Première partie.
Un important mouvement a été déclenché dans l’U. J. C. : des militants marxistes-léninistes se constituent en groupes d’établissement et vont parmi les niasses populaires, vivre parmi elles et travailler à la production.
La tâche principale qui nous incombe actuellement est de développer et d’affermir ce mouvement, d’unifier son orientation, son style de travail, son organisation.
Pour ce faire, nous avons avant tout besoin de saisir correctement les tâches politiques de ce mouvement, telles qu’elles découlent de la réalité concrète de la lutte des classes en France.
Des étudiants et des militants marxistes-léninistes non ouvriers vont dans les usines de façon organisée.
Que vont-ils y faire? Quel est leur but? Quelles sont les limites de leur travail? En quoi cela constitue-t-il une étape nécessaire du développement du mouvement marxiste-léniniste en France, de l’édification du Parti Communiste ?
Telles sont les questions auxquelles nous devons répondre. Pour l’essentiel, la réponse à ces questions tient en une phrase: l’objectif politique des groupes d’établissement est de créer parmi les ouvriers eux-mêmes, les noyaux dirigeants des luttes révolutionnaires marxistes-léninistes, le noyau dirigeant du mouvement marxiste-léniniste.
Autrement dit, le mouvement des groupes d’établissement est une réponse concrète que nous apportons actuellement en France au problème universel que pose et qu’a posé partout la naissance d’une avant-garde politique du prolétariat : le problème de la fusion du marxisme révolutionnaire et du mouvement ouvrier.
Les idées et théories révolutionnaires les plus avancées pénètrent à grande échelle d’abord dans les étudiants et parmi les jeunes intellectuels.
C’est là une loi du développement historique, qui se vérifie en France comme partout ailleurs.
Mais les étudiants et les jeunes intellectuels ne peuvent être la force dirigeante de la révolution, même lorsqu’un certain nombre d’entre eux se lient aux masses et transforment leur point de vue.
Seule la classe ouvrière est suffisamment puissante et vigoureuse pour prendre en main le destin de la révolution.
Il incombe par conséquent aux jeunes intellectuels révolutionnaires de jouer le rôle d’intermédiaires, pour faire pénétrer les idées d’avant-garde dans la classe ouvrière, principalement parmi les éléments les plus combatifs du prolétariat, qui doivent constituer la force motrice de la révolution.
Nous verrons plus loin pourquoi il est actuellement nécessaire, afin de remplir cette tâche, que les jeunes intellectuels entrent à la production.
En France, à notre époque, quelles sont ces idées révolutionnaires avancées qui ont d’abord pénétré d’une façon relativement plus large parmi les étudiants et les jeunes intellectuels?
Ce sont les idées de la ligne de masse, de la stratégie et de la tactique de la guerre populaire, du développement du processus révolutionnaire ininterrompu et par étapes, l’idéologie communiste de » Servir le Peuple » et de se mettre à l’école des masses, le style de travail consistant à pratiquer l’autocritique et à se soumettre à la critique des masses…
Bref, c’est la pensée de Mao Tsé Toung, dont la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne a stimulé une diffusion toute nouvelle et une compréhension beaucoup plus profonde.
Que l’avant-garde prolétarienne s’assimile cette idéologie et cette pratique, qu’elle s’unisse encore plus étroitement qu’elle ne peut le faire spontanément avec la masse ouvrière et le peuple, qu’elle maîtrise l’essence de la stratégie et de la tactique révolutionnaire du prolétariat, et la révolution connaîtra en France un nouvel essor.
Mais qu’entendons-nous par » avant-garde prolétarienne » ? Comment se peut-il qu’il y ait encore, disons un divorce, entre l’avant-garde du mouvement ouvrier d’une part, les idées d’avant-garde du prolétariat (la pensée de Mao) de l’autre ? Et surtout comment parvenir à la fusion des deux ?
Il existe dans la classe ouvrière française des éléments avancés. Ce sont des ouvriers, qui, par leur position de classe ferme, la justesse de leur tactique dans les luttes contre le patronat, l’application spontanée qu’ils font de la ligne de masse, ont gagné la confiance de leurs camarades de travail et se sont dégagés comme éléments dirigeants des mouvements de masse dans l’usine.
Ces ouvriers sont des cadres que les masses se sont donnés elles-mêmes, ils constituent l’avant-garde de fait du mouvement ouvrier ; dans les grèves, les manifestations, dans toutes les luttes ouvrières, leur rôle est décisif.
A l’heure actuelle, pour nous, -reconnaître le rôle dirigeant du prolétariat dans la révolution, c’est travailler effectivement à faire naître les noyaux d’ouvriers avancés armés de la pensée de Mao Tsé Toung qui dirigeront le mouvement. . . .
Mener le travail au sein des masses en un lieu donné sans concentrer ses efforts sur la création d’un noyau dirigeant marxiste-léniniste ouvrier, c’est nier dans les faits le rôle dirigeant du prolétariat dans la révolution.
Tant qu’un tel noyau n’existe pas, aucun progrès n’est possible dans le travail de masse.
Quelles tâches découlent pour les groupes d’établissement de cette orientation générale?
Premièrement, il est nécessaire que chaque groupe d’établissement mette rapidement à l’ordre du jour de son travail la formation d’un petit noyau d’ouvriers avancés gagnés au marxisme-léninisme, de diffusion de la pensée de Mao, d’explication de notre ligne politique, d’étude de notre presse, d’élaboration de la tactique marxiste-léniniste dans le mouvement ouvrier.
Le but des groupes d’établissement, doit être de se transformer rapidement en groupes de travail communistes où les ouvriers joueront un rôle dirigeant.
Pour ce qui est des noyaux ouvriers, le mieux est de constituer des petites fractions clandestines syndicales qui auront les moyens d’appliquer une ligne de niasse dans les entreprises, et de montrer par la pratique aux travailleurs la juste voie de la lutte de classe, tout en démasquant progressivement les révisionnistes.
Notre tactique est de constituer parmi les ouvriers avancés les plus actifs dans l’organisation des luttes et le travail syndical, des noyaux marxistes-léninistes clandestins.
Cela signifie que nous rejetons comme erronée un certain nombre de lignes qui s’écarteraient de cette tactique :
1° La ligne opportuniste de gauche, qui consisterait à nous lancer (nous-mêmes une fois entrés à la production, ou avec une poignée d’ouvriers marxistes-léninistes) dans une propagande marxiste-léniniste ouverte dans la classe ouvrière;
engager une telle action avant d’avoir accumulé des forces suffisantes, d’avoir concrètement démontré à la masse quelle est la ligne de travail correcte en systématisant ses propres idées et ses propres aspirations, d’avoir concrètement démasqué la poignée de révisionnistes dirigeants, ce serait à coup sûr nous couper des masses, diviser le syndicat et nous interdire tout moyen d’action dans la lutte de classe contre le patronat.
2° La ligne opportuniste de » droite » qui consisterait à mener par nous-mêmes, sans associer complètement un noyau ouvrier, même très restreint, à notre travail et à notre tactique, une » ligne de masse à pas de tortue « , consistant à faire pénétrer par bribes des éléments limités de conscience politique dans la masse ouvrière.
Que résulte-t-il de ce qui précède sur le plan des formes organisationnelles ?
Que la forme des » groupes d’établissement » (étudiants et militants m.-l. allant s’établir parmi les masses et entrant à la production) est transitoire : les G. E. doivent en de brefs délais (quelques mois) se transformer en G. T. C. sur les lieux de production, dans lesquels les ouvriers gagnés au m.-l., les dirigeants et militants syndicaux, les vieux militants expérimentés ou les jeunes ouvriers actifs dans les luttes, la création d’un Syndicat, etc., jouent un rôle dirigeant.
Nous devons ensuite avoir pour objectif proche de réunir ces noyaux ouvriers en une organisation unique, l’organisation des G. T. C., élaborant une tactique unifiée dans le mouvement ouvrier et une propagande unifiée parmi les masses, contrôlant effectivement le contenu de notre presse, etc.
Pour favoriser la transformation du point de vue de nos camarades établis et la naissance de véritables organisations implantées dans les masses, il nous faut prendre des mesures précises :
1° Dégager les camarades des problèmes idéologiques et organisationnels posés dans l’U. J. C. M. L.
Il n’est pas bon que ces camarades détournent des forces importantes pour mener une lutte idéologique directe (réunions, discussions, etc.) dans l’organisation.
Pour ce qui est de la direction de l’ensemble du mouvement, c’est une question qui ne pourra être résolue de façon définitive que lorsque sera mise sur pied l’organisation des groupes ouvriers m.-l.
Dans la période de transition où nous sommes, le rôle dirigeant de la ligne des G. E. doit se concrétiser essentiellement par la participation directe et le contrôle sur la presse, le bulletin intérieur et tous les instruments de propagande, l’élaboration active de la ligne générale du mouvement et de ses textes politiques.
2° Organiser les réunions des G. E. dans un style prolétarien : discussions brèves et concrètes, soigneusement préparées et débouchant sur des mesures pratiques et des textes.
Deuxième partie : Le mouvement en faveur de l’établissement dans l’U. J. C. M. L.
La propagande dans l’U. J. C. M. L. en faveur de l’établissement doit être poursuivie.
Mais il est indispensable de mettre fin aux excès petits-bourgeois qui l’ont marquée dans la ire période.
Nous devons résolument liquider le terrorisme idéologique et le sectarisme.
1° L’établissement parmi les masses et l’entrée à la production sont des tâches politiques que doivent prendre en main un certain nombre de nos camarades à l’étape actuelle du mouvement m.-l. Ies camarades qui s’établissent ont des objectifs politiques précis :
* propager la pensée de Mao dans la classe ouvrière ;
* faire naître des noyaux ouvriers m.-l., dirigeant effectivement les luttes de classe dans les unités de production ;
* se mettre au service de ces noyaux pour définir, en commun avec eux, la tactique des m.-l. dans le mouvement ouvrier en se fondant sur les principes de la ligne de masse ;
* édifier sous la direction de ces noyaux ouvriers avancés, une pensée communiste, instrument décisif d’une propagande générale dans la classe ouvrière.
Le mouvement en faveur de l’établissement doit par conséquent prendre appui sur ces bases politiques.
Il est indispensable que les camarades qui vont s’établir aient assimilé ces bases politiques et soient armés pour les effectuer.
L’étude de la presse et des publications internes, la discussion avec des travailleurs, la réflexion sur les questions syndicales, le militantisme et le travail de propagande dans le mouvement de la jeunesse et les quartiers peuvent constituer pour ces camarades, des instruments de cette préparation.
2° La ligne petite-bourgeoise de terrorisme idéologique sur les thèmes de la révolutionnarisation de soi doit être critiquée, combattue et défaite.
Nous devons expliquer qu’il n’appartient [pas] à quelques militants parmi nous de » transformer » et de « révolutionnariser » leurs camarades par des discussions en chambre, baptisées » lutte idéologique « .
C’est par le travail politique, l’éducation politique, la lutte prolongée au sein des masses que nos camarades pourront transformer profondément leur point de vue et apprendre à servir correctement le peuple, à faire la révolution.
Pour ce qui est de la critique de notre position de classe, de notre conception du monde, nul ne peut se substituer au contrôle qu’exercent les masses elles-mêmes.
Dans l’immédiat, l’arme des militants dans la lutte idéologique à l’intérieur de l’organisation, est la discussion politique, menée faits à l’appui, à la lumière du m.-l., de la pensée de Mao.
Pour ce qui est des méthodes dans le mouvement d’établissement, nous devons à la fois METTRE LA POLITIQUE AU POSTE DE COMMANDEMENT, éviter le gaspillage des forces et les efforts désordonnés, parvenir à la plus grande efficacité possible dans l’accomplissement de nos tâches actuelles.