Au début du 18e siècle, Okumura Masanobu commence à s’intéresser à la perspective telle qu’elle est employée dans les arts en Europe. Mais lui-même du courant décadent et sa découverte technique ne trouve pas d’issue productive.
C’est avec Utagawa Toyoharu (1735-1814) qu’une révolution s’opéra, lui-même connaissant son apogée quant à la reconnaissance dans les années 1770, son école, dite d’Utagawa, devenant hégémonique par la suite dans la production d’estampes.
Il étudia en effet de manière intense la mise en perspective et put l’asseoir techniquement dans ses propres réalisations. Si cela rentre en fait dans sa propre démarche, relativement standard dans le cadre de l’époque, il n’en demeure pas moins que cela ouvre un espace formidable pour une représentation plus complexe et plus dense. Il y a un pas vers une oeuvre synthétique.
Utagawa Toyoharu est ainsi un auteur éclectique, mais ses œuvres utilisant la perspective ouvre une brèche, d’où la succès formidable de son école au moment justement où la bourgeoisie voit la partie liée à la paysannerie prédominer.
On remarquera que cet éclectisme est assumé par Utagawa Toyoharu avec par exemple des œuvres reproduisant des gravures que lui-même a vu et qu’il reproduit à sa manière en modifiant le titre, comme ici… « Un monastère franciscain en Hollande » !
Voici un exemple de son travail de récupération. On a ici le Le Grand Canal devant Santa Croce du peintre italien Bellotto (se fondant sur un dessin de Canaletto), une gravure effectuée par Visentini, enfin l’oeuvre d’Utagawa Toyoharu intitulée… « La cloche qui résonne sur dix mille lieues dans le port néerlandais de Frankai ».
On est ici dans une poussée historique, mais avec en étant maintenu dans l’ancien cadre. Utagawa Toyoharu n’exprime qu’une tendance, empreinte de grandes limites de son emprisonnement dans une atmosphère bourgeoise qui n’a pas encore entièrement rompue avec son cadre historique de type patriarcal-féodal.
Ce qui manque à la perspective chez Utagawa Toyoharu, c’est de s’arracher à l’emprisonnement patriarcal-féodal qui impose, par définition, un idéalisme visant à masquer la réalité oppressive, à trouver une fuite dans le subjectivisme-décadent parallèlement au raffinement-isolement.
A la suite d’Utagawa Toyoharu, réalisant la rupture, deux titans vont cependant émerger, portant authentiquement l’art national japonais, en rupture avec la dimesion féodale.
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