C’est dans l’histoire des luttes des prolétaires contre l’exploitation et l’oppression capitaliste que se situe pour nous la continuité du projet communiste d’Action directe.
Action directe se forme à la suite de la deuxième phase de la guérilla en Europe de l’Ouest.
La première phase est constituée – avec l’action d’Heidelberg menée par la RAF – par l’apparition de la nécessité et de la possibilité de la lutte armée révolutionnaire, qui lie la volonté de libération des peuples du tiers monde et des prolétaires des métropoles.
La deuxième phase, avec les actions Schleyer/Moro, est marquée par l’anticipation de la lutte armée en tant que détermination de la dialectique construction/destruction. C’est dans et comme expression de cette phase que se forme durant l’été/l’automne 1978, Action directe.
Suit alors une phase d’actions, conçues par rapport à la situation politique, et la nécessité stratégique et tactique de l’implantation de la lutte armée, et liant l’organisation à la lutte de masse contre les symptômes, particuliers à la France, de l’impérialisme.
Contre l’interventionnisme impérialiste de la France dans les pays du tiers monde: des actions sont menées contre les centres de gestion de cette politique, le ministère de la Coopération et l’Ecole de guerre. Contre la politique sociale de l’Etat: l’attaque du siège CNPF, des bureaux de la Délégation à l’Emploi, de la Direction de l’Inspection du Travail, des ministères du Travail et de la Santé.
Contre la répression des luttes des travailleurs immigrés: la destruction du siège de la Sonacotra et de deux officines chargées de l’expulsion de locataires dans les ghettos, l’attaque contre l’antenne de la DST, chargée de la surveillance des activités des organisations de travailleurs immigrés en France.
A cette phase d’implantation de la lutte armée succède celle de la construction révolutionnaire au sein de la classe et le refus de se laisser désarmer par la troisème voie. Alors que la première phase tendait à l’implantation de la stratégie à l’intérieur des ghettos prolétaires, la seconde phase partait de ceux-ci en renouant avec les lignes du développement global de la stratégie.
Des bâtiments occupés de Barbès, de cette lutte nous ayant apporté l’indispensable compréhension dialectique classe/mouvement révolutionnaire/organisation communiste et malgré son caractère parcellaire, est née la nécessité du saut qualitatif vers la globalisation de la rupture et l’optique résolument internationaliste de notre développement.
Dans les ghettos, nous avons compris, pratiquement, que la conscience prolétarienne ne pouvait accepter aucune séparation. Que la réhomogéniéisation de la classe passait par l’internationalisation, autant dans les métropoles que dans son développement dans le tiers monde.
Nous ne cherchions nullement des contacts internationaux, mais pratiquions à travers nos actions l’internationalisme ici. Que ce soit par nos interventions politico-militaires avec les organisations communistes turques ou notre concours aux projets révolutionnaires de nos camarades italiens etc. Cette phase se concluait par nos interventions contre la Banque Mondiale, le FMI et la Chase Manhattant Bank.
La phase actuelle est le saut de l’organisation dans la lutte contre la globalité de l’expression de l’impérialisme, aussi en France, par la campagne contre l’invasion et les massacres sionistes au Liban, le point de rupture avec toutes les formes partielles de pacification qu’emploie actuellement l’impérialisme.
Celle-ci est compréhension et pratique agissante de l’idée et de la nécessité du combat communiste international contre toutes les formes que prend l’impérialisme pour imposer son hégémonie.
Nullement retrait du terrain de la dialectique révolutionnaire contruction/destruction, elle est au contraire construction dans la rupture que signifie l’organisation révolutionnaire communiste et destruction de la pacification/et des ruptures établies au sein de la classe.
Actuellement ce qui fait toujours espérer la mise à mort d’Action directe et ce qui l’a desservie, c’est l’histoire des organisation communistes qui l’ont précédée depuis 1968: la NRP et la GP, qui s’est dissoute en 1973 dans un grand mélo quotidienniste-réformiste.
La volonté révolutionnaire des militants de ces organisations a été conduite, par le gauchisme immédiatiste, dans l’impasse. Toute une génération porte en elle l’incapacité de dépasser cette défaite.
Les GARI, victimes de leur lutte parcellaire, à la limité de l’antifascisme, ont été dans l’incapacité de transformer en mouvement de rupture, l’énorme soutien dont ils bénéficiaient.
Les Brigades Internationales, qui ont assuré une tâche spécifique, vu leur composition et leurs actions, furent elles aussi dans l’incapacité de construire un pôle réel de lutte révolutionnaire.
Les NAPAP, organisation communiste, n’ont jamais pu durant leurs quelques mois d’existence, construire sur les acquis de leurs actions politco-militaires.
Les groupes autonomes libertaires (CLODO, Groupe Ulrike Meinhof-Puig Antich etc …), l’une des composantes du mouvement potentiellement la plus forte par ses capacités d’actions et l’importance de ses bases militantes, mais sempiternellement victime de ses manques de stratégie, dus au caractère partiel de son analyse immédiatiste, parce quils n’agissent toujours qu’en réponse ou afin de faire pression sur des problèmes partiels. A cela s’ajoute une vision individualiste entraînant une désorganisation permanente par le sectarisme, le localisme, le personnalisme etc …
Le refus de s’organiser structurellement, de développer une stratégie d’attaque cohérente, qui se fonde sur une croyance en une continuité mécaniste dans le temps, laisse toujours celui-ci (le temps) aux stratégies développées par le capital, de les récupérer.
En d’autres termes, leurs non ruptures totales les emprisonnent dans les limites du « no mans land » de la confrontation entre la construction combattant et l’Etat.
Il a été très difficile à Action directe de dépasser les limites de ces expériences antérieures, car le mouvement révolutionnaire ne croyait plus à la construction possible d’un pôle révolutionnaire réellement offensif. Les échecs répétés auxquels le mouvement était habitué entraînèrent des ruptures partielles et ponctuelles des gens qui s’engageaient dans le processus organisationnel.
D’autre part, à la différence des mouvements révolutionnaires en Italie ou en Allemagne, qui eurent une détermination pratique à la lutte par le processus qu’instaurèrent les organisations de lutte armée, le mouvement français, lui, s’est trouvé limité – du fait d’une politisation idéologique – à une compréhension partielle de la pratique nécessaire au dépassement des situations.
Aujourd’hui, il est nullement nécessaire de copier tel ou tel schéma mais bien de comprendre les erreurs, de les dépasser pratiquement ou de continuer à s’enfermer dans la sclérose en laissant le terrain inoccupé devant les stratégies d’attaque développées et employées par l’impérialisme dans tous les domaines de la vie.
L’anticipation de « l’échec de la social-démocratie » s’est faite dans le caractère quotidien de la répression dans les ghettos, dans la politique pro-sioniste et toujours plus ouvertement atlantiste des socialistes, leurs interventions militaires sans cesse intensifiées en Afrique, tandis qu’à l’intérieur, la restructuration impérialiste nécessitait le développement des forces armées, une politique internationale offensive et guerrière, le développement des industries d’armement sous l’angle aussi de l’industrie de pointe compétitive, la militarisation du corps social qui doit soutenir l’effort guerrier
Ce que la petite-bourgeoisie n’a pas vu dans ses espoirs déçus de troisième voie, c’est que l’attachement à la bombe et à l’OTAN a toujours été une condition fondamentale de l’accession au pouvoir d’un parti dans une démocratie parlementaire européenne et que les enjeux se sont durcis dans le contexte international.
La gauche est certes bien outillée pour faire passer une politique belliciste et une politique d’austérité, en les travestissant pour gagner du temps et éviter l’affrontement de classe. Pour cette politique, la passe est cependant étroite.
Et la gauche au pouvoir sait qu’elle creuse sa propre tombe, condamnée à offrir l’édifice restauré à une droite qui recompose ses alliances avec les « déçus du socialisme ». De là, le frisson sur le danger fasciste qui parcourt la petite-bourgeoisie effrayée par la montée des forces qu’elle-même produit.
Dans cette situation, la nécessité pour le gouvernement social-démocrate d’étendre à la France la pacification comprend la répression toujours plus poussée contre les fractions organisées de la classe. Sa tentative, et elle nous sait partie de cette classe, est de désarmer celle-ci pour la soumettre au destin de ses fausses alternatives.
C’est aussi dans ce contexte de pacification que beaucoup disent « Que faire? ». Il n’y a pour nous aucune limite à l’initiative révolutionnaire. Dépasser les fausses séparations, réhomogénéiser la classe. C’est en partant des secteurs spécifiques à chacun, aller au-delà de ceux-ci en combattant les pratiques de partialisation qui se font jour en eux.
Faire circuler et rendre vivant par la pratique les messages révolutionnaires. Construire et organiser les énergies, non pas seulement en réponse, mais en stratégie d’interrogation et d’attaques.
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Nouvelle Cause du Peuple, NAPAP, Action Directe