Résolution au cinquième congrès de l’Internationale Communiste sur le travail du PC parmi les Femmes Laborieuses

Introduction

§1. La situation économique et politique mondiale ouvre au prolétariat international des perspectives de lutte de classe d’une ampleur, d’une durée et d’une acuité exceptionnelles. L’objectif de cette lutte est la conquête du pouvoir par le prolétariat et l’établissement de sa dictature. Dans cette lutte, le prolétariat doit concentrer toute son énergie, toute sa résistance, toute sa cohésion.

Le gage de la victoire est dans le front unique par en bas, dans l’union des travailleurs de la ville et de la campagne.

§2. Le front unique prolétarien et le développement de notre ligne de combat ne seront possibles que lorsque les masses des femmes laborieuses participeront activement à la lutte.

Les contre-révolutionnaires ont compris la grande importance des femmes dans la lutte de classe. Les social-démocrates et les réformistes, de toutes nuances, les fascistes et tous les Partis bourgeois n’épargnent pas leurs efforts pour attirer à eux les femmes.

Devant un tel fait, les PC doivent se donner comme objectif immédiat de détacher le plus grand nombre de femmes de l’influence contre-révolutionnaire et de les enrôler dans les rangs du communisme.

§3. Dans les conditions actuelles, l’enrôlement de la femme orientale dans la lutte de classe internationale prend une signification particulière. Les peuples opprimés et exploités de l’Orient commencent à se soulever contre leurs oppresseurs, à lutter pour leur indépendance, à combattre toute espèce d’asservissement et d’exploitation.

En même temps, les femmes de l’Orient s’éveillent de leur esclavage. Elles exigent l’égalité et la reconnaissance de leur dignité humaine. Leur participation à la lutte contre l’impérialisme apportera à la révolution mondiale le puissant appui d’énergies nouvelles.

§4. C’est en conquérant le pouvoir et en le consolidant, en instaurant le régime soviétique que les travailleurs pourront remplir leur mission. Ils doivent réédifier toute la société selon les principes du communisme, aussi bien dans le domaine économique que dans le domaine idéologique.

Mais dans aucun domaine de la vie sociale, rien ne pourra être fait sans la coopération des masses féminines. Dans les Républiques soviétistes, il est nécessaire d’intéresser les millions de femmes laborieuses à l’œuvre d’édification prolétarienne.

§5. La situation mondiale impose à l’IC d’accorder une attention particulière au travail parmi les femmes laborieuses. Les PC ne doivent pas seulement arracher les femmes à l’idéologie bourgeoise, mais les faire participer activement aux combats du prolétariat révolutionnaire.

L’expérience a montré que les femmes savent manifester un grand courage lorsqu’elles sont touchées par l’idée révolutionnaire. La lutte en Russie, en Bulgarie et en Allemagne en est une preuve.

§6. Le 5e Congrès rappelle à toutes les Sections de l’Internationale les résolutions des précédents Congrès sur le travail politique parmi les femmes. Il confirme la pensée directrice de ces résolutions qui est d’éveiller, d’organiser et de préparer les masses féminines afin d’accélérer la révolution mondiale.

Le Congrès soutient que le travail parmi les femmes n’est pas une tâche accessoire du PC, mais une de ses tâches les plus importantes. Il rappelle à tous les PC les paroles de Lénine :

«La Révolution prolétarienne ne peut vaincre que si les millions de femmes laborieuses prennent part à la lutte».

Nos tâches

Notre travail en vue de gagner les femmes laborieuses de tous les pays se subdivise en :

1) Travail parmi les femmes des pays capitalistes ;

2) Des pays coloniaux et semi-coloniaux ;

3) Des Républiques Soviétistes.

Vu la nécessité de réorganiser les Partis sur la base des Cellules d’usine, le Congrès déclare que le centre de gravité de notre action parmi les femmes doit être fixé au lieu de travail.

C’est ainsi qu’on arrivera à débarrasser les ouvrières de l’illusion qu’il est possible de remédier à leur situation misérable à l’aide de la démocratie, en restant dans le régime bourgeois.

Tout en les éduquant politiquement, en éveillant leur conscience de classe, il faut préparer et organiser les ouvrières en vue de leur participation active à la lutte économique et politique du prolétariat.

Les chômeuses doivent également être entraînées dans cette lutte.

Le même travail d’éducation politique et d’enrôlement dans la lutte de classe doit être mené non seulement parmi les ouvrières de l’industrie, mais aussi parmi les domestiques et les ouvrières des campagnes. Il faut entreprendre immédiatement une action énergique parmi les paysannes laborieuses, en premier lieu dans les pays agraires.

La base de notre action féminine dans les campagnes doit être recherchée parmi les ouvrières rurales, les paysannes pauvres, les veuves de guerre, les domestiques, etc. Cette action doit être en contact étroit avec le mouvement coopératif.

Les PC doivent faire tout leur possible pour renforcer leur influence parmi les employées des administrations publiques, des postes, de l’enseignement.

Il est très important de gagner les femmes d’ouvriers. Il est nécessaire de mener parmi elles une propagande qui doit être rattachée à notre action dans l’usine où travaille le mari.

En outre, les femmes communistes doivent renforcer leur activité dans les Syndicats de locataires et autres organisations où l’on côtoie les masses prolétariennes petites-bourgeoises.

Parlementarisme et action illégale

La participation des femmes peut rendre plus féconde notre action parlementaire. Les femmes doivent présenter des revendications au Parlement, organiser les manifestations de protestation, soutenir les interventions de la fraction communiste.

Il convient d’accorder une attention particulière à l’action dans les municipalités, où le danger de déviations opportunistes est beaucoup plus grand et où sont débattues des questions qui touchent directement les femmes.

La situation actuelle rend indispensable de préparer les femmes communistes à l’action illégale en général, au travail de désagrégation de l’armée, à la lutte contre le fascisme, à la participation directe au combat.

Les conditions historiques en Orient nous imposent certaines tâches particulières. Il faut placer au premier plan la lutte contre les préjugés religieux et moraux. Autrement, il ne peut être question d’une action communiste féconde parmi les femmes laborieuses de l’Orient.

Dans l’US, la première tâche est de faire participer les femmes laborieuses à l’œuvre de consolidation du pouvoir soviétique, au relèvement de l’économie, à tous les domaines du travail économique et gouvernemental, ainsi qu’à l’éducation de la nouvelle génération.

Organisation

Le Congrès déclare résolument que le travail parmi les femmes doit être l’œuvre du Parti dans son ensemble. Ce travail doit être lié plus étroitement que par le passé avec l’activité générale. Dans tous leurs actes, dans toute leur campagne, nos Partis doivent étudier d’avance les mesures nécessaires pour mobiliser les femmes.

Le travail féminin doit revêtir un caractère nettement politique. Les femmes communistes doivent être entraînées dans le travail politique général du Parti. La création d’organes spéciaux de travail parmi les femmes a pour but de coordonner ce travail et de donner à tout le Parti des directives sur ses tâches en ce domaine.

Le 5e Congrès engage tous les PC à appliquer immédiatement les mesures suivantes :

1) Au moment de la réorganisation du Parti sur la base des Cellules d’usine, désigner dans chaque Cellule un camarade, homme ou femme, particulièrement chargé du travail parmi les femmes. De même dans le travail syndical.

Il faut en faire autant dans toutes les organisations : Labour Party, coopératives, Syndicats de locataires, Comités de parents, associations de victimes de la guerre, etc.

2) Le CC de chaque Parti doit veiller à ce que les organes communistes publient régulièrement des pages, des suppléments et des rubriques féminines, et à ce qu’ils consacrent des articles à des questions touchant de près les femmes.

Dans la mesure où c’est possible, il faut éditer un journal féminin. Il faut encourager la création de journaux pour les ouvrières.

Tous les organes de préparation théorique et pratique des membres du Parti doivent accorder la place nécessaire à la préparation révolutionnaire des femmes.

Les Comités centraux des Partis doivent éditer à leurs frais des documents de propagande parmi les femmes (brochures, tracts, affiches, etc.).

3) Dans tous les organes dirigeants, depuis le Comité Local jusqu’au CC, un camarade doit être responsable du travail parmi les femmes.

4) Il convient de former une commission spéciale pour aider ce camarade.

Chaque CC doit avoir un Secrétariat Féminin. Au secrétariat féminin doit se trouver au moins un secrétaire appointé (homme ou femme).

5) Pour les pays d’Orient, il doit exister, au sein du Secrétariat Féminin International, une Section orientale qui, au point de vue politique et organique, sera partie composante de la Section d’Orient.

L’application de ces mesures est d’une importance particulière à l’heure actuelle, alors que les PC doivent entreprendre leur réorganisation sur la base des Cellules. Leur grande tâche est de transformer les femmes laborieuses, aujourd’hui esclaves dociles du capital, en combattantes conscientes de la lutte de classe.

Vu que la participation consciente des femmes laborieuses à la lutte est une nécessité absolue pour l’instauration de la dictature du prolétariat et l’édification de la société communiste, l’IC invite toutes ses Sections à faire leur devoir dans ce domaine.

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