical révolutionnaire, telles sont les tâches qui sont à l’ordre du jour.

Les communistes ne doivent, en aucun cas, abandonner l’initiative dans la lutte pour l’unité du mouvement syndical national. Ils doivent mener une lutte contre la politique scissionniste de l’Internationale d’Amsterdam et de ses sections nationales.

Par suite de l’aggravation de lutte entre le communisme et le réformisme, il est de toute importance de développer l’action des fractions syndicales communistes, l’opposition syndicale, des syndicats révolutionnaires et renforcer par tous les moyens le travail et l’activité de l’ISR.

Les PC doivent appuyer l’action du Secrétariat du Pacifique et le Secrétariat Syndical de l’Amérique Latine, dans la mesure où ces derniers se tiennent sur le terrain de la lutte de classes, mènent une lutte révolutionnaire contre l’impérialisme et s’efforcent de conquérir l’indépendance des colonies et des semi-colonies.

§39. L’importance croissante de la jeunesse dans l’industrie, par suite de la rationalisation capitaliste, la menace croissante de guerre, posent avec une acuité particulière la question du renforcement de l’action parmi les jeunes.

Le Congrès charge l’ICJ d’étudier la question de sa tactique et de ses méthodes de travail, en partant de la nécessité d’organiser plus largement la jeunesse ouvrière, d’employer des méthodes plus variées pour la recruter, de répondre plus vivement et plus activement aux aspirations économiques, culturelles générales et théoriques de la jeunesse, tout en gardant le caractère politique des JC.

En vertu de l’importance croissante de la jeunesse dans la production, il est nécessaire, d’une part, de renforcer le travail des Sections syndicales ; d’autre part, de prendre des mesures pour organiser, sous la direction de Fédération des JC, des associations spéciales de jeunes, qui aient pour tâche de lutter pour les besoins économiques de la jeunesse là où elle n’est pas admise dans syndicats.

La lutte économique, la participation à la conduite des grèves et, dans des cas particuliers, l’organisation de grèves de jeunes, l’action dans les syndicats, la lutte l’admission des jeunes dans les syndicats, la pénétration des JC dans toutes les organisations, quelles qu’elles soient, comprenant de la jeunesse ouvrière, (syndicats, organisations sportives, etc.), l’action antimilitariste, un tournant décisif dans la tactique et les méthodes pour intensifier l’action de masses — telles sont les principales tâches de l’ICJ, sans la solution desquelles elle ne sera en état d’organiser une véritable lutte de masses contre l’impérialisme et la guerre.

Estimant que ce changement de tactique vers l’action de masses est nécessaire, le Congrès exige de la part de toutes les Sections de l’IC et du CEIC.

Qu’une aide plus systématique soit donnée aux organisations de JC et que celles-ci soient dirigées d’une façon plus régulière. Les PC et les Fédérations de JC doivent porter une attention redoublée au travail parmi les enfants des ouvriers et à l’activité des Fédérations Communistes d’Enfants.

En même-temps, le Congrès charge le CEIC de prendre, par l’intermédiaire du SIF, des mesures destinées à renforcer le travail parmi les ouvrières industrielles et parmi les masses travailleuses féminines en général, en utilisant à cet effet l’expérience des «assemblées de déléguées» ouvrières.

§40. Avec la menace croissante de nouvelles guerres impérialistes, l’action des communistes dans les larges couches de travailleurs, acquiert une importance particulière. En se basant sur les résultats des élections en France et en Allemagne, le Congrès décide d’intensifier le travail parmi les ouvriers agricoles et les petits paysans.

Le Congrès attire particulièrement l’attention sur la nécessité d’intensifier le travail parmi les paysans, en notant que ce travail est délaissé par la plupart des PC. Le Congrès charge le CEIC de prendre toutes les mesures pour ranimer le travail parmi les paysans, surtout dans les pays agraires (Roumanie, Pays balkaniques, Pologne, etc.), de même qu’en France, en Allemagne, en Italie, etc.

Le Congrès charge le CEIC de prendre d’urgence des mesures pour ranimer le travail de l’Internationale des Paysans et exige que toutes les Sections de l’IC soutiennent ce travail.

§41. Le Congrès charge le CEIC de prendre toutes les mesures nécessaires pour venir en aide aux organisations qui mènent une lutte d’émancipation dans les pays capitalistes et dans les colonies, qui mobilisent la large masse des travailleurs pour la défense de la révolution chinoise et de l’URSS, qui viennent en aide aux victimes de la terreur blanche, etc.

Il est nécessaire d’intensifier et d’améliorer le travail des communistes dans les organisations telles que les «groupes d’unité», la «Ligue de la lutte contre l’impérialisme», l’«Association des Amis de l’URSS» le SRI, le SOI, etc., etc. Les PC sont tenus d’aider par tous les moyens ces organisations, de contribuer à la diffusion de leur presse, de soutenir leurs Sections, etc.

§42. La répression croissante et la nouvelle intensification de la lutte de classes, en liaison avec la possibilité de guerre, posent aux PC la tâche d’envisager et de résoudre en temps opportun la question de l’appareil illégal, susceptible d’assurer la conduite des combats imminents, l’unité de la ligne et de l’action communistes.

7. — Le bilan du travail, les succès, les erreurs et les tâches des diverses Sections

§43. Le Congrès constate les succès nombreux et considérables obtenus dans le travail de l’IC.

Parmi ces succès, il faut noter : la croissance de l’influence du communisme, la propagation de son influence dans les pays de l’Amérique latine, en Afrique, en Australie et dans plusieurs pays d’Asie (renforcement du communisme au Japon, extension de son influence en Chine); extension de l’influence de l’IC dans les pays de l’impérialisme, malgré la stabilisation partielle du capitalisme et la solidité relative de la social-démocratie (Allemagne, France, Tchécoslovaquie, Grande-Bretagne); la croissance des Partis illégaux qui malgré les coups inouïs de la terreur policière et fasciste (Italie, Pologne, d’une part, et, d’autre part, Chine et Japon), en Chine surtout, la terreur a un caractère inouï d’assassinat en masse ; enfin, la bolchévisation accrue des PC, l’accumulation d’expérience, la consolidation intérieure, la liquidation des luttes intestines, la liquidation de l’opposition trotskiste dans l’IC.

Mais il faut noter en même temps plusieurs défauts importants dans les Sections de l’IC ; le développement, encore faible de l’internationalisme combatif, un certain provincialisme qui se manifeste par une sous-estimation de l’importance des questions d’une envergure particulièrement grande, l’insuffisance du travail dans les syndicats ; l’incapacité de consolider par l’organisation l’accroissement de l’influence politique et la stabilité des effectifs du Parti ; l’attention insuffisante de certains Partis pour le travail parmi les paysans et les minorités nationales opprimées, un certain bureaucratisme de l’appareil et des méthodes de travail des Partis (liaison insuffisante avec les masses, initiative insuffisante pour recruter des adhérents, travail insuffisamment vivant des cellules de base et transfert du centre de gravité sur le travail des fonctionnaires du parti); le niveau théorique et politique, relativement bas, des cadres du parti, la liaison parfois faible avec les grandes entreprises, la réorganisation des Partis sur la base des cellules d’entreprises est loin d’être achevée, etc.

§44. Le PC anglais, dont l’activité a été appréciée par le 7 e Plénum élargi, se trouve actuellement devant de nouvelles tâches.

Le revirement brusque à droite du Conseil Général et du Labour Party, le «mondisme», le processus de transformation du Labour Party en un Parti social-libéral sur le modèle des Partis social-démocrates du continent (application d’une discipline politique appropriée, centralisation plus forte de l’appareil, etc.), l’exclusion des communistes et des ouvriers révolutionnaires en général des syndicats, le «commencement de la scission des syndicats par les réformistes (par exemple, en Ecosse)», mais, d’autre part, la croissance des tendances de gauche parmi les ouvriers du rang, tout cela imposait au PC anglais une position de classe plus nette, une lutte décisive contre le Labour Party.

Le PC anglais qui a démontré savoir s’approcher des syndicats et qui a mené habilement son travail dans plusieurs domaines pratiques, n’a cependant pas compris immédiatement la nouvelle situation ; à son dernier Congrès, il a commis une grande erreur en proclamant comme mot d’ordre central celui d’un gouvernement ouvrier contrôlé par le Comité Exécutif du Labour Party.

Le 9e Plénum du CEIC a pris, concernant la nouvelle situation en Angleterre, une résolution tactique qui marquait un tournant dans tout le travail du PC anglais. L’expérience a démontré que cette ligne tactique correspond à la situation nouvelle particulière qui existe en Angleterre et dans le mouvement ouvrier anglais.

L’indépendance de classe complète du PC, la lutte irréductible contre le Labour Party, la dénonciation énergique de la «paix industrielle» avec le roi de l’industrie chimique, le fasciste Mond ; l’extension et la consolidation du mouvement minoritaire ; la direction des grèves ; la lutte active contre la politique extérieure du gouvernement et contre le Labour Party ; la lutte contre l’intervention en Chine et la préparation de la guerre contre l’URSS ; l’appui à la révolution hindoue ; telles sont les tâches fondamentales du PC au moment actuel.

En même temps, le Parti doit prendre toutes mesures pour augmenter ses effectifs, développer son travail dans les entreprises, renforcer son appareil, pour se lier davantage avec les masses des fabriques et des usines, supprimer l’étroitesse qui existe encore dans son idéologie et dans ses principes politiques, etc., etc.

Le Congrès de l’IC fait un devoir au Parti de développer une large discussion sur son changement de tactique et sur les méthodes d’application de cette tactique.

§45. La juste appréciation de la ligne politique et du travail du PC français fut donnée au 6e et en particulier au 9e Exécutif élargi. Ce dernier reconnut qu’il était nécessaire de procéder à un changement tactique dans la politique du PCF, à l’égard des élections parlementaires.

En même temps, le CEIC souligna la nécessité de changer l’attitude du PCF envers le Parti socialiste et de liquider définitivement dans ses rangs les vieilles traditions parlementaires et «cartellistes».

L’expérience de la lutte électorale a démontré l’exactitude de la campagne électorale, diverses erreurs et lacunes ont apparu dans l’activité du Parti (campagne électorale trop superficielle, absence d’une liaison de ce travail avec la lutte directe du prolétariat, faiblesse des cadres du parti, action insuffisante parmi les ouvriers agricoles et parmi les paysans).

C’est pourquoi le Parti français a maintenant comme principales tâches : renforcer l’action de masses au sein du prolétariat industriel, en particulier, dans les usines), intensifier le recrutement, améliorer radicalement le travail syndical, déployer plus d’activité dans la conduite des grèves et dans la lutte directe du prolétariat en général, organiser les ouvriers non syndiqués, appliquer une démocratie syndicale plus large à tous les degrés de l’organisation au sein de la CGTU, améliorer le travail des communistes dans les syndicats.

Le Parti doit intensifier son action antimilitariste et coloniale et son activité parmi ouvriers étrangers.

Dans la vie intérieure du Parti, celui-ci doit avant tout lutter énergiquement contre les courants de droite qui s’opposent plus ou moins ouvertement à la nouvelle ligne politique du Parti (déviations parlementaires, vestiges des courants anarcho-syndicalistes, tendance au rétablissement des organisations territoriales).

En même temps, le Parti doit vaincre les tendances de «gauche» (exagération du rôle du Parti et «autoritarisme» de la part des communistes dans les syndicats, négation de la tactique du front unique, etc.).

Dans le domaine de l’organisation, le Parti doit prendre des mesures pour élargir sa base dans les grandes entreprises, y consolider ses Cellules, pour en animer la vie politique et recruter de nouveaux adhérents.

§46. Le Parti italien, malgré la terreur exceptionnelle dont il a été l’objet, a su conserver son organisation illégale et continuer sa propagande et son agitation, en sa qualité d’unique Parti luttant effectivement pour le renversement du fascisme et du régime capitaliste. Il a su gagner une influence décisive parmi les éléments les plus actifs de la classe ouvrière, grâce auxquels la CGT a pu résister, malgré la trahison des leaders réformistes.

Cependant, le Parti a commis la faute de n’avoir pas modifié à temps les méthodes de travail d’organisation de façon à conserver son entière combativité révolutionnaire dans la nouvelle situation, dans les conditions de la réaction et des lois d’exception fascistes.

C’est pourquoi les tâches d’organisation acquièrent en ce moment une importance exclusive pour le Parti italien (formation de nouveaux cadres, rétablissement de puissantes organisation de masses, nouvelles méthodes de travail, d’agitation, etc.).

Dans sa vie intérieure, le Parti a liquidé le «bordighisme», idéologie autrefois dominante parmi les membres du parti, et a en grande partie assuré l’unité des de points de vue idéologiques et politiques.

Ces succès permettent au Parti de continuer avec énergie redoublée sa lutte contre les déviations de droite (refus de lutter pour le rôle dirigeant du prolétariat), car dans les conditions actuelles, ces déviations sont un sérieux danger pour le Parti.

En temps, le PC italien doit se dresser énergiquement contre toute tendance à nier ou à réduire les possibilités d’une vaste action pour la conquête des masses qui se trouvent sous l’influence de courants antifascistes non communistes ou que le fascisme s’efforce d’influencer.

Le Congrès charge les camarades italiens d’utiliser plus qu’auparavant les possibilités de travail au sein des organisations fascistes de masses et de créer des organisations de masses indépendantes dans le but d’étendre l’influence du Parti.

§47. Les 3 millions 1⁄4 de suffrages recueillis par le PC d’Allemagne aux dernières élections démontrent, d’une part, la croissance considérable de l’influence communiste sur les masses ouvrières, et, d’autre part, la forte contradiction entre l’influence du Parti et la force de ses effectifs (stabilité des effectifs du parti, 3,250,000 électeurs pour 125,000 membres cotisants du Parti).

Les succès qui, dans une certaine mesure ont été réalisés dans le domaine du mouvement syndical, ne correspondent nullement à l’ampleur des tâches qui se dressent dans ce domaine devant le Parti. Comme un grand succès, il faut signaler l’Association des Combattants du Front Rouge qui se développe en une organisation de masses.

Les déviations d’extrême-gauche, complètement surmontées, la désagrégation du «Leninbund», dont le noyau social-démocrate a démontré lui-même sa vraie essence, constituent également une grande victoire pour le PC allemand. Étant un des meilleurs détachements de l’armée prolétarienne révolutionnaire internationale, le PC allemand a, en même temps, contre lui une social-démocratie des mieux organisées, ayant encore des racines extrêmement fortes dans le pays, ce qui crée un terrain favorable pour les déviations de droite au sein même du mouvement communiste.

Pour cette raison, la lutte conséquente contre les déviations droite (mot d’ordre du contrôle ouvrier sur l’industrie dans le moment présent, opposition aux décisions du 4 e Congrès de l’ISR, attitude de conciliation à l’égard de la social-démocratie de gauche, etc.), la liquidation absolue des tendances conciliatrices à l’égard de ces déviations, en attirant simultanément les meilleures forces du Parti qui tiennent sur la des décisions de l’IC et du Congrès d’Essen du PCA, au travail responsable du Parti, en s’orientant catégoriquement vers la consolidation du Parti, en liant toutes les forces de la direction actuelle, en renforçant son caractère collectif et en maintenant la subordination de la minorité à la majorité — telle est la tâche actuelle.

Il faut comprendre ici : formation de nouveaux cadres prolétariens, relèvement de l’activité de la masse du parti, relèvement du niveau culturel, et théorique de ses militants actifs, amélioration de la presse et augmentation de son tirage, amélioration du travail syndical et la conduite des grèves.

§48. Le PC de Tchécoslovaquie continue à progresser dans la voie de sa transformation en un vrai Parti de masses du prolétariat.

Cependant de grands défauts s’y manifestent encore : une certaine passivité opportuniste de la direction et une insuffisante capacité à mobiliser rapidement les masses (par exemple, la protestation contre l’interdiction de la Spartakiade) pour une résistance de masse, exagération des principes légalistes dans le travail pratique, insuffisante attention à la question paysanne et à la question nationale, lenteur extrême à surmonter les défauts du travail syndical (absence d’une ligne communiste nettement exprimée, les syndicats rouges repliés sur eux-mêmes), insuffisance des liaisons à l’intérieur des syndicats réformistes, etc.).

En même temps, il faut insister tout particulièrement sur la nécessité de lutter énergiquement contre le gouvernement, de défendre les positions légales du Parti et de se préparer aux conditions illégales de travail et de lutte.

§49. — Le PC Polonais (illégal) a, dans des conditions compliquées de terreur fasciste, non seulement gardé ses positions, mais a augmenté aussi le nombre de ses membres et, davantage encore son influence politique. Le PCP se transforme en un facteur politique sérieux dans le pays entier et surtout dans les centres industriels.

Ayant complètement corrigé les erreurs opportunistes les plus grossières commises au moment du coup d’État de Pilsudski, le Parti suit actuellement une ligne politique juste. Cependant la lutte intérieure, qui n’est pas justifiée par des divergences considérables ni réellement politiques, constitue un danger des plus graves.

Étant donné l’importance particulière du PC polonais et la grande responsabilité qui lui incomberait en cas de guerre, le Congrès exige la cessation complète de la lutte fractionnelle et donne au CEIC un mandat spécial au nom du Congrès, pour prendre les mesures nécessaires dans ce but.

§50. Des tâches excessivement importantes se posent actuellement aux PC des Balkans. Elles découlent de l’instabilité dans la situation politique intérieure des pays balkaniques, de l’acuité croissante de leur crise agraire, de la complexité des problèmes nationaux et du fait que les Balkans sont au nombre des foyers les plus dangereux de préparation de nouvelles guerres.

Ces derniers temps, presque tous les PC balkaniques ont traversé une crise intérieure sérieuse, provoquée par les erreurs politiques, les déviations de droite de certains groupes dirigeants et par la lutte fractionnelle acharnée dont l’origine est dans les pénibles défaites et la situation objective extrêmement compliquée.

Actuellement les PC balkaniques sont presque tous en voie de liquider cette crise intérieure et, malgré la terreur gouvernementale, presque tous se consolident, rétablissent et étendent leur contact avec les masses ouvrières et paysannes. Le Congrès souligne particulièrement la nécessité pour les Partis balkaniques de suivre une politique juste dans la question nationale et d’entreprendre un vaste travail d’agitation et d’organisation parmi les masses paysannes.

Maintenant que le PC roumain a fait de grands efforts pour liquider la crise intérieure qui paralysait son travail jusqu’à ces derniers temps, le Congrès souligne avec insistance les tâches politique et d’organisation qui lui incombent du fait que la bourgeoisie et les féodaux roumains s’efforcent d’être à l’avant-garde de la préparation de l’offensive réactionnaire contre l’URSS.

Les Partis balkaniques doivent, mieux qu’auparavant, coordonner et lier leur travail sous le mot d’ordre politique commun à eux tous, formation de la Confédération Ouvrière et Paysanne des Balkans.

§51. Quant aux pays scandinaves, le Congrès y constate une aggravation des contradictions de classes, un nouveau glissement brusque de la social-démocratie vers la droite et, en Norvège, une capitulation complète du centrisme (tranmælisme) devant la social-démocratie et son passage direct au socialisme ministériel.

Parallèlement se produit une radicalisation des masses ouvrières qui, toujours plus, se rallient aux mots d’ordre de combat des PC (grève des ouvriers du Livre, grève de protestation contre les nouvelles lois sur les grèves en Suède, lutte des ouvriers du bâtiment contre la loi sur l’arbitrage obligatoire, création d’organisations armées de self-défense par les travailleurs de la terre et des forêts dans le but de se défendre contre les organisations de briseurs de grève en Norvège).

Cette radicalisation des masses se traduit par un mouvement en faveur d’un accord entre les syndicats scandinaves et les syndicats de l’URSS et par la Conférence de Copenhague russo-finno-norvégienne qui témoigne de la volonté des masses à constituer l’unité internationale des syndicats.

Malgré ces succès, les PC scandinaves, doivent, plus énergiquement qu’auparavant, s’efforcer de consolider leur influence politique et idéologique sur les masses travailleuses par un renforcement de leur organisation, d’étendre et de consolider la radicalisation du prolétariat par des méthodes appropriées d’organisation.

§52. Le Workers Party américain (communiste) a ranimé son activité en mettant à profit la crise qui, dans une certaine mesure, se manifeste dans l’industrie américaine et l’accroissement du chômage (résultant de l’accroissement extrêmement rapide de la partie constante du capital au détriment du capital variable et le progrès de la technique dans la production).

De nombreux combats de classes, obstinés et acharnés (en premier lieu la grève des mineurs), ont trouvé dans le PC un dirigeant ferme et énergique. La campagne au sujet de l’exécution de Sacco et Vanzetti a été également menée sous la direction du PC.

Cependant, on remarque dans le PC américain, un certain affaiblissement résultant de la lutte fractionnelle de nombreuses années.

Parallèlement à ces succès, il faut noter diverses erreurs de droite envers le Parti socialiste, le travail insuffisamment énergique pour l’organisation des inorganisés, l’organisation d’un mouvement parmi les nègres et le fait qu’il ne mène pas une lutte assez prononcée contre la politique de spoliation des États-Unis en Amérique latine.

Ces erreurs ne peuvent cependant être attribuées exclusivement à la majorité de la direction.

En ce qui concerne la question de la formation d’un «Labour Party», le Congrès décide d’en transférer le centre de gravité sur le travail dans les syndicats, sur l’organisation des inorganisés dans les syndicats, en créant ainsi une base à la réalisation effective du mot d’ordre d’un large «Labour Party» organisé de la base.

La tâche essentielle du Parti est de mettre fin à la lutte des fractions qui ne repose pas sur des divergences de principes quelque peu sérieuses, d’intensifier le recrutement des ouvriers et d’opérer un changement décisif en mettant les ouvriers à des postes dirigeants dans le Parti.

§53. Le PC japonais, avec son appareil illégal, a paru pour la première fois sur l’arène de la lutte électorale ; malgré la terreur, il a fait son travail d’agitation dans les masses, il a son organe illégal, il mène des campagnes de masses (par exemple, la campagne de protestation contre la dissolution des trois organisations de masses : le Rodo Nominto, la Fédération des syndicats de gauche : le Hioguika, et l’organisation des Jeunesses). La tâche essentielle du parti, qui élimine ses oscillations idéologiques, est de suivre la voie de la transformation du PC en Parti de masses.

À cet effet, il est nécessaire de faire un travail tenace parmi les masses prolétariennes, de travailler dans les syndicats, de lutter pour leur unité, et de mener une action parmi les masses paysannes en s’appuyant surtout sur le mouvement des fermiers.

Bien que le travail du Parti soit extrêmement difficile (loi punissant de la peine de mort les «idées subversives») et que les effectifs soient insuffisants, il doit faire tous ses efforts pour défendre la révolution chinoise et lutter contre la politique spoliatrice de l’impérialisme japonais.

§54. Le PC chinois a subi de nombreuses défaites des plus cruelles résultant des erreurs extrêmement graves commises dans le passé : l’absence d’indépendance et de liberté de critique à l’égard du Kuomintang, l’incompréhension du passage d’une étape de la révolution à une autre et de la nécessité de se préparer à temps à la résistance, enfin l’erreur d’avoir freiné la révolution agraire.

Sous le coup des défaites, ce Parti héroïque a corrigé ses erreurs en déclarant une guerre sans merci à l’opportunisme.

Mais la direction du PC chinois tomba dans une autre erreur, du fait qu’elle n’a pas résisté assez énergiquement aux tendances nettement «putschistes» et aventuristes, causes des soulèvements de Wouhan, Houpé, etc., qui conduit à des défaites ; d’autre part, certains camarades sont tombés dans une erreur opportuniste en lançant le mot d’ordre de l’Assemblée Nationale. Le Congrès estime que la tentative de considérer l’insurrection de Canton comme un putsch est complètement fausse.

Le soulèvement de Canton, qui fut un combat héroïque d’arrière-garde du prolétariat chinois dans la période écoulée de la révolution chinoise, restera, malgré les erreurs grossières de sa direction, l’insigne de la phase de la révolution ; de la phase soviétique.

Actuellement, la période entre deux vagues de l’essor révolutionnaire, la tâche principale du Parti est de lutter pour conquérir les masses, de faire un travail de masses parmi les ouvriers et les paysans, de reconstituer leurs organisations, de mettre à profit tout mécontentement contre les agrariens, contre les bourgeois, les généraux ct impérialistes étrangers pour développer la lutte révolutionnaire. À cet effet, il faut consolider le Parti lui-même par tous les moyens.

Le mot d’ordre de l’insurrection des masses se transforme en un mot d’ordre de propagande, et ce n’est que dans la condition de préparation réelle des masses et d’un nouvel essor révolutionnaire, qu’il deviendra de nouveau un mot d’ordre de réalisation immédiate, sur une base supérieure, sous le drapeau de la dictature du prolétariat et des paysans basée sur les Soviets.

§55. Dans les pays d’Amérique latine, la principale tâche des communistes est d’organiser des PC et de les renforcer.

Dans certains pays (Argentine, Brésil, Mexique, Uruguay), les PC sont nés il y a quelques années déjà et c’est pourquoi ils ont maintenant pour tâche de raffermir leur idéologie et de renforcer leur organisation, de devenir de véritables Partis de masses.

Dans certains autres pays, il n’existe pas encore de PC indépendants, organisés en Partis prolétariens.

Le Congrès charge le CEIC de porter plus d’attention aux pays de l’Amérique latine en général, à l’élaboration d’un «programme d’action» de ces Partis (les questions particulièrement importantes sont la question agraire-paysanne et la lutte contre l’impérialisme des États-Unis), à l’organisation de ces Partis, à la création de rapports justes entre eux et les organisations sans Parti (syndicats, organisations paysannes), à leur travail parmi les masses, à la consolidation et à l’extension des syndicats, à leur unification et à leur centralisation, etc.

§56. Le Congrès constate la croissance de l’influence communiste dans les pays de l’Afrique du Sud. Le Congrès impose aux communistes la tâche essentielle d’organiser les masses travailleuses nègres, de consolider leurs syndicats par tous les moyens, de lutter contre le chauvinisme «blanc».

La lutte contre l’impérialisme étranger de toute espèce, la défense de l’égalité absolue et complète des droits, la lutte acharnée contre toutes les lois d’exception relatives aux nègres, l’appui le plus décisif à la lutte des paysans contre l’expropriation de leurs terres, leur organisation pour la révolution agraire, le renforcement des groupes et des PC, — telles sont les tâches fondamentales des communistes.

§57. Le Congrès constate avec une satisfaction particulière que dans le pays de la dictature prolétarienne, en URSS, le Parti du prolétariat, le PC de l’URSS, après avoir liquidé la déviation social-démocrate du trotskisme et surmonté diverses difficultés objectives économiques de la période de reconstruction, a remporté de sérieux succès dans l’œuvre d’édification socialiste en URSS et a passé au travail direct de reconstruction socialiste de l’économie rurale.

Le travail ultérieur de l’édification socialiste en URSS devra se développer sur la base de l’industrialisation et d’un renforcement de l’édification socialiste dans les campagnes (domaines d’État, exploitations agricoles collectives et organisation de la masse des exploitations agricoles individuelles en coopératives), en réalisant systématiquement le mot d’ordre de Lénine : soutenir le paysan pauvre, s’allier au paysan moyen et lutter contre le koulak.

Le Congrès constate que le PC de l’URSS a remarqué à temps les éléments de bureaucratisme de certains degrés de l’appareil de l’État, de l’appareil économique, syndical et même de l’appareil du parti, et mené une lutte impitoyable contre ces tendances.

Le développement de l’autocritique, l’intensification de la lutte contre le bureaucratisme, la cohésion des forces et le développement de l’activité de la classe ouvrière qui détient l’hégémonie dans le développement révolutionnaire de l’URSS, telles sont les tâches principales du Parti.

Le Congrès exprime la certitude le Parti sortira vainqueur non seulement des difficultés économiques, inhérentes à l’état général arriéré du pays, mais aussi, à l’aide du prolétariat international, de tout conflit extérieur, préparé systématiquement par les dirigeants des États impérialistes.

8. — La lutte pour la ligne léniniste et pour l’unité de l’IC

§58. En face des grandes difficultés de la période de stabilisation dans les pays capitalistes et des difficultés de la période de reconstruction dans l’URSS, des groupes d’opposition se sont formés dans l’IC et ont essayé de s’organiser à l’échelle internationale.

Leurs diverses ailes et nuances (de l’extrême droite à l’extrême «gauche») ont trouvé leur expression la plus complète dans la critique de la dictature de l’URSS, en lui attribuant calomnieusement un caractère plus ou moins petit-bourgeois et en portant atteinte à la possibilité de mobiliser le prolétariat international.

Dans les Sections nationales, ces conceptions étaient liées avec celles d’extrême-droite (groupe Souvarine en France) et d’extrême-«gauche» (Korsch, Maslow Allemagne).

Tous ces courants inspirés et groupés par le trotskisme, après avoir constitué un bloc unique, se sont rapidement désagrégés après la défaite de l’opposition dans le PCUS. Le noyau fondamental de ce bloc, le «Leninbund» basé sur la plate-forme du trotskisme et organisé en un Parti indépendant.

S’est démasqué lui- même comme une agence social-démocrate avérée ; une partie considérable de ses effectifs avait passé directement à la social- démocratie, cet ennemi déclaré et acharné de la théorie et de la pratique de la dictature du prolétariat.

§59. À l’intérieur des PC, actuellement les déviations sont surtout des déviations de droite par rapport à la position politique juste, à cause de la stabilisation partielle du capitalisme et de l’influence de la social-démocratie.

Elles se manifestent par les restes de «légalisme», par l’obéissance excessive aux lois, en se tenant à la remorque d’un mouvement de grèves, par une attitude erronée envers la social-démocratie (par exemple, la résistance aux décisions du 9e Plénum du CEIC qui s’est manifestée dans une certaine mesure en France), par une réaction insuffisante à l’égard des événements internationaux, etc.

Étant donnée l’existence de Partis social- démocrates relativement forts, ces déviations de droite sont particulièrement dangereuses et la lutte contre elles doit être placée au premier plan, ce qui présume une lutte systématique contre l’attitude conciliatrice envers le courant de droite au sein des PC.

Cependant, il existe aussi des déviations «de gauche» qui trouvent leur expression dans la tendance à nier la tactique du front unique et à ne pas comprendre l’importance énorme du travail syndical ; elles se manifestent aussi par la «phrase» révolutionnaire, et, en Chine par les tendances putschistes.

§60. Le Congrès impose à tous les Partis le devoir de lutter contre ces déviations avant tout au moyen de la persuasion.

Le Congrès constate que les décisions du 7 e Plénum élargi sur l’élévation du niveau théorique des cadres, sur la participation de nouveaux militants au travail responsable, etc., n’ont pas été réalisées dans plusieurs des pays les plus avancés.

Devant la complexité extrême de toute la situation internationale et la possibilité de grands changements historiques, le Congrès estime nécessaire de prendre toutes mesures pour élever le niveau théorique des PC en général et de leurs cadres.

Devant la nécessité de renforcer la direction centrale de l’IC et d’assurer une liaison plus étroite avec les Partis, le Congrès décide que les représentants autorisés des Partis les plus importants doivent être mis à la disposition de l’IC en qualité de militants permanents de la direction.

§61. Le Congrès fait devoir au CEIC d’assurer aussi à l’avenir l’unité de l’IC et de ses Sections. Ce n’est qu’à la condition d’un travail coordonné pour la liquidation des divergences sur une base normale du Parti et, avant tout, par les méthodes de démocratie intérieure, qu’il est possible de surmonter les difficultés énormes du présent et de résoudre les grands problèmes de l’avenir immédiat.

Les graves erreurs qui se révèlent à présent dans la vie intérieure de nos Partis (tendances bureaucratiques dans certains pays, baisse des effectifs, manque d’activité politique des organisations de base, etc.), ne peuvent être liquidés qu’en élevant le niveau politique des PC à tous les échelons de leur organisation sur la base d’une plus grande démocratie intérieure.

Ceci n’exclut nullement, mais nécessite un renforcement, par tous les moyens de la discipline de fer à l’intérieur du Parti, une subordination absolue de la minorité à la majorité, une subordination absolue des organes subordonnés et des autres organisations du Parti (fractions parlementaires, fractions syndicales, presse, etc.) au centre du Parti, de toutes les Sections de l’IC, au CEIC.

Le renforcement de la discipline prolétarienne dans les Partis, leur consolidation, la liquidation des luttes fractionnelles, etc., sont des conditions absolues à la lutte victorieuse du prolétariat contre toutes les forces mobilisées de l’impérialisme.

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de l’Internationale Communiste