Voici la « décision du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste concernant la politique scissionniste du camarade Doriot », qui répond à la « lettre ouverte » et en condamne la démarche.
« Moscou, le 16 mai 1934.
En présence de la lutte commencée par Doriot contre le Comité central du Parti communiste de France, le Comité exécutif de l’Internationale communiste a proposé, le 23 avril dernier, au Comité central du Parti communiste de France et à Doriot, de cesser la lutte intérieure dans le Parti et de soumettre les divergences à l’examen du Comité exécutif de l’Internationale communiste.
En prenant cette décision, le Comité exécutif de l’Internationale communiste était inspiré, par la nécessité d’assurer l’unité du Parti et de la classe ouvrière dans la lutte contre le fascisme ainsi que par le souci de protéger Doriot contre son isolement avec les masses ouvrières.
Or, tandis que le Comité central du Parti communiste français, se conformant aux indications du Comité exécutif de l’Internationale communiste, cessait immédiatement la lutte, Doriot a continué sa lutte contre le Comité central du Parti communiste français.
Aux demandes réitérées du Comité exécutif de l’Internationale communiste, il répondit invariablement par le refus d’accepter la proposition du Comité exécutif de l’Internationale communiste de se rendre à Moscou.
Le Comité exécutif de l’Internationale communiste a épuisé ainsi tous les moyens en vue de sauver Doriot pour le Parti et empêcher son isolement des masses ouvrières. Pour l’Internationale communiste, il est clair que Doriot parle et écrit sur le front unique non pas dans l’intérêt de sa réalisation effective, mais simplement pour pouvoir, sous le couvert de phrases sur le front unique, préparer la scission dans le Parti.
L’Internationale communiste ne croit pas, que Doriot, qui brise le front unique à l’intérieur du Parti, puisse être honnêtement et sincèrement pour le front unique de la classe ouvrière.
La lettre ouverte de Doriot au Comité exécutif de l’Internationale communiste n’est qu’un masque couvrant la politique scissionniste de Doriot. Ainsi, Doriot prend le chemin sur lequel autrefois est parti le contre-révolutionnaire Trotsky dans sa lutte contre le Parti communiste de l’U. R. S. S. et contre l’Internationale communiste.
Le Comité exécutif de l’Internationale communiste décide
1) de refuser à Doriot la défense de l’Internationale communiste,
2) d’autoriser le Comité central du Parti communiste français à prendre envers Doriot toutes les mesures d’ordre idéologique, et d’organisation qu’il considérera nécessaires afin de pouvoir assurer l’unité du Parti et la lutte victorieuse contre le fascisme.
Par ordre du Comité exécutif de l’Internationale communiste.
Dimitrov, Heckert, Kuusinen, mac Ilhone, Manouilsky, Piatnisky »
Par conséquent, le Parti Communiste Français décida de la chose suivante, par une résolution de son Bureau Politique :
« En affirmant à nouveau l’attachement indéfectible du Parti communiste de France à l’Internationale Communiste, guide sûr et éprouvé du prolétariat mondial, le Bureau politique, certain d’interpréter les sentiments unanimes des communistes, approuve sans réserve la décision du Comité exécutif de l’Internationale Communiste au sujet de l’activité scissionniste du camarade Doriot.
Cette activité du camarade Doriot entrave l’action du Parti communiste pour la réalisation du front unique de lutte, contre le fascisme.
Comme le Comité exécutif de l’Internationale Communiste, le Bureau politique du Parti communiste français ne croit pas que Doriot, qui brise le front unique à l’intérieur du Parti, puisse être honnêtement et sincèrement pour le front unique de la classe ouvrière.
Le Bureau politique demande au camarade Doriot
1) d’approuver et de se conformer au document de l’Internationale Communiste ;
2) de cesser immédiatement la lutte contre le Comité central sous toutes ses formes (meetings, articles de presse, travail fractionnel dans le Parti, organisations de masse et municipalités, etc.) ;
3) de publier le document du Comité exécutif de l’Internationale Communiste dans l’Emancipation ;
4) de faire une déclaration, publiée dans l’Emancipation et l’Humanité, indiquant qu’il accepte de cesser toute lutte contre le Comité central et que, sous sa direction, il entreprendra la lutte contre le fascisme, pour le front unique d’action gêné jusqu’ici par sort travail scissionniste ;
5) d’assurer la parution de l’Emancipation sous le contrôle du Comité régional de la région Paris-Nord, ainsi qu’il est prévu dans les statuts fondamentaux du Parti.
Le Bureau politique fait appel à tout le Parti pour tendre ses efforts en vue de renforcer et d’élargir le front unique de lutte contre les décrets-lois, le fascisme et la guerre, de démasquer concrètement l’attitude de trahison et de division de la Social-démocratie et de faire échec à toute tentative ayant pour but d’aggraver la division et la scission dans les rangs de la classe ouvrière.
Le Bureau politique du Parti communiste français appelle tous les communistes et tous les travailleurs de Saint-Denis, qui ont dû soutenir tant de combats pour conserver leur unité, à se serrer plus fortement que jamais autour du Parti communiste et de l’Internationale Communiste, seuls capables de les conduire à la victoire sur le fascisme et de les libérer définitivement de l’exploitation capitaliste.
Le Bureau politique décide de porter la résolution du Comité Exécutif de l’Internationale Communiste à la connaissance de tout le Parti et de toute la classe ouvrière. »
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La séquence de février 1934 pour le Parti Communiste Français