par
Fan Sieou-Tchou, publié dans Da Gong Bao de Pékin du 26 juillet
1965
D’importantes divergences de principe existent
entre marxistes-léninistes et révisionnistes khrouchtchéviens
quant à l’interprétation de l’impérialisme américain et à
l’attitude à adopter envers lui.
Polémiques publiques et luttes acharnées se
déroulent à une échelle sans précédent et depuis plusieurs
années entre eux, partis marxistes-léninistes et
marxistes-léninistes d’une part, révisionnistes khrouchtchéviens
de l’autre. Et l’un des thèmes essentiels autour desquels le
débat est centré, c’est : faut-il rallier autour de soi les
peuples du monde entier pour combattre l’impérialisme américain
et ses laquais, ou au contraire, faut-il se rallier à ces derniers
et, ainsi, s’opposer aux peuples ?
Les divergences de principe touchant à ce sujet
existent depuis le XXe Congrès du Parti communiste de l’Union
soviétique, qui vit le révisionnisme khrouchtchévien se montrer au
grand jour. C’est à partir de là que la direction du P.C.U.S.,
avec Khrouchtchev à sa tête, se mit à rejeter le
marxisme-léninisme et, trahissant les intérêts du peuple
soviétique, des peuples du camp socialiste, de tous les peuples,
appliqua sa ligne révisionniste de « coopération
soviéto-américaine décidant du sort du monde » et capitula
chaque jour un peu plus devant l’impérialisme américain pour s’en
attirer les bonnes grâces.
Les dirigeants de l’Union soviétique et des
Etats-Unis se lancent mutuellement des fleurs, s’entendent de mieux
en mieux et portent leur amitié aux nues. Cette ligne
révisionniste-là a été dénoncée sans merci, ces dernières
années, par tous les marxistes-léninistes, elle s’est heurtée à
l’opposition de tous les peuples, elle a connu une faillite
honteuse.
En effet, Khrouchtchev, le « grand
personnage », qui, voici quelque temps encore, prenait de la
place dans les actualités, n’a-t-il pas dû, tout échaudé,
lâcher les tréteaux de l’histoire ?
Et en prenant son lamentable bagage en charge, les
adeptes du khrouchtchévisme sans Khrouchtchev se rendirent compte
qu’agir avec son imprudence et l’impudence qu’il avait, les
placerait dans une même fâcheuse posture. Ils imposèrent donc une
étiquette nouvelle à sa camelote surannée.
Ils se grimèrent, ils se donnèrent des allures
différentes de celui qu’ils avaient défenestré. Et ils utilisent
la politique de la douceur, qui est bien plus sournoise, face aux
marxistes-léninistes et aux révolutionnaires, ils se gargarisent de
phrases anti-impérialistes pour duper les peuples, pour s’immiscer
dans les rangs révolutionnaires des peuples, pour reprendre souffle
et capitaliser politiquement.
Les anciens collaborateurs de Khrouchtchev sont
des révisionnistes tout comme lui, et rien ne les différencie.
Qu’ils recourent à quelque métamorphose que ce soit, ils n’en
resteront pas moins ce qu’ils sont. Ils poursuivent leur pratique
du révisionnisme moderne, de la « coopération
soviéto-américaine décidant du sort du monde », de
l’alliance avec l’impérialisme américain et ses laquais, leur
but étant de s’opposer à l’ensemble des peuples.
La lutte des peuples contre l’impérialisme
américain est passée à une phase plus aiguë. Et les adeptes du
khrouchtchévisme sans Khrouchtchev se sont mis au service de
l’impérialisme américain d’une manière plus camouflée, plus
rusée. Ils ne causent pas moins de, tort que Khrouchtchev, ils en
causent davantage.
Dénoncer leur double jeu, leur hypocrisie, faire
échouer complètement la ligne révisionniste khrouchtchévienne
prônant la « coopération soviéto-américaine décidant du
sort du monde » s’avère donc indispensable afin de faire
accéder la lutte contre l’impérialisme américain à des
victoires plus grandes.
Les divergences de principe entre
marxistes-léninistes et révisionnistes khrouchtchéviens quant à
l’interprétation de l’impérialisme et à l’attitude à
adopter envers lui portent essentiellement sur les trois points
suivants :
1. Jugement sur la nature de l’impérialisme
américain ;
2. Appréciation de la puissance de l’impérialisme
américain ;
3. Attitude à adopter envers l’impérialisme
américain.
DU JUGEMENT SUR LA NATURE
DE
L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN
L’impérialisme est agressif et belliqueux de
par sa nature même. Tel il est quand il marque des points, tel il
est aussi quand il essuie des échecs, et tel il est encore quand les
forces révolutionnaires sont faibles, et tel il reste quand elles
sont puissantes. Somme toute, il est immuable. Le moindre écart de
ce point de vue risque d’amener à se faire des illusions à son
sujet, de faire hésiter dans la lutte à lui opposer, de faire
verser dans l’opportunisme.
Une loi marxiste
Lénine disait à la fin de la Première guerre
mondiale :
« L’impérialisme, lui,
c’est-à-dire le capitalisme de monopole, dont la maturité ne date
que du XXe siècle, se distingue, en raison de ses caractères
économiques primordiaux, par le minimum de pacifisme et de
libéralisme, par le développement maximum et le plus généralisé
du militarisme. ’Ne pas remarquer’ cela, quand on examine jusqu’à
quel point la révolution pacifique ou la révolution violente est
typique ou probable, c’est tomber au niveau du plus vulgaire
laquais de la bourgeoisie. » [1]
Et après la Première guerre mondiale, alors que
le capitalisme connaissait une période relativement stable, Staline
déclarait :
« L’impérialisme ne
peut vivre sans violences et rapines, sans effusions de sang et
bombardements. C’est bien pourquoi il est l’impérialisme. » [2]
La Seconde guerre mondiale terminée et le peuple
chinois ayant battu la clique réactionnaire Tchiang Kaï-chek que
soutenait l’impérialisme américain et fait triompher sa grande
révolution populaire, le camarade Mao Tsé-toung affirmait :
« Provocation de troubles,
échec, nouvelle provocation, nouvel échec, et cela jusqu’à leur
ruine − telle est la logique des impérialistes et de tous les
réactionnaires du monde à l’égard de la cause du peuple :
et jamais ils n’iront contre cette logique. C’est là une loi
marxiste. Quand nous disons : ’l’impérialisme est féroce’,
nous entendons que sa nature ne changera pas, et que les
impérialistes ne voudront jamais poser leur couteau de boucher, ni
ne deviendront jamais des bouddhas, et cela jusqu’à leur
ruine. » [3]
Depuis la naissance de l’impérialisme,
l’histoire a établi ceci, qui est une vérité et qui est
marxiste-léniniste : la nature de l’impérialisme ne change
pas. Les agressions et les crimes de guerre perpétrés par
l’impérialisme américain, le chef de file des impérialismes, au
cours de l’après-guerre n’ont fait que renforcer cette vérité.
De plus en plus nombreux sont les gens qui en saisissent tout le sens
et elle est, aujourd’hui, un levain puissant pour l’élévation
de la conscience politique, l’organisation des forces dans la lutte
contre ce même impérialisme.
Dans une société de classes, l’homme a pour
nature de classe ce qui est sa nature, son essence mêmes. Et la
nature de l’impérialisme américain, c’est celle de la
bourgeoisie monopoliste américaine. Johnson déclarait en 1964 à la
réunion traditionnelle de la Chambre de Commerce : « Vous
[les capitalistes monopoleurs]
êtes tous des actionnaires de mon
gouvernement… J’exécute le travail pour lequel vous m’avez
embauché. » Voilà la nature de classe du gouvernement
américain dans toute sa crudité.
L’impérialisme américain essaie d’imposer au
monde un empire d’une ampleur sans précédent. Il veut envahir les
vastes zones intermédiaires situées entre le camp socialiste et les
Etats-Unis, mettre la main dessus, pour étouffer la révolution des
nations et des peuples opprimés afin de passer ensuite à la
liquidation des pays socialistes, ce qui lui permettrait de placer
tous les peuples, tous les pays, sous le joug et le contrôle des
monopoles américains.
C’est là le but essentiel de la « stratégie
globale », contre-révolutionnaire, que tous les gouvernements
des Etats-Unis ont appliquée depuis la fin de la Seconde guerre
mondiale, et c’est aussi l’expression concentrée de la nature
agressive de l’impérialisme américain.
Dans ses « Propositions concernant la ligne
générale du mouvement communiste international », le Comité
central du Parti communiste chinois, reprenant les justes conclusions
de la Déclaration de la Conférence de Moscou de 1960, affirme que
l’impérialisme américain est devenu le plus grand exploiteur
international, le rempart principal de la réaction mondiale, le
gendarme international, l’ennemi des peuples du monde entier. Cette
affirmation est basée sur la connaissance scientifique, sur le
marxisme-léninisme.
Les plus vulgaires laquais de
l’impérialisme américain
Les révisionnistes khrouchtchéviens agissent
totalement à l’encontre des principes marxistes-léninistes sur
l’impérialisme de la Déclaration de 1960 qu’ils ont signée,
ils rejettent les faits les plus évidents, et prétendent qu’avec
le renforcement du camp socialiste et l’apparition des armes
nucléaires, la nature de l’impérialisme aurait changé, que les
forces d’agression et de guerre sont devenues des forces
« défendant la paix » et les chefs de l’impérialisme
américain, des « sages » attachés à la paix. D’après
eux, l’homme n’est qu’humain et n’a pas de caractère de
classe.
Les impérialistes aussi ont « un crâne », « une
cervelle » et « ne souhaitent pas une guerre qui
aboutirait à leur propre anéantissement » [4]. D’après
les révisionnistes khrouchtchéviens, les armes nucléaires ont
changé le cours de l’histoire ; « la bombe atomique ne
suit pas le principe de classe » [5] ; le socialisme
ne doit pas combattre le capitalisme, mais l’aimer ; « les
uns n’aiment pas le socialisme et les autres le capitalisme, et
nous filtrons par détruire notre arche − la Terre » [6].
D’après eux, la bourgeoisie
pourrait être transformée en prolétariat, et les capitalistes
monopolistes pourraient devenir des communistes ; et « lorsque
le peuple soviétique connaîtra le bonheur communiste », même
les capitalistes admettront qu’il était « absurde » et
« criminel » de leur part de combattre le communisme, ils
se mettront à soutenir le socialisme et « adhéreront au Parti
communiste » [7].
Y a-t-il quoi que ce soit de communiste, de
marxiste-léniniste dans ce que débitent ces soi-disant disciples de
Lénine ? Ne sont-ils pas exactement semblables aux plus
vulgaires laquais de l’impérialisme américain dont parlait
Lénine ?
Tout comme leur maître, les khrouchtchévistes
sans Khrouchtchev s’obstinent dans les vues les plus absurdes, ils
se refusent à tirer la leçon des choses. Peu importe qui accède à
la présidence des Etats-Unis, ils l’enjolivent. Quand Eisenhower
occupa la Maison Blanche, ils en dirent qu’il « aspirait
sincèrement à la paix », « se souciait du maintien de
la paix ». Cependant, c’est le même Eisenhower qui brisa
leur rêve de « coopération soviéto-américaine » en
envoyant un U-2 opérer dans le ciel de l’Union soviétique.
Le camarade Mao Tsé-toung fit
remarquer à l’époque : « Il ne faut pas se nourrir
d’illusions au sujet des impérialistes. Certains ont décrit
Eisenhower comme un grand amoureux de la paix, je souhaite que les
faits les ramènent à la réalité » [8].
Les révisionnistes khrouchtchéviens ne sont
cependant pas revenus à la réalité. Kennedy élu à la présidence,
ils le portèrent aux nues, le disant un homme « aux vues
larges », à l’« esprit lucide », à l’« attitude
faite de sagesse ».
C’est pourtant le même
Kennedy qui, lors de la crise des Caraïbes, prit Khrouchtchev à la
gorge et le couvrit de ridicule. Mais lors de l’affaire de Dallas,
Khrouchtchev et ses pareils abandonnèrent toute pudeur, et,
larmoyants et tristes comme pour un membre de la famille, pleurèrent
que « la mort de Kennedy est un coup sérieux pour tous ceux
qui ont à cœur la cause de la paix et la coopération
soviéto-américaine » [9], donnant ainsi l’impression
que la disparition de cet homme mettait vraiment l’existence de
l’humanité en cause.
Pragmatistes, les
révisionnistes khrouchtchéviens adoptent des attitudes différentes
envers un même chef impérialiste américain selon qu’il est au
pouvoir ou non. Avant que Johnson n’occupe la Maison Blanche, ils
en disaient qu’il « nie toute possibilité de collaboration
entre pays capitalistes et socialistes » [10].
Mais ils exprimèrent leur
« satisfaction » quand il passa à la présidence. Et
l’année dernière, son élection les remplit de joie, au point
qu’ils claironnèrent que de son administration, on pouvait
attendre « des mesures réalistes pour améliorer le climat
politique dans le monde » [11], et qu’ils chantèrent
qu’« un vaste terrain de coopération » existait entre
l’Union soviétique et les Etats-Unis.
A leurs yeux, l’impérialisme américain
agressif par nature a cessé d’être. Et ce qu’il faut, avec les
Etats-Unis, c’est « des concessions », « des
compromis », « la conciliation »,
« l’accommodement », de part et d’autre. Mais le
cours des événements vient démentir leurs sophismes, il ne fait
que prouver que la nature agressive et belliqueuse de l’impérialisme
américain n’a nullement changé.
Qu’est ce que la « doctrine
Johnson » ?
L’administration Johnson a hérité de la
« stratégie globale », contre-révolutionnaire, de son
prédécesseur, qui vise à détruire les pays socialistes, à
occuper la première zone intermédiaire, c’est-à-dire l’Asie,
l’Afrique et l’Amérique latine, et à contrôler les pays
capitalistes de la deuxième zone intermédiaire, l’Europe
occidentale, l’Amérique du Nord, l’Océanie et le Japon.
Elle est beaucoup plus aventureuse en appliquant
sa double tactique contre-révolutionnaire, elle recourt davantage à
la guerre d’agression et tend plus nettement à ignorer ses alliés
et à agir seule, tête baissée, à la façon d’un bandit de grand
chemin.
Elle a adopté, envers les pays socialistes, une
tactique sournoise, une manière de traiter variant de l’un à
l’autre. Elle proclame que les Etats-Unis doivent s’efforcer
d’amener « les forces à l’Intérieur de l’Union
soviétique à provoquer un changement », en vue d’y
restaurer le capitalisme.
Les Etats-Unis « doivent accélérer la
lente corrosion du rideau de fer », afin que les pays d’Europe
orientale se détachent du camp socialiste. Ils n’admettent pas que
l’Union soviétique accorde son appui au mouvement de libération
nationale et érigent cette prétention en une des conditions du
maintien de « la paix ».
Ceci montre que, tout en exerçant une puissante
pression militaire et en se préparant à l’agression,
l’administration Johnson cherche à faire éclater l’Union
soviétique et les pays socialistes d’Europe orientale par des
moyens pacifiques. Johnson a déclaré aussi que « le
communisme en Asie revêt un aspect beaucoup plus agressif »,
qu’il faut faire face à « l’agression communiste ».
Il en découle que son administration menace principalement les pays
socialistes d’Asie avec la guerre, et en fait, elle se livre à de
sérieuses provocations militaires contre eux.
En Asie, Afrique et Amérique latine, elle réprime
brutalement le mouvement de libération nationale et intervient
directement partout par les armes. Elle a étendu et étend son
agression contre le Sud-Vietnam, elle a massacré la population au
Congo-Léopoldville, elle a dépêché des troupes en République
dominicaine pour y mater Je soulèvement patriotique, elle a donc
mené des guerres d’agression sur ces trois continents. Envers les
jeunes pays indépendants, elle a pour politique, l’agression,
l’intervention et l’infiltration. Elle soutient la « Malaysia »,
une production néo-colonialiste, et ainsi menace l’Indonésie.
Elle pousse la Thaïlande et la clique fantoche
sud-vietnamienne à provoquer constamment le Cambodge par les armes.
Elle a mené une série d’activités subversives contre des pays
africains, dont la Tanzanie, le Congo-Brazzaville, le Burundi. Elle
s’est abouchée avec l’Allemagne occidentale pour épauler Israël
dans ses provocations et ses menaces contre les pays arabes. Elle a
manigancé le coup d’Etat militaire réactionnaire au Brésil.
Et de tout cela découle qu’elle cherche à
étouffer, par des opérations de guerre et la subversion, le
mouvement de libération nationale en Asie, en Afrique et en Amérique
latine, à y étrangler les jeunes pays indépendants. Elle a commis
des méfaits devant lesquels ses prédécesseurs reculaient.
La fameuse « doctrine Johnson », c’est
un brutal étalage supplémentaire de la nature agressive de
l‘impérialisme américain. Lorsque, en mai dernier, Johnson envoya
des troupes en République dominicaine, il déclara, comme s’il
allait tout casser, que « les pays d’Amérique [lisez
l’impérialisme américain] ne peuvent pas, ne doivent pas admettre
et n’admettront jamais l’installation d’un autre gouvernement
communiste dans l’hémisphère occidental ».
Il ajouta qu’au Vietnam et dans tous les lieux
du monde où les Etats-Unis ont des « obligations »,
« nos forces sont essentielles, pour l’épreuve finale »,
Ainsi, Il a fait connaitre au monde entier son programme politique,
qui se propose d’en finir avec la liberté et l’indépendance de
tous les pays, d’étouffer le mouvement révolutionnaire des
peuples, au moyen de guerres d’agression.
La « doctrine Johnson » est plus folle
et plus aventureuse que toutes les « doctrines » des
administrations qui se sont succédé aux Etats-Unis depuis la
guerre.
L’administration Kennedy, elle, tout en
renforçant son armement e en accélérant ses préparatifs de
guerre, appliquait ce qu’elle appelait la « stratégie de la
paix » qui, envers les pays socialistes, consistait à tirer
profit du contre-courant qu’est le révisionnisme moderne, pour
effectuer une pénétration pacifique, et envers les pays d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine, à intensifier sa politique
néo-colonialiste faite d’« Opération parenté »,
d’envoi de « Corps de Paix », et de l’« Alliance
pour le Progrès » qu’elle avait montée.
Mais le rapide développement du mouvement
révolutionnaire des peuples pulvérisa la « stratégie de la
paix » de Kennedy. Cependant, les slogans « paix »,
« démocratie », « progrès, etc., qui ne visaient
qu’à duper, s’étant révélés inopérants, Johnson hissa
carrément le pavillon noir des pirates, dès son accession à la
présidence. Le New York Times a dit de la « doctrine
Johnson » qu’elle signifie « contrecarrer par la force
des armes les progrès du communisme en quelque lieu du monde que ce
soit ».
Le jeu classique d’Hitler consistait à passer à
l’agression et à mener la guerre au nom de l’anticommunisme, à
imposer l’étiquette « menace communiste » à toutes
les luttes populaires pour la liberté et l’indépendance. Et le
chroniqueur américain Drew Pearson a dû admettre que les Etats-Unis
sont considérés comme des « agresseurs à la Hitler ».
Les faits montrent d’ailleurs que la « doctrine Johnson »
est bel et bien du néo-hitlérisme.
En stratégie militaire, l’administration
Johnson a formulé la théorie de l’« escalade ».
Eisenhower, lui, avait compris l’amère leçon de la guerre de
Corée, il savait qu’affronter les pays socialistes en une guerre
au sol lui coûterait cher.
Aussi avait-il établi la stratégie des
« représailles massives », cherché à utiliser les
armes nucléaires stratégiques comme moyen de « dissuasion »,
et « s’appuyer essentiellement sur une énorme capacité de
riposte, pour agir instantanément, par les moyens et aux endroits de
notre choix ».
Les grandes victoires remportées par les peuples
d’Indochine, de Cuba et d’Algérie sonnèrent le glas de cette
stratégie. Quant à Kennedy, il avait admis qu’« une
puissance nucléaire écrasante ne peut mettre fin à une guerre de
partisans ». Et son administration adopta la stratégie de la
« riposte adaptée », se préparant à la fois à la
guerre nucléaire, à la guerre localisée et à la « guerre
spéciale ». Elle insista essentiellement sur le recours à la
« guerre spéciale » pour réprimer le mouvement de
libération nationale.
Le Sud-Vietnam fut choisi pour en faire
l’expérience. Et c’est là que cette « guerre spéciale »
échoua lamentablement. Alors, Johnson passa à l’« escalade »,
à partir de la stratégie de la « riposte adaptée »,
c’est-à-dire qu’il divisa « guerre spéciale »,
guerre localisée et guerre nucléaire en un certain nombre
d’échelons à gravir progressivement, afin d’imprimer de plus en
plus d’envergure au conflit.
Cette « escalade » revient à ceci :
après chaque pas, envisager le pas suivant ; c’est comme
passer au meurtre et à l’incendie, tout en tremblant à chaque
moment à l’idée du châtiment mérité. Eisenhower déclarait en
1954, soit presque immédiatement après la guerre de Corée :
« Si les Etats-Unis se laissaient entraîner seuls avec leurs
troupes dans le conflit indochinois, puis en une suite de guerres en
Asie, il en résulterait finalement l’épuisement de nos
ressources, l’affaiblissement de notre dispositif général de
défense ».
Généraux et officiels américains frissonnent,
aujourd’hui encore, à l’idée d’une guerre comme celle de
Corée. Dans celle-ci, les Etats-Unis perdirent quelque 400.000
hommes et ils furent repoussés jusqu’à l’endroit d’où ils
avaient déclenché l’agression.
Ce fut une défaite terrible. Il est évident que
s’ils s’obstinent à étendre la guerre, ils ne s’attireront
que des défaites plus cuisantes. Néanmoins, Johnson ne peut
s’empêcher d marcher droit sur l’abîme. Les révisionnistes
khrouchtchéviens répandent que l’impérialisme ne déclenchera
pas la guerre parce qu’il prévoit sa défaite. Tous les faits
viennent contredire les sophismes du genre.
Théories et pratique de la « doctrine
Johnson » témoignent des affres de l’impérialisme américain
à l’agonie. La nature de classe de l’impérialisme et de tous
les réactionnaires les pousse inéluctablement à creuser leur
propre tombe en étendant leurs guerres d’agression.
Guillaume II œuvra à sa propre chute en
déclenchant la Première guerre mondiale ; Hitler eut le destin
qu’il méritait en allumant la Seconde guerre mondiale ; et
l’impérialisme japonais s’effondra suite à son agression contre
la Chine et à la guerre qu’il porta dans le Pacifique.
L’impérialisme américain est sur la même vole, et ce ne sont pas
les échecs qui le rendront plus « sage ».
Le caractère réactionnaire, agressif, aventureux
de l’administration Johnson est tellement évident que le blanchir
exigerait toutes les eaux du monde. Les révisionnistes
khrouchtchéviens se voient donc parfois obligés de parler de
l’impérialisme américain « agresseur », « gendarme
international », « principale force de guerre et
d’agression de nos jours », etc., etc. Tout cela n’est
cependant que pour la forme, et ils le font dans la limite où cela
ne touche pas à la « coopération soviéto-américaine ».
De l’administration Johnson
qui a porté le fléau de la guerre au Vietnam, ils parlent à la
légère et en disent, en termes évasifs, qu’il en ressort
uniquement que « le char de l’Etat » américain
« penche » du côté des « maniaques » et que
prévoir que « la ligne politique américaine virera rapidement
vers la droite dans un avenir proche ne repose sur rien ». [12]
C’est de l’enfantillage ! Qui, des
milieux dirigeants américains, est maniaque, après tout, et qui est
« sage » ? Les révisionnistes khrouchtchéviens ont
affirmé à certain moment que Johnson était le « modéré »
et Goldwater le « maniaque », et voilà qu’ils
affirment que Johnson a endossé la politique de Goldwater et
« penche » du côté des maniaques.
Quelle est, en fin de compte, la différence entre
les deux ?
Les révisionnistes khrouchtchéviens prétendent
qu’il est faux de prévoir un virage vers la droite de la politique
américaine, mais Johnson n’est-il pas suffisamment à droite, ou
bien serait-il à « gauche » ? Ils affirment une
chose un jour, autre chose le lendemain, et tout est illogique,
contradictoire, et cela dans le seul but de disculper l’impérialisme
américain, de trouver un fétu de paille auquel accrocher leur ligne
de « coopération soviéto-américaine » et la sauver de
la noyade.
La nature de l’impérialisme
américain a « changé », disent-ils. Et leur caractère
de classe, à eux, s’exprime précisément par là. Ils ont
substitué la théorie bourgeoise de la nature humaine à l’analyse
de classe, et le pragmatisme bourgeois au marxisme-léninisme.
D’après leur philosophie, « quelque chose d’humain
persiste au tréfonds du criminel même le plus endurci » [13].
Et chez l’impérialisme américain, le plus
cruel de son espèce, il subsisterait également des traces de bonté.
Pour eux, mouvement révolutionnaire et lutte des classes sont
totalement inutiles.
Quant au sort des peuples et de l’humanité, il
n’y a qu’à se fier à la bonté de l’impérialisme américain.
Il est clair que les peuples ne pourront mener résolument et
efficacement le combat contre l’impérialisme américain tant que
ces absurdités révisionnistes n’auront pas été complètement
balayées.
DE L’APPRÉCIATION DE LA PUISSANCE
DE
L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN
L’impérialisme américain a une nature
agressive qui ne changera jamais et sa stratégie d’asservissement
de tous les peuples a été établie une fois pour toutes. Tout comme
une féroce bête de proie, il attaquera et dévorera l’homme, que
celui-ci l’irrite ou non. L’abattre ou se laisser manger, telle
est l’alternative. Entre les peuples et l’impérialisme
américain, une épreuve de force est donc inévitable. Et à ceux-ci
se posent les questions suivantes : Comment apprécier la
puissance de l’impérialisme américain ? Et peut-on le
vaincre ?
Voir au-delà des apparences
Dès 1946, le camarade Mao
Tsé-toung énonçait sa célèbre thèse : L’impérialisme et
tous les réactionnaires sont des tigres en papier. Il disait :
« Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En
apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si
puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir,
c’est le peuple qui est vraiment puissant, et non les
réactionnaires. » [14]
Deux ans après la victorieuse
Révolution d’Octobre, Lénine affirmait : « L’impérialisme
mondial apparaissait alors une force si grande, si invincible, que
les ouvriers d’un pays arriéré qui tentaient de s’insurger
contre lui pouvaient être taxés de folie. Mais aujourd’hui, en
jetant un coup d’œil rétrospectif sur les deux années écoulées,
nous voyons que nos adversaires, eux aussi, commencent de plus en
plus à nous donner raison. Nous voyons que l’impérialisme, que
l’on considérait comme un colosse invincible, s’est révélé
aux yeux de tous un colosse aux pieds d’argile. » [15]
Cette thèse marxiste-léniniste, l’impérialisme
est un colosse aux pieds d’argile et un tigre en papier, révèle
l’essence du problème au-delà des apparences. Le peuple est le
moteur de l’histoire, l’impérialisme et tous les réactionnaires
constituent les forces décadentes de la réaction dont le divorce
d’avec les masses est complet, et aussi puissants qu’ils
paraissent, cette apparence même n’est que phénomène passager.
C’est uniquement en envisageant l’impérialisme
américain dans son essence, qui est celle d’un tigre en papier,
que l’on trouvera la hardiesse de le combattre et d’enlever la
victoire. Surestimer la puissance de l’impérialisme américain et
sous-estimer celle des masses populaires ne peut que rendre
l’impérialisme américain plus agressif, émousser la combativité
révolutionnaire des peuples.
Khrouchtchev et ses successeurs, qui se prétendent
« marxistes-léninistes », ont pour l’impérialisme
américain une admiration mêlée de crainte. Ils attaquent la thèse
du tigre en papier du camarade Mao Tsé-toung, déforment les
célèbres paroles de Lénine sur le colosse aux pieds d’argile, et
insistent sur le fait que l’impérialisme américain est un tigre
en papier aux « dents atomiques », qu’il est un
« colosse », quoiqu’il « ait une base
instable » ; ils proclament que l’impérialisme
américain « est toujours puissant, que le combattre n’est
pas facile ».
Ils estiment que les fusées, les bombes A et H
sont les facteurs qui décident de la guerre, tandis que les forces
armées populaires ne sont qu’« un tas de chair ». Leur
seul but, en stimulant de la sorte l’arrogance de l’impérialisme
américain et en répandant des vues pessimistes parmi les peuples,
c’est de faire accroire que l’impérialisme américain est
invincible, que la révolution des peuples est sans espoir.
Un arbre évidé par les vers
L’impérialisme américain est faible par
essence, quoiqu’il paraisse solide. La grande révolution
victorieuse du peuple chinois et les grandes victoires des peuples
d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, survenues après la
Seconde guerre mondiale, ont confirmé la thèse scientifique du
camarade Mao Tsé-toung sur l’impérialisme et tous les
réactionnaires, tigres en papier. Que les peuples s’unissent,
qu’ils ne craignent pas les difficultés, qu’ils combattent
résolument en dépit des sacrifices à consentir, et ils vaincront
l’impérialisme américain.
La pensée qui anime le peuple sud-vietnamien dans
son héroïque résistance à l’agression impérialiste américaine,
c’est « plutôt la mort que l’asservissement ». Et
malgré son manque de forces aériennes et navales, il a battu des
centaines de milliers de soldats fantoches équipés d’armes
ultra-modernes par l’impérialisme américain, fait échouer la
« guerre spéciale » et il résiste victorieusement aux
forces d’agression américaines.
Les Etats-Unis enverront plus de soldats au
Sud-Vietnam, et leur défaite n’en sera que plus cuisante. Le
soldat américain est pris de panique sitôt envoyé en ligne, les
bases aériennes américaines se font attaquer les unes après les
autres, et le personnel de l’ambassade des Etats-Unis à Saïgon
vit dans la terreur. Les Américains ont d’ailleurs admis qu’ils
ne peuvent venir à bout du peuple sud-vietnamien, même avec 500.000
de leurs hommes.
La République dominicaine, dont la population
n’est que de 3 millions, se trouve sur une île au seuil même des
Etats-Unis ; lorsque son peuple se souleva, Johnson fut dans ses
petits souliers et, en l’espace de quelques jours, expédia une
force d’agression de 30.000 hommes pour essayer de mater rapidement
la lutte patriotique anti-américaine. Mais le peuple dominicain ne
s’est pas laissé intimider par l’impérialisme américain, il
lui résiste et fermement, et le combat qui dure depuis trois mois à
Saint-Domingue gagne maintenant l’intérieur du pays. La situation
de l’administration Johnson était déjà peu brillante, elle s’est
enfoncée dans un nouveau bourbier.
Entre l’insatiable soif
d’agression de l’impérialisme américain et sa puissance qui a
des limites et qui décline chaque jour, la contradiction est
implacable. Il est allé trop loin, et il se fait battre partout où
il passe à l’agression. Il est dans une situation semblable à
celle de la Famille du Seigneur Jong du Rêve du Pavillon
rouge [16], que Leng Tse-hsing dépeignit comme suit :
« quoique la charpente tînt encore debout, le ver rongeur
était dans ses entrailles ».
Les Etats-Unis ne disposent que de 2.700.000
soldats, dont plus d’un million sont distribués dans le monde
entier, et ceux-ci sont si dispersés qu’ils ne peuvent être
partout où il y a résistance. La guerre d’agression au
Sud-Vietnam et en République dominicaine leur font ressentir leur
manque d’hommes, auquel ils doivent remédier par le recrutement de
jeunes qui ne tiennent pas tous à servir de chair à canon.
Que feraient les Etats-Unis si des situations
analogues à celles du Sud Vietnam et de la République dominicaine
venaient à se produire ailleurs ? C’est la question que se
pose non sans inquiétude Walter Lippmann, le chroniqueur bien connu
de la presse bourgeoise : « Dans combien de Vietnam et de
République dominicaine, les marines pourraient-ils maintenir l’ordre
simultanément ? »
La politique d’agression et de guerre de
l’administration Johnson est extrêmement impopulaire aux
Etats-Unis où ouvriers, paysans, intellectuels et personnalités de
tous les milieux se sont unis dans de gigantesques mouvements de
protestation contre l’agression au Vietnam, et les réunions,
manifestations et déclarations se multiplient. Cent mille
enseignants et étudiants ont organisé des « conférences-débats »
condamnant l’administration Johnson.
Affolée, la Maison Blanche a dépêché de hauts
fonctionnaires aux quatre coins du pays pour « expliquer »,
pour calmer l’indignation des grandes masses. Les Rusk, Bundy et
Cie ont été accueillis partout par des huées et les questions
embarrassantes les trouvèrent à court de réponses.
Des mouvements politiques d’une telle ampleur
sont rares dans l’histoire des Etats-Unis et sans précédent
depuis la Seconde guerre mondiale. Ils témoignent d’un nouvel
éveil du peuple américain.
L’économie des Etats-Unis craque de partout ;
sa militarisation a entraîné de sérieuses conséquences :
surproduction, marché en contraction constante, chômage frappant
plus de 10 millions d’hommes à certain moment. Les Etats-Unis, qui
passent pour être le pays le plus riche au monde, ont la plus grande
dette, secteurs privé et public dépassent 1.300 milliards de
dollars. La balance des paiements est largement déficitaire, la
toute-puissance du dollar, cet instrument d’agression, n’est
plus, la situation monétaire et financière est dans un état
critique.
Le président de l’American Federal Reserve
Board, W.M. Martin, s’est étonné de ce que la situation
actuelle « offre des analogies inquiétantes » avec la
dépression des années 20.
Après la Seconde guerre mondiale, les Etats-Unis
ont été pendant longtemps des « bienfaiteurs » pour
d’autres pays capitalistes, ils renforcèrent leur emprise sur
leurs alliés dans tous les domaines, les foulant ainsi au pied, mais
d’énormes changements se sont produits dans le rapport des forces
du monde capitaliste ; les pays d’Europe occidentale
s’insurgent contre ce contrôle et mettent sérieusement
l’hégémonie américaine au défi. Les contradictions entre la
France et les Etats-Unis sont devenues un antagonisme à l’échelle
planétaire. Et il en existe d’irréductibles aussi entre les
Etats-Unis et d’autres grandes puissances capitalistes :
Grande-Bretagne, Allemagne de l’Ouest, Japon et Canada.
Les blocs militaires agressifs que les Etats-Unis
eurent toutes les peines du monde à mettre sur pied se désagrègent,
l’un après l’autre. Et malgré les fortes pressions que
l’administration Johnson exerce sur ses alliés et ses vassaux pour
qu’ils dépêchent des troupes au Sud-Vietnam, afin d’y faire
remonter le moral et d’y remédier à la situation, la plupart des
pays ont refusé poliment, à l’exception de quelques-uns qui ont
fourni une poignée d’hommes. Un journaliste américain remarquait
tristement : « Nous recherchons vainement de par le monde
les vrais el actifs partisans de notre politique ».
L’impérialisme américain est comme un grand
arbre à l’intérieur tout rongé, il craque sous la tempête
révolutionnaire mondiale, il va de mal en pis. Johnson est sur les
dents, il s’agite 24 heures sur 24. Un journaliste américain
disait de lui qu’il était affable avant son accession à la
présidence, mais qu’il est devenu d’une humeur exécrable, qu’il
déteste la critique et que les conseils l’exaspèrent.
L’atmosphère de la Maison Blanche est mouvementée. Et quand
Johnson met une aventure militaire au point, il lui est impossible de
trouver le sommeil.
Fatigué et tourmenté, le président se couche à
une heure du matin et s’éveille à trois heures. Il a admis que sa
plus grande crainte, ce sont les appels téléphoniques urgents, car
les bonnes nouvelles sont rares. Il s’emporte facilement et est mal
à l’aise. Les questions à régler le plongent dans la confusion,
et quand il n’en peut plus, il quitte furtivement la Maison
Blanche, par la porte de service, pour aller se détendre sur « le
sombre fleuve », Le lamentable et hystérique Johnson rappelle
le Hitler des derniers jours !
Une incurable mollesse
Les jours de l’impérialisme américain sont
comptés sous l’impact du vigoureux mouvement anti-américain qui
balaie le monde. C’est lui qui craint les peuples, et le contraire
n’est pas vrai − voilà la caractéristique de la situation sur
le plan mondial.
Comme tout ce qui existe au monde, l’impérialisme
américain a un caractère double. Du point de vue stratégique, il
est, par essence, un tigre en papier, moins puissant qu’il n’y
paraît. Mais du point de vue lactique, pour ce qui est de chaque
combat spécifique, il doit être tenu pour un vrai tigre, un mangeur
d’hommes.
N’a-t-il pas détruit el ne détruit-il pas des
milliers el des milliers de vies humaines au Sud-Vietnam, au Congo et
en République dominicaine ? Il doit donc être traité par le
mépris sur le plan stratégique et pris sérieusement en
considération sur le plan tactique. Car en le traitant par le mépris
sur le plan stratégique, on trouvera l’audace de le combattre, et
en le prenant sérieusement en considération sur le plan tactique,
on saura comment le combattre.
Les révisionnistes khrouchtchéviens ne voient
que sa puissance apparente et non sa faiblesse inhérente ; ils
distinguent uniquement le tigre authentique et non le tigre en
papier, el ils qualifient même la conception dialectique
marxiste-léniniste de « double jeu », preuve qu’ils
n’entendent rien au marxisme-léninisme.
D’après eux, un égale un et deux égale deux,
les forts sont forts et les faibles sont faibles ; il n’y a
pas de faiblesse dans ce qui est fort, et ce qui est faible ne peut
rien renfermer de fort ; il ne peut y avoir mutation du fort en
faible, ni du faible en fort. A leurs yeux, l’impérialisme
américain sera toujours fort et le peuple toujours faible.
Mais, pour les
marxistes-léninistes, toute chose se transforme en son contraire
dans des conditions données : devient faible ce qui est fort,
et fort ce qui est faible. Lénine disait : « Voulez-vous
une révolution ? Eh bien, vous devez être
puissants ! » [17] Cela signifie que les forces
révolutionnaires naissantes sont peu nombreuses et faibles au début,
mais que leurs effectifs grossiront, qu’elles deviendront
puissantes, et elles sont donc nécessairement les forts.
Toutes les puissances
impérialistes et réactionnaires, aussi grandes et fortes qu’elles
soient au départ, finiront par s’amenuiser et s’affaiblir, et
elles sont donc nécessairement les faibles. Staline disait :
« Ce qui naît dans la vie et grandit de jour en jour, est
irrésistible, et l’on ne saurait en arrêter le progrès… [le
prolétariat] si faible et peu nombreux qu’il soit aujourd’hui,
il finira néanmoins par vaincre … Par contre, ce qui dans la vie
vieillit et s’achemine vers la tombe, doit nécessairement subir la
défaite, … [la bourgeoisie] si forte et nombreuse qu’elle soit
aujourd’hui, elle finira néanmoins par essuyer la défaite. » [18]
La mutation qui s’opère de fort en faible, de
grand en petit, de ce qui monte en ce qui va vers sa fin et vice
versa, c’est toute l’histoire de la lutte des classes de
l’humanité. Il n’y a que les aveugles pour ne pas le voir. La
mutation présuppose certaines conditions, cela va de soi. La lutte
révolutionnaire des peuples ne se fait pas sans heurts, la route
n’est pas toute droite, elle peut être parsemée de difficultés
et d’obstacles, et de lourds sacrifices à consentir provisoirement
doivent même être prévus.
Aussi, dans ces conditions,
l’essentiel est-il le combat et l’esprit de sacrifice. Une fois
cet esprit révolutionnaire acquis, en dépit des « sentiers
étroits, forêts profondes, mousses glissantes », « le
vent déploiera le drapeau rouge comme un tableau ». [19]
Yuan Mei, de l’époque de la dynastie des
Tsings, écrivait dans le conte « Comment Tchen Peng-nien
exorcisa un spectre avec son souffle » : le spectre d’un
pendu souffla sur Tchen une haleine qui le glaça jusqu’aux os et
fit vaciller la lampe dont la flamme vira au bleu, prête à
s’éteindre. Mais Tchen se dit : « Le spectre a du
souffle, et j’en ai aussi ». Il fit une longue inspiration,
et dirigea son souffle puissant sur le spectre qui s’évanouit en
fumée.
Cette histoire prouve que si l’homme ne craint
pas le spectre, c’est le spectre qui le craindra. L’impérialisme
américain aussi est un spectre, tout juste bon à effrayer les
gens ; si vous le craignez, il vous nuira ; si vous ne le
craignez pas et lui rendez coup pour coup, il ne saura à quel saint
se vouer.
Le chantage à la guerre de l’impérialisme
américain intimide les révisionnistes khrouchtchéviens, ils plient
sous la pression, ils sont affligés d’une incurable mollesse. La
révolution les effraie, les sacrifices aussi, ils n’osent pas
rendre coup pour coup à l’impérialisme américain et ils
combattent même la cause révolutionnaire des peuples.
Ils dressent un tableau
terrifiant de la guerre, ils opposent révolution mondiale et défense
de la paix mondiale ; et ils ont été jusqu’à proclamer que
certains « prétendent que la révolution mondiale est plus
importante que la défense de la paix. Mais, qu’est-ce qui importe
plus, la tête ou le corps ? » [20] En mendiant
la paix, ils trahissent la révolution ; pour eux, c’est
l’esclavage qui est préférable à la mort et non le contraire.
Voilà la philosophie de renégat des révisionnistes
khrouchtchéviens.
Lénine l’a dit, « celui
qui ne sait pas distinguer les sacrifices consentis au cours de la
lutte révolutionnaire et pour sa victoire, quand toutes les classes
possédantes et contre-révolutionnaires combattent la révolution,
celui qui ne sait pas distinguer ces sacrifices de ceux d’une
guerre de brigandage et d’exploitation, celui-là fait preuve de
l’ignorance la plus crasse, et on doit dire à son sujet : il
faut lui mettre un abécédaire en mains et, avant de lui donner
l’instruction extra-scolaire, l’envoyer à l’école primaire ;
ou bien alors, il incarne l’hypocrisie à la Koltchak la plus
haineuse, quel que soit le nom qu’il se donne, quels que soient les
sobriquets sous lesquels il se dissimule. » [21]
N’est-ce pas là le portrait même du
révisionniste khrouchtchévien ?
DE L’ATTITUDE A ADOPTER
ENVERS
L’IMPÉRIALISME AMÉRICAIN
Qui est l’ami et qui est l’ennemi ? Avec
qui faut-il faire l’unité et qui faut-il combattre ? Ces
questions sont d’importance primordiale pour la révolution. Car
pour faire triompher une lutte révolutionnaire, il est indispensable
de faire l’unité avec les vrais amis et de combattre les vrais
ennemis.
L’impérialisme américain est la principale
force d’agression et de guerre du monde d’aujourd’hui, il est
le principal ennemi de tous les peuples. Quand il s’agit d’en
finir avec une bande de malfaiteurs, il importe avant tout de mettre
la main sur le chef, et la première tâche de tous les
marxistes-léninistes, de tous les révolutionnaires, est de faire
l’unité entre les peuples, de diriger la pointe de leur combat
contre l’impérialisme américain. Les révisionnistes
khrouchtchéviens ont cependant tout inversé : ils tiennent
l’impérialisme américain pour leur grand ami et le peuple
révolutionnaire de partout pour leur ennemi. Cette façon d’agir
ne peut qu’aboutir à une lutte aiguë entre les deux lignes quant
à l’attitude à adopter envers l’impérialisme américain.
Sous le victorieux étendard du Front uni
anti-américain
C’est à partir de la situation réelle dans le
monde, d’une analyse de classe des contradictions fondamentales
existant dans le monde et en tenant compte de la « stratégie
globale » contre-révolutionnaire de l’impérialisme
américain, que le Comité central du Parti communiste chinois a fait
ressortir, dans ses « Propositions concernant la ligne générale
du mouvement communiste international » qu’il est
indispensable et possible, pour le prolétariat international, d’unir
toutes les forces pouvant être unies, de mettre à profit les
contradictions internes de l’ennemi, afin d’établir un vaste
front uni contre l’impérialisme américain et ses laquais, par la
mobilisation sans réserve des masses, le renforcement des forces
révolutionnaires, l’attraction à soi des forces intermédiaires,
et l’isolement de l’impérialisme américain et ses laquais.
Le camarade Mao Tsé-toung a fait, ces dernières
années, de nombreuses déclarations de soutien au juste combat de
tous les peuples contre l’impérialisme américain. L’idée
essentielle en est que les peuples du monde entier doivent s’unir
pour abattre l’agresseur américain et tous ses laquais.
Le président Mao Tsé-toung en appelle aux
peuples des pays du camp socialiste, aux peuples asiatiques,
africains, latino-américains, à ceux de tous les continents, aux
pays attachés à la paix et aux pays victimes de l’agression, du
contrôle, de l’intervention et des brimades des Etats-Unis, pour
qu’ils s’unissent, constituent le front uni le plus large contre
la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme
américain, pour la défense de la paix mondiale.
La situation internationale va précisément dans
ce sens.
C’est chaque jour que les peuples prennent un
peu plus conscience, que la lutte contre l’impérialisme américain
gagne en ampleur et que s’élargit le front uni contre lui. Les
peuples des pays socialistes et les peuples et nations opprimés
combattent sur un même front. La lutte des peuples d’Asie,
d’Afrique et d’Amérique latine contre le néo-colonialisme et le
colonialisme, qui ont les Etats-Unis à leur tête, se développe de
façon foudroyante et de plus en plus nombreux sont les peuples qui
prennent les armes et engagent un combat sans merci contre
l’impérialisme américain et ses laquais.
En Europe occidentale, en Amérique du Nord et en
Océanie, la lutte des peuples contre la politique d’agression et
de guerre de l’impérialisme américain marque également des
points. De par le monde ne cesse de croître le nombre de ceux qui
entrent dans les rangs du front uni anti-américain. Les peuples du
monde entier font le siège de l’impérialisme américain.
Une sombre trame contre-révolutionnaire
Les révisionnistes khrouchtchéviens n’ont pas
conscience de la puissance du peuple révolutionnaire de partout, ils
tiennent l’impérialisme américain pour tout puissant et estiment
que les questions mondiales doivent être réglées par le canal de
leur collaboration avec les Etats-Unis. Ainsi agissait Khrouchtchev,
et ses successeurs en font autant.
La sombre trame contre-révolutionnaire de « la
coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde »
court tout au long de la politique révisionniste, qu’il s’agisse
de la « coexistence pacifique », du « passage
pacifique », de l’« émulation pacifique ».
Que cette ligne révisionniste ait pris corps,
qu’elle se soit développée, n’est pas le fait du hasard, ses
racines plongent au plus profond des classes sociales. Sur le plan
intérieur, elle est due à la rapide avance des forces capitalistes
en Union soviétique ; sur le plan international, elle est la
résultante de la double tactique contre-révolutionnaire de
l’impérialisme, qui consiste à la fois en menaces et en
flatteries.
La clique révisionniste khrouchtchévienne est
l’expression politique de la nouvelle couche bourgeoise, les
privilégiés, qui a fait son apparition en Union soviétique, et
elle place les intérêts de celle-ci au-dessus des intérêts du
peuple soviétique, des peuples des pays socialistes, de tous les
peuples. Elle ne poursuit plus la révolution et elle craint que les
révolutions des autres ne viennent perturber ses doux rêves
d’existence bourgeoise.
A l’internationalisme prolétarien, elle a
substitué l’égoïsme national et le chauvinisme de grande
nation ; elle divise le camp socialiste et le mouvement
communiste international, elle sape la cause révolutionnaire des
peuples et des nations opprimés, elle capitule devant l’impérialisme
américain.
Les peuples
veulent-ils survivre ? Qu’ils s’en remettent à la
« coopération soviéto-américaine » ; mais qu’ils
ne fassent pas la révolution, jamais ; car « une seule
étincelle peut allumer une catastrophe » [22],
« n’importe quel conflit entre nations peut dégénérer en
une conflagration mondiale » [23].
Les nations opprimées veulent-elles
l’indépendance ?
Qu’elles patientent jusqu’à
ce que les Nations unies règlent l’affaire. « Qui, sinon
l’Organisation des Nations unies, assumerait la défense de
l’abolition du système colonial ? » [24]
Les peuples vivent-ils dans la misère ?
Qu’ils patientent jusqu’à
la conclusion du « désarmement général » de l’Union
soviétique et des Etats-Unis. Si 8 à 10 pour cent, tout au plus,
des sommes consacrées de par le monde aux dépenses militaires
étaient libérés, « il sera possible d’en finir avec la
faim, les maladies et l’analphabétisme dans les régions
déshéritées du globe, et cela en vingt ans » [25].
Les pays ayant accédé à
l’indépendance veulent-ils développer leur économie nationale ?
Qu’ils s’adressent à l’Union soviétique et aux Etats-Unis
pour une « aide » économique. Il apparaît que pour
pouvoir développer leur économie, les pays libérés « se
voient forcés de recourir en bonne partie aux pays impérialistes »,
mais l’Union soviétique intervenant dans l’affaire, il leur est
loisible d’accepter l’« aide » américaine « en
toute indépendance et sur un pied d’égalité » [26].
Les peuples craignent-ils
l’agression ? Qu’ils s’inclinent devant les armes
nucléaires soviétiques ! « Les fusées et la puissance
nucléaire soviétiques sont le facteur décisif du maintien de la
paix » [27].
Les peuples aspirent-ils au
socialisme ? Qu’ils attendent donc les fruits d’or de la
« compétition pacifique » soviéto-américaine !
Dès que l’Union soviétique sera devenue la première puissance au
monde, « tous les peuples du monde seront définitivement
acquis au socialisme », et « la voie pacifique » de
la révolution socialiste « sera plus que jamais
possible » [28].
En un mot, que l’Union soviétique et les
Etats-Unis se donnent la main, et les relations internationales
entreront dans une ère nouvelle, la situation internationale se
détendra, les peuples jouiront de la paix, de l’indépendance, de
la liberté et du bonheur. Comment la « coopération
soviéto-américaine » pourrait-elle engendrer de tels
miracles ?
Les révisionnistes
khrouchtchéviens l’ont dit en termes clairs : « Chacune
de ces deux puissances (Union soviétique et Etats-Unis) est à la
tête d’un bon nombre de pays, l’Union soviétique dirige le
système socialiste mondial, les Etats-Unis dirigent le camp
capitaliste » [29].
L’Union soviétique et les
Etats-Unis « sont les pays les plus puissants au monde et si
nous nous unissons pour la paix, il ne peut y avoir de guerre. Alors,
s’il prenait envie à quelque déséquilibré de faire la guerre,
il nous suffira de claquer des doigts pour qu’il s’éloigne » [30].
Si les chefs de gouvernement de
l’Union soviétique et des Etats-Unis s’entendent, « les
problèmes internationaux dont dépend le sort de l’humanité
recevront leur solution » [31].
Que de grandeur et de puissance dans « la
coopération soviéto-américaine décidant du sort du monde » !
Il semble que ces seigneurs suprêmes n’aient
qu’à remuer le petit doigt pour que les peuples de partout dans le
monde se soumettent à leur volonté, soient prêts à se laisser
massacrer par eux. Et le globe, pour vaste qu’il est, reposerait
entre leurs mains.
N’est-ce pas du chauvinisme de grande puissance,
de la politique de force, dans tout ce qu’ils ont de plus
caractérisé ?
Au bon plaisir de l’impérialisme
américain
Tout ce qu’entreprennent les révisionnistes
khrouchtchéviens vise à s’attirer les bonnes grâces de
l’impérialisme américain. Leurs paroles et leurs actes répondent
aux désirs des impérialistes américains. Ceux-ci interdisent aux
peuples de faire la révolution, et ils en font autant.
L’impérialisme américain veut faire de l’O.N.U. son instrument,
et ils portent cette organisation aux nues. Lui cherche à paralyser
les peuples avec le mensonge du « désarmement », afin de
pouvoir préparer la guerre sans encombre, et eux chantent le
désarmement général et complet comme un service immense à rendre
à l’humanité.
Lui cherche à installer son néo-colonialisme par
le canal de l’« aide », et eux s’empressent d’avoir
leur mot dans l’affaire. Lui cherche à amener les nations
opprimées à opérer un « changement pacifique », et eux
lui emboîtent le pas, ils demandent aux nations et peuples opprimés
d’emprunter la voie du « passage pacifique », tout en
appliquant chez eux l’« évolution pacifique » vers le
capitalisme. Pourquoi leurs paroles et leurs actes ressemblent-ils
tant à ceux de l’impérialisme américain, au point qu’il n’y
a pas de différence ? D’où peut provenir cette similitude,
si ce n’est qu’il y a collusion entre les deux ?
Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si la
ligne de « coopération soviéto-américaine décidant du sort
du monde » des révisionnistes est appréciée uniquement par
l’impérialisme américain et ses laquais, alors que tous les
peuples la condamnent.
Kennedy disait : « Il nous faut une
arme bien meilleure que la bombe H, une arme meilleure que les engins
balistiques ou les sous-marins nucléaires, et cette arme meilleure,
c’est la coexistence pacifique ». Et la presse occidentale
écrivait : « Pour le monde libre, le camarade
Khrouchtchev est le meilleur premier ministre russe qu’il y ait
jamais eu. Il croit sincèrement à la coexistence pacifique. »
Dernièrement encore, alors que l’impérialisme
américain étendait son agression contre le Vietnam, Johnson
déclarait : « Les peuples de Russie et des Etats-Unis ont
beaucoup d’intérêts en commun. Et je veux dire au peuple de
l’Union soviétique : Les Etats-Unis n’ont aucun intérêt à
entrer, en quelque lieu que ce soit, en conflit avec le peuple
soviétique.
Et soutenir l’agression ou la subversion en
quelque lieu que ce soit n’est pas dans l’intérêt véritable de
l’Union soviétique. » Ce qui revient à dire que les
Etats-Unis ont beaucoup d’« intérêts communs » avec
les révisionnistes khrouchtchéviens et « collaboreraient »
volontiers avec eux, tant que ceux-ci ne soutiennent pas les luttes
révolutionnaires des peuples du Vietnam et d’ailleurs, tant qu’ils
acceptent les conditions américaines pour la « paix ».
Comme Khrouchtchev, les révisionnistes khrouchtchéviens se tiennent
aux ordres de l’impérialisme américain.
L’apparence et la réalité
Ils pourraient protester parce que nous les
mettons dans le même panier que Khrouchtchev. N’en appellent-ils
pas à tout bout de champ à combattre l’impérialisme américain,
à soutenir Je mouvement de libération nationale et les pays
socialistes frères ?
Cela ne les différencie-t-il pas un peu de
Khrouchtchev ? Mais ils parlent d’une manière et agissent
d’une autre. Les marxistes-léninistes jugent d’après les faits
et non d’après les mots. Seuls les faits parlent aux gens, tandis
que les mots ne peuvent les duper longtemps. Voyons donc les faits.
Les révisionnistes khrouchtchéviens prétendent
qu’ils sont contre l’impérialisme américain, mais, en fait, ils
ne cessent d’affirmer à celui-ci qu’ils entendent poursuivre la
politique de « coopération soviéto-américaine ».
Ils prétendent soutenir le mouvement de
libération nationale en Asie, en Afrique et en Amérique latine,
mais, en fait, ils le minent.
Et c’est en coordination avec la manipulation
américaine appelée « réconciliation nationale »,
qu’ils continuent à disloquer le mouvement de libération
nationale au Congo (L). Ils travaillent main dans la main avec
l’impérialisme américain pour mettre sur pied une armée
permanente onuesque en vue de réprimer les révolutions des peuples
d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Ils ont présenté
tout dernièrement 5 millions de dollars à l’O.N.U. au litre de
« paiement anticipé à valoir sur le budget ».
Ils prétendent soutenir les pays socialistes
frères, mais, en fait, continuent à en trahir les intérêts. Ils
ont affirmé encore et encore que le statu quo dans la question
allemande est « relativement satisfaisant », que « rien
n’en motive le changement », reléguant ainsi dans les
dossiers la conclusion d’un traité de paix avec l’Allemagne et
la question de Berlin-Ouest, qui devraient pourtant être réglés au
plus tôt. Il n’y eut pas de riposte énergique de leur part
lorsque les militaristes ouest-allemands tinrent une session du
Bundestag à Berlin-Ouest, ce qui était une grave provocation contre
la R.D.A. et le camp socialiste.
Leur double visage apparaît de façon plus claire
avec la question du Vietnam. D’un côté, ils crient qu’ils
soutiennent le peuple vietnamien, et de l’autre, ils répriment de
façon sanglante, à Moscou et à Léningrad, les manifestations
anti-américaines organisées par des étudiants vietnamiens et
autres. Dans certains cas, ils font semblant d’exiger le départ
des troupes américaines du Sud-Vietnam, et dans d’autres, ils n’en
soufflent mot.
Ils ont quelques petits gestes pour aider le
Vietnam, mais, par ailleurs, portent cette aide à la connaissance
des Etats-Unis. D’un côté, ils se disent contre l’agression
américaine au Vietnam, et de l’autre, donnent l’accolade aux
fidèles valets et chouchous de l’impérialisme américain que sont
Tito et Shastri et en chœur chantent avec eux, claironnant au sujet
de « pourparlers de paix », afin de trouver une porte de
sortie pour l’impérialisme américain.
Une simple analyse de ces faits contradictoires
suffit pour voir au-delà des apparences, les débarrasser de leurs
fioritures, pour s’apercevoir que si les révisionnistes
khrouchtchéviens se faufilent dans les rangs de tous les peuples du
monde qui soutiennent la lutte patriotique de résistance à
l’agression américaine du peuple vietnamien, et s’ils arborent
le drapeau du « soutien au Vietnam », ce n’est que pour
capitaliser politiquement, dans le but de passer plus de marchés
avec les Etats-Unis et de trahir la cause révolutionnaire du peuple
vietnamien. Telle est la trahison que cache le soutien en apparence.
Et alors qu’ils clament à cor et à cri leur
soutien au Vietnam, les impérialistes américains affirment que les
révisionnistes khrouchtchéviens sont « désireux » de
reprendre « le dialogue au sujet de la coexistence pacifique »
avec les Etats-Unis, qu’ils « cherchent éperdument à
soustraire les relations soviéto-américaines à de nouvelles
détériorations dues à la guerre au Vietnam ». De tels propos
donnent matière à réflexion.
Cette tactique à volte-face
continuelle ne correspond-elle pas exactement à celle de l’« homme
aux deux visages » de Les fleurs dans le miroir [32] ?
L’« homme aux deux visages » adopte parfois un air
distingué et parfois se montre tel qu’il est, féroce, chacun des
visages servant à un but déterminé.
Ce que les révisionnistes khrouchtchéviens
appellent soutien et aide au Vietnam leur sert à duper. Leur vrai
but, c’est placer la question vietnamienne sur l’orbite de la
« coopération soviéto-américaine décidant du sort du
monde », c’est étouffer la lutte du peuple vietnamien contre
l’agression américaine.
Tel sera pris qui croyait prendre
Les temps ont changé, l’époque où quelques
grandes puissances pouvaient décider du sort des autres est à
jamais révolue. Les révisionnistes khrouchtchéviens vont à
contre-courant de l’histoire et leur échec est certain s’ils
estiment que l’Union soviétique et les Etats-Unis peuvent agir en
maîtres dans le monde sans se soucier des autres.
Le monde compte plus de 130 pays, et plus de 3
milliards d’habitants dont plus de 90 pour cent veulent la
révolution. Là où il y a agression, et oppression, il y a lutte
pour la liberté et la libération. La cause révolutionnaire des
peuples est un puissant courant historique que rien ne peut endiguer.
Les impérialistes américains,
de même que les révisionnistes khrouchtchéviens, ne sont après
tout qu’une poignée de gens qui démontrent leur inconscience en
s’opposant à la révolution, alors qu’ils ont à faire face à
tous les peuples, y compris le peuple soviétique. « Des
fourmis prennent des airs de grande nation dans un acacia qu’elles
enchaînent ; d’autres, sans douter de rien, veulent ébranler
un grand chêne. » [33] Pourquoi craindre que croule
le monde parce que des mouches heurtent le mur ?
Les marxistes-léninistes s’en tiennent aux
principes, poursuivent la révolution, s’opposent fermement à
l’impérialisme américain et estiment indispensable de dénoncer
et de condamner le révisionnisme khrouchtchévien. Les peuples des
pays socialistes veulent mener la révolution jusqu’au bout. Les
révisionnistes khrouchtchéviens sont dans l’incapacité de
résoudre les contradictions qui les opposent au peuple soviétique,
et plus encore d’agir en maître avec tous les pays socialistes.
Les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique
latine veulent décider de leur propre destin, poursuivre leur
révolution nationale et démocratique jusqu’au bout, et ce ne sont
pas les révisionnistes khrouchtchéviens qui les en empêcheront.
Ces peuples font avancer, dans la voie de la
victoire, la roue de la révolution contre l’impérialisme,
Etats-Unis en tête, et ses laquais. Les révisionnistes
khrouchtchéviens sont-ils à même de faire tourner cette roue en
sens inverse ?
En admettant que leurs manœuvres parviennent à
infliger provisoirement des revers à la lutte révolutionnaire d’un
peuple, elles ne joueront tout au plus qu’un rôle de professeur
par la négative. Au Congo-Léopoldville, par exemple, les
révisionnistes khrouchtchéviens s’étaient abouchés avec
l’impérialisme américain pour torpiller l’indépendance
nationale, mais le peuple congolais, qui a tiré les enseignements de
cette sanglante leçon, a pansé ses plaies, pris les armes et engagé
de nouveau une lutte victorieuse.
Cet exemple ne peut qu’aider à comprendre qu’il
est impossible de faire accéder la révolution nationale et
démocratique à des victoires plus grandes sans écarter et éliminer
le contrôle et l’influence exercés par le révisionnisme
khrouchtchévien.
Les nouveaux pays indépendants veulent
sauvegarder leur indépendance nationale, briser les complots
d’agression et de subversion de l’impérialisme américain, et ce
ne sont pas les révisionnistes khrouchtchéviens qui pourront les
étouffer.
L’Indonésie s’est retirée des Nations unies
pour sauvegarder le « sceptre de son indépendance », et
les révisionnistes khrouchtchéviens n’y peuvent rien, aussi
déplaisant que cela leur soit. Il en est de même du Cambodge qui,
pour défendre sa souveraineté et sa dignité, n’a pas hésité à
rompre les relations diplomatiques avec les Etats-Unis.
Un bon nombre de pays capitalistes résistent
également au contrôle américain, et l’hégémonie américaine
est ébranlée. Et là aussi, les révisionnistes khrouchtchéviens
sont incapables de venir en aide aux Etats-Unis.
Si les révisionnistes khrouchtchéviens rêvent
de dominer le monde avec les Etats-Unis, l’impérialisme américain
a toujours eu pour « stratégie globale » de dominer le
monde à lui seul, sans partager avec qui que ce soit.
Pourquoi irait-il faire une exception pour les
révisionnistes khrouchtchéviens et serait-il plus indulgent avec
eux, alors qu’envers ses propres alliés, il use de l’escroquerie
et pratique la loi de la jungle, qu’il n’hésite pas à expédier
dans l’autre monde ses laquais devenus inutiles ?
Les révisionnistes khrouchtchéviens ne
s’attireront que des humiliations de plus en plus nombreuses en
capitulant sans cesse devant lui. Et il se fera que la « domination
conjointe » verra ses fervents propagateurs transformés en
« sujets », car le partenaire est impitoyable.
Une fable d’Esope rapporte qu’ayant rencontré
un lion, le renard attira l’âne, son ami, dans un piège, le
sacrifiant et croyant ainsi pouvoir se sauver. Mais le lion ne le
lâcha pas. La fable rappelle que ceux qui trahissent leurs amis pour
leur nuire, finissent par nuire à eux-mêmes.
LES DEUX LIGNES SONT INCONCILIABLES
L’attitude à adopter envers l’impérialisme
américain touche au sort de l’humanité, car elle implique la
question de savoir si les deux tiers de la population mondiale vivant
encore sous le régime impérialiste et capitaliste ont à faire la
révolution, et si le tiers déjà engagé dans la voie du socialisme
doit poursuivre la révolution jusqu’au bout.
Il appartient à chacun de se prononcer et,
par-là, de se montrer révolutionnaire, non révolutionnaire ou
contre-révolutionnaire. Et c’est dans cette question capitale que
les marxistes-léninistes et les révisionnistes khrouchtchéviens
poursuivent deux lignes politiques diamétralement opposées.
Ces deux lignes doivent mener inévitablement à
deux résultats totalement différents.
Par la ligne marxiste-léniniste, les forces
révolutionnaires mondiales se développeront, leur unité se verra
continuellement renforcée, et elles finiront par vaincre
l’impérialisme américain et sauvegarder la paix dans le monde,
tandis que la ligne des révisionnistes khrouchtchéviens mènera à
l’affaiblissement des forces révolutionnaires mondiales, au
sapement de l’unité des peuples, à l’encouragement des visées
agressives de l’impérialisme américain et à la mise en danger de
la paix mondiale.
Les deux lignes sont nettement distinctes, elles
doivent aboutir à des résultats situés aux antipodes. Tous les
peuples doivent s’en tenir à la première, s’efforcer d’en
obtenir les résultats, ils doivent combattre la deuxième et en
empêcher les conséquences.
Les marxistes-léninistes et le peuple
révolutionnaire de partout ont déjà remporté de grandes victoires
dans la lutte contre le révisionnisme khrouchtchévien. Mais les
révisionnistes khrouchtchéviens ne se résignent pas à leur échec,
ils veulent aller jusqu’au bout. Ils poursuivent leur ligne
révisionniste par des moyens hypocrites et sournois, ils continuent
à s’aboucher avec l’impérialisme américain et ses laquais pour
s’opposer à tous les révolutionnaires du monde.
« Une lutte contre
l’impérialisme qui ne serait pas indissolublement liée à la
lutte contre l’opportunisme serait une phrase creuse ou un
leurre » [34], disait Lénine à juste titre.
La révolution mondiale est, en fin de compte, la
cause des masses innombrables. Aussi la conscience révolutionnaire
et la combativité des peuples ne pourront-elles être élevées que
par la dénonciation continuelle de la trahison des intérêts des
masses par les révisionnistes khrouchtchéviens et en montrant
qu’ils sont les agents de fait de l’impérialisme.
Le combat inflexible contre le révisionnisme
khrouchtchévien est une des conditions indispensables pour assurer
la victoire finale des peuples en lutte contre l’impérialisme
américain et ses laquais.
La situation mondiale devient de plus en plus
favorable aux marxistes-léninistes et au peuple révolutionnaire de
partout, et de plus en plus défavorable à l’impérialisme
américain, aux réactionnaires de tous les pays et au révisionnisme
moderne.
L’impérialisme américain se trouve en fâcheuse
posture et son horizon est bouché, tandis que, à l’exemple du
soleil levant, la cause révolutionnaire mondiale rayonne dans toute
sa splendeur.
« Que vos corps et votre
nom viennent à disparaître, le cours des fleuves n’en sera pas
arrêté » [35]. Quelque service que les révisionnistes
khrouchtchéviens rendent à l’impérialisme américain, ils ne
pourront l’arracher à la défaite et à son sort, ils connaîtront
eux-mêmes la ruine et la honte, et les générations à venir les
maudiront.
[1] V. I. Lénine : « La
Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », Œuvres,
tome 28.
[2] J. Staline : Discours prononcé
à la Ve Conférence de la Fédération des Jeunesses communistes
léninistes de l’U.R.S.S. le 29 mars 1927.
[3] « Rejetez vos illusions et
préparez-vous à la lutte », Œuvres choisies de Mao
Tsé-toung, tome IV.
[4] Khrouchtchev : Discours prononcé à
un meeting pour l’amitié soviéto-hongroise, le 19 juillet 1963 ;
Discours prononcé au IIIe Congrès du Parti ouvrier roumain le 21
juin 1960.
[5] Lettre ouverte du Comité central du
Parti communiste de l’Union soviétique aux organisations du Parti
et à tous les communistes de l’Union soviétique (14 juillet
1963).
[6] Khrouchtchev : Discours prononcé à
l’Association Autriche-U.R.S.S. le 2 juillet 1960.
[7] Khrouchtchev : Discours prononcé à
la Conférence nationale des cultivateurs du coton de l’U.R.S.S.
du 19 février 1958 ; Discours prononcé à la réception
donnée le 8 février 1960, par l’Ambassade de l’Italie en
U.R.S.S., à l’occasion de la visite du président Gronchi de la
République italienne.
[8] Entretien du président Mao Tsé-toung
avec des amis japonais, cubains, brésiliens et argentins à
Wouhan, Renmin Ribao, 15 mai 1960.
[9] Message de condoléances de Khrouchtchev
en date du 23 novembre 1963 lors de la mort de Kennedy.
[10] « A propos de la déclaration du
président Kennedy », Izvestia, 4 décembre 1961.
[11] Commentateur, Izvestia, 4 novembre
1964.
[12] « La politique extérieure et le
monde moderne », éditorial du Kommunist, N° 3,
1965.
[13] « Crime et peine », article
paru dans la Literaturnaïa Gazeta, 13 mai 1965.
[14] Mao Tsé-toung : « Entretien
avec la journaliste américaine Anna Louise Strong », Œuvres
choisies, tome IV.
[15] V.I. Lénine : « Deux années
de pouvoir soviétique », discours, Œuvres, tome 30.
[16] Célèbre roman classique de Tsao
Siué-kin, de l’époque des Tsings. La famille féodale dont il
est question se nourrit des vestiges du « bon vieux temps ».
[17] V.I. Lénine : « Pas de
mensonge ! Notre force réside dans ce que nous disons la
vérité ! », Œuvres, tome 9.
[18] J. Staline : Anarchisme ou
socialisme ?
[19] « Nouvel An », poème de
Mao Tsé-toung, janvier 1930.
[20] « Le réalisme des
révolutionnaires », Literaturnaïa Gazeta, 22 avril
l965.
[21] V.I. Lénine : « Ier Congrès
de l’enseignement extra-scolaire de Russie, Comment on trompe le
peuple avec les mots d’ordre de liberté et d’égalité », Œuvres,
tome 29.
[22] N.S. Khrouchtchev : Lettre du 5
mars 1958 à Bertrand Russell.
[23] N.S. Khrouchtchev : Discours au
banquet en l’honneur de Sihanouk, Ier décembre 1960.
[24] N.S. Khrouchtchev : Discours à
l’Assemblée générale de l’O.N.U., septembre 1960.
[25] N.S. Khrouchtchev : Discours au
Congrès mondial pour le désarmement général et la paix, 10
juillet 1962.
[26] V. Tyagunenko : « Problèmes
urgents de la voie du développement non capitaliste », L’économie
mondiale et les relations internationales (U.R.S.S.), N° 11,
1964.
[27] N.S. Khrouchtchev : Discours au
Congrès mondial pour le désarmement général et la paix, 10
juillet 1962.
[28] A. Shapiro : « La
compétition économique entre les deux systèmes − base
importante pour la lutte des classes sur le plan
international », Problèmes économiques (U.R.S.S.),
N° 11, 1965.
[29] N.N. Yakovlev : « Trente
années… » (Brochure publiée en Union soviétique à
l’occasion du 30e anniversaire de l’établissement des relations
diplomatiques avec les Etats-Unis).
[30] N.S. Khrouchtchev : Interview
accordée au correspondant américain C.L. Sulzberger le 5 septembre
1901, Pravda, 10 septembre 1961.
[31] A.A. Gromyko : Allocution au
Soviet suprême, 13 décembre 1962.
[32] Roman de Li Jou-tchen, écrivain de
l’époque des Tsings.
[33] Poème de Mao Tsé-toung, « Réponse
au camarade Kouo Mo-jo », 9 janvier 1963.
[34] V.I. Lénine : « Programme
militaire de la révolution prolétarienne », Œuvres,
tome 23.
[35] Poème du poète Tou Fou, dynastie des Tangs.
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