Après le premier congrès de l’Internationale Communiste: entre désillusion et affirmation

Entre le premier et le second congrès de l’Internationale Communiste, il fut largement oscillé entre désillusion et une solide affirmation de la perspective. Cela se lit particulièrement dans les communiqués des premiers mai 1919 et 1920.

De fait, dans son communiqué du premier mai 1919, l’Internationale Communiste peut souligner que la mise en place de cette journée internationale des travailleurs datait de 1889, soit d’alors il y a trente ans.

Le premier mai fut en effet décidé par la seconde Internationale lors de son congrès de Paris. La troisième Internationale est le prolongement de la seconde Internationale, avec la mise à l’écart des opportunistes ; elle peut affirmer, triomphaliste, sa victoire imminente :

« Notre Internationale Communiste prend dans ses mains l’organisation de la fête internationale du premier mai (…).

Il n’y a pas de voie médiane. Ou bien la dictature sanglante des généraux bourreaux, qui tuent des centaines de milliers d’ouvriers et de paysans au profit d’une bande de banquiers, ou bien la dictature de la classe ouvrière, c’est-à-dire de la majorité opprimée des travailleurs, qui désarme la bourgeoisie, forme son armée rouge et libère la planète entière de l’esclavage (…).

La tempête commence. Les flammes incendiaires de la révolution prolétarienne s’attise avec une force irrépressible dans toute l’Europe. Le moment se rapproche qui était attendu par nos prédécesseurs et maîtres, et qui a été prévu par les fondateurs géniaux du socialisme scientifique, Marx et Engels.

Notre drapeau rouge, coloré par le sang du cœur de générations entières de grands combattants et martyrs de la classe ouvrière, ce drapeau flotte dans le monde entier (…).

Nos mots d’ordre :

Vive la dictature du prolétariat du monde entier !

Vive la république soviétique internationale !

En défense des républiques soviétiques russe, hongroise, bavaroise !

Vive l’armée rouge internationale !

Vive la troisième Internationale !

Vive le communisme !

Vive le premier mai communiste ! (…)

La seconde Internationale est morte. Le communisme est arrivé dans les rues. La révolution communiste grandit sous nos yeux. Une république soviétique en Russie, une république soviétique en Hongrie, une république en Bavière – ce sont les résultats des récentes luttes de la classe ouvrière.

En 1919, la grande Internationale Communiste est née. En 1920, la grande République soviétique internationale naîtra. »

Cependant, en 1920, le communiqué du premier mai a un ton bien différent. Les républiques soviétiques hongroise et bavaroise se sont effondrées ; les martyrs sont nombreux dans l’ensemble de l’Allemagne, pays où les sociaux-démocrates s’opposaient frontalement à la révolution. La situation devenait par contre plus favorable en Italie et en France.

Les choses avançaient, mais tout apparaissait comme plus complexe et le communiqué est donc bien plus prudent :

« L’année qui vient ouvre un chapitre nouveau, peut-être le plus important dans l’histoire de notre lutte pour la libération de toute l’humanité du joug du capitalise.

Puisse la fête du premier mai 1920 être celle du triomphe de l’internationale Communiste (…). Notre victoire est certaine. Le prolétariat va mettre en place le pouvoir soviétique dans le monde entier. Vive le premier mai ! »

C’était une remise en perspective.

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