L’Humanité commence son histoire par un processus naturel et contradictoire avec la Nature

La notion de mode de production est essentielle dans l’approche du matérialisme historique ; c’est le concept utilisé pour périodiser le développement de la production et de la reproduction des moyens dont dispose l’humanité pour exister.

Le point de vue de Karl Marx, c’est que l’être humain est un animal ayant connu un changement qualitatif et dont l’existence a ainsi été tellement modifiée qu’elle-même modifie son environnement. L’être humain a, autrement dit, des capacités qu’il met en œuvre. Sa manière d’utiliser celles-ci – le « mode » d’utilisation – traverse des étapes. Ces étapes, une fois l’Humanité parvenue à un certain niveau de développement, sont ce qu’on appelle un mode de production.

Dans Le capital, Karl Marx souligne que ce processus est naturel, car il se fonde sur l’activité des êtres humain en tant qu’animaux ayant connu un changement, et que par conséquent les êtres humains ne décident pas de ce changement : ils sont ce changement.

Expliquant pourquoi il dit du mal des capitalistes dans Le capital, Karl Marx dit ainsi qu’il ne s’agit pas de considérer cela selon un angle personnel, car c’est la situation qui détermine les gens :

« Pour éviter des malentendus possibles, encore un mot. Je n’ai pas peint en rose le capitaliste et le propriétaire foncier.

Mais il ne s’agit ici des personnes, qu’autant qu’elles sont la personnification de catégories économiques, les supports d’intérêts et de rapports de classes déterminés.

Mon point de vue, d’après lequel le développement de la formation économique de la société est assimilable à la marche de la nature et à son histoire, peut moins que tout autre rendre l’individu responsable de rapports dont il reste socialement la créature, quoi qu’il puisse faire pour s’en dégager. »

Ainsi, les êtres humains existent, ils ont des activités qui visent à satisfaire leurs besoins existentiels (manger, boire, dormir, se reproduire) ainsi, éventuellement, qu’à les épanouir par la libre-activité de leurs facultés (s’amuser, jouer, synthétiser sous la forme d’œuvres d’art, etc.).

Lampadédromie (c’est-à-dire une course de flambeaux) sur une Œnochoé (soit pichet à vin), 4e siècle avant notre ère

Ces activités sont toutefois différentes suivant le niveau d’accumulation du travail de l’être humain.

Selon qu’ils profitent d’outils, de machines, de connaissances techniques et scientifiques… Selon qu’ils profitent de capacités de transport, de communication, de soins hospitaliers, d’éducation… les êtres humains se comportent de manière différente, leurs priorités ne sont pas les mêmes.

Un petit village dans une jungle, vivant de la cueillette et de la chasse, n’a pas le même rapport avec son environnement qu’une ville s’appuyant sur des vastes activités agricoles et industrielles, avec également tout un appareil culturel.

Dans le premier cas, on a quelques personnes regroupées et menant un travail similaire pour tous ; dans le second cas on a une masse d’êtres humains avec une division du travail extrêmement poussée et des interrelations innombrables.

Le mode de production capitaliste apparaît ici comme inéluctable, car il est le fruit d’échanges toujours plus avancés entre les êtres humains. Karl Marx définit les choses ainsi dans Le capital :

« Le mode de production capitaliste se présente donc comme nécessité historique pour transformer le travail isolé en travail social. »

Pour Karl Marx, l’humanité modifie sa manière d’intervenir et au fur et à mesure de sa progression et change d’autant son « mode » de produire ses moyens de subsistance et d’épanouissement.

C’est un processus naturel qui, bien entendu, s’appuie sur des contradictions dans son développement. Parmi ces contradictions, les plus déterminantes sont les luttes des classes. Voilà pourquoi Karl Marx et Friedrich Engels ont pu écrire que « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classes ».

Ballet Le Détachement féminin rouge, Chine, 1972

D’une part, on peut dire que, parvenue à un certain niveau de développement, l’Humanité constitue des sociétés. C’est le début de l’Histoire et la sortie apparente de la nature, nature qui semble s’opposer à l’environnement toujours plus artificiel que produisent les sociétés humaines.

Le paradoxe apparent est que les sociétés humaines s’opposent à la Nature sans être fondamentalement sortis de la nature, parce que cela est impossible. L’Humanité a ici simplement poursuivi son développement naturel en tant qu’avant-garde intelligente de la matière sur notre planète, mais elle reste tout entière un élément composant la Biosphère de celle-ci.

Cette contradiction ne pourra être surmontée qu’une fois le niveau de connaissance de l’Humanité et son niveau de coopération, puis de symbiose, se seront élevés dans le cadre d’une société sans classe qui sera enfin en mesure de se renouer à la Nature, et de faire revenir pleinement l’humanité dans celle-ci.

C’est précisément pourquoi on peut parler de lutte des classes jusqu’à nos jours. L’Histoire en tant que telle n’est qu’une étape du développement de l’Humanité. Exactement comme il y a eu une Préhistoire, l’Histoire n’est que l’Histoire des sociétés, et parvenu au communisme, il y aura une Nouvelle Histoire, symbiotique, harmonieuse et tournée vers les étoiles, vers l’expansion de la vie dans la galaxie.

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