A la suite de la conférence de Aiete et un an après l’annonce de l’arrêt de la pratique de la lutte armée ETA organisation socialiste révolutionnaire de libération nationale veut faire part à Euskal Herria de ses réflexions et de ces propositions.
Tout d’abord, ETA veut dénoncer la régression qui a lieu depuis la décision d’arrêt de la lutte armée. Ceux qui avant cette déclaration étaient favorables au processus de paix à travers un dialogue et un accord sont en train de faire marche arrière.
En plus de fermer la porte au dialogue les gouvernements français et espagnol suivent la route contraire au règlement du conflit, à l’intérieur d’un agenda de destruction de la paix. La manière d’agir avec les prisonniers et réfugiés politiques basques, les actions répressives des dernières semaines, les menaces et les déclarations des deux ministres de l’intérieur sont éclairantes.
Certaines organisations politiques n’ont pas davantage adopté d’attitude constructive. Souvent les intérêts des partis politiques passent avant la volonté de la société. Ainsi pour des calculs électoraux ou pour maintenir une attitude d’imposition, les tentatives de ralentir et de défigurer le processus ont été nombreuses et prolongent les souffrances.
ETA veut faire remarquer que par le passé ces mêmes attitudes ont éloigné le règlement du conflit. Et aujourd’hui le risque de laisser le processus sans issue est évidente. ETA veut souligner que la voie de la répression est stérile. Les états peuvent détruire les possibilités de paix, mais ainsi ils ne pourront jamais résoudre le conflit.
Lorsque la seule proposition est la fermeture et une répression cruelle, lorsque se refusent les solutions démocratiques pour dépasser le conflit, on alimente la confrontation.
C’est cela qui est en jeu: la possibilité d’obtenir un règlement solide et durable du conflit. La possibilité de construire un avenir en paix et en liberté pour Euskal Herria.
Malgré tout, ETA pense que nous disposons de forces suffisantes pour faire face au blocus et amener le processus en avant. Mais nous devons donner des pas pour éviter l’installation du blocus et que la déception ne s’installe. Nous devons redoubler d’efforts. Pour ETA, la société basque, ses acteurs, tous les citoyens doivent être les protagonistes majeurs du processus. La communauté internationale ne devrait pas renoncer devant le blocus. Une partie du conflit a répondu favorablement à la proposition d’Aiete, elle a le soutien de la majorité de la société basque, c’est suffisant pour aller de l’avant. Après un long cycle d’élections ETA espère que les partis politiques agiront de manière responsable et constructive. Pour sa part ETA veut affirmer sa volonté de travailler à la résolution du conflit, pour casser le blocus, dans le but de trouver des issues efficaces dans le développement du processus.
Il faut un agenda pour la paix.
Devant les agressions des états, les obstacles et les attitudes négatives, sur la base de la feuille de route de Aiete, ETA pense qu’un agenda pour la paix est nécessaire. En partant de l’engagement de chacun nous devons avancer vers un renforcement des efforts communs en faveur du processus. Le but de cet agenda serait d’amener les états au règlement du conflit et à une structuration du processus de paix.
Il faudrait construire l’agenda pour la paix sur trois colonnes
- répondre a la situation d’exception: la répression, le non respect des droits civils et politiques et surtout de manière urgente répondre à la situation des prisonniers politiques basques.
- faire entendre la revendication en faveur du règlement du conflit, depuis tous les coins d’Euskal Herria faire parvenir jusqu’à Paris et Madrid la volonté de paix
- élargir les voies du dialogue, créer des espaces pour atteindre des accords.
Proposition de ETA
Durant cette année ETA s’est efforcé d’engager un dialogue avec les gouvernements français et espagnol. En effet, ces gouvernements sont au courant de l’engagement sincère de ETA pour l’ouverture d’un dialogue. De la même manière ETA veut présenter ses propositions persuadée qu’il existe des raisons suffisantes pour avancer. Cette proposition est basée sur la volonté de mettre fin de manière durable et ordonnée à la confrontation armée, pour déposer une base saine à la paix de façon complémentaire au processus démocratique qui doit s’instaurer en Euskal Herri.
Pour ETA le processus pour dépasser le conflit devrait avoir deux objectifs
Il faut résoudre le problème des prisonniers et de tous ceux qui ont du quitter leur famille en raison de la confrontation.
Les forces qui ont participé à la confrontation armée doivent s’adapter à la nouvelle situation, amener la normalisation démocratique, pour que le processus démocratique en Pays Basque se développe sans menace, en toute liberté.
Pour atteindre ces objectifs ETA propose un agenda pour le dialogue.
- des délais et des formules pour que tous les prisonniers et réfugiés basques rentrent en Euskal Herria
- des délais et des formules pour le désarmement, pour défaire la structure militaire et engager la démobilisation
- des délais en adaptant la fin de la présence des forces de confrontation armée qui se trouvent en Pays basque.
Il faudrait ajouter trois remarques sur l’agenda:
Il est connu que dans la confrontation les états ont utilisé la force et provoqué des crimes ( torture, guerre sale, exécution de militants de ETA…) et pour cela il n’y a pas de prisonnier car les forces des états ont agit dans impunité totale. Ainsi ETA ne renonce pas à la nécessité de reconnaissance de la vérité et de la responsabilité des états.
En ce qui concerne les personnes ayant décidé de partir d’Euskal Herria en raison de l’action armée, ETA pense qu’à la suite de sa décision ce problème est en voie de règlement.
La confrontation a provoqué des victimes. C’est une conséquence du conflit que le processus de paix doit étudier. Il faut envisager cela de manière différente et aborder ces problèmes de point de vues différents, cela demande de nombreuses démarches, et dépasse donc cet agenda. De toute façon ETA est prête à intégrer cette problématique à l’agenda sur la voie de la vérité et la reconnaissance de chacun.
Ceci étant la proposition de ETA nous affirmons que nous sommes prêts à écouter et étudier les propositions de la France et de l’Espagne.
Si nous atteignons un accord sur les points abordés plus haut, une voie serait ouverte pour poursuivre dans ce sens. La poursuite de l’accord, le dépassement du conflit amènerait la fin définitive de la confrontation armée.
Dans ce contexte, au-delà des pas donnés pour atteindre un accord, ETA prendra des décisions pour s’adapter à la nouvelle situation en fonction de nos objectifs politiques, du processus de paix et de ce que demande le moment politique lui-même.
Pour tout cela, ETA en réaffirmant sa bonne foi, veut faire savoir qu’elle continuera à œuvrer en faveur de la possibilité du règlement du conflit de manière déterminée.
En Euskal Herria
le 15 novembre 2012