Auteur/autrice : IoULeeM0n

  • La mise en place du nouveau régime tchécoslovaque avec Alexander Dubček

    La mi-mars 1968 doit être considéré comme la date où il est clair que la clique d’Alexander Dubček a pris le contrôle du pays. L’appel de l’évêque František Tomášek à la liberté religieuse, dans un article du Literární listy du 21 mars 1968, témoigne bien du changement complet d’atmosphère, tout comme la démission le 22 mars du poste de président du pays d’Antonín Novotný.

    Le 28 mars, c’est le président du conseil des coopératives qui démissionne, le 4 avril c’est le ministre de la défense.

    Un article du Literární listy du 4 avril 1968, signé Václav Havel et intitulé « Au sujet de l’opposition », appelle à la constitution d’un second parti à côté du Parti Communiste de Tchécoslovaquie, garant de l’émulation et de la nature d’un « socialisme démocratique ».

    Le lendemain, le Parti Communiste de Tchécoslovaquie a son Comité Central réuni en session et dresse un programme d’action de 160 pages, intitulé « La voie au socialisme de la Tchécoslovaquie ».

    Il y est parlé de « grave crise sociale », le document souligne l’absence de classes antagoniques et accorde une importance prépondérante aux couches intellectuelles, devenues « socialistes ». Il considère qu’il n’y a pas de socialisme sans « esprit d’entreprise », qu’il faut s’adapter à la division internationale du travail, cesser le monopole d’État dans les exportations pour laisser libre cours aux entreprises. Il remet en cause l’interventionnisme étatique dans la vie quotidienne et appelle à un équilibre total entre Tchèques et Slovaques.

    Le 6 mai, le secrétaire du Comité Central dans le domaine des sciences, de la culture et des médias, Čestmír Císař, tint à Prague un long discours devant tous les membres du Comité Central, ainsi que tous les représentants du Front national, structure datant de 1945 et englobant les structures de masse, le PCT et quelques petits partis pro-PCT (František Kriegel en est le président depuis le 8 avril).

    Čestmír Císař

    Čestmír Císař salua que le PCT procède à sa séparation de l’économie, de l’État, de l’administration. Il affirma qu’il fallait en revenir au marxisme, que le bolchevisme était une particularité propre à une époque et à un pays ; il fallait mettre un terme à la main-mise de conceptions dogmatiques dans le Mouvement Communiste International :

    « Le phénomène de monopolisation de la théorie, de l’idéologie, de la stratégie et de la tactique du mouvement n’a pas encore disparu. Lorsqu’un parti fait un effort qui n’est pas en adéquation avec celui d’un autre parti, il est vite suspecté de révision du marxisme-léninisme.

    Une expression extrême de cette tendance à monopoliser une interprétation générale du marxisme est aujourd’hui visible dans le maoïsme. Avec celui-ci, on atteint l’apogée d’une vieille conception dogmatique du socialisme, de son idéologie et de sa politique. »

    Le 6 mai, le ministère de l’intérieur informe de la cessation d’activités de toutes les stations d’écoutes qu’elles géraient, ainsi que la fin du brouillage des émissions de radio des pays étrangers, sauf de Radio Free Europe (financée par le Congrès des États-Unis), affirmant que pour ce cas-là ce serait possible mais qu’il faudrait des négociations.

    Le 9 mai, Ludvík Svoboda qui est le nouveau président depuis la fin mars accorde une amnistie politique générale, concernant des dizaines de milliers de personnes.

    Le 29 mai, un vote des 2/3 du Comité Central – qui avait connu plusieurs remaniements au cours des semaines et ce jusqu’à la fin de l’été – suspend de leur appartenance au Parti Communiste de Tchécoslovaquie Antonín Novotný ainsi que toute une série de très hauts responsables de la justice et de la sécurité d’État. Cette dernière connaît une purge de 250 cadres.

    Le 25 juin, la censure est abolie et l’assemblée nationale met en place une grande loi de réhabilitation de « victimes » pour la période allant de 1948 au 31 décembre 1956, ce qui est modifié pour passer de 1948 au 31 juillet 1965. Déjà le premier mai, le président Svoboda avait remis à titre posthume le titre de héros de la République Socialiste de Tchécoslovaquie à Vladimír Clementis et Josef Frank, exécutés en 1952.

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  • La prise de contrôle du Parti Communiste de Tchécoslovaquie par Alexander Dubček

    La prise du pouvoir d’Alexander Dubček se déroula dans un moment de tension extrême, en décembre 1967 – janvier 1968. Antonín Novotný essaya en effet de parer à l’offensive slovaque.

    Le responsable du Parti Communiste de Tchécoslovaquie (PCT) auprès de l’armée, Jan Šejna, organisa en décembre des manœuvres militaires dans la région de la rivière de la Vltava, débordant jusqu’en janvier avec un corps de chars atteignant Prague. Miloslav Mamula, responsable de l’administration d’État, organisa une vague d’arrestations dans les rangs d’intellectuels.

    Le climat était délétère, avec parallèlement à Prague une répression d’un mouvement étudiant né d’une lutte contre les conditions insalubres de leur résidence, à la fin de l’année 1967.

    Cependant, le général Václav Prchlík, responsable de l’administration politique principale de l’armée, mobilisa pour contrer les opérations de Jan Šejna. Ce dernier fit ensuite défection à l’Ouest, alors que le commandant du corps de char se suicida en mars 1968.

    A la session de la fin décembre 1967, Antonín Novotný avait perdu la majorité au présidium du Comité Central ; la session de début janvier 1968 annonce qu’en raison de manquements dans la méthode et le style de travail dans le cadre de la direction et celui du centralisme démocratique, le poste de président est dissocié de celui de premier secrétaire.

    Antonín Novotný

    Antonín Novotný fut alors mis de côté comme président, Alexander Dubček devenant à l’unanimité premier secrétaire du PCT. Le présidium du Comité Central accueillit quatre nouveaux membres :

    – Emil Rigo, un fervent partisan de l’autonomie slovaque et un soutien de la réforme seulement dans ce cadre (il finira par soutenir par la suite l’URSS) ;

    – Jan Piller, un proche d’Antonín Novotný ;

    – Josef Špaček, l’un des plus proches collaborateurs d’Alexander Dubček ;

    – Josef Borůvka, un partisan d’Alexander Dubček.

    Deux mois plus tard, fin mars 1968, Antonín Novotný fut forcé à démissionner de son poste de président du pays.

    Entre-temps, le programme économique, mis en place par le ministre des finances Bohumil Sucharda (en place depuis un an) et annoncé le 10 janvier 1968, prévoyait 44,6 % du budget pour la consommation de biens, la culture et le social et 44,2 % pour les investissements industriels. De larges achats de produits technologiques à l’Ouest étaient prévus.

    Une intense campagne fut menée en Slovaquie pour annoncer la formation d’un nouveau type de régime, où la Slovaquie ne serait plus lésée. Le quotidien du PCT le Rudé právo publia le 30 janvier 1968 une lettre ouverte de 175 personnalités à Alexander Dubček exigeant le libéralisme dans les rangs du PCT.

    Une décision du présidium du Comité Central du 4 mars 1968 bouleversa la censure. Un article du 8 mars du quotidien du PCT le Rudé právo appelle à une loi pour soutenir la mise en place d’artisans et de commerçants d’un secteur privé.

    Le 11 mars 1968, l’idéologie du Parti Communiste Slovaque, Michal Pecho, appela au désarmement des services secrets et appela les émigrés à revenir. Le lendemain, le dirigeant des syndicats Miroslav Pastyrik démissionna avec toute son équipe.

    Alexander Dubček

    Les 13 et 14 mars sont célébrés en même temps Tomáš Masaryk et Klement Gottwald, c’est-à-dire les deux grands représentants respectivement de la Tchécoslovaquie bourgeoise et de la Tchécoslovaquie communiste. Le second jour, le présidium du Comité Central du PCT salue le succès de conférences à tous les niveaux dans ses rangs, permettant un grand renouvellement.

    Le 15 mars, les cadres du PCT responsables de la censure appelle à son abolition. Le même jour, l’organe de jeunesse, le Mladi Svet, appelle à la réhabilitation de Rudolf Slánský, principale figure contre-révolutionnaire tombée lors de la purge de 1952. Le même jour, le ministre de l’intérieur Josef Kudrna et le procureur Jan Bartuska sont démis de leurs fonctions.

    Le 16 mars 1968, à l’occasion d’une conférence à Brno, Alexander Dubček exprime sa satisfaction devant les grands changements dans toute la vie du PCT et souligne l’importance de la séparation de la vie du PCT et de celle de l’État.

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  • La révolte nationaliste petite-bourgeoise slovaque

    Alexander Dubček était le fer de lance d’une offensive de la petite-bourgeoisie intellectuelle slovaque ayant littéralement pris le contrôle du Parti dans cette partie du pays.

    La Slovaquie avait connu un parcours tourmenté durant la seconde guerre mondiale. Une large partie fut amputée par la Hongrie, mais elle devint en même temps un satellite de l’axe sous l’égide du prêtre catholique Jozef Tiso.

    Adolf Hitler et Jozef Tiso

    En fin de compte, la Résistance se forma avec un front démocratique mis en place par les communistes, ce qui amena le grand soulèvement national d’août 1944.

    Affiche du régime slovaque collaborateur contre le grand soulèvement national slovaque.
    « Tels sont les actes [anti-paysans et anti-religieux] du tchéco-bolchevisme ! » « Aux armes ! »

    Le programme du 5 avril 1945 dit de Košice, du nom de la ville de l’est de la Slovaquie où s’était établi le gouvernement provisoire de Front National de la nouvelle république tchécoslovaque, mettait sur un pied d’égalité les deux nations tchèque et slovaque.

    L’accent était particulièrement mis sur leur caractère slave ; il était parlé de « la grande puissance slave victorieuse à l’Ouest », d’une « ligne slave » à appliquer dans sa politique extérieure. Un étroit rapprochement devait être mené avec la Pologne et l’URSS, mais également la Bulgarie et la Yougoslavie.

    Le triomphe du révisionnisme marqua la perte pour la Slovaquie de ses prérogatives, ce qui fut institutionnalisé lors de l’établissement en 1960 de la « République socialiste tchécoslovaque », censé marquer la fin de la période de la démocratie populaire.

    Les Slovaques ne s’en accommodèrent pas et l’avancée dans le positionnement libéral fit qu’une ouverture se fit, la pression slovaque servant de fait l’avancée du libéralisme en général.

    Bratislava devint ainsi fin février 1968 la capitale administrative au même titre que Prague. Le conseil national slovaque demanda alors un retour ouvert au fédéralisme, au moyen d’un vaste programme. Une République socialiste slovaque devait être le pendant d’une République socialiste tchèque.

    Tout cela était chapeauté par Alexander Dubček, qui était depuis 1963 le premier secrétaire du Parti Communiste de Slovaquie. A ce titre, il avait notamment réhabilité Gustáv Husák, condamné à vie pour nationalisme bourgeois slovaque en 1950, ainsi que les autres condamnés du même procès : Laco Novomeský, Ladislav Holdoš et Daniel Okáli. Vladimír Clementis, condamné à mort, fut réhabilité.

    Alexander Dubček

    Dès 1963 parurent ainsi, en slovaque, les Reportages tardifs du slovaque Ladislav Mňačko, l’auteur le plus lu du pays, un ouvrage résolument anti-Staline qui fut largement diffusé, mais qui ne fut pas autorisé à paraître en tchèque dans l’autre partie du pays. Il eut un grand succès en Allemagne sous le nom trompeur de « Reportages interdits ». Ladislav Mňačko finit par partir en Israël en 1967, pour revenir au moment du Printemps de Prague.

    Le moment déclencheur de l’offensive slovaque fut la session du Comité Central de septembre 1967, où il fut affirmé que l’économie tchécoslovaque était en passe de s’effondrer. La direction du PCT, avec Antonín Novotný, repoussa la question et décida la répression d’intellectuels. En octobre les Slovaques furent dénoncés lors d’une nouvelle session du Comité Central pour ne pas avoir appliqué la répression chez eux.

    Antonín Novotný accusa ouvertement Alexander Dubček de représenter le nationalisme petit-bourgeois slovaque. Il demanda à Léonid Brejnev, le dirigeant de l’URSS, de venir, ce qu’il fit du 8 au 10 décembre 1967, sans pour autant décider de soutenir en fin de compte Antonín Novotný. La partie était jouée.

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  • La convergence avec le socialisme de marché du 4e congrès des écrivains de Tchécoslovaquie en 1967

    Le Parti Communiste de Tchécoslovaquie (PCT) n’apprécia guère le quatrième congrès de l’association des écrivains de juin 1967, notant qu’il n’y avait aucune référence qui y fut faite à l’URSS, et cela alors qu’était fêté le 50e anniversaire de la révolution russe. C’est l’idéologue en chef du PCT, Jiří Hendrych, qui se chargea de la critique, notamment en présence d’une grande délégation du PCT lors du cinquième congrès des journalistes, les 19 et 20 octobre 1967 à Prague. Il avait été lui-même présent au congrès des écrivains quelques mois plus tôt, mais pratiquement seul.

    Entre-temps avaient été exclus du PCT les écrivains Ludvik Vaculik et Antonin Liehm, alors que Jan Prochazka avait perdu sa place de candidat au Comité Central, que la direction de l’association des écrivains avait été désavouée, que la direction du Literární noviny avait été expulsée.

    Cependant, cela n’était là qu’une défense spontanée d’une bureaucratie qui, inversement, s’appuyait sur une libéralisation massive de l’économie depuis 1953. La Tchécoslovaquie comptait même l’un des principaux théoriciens de cette conception : Ota Šik, un équivalent direct du Polonais Oskar Lange et de l’Ukrainien Evseï Liberman. Le but est ouvertement une sorte de « socialisme de marché » où l’État ne fait qu’encadrer la loi de l’offre et de la demande.

    Ota Šik

    L’année 1965 fut à ce titre un grand tournant avec une « responsabilisation » des entreprises – en réalité leur autonomie -, un renforcement très grand des intérêts matériels, faisant de la Tchécoslovaquie la pointe de cette tendance dans toute l’Europe de l’Est la Yougoslavie mise à part.

    Ota Šik enfonça le clou dans une interview au journal du syndicat de Prague Prace, le 5 mars 1968. Il prôna une rationalisation encore plus radicale de l’économie par une remise en cause fondamentale des institutions supervisant l’économie et l’autonomie des entreprises. Dans le Rudé právo, l’organe du Parti Communiste de Tchécoslovaquie, il fut très clair :

    « Le monopole des entreprises doit être remplacé par une concurrence intérieure ou au moyen du commerce extérieur. »

    Cette position s’associe avec le fait de vouloir mettre en place des conseils d’entreprise, d’aller dans le sens de l’autogestion. Son modèle est très clairement la Yougoslavie titiste.

    Et au moment où il lance cette bataille, il est membre du Comité Central (depuis 1962), dirigeant de la commission du Parti et de l’État sur la réforme économique (depuis 1964) et au moment il donne cette interview, une variante de son « nouveau modèle économique » est déjà en place.

    Cela signifie que la révolte qui s’est affirmée lors du quatrième congrès des écrivains est strictement parallèle à l’instauration en Tchécoslovaquie, depuis 1953, d’une économie étatisée, bureaucratique, où le marché s’élance. Il y a ici une convergence et tant les activistes pro-libéraux du quatrième congrès des écrivains qu’Ota Šik vont devenir des figures majeures du Printemps de Prague.

    Cette démarche ne plut pas à l’URSS, qui tira à boulets rouges sur Ota Šik, qualifié de révisionniste faisant l’apologie de la supériorité du marché capitaliste sur le socialisme dans le domaine de la production.

    Cependant, l’URSS soutenait elle-même la démarche de libéralisation de l’économie. Aussi accepta-t-elle à contrecoeur le coup de force de début janvier 1968 du slovaque Alexander Dubček, partisan d’Ota Šik, pour arracher le contrôle du Parti Communiste Tchécoslovaque à Antonín Novotný.

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  • Le 4e congrès des écrivains comme base du Printemps de Prague

    Le second congrès de l’association des écrivains en avril 1956 avait déjà été marquée par une grande offensive de l’idéologie libérale. Cependant, le quatrième congrès de l’association des écrivains, du 27 au 29 juin 1967 à Prague, fut lui une véritable prise d’assaut.

    Cela suivait un événement datant du 17 mai. Au parlement, au nom de vingt députés, Jaroslav Pružinec dénonça deux films, Les Petites Marguerites de Věra Chytilová et La Fête et les Invités de Jan Němec, deux films accusés de n’avoir « rien à voir avec notre république, le socialisme et les idéaux du communisme ». Il demanda pourquoi on avait des garde-frontières si le ministre des finances et celui de l’intérieur permettaient le financement de tels films, et le ministre de l’agriculture la destruction de fruits du travail (un moment-clef du premier film consistent en deux filles dansant sur une table, écrasant les plats).

    Les Petites Marguerites de Věra Chytilová

    Les deux réalisateurs répondirent par une lettre ouverte, que la presse ne publia pas, disant qu’il était sans précédent même à l’époque de la république bourgeoise ou de la « pire des déformations staliniennes de la vie publique » qu’une œuvre soit mise en rapport avec le ministère de la défense.

    Un grande campagne fut alors montée pour le quatrième congrès de l’association des écrivains. Dès le premier jour, l’écrivain Milan Kundera tint un long discours, très dense, reprenant de manière voilée les thèses de Tomáš Masaryk. La Tchécoslovaquie aurait un rôle historique tout à fait à part, elle porterait une lecture démocratique unique au monde, qu’il faudrait assumer comme style libéral.

    La culture littéraire tchèque aurait connu une apogée dans la république bourgeoise, entre la répression nationale autrichienne et la déformation stalinienne inversant l’humanisme communiste. Il faudrait revenir à cet esprit et par conséquent combattre le vandalisme nouveau qui existe par l’intermédiaire des décisions d’interdiction de l’administration.

    L’écrivain Pavel Kohout lut le message d’Alexandre Soljenitsyne au congrès des écrivains soviétiques s’étant tenu un mois auparavant, en mai 1967. Eduard Goldstücker dénonça les responsables de la politique culturelle du pays ; Antonin Liehm demanda la libre publication des points de vue occidentaux dans la presse, rejetant tant la « dictature du marché » que la « dictature du pouvoir ».

    Antonin Liehm faisait également partie d’une équipe ayant pris les commandes du journal littéraire, le Literární noviny, qui diffusait à plus de cent mille exemplaires une « politique culturelle » d’esprit résolument libérale, valorisant des auteurs comme Jean-Paul Sartre, Samuel Beckett, etc. L’équivalent slovaque, Kultúrny život, La vie culturelle, suivait la même approche.

    Karel Kosik dénonça le réalisme, Vaclav Havel proposa un programme en sept points. Jan Prochazka appela à la grande mobilisation des écrivains pour le libéralisme dans l’expression des idées, « jusqu’au dernier écrivain, jusqu’au dernier puissant, et jusqu’au dernier lecteur de ce monde ».

    Vaclav Havel en 1967

    Ludvik Vaculik mena l’attaque la plus brutale, affirmant que le congrès se tenait non pas car les membres de l’association des écrivains l’avaient voulu, mais sur ordre du « maître » ; il appela à modifier entièrement le texte de résolution finale dans un esprit de refus de toute soumission.

    Il exprima sa longue position typiquement dans l’esprit de Tomáš Masaryk, faisant de la Tchécoslovaquie une sorte d’intermédiaire entre l’Ouest et l’Est (Prague est moins à l’Est que ne l’est la capitale autrichienne Vienne), avec un pessimisme très Europe centrale :

    « Je ne vois pas de porte de sortie à cette situation. Du socialisme, il ne reste que le rêve de l’humanisme et de la justice. »

    De manière marquée, les orateurs précisent bien qu’ils critiquent l’organisation du régime en raison de la censure, de la bureaucratie, mais pas le socialisme. On retrouve ainsi tous les éléments idéologiques du Printemps de Prague, avec sa prétention à un « socialisme à visage humain ».

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  • La situation tchécoslovaque de 1918 à 1968

    La Tchécoslovaquie fut, de tous les pays de l’Est, le modèle des démocraties populaires. La prise du pouvoir de février 1948 se fit sans même la présence de troupes soviétiques dans le pays ; le Parti Communiste de Tchécoslovaquie disposait d’une immense base et avait toujours été celui numériquement le plus nombreux des Partis Communistes par rapport au nombre d’habitants de chaque pays.

    Prague en 1948, l’instauration de la démocratie populaire

    Le pays disposait également d’une histoire glorieuse avec la révolte hussite et les guerres taborites. L’identité nationale s’est associée avec une exigence démocratique-pacifique, à rebours du militaro-catholicisme autrichien.

    Les problèmes étaient cependant importants. Sous domination austro-hongroise, le pays qui était la zone industrielle de la partie autrichienne de l’empire avait connu la période appelée temno, l’idée étant celle de ténèbres, avec l’écrasement de toute vie culturelle et intellectuelle. La renaissance nationale a triomphé, mais a amené la formation d’une véritable bourgeoisie, puissante et moderne : un capitaliste comme Tomáš Bata avait même créé un bureau-ascensceur dans le bâtiment principal de 17 étages de son entreprise, pour être plus effectif.

    Cela faisait du pays après 1918 un bastion capitaliste d’esprit libéral, avec à sa tête une figure de haut niveau, Tomáš Masaryk (1850-1937). La Tchécoslovaquie se voyait accorder une « mission » mondiale, celle d’assumer la démarche libérale-pacifique devant servir d’exemple au monde.

    Tomáš Masaryk (1850-1937)

    Toute une immense littérature vint exprimer cette vision du monde correspondant à un positivisme à la Auguste Comte dans un esprit démocratique – évolutionniste avec un certain existentialisme pessimiste, le principal représentant en littérature étant Karel Čapek. Sont peu ou prou liés à ce courant « tchèque » le philosophe juif de Moravie Edmund Husserl (1859-1938), inventeur de la « phénoménologie » et influencé initialement par Tomáš Masaryk, ainsi que dans un certain sens le Praguois Karl Kautsky (1854-1938), qui devint le chef de file de la social-démocratie internationale après la mort de Friedrich Engels.

    Edmund Husserl (1859-1938)

    Il y avait de plus une importante question nationale. Le pays était divisé en deux zones : la partie tchèque et la partie slovaque, les deux s’unissent en raison de leurs langues extrêmement proches et de leur existence comme petites nations perdues dans une Europe centrale marquée par les hégémonismes aux dépens des petits peuples slaves.

    La Bohème, la Moravie et la Silésie, la Slovaquie et l’Ukraine carpathique tout à l’Est

    La partie tchèque était toutefois elle-même relativement divisée culturellement entre la Bohême, avec sa capitale Prague, et la Moravie, avec sa capitale Brno, la « Manchester » du pays.

    A cela s’ajoute une énorme minorité allemande. Sur les 10 millions de citoyens de la partie tchèque, composée de la Bohême, de la Moravie et de la petite Silésie, environ 7 millions sont tchèques, 3 millions allemands avant 1945.

    En rose la population germanophone relevant historiquement de l’Autriche,
    en bleue la partie tchèque

    La Slovaquie était quant à elle paysanne et arriérée, pétrie de catholicisme ; la moitié de ses habitants avait rejoint les États-Unis au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

    Elle avait elle connue la domination hongroise pendant mille ans, avec une magyarisation brutale dans les derniers siècles, faisant du hongrois la seule langue reconnue jusqu’à l’effondrement de l’Autriche-Hongrie en 1918. 30 % des citoyens de la partie slovaque étaient hongrois avant 1945.

    Le rôle des Allemands et des Hongrois dans le démantèlement de la Tchécoslovaquie posa un problème qui fut résolu de manière unanime par la république rétablie en 1945. Les décrets du président Edvard Beneš mirent en place l’expropriation et l’expulsion de 2,6 millions Allemands et de 400 000 Hongrois, les seules exceptions acceptées étant les personnes pouvant témoigner d’une activité antifasciste.

    Les zones relevant des Sudètes, d’où la population allemande fut expulsée

    La Tchécoslovaquie était donc en 1948 un pays neuf, instaurant pour la première fois une réalité démocratique et formant un régime national équilibré avec une maîtrise des forces centrifuges, mais avec un arrière-plan difficile.

    La mort, sans doute par empoisonnement, du dirigeant communiste Klement Gottwald en 1953 à la suite de la mort de Staline et l’avènement au pouvoir d’une clique soutenant Nikita Khrouchtchev en URSS allait bouleverser cette situation et laisser libre-cours à toutes les forces centrifuges. C’est la nature du Printemps de Prague, gigantesque confluence de tous les déséquilibres du pays.

    Délégation de Tchécoslovaquie au festival étudiant international en 1949 à Budapest,
    avec les portraits de Klement Gottwald et de Staline

    La Slovaquie arriérée économiquement et culturellement avait des problèmes avec le socialisme, tout comme avec la prépondérance des Tchèques. Les Slovaques ne disposant en effet de pratiquement aucun cadre éduqué après être sorti de la soumissions à la Hongrie en 1918, les Tchèques avaient occupé pratiquement tous les postes administratifs. L’émergence d’une couche intellectuelle slovaque après 1950 allait bouleverser la donne et provoquer l’affirmation brutale d’un nationalisme petit-bourgeois slovaque.

    Les éléments arriérés ou réactionnaires de la partie tchèque considéraient le soutien au développement de la partie slovaque comme un poids. La partie morave cherchait à faire contre-poids à la Bohême et surtout à Prague. Les éléments bourgeois, très puissants culturellement, cherchaient à relever la tête, alors que le Parti Communiste largement dépolitisé par le triomphe du révisionnisme en 1953 mettait en place ce qu’on doit appeler un « socialisme de marché ».

    Le peuple en avait assez de la main-mise de la bureaucratie dans le pays, ainsi que de l’hégémonisme marqué de l’URSS. L’Allemagne et l’Autriche poussaient massivement à la déstabilisation également.

    En 1968, la situation était littéralement explosive.

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  • La nature du Printemps de Prague

    À partir de 1952 et du XIXe congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique, il y a de profondes modifications dans l’organisation sociale de l’URSS, avec une approche tournée vers l’économisme, ce qui contribuera au renversement radical que reflétera le XXe congrès en 1956.

    L’impact dans les démocraties populaires de l’Europe de l’Est fut aussi important. Les fractions droitières éliminées au début des années 1950 furent réhabilitées, le libéralisme économique s’imposa, la bureaucratisation administrative se généralisa. Dans la plupart des pays, une bureaucratie soumise à l’URSS accompagnait une gestion économique où les entreprises étaient toujours plus autonomes, le « plan » toujours plus indicatif.

    Carte de l’Europe de la période suivant 1945, avec une lecture bourgeoise des blocs

    Il est cependant quatre pays où ce processus ne pouvait se dérouler aussi simplement. En Yougoslavie, il n’eut pas lieu, car il avait déjà eu lieu dès le début des années 1950, amenant la dénonciation de ce pays par l’URSS de Staline et les démocraties populaires.

    En Albanie, il n’eut pas lieu non plus, car le pays avait manqué de se faire phagocyter par la Yougoslavie. Comme la nouvelle ligne aboutissait à la normalisation des rapports du bloc de l’Est avec la Yougoslavie, l’Albanie rua dans les brancards, car elle craignait une nouvelle offensive yougoslave à ses dépens.

    En Roumanie, le processus n’eut pas lieu non plus, pour des mêmes raisons nationalistes, non pas défensives comme en Albanie, mais offensives. Ici, les forces nationalistes avaient tellement le dessus, au point que l’idéologie officielle était pétrie dans un ultra-nationalisme « socialisant ».

    Cependant, cela ne dérangeait pas l’URSS : la Yougoslavie était de toute façons à l’écart, l’Albanie ne comptait guère, la Roumanie pouvait faire ce qu’elle voulait du moment qu’elle restait dans le giron du bloc de l’Est.

    La Tchécoslovaquie posait un problème tout autre. C’était le seul pays, avec l’Allemagne de l’Est, à avoir été capitaliste avant 1945. Mais contrairement à en Allemagne, la bourgeoisie s’était élancée d’une manière résolument moderne et libérale. Son idéologie était tout à fait développée, de haut niveau, rompue à toutes épreuves.

    Mise en scène initiale de la pièce R. U. R. 
    (pour Rossum’s Universal Robots) de Karel Čapek, 
    introduisant en 1920 le terme de robots

    Aussi, le libéralisme économique d’après 1956 s’accompagne inévitablement d’un renouveau des valeurs libérales politiques. Cela était d’autant plus vrai que l’émergence d’une couche intellectuelle slovaque – qui n’existait pas dans un pays totalement arriéré avant 1918 – avait donné naissance à un nationalisme slovaque virulent.

    La Tchécoslovaquie, le plus développé des pays de l’Est européen, n’hésita donc pas à suivre son propre chemin, systématisant les décrochages libéraux. Tant que cela était économique, cela ne dérangeait pas le bloc de l’Est. Mais comme il y avait une dimension politique en découlant, l’URSS s’inquiétait de l’émergence d’une nouvelle Yougoslavie « autonome », alors que la RDA et la Pologne appréhendaient de manière violente une ouverture de la Tchécoslovaquie envers l’Allemagne de l’Ouest.

    La Roumanie et la Yougoslavie, quant à elles, appuyaient le processus de toutes leurs forces, ce qui fut même vrai en partie de la Hongrie et de la Bulgarie, ces deux pays cédant finalement au rappel à l’ordre soviétique.

    Ainsi, au milieu de l’année 1968, on est dans un contexte où l’on risque non seulement un effondrement du bloc de l’Est, mais même un affrontement armé généralisé, avec d’un côté l’URSS, la Pologne et la RDA, de l’autre la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Yougoslavie, voire même l’Albanie, la Hongrie, la Bulgarie.

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  • Otto Neurath et le cercle de Vienne

    Otto Neurath voyait l’ISOTYPE comme contribution à l’unification de l’humanité, par l’intermédiaire d’un langage universel ; que sa ligne de réduction de l’information à une image ait pu si plaire à des gens liés historiquement au futurisme en dit long sur la nature subjectiviste de la quête d’un tel langage.

    Il est essentiel ici de noter qu’Otto Neurath relevait de la tradition de la social-démocratie autrichienne consistant à séparer le marxisme en politique des questions philosophiques. C’était une voie commune avec Karl Kautsky, mais inversement totalement opposée à celle de Lénine.

    Otto Neurath aida ainsi en 1928 à fonder le Verein Ernst Mach, l’association Ernst Mach, prenant ce philosophe comme référence, que Lénine avait dénoncé en mai 1909 dans le cadre des polémiques au sein de la social-démocratie russe.

    Cette association posait la base de ce qui sera connu historiquement comme le cercle de Vienne, un nom choisi par Otto Neurath.

    Le cercle de Vienne, qui se rendit public par le manifeste Wissenschaftliche Weltauffassung (Vision scientifique du monde), existait en pratique déjà depuis 1923 ; les figures les plus importantes en furent l’allemand Rudolf Carnap, Kurt Gödel, Richard von Mises, Moritz Schlick, Hans Hahn, le Finlandais Eino Kaila et le Norvégien Arne Næss (qui fondera le principe de « l’écologie profonde »), Felix Kaufmann, Edgar Zilsel, et Viktor Kraft.

    Deux personnalités incontournables proches du cercle furent Ludwig Wittgenstein et Karl Popper. Tous ces auteurs, fuyant l’Allemagne nazie, joueront un capital dans l’émergence de la philosophie anglo-saxonne après 1945, sur la base de « l’empirisme logique », puis de la « philosophie analytique ».

    Pour résumer l’approche du cercle de Vienne, il faut saisir son approche résolument anti-idéologique. Le cercle de Vienne, au-delà des différences notables de conceptions ou points de vue, affirme que tout doit se fonder sur l’expérience, et affirme que celle-ci doit être étudiée de manière analytique.

    On comprend ici aisément qu’il s’agit, ni plus ni moins, que de l’équivalent strict du positivisme d’Auguste Comte, en Autriche, avec plusieurs décennies de retard. Il s’agit pareillement de réfuter tant la métaphysique et la théologie d’un côté, que le dogmatisme (c’est-à-dire le marxisme) de l’autre.

    Le spectre idéologique – culturel des membres du cercle était ainsi particulièrement large, depuis une position conservatrice jusqu’à une expression favorable au communisme, comme avec Otto Neurath qui représentait l’aile gauche et qui lutta pour que soit publié une International Encyclopedia of Unified Science, une Encyclopédie de la science unifiée.

    Incapable de saisir le matérialisme dialectique, Otto Neurath réactivait l’affirmation de la forme encyclopédique promue par la révolution française, comme lecture matérialiste du monde suffisante en soi. L’accumulation remplaçait l’esprit de synthèse.

    Deux volumes seulement sortirent à partir de 1938, au lieu des 36 prévus (dont 10 d’images).

    Pour Otto Neurath, comme pour le cercle de Vienne par ailleurs, « notre pensée est un outil », et ainsi « les théories scientifiques sont des événements sociologiques ».

    Par conséquent, l’assemblage de toutes les connaissances ne peut que faire progresser l’humanité : c’est une démarche encyclopédiste qui a une prétention totale, mais est en fait extrêmement formelle, se présentant comme une accumulation pratiquement sans fin de ce qui permet le progrès. C’est la croyance en une pensée progressiste s’appuyant sur un matérialisme constatant la matière de manière séparée.

    Otto Neurath

    Une image connue dans le milieu des partisans de la « logique » et de l’empirisme est celle du navire, employée par Otto Neurath dans l’ouvrage Problèmes de l’économie de guerre :

    « Nous sommes comme des marins qui en mer doivent reconstruire leur navire mais ne sont jamais en mesure de recommencer depuis le début.

    Lorsqu’une poutre est enlevée, une nouvelle doit immédiatement la remplacer et pour cela le reste du navire est utilisé comme soutien.

    De cette façon, en utilisant les vieilles poutres et le bois qui flotte, le navire peut-il être entièrement reformé, mais seulement par une reconstruction progressive. »

    Ainsi, pour Otto Neurath un bon enseignant était celui qui savait le mieux « omettre » des choses, et il valait mieux « se rappeler d’images simplifiées que d’oublier des représentations justes ».

    Son mot d’ordre réductionniste, reflet de sa philosophie cherchant à saisir une conception à partir de l’expérience, sans vue d’ensemble, est tout à fait clair dans sa nature :

    « Les mots séparent, les images rapprochent. »

    C’était là une intention louable, mais finalement une simple réédition du maître de la pédagogie, le Tchèque Comenius actif au 17e siècle, oubliant la question de la participation des masses au-delà de la simple compréhension formelle, niant la question de la transformation de la matière, de la primauté de la philosophie matérialiste dialectique comme poste de commandement.

    C’est pour cette raison que, malgré la dimension progressiste d’Otto Neurath, l’URSS ne pouvait nullement se cantonner dans un réductionnisme de l’information, alors que l’ensemble des masses devait être protagoniste dans l’État soviétique.

    Le matérialisme dialectique n’est pas un positivisme ; la vision du monde ne se résume pas à un encyclopédisme ou une accumulation de méthodes.

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  • L’Isotype et la contribution de Gerd Arntz

    Otto Neurath appela le système d’images qu’il avait mis en place ISOTYPE, acronyme d’International System of Typographic Picture Education (Système International d’Education par l’Image Typographique).

    Il fut particulièrement aidé par sa femme Marie Neurath, qui jouait un rôle clef comme interface entre les statistiques fournies et les équipes de dessinateurs. Parmi ces derniers, celui qui joua le rôle de moteur fut Gerd Arntz, né en 1900 et mort en 1988, qui réalisa 4 000 pictogrammes.

    Ce graphiste allemand, ayant produit toute une série de pictogrammes et d’images politiques cherchant à synthétiser une information de la manière la plus représentative possible, permit à Otto Neurath de mettre en oeuvre sa logique de systématisation.

    La démarche de Gerd Arntz s’appuie sur deux ressorts : sa participation à la scène artistique « avant-gardiste » de Cologne, ainsi que son travail dans le cadre de la social-démocratie viennoise sous l’égide d’Otto Neurath, qui est le théoricien de ces pictogrammes.

    Gerd Arntz, Rue, 1924

    Issu d’une famille d’industriels, Gerd Arntz rompit rapidement avec son milieu bourgeois et suivit une formation artistique, l’amenant à participer à la scène des artistes engagés, issus du mouvement Dada, proche de l’expressionnisme, rêvant d’une « culture prolétarienne », membre du Groupe des artistes progressistes de Cologne dont étaient membres le célèbre photographe August Sander, ainsi que les peintres Franz Wilhelm Seiwert et Heinrich Hoerle.

    La logique de ces artistes, qui publiaient la revue « A bis Z » (De A à Z) et fréquentaient le café servant de rendez-vous des artistes la « petite cloche », allaient dans le sens de ce qui deviendra la « Nouvelle Objectivité », tout en cherchant à s’en distinguer au moyen d’une sorte de réalisme s’appuyant sur une géométrie symbolique devant être capable de former un argument en soi.

    Voici deux tableaux de Heinrich Hoerle datant de 1922/1923 et 1931, tous deux intitulés Ouvrier.

    Gerd Arntz vivait dans une certaine précarité, tout en réalisant des gravures sur bois, contribuant également au syndicat gauchiste, du courant dit communiste des conseils, la Allgemeine Arbeiter Union.

    Il participa en 1926 à des expositions collectives à Cologne, Düsseldorf, ainsi qu’à Moscou, avant de rejoindre la social-démocratie autrichienne, travaillant à Vienne de 1927 à 1934.

    C’est dans ce cadre qu’il mit en place toute une série de pictogrammes, en partenariat avec le psychologue Otto Neurath. Cela devint la « méthode viennoise de statistique picturale » ; en 1930 parut ainsi Société et économie, un catalogue de statistiques visuelles, c’est-à-dire de statistiques à la lecture rendue parlante au moyen de pictogrammes.

    Gerd Arntz fut également très connu pour ses représentations de la situation politique en Allemagne, dénonçant le national-socialisme et les mœurs décadentes de la bourgeoisie.

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  • Otto Neurath et le musée de la société et de l’économie

    Le moment-clef qui fit qu’Otto Neurath fut réellement en mesure d’avancer et d’intéresser l’Union Soviétique alors en construction fut l’ouverture par celui-ci à Vienne d’un musée de la société et de l’économie, où il monta des équipes formant des pictogrammes, expliquant son point de vue de la manière suivante.

    Recul de la mortalité infantile à Vienne

    « Le présent exige de nous tous une saisie compréhensible des rapports sociaux. On ne peut plus se limiter aujourd’hui d’une éducation générale au moyen de la lecture, du comptage, de l’écriture et de quelques connaissances sur le terrain des sciences naturelles, de la littérature et de l’histoire.

    Il s’agit également d’expliciter les événements sociaux et de rendre saisissable leur devenir.

    Évidemment, la pédagogie de ce terrain n’en est encore qu’à ses prémisses. Nous possédons par contre toute une série de musées, films, livres idéaux, par lesquels est transmise l’éducation des sciences naturelles.

    Cela a comme effet entre autres que la population éduquée fournit un grand nombre d’ingénieurs, de médecins, de métallos, d’imprimeurs et d’électro-techniciens bien préparés dans l’armée de la production.

    Le développement rasant inhabituel de la radio s’explique en partie par cela que dans les cercles les plus larges, il y a un sens pour la technique. Le 19e siècle a été appelé avec justesse un siècle de sciences naturelles, un siècle de technique.

    Beaucoup pensent qu’émerge désormais le siècle du contrôle social, une époque où la formation du coeur et du sens de la vie sociale sera saisi de la manière la plus profonde.

    Forces armées dans l’antiquité et au moyen-âge (à gauche)
    et aujourd’hui (à droite)

    Les bouleversements historiques de ces dernières années, la démocratisation de l’administration publique, l’élargissement des droits des ouvriers et employés dans les entreprises a conduit à ce que toujours davantage de gens réclament des explications sur les événements sociaux et économiques.

    Il n’est pas facile de satisfaire ce souhait. Les résultats certains de la recherche sur ces terrains ne sont pas encore si étendus, et les liaisons à représenter sont encore formidablement emmêlés. En ce qui concerne les méthodes de la présentation, nous en sommes encore au début.

    L’homme moderne est très gâté par le cinéma et les illustrations. Une grande partie de sa formation, il l’obtient de la manière la plus agréable, en partie durant ses pauses pour se reposer, par des impressions optiques.

    Si l’on veut veut répandre de manière générale l’éducation des sciences sociales, alors on doit se servir d’un moyen similaire de présentation.

    Automobiles sur terre
    (à gauche aux Etats-Unis, à droite dans le reste du monde)

    L’affiche publicitaire moderne nous montre la voie !

    Les événements des sciences naturelles se laissent dans une certaine mesure montrer de manière immédiate ! On peut capter le monde des étoiles à l’aide d’un système d’appareils photographiques, comme c’est arrivé à Iéna, et désormais montrer en une heure au visiteur le mouvement annuel des planètes en accéléré.

    On peut construire des modèles du cœur humain et démontrer en détail le processus de pompage.

    Mais comment montrer les processus au sein d’un corps social, les changements dans la stratification des classes, la circulation de l’argent et des marchandises, l’activité des banques, etc., les rapports entre revenu et tuberculose, entre natalité et mortalité?

    Ici aussi des modèles sont possibles, des représentations graphiques.

    Ils exigent cependant beaucoup plus de distance par rapport à la réalité, c’est-à-dire qu’ils imposent de plus grandes exigences à celui qui les conçoit et à l’observateur.

    Former un bureau central pour l’instruction des sciences sociales et de l’économie en utilisant principalement les moyens optiques, les graphiques et les modèles est plus difficile que de créer un centre de formation technique ou médical, parce que dans ces dernières les erreurs peuvent moins s’y diffuser.

    Peut-être que le moment viendra où certaines conventions pour la présentation de la recherche en sciences sociales et en sciences économiques auront été mises en place, de sorte que l’on pourra « lire » des graphiques statistiques en général, tout comme on peut lire des livres avec notes de musique aujourd’hui.

    Mais jusqu’à ce que cela soit réalisé, il faut appliquer des méthodes immédiatement compréhensibles sans une telle convention.

    Cette tâche incombe aux musées sociaux qui émergent à l’époque actuelle de l’histoire. Ils ne sont pas destinés à montrer des bizarreries ou à rassembler des souvenirs.

    Ce qui compte, ce n’est pas d’unir des objets avec des accents sentimentaux, mais de rassembler les représentations instructives, les modèles, et de les présenter de telle manière qu’ils soient un ensemble systématique, un vrai parcours d’enseignement pour quiconque, sans préparation, entend se confronter aux questions sociales ou économiques.

    Entrent avant tout en considération les représentations graphiques, les graphiques, les modèles, les films, les photographies, ainsi que les illustrations, les conférences, les publications et tous les autres moyens appropriés.

    La nécessité de tels musées peut difficilement être niée aujourd’hui, ils sont une exigence de l’époque.

    Chômeurs en Grande-Bretagne, en France
    et dans l’empire allemand

    Les musées du passé étaient en premier lieu des cabinets de curiosité et de rareté, des collections de passionnés, de trésors ; la valeur et la rareté des pièces individuelles ont joué un rôle essentiel. Les princes, les riches, les municipalités et les monastères ont par la suite rendu ces collections non-systématiques accessibles en général aux visiteurs.

    Il est compréhensible que les musées qui ont émergé de telles collections aient quelque chose de mort.

    Le visiteur le sent comme relevant du « passé » ; timidement, il pousse des centaines de lances, d’épées, de casques, de drapeaux en lambeaux, de bustes, d’autographes qui, d’ordinaire disposés de manière décorative, parlent plus à l’esprit qu’à l’intellect, satisfont la curiosité visuelle et n’ont que peu d’effet agissant sur la volonté !

    Le musée moderne veut être un musée d’enseignement, un parcours d’enseignement, qui fonctionne avec de dures ressources. Lorque les armes sont montrées dans un musée technique moderne, alors pour présenter le développement des armes! Mettre en place un musée moderne, c’est donc être un enseignant.

    Aux musées techniques modernes s’ajoutent les musées sociaux.

    Alors qu’un musée technique recherche les plus hautes performances de l’esprit humain, un musée social et économique devrait montrer comment est procurée l’ensemble de la vie des masses populaires.

    Dans la mesure où des aspects techniques sont touchés, il s’agit de montrer la diffusion d’une conquête technique, par exemple en montrant de combien de personnes elles sont utilisées, et non comment cela fonctionne.

    Un musée technique montre des méthodes de construction, un musée social et économique montre combien il y a de maisons malsaines, combien de maisons saines.

    Mais le Musée de la Société et de l’Économie montrera occasionnellement des objets techniques pour l’explicitation ; ainsi que des modèles architecturaux et des préparations anatomiques pour l’introduction à l’hygiène et leur signification sociale.

    En général il sera conseillé de résoudre de façon centralisée les tâches assumées par le musée, car l’expérience a montré qu’il est beaucoup plus difficile de faire des représentations graphiques utiles à des fins d’éducation publique que cela ne paraîtrait à première vue.

    Même si l’on a surmonté les premières lacunes et erreurs que l’on peut trouver dans la plupart des représentations destinées à l’éducation populaire, il n’est pas toujours possible d’appliquer toujours avec succès les principes qui ont été acquis.

    Car même si une représentation graphique des quantités statistiques et des rapports de grandeur n’est pas toujours imparfaite, elle n’en est pas moins pas forcément saisissante.

    Il doit être pris en compte des moments où tant une formulation de type recette que ds moyens qu’applique un bon peintre d’affiches sont disponibles.

    La mise à la disposition de forces appropriées pour la production de représentations picturales et plastiques vraiment utiles exige beaucoup de temps.

    Outre le fait que les méthodes de représentation doivent être précisément examinées en fonction de leurs particularités intellectuelles, l’étendue, la couleur, la distribution dans l’espace, etc., doivent être modifiées encore et encore jusqu’à ce qu’un résultat soit obtenu, qui tout d’abord satisfait, pour être ensuite au bout de quelques temps, quand la pédagogie d’un tel musée est plus avancée, être amenée à être amélioré. »

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  • Otto Neurath et l’Izostat

    Fils d’un important économiste autrichien, Otto Neurath avait étudié les mathématiques, les sciences naturelles et la philosophie à Vienne, avant de partir faire ses études à Berlin, sur les conseils de l’important sociologue allemand Ferdinand Tönnies. Il obtint ses diplômes pour des études sur l’histoire économique de l’antiquité, l’ouvrage de Cicéron De Officiis, ainsi que sur l’économie non-monétaire en Égypte.

    Il finit son parcours à l’institut de sociologie de Heidelberg conduit par Max Weber, où il devint professeur de sciences économiques. Otto Neurath s’y était faitre marqué pour son étude de l’économie de guerre de l’Autriche-Hongrie en 1917, ce qui aboutit à sa nomination au poste de directeur du musée de l’économie de guerre à Leipzig, l’année suivante.

    Toutefois, sa participation à la révolution allemande, lui-même devenant le directeur de l’administration économique de la république des Conseils de Bavière, lui valut plus d’une année de prison, avant son expulsion en Autriche.

    A son retour dans son pays, Otto Neurath s’impliqua dans deux formes d’activités : une forme abstraite – intellectuelle, avec le « cercle de Vienne », constitué d’intellectuels de haute volée étudiant notamment la logique, une forme pratique – activiste, avec son implication dans la très puissante social-démocratie viennoise.

    Dans ce cadre social-démocrate, il publia avec Hans Kampffmeyer la revue Der Siedler, Le colon, qui ne dura que peu de temps mais atteignit les 40 000 lecteurs. Otto Neurath était à la pointe du mouvement d’accompagnement des « colons » qui, en périphérie viennoise, construisait des petits logements, un mouvement strictement parallèle à la vaste campagne de construction de logements dans la ville même.

    La ville de Vienne organisa en 1923 une exposition sur le mouvement des « colons », qui eut 200 000 visiteurs et qui fut mis en place par Otto Neurath, secrétaire de l’association des colons de 1921 à 1925.

    De là naquit la formation d’un musée de la société et de l’économie, qui entre 1925 et 1934 organisa des expositions tant en Autriche qu’à l’étranger.

    Car Otto Neurath possédait un souci essentiel : celui de transmettre une information et de trouver un moyen de le faire de la manière la plus efficace possible. Dans la revue Kulturwille (Volonté de culture), en 1927, Otto Neurath affirme dans l’article Statistique et prolétariat :

    « La statistique est l’outil du combat prolétarien, la statistique est une composante essentielle de l’ordre socialiste, la statistique est une joie pour le prolétariat en conflit ardu avec les classes dominantes. »

    D’où son travail sur les symboles comme outils de communication visuelle universelle, avec un refus des courbes, des camemberts, l’utilisation de chiffres, ainsi que de textes dans les graphiques.

    Otto Neurath cherchait un moyen d’exprimer des informations de la manière la plus simple et la plus directe, aussi mit-il en place un travail collectif pour produire cette « méthode viennoise » d’expression graphique des informations.

    Cette collectivité de travail de gens d’horizons divers allait de paire avec la vaste gamme des thèmes ciblés. En 1926, dans la revue Der Aufbau, La construction, un mensuel d’architecture, il dit ainsi :

    « La démocratie moderne implique que les larges masses de la population soient objectivement éduquées au sujet de la production, de l’immigration, du taux de mortalité infantile, du commerce des biens, du chômage, de la lutte contre la tuberculose et l’alcoolisme, des manières de s’alimenter, de la signification du sport, de l’éducation corporelle et spirituelle, des formes d’écoles, de la répartition des écoles par habitant, des constructions de logements populaires, des villes-jardins, des espaces de petits jardins et de colonisation, des lieux de l’industrie. »

    Otto Neurath produisit ainsi les informations au sujet de la tuberculose pour l’exposition sur l’hygiène de la ville de Vienne en 1925.

    Dans Der Kampf, il dit dans l’article L’argent et le socialisme en 1923 :

    « Tant que la statistique repose dans les mains de l’ennemi, il manque au mouvement ouvrier un moyen important pour la nouvelle construction! »

    Otto Neurath ne diffusait pas ses informations que par le musée, mais également par la mairie, des expositions notamment dans les nouvelles constructions sociales alors massives à Vienne, à quoi s’ajoute la presse social-démocrate et les films éducatifs mis en place par le Parti Ouvrier Social-démocrate.

    C’est Josef Frank qui mit en place des panneaux d’expositions faciles à démonter, à installer, à transporter.

    Otto Neurath fit en sorte de promouvoir son travail à l’étranger également et des instituts avec le même esprit se formèrent à La Haye, Amsterdam, Berlin, Londres, New York, alors que donc en Union Soviétique.

    Cela sauva la vie d’Otto Neurath, puisque celui-ci se trouva être à Moscou lors du coup d’Etat austro-fasciste de 1934. Il rejoignit alors son équipe établie aux Pays-Bas, où il fonda une Fondation pour l’éducation visuelle et publiant en 1936 un ouvrage intitulé International Picture Language, ainsi qu’en 1939 Modern man in the making, décrivrant le développement de l’humanité et sa tendance à l’unification.

    Il dut fuir l’invasion allemande de 1940 et se réfugier en Angleterre, où il décéda en 1945.

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  • L’Izostat et la question de l’expressivité

    Il y eut également des productions en langue anglaise pour informer du développement de l‘URSS, comme à l’occasion du pavillon soviétique au moment de l’Exposition universelle de New York en 1939, qui avait comme thème « Le Monde du Futur ».

    Douze livres d’albums photos furent alors publiés en anglais, afin de fournir un large éventail d’informations sur l’Union Soviétique : Moscou, Une parade la jeunesse, Cinéma soviétique, URSS : l’armée rouge et la marine, L’aviation soviétique, réalisés par Alexandre Rodtchenko et Varvara Stepanova, ainsi que Films 1938-1939, La photographie soviétique, Les femmes soviétiques, L’ouvrier soviétique, Films 1938-1939, Les kolkhozes, L’Arctique soviétique, et enfin An album illustrating the State Organization and National Economy in the USSR (Un album illustrant l’organisation étatique et l’économie nationale en URSS).

    Ce dernier album fut supervisé par l‘artiste Lazar Lissitsky, devenu proche d’Otto Neurath depuis une rencontre à Cologne lors de l’Exposition internationale de la presse en 1928.

    Cette participation de Lazar Lissitsky et Alexandre Rodtchenko, ainsi que Varvara Stepanova, est représentative de l’utilisation alors des anciens cubistes – futuristes pour la publication de revues de présentation de l’URSS.

    Il est à noter que l’album contient des photographies de personnalités et d‘événements, ainsi que des illustrations, ce qui allait contre le sens donné par Otto Neurath à la liaison qu’il voulait minimaliste entre des données grossièrement arrondies et des images résolument simples.

    Parallèlement avec l’émergence du réalisme socialiste, il y en effet le souci d’assurer une expressivité importante à l’information, au sens d’une lecture idéologique et culturelle. Cette tendance à l’expressivité finit d’ailleurs par, fort justement, l’emporter, avec la considération également que la ligne d’Otto Neurath de schématiser au maximum les données chiffrées était erronée.

    Durant la période 1932-1934, il exista également un Département des statistiques graphiques à Leningrad qui mena un travail parallèle, avant de fusionner en 1935 avec l’Izostat, qui abandonna alors la méthode d’Otto Neurath, considéré comme inappropriée pour l’URSS.

    Au début 1940, l’Izostat se transforma en Gosplanizdat, c’est-à-dire la maison d’édition d’État pour l’information économique, de planification et statistique du Comité de planification d’état de l’URSS, qui imprimait des livres, des manuels, des brochures, des rapports et d’autres documents sur des sujets économiques et statistiques.

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  • Les statistiques picturales de l’Izostat

    De 1931 à 1940 exista en URSS un Institut pan-union de statistiques picturales de la construction et de l’économie soviétiques, connu sous le nom d’Izostat. Cet organisme d’État avait comme but d’informer les masses soviétiques du développement du pays, au moyen d’images particulièrement travaillées.

    Ce travail – avec ses succès et ses échecs – est le fruit d’une intense recherche par l’Autrichien Otto Neurath, qui développa la méthode dite viennoise, au sein du Parti Ouvrier Social-démocrate en Autriche, qui fut particulièrement puissante dans cette ville et véritablement ancrée dans des valeurs socialistes.

    Otto Neurath

    Otto Neurath participa directement à l’Izostat ; à cet effet, il fut présent au moins deux mois (et au maximum neuf mois) par an en URSS de 1931 à 1934. Voici des images d’un ouvrage soviétique de 1932 présentant sa démarche. Intitulé Statistiques picturales et la méthode viennoise, on retrouve dans 52 pages les explications des principes développés par Otto Neurath, visant la simplicité et l’accessibilité directe de l’information.

    La préface affirme ainsi :

    « Les statistiques picturales doivent être un instrument puissant pour l’agitation et la propagande de masse dans les mains du Parti et de la classe ouvrière. »

    omme le formulait Ivan I. Ivanitsky, la principale figure pour les statistiques picturales en URSS, il s’agissait de réaliser des :

    « figures qui ne soient pas sèches et ennuyeuses sous la forme de colonnes et de tables, mais sous la forme de figuratif ou diagrammes d’image qui sont en mesure d’intéresser chaque travailleur en Union soviétique comme à l’étranger. »

    De fait, le Comité Central du Parti Communiste d’Union Soviétique avait, le 11 mars 1931, décida d’une résolution « sur la littérature par affiches », où l’information sur la construction du socialisme devait être diffusé par des moyens graphiques.

    Dans la foulée, le 18 septembre 1931, une résolution du Conseil des commissaires du peuple de l’URSS annonça que tous les organismes d’État, ainsi que les syndicats, les coopératives, devaient utiliser la méthode de la statistique graphique d’Otto Neurath.

    L’Izostat était sous la responsabilité du Comité Central exécutif du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik) ; la direction méthodologique revenait à Avel Enoukidzé, secrétaire du présidium du Comité Central exécutif, qui fut cependant démis de toute fonction dans le Parti en 1935.

    L’Izostat produisit, dans ce cadre, du matériel informatif (livres, affiches, graphiques, expositions, célébrations, etc.) au sujet de la réalisation du premier plan quinquennal (1928-1932) et annonçant le second (1933-1937).

    Les graphiques produits par l’Izostat eurent un grand succès, étant officiellement promus et notamment utilisés par l’organe du Parti, la Pravda, mais également les Izvestia.

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  • La bataille chinoise contre le révisionnisme : présentation

    La rupture « sino-soviétique », comme l’ont appelé les médias à l’époque, consiste en le grand conflit idéologique entre d’un côté le Parti Communiste d’Union Soviétique (PCUS) et le Parti Communiste de Chine (PCC).

    Suite à la mort de Staline, une clique a pris le pouvoir par un coup d’État et a commencé à généraliser le révisionnisme, transformant l’appareil d’État de l’Union Soviétique en machinerie fasciste.

    Le PCUS remettait alors totalement en cause les enseignements de Marx, Engels et Lénine, rejetant même Staline.

    C’est alors le Parti Communiste de Chine qui a assumé le combat idéologique, qui a été marqué par trois moments clefs, dans une montée en puissance de la critique effectuée, strictement parallèle à la progression dans la compréhension du matérialisme dialectique.

    La question du bilan suite à l’émergence du révisionnisme soviétique

    La première période est celle qui concerne le bilan de la période où Staline a été le dirigeant du Parti Communiste en Union Soviétique. Le vingtième congrès du PCUS, en 1956, prit le PCC par surprise, et au départ les positions du PCC furent en défense de Staline, mais avec une certaine équivoque.

    Au fur et à mesure toutefois, il est évident que les tendances révisionnistes au sein du PCC furent écrasées et alors fut lancée une vague de critiques du révisionnisme, en s’appuyant notamment sur l’exemple yougoslave.

    L’un des derniers grands combats de Staline était dirigé contre le révisionnisme de Tito en Yougoslavie ; à partir du moment où le PCUS revenait en arrière sur cette question, la critique de la Yougoslavie par le PCC affirmait la ligne rouge.

    Furent ainsi notamment publiés en juin 1958 les documents « Le révisionnisme yougoslave est le produit de la politique impérialiste »  et « Le révisionnisme yougoslave répond exactement aux besoins de l’impérialisme US ».

    La montée en puissance de la critique s’affirma en 1959 avec un article dans le Quotidien du Peuple, à l’occasion du 80e anniversaire de la naissance de Staline, saluant la mémoire du grand révolutionnaire « artisan des grands succès remportés par l’Union soviétique depuis 42 ans ».

    D’autres documents très célèbres à l’époque furent ceux rassemblés dans la brochure « Vive le léninisme » en 1960 : Pour le 90e anniversaire de la naissance de LénineEn avant sur la voie du grand Lénine et Unissons-nous sous le drapeau révolutionnaire du grand Lénine.

    La défense du léninisme face à la ligne « pacifique »

    Le point culminant de la première période de l’affrontement idéologique se produisit avec le congrès des 81 partis communistes et ouvriers à Moscou, en novembre 1960. Le PCUS tendait à l’affirmation de la possibilité d’une révolution « pacifique », par la voie parlementaire, alors que le PCC défendait la ligne de la révolution par les armes.

    Un compromis fut alors trouvé à ce congrès, et il est significatif que le PCC ait alors été représenté par deux figures du révisionnisme chinois : Liou Shaoqi et Deng Xiaoping.

    La situation se tendit cependant toujours davantage, le PCUS critiquant le PCC par l’intermédiaire d’autres partis, comme celui d’Italie, et visant non pas le PCC, mais le Parti du Travail d’Albanie qui soutenait alors le PCC.

    Le PCC ne relâcha pas la pression et il y eut toute une série d’articles publiés dans le Quotidien du Peuple et dans le Drapeau Rouge :

    Prolétaires de tous les pays, unissons-nous contre l’ennemi commun (15 décembre 1962);

    Les divergences entre le camarade Togliatti et nous (31 décembre 1962) ;

    * Léninisme et révisionnisme moderne (5 janvier 1963) ;

    Unissons-nous sous la bannière des déclarations de Moscou (27 janvier 1963) ;

    D’où proviennent les divergences : réponse à Maurice Thorez (27 février 1963) ;

    Encore une fois sur les divergences entre le camarade Togliatti et nous (4 mars 1963) ;

    Commentaires sur les déclarations du PC des Etats-Unis (8 mars 1963) ;

    Le miroir des révisionnistes (9 mars 1963) ;

    La vérité sur l’alliance de la direction du PCUS avec l’Inde contre la Chine (2 novembre 1963).

    Le PCUS répondit par un long document, à quoi le PCC répondit par un document extrêmement célèbre à l’époque et connu sous le nom de « Lettre en 25 points ».

    Le PCUS rejeta brutalement ce document, à quoi le PCC répondit de nouveau par un document le 15 août, suivi d’une série de documents explicatifs largement diffusés par les marxistes-léninistes sympathisant alors avec la bataille chinoise contre le révisionnisme soviétique.

    On trouve ainsi :

    Les divergences entre la direction du PCUS et nous – leur origine et leur évolution (6 septembre 1963) ;

    Sur la question de Staline (13 septembre 1963) ;

    La Yougoslavie est-elle un pays socialiste (26 septembre 1963) ;

    Des défenseurs du néo-colonialisme (22 octobre 1963) ;

    Deux lignes différentes dans la question de la guerre et de la paix (19 novembre 1963) ;

    Deux politiques de coexistence pacifique diamétralement opposés (12 décembre 1963) ;

    Les dirigeants du PCUS sont les plus grands scissionnistes de notre temps (14 février 1964) ;

    La révolution prolétarienne et le révisionnisme de Khrouchtchev (31 mars 1964) ;

    Le pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons historiques qu’il donne au monde (14 juillet 1964).

    La rupture

    Le second moment de l’affrontement apporta un gigantesque prestige au PCC, qui eurent de très nombreux communistes adhérant à sa critique et formant des cercles marxistes-léninistes pour lutter contre le révisionnisme.

    L’éviction en 1964 de Khrouchtchev de la direction du PCUS ne modifia pas la donne, Brejnev ne faisant que renforcer la dimension bureaucratique de la clique dominant le régime. La rupture était consommée entre le PCUS et le PCC, chacun représentant une ligne antagonique.

    Des documents connus du PCC furent alors notamment :

    Le triomphe du léninisme (22 avril 1965) ;

    Luttons jusqu’au bout contre le révisionnisme khrouchtchévien (14 juin 1965) ;

    * De l’unité d’action de la nouvelle direction du PCUS (11 novembre 1965) ;

    Les dirigeants du PCUS traîtres aux deux déclarations de Moscou (30 décembre 1965).

    Le PCC allait d’autant plus de l’avant qu’il liquidait ses propres tendances révisionnistes, le tout aboutissant à une lutte de deux lignes menée avec comme cadre la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne (GRCP).

    Le PCC affirmait que le processus en URSS avait abouti à la domination d’une classe de capitalistes monopolistiques et bureaucratiques ; il y avait là un exemple historique de restauration, la GRCP se posant comme modèle de contre-restauration.

    La clique révisionniste dominant l’URSS fut qualifié de fasciste, les dirigeants de « nouveaux tsars » ; le PCC considérait que l’URSS était devenu un « social-impérialisme » : social en paroles, impérialiste dans les faits. Deux documents présentent notamment ce nouveau concept pour définir l’URSS :

    Léninisme ou social-impérialisme ? ;

    Le social-impérialisme soviétique fait partie de l’impérialisme mondial.

    Une citation de Mao Zedong fut très connue :

    « En URSS aujourd’hui, c’est la dictature de la bourgeoisie, la dictature de la grande bourgeoisie, c’est une dictature de type fasciste allemand, une dictature hitlérienne. »

    Sur le plan diplomatique, le PCC se posait comme défenseur de ceux ne voulant pas être écrasés par le tandem USA-URSS, frères jumeaux impérialiste et social-impérialiste.

    Ce fut par contre ici le lieu d’une vaste opération du révisionnisme chinois, qui prôna une alliance avec les impérialistes « intermédiaires » et soutenait les « États nationaux » (rejetant le concept maoïste de pays semi-colonial semi-féodal). C’est l’affirmation du maoïsme, principalement par Gonzalo, qui permit de rejeter ici le révisionnisme.

    Et ce qui compte véritablement, dans ce qui a été appelé la « rupture sino-soviétique », c’est le rejet pratique du révisionnisme, puis l’élaboration de sa critique et enfin la réalisation du principe de contre-restauration dans le cadre d’un Etat socialiste, avec la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

    =>Retour aux documents de la bataille chinoise contre le révisionnisme

  • Le social-impérialisme soviétique fait partie de l’impérialisme mondial (1975)

    LE SOCIAL-IMPÉRIALISME SOVIÉTIQUE FAIT PARTIE DE L’IMPÉRIALISME MONDIAL

    LE SOCIAL-IMPÉRIALISME, C’EST LE SOCIALISME EN PAROLES ET L’IMPÉRIALISME EN FAIT

    Au cours du processus d’anéantissement graduel de l’impérialisme, le social-impérialisme soviétique est apparu au milieu du XXe siècle. Lorsque l’URSS était dirigée par Lénine et Staline, c’était un pays socialiste prestigieux.

    Mais après la mort de Staline, la clique des renégats Khrouchtchev-Brejnev a déclenché un coup d’Etat contre-révolutionnaire et elle a usurpé le pouvoir suprême du Parti de l’Union soviétique.

    Elle a restauré en grand le capitalisme et transformé l’URSS en un Etat social-impérialiste.

    Durant la Première guerre mondiale, Lénine a dénoncé le courant kautskiste, Kautsky étant à l’époque chef de file du parti social-démocrate allemand : il s’agit de « social-impérialistes, c’est-à-dire de socialistes en paroles et d’impérialistes en fait ». (Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme)

    En ce qui concerne la clique de renégats de Brejnev, il s’agit aussi, tout comme le courant kautskiste, de social-impérialistes. Ce qui diffère, c’est que non content de colporter le révisionnisme et de se faire les défenseurs de l’impérialisme, cette clique contrôle le pouvoir d’Etat et a fait dégénérer en Etat social-impérialiste un Etat socialiste prestigieux que Lénine avait bâti de ses propres mains.

    Le social-impérialisme, c’est l’impérialisme sous l’étiquette « socialisme ».

    Il est né en URSS, patrie de Lénine, qui fut le premier Etat socialiste et n’en a donc qu’un caractère encore plus trompeur, par conséquent encore plus dangereux.

    C’est un impérialisme des plus féroces.

    Le capitalisme monopoliste d’Etat est la base économique principale du social-impérialisme

    La formation du capitalisme monopoliste d’Etat en URSS

    Qu’il s’agisse de l’impérialisme capitaliste classique ou du social-impérialisme, leurs caractéristiques économiques fondamentales sont tout à fait identiques.

    Leur base économique principale, c’est le capitalisme monopoliste d’Etat.

    Mais dans les états impérialistes de type classique, l’économie capitaliste monopoliste présente deux formes : le capitalisme monopoliste privé et le capitalisme monopoliste d’Etat. Dans l’Etat social-impérialiste, le capitalisme monopoliste prend toujours la forme du capitalisme monopoliste d’Etat : celui-ci est la base économique principale du social-impérialisme.

    Cette différence entre social-impérialisme et impérialisme capitaliste est déterminée par les conditions historiques différentes dans lesquelles est né le capital monopoliste.

    Dans les pays impérialistes capitalistes, le capital monopoliste s’est constitué progressivement à partir de l’économie capitaliste privée, au cours d’un processus de concurrence acharnée et à travers l’accumulation et !a concentration du capital. Ici, c’est le capitalisme monopoliste privé qui fait en premier son apparition et existe à grande échelle.

    Après que le capitalisme monopoliste privé eut connu un certain développement, que les organes d’Etat bourgeois se furent soumis au capital monopoliste et que ce dernier se fut lié au pouvoir d’Etat, alors seulement put apparaître le capitalisme monopoliste d’Etat.

    Dans l’Etat social-impérialiste, le capitalisme monopoliste d’Etat est apparu après que les dirigeants engagés dans la voie capitaliste eurent usurpé le pouvoir suprême du Parti dans l’Etat socialiste.

    Cela provoqua la dégénérescence de l’économie socialiste, au cours du processus de restauration du capitalisme.

    Après que la clique des renégats soviétique eut usurpé le pouvoir suprême du Parti de l’URSS, la couche privilégiée de bourgeois soviétiques a considérablement gonflé son propre pouvoir politique et économique.

    Dans le Parti, les domaines politiquent, militaire, économique, culturel, ils occupent la position dominante et forment ainsi, de l’intérieur, une bourgeoisie bureaucratique monopoliste qui contrôle tout l’appareil d’Etat et dispose de l’ensemble des richesses sociales. Cette bourgeoisie bureaucratique monopoliste d’un nouveau type a transformé, grâce au pouvoir d’Etat qu’elle contrôle, la propriété socialiste en propriété des dirigeants engagés dans la voie capitaliste et l’économie socialiste en une économie capitaliste et une économie capitaliste monopoliste d’Etat.

    Pour juger de la nature socio-économique d’un pays, cela ne dépend pas de l’enseigne qu’il arbore mais de la nature du système de propriété des moyens de production, c’est-à-dire de savoir qui détient les moyens de production, qui en dispose, au service de qui sont-ils.

    Après que la clique des renégats Khrouchtchev-Brejnev eut usurpé le pouvoir suprême dans le Parti de l’Union soviétique elle a pris en main tous les pouvoirs politique et économique et appliqué une ligne révisionniste de bout en bout dans le domaine économique.

    Ils ont fait du tapage autour de propos saugrenus comme : « le rouble est l’étalon du mérite dans le travail », « le profit est la meilleure référence pour un communiste chargé de la gestion d’une entreprise », etc.

    L’économiste soviétique révisionniste Liberman a pondu, avec le soutien de la clique des renégats soviétiques, un projet de gestion des entreprises d’Etat, centré autour du profit au poste de commandement et des stimulants matériels ; par ailleurs on a largement lancé des « expériences ».

    Après que Brejnev eut remplacé Khrouchtchev, on a totalement mis en application le soi-disant « nouveau système économique » : on affermissait, sous forme de décrets, le principe du profit capitaliste et on aggravait l’exploitation du peuple travailleur par l’oligarchie bureaucratique monopoliste. Grâce à cette « réforme », les moyens de production qui, à l’origine, étaient propriété du peuple travailleur soviétique sont désormais détenus par la bourgeoisie bureaucratique monopoliste d’un nouveau type : c’est elle qui dispose de ces moyens de production et les met à son service.

    Les ouvriers et paysans soviétiques, spoliés de leur droit de propriété sur les moyens de production, sont retombés dans la misérable situation de travailleurs salariés.

    L’URSS d’aujourd’hui, bien qu’arborant toujours l’emblème du socialisme, a en fait transformé le système autrefois socialiste de la propriété en propriété de la bourgeoisie bureaucratique monopoliste.

    Dans la société socialiste, l’économie d’Etat, établie sur la base de la propriété socialiste d’Etat, est l’élément dirigeant dans l’économie nationale.

    Du moment que la clique des renégats révisionnistes a usurpé le pouvoir dirigeant de l’économie socialiste, elle devait nécessairement transformer celle-ci en une économie capitaliste monopoliste d’Etat.

    C’est que plus cette bourgeoisie bureaucratique monopoliste d’un type nouveau accapare de forces productives à travers la propriété d’Etat qui représente ses intérêts, plus elle peut, au nom de l’Etat, disposer de l’ensemble des richesses sociales. De cette façon, il est aisé de continuer à tromper le peuple travailleur en arborant l’enseigne de l’Etat et on peut faire de l’Etat un capitaliste collectif qui contrôle solidement dans sa propre main l’ensemble de l’économie nationale.

    C’est pourquoi l’économie capitaliste en URSS a une particularité : le capitalisme monopoliste d’Etat domine tout, régente tout.

    Cette situation est fort rare dans les pays impérialistes classiques.

    Dans ces pays, bien que le capitalisme monopoliste d’Etat ait connu un développement relativement important, il n’en est pourtant pas encore au niveau atteint aujourd’hui en URSS. Précisément à cause de cela, la classe ouvrière et les larges masses de travailleurs en URSS subissent une exploitation et une oppression particulièrement sévères.

    Lénine avait déjà noté :

    « La propriété privée des moyens de production étant maintenue, cette monopolisation et cette étatisation croissantes de la production entraînent nécessairement une exploitation plus intense des masses laborieuses, une oppression plus pesante, la résistance aux exploiteurs devenant plus difficile ; elles renforcent la réaction et le despotisme militaire, en même temps qu’elles conduisent inéluctablement à une augmentation inouïe du profit des gros capitalistes aux dépens de toutes les autres couches de la population et qu’elles condamnent les masses laborieuses à verser aux capitalistes, pendant des dizaines d’années, un tribut sous la forme de milliards d’intérêts pour les emprunts. » (Lénine, La septième conférence de Russie du POSD(b)R)

    A le lire aujourd’hui, comme ce passage de Lénine semble être l’analyse de l’économie capitaliste monopoliste d’Etat dans l’URSS révisionniste !

    Le célèbre poète russe Nékrassov demandait déjà douloureusement, en s’en prenant à la sinistre domination tsariste : « En Russie, qui peut se sentir heureux et libre ? »

    Aujourd’hui, en Russie, les glorieux enfants de la révolution d’Octobre subissent d’innombrables misères, privés qu’ils sont de bonheur et de liberté.

    Or, la bourgeoisie bureaucratique monopoliste avec Brejnev à sa tête, trônant au-dessus du peuple, fait main basse sans aucun scrupule sur le trésor public, se livre à une débauche et à un luxe insolents, elle règne par la violence et la barbarie, elle a les pleins pouvoirs, et peut ainsi s’abreuver du sang et de la sueur du peuple soviétique.

    Cette bourgeoisie, c’est la base de classe du social-impérialisme, c’est la « personnification » du capitalisme monopoliste d’Etat.

    Les sociétés conjointes : forme fondamentale de l’organisation monopoliste en URSS

    Les sociétés conjointes constituent une forme capitale de l’organisation du capitalisme monopoliste en URSS. Le chemin suivi par ces sociétés est quelque peu différent des organisations monopolistes dans les pays impérialistes capitalistes : essentiellement, elles s’appuient sur la force de coercition du pouvoir d’Etat et se constituent à partir de l’absorption de quantité de petites et moyennes entreprises par de grandes entreprises.

    Les sociétés conjointes, organisations monopolistes, se développent très vite en URSS.

    En 1961, il n’existait en URSS que 2 sociétés conjointes et dix ans après, en juin 1971, il y en avait 1400, détenant plus de 14000 entreprises, 7,7 millions d’ouvriers et employés. Près d’un tiers des entreprises industrielles et minières ont déjà été absorbées au sein de sociétés conjointes.

    Au 24e congrès du parti révisionniste de l’URSS, en 1971, Brejnev clamait : « La directive sur l’établissement de sociétés et entreprises conjointes doit être appliquée avec encore plus de diligence — à l’avenir, elles devront constituer l’unité de compte économique de base de la production sociale. » Suivant les ordres et décrets de la clique dirigeante soviétique, les sociétés conjointes continuent, depuis 1971, à étendre leur sphère de domination et englobent rapidement tous les secteurs de l’industrie nationale.

    Ces sociétés conjointes soviétiques présentent les trois formes fondamentales suivantes :

    1) L’entreprise absorbée « a perdu son indépendance et ses droits de personne morale », la société conjointe devient « l’unité de compte économique de base de la production sociale », elle a tous les droits vis-à-vis des entreprises qui dépendent d’elle.

    2) L’entreprise absorbée a perdu quelques aspects de son indépendance juridique, elle « conserve une indépendance relative en tant qu’entreprise ».

    3) L’entreprise absorbée « reste indépendante », mais elle doit se soumettre à la gestion d’une société conjointe.

    Parmi ces trois genres de sociétés conjointes, c’est le premier que les révisionnistes soviétiques s’efforcent le plus de développer.

    Il est calqué sur le modèle des entreprises capitalistes monopolistes occidentales et fondé en « utilisant » le plan systématique d’organisation des monopoles américains. Les révisionnistes soviétiques propagent que les sociétés conjointes « renferment les structures de l’avenir de l’industrie soviétique qui, comprimées, n’ont pas encore éclos » ; il s’agit d’un type « particulier soviétique de Konzern ».

    Les sociétés conjointes s’occupent non seulement de production, mais aussi de fournir les matières premières et d’écouler les produits.

    Ce qui diffère des entreprises capitalistes monopolistes d’Occident, c’est qu’en URSS elles sont encore plus intimement liées au pouvoir d’Etat.

    La société conjointe est non seulement une unité de compte économique de base, mais elle possède aussi une partie du pouvoir qui, à l’origine, dépendait de la direction principale, voire même du département ministériel dans les domaines du plan, de la production, de l’approvisionnement et de la vente. [« Glavki » en russe, c’est-à-dire une subdivision des ministères industriels groupant administrativement et économiquement tous les trusts c’est-à-dire les établissements publics chargés de coordonner la marche d’usines identiques.]

    Les sociétés conjointes régionales de grande envergure « sont non seulement des complexes de production, mais aussi des organes de gestion économique ». Entre les départements de l’économie, de l’administration et les sociétés conjointes, il n’existe aucun organe intermédiaire. Le directeur d’une société conjointe, tout comme chaque ministre et vice-ministre, compte parmi « le personnel dirigeant de l’économie nationale » soviétique : c’est un élément important de la bourgeoisie bureaucratique monopoliste dont Brejnev est le chef de file.

    C’est pourquoi la société conjointe incarne l’unité entre les organes d’Etat et l’organisation monopoliste : c’est une forme importante du système de gestion du capitalisme monopoliste d’Etat.

    En fait, mis à part cette organisation monopoliste des sociétés conjointes, les entreprises d’Etat soviétiques ont très tôt viré au capitalisme.

    Dans les entreprises d’Etat révisionnistes, en URSS, les masses ouvrières ont été reléguées du rang de maîtres de l’entreprise à celui d’esclaves salariés de la bourgeoisie bureaucratique monopoliste.

    Ce sont les représentants de la clique révisionniste dirigeante qui tiennent en main le pouvoir de direction dans les entreprises.

    D’après la réglementation des « statuts des entreprises de production d’Etat socialistes », le directeur de l’entreprise contrôle « le pouvoir concernant les activités de production dans l’entreprise », il a pouvoir de fixer la quantité de personnel dans l’entreprise, il a pouvoir de « recruter et licencier le personnel et vis-à-vis des travailleurs de l’entreprise d’adopter des mesures d’encouragement et de sanction », il a pouvoir de fixer salaires et primes du personnel, il a pouvoir de vendre, de céder ou de louer les moyens de production de l’entreprise, etc.

    En somme, même sans les sociétés conjointes, les administrateurs, directeurs d’usine délégués par la clique révisionniste dirigeante sont les maîtres omnipotents des entreprises d’Etat alors que les larges masses d’ouvriers sont devenus les esclaves salariés de cette bourgeoisie bureaucratique monopoliste.

    Aujourd’hui, après l’apparition de cette organisation monopoliste des sociétés conjointes, la bourgeoisie bureaucratique monopoliste a pu encore renforcer son contrôle sur les circuits économiques de l’Etat soviétique.

    Cette nouvelle grande bourgeoisie utilise l’appareil d’Etat et les sociétés conjointes qu’elle a en main, emprunte abusivement l’étiquette de l’Etat et, grâce à des moyens comme les impôts et les profits, fait main basse sur les fruits du travail des ouvriers soviétiques. Elle satisfait ainsi les gaspillages dispendieux d’une poignée de bourgeois, réprime le peuple soviétique à l’intérieur et applique à l’extérieur une politique sociale-impérialiste d’agression et d’expansion.

    La clique de renégats de Brejnev, en même temps qu’elle développait le plus possible l’organisation monopoliste dans les entreprises industrielles et minières, développait aussi toutes sortes d’organisations monopolistes dans l’agriculture :

    1) Des trusts agricoles, organisations conjointes de fermes d’Etat spécialisées, comme le trust volailler, le trust d’élevage, le trust des légumes, etc.

    2) Des sociétés conjointes agricoles, organisations conjointes de quelques fermes d’Etat (sovkhozes), de quelques fermes collectives (kolkhozes) ou de fermes d’Etat et de fermes collectives.

    3) Des complexes unifiés agriculture-industrie aussi appelés entreprises conjointes agriculture—industrie, entreprises conjointes où des entreprises agricoles s’occupent directement des usines de transformation des produits agricoles.

    Grâce à ces organisations monopolistes dans l’agriculture, la bourgeoisie bureaucratique monopoliste a renforcé sa mainmise et son pillage sur les campagnes soviétiques. « L’expérience de Chtchekino » : modèle du système sanguinaire des entreprises monopolistes révisionnistes en URSS.

    Dans l’URSS révisionniste, cette nouvelle bourgeoisie bureaucratique monopoliste a monopolisé les circuits de l’économie nationale, restauré complètement le système du travail salarié capitaliste, renforcé l’exploitation et l’oppression du peuple travailleur.

    La soi-disant « expérience de Chtchekino » commencée en 1967 est la meilleure preuve de la renaissance totale en URSS du travail salarié.

    Chtchekino est un combinat chimique dans la banlieue de Moscou avec plus de 7000 employés et ouvriers, produisant des engrais et autres produits chimiques. En août 1967, conformément aux besoins de la bourgeoisie bureaucratique monopoliste, a commencé la soi-disant « expérience économique pour renforcer l’attention du personnel sur l’augmentation de la production, pour élever la productivité du travail et réduire le personnel ».

    A travers des mesures comme le cumul de postes, la concentration de travaux différents, l’élargissement des tâches, etc., cette « expérience » n’a cessé d’accroître l’intensité du travail des ouvriers et a atteint son but de réduction du personnel et d’élévation de la productivité du travail. En même temps on a stipulé que le montant global des salaires et des primes dans l’entreprise ne variait pas sur plusieurs années, aussi salaires et primes économisés par la réduction de personnel reviennent en grande partie à la disposition d’une poignée de privilégiés dans l’entreprise.

    Cette « expérience » a été chantée par Brejnev comme « un modèle parfait de rémunération » et elle a été élargie à l’ensemble de l’URSS.

    Le cœur de cette « expérience de Chtchekino », c’est « l’élévation de la productivité du travail par la réduction du nombre des employés », l’entreprise pouvant ainsi « mettre en œuvre son potentiel ». Comment donc élever la productivité du travail ? « L’expérience de Chtchekino » prouve qu’on peut atteindre ce but en élevant l’intensité du travail des ouvriers. D’après des statistiques de juin 1971, le combinat chimique de Chtchekino a réduit en tout son personnel de plus d’un millier d’ouvriers, soit plus d’1/7 de l’ensemble du personnel, depuis qu’il pratique cette « expérience ».

    Parmi eux, la réduction de personnel du fait de l’élévation du niveau de l’automatisation et de l’allégement des travaux pénibles représente 68 ouvriers, soit 6%.

    Par contre, plus de 90 % des ouvriers victimes de la réduction ont tous été chassés de l’usine du fait de l’élévation de l’intensité du travail des ouvriers en poste.

    Marx indique :

    « Tout le système de la production capitaliste vise à prolonger ce travail gratuit par l’extension de la journée de travail ou par le développement de la productivité, c’est-à-dire par une plus grande tension de la force de travail, etc. » (Karl Marx, Critique du programme de Gotha)

    A l’époque de l’impérialisme, l’extorsion du travail gratuit des ouvriers par le capital monopoliste a centuplé.

    Dans les pays impérialistes capitalistes classiques, le capital-monopoliste utilise le « taylorisme » et autres « méthodes scientifiques de gestion » pour contrainte les ouvriers à élever au maximum l’intensité du travail et accroître l’extorsion de plus-value.

    « L’expérience de Chtchekino » que la clique des renégats soviétiques élargit au maximum, c’est la réédition du taylorisme, dénoncé fermement par Lénine comme « système sanguinaire ».

    Son but est contraindre les ouvriers soviétiques à accepter qu’un seul fasse le travail de plusieurs, d’extorquer sauvagement sur le dos des ouvriers soviétiques encore plus de surtravail, encore davantage de plus-value.

    En juillet 1971, les 121 entreprises qui appliquaient « l’expérience de Chtchekino » avaient déjà réduit leur personnel de 65 000 personnes.

    Aujourd’hui, une armée de chômeurs est née en URSS. Ce système économique qu’est le capitalisme monopoliste d’Etat, dans l’URSS révisionniste, a déjà poussé au plus haut point les rapports entre capital et travail salarié.

    Il a déjà suscité et continuera à l’avenir de susciter la résistance acharnée de la classe ouvrière et du peuple travailleur de l’URSS. Les « relations internationales de type nouveau » de l’URSS : un autre nom du néo-colonialisme.

    L’intégration économique : principale mesure néo-colonialiste des révisionnistes soviétiques

    En même temps qu’il accentue l’exploitation du peuple à l’intérieur, le capital monopoliste visant à accaparer des superprofits doit nécessairement chercher l’expansion à l’extérieur ; grâce à l’exportation de capitaux et à une politique colonialiste, il pille et asservit les peuples d’autres pays. Bien évidemment, le capitalisme monopoliste d’Etat, dans l’URSS révisionniste, ne peut pas, lui non plus, se contenter de l’exploitation des masses paysannes et ouvrières soviétiques : il doit nécessairement étendre ses griffes à l’extérieur. Les premiers pays menacés, ce sont les « pays frères », de cette « grande communauté socialiste ».

    La clique des renégats de Brejnev a enrôlé plusieurs pays d’Europe de l’Est et la Mongolie dans la soi-disant « grande communauté socialiste ».

    En paroles, on prétend que les rapports entre l’URSS et les « pays frères » à l’intérieur de cette grande famille constituent « le nouveau type de relations internationales socialistes » ; en réalité, ce qu’on y voit pratiquer, ce sont absolument les rapports chat-souris qui existent entre métropole impérialiste et colonies.

    C’est avec les méthodes les plus sauvages, les plus féroces que les Soviétiques aggravent leur mainmise sur ces pays. Sur le plan militaire, grâce au « Pacte de Varsovie » et à des accords bilatéraux, ils font stationner un grand nombre de troupes dans certains pays, au point d’envoyer au grand jour des centaines de milliers d’hommes occuper la Tchécoslovaquie.

    Sur le plan politique, grâce à la corruption, à la subversion, ils en arrivent même à créer des gouvernements fantoches directement à coups de sabre.

    Sur la plan économique, grâce à leur instrument du « Conseil pour l’assistance économique réciproque » (COMECON), ils mettent en application les soi-disant « intégration économique », « division internationale du travail » et autre « spécialisation de la production » : vis-à-vis de certains pays d’Europe de l’Est et de la Mongolie, ils pratiquent une domination néo-colonialiste et une exploitation effrayante.

    « L’intégration économique », appliquée par le social-impérialisme soviétique, a pour but de désarticuler les systèmes économiques nationaux des pays membres du COMECON, d’y créer des économies coloniales qui connaissent un développement unilatéral monstrueux, de tenter d’« intégrer » totalement en direction de l’URSS sociale-impérialiste le territoire, la population et les ressources de ces pays. Pour l’URSS, la « division internationale du travail » et la « spécialisation de la production » sont subordonnées à la réalisation de ce but qu’est l’« intégration économique » et sont à son service.

    La première des méthodes soviétiques pour asservir les « pays frères » au nom de l’« intégration économique » est de saboter l’industrie traitant les combustibles et matières premières dans les pays du COMECON et de faire de ces industries le grand monopole de l’URSS.

    D’après les statistiques officielles du COMECON et de l’URSS, entre 1966 et 1970, les proportions des 5 principales importations de combustibles et de matières premières en provenance d’URSS vers la Bulgarie, la Hongrie, la RDA, la Pologne et la Tchécoslovaquie sont les suivantes : 93 % du pétrole, 61, % du charbon, 86,9 % du minerai de fer, 97,5 % de la fonte, 64,3 % du coton brut.

    En monopolisant largement la fourniture de combustibles et de matières premières de ces pays membres du COMECON, l’URSS les a pris à la gorge.

    La seconde méthode est de contraindre les pays du COMECON à développer unilatéralement les produits et les productions dont l’URSS a besoin.

    La Pologne est ainsi obligée de développer l’industrie navale dont l’URSS a besoin, la Tchécoslovaquie est contrainte de se spécialiser dans le matériel ferroviaire pour l’URSS, la RDA doit développer l’industrie de machines d’extraction minière, fabriquant pour l’URSS les équipements dans ce domaine, la Bulgarie est forcée de développer les productions de légumes et de fruits dont l’URSS a besoin, la Mongolie doit développer unilatéralement son élevage pour fournir l’URSS en viande. Les « pays frères » se transforment ainsi en usines de transformation, en vergers et potagers, en parcs d’élevage soumis à l’URSS.

    Afin d’accélérer cette « intégration économique » et contrôler encore plus efficacement les pays membres du COMECON, l’URSS a mis en place tout un lot d’« organismes supra- nationaux » comme « l’organisation de coopération internationale pour l’industrie métallurgique », « l’organisation de coopération internationale pour l’industrie chimique », « la banque internationale d’investissements », etc.

    Ces « organismes supra-nationaux » sont en fait des organisations monopolistes internationales contrôlées par le capitalisme monopoliste d’Etat soviétique. Grâce à eux, les secteurs névralgiques de l’économie nationale de chaque membre du COMECON sont entre les mains des révisionnistes soviétiques.

    L’URSS a pris les « pays frères » à la gorge et contraint l’économie de ces pays à s’hypertrophier monstrueusement, selon ses propres besoins.

    Cela rend possible un commerce de pillage sur la base de la domination monopoliste et coloniale.

    L’URSS occupe une place d’absolue prépondérance dans le commerce extérieur des pays membres du COMECON. D’après des revues soviétiques et d’autres sources d’information, en 1970, les échanges avec l’URSS représentaient 80 % du commerce extérieur global en Mongolie, plus de 50 % en Bulgarie, environ 40 % en RDA et environ 1/3 en Pologne, Hongrie et Tchécoslovaquie. Dans le commerce extérieur, l’URSS utilise sa position hégémonique vis-à-vis de ces pays pour se livrer à des échanges à valeur inégale et à une cruelle exploitation.

    L’URSS échange une bicyclette contre 4 chevaux mongols, un mouton en peluche contre un vrai mouton mongol. Le prix des voitures électriques importées de Tchécoslovaquie par l’URSS est inférieur de 2/5 à celui qu’elle paie à l’Allemagne de l’Ouest, alors qu’elle vend 2 fois plus cher son minerai de fer à la Tchécoslovaquie qu’à l’Allemagne de l’Ouest.

    L’URSS vend des réacteurs atomiques à certains pays d’Europe de l’Est : leur prix est de 4 fois supérieur à celui du marché mondial.

    L’ancien responsable du Comité du plan en RDA se plaignait de ce que son pays subissait chaque année l’énorme perte de 2 milliards de marks, dans son commerce avec l’URSS.

    Le social-impérialisme soviétique, tout comme l’impérialisme capitaliste classique, se livre au nom de la « coopération » à l’exportation des capitaux dans certains pays d’Europe de l’Est et en Mongolie.

    Début 1971, l’URSS avait exporté en tout vers la Bulgarie pour 2150 millions de roubles de capitaux, sous la dénomination de « prêts » à long terme.

    Grâce à ces exportations de capitaux, l’URSS empoche des intérêts et contrôle l’orientation suivie par ces pays dans leur édification.

    En même temps, elle peut, grâce à l’exportation de marchandises qui en résulte, écouler au prix fort quantité de produits et de matériel stockés, empochant ainsi des superprofits monopolistes.

    Parallèlement à l’exportation de capitaux, l’URSS utilise sa position hégémonique dans l’« intégration économique » sous prétexte que chaque pays du COMECON augmentait sans cesse ses importations en matières premières venant de l’URSS ; elle contraint certains pays à construire des usines au bénéfice de l’URSS, à mettre en exploitation pour elle des gisements miniers en déboursant capitaux et force de travail. Voilà qui est pur pillage.

    Par exemple, en 1966, la Tchécoslovaquie dut fournir à l’URSS un prêt spécial de 500 millions de roubles sous forme de fourniture en tubes d’acier et en équipement pétrolier pour mettre en exploitation le champ pétrolifère de Tiumen. En 1968, la Tchécoslovaquie dut à nouveau fournir quantité de camions et de tuyaux de gros calibre pour la construction d’un gazoduc en Sibérie.

    Les révisionnistes sont allés jusqu’à réquisitionner quantité de main-d’œuvre en Bulgarie pour l’envoyer en URSS même s’occuper des travaux pénibles, exploitant ainsi directement leur surtravail.

    Lénine a déjà condamné le tsarisme qui « baserait ses rapports avec ses voisins… sur le principe féodal des privilèges ». (Lénine : « De la fierté nationale des Grands-Russes »). Aujourd’hui, l’URSS dans chacun de ses actes à l’égard des pays voisins est encore pire que le tsarisme.

    La « division internationale du travail » et la « spécialisation de la production » qui sont au service de l’« intégration économique » des révisionnistes soviétiques sont de même nature que la « division du travail » entre métropole et colonies que prônaient autrefois les militaristes japonais en claironnant « un Japon industriel et une Chine agricole ».

    La « grande communauté socialiste » des révisionnistes soviétiques, c’est le « nouvel ordre européen » de l’Allemagne hitlérienne et la « grande aire de prospérité asiatique » du militarisme japonais.

    C’est simplement un synonyme des zones d’influence impérialistes, un point c’est tout.

    Au nom de la « coopération », mise en place d’une politique d’expansion colonialiste vers les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine

    Puisque l’URSS s’est transformée en Etat social-impérialiste, elle est donc nécessairement soumise aux lois de l’impérialisme.

    Bien sûr elle ne peut pas se satisfaire des limites de la « grande communauté socialiste » pour pratiquer sa domination colonialiste et doit nécessairement accaparer, dans les vastes régions du globe, encore plus de marchés pour écouler ses marchandises, encore plus de sources de matières premières et de zones d’investissements.

    L’objectif de l’expansionnisme colonialiste des révisionnistes soviétiques, ce sont les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine où les ressources sont abondantes et l’économie attardée.

    La clique des renégats soviétiques prétend en paroles qu’elle apporte une « aide » à ces pays, mais en fait, sous l’enseigne de l’« aide » elle s’efforce d’amener certains pays de ces régions dans sa propre sphère d’influence et dispute à l’impérialisme américain la zone intermédiaire.

    L’« aide soviétique », c’est l’outil qui permet de pénétrer totalement le pays « assisté », car elle est assortie de conditions politique et économique très rigoureuses.

    Il s’agit essentiellement d’« aide militaire », à savoir l’écoulement de matériel militaire démodé et à partir de là de contrôler le pays « assisté » et de s’ingérer dans les domaines militaire, politique et économique.

    Chaque année l’« aide » consentie par l’URSS dans ces régions atteint un milliard de roubles, 30 % en « aide économique » et 70 % en « aide militaire ». Les zones importantes sont avant tout le Moyen-Orient et la région du Golfe persique, ensuite vient le sous-continent sud-asiatique.

    Le Moyen-Orient et la région du Golfe persique ont une grande importance stratégique, de plus le pétrole y est abondant. L’URSS s’efforce par son « aide » d’y établir des bases navales et aériennes, de contrôler la prospection, l’exploitation, le raffinage et le transport du pétrole d’un grand nombre de pays de ces régions, de monopoliser les achats de pétrole. Le sous-continent sud-asiatique revêt non seulement une grande importance stratégique mais il est aussi très riche en ressources humaines et matérielles.

    Grâce à des exportations d’armements, de capitaux et à un commerce inégal, l’URSS fait main basse sur ces ressources, s’ingère dans les affaires intérieures des pays de cette région et accapare en douce des bases militaires.

    Dans le sous-continent sud-asiatique, l’Inde est le principal bénéficiaire de l’« aide » soviétique : une très grande partie des circuits de son économie est désormais sous le contrôle des révisionnistes soviétiques.

    Fin 1970, les entreprises que l’URSS avait « aidées » à construire contrôlaient la production industrielle du pays dans les proportions suivantes : 30 % de l’acier, 60 % du pétrole raffiné, 85 % de la mécanique lourde, 20 % de la production d’électricité, 30 % des produits pétroliers, 60 % du matériel électrique.

    Dans les travaux où l’URSS apporte son « aide », elle ne se contente pas d’accaparer les plans du projet et d’exercer un pouvoir absolu durant la construction de l’usine, elle s’arrange aussi pour qu’après la mise en service, l’Inde ne puisse pas se dégager de sa dépendance vis-à-vis d’elle.

    Dans les domaines de la réparation des équipements, des fournitures de pièces et de matériel, des fournitures en matières premières essentielles, etc., il faut encore s’appuyer sur les révisionnistes soviétiques.

    En outre, par le biais de la clause selon laquelle son « aide » doit être remboursée par l’Inde en nature, l’URSS régente encore mieux la production de l’Inde entière.

    En Inde, plusieurs usines de chaussures, de vêtements, de colorants, de cuir, d’ampoules électriques, etc., ont été établies suivant les besoin soviétiques.

    Les produits de ces usines ne sont pas destinés à l’Inde elle-même mais à l’URSS comme remboursement des dettes. C’est ainsi que sous couvert d’« aide », les révisionnistes soviétiques utilisent les matières premières et la main-d’œuvre bon marché de l’Inde et transforment ce pays en leur usine de transformation annexe.

    La presse indienne s’en désolait ainsi : « L’Inde, c’est l’œuf qui a coup sûr tombe dans la corbeille russe ».

    La clique des renégats soviétiques se vante de ce que c’est seulement en s’appuyant sur son « aide », en pratiquant une « division internationale du travail » avec elle, que les pays en voie de développement « pourront sans encombre atteindre une véritable indépendance politique et économique, et s’opposer au pouvoir arbitraire de l’impérialisme ».

    Voilà vraiment un gigantesque mensonge.

    Les révisionnistes soviétiques eux-mêmes sont obligés d’avouer que la division du travail entre l’URSS et les pays en voie de développement « s’est constituée sous l’influence relativement forte d’une division antérieure des tâches », et que sa particularité, c’est que « des produits industriels, surtout des machines sont échangés contre des matières premières, produits tropicaux, combustibles, etc ».

    5 % du caoutchouc, importé en URSS, 2 % du coton sont arrachés aux régions d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Le pétrole du Moyen-Orient, le cuivre chilien, l’étain bolivien, la viande de l’Est africain, l’uranium somalien, voilà contre quoi l’URSS échange de vieilles machines démodées. Est-ce que cette « division internationale du travail » entre une « URSS industrielle et une Asie, une Afrique et une Amérique latine agricoles » n’est pas la division du travail typique entre métropole et colonies ?

    La clique des renégats soviétiques se vante de ce que le taux d’intérêt de ses prêts n’est que de 2,5 % par an, ce qui est inférieur à celui pratiqué par l’impérialisme classique, preuve qu’il s’agit bien d’une « aide désintéressée ».

    En fait, le prêt soviétique, c’est de l’usure camouflée : le taux usuraire est caché dans le prix fort des marchandises fournies. Dans les prêts accordés par l’URSS aux pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, il est stipulé qu’ils doivent servir à acheter des marchandises soviétiques.

    Pour l’essentiel, ces marchandises sont des armes démodées, des équipements archaïques et des produits stockés. Non seulement ils présentent retard technique et mauvaise qualité, mais leurs prix sont anormalement élevés, supérieurs de 20 à 30 % à ceux du cours mondial (certains sont même deux fois plus élevés).

    En outre, le social-impérialisme soviétique profite souvent de sa position de créditeur pour obliger au remboursement et décider brutalement que le pays débiteur doit rembourser ses dettes en fournissant à l’URSS certaines matières premières.

    D’après la presse, un pays du Moyen-Orient doit, suivant les accords, rembourser tout son endettement et son déficit commercial vis-à-vis de l’URSS avec son pétrole, et ce entre 1973 et 1980 ; par ailleurs le prix de ce pétrole doit être inférieur de 20 % à celui du cours mondial.

    Cette « aide désintéressée » n’est en fait qu’une féroce exploitation.

    La clique des renégats soviétiques prétend en paroles qu’elle « soutient totalement » la lutte révolutionnaire des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

    En réalité, pour pratiquer le néo-colonialisme, les révisionnistes soviétiques sont de mèche avec toutes les forces les plus réactionnaires dans le monde, sabotant ainsi la lutte révolutionnaire de ces peuples.

    Ils envoient argent et armes pour aider les réactionnaires de tous les pays à massacrer les révolutionnaires.

    Ils se livrent à des activités de subversion dans quantité de pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, ils soutiennent par mille moyens les réactionnaires de tous les pays pour éteindre les flammes de la lutte armée des peuples de ces pays, ils répriment les mouvements de libération nationaux et se font les gendarmes du monde.

    Le social-impérialisme soviétique, c’est la veille de la seconde révolution d’octobre

    Parasitisme et pourrissement extrêmes du social-impérialisme soviétique

    Le social-impérialisme soviétique, c’est le capitalisme monopoliste.

    Il a la férocité d’une bête sauvage, exploite et opprime cruellement le peuple travailleur d’URSS, pille et asservit impitoyablement les peuples des autres pays, en particulier ceux d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, ce qui n’a rien à envier à l’impérialisme capitaliste classique.

    De ce point de vue-là, c’est un vrai tigre, il faut tenir sérieusement compte de lui.
    Mais, comme tous les impérialismes, le social-impérialisme soviétique est en même temps un tigre en papier.

    Du fait que tout capitalisme monopoliste est nécessairement à la fois pourrissant et parasitaire, c’est un capitalisme agonisant. Le capitalisme monopoliste d’Etat en URSS ne fait pas exception. Que ce soit dans les domaines économique ou politique, le social-impérialisme soviétique laisse apparaître de toutes parts ses caractéristiques de parasitisme et de pourrissement extrêmes ; le jour où le peuple soviétique et les peuples du monde le mettront au musée de l’histoire n’est plus très loin.

    L’extrême pourrissement du social-impérialisme soviétique se manifeste en premier lieu dans la stagnation du développement économique.

    Les rapports de production du capitalisme monopoliste d’Etat en URSS bloquent sérieusement le développement des forces productives sociales.

    Quand l’URSS était un pays socialiste, la production industrielle se développait considérablement, au rythme élevé de 17,4 % en moyenne par an, entre 1929 et 1938.

    Lorsque le social-impérialisme soviétique eut fait son apparition, la production industrielle entre 1961 et 1970 a vu son rythme moyen d’accroissement s’effondrer à 8,6 % par an ; en 1971, il était de 7,7 % et en 1972, il continuait à tomber à moins de 7 %.

    Sous la domination de la clique des renégats Khrouchtchev-Brejnev, la situation de la production agricole soviétique est encore plus désastreuse, provoquant à de nombreuses reprises de graves crises dans l’agriculture au point de ne pas pouvoir éviter l’importation d’une grande quantité de céréales des USA, du Canada et d’Australie.

    Du fait du déclin de l’industrie, de l’effondrement de l’agriculture, de la réduction de l’élevage, de l’inflation, de la pénurie de marchandises sur le marché, des problèmes d’approvisionnement, le peuple travailleur vit de plus en plus difficilement.

    L’extrême pourrissement du social-impérialisme soviétique se manifeste encore dans le fait qu’il investit une énorme quantité de forces humaines et matérielles dans les préparatifs de guerre.

    Pour mener agression et expansion à l’extérieur, la bourgeoisie bureaucratique monopoliste dont la clique de renégats de Brejnev est la représentante doit nécessairement appliquer la politique hitlérienne « Des canons, pas de beurre », pratiquant en grand la militarisation de l’économie nationale.

    D’après certaines estimations, les dépenses militaires de l’URSS seraient de 3 à 4 fois supérieures aux chiffres reconnus officiellement : depuis les années 70, les dépenses militaires annuelles atteignent environ 80 milliards de dollars, soit plus de 30 % des dépenses budgétaires de l’Etat. Pour disputer l’hégémonie maritime, l’URSS a formidablement élargi sa flotte de guerre : les dépenses militaires pour la construction navale s’accroissent d’année en année.

    D’après certaines estimations, dans les années 60, les dépenses de l’URSS dans ce domaine étaient en moyenne de 2 milliards de dollars par an, alors qu’en 1970 elles atteignaient 3 milliards de dollars, soit 900 millions de dollars de plus que les USA la même année.

    Une grande quantité de richesses sociales n’est pas utilisée pour la reproduction élargie ou pour améliorer la vie du peuple, elle est utilisée au service des préparatifs de guerre du social-impérialisme, de sa politique extérieure d’agression et d’expansion : voilà bien là une manifestation sensible du pourrissement du social-impérialisme.

    Celui-ci se manifeste encore dans sa politique réactionnaire sur toute la ligne et une grave dépravation de la vie sociale. Le président Mao a indiqué :

    « En URSS aujourd’hui, c’est la dictature de la bourgeoisie, la dictature de la grande bourgeoisie, c’est une dictature de type fasciste allemand, une dictature hitlérienne ». (Extrait d’un entretien du 11 mai 164, cité d’après le « Quotidien du Peuple » du 22 avril 1970)

    Cette thèse du président Mao a parfaitement dévoilé la nature de classe et l’origine sociale du social-impérialisme soviétique, elle a souligné sa nature fasciste et démasqué ce mensonge des renégats soviétiques sur « l’Etat du peuple tout entier ». Depuis leur arrivée au pouvoir, les révisionnistes soviétiques ont frénétiquement renforcé les rouages de leur dictature fasciste.

    Non seulement ils ont équipé les organes de police et d’espionnage avec les dernières méthodes techniques et scientifiques pour renforcer leur répression sur le peuple, mais ils établissent aussi sur une large échelle des organisations spéciales dans les usines, les coopératives agricoles, les administrations, les associations, pour contrôler étroitement les masses populaires.

    L’URSS d’aujourd’hui est totalement étouffée sous la terreur blanche.

    Il suffit que quelqu’un exprime clairement son mécontentement vis-à-vis de la bande à Brejnev, qu’il ose résister pour qu’il se retrouve surveillé, épié, traduit en justice ou envoyé dans un « hôpital psychiatrique », pour qu’il se voit chargé du crime de « calomnies sur l’Etat soviétique et sabotage de l’ordre social » et enfermé dans des camps de concentration ou des prisons.

    Hormis la violence pure, pour réprimer le peuple, la clique de renégats de Brejnev utilise aussi les méthodes douces pour assassiner : elle a transplanté chez elle la culture, les arts et le mode de vie dissolu les plus pourris des pays impérialistes classiques pour empoisonner le peuple soviétique. Les choses les plus attardées, les plus réactionnaires et les plus pourries de toutes les idéologies au monde trouvent un terrain favorable dans l’URSS social-impérialiste.

    Le parasitisme et le pourrissement extrêmes du social-impérialisme soviétique se manifestent encore dans le fait que cette bourgeoisie bureaucratique monopoliste accapare ses revenus de plusieurs dizaines voire de plus de cent fois supérieurs à ceux des simples ouvriers et paysans.

    Or si cette bourgeoisie coule une vie dissolue de parasite, c’est non seulement grâce à des salaires, des primes élevés et d’innombrables indemnités individuelles, mais aussi par la fraude, la corruption et la concussion, l’accaparement du bien public, grâce à son pouvoir économique et politique. Il existe une aristocratie intellectuelle révisionniste intimement liée à la bourgeoisie bureaucratique monopoliste.

    Cette aristocratie intellectuelle, ce sont les intellectuels de la bourgeoisie bureaucratique monopoliste, à son service dans le domaine de l’idéologie et qui, comme cette bourgeoisie, mène la même vie dissolue de parasite.

    Cholokhov, auteur décadent qui répand peur de la guerre et pacifisme bourgeois, est devenu richissime : il a voiture privée mais aussi avion privé et quant à son compte en banque, lui-même en ignore la montant exact !

    En somme, en URSS, dans chacun des domaines économique, politique ou culturel, règne l’atmosphère pestilentielle d’une société pourrie. Ce régime social, tel le parasite qui vit sur un tas de fumier reste sans force propre.

    Une nouvelle période historique a d’ores et déjà commencé, celle de la lutte contre l’impérialisme américain et le révisionnisme soviétique.

    A l’intérieur le social-impérialisme soviétique opprime et exploite sauvagement le peuple travailleur soviétique, à l’extérieur il pratique une domination coloniale féroce sur les pays de la « grande communauté socialiste » et partout dans le monde il cherche agression et expansion.

    Voilà pourquoi, sur le plan intérieur comme sur le plan international, toutes les contradictions auxquelles il doit faire face ne peuvent que s’aiguiser de jour en jour.

    Là où il y a oppression, il y a résistance.

    Oppression et exploitation du peuple soviétique par la bourgeoisie bureaucratique monopoliste se heurtent nécessairement à la résistance de ce peuple : les contradictions entre ce dernier et cette bourgeoisie s’aiguisent de jour en jour.

    Les formes que revêt cette résistance sont multiples. Les ouvriers de beaucoup d’endroits manifestent leur mécontentement et leur résistance à la clique dominante par le sabotage de la production, l’absentéisme ou la grève. Dans de nombreux endroits, les masses révolutionnaires ont à plusieurs reprises manifesté dans des défilés de protestation contre la dictature fasciste des autorités soviétiques.

    Partout en URSS, on édite souvent des revues clandestines, on diffuse toutes sortes de tracts, en protestant contre la domination réactionnaire de la clique des renégats révisionnistes, en dévoilant les méfaits de la couche privilégiée.

    Les enfants héroïques d’Octobre ne peuvent absolument pas se soumettre devant la domination réactionnaire des nouveaux tsars. Sous la sinistre domination tsariste, Lénine écrivait déjà, plein de confiance : « Le prolétariat de Russie n’a reculé devant aucun sacrifice pour délivrer l’humanité de cette honte quest la monarchie tsariste. » (Lénine : « La guerre et la social-démocratie russe »)

    Aujourd’hui, le prolétariat, le peuple travailleur et les intellectuels révolutionnaires en URSS répondront sûrement à l’appel de Lénine pour renverser les nouveaux tsars et rétablir la dictature du prolétariat.

    Par ailleurs, les Etats et les peuples qui subissent les persécutions du néo-colonialisme soviétique voient s’aggraver sans cesse leurs contradictions avec le social-impérialisme. L’URSS pratique sa politique néo-colonialiste de « l’intégration économique » et asservit, pille ainsi certains pays d’Europe de l’Est ou la Mongolie.

    Voilà qui accélère le développement de la lutte de ces pays contre le pillage et la mainmise. L’URSS a insolemment envoyé ses soldats occuper la Tchécoslovaquie, ouvrant mieux encore les yeux des peuples des pays d’Europe de l’Est et de Mongolie et renforçant leur lutte contre le social-impérialisme soviétique.

    Aujourd’hui, l’Europe de l’Est tel un baril de poudre devra bien un jour exploser. Que les chars soviétiques soient entrés à Prague, voilà qui, loin de représenter la force du social- impérialisme, est au contraire le signe que son empire néo-colonial commence à s’effondrer.

    L’URSS arbore le drapeau de « l’aide » pour s’infiltrer piller et agresser les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine et se place ainsi dans le camp opposé des peuples de ces pays. La main diabolique du social-impérialisme soviétique est arrivée jusqu’à certains pays riverains de la Méditerranée et de l’Océan indien : il établit là-bas des bases militaires, s’approprie le droit d’usage des ports, contrôle et s’immisce dans les politiques intérieure comme extérieure de tous ces pays. Les chalutiers soviétiques de haute mer sont partout, pillant et détruisant les réserves en poisson d’autres pays, violant la souveraineté maritime.

    Les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine apprennent de jour en jour à voir clair sur la nature réactionnaire du social-impérialisme soviétique.

    Ils ont sévèrement indiqué que les renégats soviétiques n’étaient que « des traîtres aux peuples révolutionnaires du monde », « des néo-colonialistes », « des ennemis publics des peuples du monde ».

    Les Etats et les peuples qui subissent agression, contrôle, ingérence et vexation de la part du révisionnisme soviétique et de l’impérialisme américain sont en train de s’unir et entament victorieusement une lutte anti-impérialiste et anticolonialiste, et surtout une lutte contre les deux super-puissances atomiques.

    En troisième lieu, le social-impérialisme soviétique se livre à l’extérieur à de frénétiques agressions et expansions, il fourre sa main partout, dispute les marchés, les réserves de matières premières ou les marchés d’investissement.

    Aussi les contradictions inter-impérialistes et en particulier celles entre les deux super-puissances atomiques, URSS et USA, qui toutes deux rêvent de régenter le monde, s’aiguisent-elles comme jamais auparavant.

    Aujourd’hui, la course à l’hégémonie des deux superpuissances atomiques est principale. Le point stratégique de leur rivalité est l’Europe.

    Du fait que l’Europe est une région vitale du monde capitaliste, c’est un lieu que les deux super-puissances doivent se disputer. L’Occident a toujours imaginé pouvoir pousser le social-impérialisme soviétique vers l’Est et détourner ce fléau sur la Chine.

    Mais la Chine est coriace et depuis plusieurs années tout le monde s’y est cassé les dents.

    Aujourd’hui, les révisionnistes soviétiques font du bruit à l’est pour frapper à l’ouest et redoublent d’efforts pour disputer l’Europe. 2/3 des forces militaires soviétiques de terre et de l’air sont basées à l’ouest de l’Oural.

    Depuis ces dix dernières années, la flotte de guerre soviétique s’est enflée de façon spectaculaire : en 1970, plus de 200 bâtiments étaient lancés. Partout sur les mers importantes, on assiste à de grandes manœuvres de caractère planétaire qui lui permettent de vanter sa puissance navale et d’intensifier son expansion en Méditerranée, dans l’Océan indien et partout où sa patte peut se fourrer.

    La rivalité URSS-USA est la source de l’insécurité dans le monde.

    Cette rivalité pour l’hégémonie mondiale se voit de plus en plus confrontée à la résistance acharnée du Tiers-Monde et provoque en même temps le mécontentement du Japon et des pays occidentaux.

    Enchevêtrements de difficultés intérieures et extérieures, jours de plus en plus difficiles des deux superpuissances, c’est qu’en fait « la fleur se fane irrémédiablement ».

    L’impérialisme, c’est l’agression, c’est la guerre.

    Le social-impérialisme soviétique cantonne des troupes à la frontière chinoise, rêvant de faire de la Chine sa colonie. Nous devons observer l’enseignement du président Mao : « se préparer en prévision d’une guerre et de calamités naturelles, et tout faire dans l’intérêt du peuple », il nous faut accroître notre préparation en prévision d’une guerre pour repousser l’envahisseur, rester vigilants face au déclenchement d’une guerre mondiale impérialiste et surtout vigilants face à une attaque surprise de l’URSS sociale-impérialiste : nous anéantirons résolument et complètement tout ennemi qui oserait nous envahir !

    Le président Mao a souligné :

    « Le révisionnisme soviétique et l’impérialisme américain ont commis dans leur collusion tant de méfaits et d’infamies que les peuples révolutionnaires du monde ne les laisseront pas impunis. Les peuples du monde se dressent. Une nouvelle période historique a d’ores et déjà commencé, celle de la lutte contre l’impérialisme américain et le révisionnisme soviétique. » (Cité dans le « Quotidien du Peuple » du 28 avril 16).

    Dans sa lutte contre l’hégémonisme et la politique arbitraire des deux super-puissances, le Tiers-Monde prend conscience et se renforce.

    C’est un grand événement dans les relations internationales aujourd’hui.

    La situation dans le monde est actuellement caractérisée par de « grands bouleversements sous le ciel ».

    « A l’approche de la tempête, le vent emplit le pavillon ». C’est la manifestation actuelle des contradictions fondamentales mondiales analysées par Lénine.

    Les pays qui subissent agression, subversion, ingérence, contrôle ou vexation de l’impérialisme sont de plus en plus unis et constituent le plus large front uni, accentuant leur lutte contre l’impérialisme, le néo-colonialisme ou le colonialisme classique, et surtout contre l’hégémonisme des deux super-puissances, USA et URSS.

    Les pays veulent l’indépendance, les nations veulent la libération et les peuples veulent la révolution, c’est déjà un courant irrésistible de l’histoire. Ce formidable courant de l’histoire emportera les deux super-puissances.

    A la veille de la victoire dans la guerre de résistance contre le Japon, le président Mao prédisait :

    « Le monde prendra la voie du progrès et non celle de la réaction.

    Nous devons, bien entendu, garder toute notre vigilance et savoir que le cours des événements peut comporter temporairement des détours, parfois fort dangereux. Dans de nombreux Etats, les forces de la réaction sont encore puissantes, elles ne veulent pas que le peuple de leurs propres pays et celui des autres s’unissent, progressent et se libèrent. Qui perd cela de vue commettra des erreurs politiques. Néanmoins, le cours général de l’histoire est d’ores et déjà tracé, il ne changera pas. » (Mao Tsé-toung : « Du gouvernement de coalition »)

    L’apparition du social-impérialisme soviétique est un détour temporaire de l’histoire.
    Mais, tout comme l’impérialisme capitaliste classique, il s’empêtre dans d’innombrables contradictions.

    Ce sont celles de la bourgeoisie bureaucratique monopoliste soviétique avec le prolétariat et le peuple travailleur soviétiques tout entier, celles du social-impérialisme soviétique avec les peuples des colonies et les peuples du monde entier, celles du social-impérialisme avec l’impérialisme capitaliste classique et surtout l’impérialisme américain, toutes ces contradictions s’exacerbent de plus en plus.

    Du fait de l’existence et du développement de ces contradictions, le social¬-impérialisme soviétique sera inéluctablement remisé au musée de l’histoire par le peuple soviétique et les peuples du monde.

    Lénine avait déjà conclu : « L’impérialisme est le prélude de la révolution sociale de prolétariat ». (Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme) Le social-impérialisme soviétique est le prélude de la seconde révolution socialiste d’Octobre. Le président Mao a indiqué : « L’Union soviétique fut le premier Etat socialiste, et son Parti communiste, le parti créé par Lénine.

    Bien que la direction du Parti et de l’Etat soviétiques soit à présent usurpée par les révisionnistes, je conseille aux camarades d’avoir la ferme conviction que le peuple soviétique, la grande masse des membres du Parti et des cadres sont bons et veulent la révolution, et que la domination du révisionnisme ne sera pas de longue durée. » (Mao Tsé-toung cité dans le « Quotidien du Peuple » du 6 novembre 1967)

    Sous le prestigieux drapeau du léninisme, le peuple soviétique, fort de la glorieuse tradition révolutionnaire d’Octobre et du soutien des peuples du monde, finira bien par enterrer le social-impérialisme pour refaire briller sur la vaste terre des soviets la dictature du prolétariat, le socialisme et le marxisme-léninisme.

    « Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste ! Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner.

    PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS UNISSEZ-VOUS ! » (Marx et Engels : « Manifeste du Parti communiste »)

    décembre 1975

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    contre l’hégémonie des superpuissances