Voici comment Ronnie Lee présente la situation en octobre 1983, dans un article intitulé Le prix de la victoire.
La plupart des membres des groupes de soutien (GS) savent bien que de nombreuses personnes ont été envoyées en prison suite au raid de l’ALF mené contre le Life Science Research Labs en février 1982.
Il ne fait pas de doute que beaucoup militants pour les droits des animaux ont levé le poing de colère et étaient consterné d’entendre que des personnes ont été jugées coupables et condamnées à de la prison ferme pour avoir délivré des animaux et détruit du matériel qui servait à les torturer.
Il est normal que nous ressentions de la colère lorsque des personnes justes sont envoyées en prison suite à une acte de bravoure et de compassion.
Bien sûr, le meilleur usage de cette colère est de la canaliser dans le soutien des activistes prisonniers et contre l’horrible exploitation dont sont victimes les animaux. La colère est une bonne chose. Ce qui me dérange est la consternation, la surprise, la sensation qu’aller en prison est une chose qui ne peut pas arriver aux militants pour les Droits des Animaux.
En attendant le jour où la question de la libération animale aura été comprise et que tous soient libres, partout ; en attendant le jour où les animaux ne seront plus torturés dans des laboratoires ou enfermés dans des usines ou encore chassés et tués, par millions ; des centaines, voire des millions d’activistes auront séjourné en prison.
Il faut vivre dans un autre monde pour nier cette vérité.
Le genre de monde dans lequel les organisations de bien-être animal classiques ont vécu durant le dernier siècle. Elles s’imaginent que l’exploitation massive d’animaux ne peut être vaincue que par des démonstrations pacifiques, des pétitions et des lettres aux membres du parlement.
L’exploitation animale, sous toutes ses formes, est une industrie de plusieurs millions de livres qui enrichit considérablement de nombreuses personnes de pouvoir et d’influence. L’idée fallacieuse et arrogante selon laquelle l’espèce humaine est supérieure aux autres animaux (et donc autorisée à leur faire ce que bon lui semble) est présente dans la majorité de la population depuis des milliers d’années et est donc aujourd’hui profondément ancrée dans l’imaginaire collectif.
Ainsi l’exploitation animale n’est pas un simple problème qui peut être résolu rapidement à coups de pétitions ou de lettres polies.
Au contraire, il s’agit d’un édifice monstrueux qui ne peut être mis à bas que si l’action directe massive, fréquente et agressive est employée.
Ceux qui sont de cette idée, à juste titre donc, doivent accepter que l’emprisonnement est inévitable et qu’à l’avenir il sera plus fréquent. Ceci est le prix que devront payer les activistes.
Les gens sont souvent étonnés quand à un instant un juge condamne un bandit ou un agresseur de bébé à de la probation et prononce une peine de prison considérable à un activiste de l’ALF à l’instant suivant.
Ceci ne devrait pas être une surprise. Les premiers ne sont des menaces qu’aux gens ordinaires. A l’inverse, l’ALF est une menace au statu quo, et toute menace à ce statu quo est perçue par les juge comme une menace envers leurs pouvoirs bien trop excessifs et leurs privilèges.
Il faut aussi garder à l’esprit qu’une peine de prison n’est rien comparé aux souffrances endurées par les animaux dans les élevages intensifs, les laboratoires de vivisection et autres lieux de persécution.
Il faut aussi se rappeler que pour d’autres causes, bien moins importantes en terme de préjudice et de souffrances que celle des Droits des Animaux et de la Libération Animale, des personnes sont prêtes à endurer de rudes épreuves afin d’arriver à leur fins.
Je ne peux imaginer qu’un seul membre des GS soient d’accord avec l’IRA et ses méthodes, et de beaucoup seront en désaccord avec la forme même de leur lutte. Mais une chose est sûre : tous ses membres sont prêts à souffrir pour la cause. Ils sont des centaines en prison, et certains à perpétuité.
Si tant de personnes sont prêtes à aller en prison pour les méthodes douteuses de l’IRA, alors les activistes des droits des animaux devraient être prêts à voir des centaines voire des milliers des leurs aller en prison pour la glorieuse et noble cause qu’est la libération animale.
Surtout lorsque l’on a à l’esprit qu’en raison du caractère non-violent des actions de l’ALF, les peines encourues par les activistes sont relativement courtes et se déroulent beaucoup dans des prisons ouvertes.
Ne soyez donc pas surpris ou consternés lorsque les portes de la prison se referment sur des activistes de l’ALF. Les peine de prison sont la conséquence regrettable mais inévitable d’actions qui sont nécessaires pour nous apporter la victoire dans notre lutte pour la LIBÉRATION ANIMALE.