Aristote se tourne vers le fait de parler de quelque chose. Il y a en effet différents degrés. Si on voit au loin deux formes, on peut les regrouper. Pareillement, si deux personnes sont assises, on peut les regrouper, là encore, car ils ont tous les deux la même la chose « en propre » même si c’est relativement seulement, car à un moment ils ne seront plus assis. Ces regroupements se font numériquement.
Si un chien et un être humain sont ensemble, on peut les regrouper aussi, comme animaux. On fait alors une attribution qui procède génériquement. Enfin, si on deux êtres humains, comme un être humain est un être humain, on les regroupe tous deux, spécifiquement.
On a donc à la fois :
– la définition, le propre, le genre, l’accident ;
– les attributions numérique, générique, spécifique.
Aristote ajoute les particularités des attributions. Il y en a dix :
« Ce que [la chose] est, en quelle quantité, de quelle qualité, en relation à quoi, où, quand, [qu’elle] est disposée, a, fait, subit. »
Or, Aristote passe par le principe de l’endoxe, ce qui semble juste au moyen d’une accumulation de données établissant un principe passé au niveau qualitatif. Il nous dit alors qu’il faut utiliser une proposition dialectique, relevant non pas du paradoxe, mais précisément de ce qui semble vrai en tant que tel.
Il définit celle-ci ainsi :
« Une proposition dialectique, c’est une demande endoxale pour tous, pour la plupart ou pour les sages et, chez ceux-ci, pour tous, pour la plupart ou pour les plus connus. »
Voici un exemple de proposition endoxale, avec un raisonnement sur comment on peut la modifier pour élargir son champ d’action :
« S'[il est] endoxal, en effet, qu’il faut faire du bien à ses amis, [il sera] endoxal aussi qu’il ne faut pas [leur] faire de mal; le contraire, c’est qu’il faut faire du mal à ses amis et ce qui contredit cela, c’est qu’il ne faut pas [leur] faire de mal.
Semblablement encore, s’il faut faire du bien à ses amis, il ne le faut pas à ses ennemis. Cela aussi contredit le contraire. En effet, le contraire, c’est qu’il faut faire du bien à ses ennemis. »
Parant de là, on procède soit par induction – en systématisant et en généralisant – soit au moyen de raisonnements. Pour ces deniers, il y a quatre manières différentes de les mettre en place :
« Quant aux instruments grâce auxquels nous abonderons en raisonnements, il y en a quatre : l’un consiste à obtenir des propositions; le second, c’est de pouvoir distinguer en combien de manières chaque [chose] se dit; le troisième, c’est de découvrir les différences et le quatrième, c’est l’investigation du semblable. »
Somme toute, tout revient d’ailleurs à faire des propositions et Aristote nous dit au sujet de celles-ci :
« Certaines propositions sont morales, d’autres naturelles, d’autres rationnelles. »
Tout est une question de circonscrire le thème et de formuler la proposition adéquatement. Voici un exemple :
« Par exemple, [on ne doit] pas seulement [relever] que la justice et le courage, d’une part, et le revigorant et le sain, d’autre part, se disent bons d’une façon différente, mais aussi que les premiers c’est du fait d’être en eux-mêmes de quelque qualité, tandis que les autres c’est du fait de produire une chose [de quelque qualité] et non du fait d’être en eux-mêmes de [cette] qualité (…).
[Investiguer] en outre, si tantôt il existe un contraire de la [chose] et tantôt absolument aucun.
Par exemple, du plaisir qui vient de boire, le contraire c’est la peine qui vient de la soif, mais du plaisir qui vient de considérer que le diamètre n’est en rien commensurable au côté, il n’en existe aucun.
En conséquence, le plaisir se dit de plusieurs manières. De même, haïr est le contraire d’aimer de cœur, mais d’aimer de corps il n’en existe aucun. »
On a ainsi une analyse par topique, c’est-à-dire par endroit, ou si l’on préfère par champ. Il ne faut pas que celui-ci soit trop élargi ; chaque champ d’observation exige son approche spécifique, tout en cherchant à généraliser la proposition.