L’Humanité est un produit du mouvement de la matière, une composante en évolution de l’univers, telles que les conditions qui se sont progressivement accumulées et mises en forme sur notre planète les ont permises.
Parvenu à un certain stade de son évolution, l’Humanité a connu un saut qualitatif de grande importance : elle a commencé à former des sociétés de plus en plus complexes, dépassant le stade de l’organisation grégaire qui caractérisaient jusque-là les espèces comparables à la nôtre. Au sens strict, on peut à ce moment-là parler d’Histoire, ou du moins de pré-histoire.
Cette évolution a entraîné une série de développements toujours plus poussés. Elle a permis à l’Humanité d’acquérir, de transmettre et d’accumuler des connaissances toujours plus précises, elle a été en mesure d’améliorer son existence et son organisation. Mais dans le même mouvement, cette évolution se confronte aussi à des situations de plus en plus compliquées.
La principale caractéristique des sociétés humaines est en effet la complexité toujours plus avancée des différents modes de production par lesquelles elles assurent leur existence.
Le développement même de ces différents modes de production est en soi un phénomène naturel.
Pour prendre un exemple parmi les aspects du mode de production antique, l’agriculture s’est développée en différents points de la planète, là où les conditions le permettaient et selon le stade de développement atteint ici et là par les sociétés humaines. De même, le développement de l’écriture a suivi des voies similaires, sans besoin de coordination ou d’influence.
C’est l’expression d’une tendance irrépressible.
Cependant, il va aussi de soi que le développement de ces modes de production ont suivi des formes et des rythmes différents. Il y a un développement inégal, tout aussi naturel, qui participe au mouvement de l’Histoire de l’Humanité. Il y a une perspective commune, mais à un rythme et sous des formes inégales.
Les modes de productions génèrent même en leur sein des situations différentes entre les Humains, de par la loi de la contradiction : ce sont les classes sociales. Certaines classes se retrouvent en position dominante et d’autres en position dominée. Cela tient jusqu’à un certain point, tant que cela fait avancer l’ensemble de la société. Mais arrivé à un certain stade, le développement des forces productives, l’élévation du niveau de connaissances et l’amélioration relative du niveau de vie, tout cela ouvre la nécessité de passer une étape, de faire un nouveau saut qualitatif.
Ce n’est pas une évolution mécanique. Des luttes s’engagent alors et il s’ensuit au bout du compte une transformation du mode de production. Ce processus suit une logique naturelle, il est complètement inévitable. Quelle que soit la résistance de l’Ancien, le Nouveau finit par le chasser. Mais c’est un processus complexe, qui ne se développe pas en ligne droite.
Parvenu à un certain point, le processus de décadence et d’effondrement de l’Ancien est inéluctable. Pour autant, l’effondrement ou la décadence ne peuvent être absolus sur le plan historique, précisément parce qu’elles ne peuvent exister que lorsqu’il y a l’émergence de forces nouvelles, en mesure de porter le développement vers une nouvelle étape. Ces deux forces sont donc conjointes et c’est de leur rapport dialectique que se forme la dynamique historique.
La dynamique de l’Histoire produit donc à la fois des impasses, autant de fleurs stériles cherchant leur voie dans une vaine direction, et des étapes élançant la transformation dans une nouvelle direction. Mais impasses et étapes sont autant de reflets du mouvement général de la matière dans l’unité des contraires, au sein d’un vaste mouvement inégal, avec des couches matérielles liées les unes aux autres de manière toujours plus complexe, dans le temps comme dans l’espace.
C’est pour cela que l’on peut et doit parler de matérialisme historique.
À l’échelle historique, ce qui fait avancer ces modes de production, c’est le mouvement dialectique de la différenciation et des contradictions qu’ils génèrent. C’est l’évolution dialectique de ces phénomènes qui jouent, dans un univers infini, sans début ni fin, où il n’y a que la matière en mouvement de manière contradictoire.
L’aspect principal de ces contradictions sur le plan historique est ce que le matérialisme historique appelle la lutte des classes. Parmi les différentes classes existantes dans une société donnée, certaines ont un caractère révolutionnaire en ce qu’elles se situent là où les contradictions du mode de production sont les plus puissantes et les plus évidentes.
De fait, il importe peu que cette classe soit majoritaire, ce n’est pas une question ici quantitative. Il importe que cette classe soit potentiellement révolutionnaire par rapport au mode de production de son époque : c’est une question ici qualitative.
Ainsi, d’abord il y a le mouvement dialectique de la matière formant la planète Terre, puis le développement de l’Humanité comme produit naturel de la Terre en tant que Biosphère, cela par un processus par étape d’un mode de production à l’autre, à travers le mouvement de la lutte des classes au plan historique.
Telles sont les grandes lignes par lesquelles on peut comprendre et expliquer l’Histoire de l’Humanité, jusqu’à notre époque.
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