Comme toujours, face à la prise de conscience des masses, des conditions qui leur sont réservées dans le capitalisme, les Etats européens ont, en interaction avec la politique agressive des USA, globalisé et mercantilisé les gestes de révolte et de désespoir qui s’élevaient contre leurs menées.
La pacification des esprits
Dans une logique qui est propre à leur système de production, ils ont, en valorisant à l’extrême les gestes de refus de leur politique hégémonique, partialisé, atomisé, rendu inflationniste un mouvement qui portait en son sein les notions d’internationalisme.
En fin de compte, l’analyse et la critique concrète de ce qui se passe et de ce qui s’est passé, n’a jamais été exprimé clairement.
Alors que partout en Europe se développait un mouvement d’attaque, chacun, à l’intérieur de ses frontières, refusait le sort maintenant bien ancré, de la réalité impérialiste, par refus de missiles interposés.
Par décret étatique affirmant que « l’automne sera chaud », chacun et tous se virent concernés et naturellement chacun et tous réagirent avec la passion exacerbée de leurs habitudes quotidiennes: la révolte ou le désespoir, la violence ou la non-violence.
L’habitude d’agir en être non concerné déploya sur le terrain les habitudes de gens concernés: la soumission, la peur, le désespoir et le besoin de survivre, en les canalisant à l’intérieur du mouvement, les opposant concrètement à toutes les intentions de construction révolutionnaire réelle. Très peu virent ou voulurent voir qu’il s’agissait d’un mercantilisme orchestré par les Etats contre tout désir de résistance dans l’avenir.
Qu’ils s’agissait pour les Etats européens de séparer et d’isoler toute volonté de construction révolutionnaire radicale, violente. De mobiliser et d’idéologiser les êtres des différents Etats pour les soumettre aux conséquences agressives de leur politique, en les liant au fait établi de leur hégémonie.
De neutraliser et de désespérer par la multitude des attitudes de soumission, la qualité qu’exprime la construction révolutionnaire radicale. L’automne chaud fut le moment d’une guerre psychologique menée par l’Etat et dont le but était de contrecarrer la possibilité de construction d’un pôle révolutionnaire radical.
Non pas en tant que contre-mouvement mais au sein des masses.
Aujourd’hui, il reste au mouvement révolutionnaire à développer dans ses avancées au sein des masses, la construction de la révolution et non pas à se laisser déterminer par les escarmouches que lui livre l’Etat.
Aujourd’hui, comme nous l’avons exprimé dans notre texte « Une tâche révolutionnaire, le combat international », nous pensons que l’internationalisme réel et pratique est une nécessité stratégique et non un slogan idéologique.
A travers des divergences et des oppositions, ce point de vue est commun à diverses organisations communistes et à divers prolétaires en Europe: » Il [l’internationalisme] est en synthèse, diffusion de la puissance des messages révolutionnaires, de la puissance de leur critique radicale des conditions sociales existantes; il est information pour combattre ensemble et unis pour vaincre » (Groupe d’Elaboration 16 mars, Palmi 1981).
« La politique révolutionnaire ici est la stratégie qui conçoit l’ensemble de la résistance dans le cadre de la réalité quotidienne ici, comme processus de libération, et la comprend comme partie, secteur et fonction des luttes mondiales, dont seule l’action combinée permet d’atteindre le but. » (RAF, mai 1982)
Voir aussi la revendication des BR pour la construction du PCC à propos de l’exécution de Hunt.
Le pacifisme, lui, dans l’impossibilité, liée à ses origines sociales, de saisir la nature véritable des enjeux, l’ensemble de la stratégie impérialiste, de développer une ligne politique révolutionnaire constructive, porte en lui la raison même de son échec, et ceci s’est vérifié par son incompréhension des systèmes de valorisation mis en jeu pour l’éliminer.
Partiel dans son expression, le pacifisme, par son échec, non seulement donne une justification idéologique à la pacification, mais il offre de plus, par sa propre pacification, la possibilité de globaliser et d’intensifier la tendance générale à la guerre.
« Il faut éclairci tout de suite un point.
Ce qui caractérise la phase actuelle par rapport au conflit de 1939/1945, ce n’est pas tant la puissance des moyens de destruction que l’extension, désormais mondiale de la guerre de classe, la présence de la guérilla communiste ou l’existence de conditions favorables à son développement dans chaque coin du monde et particulièrement dans les métropoles. », (Brigades rouges, « L’Abeille et le communisme », septembre 1980.)
Nécessités capitalistes de la restructuration
« Plus la production capitaliste se substitue à des types de production rétrogrades, plus se resserrent les limites du marché imposées par la recherche du profit, contrecarrant les besoins d’expansion des entreprises capitalistes existantes » (Karl Marx). L’impossibilité pour le capital de connaître des phases de stagnation prolongées, la nécessité de l’accroissement des taux de profits, la crise de surproduction absolue dans les centres depuis plus d’une décennie, caractérisent l’actuelle phase historique par la généralisation de la crise.
Sa loi, qui tend à la reprise de l’accumulation, de l’élargissement de sa production, le pousse à mettre la main sur les zones et les pays n’étant pas encore fondamentalement entrés ou étant partiellement sortis de l’aire de production capitaliste.
En effet, malgré les divers systèmes politiques qui aujourd’hui partagent le monde, ce ne sont nullement des intérêts idéologiques qui sont en jeu, mais bien la réalisation de l’intérêt économique capitaliste et de la pénétration du monde par le mode de production capitaliste.
Aujourd’hui, lorsque les oppositions sont exprimées sur fond politico-idéologique, elles n’expriment rien d’autre que les obstacles et les contradictions que le capitalisme rencontre dans sa politique agressive d’hégémonie.
Elles expriment son insuffisance et la façon dont il transmet celle-ci à ses mercenaires et soldats, pour ouvrir de nouveaux fronts ou pacifier ses arrières en vue de la réalisation d’un nouvel ordre mondial de domination.
Lorsque le capital est contraint de concrétiser par un saut qualitatif sa composition organique, lui permettant une valorisation maximale de la révolution technico-industrielle, il ne le fait qu’en détruisant « les forces de production superflues » et les moyens de production dépassés. Et cela tant en termes de valeur qu’en termes physiques.
Sa lutte pour s’assurer la suprématie sur le marché mondial est quotidiennement vécue par les masses planétaires, confrontées aux réponses technologiques et militaires qu’il apporte, aux limites infranchissables, inhérentes à son expansion.
Et les masses vivent de plus en plus sous des formes de domination brutale et de pénurie, d’expropriation totale de tout moyen de survie: guerre, chômage, faim, paupérisation et pacification.
Tandis que la généralisation de la crise dévoile toujours plus la symbiose démocratie-guerre (mondialisant la guerre comme condition objective de sauvegarde de la démocratie), pour la perpétuation de l’unilatéralité des échanges et de la domination du marché mondial par l’Occident, tout en accroissant la misère, cette misère « qui fait que le Lazare prolétaire sort de la tombe du manque de ressources pour entrer dans le bagne de la fabrique où il subit les tourments du sur travail et vice-versa.
Et, si cette misère augmente, c’est parce qu’augmente sans cesse le nombre des prolétaires enfermés dans l’alternative impitoyable: ou bien s’échiner pour le capital ou bien crever de faim.
C’est uniquement dans le mode de production capitaliste que le travailleur crée lui-même les conditions de sa déchéance – du chômage croissant – au fur et à mesure qu’il développe les forces productives ». (Marx).
Dans la pratique, la multiplication de la sous-traitance, l’élargissement de la cordination par l’informatique des noyaux de fabrication, leurs modalités, l’intérim soulignent la perte en qualité de la force productive humaine nécessaire (les travailleurs); qualité transmise de fait au moyen de production en tant que capacité créatrice, mais génératrice pour l’homme, de manque, de besoins insatisfaits, condition nécessaire à l’accumulation du capital.
Aujourd’hui, les deux axes de la restructuration sont : la réalisation simultanée de l’unilatéralité de l’accumulation et le développement d’une « économico-idéologie » de guerre, capable de perpétuer l’offensive guerrière des démocraties, développant parallèlement un projet politique de pacification et de collaboration, dans les centres et dans les périphéries, sous l’égide d’un nouvel ordre de domination mondiale.
C’est dans ce but qu’est conçu le développement et l’utilisation du militarisme.
Il permet de soumettre les moyens de production et les forces productives des pays périphériques, en concrétisant par les armes la recolonisation existant de fait par la dépendance économique et politique du tiers monde et des pays socialistes.
Tandis que dans les métropoles, la pacification s’accompagne d’une colonisation des esprits et des corps en canalisant la « terreur sourde régnante » par une militarisation de l’économie.
En fait, dans le mouvement que le capital impulse et dans ce que détermine le militarisme, il ne s’agit plus seulement de la simple reproduction du capital par celle de la force de travail (société de consommation, chûte des taux de profits par la stabilisation des forces et le développement antagoniste de leurs qualités), mais de la reproduction productive du capital par la consommation directe, l’attachement des forces productives à une nouvelle notion de quantité et de sécurité fondée sur la violence et la terreur quotidienne que le capital développe pour sa survie existentielle, par la guerre dans le tiers monde et la menace de nucléarisation des conflits économio-stratégiques.
« La tendance à la guerre vit dans chaque aspect des rapports sociaux capitalistes jusqu’à arriver sous une forme contradictoire dans la conscience même des prolétaires », (BR, Colonne Walter Alasia).
Le nouveau consensus ainsi recherché, tout en déplaçant la production hors de l’usine pour neutraliser les antagonismes de classes qui y étaient une dimension centrale, centralise alors la société comme unité et cause de production du militarisme: Décomposition et différenciation n’opèrent pas seulement au niveau matériel, mais au contraire ont un objectif beaucoup plus ambitieux; transformer l’ouvrier en « homme du capital », pur appendice, sans vie et sans histoire, de la machine. Et cela n’est possible qu’en anéantissant la mémoire historique collective de la classe ouvrière » (BR, Colonne Walter Alasia).
OTAN, instrument d’unification politique et militaire du capital
Aujourd’hui l’OTAN est la forme particulière que prend l’impérialisme pour généraliser au travers de son mode de production, son hégémonie.
L’impérialisme s’est doté d’un système transnational d’offensive extérieure et de contre-révolution intérieure. L’OTAN s’est l’instrument total et totalisant de la propagande du système absolu.
Il agit comme coordination globale de la croisade du monde « libre », c’est-à-dire des intérêts fondamentaux multinationaux. Graduellement, l’OTAN a abandonné son rôle seulement militaire pour gérer des stratégies politiques et économiques. Aujourd’hui l’OTAN signifie guerre impérialiste et contre-révolution intérieure.
L’OTAN est unité productrice de destruction des antagonismes de classe grandissants, face à « un monde de la richesse qui enfle devant l’ouvrier comme un monde qui lui est étranger et qui le domine à mesure qu’augmentent pour lui, pauvreté, gêne et dépendance. » (Marx), et l’expression de la crainte que les capitalistes ont de ce que les incessantes guerres de l’ère impérialiste fassent entrer des millions et des millions d’hommes et de femmes dans la masse de ceux qui n’ont plus rien à perdre.
En tant qu’unité de production destructrice, l’OTAN ne vise pas tant à la destruction par la guerre de structures étatiques étrangères que, plutôt et surtout, à la conquête de territoires nouveaux pour le mode de production capitaliste, et à la soumission des prolétaires du monde entier à celui-ci.
La tendance à la guerre des Etats impérialistes s’exprime aujourd’hui par la nécessité de soumettre la classe prolétaire de plus en plus à son hégémonie, en mondialisant son mode de production. C’est la condition aujourd’hui de l’accumulation. Aussi, attaquer, aujourd’hui, l’OTAN, c’est anticiper l’émancipation prolétarienne de toutes les formes d’exploitation et d’oppression.
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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe