Né en 1844 à Corte en Corse, Paschal Grousset a suivi des études de médecine après avoir voulu intégrer l’École Normale Supérieure. Il a commencé une carrière de journaliste politique et scientifique (surtout de la vulgarisation scientifique en médecine).
Opposant politique à l’Empire mais fervent patriote, il a pris part à la Commune de Paris en 1871 en intégrant pour défendre la ville le 18e bataillon de chasseurs à pied. Il a rejoint le comité central de la Garde nationale puis été élu au Conseil de la Commune de Paris avant d’en être le délégué à la Commission des Relations Extérieurs.
Après l’écrasement de la Commune, il a été condamné au bagne en Nouvelle-Calédonie d’où il s’est enfui en 1874 pour rejoindre l’Angleterre.
Il y a écrit sous différent pseudonymes dans différents journaux, en anglais ou en français. Il a également écrit de nombreuses œuvres de fiction, et notamment L’Épave du Cynthia (1885) qu’il a cosigné avec Jules Verne sous le pseudonyme d’André Laurie (il est également à l’origine de manuscrits réécrits par Jules Verne pour donner Les Cinq Cents Millions de la Bégum et L’Étoile du sud). C’est également lui qui a traduit en français le célèbre roman de Robert Louis Stevenson L’Île au trésor.
Paschal Grousset s’est fait connaître en Angleterre pour sa capacité à décrire le peuple britannique, à la manière d’un ethnologue. Le Premier ministre William Gladstone qualifiera sont ouvrage Les Anglais en Irlande d’« œuvre la plus forte, le jugement le plus capital qui ait été porté sur la condition de l’Irlande depuis un demi-siècle ».
Son credo était en fait de comparer les Britanniques aux Français afin d’en tirer ce qu’il y a de mieux pour les Français. Profondément patriotique, presque nationaliste, il était toutefois un républicain radical s’opposant franchement à la droite conservatrice, aux nationalistes et plus tard au boulangisme.
Refusant la lutte des classes, et donc le socialisme, il considérait qu’il était possible de concilier au sein de la République les intérêts des masses populaires avec ceux de la bourgeoisie.
Il a découvert le sport et l’importance de l’éducation physique en étudiant le système scolaire anglais.
Ce fut alors une sorte de révélation et il exposa son point de vue dans le roman pour adolescent La vie de Collège en Angleterre. Ce roman aura un immense succès dans la jeunesse française et sera une contribution majeure au développement du sport en France.
Le titre du manuscrit initial (1881) est La métamorphose de Laurent Grivaud. On y suit les aventure d’un jeune français décrit comme un peu lâche et fourbe, fainéant, vivant dans la « torpeur physique », mais qui se métamorphose radicalement après trois mois dans un collège anglais.
La vie de collège est décrite dans le roman de manière réaliste comme un idéal, avec des jeunes disciplinés mais autonomes, épanouis physiquement et intellectuellement, comme le deviendra Laurent Grivaud :
«Enfin, il se fortifiait à vue d’œil et faisait dans les divers exercices des progrès qui étonnaient tout le collège, habitué à moins de vivacité. C’est, ainsi qu’il était déjà un des bons coureurs, qu’il se rangeait parmi les cricketers d’adresse moyenne, et que son « entraînement » pour les régates avait fait de lui un des premiers rameurs.
Sa position était donc définitivement assise dans le milieu social dont il faisait partie. Personne ne lui cherchait plus noise ; il prenait part aux amusements généraux, se livrait sans souci aux études classiques, dans lesquelles il avait un bon rang, et menait ainsi de front le perfectionnement de son corps et de son intelligence.
Il s’était peu à peu imprégné de cet esprit excellent qui domine dans les bonnes écoles anglaises et qui pousse chaque enfant à aspirer vers un idéal de perfection général.
Chez nous, quand un élève excelle dans une spécialité ou deux, il s’en contente généralement : l’un fait bien les vers latins, l’autre a d’ordinaire le prix de thème grec; celui-ci est connu pour ses dessins, celui-là pour sa musique, cet autre pour sa gymnastique ; on n’en voit guère qui se proposent d’être les premiers en tout.Il n’en est pas de même chez nos voisins : un enfant, comme un homme, s’y croirait incomplet et en quelque sorte difforme, s’il s’enfermait dans le cadre étroit d’une spécialité ; le but qu’il s’assigne et qu’il atteint généralement, c’est d’arriver à porter un esprit sérieusement cultivé dans un corps vigoureux et sain. »
« Porter un esprit sérieusement cultivé dans un corps vigoureux et sain », voilà qui résume tout à fait les aspirations, le projet de société de Paschal Grousset. C’est sur cette base qu’il développera ensuite ses actions pour l’éducation physique en France.
=>Retour au dossier sur les origines de l’éducation physique,
de la gymnastique et du sport en France