Résolution sur le Rôle des Coopératives et des Coopérateurs Communistes au cinquième congrès de l’Internationale Communiste

Trois ans de travail coopératif communiste montrent que les résolutions du dernier Congrès sur le rôle et le caractère des coopératives et sur notre rôle et notre tactique étaient parfaitement justes. Le 5e Congrès confirme les décisions précédentes, les complète sur certains points et souligne particulièrement ce qui suit :

§1. Le travail d’organisation, d’éducation et de propagande à l’intérieur des coopératives a, dans la période actuelle de la révolution prolétarienne, une importance plus grande que jamais.

L’espoir d’avantages matériels attire dans les coopératives des ouvriers et des paysans qui ne sont pas encore conscients de la nécessité de participer à la lutte de classe des Partis politiques et des Syndicats. Dans ces conditions, les coopératives se présentent comme un facteur extrêmement utile de rassemblement de la classe prolétarienne.

Des services particulièrement importants sont rendus par elles, en ce sens qu’elles rallient les femmes des prolétaires, qui n’appartiennent pas aux organisations syndicales puisqu’elles ne travaillent pas dans les entreprises.

Agir parmi les masses arriérées des ouvriers et des paysans, et surtout parmi les femmes, est donc un des premiers devoirs des coopératives.

§2. Dans les pays capitalistes, le paysan est indispensable à la victoire du prolétariat. Aussi les militants doivent-ils s’efforcer de faire ressortir la communauté des intérêts ouvriers et paysans.

Une excellente occasion leur en est fournie par les relations qui s’établissent directement entre coopératives de consommation et Syndicats ouvriers d’une part et les coopératives paysannes de l’autre.

De cette façon, les intermédiaires et les mercantis, qui divisent ville et campagne en dévalisant autant les paysans que les ouvriers, sont évincés. Ce travail exige l’application des méthodes recommandées par la résolution coopérative de la 1e Conférence Paysanne Internationale.

Outre son utilité pour la lutte prolétarienne, cette alliance est le lien par lequel le prolétariat arrivé au pouvoir prend la direction générale de tout le mouvement coopératif. Cette direction est un des fondements économiques de l’État prolétarien.

§3. Il est très important de faire participer au travail commun les éléments non hostiles au prolétariat des employés, des artisans, des intellectuels et autres petits-bourgeois.

L’expérience montre que le travail en commun avec les éléments petits-bourgeois opportunistes au sein des coopératives peut nuire à la conscience de classe et renforcer les illusions réformistes. Aussi les communistes doivent-ils intensifier leur agitation et leur propagande de lutte de classe au sein’ du mouvement coopératif.

§4. Pour réaliser la solidarité de classe des coopératives, il faut augmenter leur contact et leur travail commun avec les Syndicats.

Particulièrement nécessaire est leur liaison avec les Syndicats rouges et, à l’échelle internationale, avec l’ISR. Cette union est d’autant plus utile qu’une coalition entre l’Internationale d’Amsterdam et l’Internationale coopérative est déjà effective.

§5. En ce qui concerne le danger fasciste, les coopérateurs communistes doivent faire front unique avec les autres organisations ouvrières et mener les organisations paysannes contre le fascisme.

De plus, il est nécessaire de créer des organes de défense et de préparation à la lutte armée pour rendre impossible une destruction des coopératives comme celle qui a eu lieu en Italie.

Là où le fascisme possède le pouvoir et s’est emparé de la direction des coopératives, les coopérateurs communistes ne doivent pas quitter les rangs. Ils doivent continuer clandestinement leur activité et, quand les intérêts de la classe ouvrière l’exigent, agir ouvertement.

§6. Maintenant que, dans un certain nombre de pays, des gouvernements ouvriers sont au pouvoir, le danger se manifeste d’une recrudescence provisoire des illusions réformistes.

L’influence de ces illusions est particulièrement pernicieuse dans les coopératives, car elles contiennent des éléments retardataires et, de plus, la direction y appartient, la plupart du temps, aux opportunistes. Il s’ensuit que, dans les coopératives, il faut accorder une attention toute particulière à combattre le Macdonaldisme.

§7. Le danger d’une nouvelle guerre, qui dépasserait en horreur tout ce que nous avons vu au cours de la guerre mondiale, est imminent. Toutes les dépenses en retomberaient sur les épaules des travailleurs ; c’est pourquoi les coopératives, comme les autres organisations ouvrières, doivent combattre énergiquement le militarisme croissant et l’éventualité de guerre.

Dans cette lutte, qui doit être menée de concert avec les PC, les Syndicats révolutionnaires et le CPI, tous les moyens doivent être mis en action, qui ont été exposés par la délégation russe au Congrès de la Paix de décembre 1922, à La Haye.

Les coopérateurs communistes doivent déployer une vive agitation dans tous les pays pour que l’Alliance Coopérative prenne l’initiative de la convocation d’un nouveau Congrès international avec participation de toutes les organisations ouvrières partageant le point de vue de la lutte de classe, afin d’élaborer des mesures énergiques contre la guerre.

§8. En regard de la grosse signification que prennent les coopératives à la veille de la conquête du pouvoir, le Congrès Mondial de l’IC décide que :

a) Tous les membres des PC doivent devenir coopérateurs ; ils sont tenus de former dans les coopératives des Cellules communistes et, avec les autres éléments prolétariens d’opposition, des fractions.

Chaque action doit être au préalable étudiée par les Cellules et systématiquement réalisée par les communistes.

b) Toutes les questions qui touchent le travail dans les coopératives doivent être examinées sans retard par les PC et les organes du Parti doivent leur offrir tout leur concours. Dans tous les conflits, soit politiques, soit économiques, les coopératives doivent être admises à participer.

c) Chaque PC doit charger du travail coopératif des militants et militantes énergiques.

d) La presse du Parti doit accorder aux questions coopératives une place importante. Les quotidiens doivent, quand cela est possible, tirer des suppléments coopératifs ; une littérature coopérative communiste doit être éditée et diffusée le plus largement possible.

e) Les décisions des 3e et 4e Congrès sur les actions communes des Syndicats et des coopératives (voyez aussi les décisions du 2e Congrès de l’ISR en 1922) doivent dès maintenant être mises en pratique dans tous les pays.

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