la situation de l’allemagne fédérale est la suivante : grâce à l’énorme potentiel économique de l’impérialisme ouest-allemand, soumis à la tutelle du capital américain
– qui contrôle toutes les industries stratégiques en allemagne fédérale : l’électronique, la chimie, le pétrole, l’automobile, la construction mécanique –
c’est le parti social-démocrate qui organise en europe de l’ouest
le processus contre-révolutionnaire
dont le modèle de développement, proposé par la social-démocratie, est le moteur à deux niveaux : au niveau des crédits, dépendant directement des conditions politiques, préparant les investissements de capitaux et imposant par chantage économique la militarisation de la politique
– comme le dit brandt dans une lettre à olaf palme
« la stabilité revient à prévoir la catastrophe afin de l’éviter »
ceci revient à dire qu’aux états soumis à elle dans la chaîne impérialiste, l’allemagne fédérale impose son modèle de fascisme : par le jeu des institutions, par sa politique anti-insurrectionnelle, par l’organisation de l’état sur le modèle de la démocratie parlementaire, et l’exclusion systématique des partis communistes, de telle sorte que le clan au pouvoir soit toujours et exclusivement celui du capital u.s.
en europe de l’ouest, l’ennemi principal c’est les états-unis et l’allemagne fédérale de la social-démocratie, car elle seule, de par son histoire et son influence dans l’internationale socialiste et ses contacts avec les syndicats, dispose de moyens suffisants pour imposer en europe un nouveau fascisme : des syndicats et des partis étatisés, encore en contact avec la base.
c’est ainsi que toute attaque contre la présence ici du capital américain s’affronte immédiatement à l’état impérialiste ou directement à l’armée américaine – ce dont il a été débattu en 1972 -;
dans tous les cas, les attaques contre les installations américaines en allemagne fédérale obligent le gouvernement à montrer ce qu’il est vraiment – une branche du capital u.s. <- et dévoilent le statut réel de l’allemagne fédérale dans le système mondial américain – un territoire militairement occupé par les états-unis -.
c’est aussi une ligne de mobilisation.
mais l’essentiel, c’est que la social-démocratie, ainsi démasquée par les attaques de petits groupes armés, se retrouve dans l’impossibilité d’organiser l’europe de l’ouest en un bloc militaire au service de la stratégie du capital u.s.
parce que
le fascisme, ainsi mis à jour mobilisera nécessairement contre l’allemagne tout ce qui subiste encore à l’étranger de ressentiment politique, tout ce qui survit de tradition anti-fasciste et dans tous les groupes, depuis l’extrême-gauche jusqu’aux sociaux-démocrates et aux gouvernements nationalistes, tout ce qui existe de ressentiment contre le militarisme et l’impérialisme allemand, contre sa volonté d’hégémonie, avec justement comme mot d’ordre :
l’ennemi principal c’est les états-unis, la première ligne de démarcation, le premier front de lutte, c’est le conflit nord/sud, avec la lutte de libération des peuples du tiers-monde, ou, autrement dit, la lutte armée du prolétariat mondial contre les u.s.a.
la deuxième ligne de démarcation est déterminée par les répercussions dialectiques, sur les métropoles, des guerres de libération menées à la périphérie du système, il s’agit là aussi, sur le plan idéologique, politique, militaire, mais aussi économique (point que nous ne développerons pas ici), de créer un front de lutte, un certain combat politico-militaire
processus qui fait que la guérilla dans les métropoles participe des luttes de libération du tiers-monde, c’est-à-dire constitue l’avant-garde du prolétariat mondial.
voilà – brièvement – quelle stratégie nous envisageons à partir de notre expérience et de ce que nous avons appris ici.
cette stratégie contraint l’état à réagir avec force aux attaques de petits groupes révolutionnaires et du même coup le contraint à constituer, à développer lui-même le deuxième front, à amorcer lui-même le processus de polarisation, en poursuivant tous les gens de gauche, dans ce processus, la guérilla peut être – et nous dirons sera – l’affaire de chacun et de tous ceux qui prennent politiquement (et non individuellement, comme la plupart des spontex) conscience de leurs problèmes.
il faudrait ajouter quelques remarques sur la structure de l’organisation, l’organisation de la guérilla urbaine luttant sur ce front, mais on laissera ça de côté ici.
en fait, il faudrait analyser les visées militaires des états-unis, quand ils s’appuient sur la social-démocratie : intégration des appareils chargés de la sécurité intérieure et extérieure, transformation de l’appareil d’état et des appareils idéologiques d’état (écoles, médias et services publics) en un réseau tentaculaire de renseignements pour la sûreté de l’état, avec obligation pour tous les fonctionnaires et employés des services publics de transmettre toute information au service spécial de la protection de la constitution (c’est le texte de loi protégeant la constitution en basse saxe); un seul journal en a fait l’analyse jusqu’à présent, la frankfurter rundschau).
voilà donc, au niveau des institutions, la stratégie de ce nouveau fascisme, qui transforme la justice politique en instrument du système anti-insurrectionnel et met en pièce la machine du conseil de sécurité de l’état :
le bureau fédéral de la police cri-minelle (b.k.a.) et sa section » anti-terroriste » de bonn, la police des frontières (b.g.s.), les brigades mobiles d’intervention (m.e.k.); parallèlement on renforce la police dans les casernes et on unifie les polices des länder [régions] sous la direction du bureau fédéral de la police criminelle et on applique dans la guerre psychologique de nouvelles techniques de répression élaborées par informatique.
ce projet vise à créer dans chaque état comme entre les différents états de l’europe de l’ouest – donc horizontalement et verticalement – un appareil de renseignements généraux qui s’infiltre dans les sociétés et intègre les états sans avoir lui-même sa propre expression politique, ce qui veut dire en clair, hors de tout contrôle public et sous commandement du pentagone; machine militaire et appareil de propagande dans la mesure où dans la guerre psychologique, ça constitue un appareil de manipulation totale.
ce système d’obtention et d’utilisation des renseignements dans la guerre psychologique est un système clos, dans lequel il est possible d’effectuer à grande échelle manipulation, surveillance, quadrillage (et donc de nouvelles formes de manipulation), les faits sont là pour le prouver.
ce que la gauche officielle ne veut pas savoir, c’est qu’elle est complètement fichée par l’ordinateur du bureau criminel fédéral, – avec tous ses membres, tous ses amis, tous ses sympathisants, dans la mesure où des carnets d’adresse ont été saisis pendant l’opération » voyage d’hiver » [arrestations de sympathisants dans le milieu intellectuel] et à l’aide de toutes les autres informations, systématiquement récoltées depuis 66/67.
si le bureau criminel fédéral peut arrêter 394 collectionneurs d’armes en une seule action bien coordonnée, il peut bien évidemment expédier toute la gauche officielle dans les stades en une seule action.
la guérilla urbaine est une tactique qui dévoile la stratégie en anticipant sur elle, son but est la reconstruction internationale de la politique prolétarienne – avec pour conséquence la réaction dans le contexte international.
au niveau de l’élaboration d’une stratégie révolutionnaire, cela signifie : comprendre que le gouvernement de chaque état est un appareil de répression intérieure et qu’au niveau international, il se détermine en faveur du capital américain multinational.
le système des états nationaux soumis à l’impérialisme américain constitue une ligne de fronts dans la guerre que l’appareil répressif du capital u.s. mène sur deux secteurs : sur les points de cristallisation de la ligne de démarcation pauvres/riches, dans l’opposition nord/sud, et sur la deuxième ligne de démarcation à l’intérieur des métropoles, ici pour prévenir une contre-offensive massive du prolétariat.
et il est important de constater, d’une part, que l’état réagit à partir des contraintes que lui impose le mouvement du capital – le fondement matériel de tout le système -;
il est donc fonction du capital et, d’autre part, que le capital n’est plus capable de développer une perspective productive à partir de ses propres bases
ou, pour employer un terme de l’économie bourgeoise : iî n’est plus capable d’innover, s’il ne cesse pas d’être le terrain des interventions de l’état.
pour quelqu’un comme schmidt, il est évident que l’état du système impérialiste reste un colosse aux pieds d’argile tant que les problèmes économiques de la crise, de l’inflation, du chômage, bref les problèmes du marché mondial, n’ont pas été résolus.
l’élément nouveau, nouveau aussi pour cette sorte de fascisme, c’est qu’il ne s’agit pas simplement d’assurer la domination et de consolider le pouvoir du capital et des marchés : l’enjeu est bien plus la création d’un système d’états capable de subsister indépendamment de sa base et en dehors des contraintes de mouvement du capital.
ici l’état est sujet de la politique, il n’est plus gouverné par diverses fractions concurrentes du capital, mais il devient l’expression directe du capital, du seul et unique capital, car sous l’hégémonie du capital américain aucune autonomie politique ou économique des capitaux n’est possible en dehors du capital u.s.
il s’agit pour nous de démontrer quel est le rapport dialectique entre l’intemationalisation du mouvement du capital et la transformation des états nationaux organisés en un nouveau système fasciste international, le système des états créés par l’impérialisme américain;
et de démontrer ainsi que la fonction de l’état national a été pervertie à partir du moment où l’impérialisme s’est trouvé dans une position stratégique défensive depuis sa défaite au viet-nam.
pour nous il s’agit surtout de montrer ici qu’à partir de la répression internationale organisée par la réaction la stratégie révolutionnaire doit être internationale – quand on dit que l’analyse politico-économique de la situation coïncide aujourd’hui avec les concepts de l’analyse de marx
cela veut dire concrètement
que la stratégie du manifeste communiste
« prolétaires de tous les pays, unissez-vous »
a retrouvé son ferment organisateur dans la guérilla qui anticipe sur la reconstruction internationale de la politique prolétarienne, la forme d’organisation de l’internationalisme prolétarien dans les métropoles du capital, ce sera la guérilla urbaine.
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